Republier sur Internet cet article paru en 1997 dans Univers-OVNI n°2
m'est en principe interdit... C'est en effet ce texte qui m'a valu
d'être poursuivi par le chef du Service d'expertise des phénomènes
de rentrées atmosphériques, et condamné en première
instance puis en appel (la procédure de cassation est en cours).
Je devrais donc au moins censurer les passages qui m'ont valu cette condamnation...
Et je le ferais volontiers si je savais quels sont ces passages ! En
effet, j'ai été poursuivi pour dix « imputations diffamatoires
et expressions injurieuses » bien précisées dans l'assignation,
et condamné pour cela en première instance sans qu'on me donne
la possibilité de me défendre (vous trouverez sur ce site
tous les détails de ce procès kafkaïen) ; la Cour d'appel
m'a à nouveau condamné, cette fois en me permettant de me défendre,
mais pour injures et en application d'un autre texte de loi que celui pour
lequel j'étais poursuivi, sans que cela ait jamais été
discuté, sur la recommandation du Ministère public intervenue
après la clôture du dossier et dans une entente totalement
illégale avec l'accusation (je n'invente rien, vous trouverez toutes
les preuves de mes affirmations ici) !
Étant donné que je ne vois vraiment pas en quoi mes écrits
peuvent être considérés comme injurieux (le juge n'a donné
aucune explication, prétendant « suivre le juge de première
instance » alors que celui-ci n'avait jamais parlé d'injure !)
et que M. Velasco n'a pas voulu qu'ils soient jugés pour diffamation,
je n'ai aucune raison de supprimer quoi que ce soit de cet article.
Je tiens toutefois à préciser que si certaines des phrases
que j'ai employées à l'encontre de M. Velasco pouvaient
être interprétées comme des attaques personnelles à
caractère injurieux, ça n'était pas mon intention...
Il s'agit uniquement de critiques, comme vous pourrez le constater
solidement argumentées, portant sur ses compétences professionelles,
justifiées par le fait qu'il trompe le public depuis quinze ans et
nuit gravement à la recherche scientifique par ses « expertises »
truffées d'erreurs et de contre-vérités.
Pour éviter tout malentendu, j'ai indiqué dans l'article les
dix citations qui m'ont été spécifiquement reprochées,
en précisant la signification que je leur accordais (quoiqu'il me
semble avoir été parfaitement clair).
Mais cet article de quatorze pages n'avait pas pour but essentiel de critiquer
l'incompétence du directeur d'un service du CNES, mais de faire la
lumière sur un phénomène qui a provoqué beaucoup
de remous dans le petit monde de l'ufologie, et qui continue d'ailleurs d'en
provoquer. J'ai donc rajouté quelques commentaires (en rouge dans
le texte) apportant quelques précisions et corrections nouvelles,
et des liens vers d'autres articles de ce site susceptibles d'apporter des
informations complémentaires. J'ai également ajouté ci-dessous
des liens vers les différents sous-titres, et quelques
autres liens internes dans le texte, afin de faciliter la navigation dans
ce long article. Je n'ai par contre rien enlevé au texte original, parfaitement respecté.
Robert Alessandri, le 12/05/2003
SOUS-TITRES :
Les principaux acteurs
Un phénomène méconnu
La rentrée du 5 novembre
Peut-on encore douter ?
La rentrée n'explique pas tout
Les réactions
Les témoins ne sont pas en cause
Adresse des associations et revues citées
Encadré 1 : Quand le CNES emploie des fumistes
Encadré 2 : Les derniers boniments des gardiens du culte
LE CULTE DU 5 NOVEMBRE 1990
Le 5 novembre 1990 à 19 h, des milliers de témoins
dans toute la France et d'autres pays d'Europe ont observé un immense
ensemble de lumières qui traversait le ciel lentement, dans le plus
parfait silence. Quelques jours plus tard, le SEPRA, service officiel d'étude
des ovnis, annonçait qu'il s'agissait de la rentrée dans l'atmosphère
du troisième étage d'une fusée soviétique Proton.
Une identification contestée par beaucoup d'ufologues, et la controverse
fait encore rage plus de six ans après les événements
[douze maintenant, et ca continue !] ...
Simple rentrée atmosphérique ou plus importante vague d'ovnis
en France depuis 1954 ? Le point sur une question qui est devenue une
affaire de foi bien plus que de recherche.
Les principaux acteurs
Le SEPRA : On l'a dit, le Service d'expertise des
phénomènes de rentrées atmosphériques, l'organisme
officiel que le monde entier nous envie à en croire son responsable,
a identifié sur la foi d'un télex de la NASA le phénomène
comme la rentrée d'un étage de fusée... Mais cela venait
juste après que son directeur, Jean-Jacques Velasco, eut affirmé
à la télévision que la rentrée d'un satellite
ne pouvait pas rendre compte des observations ! De plus, la trajectoire annoncée,
« équivalente à l'axe Pau-Strasbourg »
[et même « suivant un axe allant de Pau à Strasbourg » dans le communiqué de presse],
était assez différente de celle que l'on pouvait déduire de la majorité
des témoignages, et de nombreuses questions restaient sans réponses...
Le SEPRA refusant de discuter avec les ufologues, ces derniers avaient de
bonnes raisons de douter de cette identification tardive.
Pierre Neirinck : Cet astronome amateur a consacré une grande partie
de sa vie à sa passion, l'étude des satellites, et le réseau
de surveillance qu'il a créé avec de modestes moyens est mondialement
réputé. Il a identifié l'étage de fusée
responsable du phénomène dans les vingt-quatre heures
[en
fait dans les trois jours ; son premier télex le jour-même reconnaissait
simplement un phénomène de rentrée atmosphérique
typique], bien avant le SEPRA qui s'est largement appuyé sur son travail.
Pierre Neirinck est sans doute la personne qui connaît le mieux les
rentrées atmosphériques en France, la presse l'a largement
présenté, il ne dépend d'aucune institution et il répond
volontiers au courrier... Alors, pourquoi les ufologues l'ont-ils si peu cité et
ont-ils préféré discuter uniquement
des affirmations du directeur du SEPRA, ce scientifique de dernier sous-sol
dont tout le monde sait qu'il n'a qu'une fonction de relations publiques ?
[C'est le premier passage qui m'est reproché ; il est vrai que la qualification
de « scientifique de dernier sous-sol » pourrait passer pour injurieuse...
envers un scientifique ! Mais M. Velasco n'est pas un scientifique du tout,
même s'il se fait passer pour tel : il n'en a ni les diplômes,
ni les publications, ni l'esprit.]
Franck Marie et la « Banque OVNI » : Cette association ufologique
a été la plus active pour l'étude de cette vague. Dans
les jours qui ont suivi le phénomène, elle a passé de
nombreux appels à témoins dans les journaux, recueillant ainsi
près de cinq cents témoignages. En 1993, Franck Marie a publié un gros livre,
OVNI Contact, qui reste la référence indispensable (mais non
suffisante !) concernant cette vague (en vente à la boutique d'I.N.H. Évidence).
Franck Marie affirme qu'il n'y a pas eu de rentrée atmosphérique,
ou que ce phénomène n'explique pratiquement rien, et que plusieurs
centaines d'ovnis authentiques ont survolé la France en cette soirée
du 5 novembre 90. On ne peut qu'admirer son travail pour ce qui est
de la collecte de témoignages, mais en dehors de cela il a fait preuve
d'un manque de rigueur absolu et d'une évidente mauvaise foi :
il présente des dessins faits par lui comme des dessins des témoins
(il suffit pour s'en convaincre de les comparer à ceux, souvent très
différents, qu'il a fait publier dans la revue
Lumières dans la nuit n°304), « oublie »
de signaler les compléments d'enquête qui ont fait perdre à
certains cas leur caractère étrange (cas de Soumaille et de
Mauriac, qui ont fait l'objet d'un rectificatif respectivement dans les numéros
310 et 305 de
LDLN), interprète certaines indications des témoins
de façon totalement fantaisiste (notamment en ce qui concerne la hauteur
sur l'horizon, ce qui lui permet de multiplier les cas de « passage au zénith »)... Quant à ses
« études statistiques », elles sont complètement
aberrantes, du fait qu'il ne connaît rien au calcul de probabilités
(voir
AMA n°8, « Orthoténie et C
ie ») !
Bref, un travail utile pour retrouver des témoins ou se livrer
à une étude statistique sur la vague du 5 novembre (je
me suis largement appuyé dessus), mais rien de plus. Franck Marie
a largement amplifié cette vague, peut-être dans l'intention
louable mais peu réaliste d'inciter à la création d'une
commission d'étude parlementaire sur les ovnis... Mais outre le fait
que pour moi la malhonnêteté est incompatible avec la recherche
de la vérité, je suis heureux que ce projet n'ait pas abouti :
les parlementaires auraient nommé à leur commission des
scientifiques qui auraient étudié en priorité cette
vague du 5 novembre, et ils auraient vite conclu qu'il ne s'agissait
que d'une rentrée atmosphérique et que l'ufologie n'avait rien
à voir avec la recherche scientifique !
Lumières dans la nuit : La plus ancienne revue française d'ufologie,
dirigée par Joël Mesnard, est restée prudente au sujet
de ce phénomène : il n'était pas question de nier absolument
la réalité de la rentrée atmosphérique, mais
simplement de dire qu'un certain nombre de témoignages étaient irréductibles
à cette explication, et que cette rentrée avait été
« parasitée » par « autre chose »...
Il n'empêche qu'au fil des numéros, tout était fait
pour convaincre les lecteurs que cette hypothétique rentrée
ne pouvait expliquer au mieux qu'une minorité de témoignages :
« des centaines et des centaines de personnes, en France, au lendemain
du 5 novembre, ont éprouvé des sentiments comparables [...],
face à une explication qui de toute évidence n'était
pas la bonne », lit-on dans le numéro 306.
Joël Mesnard n'a jamais tenté d'éclairer ses lecteurs
sur les phénomènes de rentrée atmosphérique,
ou de faire un tri entre les témoignages qui pouvaient s'expliquer
et ceux qui ne le pouvaient pas... Par contre, il ne manque pas de publier
n'importe quelle information bidon permettant de douter de la réalité
de la rentrée atmosphérique (
voir encadré), et met dans
le même sac « ceux qui voient du sang vert sur un film noir et
blanc et ceux qui nous ont expliqué le 5 novembre 1990 par une rentrée
de satellite » (
LDLN n°334) !
La SOBEPS : La Société belge d'études des phénomènes
spatiaux, la plus importante organisation ufologique de Belgique, s'est rendue
célèbre par son étude de la vague d'ovnis triangulaires
de 1989, un des événements ufologiques majeurs de ces dernières années (voir les livres
Vague d'OVNI sur la Belgique I et II, en vente
à la Boutique d'I.N.H. Évidence). Pour ce qui est de la vague
du 5 novembre 90, elle a jugé l'explication officielle tout à
fait suffisante, et s'est moquée de la crédulité et
du fanatisme de certains ufologues français... Un jugement sans doute
un peu excessif avant d'avoir vraiment étudié cette vague et
les phénomènes de rentrée atmosphérique, mais
cela va changer puisque la SOBEPS prépare pour le prochain numéro
de sa revue
Inforespace un dossier consacré à ce phénomène.
Ça sera à n'en pas douter une étude très sérieuse,
qui ne devrait pas beaucoup modifier les conclusions de cette association...
[Ce
numéro spécial, le n°96, est sorti en mai 1998, avec un
article de Jean Sider réfutant par des arguments totalement erronés
l'explication par la rentrée atmosphérique, une étude
très sérieuse de Michel Bougard étayée par de
nombreux témoignages de Belgique, et un article de Jean-Jacques Velasco
qui vante l'excellence de son « expertise » et s'en prend aux radios
et aux ufologues qui y trouvaient des incohérences et semaient ainsi
la confusion... De l'art et la manière d'utiliser ses propres erreurs
pour discréditer ses opposants ! Comme avec moi ça ne
marchait pas, il a préféré faire appel à la justice,
qu'il a visiblement à sa botte...]
Moi : Je me suis pour ma part intéressé à cette vague
tardivement, en 1994, en abordant le problème à l'inverse des
enquêteurs : j'ai cherché à savoir à quoi pouvait
ressembler une rentrée atmosphérique, et à vérifier
les indications du SEPRA, afin de confronter les observations à la réalité possible de
ce phénomène. Ça peut paraître une attitude évidente,
mais il semble que personne n'ait vraiment cherché avant moi à
se renseigner sur ce genre de phénomène, et encore aujourd'hui
beaucoup « d'ufologues » NE VEULENT PAS SAVOIR à quoi ça ressemble ! Je pense avoir
démontré de façon indiscutable (et de fait, personne
ne veut en discuter !) que c'est bien une rentrée atmosphérique
qui explique la grande majorité des observations de cette soirée,
et
que les contradictions du SEPRA s'expliquent simplement par l'incompétence
totale de son directeur en la matière (voir encadré).
[Deuxième citation qui m'a valu une condamnation pour « injures »... Il faudra
que l'on m'explique en quoi dire que quelqu'un est totalement incompétent
dans un domaine particulier, en le démontrant par une argumentation
rigoureuse, peut être considéré comme une injure au sens
pénal du terme, soit « toute expression outrageante, terme de
mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait précis ».] Cette
étude a fait l'objet d'un livre intitulé
5 novembre 1990 :
le creux de la vague, édité d'abord par le
CERPA et maintenant
par I.N.H. Évidence (revu et corrigé pour l'occasion, mais les modifications sont minimes).
Depuis, je me bats pour que les enquêteurs acceptent de réexaminer
les témoignages afin de mettre en valeur ceux qui ne s'expliquent
pas ainsi, et qui peuvent être réellement très intéressants,
au lieu de continuer à les noyer sous des milliers d'observations parfaitement expliquées !
Voici donc un résumé de cette étude, complété
par de nouvelles précisions qui m'avaient paru superflues (je n'imaginais
même pas que l'on pourrait encore douter de la réalité
et de l'implication de la rentrée atmosphérique après
avoir lu mon livre, et je suis encore surpris par l'aveuglement de nombreux ufologues).
Un phénomène méconnu
Avant de juger si une rentrée atmosphérique peut être
responsable des observations signalées, il faut en savoir un peu plus
sur ce type de phénomène.
Tous les satellites qui sont placés en orbite basse, à
moins de 800 km du sol, sont peu à peu freinés par l'atmosphère
et se rapprochent lentement de la terre ; ils finissent par retomber lorsqu'ils
pénètrent dans les couches denses de l'atmosphère,
à un peu plus de 100 km d'altitude. C'est généralement
le cas des satellites d'observation, des stations spatiales ou des satellites
météorologiques lorsqu'ils ont terminé leur mission.
Quant au dernier étage de la fusée (deuxième ou troisième
selon le cas), qui place le satellite sur orbite, il retombe peu après
le lancement.
Les satellites placés en orbite haute, par exemple géostationnaire,
ne retombent jamais ; le lanceur possède alors un étage supplémentaire
qui acompagne le satellite et ne retombe pas non plus, ou qui reste sur une
« orbite de transfert » elliptique et retombe beaucoup plus tard ;
c'est alors l'avant-dernier étage qui rentre rapidement.
Il y a donc après chaque lancement au moins un étage de
fusée qui retombe, et quelquefois beaucoup plus tard un satellite
(et divers éléments de liaison ou de protection, dont la rentrée
est peu spectaculaire : « jupes » interétages, coiffe...)
Il y a plus d'une centaine de lancements par an dans le monde, et donc plus
encore de rentrées atmosphériques, dont plus de la moitié
sont le fait de la Russie. D'autre part, les deux grands cosmodromes de ce
pays étant situés sous une latitude élevée, les
lancements sont toujours effectués sous une orbite très inclinée
par rapport à l'équateur, ce qui permet aux étages de
fusée de survoler par exemple la France ; ça n'est pas le cas
d'une grande partie des satellites lancés par les États-Unis,
et plus encore par l'Europe dont le cosmodrome se situe presque sur l'équateur ;
c'est ce qui explique la nette prédominance de rentrées atmosphériques
d'engins soviétiques.
La France n'occupant qu'une petite partie de la surface du Globe, une rentrée
atmosphérique au-dessus de notre territoire reste un événement
rare, sans être vraiment exceptionnel. On en a compté une dizaine
depuis le début de l'ère spatiale.
Personne ne se préoccupe de savoir où retombera un étage
de fusée ou un petit satellite, dont la chute a peu de chances d'occasionner
le moindre dégât ou de révéler des informations
technologiques exploitables ; il est d'autre part souhaitable que les objets
satellisés retombent lorsqu'ils sont devenus inutiles, la sécurité
des missions spatiales étant compromise par une multitude d'objets
qui se croisent dans tous les sens à des vitesses de plusieurs dizaines
de milliers de kilomètres/heure : c'est dans l'espace que ces
débris sont dangereux, pas quand ils retombent !
Tous les satellites sont régulièrement repérés
par les radars et télescopes de l'USSpaceCom (ou NORAD), mais sauf
dans quelques cas particuliers où l'on sait que des morceaux de grande
taille atteindront le sol (cela s'est produit récemment avec un satellite
chinois et avec la sonde russe Mars 96) les satellites en phase de rentrée
ne sont pas suivis en permanence. Il est d'autre part impossible de prévoir
où se produira une rentrée atmosphérique, l'épaisseur
de l'atmosphère étant sujette à des fluctuations importantes.
Donc, la NASA sait rarement à quel endroit précis s'est produite
une rentrée atmosphérique (et ça ne l'intéresse
pas), et ne peut que constater qu'un satellite en phase de rentrée
(c'est-à-dire susceptible de rentrer à tout moment) a disparu
entre deux repérages ; si un point de chute précis est indiqué,
c'est en général en s'appuyant sur des témoignages.
Mettons fin maintenant à quelques fausses idées concernant
les rentrées atmosphériques, phénomènes très
mal connus aussi bien du public que des pilotes d'avion, des astronautes,
des ufologues ou du directeur du SEPRA... Les astronomes sont mieux renseignés,
mais on ne leur demande pas leur avis !
Tout d'abord, contrairement à ce que certains ufologues ont clamé
et continuent à clamer en s'appuyant sur les premières déclarations
du directeur du SEPRA, la rentrée atmosphérique d'un satellite
et plus encore d'un étage de fusée n'a vraiment rien de commun
avec une étoile filante... Tout simplement parce qu'une étoile
filante de luminosité moyenne, c'est un objet de la taille d'une
TÊTE D'ÉPINGLE qui rentre dans l'atmosphère, à plus
de cent kilomètres d'altitude !
On comprend mieux en apprenant ce détail qu'un gros satellite
ou un étage de fusée, dont la masse est plusieurs MILLIARDS
de fois supérieure, peut produire un spectacle impressionnant !
Il faut comprendre que dans tous les cas la visibilité de ces objets ne
dépend pas de leur taille, mais de leur énergie cinétique,
qui est convertie en chaleur au cours de la rentrée. On apprend au
lycée que l'énergie cinétique est égale à mv
2/2 :
la vitesse initiale est connue, c'est la vitesse de satellisation,
de l'ordre de 30 000 km/h, et on peut calculer que si cette énergie est
libérée en cinq minutes, la puissance dégagée
sera d'environ 100 mégawatts par tonne. Pour un objet tel qu'un étage
de fusée ou un gros satellite qui pèse plusieurs tonnes, cette
puissance sera de plusieurs centaines de mégawatts, soit autant qu'une
centrale nucléaire, dont environ 10% seront rayonnés en lumière
(on retrouve approximativement cette proportion dans tout phénomène
d'incandescence, comme une ampoule électrique). La luminosité
pourra approcher celle de la pleine lune lors d'un passage au zénith.
Il ne s'agit pas là d'une affirmation invérifiable, mais d'une
conséquence inévitable des lois élémentaires de
la physique.
Une autre différence par rapport aux étoiles filantes est
la lenteur du phénomène et sa trajectoire presque horizontale :
un satellite qui rentre dans l'atmosphère ne « tombe » pas
verticalement puisqu'il tourne autour de la Terre : sur les 1000 à
3000 km que dure la rentrée atmosphérique
[ça serait même plutôt entre 3000 et 6000 km], la perte d'altitude n'excède
pas une cinquantaine de kilomètres; la « chute » n'a lieu
qu'en phase finale, lorsque le frottement de l'atmosphère a achevé
de freiner l'objet
[en fait, sauf cas très exceptionnel, les fragments qui atteignent le
sol conservent encore une vitesse de plusieurs centaines de kilomètre/heure
et un angle de chute assez faible],
mais ce dernier n'est alors pratiquement plus visible puisqu'il a perdu toute son énergie cinétique ;
si des fragments très résistants à la chaleur finissent par
retomber et atteignent le sol, ils ne seront pas toujours repérés
[même
s'ils sont encore incandescents, ils ne sont pas visibles de très
loin puisque leur altitude est faible à l'approche du point d'impact].
La vitesse initiale d'un satellite est d'environ cinq cents kilomètres
par minute, mais elle diminue rapidement pour être presque nulle en
fin de parcours. La trajectoire sera donc parcourue en une dizaine de minutes ;
un objet situé à une altitude d'environ 100 km étant
visible jusqu'à 1100 km si l'horizon
est dégagé, les témoins privilégiés peuvent
suivre le phénomène tout au long de sa trajectoire. C'est rarement
le cas, mais le phénomène mettra typiquement deux à
trois minutes pour traverser le ciel, à une vitesse apparente assez faible.
Les étoiles filantes ou les météorites sont de leur
côté nettement plus rapides et leur trajectoire est rarement
horizontale, puisqu'il ne s'agit pas de satellites mais d'objets qui heurtent
l'atmosphère sous des angles divers.
L'aspect d'une rentrée peut être très variable.
Dans le cas d'un satellite compact, cela prendra la forme d'une gros météore
lent, une boule de feu suivie d'une « queue » lumineuse et d'une
traînée. Si le satellite se désagrège en plusieurs
fragments (il arrive qu'on le fasse exploser volontairement pour qu'aucun
gros débris ne puisse atteindre le sol), ce qui se produit systématiquement
dans le cas d'un étage de fusée qui n'est qu'une sorte de grosse
citerne vide, les différents fragments seront plus ou moins freinés
selon leur forme et leur masse, et peu à peu la rentrée prendra
l'aspect d'un chapelet de lumières qui pourra s'étendre sur
plusieurs centaines de kilomètres en fin de trajectoire.
Le cas le plus spectaculaire se produit lorsqu'il reste une certaine
quantité de propergols dans un étage de fusée, ce qui
est fréquent. L'objet explose alors en des centaines de fragments
qui paraissent sortir d'un « nuage » issu de l'explosion et qui
s'étendent peu à peu sur plusieurs dizaines de kilomètres
dans toutes les directions. Là encore, il ne s'agit pas d'une simple
hypothèse, un tel phénomène atteindra NÉCESSAIREMENT
ces dimensions gigantesques : la vitesse d'expansion des gaz d'une explosion
est de l'ordre de 15 000 km/h, et le souffle d'une explosion importante peut
propulser de gros fragments à bien plus de 1000 km/h, soit le trentième
de la vitesse initiale de l'objet; il en résulte que le rayon du « nuage
de dispersion » dépassera le trentième de la distance
parcourue, laquelle peut atteindre deux mille kilomètres. D'autre
part, cela ne prendra pas l'aspect d'une dispersion évoquant une fusée
de feu d'artifice, du fait que la vitesse de déplacement de l'objet
reste très supérieure à celle de la dispersion :
les fragments s'écartent les uns des autres en conservant sensiblement
leurs positions relatives, et cela donne plutôt l'aspect d'un ensemble
de lumières liées à un objet unique, dont l'augmentation
de taille sera perçue comme un rapprochement. Enfin, en raison de
considérations aérodynamiques, cet ensemble de lumières
prend d'abord l'aspect général d'une formation en triangle :
les fragments les plus gros ne sont pas trop affectés par l'explosion
ni par le freinage atmosphérique, alors que les plus petits sont expulsés
à grande vitesse et sont freinés plus rapidement ; il en résulte
que l'ensemble prend une forme générale conique (en fait triangulaire,
le développement vertical étant limité par les variations
de densité de l'atmosphère avec l'altitude), avec les fragments
les plus importants en tête.
Les différentes lumières des débris peuvent prendre
des couleurs différentes selon leur matière, et clignoter sous
l'effet de leur rotation. Les plus grosses peuvent être suivies d'une
traînée lumineuse qui prend fin à une certaine distance,
donnant l'impression d'un faisceau de lumière tronqué dirigé vers l'arrière.
La rentrée du 5 novembre
Dressons maintenant un portrait type des observations... Cela a commencé
par une explosion au-dessus du golfe de Gascogne, d'où sont sorties
deux « boules de feu »; le phénomène s'approchant,
il se présentait comme une multitude de lumières dessinant
un triangle de grande dimension suivi de traînées de fumée.
Cela évoque parfaitement la rentrée atmosphérique d'un
étage de fusée qui commence par exploser.
Une anecdote est à noter au sujet de l'aspect en « formation
triangulaire » : lors des troisièmes
Journées internationales
d'ufologie à Marseille, organisées en 1994 par le CERPA, on
a largement évoqué la vague du 5 novembre avec les exposés
de Franck Marie et de Joël Mesnard. Au cours de ce dernier, Jean-Gabriel Greslé
(qui participait avec un excellent exposé défendant l'hypothèse
extraterrestre) s'est levé pour citer un livre américain disant
que les rentrées atmosphériques se présentaient souvent
comme des lumières en formation triangulaire... C'était ironique,
et toute la salle a éclaté de rire en apprenant que ce livre
était le fameux « rapport Condon », connu comme la plus
vaste entreprise de désinformation en matière d'ufologie...
Mais avant de rire, il aurait peut-être fallu réfléchir : le rapport Condon
a été publié en 1968, et à cette époque
les ovnis triangulaires n'existaient pratiquement pas (il ne s'agit pas d'une
invention belge puisqu'une vague assez similaire à celle qu'ont connue
nos voisins avait eu lieu aux États-Unis en 1984... Avant cela, on voyait
des soucoupes, des sphères, des cigares, mais pratiquement aucun triangle).
Alors, si cette indication relève de la désinformation, le
professeur Condon devait être un grand visionnaire puisqu'il s'agirait de désinformation prophétique !
Après un parcours de quelques centaines de kilomètres, notamment
au niveau de la région parisienne, on voyait un groupe de grosses
lumières dont deux en bas qui laissaient une traînée
lumineuse, et d'autres lumières moins importantes derrière.
Les descriptions varient suivant la perspective, la distance de l'observation
et le niveau sur la trajectoire, mais restent pour la plupart assez cohérentes
entre elles et parfaitement compatibles avec une rentrée atmosphérique.
L'heure de l'observation est souvent 19 heures précises ou
quelques minutes de plus, et « l'engin » met généralement
deux à trois minutes pour traverser le ciel dans un parfait silence,
suivant un axe ouest/est ou sud-ouest/nord-est ; la trajectoire typique passe
un peu au nord de l'axe Bordeaux/Strasbourg (je ne suis pas seul à
le dire, Joël Mesnard a déduit la même trajectoire d'après
quelques témoignages précis), soit assez éloignée
de l'axe Pau/Strasbourg indiqué par le SEPRA.
Oublions le SEPRA et ses inepties, et fions-nous uniquement au télex
qu'il a reçu de la NASA : il rapporte la rentrée atmosphérique
de l'étage d'une fusée Proton ayant lancé deux jours
plus tôt le satellite Gorizont 21, et retombé au cours
de sa trente-sixième orbite près de Strasbourg à 19 h 06 ;
il indique aussi les coordonnées géographiques de l'objet lors
des cinq derniers repérages avant sa rentrée. Pierre Neirinck
précise pour sa part que l'altitude du phénomène est
passée de 110 à 83 km au cours de son survol de la France,
et que cette rentrée a pris fin un peu plus loin, en Allemagne
[et même plus loin encore, en Tchécoslovaquie ou en Pologne],
ce qui s'accorde mieux avec les témoignages.
La zone et l'heure indiquées correspondent bien évidemment
à la fin du phénomène, l'endroit où l'on a des
chances de retrouver des débris, même si Franck Marie continue
à affirmer qu'il s'agit du moment où la rentrée a commencé
à devenir visible (on ne pouvait pas le lui reprocher alors que « l'expert »
du SEPRA n'a pas été fichu d'indiquer une trajectoire correcte,
mais lorsqu'il persiste après avoir lu mon livre où j'explique
clairement son erreur, cela devient un mensonge éhonté). Toute
discussion sur ce point est inutile puisque les coordonnées des cinq
derniers repérages permettent de retracer précisément
quelle aurait été la trajectoire de l'objet s'il n'avait pas
pénétré dans l'atmosphère. Il suffit pour cela
d'avoir un ordinateur et un quelconque programme de poursuite de satellites,
ou à défaut un globe terrestre, un crayon et un bout de ficelle
(apparemment, le SEPRA n'a rien de tout cela, ou ne sait pas s'en servir !)
Voici le résultat :
Lorsqu'un satellite rentre dans l'atmosphère, il est peu à
peu ralenti ; il prend donc du retard sur sa trajectoire normale, laquelle
se trouve lentement décalée vers l'ouest puisque la terre tourne
pendant ce temps dans la direction de l'est
[oubliez cette tentative de
justifier le « point de chute » un peu trop au nord indiqué
dans le télex de la NASA, nous allons voir que ç'a été
ma seule grosse erreur pour ma première incursion dans le domaine
des rentrées atmosphériques]. En indiquant une heure qui
suit de quelques minutes le survol théorique de la France par l'objet
et un point situé à l'ouest de cette trajectoire, c'est donc
bien à la phase finale de la rentrée que la NASA se réfère
[en fait, ce point de chute indiqué par la NASA était faux ;
voyez pour plus de détails le texte que j'ai consacré aux
erreurs
de ce télex de la NASA, sans commune mesure avec celles des déclarations
du SEPRA !]. On peut déduire de tout cela la trajectoire
approximative suivie par l'étage de fusée si la rentrée
atmosphérique a bien eu lieu, ce que tout semble indiquer :
[en fait, le ralentissement est minime jusqu'à une soixantaine
de kilomètres d'altitude (contrairement à ce qu'affirmait le
rapport final du SEPRA, auquel je me suis bêtement fié... Je
sais maintenant qu'on ne peut RIEN trouver d'exact dans un rapport d'expertise
du SEPRA concernant les rentrées atmosphériques, ce qui ôte
toute possibilité d'exagération aux accusations d'incompétence
que l'on peut porter contre cet organisme). Oubliez donc cette carte, la
trajectoire précise de l'objet se trouve sur la première !
La différence est suffisamment faible pour que cela ne mette pas en
cause la parfaite corrélation avec les témoignages.]
Il s'agit TRÈS PRÉCISÉMENT de la trajectoire déduite
soit des témoignages les plus précis, soit par des méthodes
statistiques sur l'ensemble des témoignages.
TOUTES les statistiques que l'on peut faire sur les témoignages, que
cela concerne la trajectoire, l'heure de passage, les dimensions angulaires
ou la hauteur sur l'horizon, s'accordent parfaitement avec cette rentrée
atmosphérique. On peut même mettre en évidence les illusions
dues au fait que l'ensemble de lumières augmentait de taille à
mesure que les fragments se dispersaient.
Voyons maintenant comment se passe la mise en orbite d'un satellite géostationnaire tel que les Gorizont.
Le lancement s'effectue à Baïkonour en direction de l'est, pour
profiter de la vitesse de rotation de la Terre (les satellites lancés
vers l'ouest sont très rares).
Les premier et deuxième étage de la fusée n'atteignent
pas la vitesse de satellisation et retombent donc à proximité
du lieu de lancement.
C'est le troisième étage qui place le satellite sur son orbite
basse initiale, à une altitude d'environ 200 km. Une orbite de satellite
est toujours un cercle coupant l'équateur en deux points opposés,
et puisqu'elle doit aussi passer par le lieu de lancement elle sera inclinée
par rapport à l'équateur d'un angle au moins égal à
la latitude de ce lieu, soit 45°52' dans le cas de Baïkonour. En
fait, les fusées sont lancées vers l'est-nord-est sous une
orbite inclinée de 51,6°, afin que leurs deux premiers étages
retombent en territoire soviétique. Cette inclinaison est celle de
l'orbite initiale de la plupart des satellites lancés depuis Baïkonour,
notamment tous ceux qui sont liés aux stations spatiales (Soyouz,
Mir, Kvant, Progress, Saliout...)
Cette orbite sera parcourue en un peu moins d'une heure et demie, et puisque
pendant ce temps la Terre tourne sur elle-même, la trajectoire d'un
satellite autour du globe sera décalée d'une vingtaine de degrés
vers l'ouest à chaque passage, pour repasser approximativement par son point de départ après 24 h.
Voici par exemple la trajectoire suivie par le troisième étage
de la fusée ayant lancé Gorizont 21 lors de sa dernière
orbite, retracée d'après les cinq derniers repérages
de l'USSpaceCom.
On comprend sur ce schéma qu'une région de latitude un
peu inférieure à l'inclinaison de l'orbite sera survolée
plus souvent par le satellite (plusieurs fois par jour) qu'une région
de même superficie située près de l'équateur.
C'est pourquoi l'Europe est avec d'autres contrées (zone frontière
entre les États-Unis et le Canada, sud de l'Amérique du sud
et de l'Australie) une région privilégiée pour recevoir
les retombées spatiales soviétiques !
Les satellites du genre de Gorizont 21 doivent ensuite gagner une orbite
géostationnaire, à 36 000 kilomètres du sol et dans le
plan de l'équateur. Cette dernière opération se fait
en deux étapes :
— lors d'un passage au niveau de l'équateur, le quatrième étage
fournit une poussée qui le place sur une orbite elliptique intermédiaire,
dite de transfert, dont le périgée (point le plus proche de
la Terre) coupe l'orbite initiale et l'apogée (point le plus éloigné
de la Terre) l'orbite finale ;
— lorsque le satellite parvient à l'apogée de cette orbite,
une dernière poussée est destinée à redresser
l'orbite pour la mettre dans le plan de l'équateur et à la
rendre circulaire. Cette dernière poussée pourra être
fournie par le quatrième étage (c'est le cas avec les fusées
Proton) ou par un propulseur auxiliaire du satellite.
Cette procédure minimise la dépense d'énergie ; on utilise
exactement la même méthode, avec une orbite intermédiaire
dite « de Hohmann », pour faire passer les sondes interplanétaires
de l'orbite terrestre à celle d'une autre planète.
Le redressement de l'orbite se fait à l'apogée parce que c'est
à ce moment-là que le satellite va le moins vite, et peut donc
être dévié le plus facilement.
Voyons maintenant si l'on peut trouver, même après cinq ans,
des informations spécifiques sur le lancement de Gorizont 21.
Toutes les informations désirables sont présentes dans des
bulletins informatiques diffusés sur Internet ou sur des serveurs
BBS américains (accessibles avec un ordinateur équipé
d'un modem en appelant un numéro de téléphone particulier).
N'ayant pas encore accès à Internet et ne pouvant pas dépenser
des fortunes en communications avec les États-Unis, je me suis contenté
de ce que j'ai trouvé sur un CD-ROM consacré à l'espace
(
Space & Astronomy, édité par Walnut Creek), contenant
outre des images et des logiciels des milliers de textes issus de tels serveurs.
Ces informations sont donc assez fragmentaires, mais bien suffisantes pour
que l'on n'ait plus aucun doute sur le passage de l'étage de fusée
en question.
Le « Spacewarn Bulletin », diffusé mensuellement par la
NASA, mentionne les dates de tous les lancements et des principales rentrées
atmosphériques. Malheureusement, les heures ne sont pas précisées,
ni les lieux des rentrées. L'annonce du lancement de Gorizont 21 et
de la rentrée du troisième étage se trouvent dans le
numéro 445 de ce bulletin.
Quant aux « éléments orbitaux » qui permettent de
calculer les orbites des différents satellites, ils sont aussi diffusés
individuellement par la NASA sous forme standardisée (les « two
lines element sets »), et repris et groupés par diverses sources.
Le docteur Kelso de l'Air Force Institute of Technology met ainsi à
jour plusieurs fois par semaine une liste d'éléments orbitaux
concernant les principaux objets satellisés : les « bulletins
SPF ». Ces listes n'étant diffusées qu'une fois par semaine
sur des forums Internet, je n'ai pas trouvé celle qui contenait les
éléments de l'étage de fusée qui nous intéresse
avant qu'il ne retombe, qui doit porter le numéro 767 (on doit pouvoir
la trouver sur un serveur BBS au 192.55.187.18 aux États-Unis).
[En fait, on peut trouver les archives de la plupart des éléments
orbitaux diffusés, et notammant les derniers de l'objet qui nous intéresse,
sur le site de Jonathan Mac Dowell.
Tous les calculs qui suivent sont donc quelque peu inutiles pour quelqu'un
qui a accès à Internet (ce qui, en principe, doit être
votre cas), mais constituent un bon exercice pratique d'orbitographie. Si
vous souhaitez vérifier la trajectoire de l'objet (ou d'un autre)
avec les informations disponibles sur Internet, reportez-vous à
l'article que nous avons consacré à cela.]
Par contre, j'ai trouvé le bulletin SPF n°771, du 17 novembre
90, qui contient les paramètres orbitaux du satellite lui-même
et de trois éléments de la fusée :
GORIZONT 21
1 20923U 90094 A 90317.35526239 -.00000207 00000-0 10000-3 0 153
2 20923 1.4267 270.1133 0003619 324.4574 35.1716 1.00302188 111
1990 094D
1 20926U 90094 D 90317.29715818 -.00002830 00000-0 10000-3 0 55
2 20926 1.4420 270.3459 0034591 342.9013 16.8848 1.00864738 110
1990 094E
1 20927U 90094 E 90315.13833535 .00002150 00000-0 24037 2 0 96
2 20927 47.3654 269.7862 7252582 2.0140 359.6364 2.27460558 203
1990 094F
1 20928U 90094 F 90314.24801039 .00004604 00000-0 21820-2 0 84
2 20928 47.3172 270.0145 7271729 1.7851 359.6809 2.27867679 186
Voici ce que signifient les différentes données dans l'ordre :
Première ligne : Nom du satellite ou désignation internationale
(année de lancement, numéro du lancement pour cette année,
et une lettre désignant l'objet concerné : A pour le satellite
principal).
Deuxième ligne : Numéro de classification du NORAD
(qui fait double emploi avec la désignation internationale) — Désignation
internationale (souvent omise si elle figure en première ligne) — Année,
jour de l'année et instant (décimales du jour) de référence
— Mean Motion Rate : dérivée du mouvement moyen (taux
de diminution au cours du temps de la durée d'une orbite, en raison
principalement du ralentissement atmosphérique) — MMR Rate :
dérivée seconde du mouvement moyen (taux de modification du
nombre précédent, concerne encore le freinage atmosphérique) ;
le chiffre après le « - » indique le nombre de 0 après
la virgule — BSTAR : autre terme utilisé par certaines méthodes
de calcul pour calculer l'évolution de l'orbite du fait du freinage
atmosphérique — Les derniers chiffres concernent la référence
des éléments orbitaux, et le tout dernier est un caractère
de contrôle (checksum).
Troisième ligne : Référence NORAD — Inclinaison
de l'orbite (en degrés) — RAAN : Ascension droite (longitude
sur la sphère céleste) du noeud ascendant (point de l'orbite
qui coupe le plan de l'équateur en passant du sud au nord) — Excentricité
(décimales suivant « 0, ») : différence entre
périgée et apogée divisée par la somme des deux
(grand-axe de l'orbite) — Argument du périgée : position
du périgée par rapport au noeud ascendant (en degrés)
— Anomalie moyenne : position du satellite sur son orbite au moment
considéré (en degrés, ou plus exactement en trois-cent-soixantièmes
du parcours) — Mouvement moyen : nombre d'orbites par jour (1 pour
l'orbite géostationnaire, environ 16 pour une orbite basse) — Numéro
de l'orbite (le tout dernier chiffre est un caractère de contrôle).
Avec tout cela, on peut calculer la position précise du satellite
à une date déterminée, pourvu que l'on ne s'écarte
pas trop de la date de référence. Il existe pour cela des logiciels
que l'on peut trouver sans difficulté dans le domaine public (c'est-à-dire
gratuits); j'ai utilisé le « Satellite Prediction Program »
version 4.04 réalisé par Bill Penner, très bien fait.
Il fonctionne sur les ordinateurs Atari, mais on trouvera sans mal l'équivalent
pour tous les types d'ordinateurs.
Revenons aux quatre objets dont les éléments sont donnés.
Le premier est le satellite Gorizont 21 lui-même (code A dans la désignation
internationale), placé sur une orbite quasi-géostationnaire.
Le deuxième (code D) suit une orbite à peu près identique ;
il s'agit vraisemblablement du quatrième étage.
Le troisième et le quatrième (codes E et F) suivent une orbite
de transfert elliptique. Il s'agit probablement de la coiffe, séparée
en deux éléments
[il
s'agit en fait de propulseurs auxiliaires, utilisés pour des corrections
de trajectoire ; la coiffe, qui constitue une charge inutile dès que
la fusée sort de l'atmosphère, est larguée avant la
satellisation]. Notons que l'un de ces objets est retombé
le 2 mai 1991 d'après
Spacewarm bulletin n°456
[le second est rentré le 4 mars 1995].
Après avoir introduit toutes ces données dans l'ordinateur,
on peut rechercher à quel moment a eu lieu la deuxième mise
à feu du quatrième étage : à ce moment précis,
les quatre objets doivent être rassemblés au même point.
Cela s'est produit le 3 novembre 1990 à 21 h 12 TU (pour éviter les confusions de fuseau
horaire, je parlerai toujours en Temps Universel, soit une heure de moins
que l'heure d'hiver en France), comme l'indiquent les copies d'écran
suivantes.
Les parties blanches sur les cartes correspondent aux régions d'où
le satellite peut être vu, ici très étendues puisque
ces satellites sont distants de plusieurs fois le rayon de la Terre.
En remontant d'une demi-orbite le parcours des deux éléments
de la coiffe, lors du passage au périgée et au niveau de l'équateur,
on doit maintenant trouver le moment de la première mise à
feu du quatrième étage : cela s'est produit le 3 novembre à
15 h 57.
Le troisième étage est donc forcément passé
au même point à ce moment précis (avec une incertitude
de quelques minutes du fait que l'accélération n'est pas instantanée
et que l'orbite peut être corrigée). Et puisque le télex
de la NASA indique les positions de cet objet lors des cinq derniers repérages
avant sa rentrée, on peut vérifier qu'il est possible de faire
passer cet objet par ces cinq points et par le point de rencontre du quatrième
étage : il suffit pour cela de procéder par tâtonnements
successifs, en faisant varier les paramètres orbitaux d'un satellite
fictif jusqu'à obtenir les meilleurs résultats. Voici les paramètres
correspondants (le temps de référence choisi est celui du premier
repérage indiqué dans le télex), et la trajectoire qui
en est déduite pour le 3 novembre à 15 h 57.
3e etage Gorizont 21
1 20925U 90094 C 90309.70208333 .15700000 28000-1 00000-0 0 04
2 20925 51.7800 260.9050 .000000 176.7585 323.9100 16.57999990 352
Il reste maintenant à vérifier qu'un remontant encore un peu
dans le temps, on trouve un survol du cosmodrome de Baïkonour (45,92°N,
296,67°O). On voit que cela s'est bien produit au cours de l'orbite précédente
(la mise à feu du quatrième étage a donc eu lieu dès
le deuxième passage au niveau de l'équateur), à 14 h 45
qui doit être l'heure du lancement. Et ce lancement a bien eu lieu
36 orbites avant la rentrée atmosphérique comme l'indique le
télex de la NASA.
En fait, en tenant compte de la durée d'accélération,
le lancement doit avoir eu lieu vers 14 h 40 à quelques minutes près.
Je n'ai pas trouvé de documents indiquant l'heure du lancement de
Gorizont 21, mais ça ne doit pas être trop difficile... Voilà
pour mes adversaires l'occasion unique de prouver que j'ai tort !
[Occasion ratée : l'heure du lancement est indiquée encore dans
le site de Jonathan Mac Dowell,
et c'est précisément 14 h 40 !]
On trouve dans le gros livre sur le cosmodrome de Baïkonour publié
par les éditions Armand Colin des indications sur la procédure
de mise en orbite géostationnaire par les lanceurs Proton, qui s'accordent
parfaitement avec nos calculs. Il est écrit que la première
mise à feu du quatrième étage a lieu 80 minutes
après le lancement, et la seconde 398 minutes. De nôtre
côté, nous obtenons respectivement 77 et 392 minutes après
le lancement.
Voici enfin la trajectoire déduite des mêmes paramètres
orbitaux au moment de la rentrée atmosphérique, qui s'accorde
parfaitement avec les témoignages :
Bien sûr, ces paramètres orbitaux sont fictifs et choisis
pour correspondre au mieux aux indications du télex reçu par
le SEPRA... Certains ufologues un peu paranoïaques n'hésitent
pas à supposer que la NASA aurait inventé ces données
pour expliquer une vague d'ovnis extraordinaire, ou que le SEPRA aurait fabriqué
ce télex pour appuyer sa thèse. Il me semble que dans ce cas,
M. Velasco aurait été capable d'interpréter correctement
les données de ce télex, qui s'accordent précisément
avec la majorité des témoignages ! Quoi qu'il en soit, on connaît
avec certitude le lieu de lancement, l'inclinaison de l'orbite et le moment
précis de la mise à feu du quatrième étage...
Avec tout cela, il n'est pas possible d'obtenir après seulement trente-six
orbites une trajectoire sensiblement différente de celle que l'on
déduit du télex, vrai ou faux, de la NASA.
On peut le vérifier en étudiant l'orbite d'un autre troisième
étage ayant lancé un satellite Gorizont dont les paramètres
orbitaux sont connus. C'est par chance le cas pour Gorizont 26, lancé
le 14 juillet 1992. Ces éléments orbitaux apparaissent dans
le
Bulletin SPF n°24 (nouvelle série), avec ceux du satellite
et d'une autre partie de la fusée restée en orbite basse, référencée
« B », qui est sans doute la jupe inter-étage :
1992 043A
1 22041U 92 43 A 92197.72644159 -.00000020 00000-0 99999-4 0 42
2 22041 1.5142 274.6313 0021046 101.1632 263.0756 0.97548145 10
1992 043B
1 22042U 92 43 B 92199.17113217 .07712869 60580-4 21095-3 0 186
2 22042 51.6573 260.3474 0006532 277.2521 83.2338 16.45196324 375
1992 043C
1 22043U 92 43 C 92197.64413327 .16578523 60644-4 69710-3 0 96
2 22043 51.6546 268.9301 0002065 33.4375 326.7324 16.43832464 128
[En réalité, B est le troisième étage et C
l'élément interétages ; les deux ont été
inversés dans le cas de Gorizont 21 par le NORAD. Voir pour plus
de détails notre discussion sur
les erreurs du télex de la NASA].
D'après ces paramètres, le troisième étage devait
retomber aux environs de la vingtième orbite, et l'autre élément
aux environs de la quarante-cinquième
[c'est donc l'inverse]. Voici quelles trajectoires
auraient suivi ces deux satellites à leur trente-sixième orbite :
La première trajectoire est similaire à celle suivie par
la rentrée atmosphérique du 5 novembre mais un peu décalée
à l'est, ce qui est normal puisque l'orbite est plus petite et parcourue
plus rapidement lorsque le satellite se rapproche du sol ; la seconde, correspondant
au contraire à une orbite un peu plus large, est presque confondue
avec celle qui nous intéresse, légèrement décalée
cette fois vers l'ouest (notons que si le numéro d'orbite indiqué
n'est pas le même pour les deux objets, cela provient d'une anomalie
dans le décompte des orbites ; les deux satellites sont bien en train
de boucler leur trente-sixième tour de la Terre depuis le lancement).
Si l'on s'appuie sur les éléments orbitaux du troisième
étage, mesurés seulement à la onzième orbite,
le lancement aurait eu lieu le 14 juillet 1992 à 22 h 05 :
Peut-on encore douter ?
Toutes ces constatations devraient suffire à convaincre quiconque
aurait un minimum de bon sens que la rentrée atmosphérique a
bien eu lieu et qu'elle explique une grande majorité des observations
de cette soirée... Il semble malheureusement que beaucoup d'ufologues
français soient plus animés par la foi que par le bon sens !
Cette rentrée atmosphérique pourrait-elle n'expliquer qu'une
minorité des observations ? Revenons sur les calculs de l'énergie
rayonnée par un phénomène de ce type. La fusée
Proton est un des plus gros lanceurs soviétiques, avec une masse au
décollage de 680 tonnes. Le troisième étage est un cylindre d'environ huit
mètres de longueur sur quatre de diamètre, dont la masse est
de l'ordre de soixante-dix tonnes lorsque les réservoirs sont pleins.
Cela implique probablement une masse à vide de l'ordre de quinze tonnes, sûrement pas beaucoup moins.
[Un peu moins quand même : on trouve ce renseignement sur l'excellent site
Astronautix,
une encyclopédie en ligne de l'astronautique, et la masse à
vide de cet étage de fusée est précisément 4185 kg
(les dimensions sont précisément 4,2 m de diamètre
et 6,5 m de longueur).]
Nous avons vu que chaque tonne d'un objet rentrant dans l'atmosphère
rayonne une puissance d'environ cent mégawatts si le parcours dure
cinq minutes, une durée assez typique pour un étage de fusée
qui explose (elle est un peu supérieure dans le cas contraire, le
freinage atmosphérique étant moins fort sur un objet qui ne
se fragmente pas ; c'est un des facteurs qui rendent le spectacle particulièrement
impressionnant lorsqu'il y a explosion)
[en fait,
la durée sera à peu près identique dans les deux cas,
de l'ordre de huit minutes, mais le début de la rentrée sera
beaucoup plus spectaculaire en cas d'explosion, les petits débris
se consumant rapidement]. Pour une
masse de quinze tonnes, la puissance émise est donc de 1,5 gigawatts
[300 mégawatts si l'on corrige à la fois la
durée et la masse, ça reste très spectaculaire]
dont le dixième est rayonné en lumière,
soit bien plus que dans une grande ville la nuit. À une altitude de
cent kilomètres, cela correspond pour les témoins situés
à la verticale au tiers de la luminosité de la pleine lune,
ou à sept cent fois l'éclat maximal de Vénus, ou dix mille fois
celui de l'étoile la plus brillante, Sirius
[divisez tout par cinq pour des estimations plus réalistes]...
Et il ne s'agit là que d'une moyenne sur la totalité du parcours :
la luminosité devait être encore nettement plus forte lors du
survol de la partie ouest de la France... Cela suffisait largement à
éclairer le paysage alors que la nuit était déjà
noire et que la lune n'était pas encore levée
[la remarque reste valable malgré la révision à la baisse de la luminosité].
Quant aux dimensions, elles devaient atteindre d'après les témoignages
une cinquantaine de kilomètres d'envergure ou de hauteur pour plus
de cent kilomètres de longueur en fin de parcours, soit pour un passage
au zénith à peu près les dimensions apparentes de cette revue tenue ouverte à bout de bras
[j'ai sans doute un peu exagéré sur ce point aussi ; si l'on se fie au
témoignage extrêmement précis de Daniel Karcher,
habitué des observations astronomiques, le phénomène
s'étendait dans l'est de la France sur une cinquantaine de kilomètres
en longueur et une quinzaine en hauteur ; on n'a pas de témoignage
aussi fiable dans la partie ouest du pays, mais l'ensemble des débris
issus de l'explosion n'a sans doute pas dépassé une vingtaine
de kilomètres d'amplitude en largeur, et près d'une centaine
en longueur au niveau de la région parisienne]. Et nous avons
vu qu'il s'agit de dimensions parfaitement normales pour l'ensemble des fragments
d'un gros étage de fusée ayant explosé.
Imaginez un « objet » plus grand qu'une constellation telle que
la Grande Ourse, composé de centaines de lumières chacune beaucoup
plus lumineuse que les étoiles les plus brillantes, qui traverse lentement
le ciel... Un tel spectacle peut difficilement passer inaperçu, et à une heure de la nuit où il y a
un maximum de personnes dehors il sera NÉCESSAIREMENT vu par des dizaines
de milliers de témoins. En fait, pratiquement tous ceux qui se trouvaient
dehors à 19 h et à moins de 300 km de la trajectoire pouvaient difficilement le manquer !
Étant donné que la grande majorité des observations
rapportées se situent précisément à 19 h, à
quelques minutes près, et qu'AUCUN TÉMOIN n'a observé
SIMULTANÉMENT la rentrée et « autre chose », il ne
reste qu'une alternative :
— soit la rentrée atmosphérique a eu lieu et elle explique
la grande majorité des témoignages du 5 novembre ;
— soit il n'y a pas eu de rentrée atmosphérique, le troisième
étage de cette fusée est retombé ailleurs et toutes
les observations se rapportent à d'authentiques ovnis.
Et si l'on tient à se ridiculiser en défendant cette dernière
hypothèse, on a encore le choix entre deux possibilités :
— soit il s'agissait d'un objet unique, immense, ayant survolé la
France à très haute altitude, ce qui n'expliquerait pas mieux
qu'une véritable rentrée atmosphérique les divergences
entre les différents témoignages ou les impressions de survol
à basse altitude... Il aurait été plus simple à des extraterrestres
désireux de se faire remarquer ainsi de donner un petit « coup
de pouce » à un étage de fusée pour qu'il retombe
dans ces conditions d'observation idéales, et le résultat aurait
été exactement le même ! Je ne rejette pas cette dernière idée, tant cette
rentrée atmosphérique paraît un peu trop belle pour être
complètement naturelle : une des plus spectaculaires qui se soit produite,
et elle a entièrement traversé par le milieu, à l'heure
de la nuit où il y aurait le plus de témoins, LE SEUL PAYS AU MONDE où
l'existence d'un « service d'expertise » complètement nul
et l'absence quasi-totale de concertation ou de compréhension entre
ufologues et scientifiques lui assureraient d'être considérée
par beaucoup comme un événement extraordinaire !
— soit il y avait un grand nombre d'ovnis différents vus à
basse altitude, et Franck Marie a entièrement raison de croire qu'il
y avait pratiquement un ovni différent par observation. Il faudrait
que tous ces engins, qui se comptaient sûrement par centaines ou
même par milliers, se soient presque toujours présentés
à des témoins choisis pour qu'ils les voient dans la direction
de la rentrée atmosphérique imaginaire et à la même
heure, sans que personne n'en observe deux en même temps... Le problème
est qu'il existe de nombreux cas où l'objet se trouvait manifestement
à haute altitude, vu par exemple depuis un avion ou un hélicoptère
en vol ou disparaissant derrière un nuage. Lorsqu'en pleine région
parisienne, des témoins au sol et un pilote d'hélicoptère
en vol observent un même objet très lumineux et de grande dimension
qui passe haut dans le ciel en direction du sud, soit vers Paris, j'ai du
mal à comprendre comment il se fait que personne ne l'ait vu passer
au nord s'il ne se trouvait pas à très haute altitude !
Faites votre choix, pour ma part ce qui me paraît le plus incompréhensible
c'est l'acharnement avec lequel un grand nombre d'ufologues refusent l'évidence !
La rentrée n'explique pas tout
Il serait totalement stupide de vouloir expliquer la totalité
des témoignages par la rentrée atmosphérique (ce que
je n'ai jamais fait), de même qu'il serait stupide de rejeter cette
explication générale en citant quelques dizaines de cas qui
ne peuvent pas s'expliquer ainsi (ce que font encore beaucoup d'ufologues).
Lorsque des dizaines de milliers de témoins observent un phénomène
qui leur paraît inexplicable, lorsque tous les médias parlent
de cet événement et multiplient les appels à témoins,
on trouve forcément un certain nombre de cas irréductibles :
— les témoignages peu fiables voire franchement fantaisistes, cela
existe, même s'ils sont plus rares que ne le voudraient les négateurs
du phénomène OVNI ;
— une rentrée atmosphérique ne gomme pas toutes les autres
causes potentielles de méprises, qui expliquent toujours une grande
partie des observations rapportées. Notons à ce propos que les
journaux, les observatoires, les commissariats et les bases militaires ont
reçu des milliers d'appels de témoins souvent persuadés
que l'objet qu'ils avaient observé s'était écrasé
peu après; dans ces conditions, il serait surprenant que les militaires
n'aient pas mobilisé un certain nombre d'avions et d'hélicoptères
pour rechercher d'éventuels débris (le fait est attesté
par certains témoignages) ; la présence de tels appareils, de
nuit et à basse altitude, a sûrement été responsable
de quelques méprises ;
— enfin, d'authentiques ovnis, on en observe tous les jours ! En
France, cinq pour cent environ des personnes interrogées affirment
avoir observé un ovni au moins dans leur vie. Rapporté à
l'ensemble de la population française, cela fait trois millions de
personnes ; en considérant que leur observation s'inscrit typiquement
dans une période de trente ans où chaque témoin était
un « observateur potentiel » (l'âge moyen des témoins
diminué des premières années de leur vie), on peut déduire
qu'il y a en moyenne 100 000 observations par an en France... soit plus
de 200 par jour, dont la grande majorité restent donc ignorées
des ufologues. Bien sûr, la plupart de ces observations seraient sans
doute expliquées par une enquête de routine, mais il doit tout
de même rester plusieurs dizaines de cas « intéressants »
chaque jour, qui se produisent en majorité peu après le crépuscule
parce que c'est à ce moment de la nuit qu'il y a le plus d'observateurs
potentiels.
Il ne faut donc pas s'étonner que l'on trouve quelques dizaines de
cas au cours de cette soirée qui ne s'expliquent pas par la rentrée
atmosphérique, et d'autres au cours des jours qui suivent ou qui précèdent.
Répéter, comme le fait Joël Mesnard, qu'il y a peut-être
eu une rentrée atmosphérique mais que certains témoignages
impliquent l'intervention « d'autre chose », ça n'est pas
une prise de position, mais un truisme ! Une façon d'avoir l'air d'être
un ardent défenseur de la « vague d'ovnis » en évitant de se
mouiller ne serait-ce que le bout d'un orteil : qu'il y ait un pour cent
ou cent pour cent de cas inexplicables, il pourra se vanter de l'avoir toujours
dit !
Si tout se réduisait à la rentrée atmosphérique,
on aurait un « UFO-missing » (pour paraphraser l'expression des
parapsychologues qui parlent de « psi-missing » lorsque leurs sujets
devinent les réponses MOINS SOUVENT que ne le voudraient les lois du
hasard), une « non-vague » du 5 novembre qui prouverait indiscutablement
la manifestation d'une intelligence non humaine !
La question est donc de savoir s'il y a suffisamment de cas inexpliqués
pour que l'on puisse considérer que « l'activité ufologique »
a été supérieure à la moyenne ce jour-là,
qu'il y a eu une véritable « vague du 5 novembre »...
A-t-on recueilli des cas qui prouvent que d'authentiques ovnis ont « parasité »
une rentrée atmosphérique ? C'est une idée qui
me plaît beaucoup, mais pour l'instant ma seule conviction est que
l'on n'aura pas la réponse à ces questions tant que les enquêteurs
refuseront obstinément d'admettre la réalité de la rentrée
atmosphérique et d'y confronter leurs témoignages !
Force est de constater que beaucoup de cas ont été présentés
comme totalement incompatibles avec l'hypothèse d'une rentrée
atmosphérique par simple ignorance de l'aspect que pouvait prendre
un tel phénomène.
Prenons en exemple « six cas parmi les plus probants » sélectionnés
par Joël Mesnard, dont les enquêtes sont considérées
par beaucoup comme des modèles de sérieux, et examinons-les
un par un (voir
LDLN n°306).
[Joël Mesnard a récemment (2001, dans les numéros 359 à 362, articles reproduits dans
le site de Philippe Huleux)
sélectionné après un « tri sévère »
« au moins trente exemples flagrants » qui sont selon lui totalement
irréductibles à l'explication par la rentrée atmosphérique...
Je reviendrai bientôt sur ce nouveau dossier foireux de Mesnard, dans
lequel il accumule les erreurs de calcul, les omissions volontaires et les
témoignages recueillis après dix ans (sans le préciser)
en oubliant ce que les mêmes témoins écrivaient quelques
jours après leur observation, et quelques autres artifices de ce genre...
Sur ces « trente exemples flagrants », il est évident que
la moitié se rapportent à la rentrée atmosphérique
parfaitement décrite, la moitié de ce qui reste aussi mais
moins bien décrite, et la moitié de ce qui reste à quelque
chose n'ayant rien à voir avec cette rentrée mais parfaitement
identifiable... Cela laisse au mieux une demi-douzaine d'observations intéressantes
mais qui n'ont pas fait l'objet d'une enquête sérieuse. Notons
que j'ai signalé à Mesnard toutes les erreurs et omissions
de sa série d'articles, et il n'a bien évidemment pas fait
la moindre correction dans les numéros suivants de sa revue.]
Bruxelles :
Un objet portant des lumières masque le sommet d'une tour.
Je ne peux pas juger ce cas, n'ayant pas lu l'enquête (publiée
dans la revue belge
Eurufon)
[dans
son dernier dossier dont je viens de parler, Joël Mesnard rejette finalement
ce cas parce qu'il n'a « jamais pu obtenir la moindre confirmation »].
Je le laisserai donc en suspens (il faudrait demander à nos amis de
la SOBEPS ce qu'ils en pensent), mais tous les cas français de « passage
devant un obstacle »sont douteux : il s'agit toujours, comme ici,
d'un objet qui passe à la limite de l'horizon. Quelquefois, les témoins
n'imaginent pas qu'un objet d'une telle taille apparente soit très
lointain, et lorsqu'ils le voient disparaître derrière un obstacle
ils croient qu'il est passé devant en éteignant ses lumières !
Colmar :
Sur un film vidéo, les côtés d'un triangle apparaissent soudain.
Voici une photo tirée de ce film, un des rares enregistrements physiques
du phénomène du 5 novembre. Le film complet a été
diffusé lors de l'émission récente que la chaîne
Arte a consacrée aux ovnis
[pardon
pour la mauvaise qualité de reproduction; le triangle liant les trois
points de tête apparaît nettement à la visualisation du
film, mais très fugitivement].
Ce cas a suscité un débat dans les numéros suivants
de
LDLN, et il apparaît que le « triangle » aperçu
sur quelques images lorsqu'on pousse la luminosité à fond est
illusoire : un des côtés est une traînée laissée
par le point de tête, le second est une « bavure » du signal vidéo, et le troisième n'existe
pas ! Ce curieux détail expliqué, le film de Colmar n'a plus
rien de mystérieux (d'ailleurs, Joël Mesnard pensait à
l'origine que le mystérieux triangle s'était superposé
à la rentrée atmosphérique)
[dans
sa dernière étude, Mesnard note dans un bel euphémisme
« qu'il n'est pas absolument certain que la vidéo de Colmar montre
autre chose que la rentrée de la fusée soviétique » !
Si vous avez un doute, vous pouvez comparer avec intérêt cette photo au
dessin fait dans la même région par Daniel Karcher,
qui a immédiatement reconnu une rentrée atmosphérique].
On y voit notamment une de ces traînées d'air ionisé, moins
longue qu'au niveau de la région parisienne du fait que le phénomène
avait ralenti, qui expliquent bien des observations de « faisceaux tronqués »
dirigés vers l'arrière.
Neuilly-sur-Marne :
Ensemble de lumières rigoureusement immobile pendant près de 4 minutes.
Le cas favori de Joël Mesnard, exposé dans le numéro 306
de
LDLN. Je n'en ai pas beaucoup parlé dans mon livre (c'est peut-être
pour cela qu'il est toujours pris en exemple !), et nous allons donc l'examiner
en détail.
Le témoin, habitant le onzième étage d'un immeuble,
a eu son regard attiré vers 18 h 55 par trois points verts visibles
près de l'horizon, qui ont pivoté pendant quelques secondes.
Sorti sur son balcon, il a vu un ensemble de quatre lumières, rouges
et orangées celles-ci, stationnaire en direction de l'est.
Après environ quatre minutes, l'ensemble s'est éloigné
vers l'est, disparaissant dans la brume. Le témoin est alors rentré,
pour noter l'heure précise de sa montre à quartz bien réglée : 19 h 02.
Il semble que ce témoin ait vu la rentrée atmosphérique
qui s'éloignait vers l'est. Il a dû l'observer depuis son balcon
à partir de 19 h 02, peu après le passage au plus près
qui a sans doute attiré son attention, et a pu la suivre de ce point
de vue privilégié jusqu'à 19 h 05, après le passage de la frontière allemande
[en fait, compte tenu de mon erreur sur le ralentissement de la rentrée
atmosphérique, l'observation a dû se faire de 19 h 01 à
19 h 02].
Cette explication paraît invraisemblable à Joël Mesnard
qui note pour sa part que le témoin aurait dû se tromper :
1) Sur l'heure, d'une dizaine de minutes, alors qu'il surveille de très
près la dérive (négligeable) de sa montre à quartz,
et qu'il est certain de l'heure qu'il a notée.
Je ne sais pas comment Mesnard arrive à cette dizaine de minutes d'erreur
alors que le témoin affirme que son observation s'est terminée
à 19 h 02 et que le télex de la NASA précise que le
phénomène avait terminé sa course à 19 h 06 dans
l'est de la France. Si la rentrée a été observée jusqu'à
19 h 05, l'erreur se réduit à trois minutes
[en
réalité, il n'y a pas d'erreur du tout sur l'heure de la fin
d'observation, la seule dont le témoin soit sûr, puisque la
rentrée atmosphérique disparaissait bien à l'horizon
un peu après 19 h 02]... Le témoin aurait-il réglé
sa montre moins précisément qu'il ne le pensait ? Serait-il
resté sur son balcon quelques minutes après la disparition
du phénomène, estimant ensuite avec une petite incertitude
l'heure de la fin de son observation ? Aurait-il confondu un 2 avec
un 5 sur une montre numérique ? Il ne s'agit là que de
suppositions, mais dans tous les cas trois minutes d'erreur c'est plus facile
à expliquer que dix !
2) Sur la durée et la fixité du phénomène,
puisqu'il l'a observé, rigoureusement immobile (avec comme repère
rien moins que la façade de son immeuble), pendant environ quatre
minutes (certainement pas moins, dit-il, de trois minutes et demie). C'est
trois fois le temps mis par la fusée soviétique pour aller
de La Rochelle à Strasbourg !
Là encore, je vois mal comment Joël Mesnard arrive à sa
dernière affirmation, alors qu'un satellite qui n'est pas freiné
par l'atmosphère met déjà une minute et demie pour parcourir
les 725 km qui séparent ces deux villes. Il est amusant de lire dans
un numéro PRÉCÉDENT de
Lumières dans la nuit (n°304,
p. 5) :
Quant
à la durée de la traversée du territoire français,
nous ne la connaissons que de façon très approximative :
elle est de l'ordre de quelques minutes. Le ralentissement de l'objet transparaît-il
à travers les témoignages, sur une distance de l'ordre de 1000 km
seulement ? Ce n'est que l'une des multiples questions qui se posent...
Quatre mois plus tard, il ne s'interroge plus : il choisit la réponse
qui lui convient le mieux, et l'exagère encore pour faire bonne mesure...
Malheureusement, c'est la mauvaise réponse
[on
a vu que je me trompais sur ce point ; c'était la bonne réponse,
mais Mesnard l'exagère tout de même] : le ralentissement est
très sensible, puisque la distance parcourue par un objet rentrant dans
l'atmosphère est précisément
celle qui est nécessaire pour qu'il perde toute sa vitesse
[c'est
vrai, mais c'est en toute fin de rentrée, à moins de soixante
kilomètres d'altitude, que se fait l'essentiel du ralentissement] !
Il est du reste amusant de voir Joël Mesnard s'étonner que l'objet
puisse perdre une grande partie de sa vitesse en « seulement »
mille kilomètres (soit un ralentissement d'une vingtaine de kilomètres/heure
par kilomètre parcouru), alors que la plupart des gens ont au contraire
du mal à admettre qu'un objet rentrant dans l'atmosphère puisse
parcourir une telle distance avant de « tomber » !
En réalité, on a vu que l'observation a pu durer environ trois
minutes, à peine moins que la durée estimée par le témoin
qui n'avait pas de montre sur lui
[l'observation n'ayant en fait pu durer
qu'une minute ou guère plus, le témoin s'est beaucoup trompé
sur cette durée, estimée de façon totalement subjective,
mais pas du tout sur l'heure de fin d'observation, seule donnée objective].
Et pendant ces trois minutes, le phénomène qui s'éloignait
vers l'est n'a parcouru depuis ce point de vue qu'un angle d'environ 25 degrés...
Soit une vitesse angulaire à peine supérieure à celle
de la grosse aiguille d'une horloge (six degrés par minute)
[le
déplacement de la rentrée atmosphérique a en fait été
d'une trentaine de degrés en une minute ; c'est cinq fois plus que
cette aiguille d'horloge, mais ça reste très lent]
imaginez que vous êtes au centre d'une horloge géante et que
vous observez pendant trois minutes un objet étrange accroché
au bout de la grosse aiguille : pourra-t-on vous en vouloir si vous ne remarquez
pas que l'objet se déplace ? Cet objet qui mettait près d'une minute
[en
fait une dizaine de secondes, en tenant compte de mon erreur sur le ralentissement
et de mon exagération sur la dimension] pour parcourir sa propre longueur pouvait être
assimilé à un avion volant à la vitesse de... 2 km/h
[plutôt 15... C'est quand même assez inhabituel pour un avion de ligne] !
3) Sur toutes les indications d'angles, et notamment sur la hauteur de la
base du phénomène, qu'il situe au voisinage de l'horizon, voire
un peu en dessous.
Le témoin écrivait pourtant à Franck Marie que la base
du phénomène se trouvait à 10° au-dessus de l'horizon ;
la hauteur angulaire de la rentrée était d'environ quinze degrés
au début de l'observation, et diminuait lentement
[précisément 18° à 19 h 01, et 3° à 19 h 02]...
En ce qui concerne les dimensions angulaires, on trouve dans le numéro
306 de
LDLN
une photo du témoin écartant les bras d'une bonne cinquantaine
de centimètres. Si l'on se réfère plutôt à
son témoignage, chaque côté du triangle est estimé
à 25 ou 30°, soit environ 30 cm à bout de bras (il
dira 50 dans sa lettre à Franck Marie). Mais si on lit son premier
témoignage, paru dans le numéro 303 de la même revue
(page 29), ces dimensions sont estimées à 5 ou 6 diamètres
lunaires, soit seulement 3 cm à bout de bras ! Bien sûr,
une large surestimation des dimensions apparentes est chose courante chez
les témoins moyens, et Joël Mesnard l'indique souvent, mais quand
un témoin ne fait pas la différence entre cinquante centimètres
à bout de bras et cinq ou six diamètres lunaires on ne peut
guère se fier à ses estimations angulaires, et une enquête
objective devrait au moins le signaler ! La rentrée atmosphérique
qui s'éloignait devait présenter des dimensions apparentes
d'environ 5 cm à bout de bras
[plutôt trois],
ce qui me paraît un bon compromis entre les deux estimations successives du témoin.
4) Sur la distance d'observation, qu'il évalue à une trentaine
ou une cinquantaine de mètres, alors que la fusée soviétique
s'éloignant vers l'est se trouvait à une distance au moins
cinq mille fois supérieure.
Là encore, Joël Mesnard signale très souvent dans
sa revue que l'on ne peut apprécier les distances supérieures
à une cinquantaine de mètres... L'individu moyen ne fait aucune
différence entre cinquante mètres et l'infini ! Alors,
pourquoi ne pas le rappeler ici, au lieu d'insister sur la notion absurde
de facteur d'erreur ? Oserait-t-il user de cet argument dans le cas
d'une confusion avec l'étoile Rigel ?
Citons encore le numéro 304 de sa revue (page 16) :
Les estimations
de distance, ou d'altitude, pour cette soirée du 5 novembre,
sont à prendre avec la plus extrême prudence. Sauf cas particulier,
cela signifie qu'on ne peut en tenir aucun compte. Notons quand même
que d'une manière générale, on a affaire à des
sous-estimations de la distance, et qu'elles sont bien souvent colossales.
Bref, n'en tenez aucun compte sauf quand ça vous arrange !
Signalons aussi qu'il était précisé dans le numéro
303 que le témoin n'est pas absolument sûr de l'exactitude de
cette estimation (qui est doublée dans sa lettre à Franck Marie),
et remarquons enfin qu'une telle proximité du phénomène
serait difficilement conciliable avec sa disparition dans la brume par temps clair...
5) Sur l'aspect du phénomène, qui est sans rapport avec l'ensemble des autres descriptions.
Encore une affirmation infondée. Le témoin ayant observé
depuis un point de vue privilégié le phénomène
qui s'éloignait vers l'Allemagne, on doit comparer sa description avec
les témoignages de l'est de la France, plutôt que de la région
parisienne. Par un heureux hasard, on a pour l'est de la France mieux qu'un
témoignage : un enregistrement vidéo ! Il s'agit
bien sûr du film tourné à Colmar. Redressez
la photo extraite de ce film
pour que la traînée soit horizontale, et inversez la direction,
Colmar se trouvant à l'inverse de Neuilly-sur-Marne au sud de la trajectoire
de la rentrée atmosphérique... Ne faut-il pas alors un certain
aveuglement pour ne pas trouver de grandes similitudes entre
le dessin
et la photo ? J'ajoute pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus
que deux des trois lumières de tête n'étaient pas toujours
visibles en même temps sur le film de Colmar, et que la traînée
présentait souvent un aspect « crénelé » !
En conclusion, il me semble évident que ce témoin a observé
la rentrée atmosphérique et rien d'autre, et ses erreurs d'appréciation
apparaissent minimes quand on ne cherche pas à les exagérer.
Si l'on préfère considérer que notre témoin ne
s'est pas du tout trompé sur l'heure de son observation, il faut admettre
qu'il serait resté sur son balcon entre 18 h 55 et 19 h 02, sans remarquer
la rentrée atmosphérique très spectaculaire, parfaitement
visible entre 19 h 00 et 19 h 05
[en fait entre 18 h 59 et 19 h 02]
et passant au plus près, sous son
nez pourrait-on dire, à 19 h 01
[en fait à 19 h 00' 30", à une hauteur angulaire de 27°] !
Il reste un doute pour la première phase de son observation, lorsqu'il
a eu son attention attirée durant quelques secondes par trois lumières
VERTES effectuant une rotation... Peut-être s'agissait-il d'un simple
reflet de la rentrée atmosphérique qui passait au plus près.
Il est difficile d'en avoir le coeur net alors que Joël Mesnard a résumé
ce détail en cinq lignes, préférant insister sur la
suite, beaucoup plus spectaculaire mais parfaitement identifiée.
Gretz-Armainvilliers :
Un objet de grande taille plonge, redresse et remonte.
Voici un cas qui a paru très solide en raison du nombre et de la qualité
des témoins : six, dont un commandant de bord d'Air-France (Jean-Gabriel
Greslé, que cette observation a incité à écrire
un livre sur ses expériences ufologiques). Voici comment est représenté
l'objet dans
LDLN n°306, page 17 :
Voilà qui ne ressemble vraiment pas à la rentrée
atmosphérique. Et pourtant... L'heure correspond à la minute
près à celle du passage au plus près de ce phénomène ;
le cap suivi, la direction du passage au plus près, la hauteur par
rapport à l'horizon correspondent très exactement à
sa trajectoire ; les dimensions angulaires estimées sont celles que
d'autres témoignages précis attribuent à ce qui était
certainement la rentrée atmosphérique ; les impressions de descente
du ciel et de virages s'expliquent raisonnablement par des effets de perspective...
Les « structures sombres », comme dans la plupart des autres témoignages
y faisant allusion, étaient à peine devinées et pourraient
relever de la même illusion qui faisait voir des « canaux »
sur Mars à d'excellents observateurs (mais il est vrai que certains
« ufologues », comme Christophe Grelet, croient encore que ces
« canaux de Mars » vus par Percival Lowell étaient réels !
cf
OVNI : les Temps futurs n°7, p. 12).
La description du phénomène serait similaire à d'autres
témoignages de la région s'il n'y avait à l'avant deux
monstrueux « faisceaux tronqués » VERTICAUX. Sans cet unique
détail inexplicable, on aurait une des descriptions les plus exactes
de la rentrée atmosphérique, digne de la qualité exceptionnelle des témoins !
Or, si l'on se reporte au témoignage de Jean-Gabriel Greslé,
on apprend que lorsque l'objet est passé près des témoins,
l'extrémité des faisceaux était masquée par une rangée d'arbres
[en réalité, j'ai constaté sur place que ces arbres complètement
dépouillés en plein automne ne pouvaient pas masquer quoi que ce soit ; donc, si les
témoins n'ont pas vu ces faisceaux, c'est parce qu'ils n'existaient pas !]...
AUCUN des témoins n'a donc observé le phénomène
tel qu'il est dessiné, affublé de ces deux monstrueux faisceaux !
J'ai suggéré que le premier témoin aurait mal interprété
la perspective des deux traînées dirigées vers l'arrière
lors de la première phase de son observation, alors que l'objet approchait...
Une erreur compréhensible chez un témoin surpris par le phénomène,
qui courait vers ses camarades pour leur faire partager sa vision. Les faisceaux
auraient donc été entièrement invisibles, et supposés
présents par les autres témoins d'après la description
initiale de leur ami (l'enquête précise que son témoignage
a été le plus complet)... Les témoignages seraient hors
de cause, mais l'enquête serait critiquable : si l'on veut que
le nombre de témoins renforce la crédibilité d'une
observation, il faut s'en tenir aux détails mentionnés par
plusieurs témoins !
Villavard :
Objet de grande taille, effectue boucle autour d'un relais de télé.
Ce cas, exposé dans
LDLN n°304 et dans l'émission d'Arte,
doit aussi son étrangeté apparente à une synthèse
abusive de différentes observations :
1) Deux automobilistes, Alain Descy et Jacky Davézé, ont observé
une sorte d'immense « boomerang » délimité par des
lumières, suivi de traînées, qui a traversé le
ciel d'ouest en est, dans un silence parfait. Ils ont pris des photos, mais
les ont confiées à la gendarmerie qui les a envoyées au SEPRA... Elles sont donc perdues
[pour une fois, rendons justice au SEPRA : ces photos ont finalement été
rendues au témoin; elles ne montrent rien du tout, ce qui peut être
normal pour des photos nocturnes prises avec un film de seulement 200 ASA] !
Tout dans ce témoignage évoque la rentrée atmosphérique,
qui était particulièrement spectaculaire et gardait une forme
générale de chevron dans cette région du centre-ouest
de la France, et les témoins se seraient seulement trompés
d'un quart d'heure en situant leur observation à 19 h 15.
2) Plus au nord, Mme Guion et sa mère ont eu leur attention attirée
vers 19 h 15 par « un fort grondement » et ont vu « une masse
de forme générale ovale, mais sans bords nets, avec un unique
feu rouge clignotant », se dirigeant vers le sud.
Cette observation n'est pas particulièrement étrange :
il me semble raisonnable de supposer qu'il s'agissait d'un hélicoptère
militaire recherchant d'éventuels débris de l'engin signalé
peu de temps auparavant par des milliers de témoins...
3) L'époux de Mme Guion, cultivateur, se trouvait sur son
tracteur quand il a vu arriver sur lui « une masse sombre, ovale, portant
plusieurs lumières clignotantes (rouges, notamment) », qui est
passée au-dessus de lui, a effectué une boucle autour d'un relais
de télévision à l'ouest, et s'est ensuite éloignée
vers l'est. M. Guion n'a entendu aucun bruit, mais j'avais remarqué
dans mon livre qu'il est difficile de discerner un bruit quand on se trouve
sur un tracteur en marche, et M. Guion lui-même l'a confirmé dans son interview pour Arte.
Une observation qui ressemble beaucoup à la précédente,
mais des ufologues enthousiastes ont préféré la rapprocher
de celle, plus spectaculaire, des automobilistes ; ces derniers ont été
promenés dans des conférences ufologiques, et le témoignage
de M. Guion ne servait qu'à attribuer au gigantesque engin qu'ils avaient
observé une trajectoire en boucle, comme tout boomerang qui se respecte !
Vert-le-grand :
Un objet sombre éclaire le sol de plusieurs faisceaux qui découpent
des cercles de lumière dans l'herbe.
Je ne m'étendrai pas sur ce cas décrit dans
Lumières
dans la nuit
n°303, qui n'a à l'évidence rien à voir avec la
rentrée atmosphérique : la trajectoire (certaine) est
complètement différente, le témoin est sûr que
son observation a eu lieu peu après 19 h 15, et la description
n'évoque pas du tout cette rentrée (il s'agit de l'objet qui
figure en gros sur la couverture du numéro 303 de
LDLN,
reproduite page 16).
J'ai timidement suggéré dans mon livre qu'il pourrait encore
s'agir d'une observation très déformée d'un hélicoptère,
ce qui m'a valu la ire de Joël Mesnard qui a enquêté et
qui connaît personnellement le témoin. Je reconnais volontiers
que cette explication est un peu tirée par les cheveux, mais il était
tout de même bon de remarquer que l'observation n'a pas eu lieu dans
des conditions idéales : engin observé du coin de l'oeil
par une conductrice seule et quelque peu effrayée pendant une trentaine
de secondes alors qu'elle roulait de nuit sur une route fréquentée...
Joël Mesnard est certes mieux placé que moi pour juger de la
crédibilité de ce cas, mais lorsqu'on enquête sur un
phénomène OVNI on doit envisager toutes les sources de confusion
possibles, ne serait-ce que pour les réfuter... Il me semble que c'est
ici l'idée d'un hélicoptère qui vient le plus naturellement
à l'esprit... Alors, pourquoi ne pas en avoir discuté et s'être
contenté d'écrire que ce cas est « l'une des plus
étranges observations de cette soirée, l'une de celle qui [...]
excluent toute possibilité d'explication par une rentrée atmosphérique » ?
Quoi qu'il en soit, un cas ne fait pas une vague !
Que reste-t-il donc des six « cas béton » sélectionnés
par Joël Mesnard parmi les centaines dont il avait connaissance, et
sur lesquels il n'est jamais revenu ?
Trois cas (Colmar, Neuilly-sur-Marne et Gretz-Armainvilliers) qui décrivent
à l'évidence la rentrée atmosphérique et rien
d'autre, un cas (Villavard) associant plusieurs observations dont la plus
spectaculaire s'explique encore par la rentrée atmosphérique
et les autres sans doute par des engins bien terrestres, un cas (Bruxelles)
qui apparaît peu convaincant a priori, et un cas enfin (Vert-le-Grand)
qui pose un réel problème mais n'apparaîtrait pas comme
très convaincant s'il avait été signalé dans
un autre contexte que cette vague du 5 novembre 90...
Au mieux, une vaguelette !
Les réactions
[Quelques précisions s'imposent pour ceux qui n'auraient pas connu la genèse d'Univers OVNI :
AMA
était le bulletin polycopié du
CERPA,
association marseillaise dirigée par
Bernard Hugues ; lorsque j'ai rejoint cette association dans les années 90,
je me suis occupé de la réalisation de ce bulletin sur ordinateur, des numéros
cinq à huit (les numéros précédents étaient constitués de textes sur machine
à écrire et de collages) ; l'association prenant de l'importance, nous avons
décidé de passer à une revue imprimée, que j'ai baptisée Univers OVNI,
dont le numéro 1 est sorti en mars 96 sous l'égide du CERPA ; mais le CERPA
s'étant ruiné dans un dernier congrès mégalomaniaque et son responsable ayant
essayé de mettre cette véritable débâcle sur le dos de la revue qui avait
été en fait bénéficiaire (tout juste), j'ai créé moi-même en 1997 l'association
I.N.H. Évidence pour continuer la publication d'Univers OVNI
avec l'espoir de passer à une distribution en kiosque ; cela n'ayant pas pu
se faire et le numéro 2, dont est extrait le présent article, n'ayant
pas été amorti, il n'y a pas eu de numéro 3 et Univers OVNI
s'est transformé en ce site Internet (et c'est tant mieux).]
Lorsque j'ai terminé mon livre sur le 5 novembre, je
m'attendais à des réactions sans doute souvent négatives,
mais qui engageraient au moins un débat... Le CERPA a tout fait pour
que ce débat ait lieu, en envoyant ce livre aux principaux intéressés (Franck Marie,
Joël Mesnard, Jean Sider...) Sans résultat ! La
seule réponse a été une lettre élogieuse de Gilles Munsch
(qui lui l'avait acheté), qui passe à tort ou à raison
pour un négateur forcené du phénomène OVNI (et
à voir la façon dont on me considère moi-même,
je suis tenté de penser que c'est à tort !)
Pas un mot par exemple dans la revue
Lumières dans la nuit, alors
qu'il me semble avoir au moins apporté des éléments
utiles concernant les phénomènes de rentrées atmosphériques,
qu'il serait bon de mentionner. Dans le numéro 310, Joël Mesnard
écrivait :
La
situation serait moins confuse, si nous disposions d'informations sur le
volume occupé par les débris incandescents de l'engin spatial,
c'est-à-dire sur leur dispersion dans l'espace. On nous a fourni des
indications précises sur l'altitude, beaucoup plus floues sur la trajectoire,
mais nous ne savons toujours rien sur l'ordre de grandeur de cette dispersion.
Or, si une donnée joue un rôle capital dans cette affaire, c'est
bien celle-là. Étrange, non ?
Pourquoi n'a-t-il plus abordé cette question « capitale »
maintenant qu'il connaît la réponse ? Étrange, non ?
Ce silence gêné a duré tant que ce livre est resté
très confidentiel, et qu'il suffisait pour qu'il le reste de me faire
passer par le bouche-à-oreille pour un affreux « debunker »
(c'est-à-dire quelqu'un qui s'acharne à trouver des explications
à toutes les observations d'ovnis)... Le lecteur jugera si cet article relève
du debunking ou d'une recherche honnête de la vérité.
Tout a changé lorsque le premier numéro d'
Univers OVNI
est sorti, avec (horreur !) une publicité pour ce livre maudit
et (abomination !) la lettre de Gilles Munsch (j'aurais préféré
publier des lettres de détracteurs, c'est beaucoup plus stimulant,
hélas je n'en ai reçu aucune !) Cette fois, les réactions
n'ont pas manqué.
La plus virulente est venue Jean Sider, ufologue aussi connu pour la minutie
de ses recherches que pour son caractère intolérant. Sider
avait souhaité collaborer à la revue
Univers OVNI,
et avait envoyé un certain nombre d'articles au CERPA, dont le premier
a été publié. Concernant mon livre, il ne voulait pas
en entendre parler ; lorsque le CERPA lui a proposé de le lui envoyer,
il a promis d'anéantir mon argumentation (je l'y encourageais vivement) ;
mais lorsqu'il l'a lu il a finalement décidé de ne pas en parler
« pour ne pas me donner l'occasion de répondre » !
Et quand le premier numéro d'
Univers OVNI
est paru, il s'est indigné d'y trouver une publicité pour ce
livre (j'en faisais bien plus pour les siens, et j'en fais encore). Sider
a refusé tout contact avec moi, n'écrivant qu'au président
du CERPA en interdisant que l'on me donne une copie des lettres dans lesquelles
il m'attaquait, et a préféré le chantage à la
discussion : il cesserait toute collaboration avec
Univers OVNI
si je restais rédacteur en chef, et exigeait le retrait de tous ses articles du
numéro suivant (ce qui m'a valu quelques heures de travail inutile
puisque j'avais déjà introduit trois de ses textes sur ordinateur)...
Sider avait déjà usé avec succès de ce genre
de pression pour évincer notre ami Jean-Louis Decanis de la publication
de l'association Magonia (Jean-Louis écrit maintenant... ici !) Dans
le cas d'
Univers OVNI,
il n'avait pas compris que cette revue ne pouvait pas exister sans moi ; désolé
monsieur Sider, vos articles seront toujours les bienvenus même s'il
s'agit de contester les miens, mais si de votre côté vous n'acceptez
pas la discussion et voulez régenter tout ce qui se dira dans une
revue je crains qu'il ne faille faire la vôtre !
Même intolérance de la part de Franck Marie. Je l'ai rencontré
en février à Paris, où Francine Fouéré
nous avait malicieusement réunis pour sa journée annuelle d'ufologie ;
la discussion, amicale, s'était prolongée dans un café...
Mais lorsque la revue est parue, il a lui aussi tenté de faire pression sur le CERPA en se déclarant
scandalisé que cette association qui l'avait largement soutenu ait
osé publier ce livre et lui fasse de la publicité... Lui aussi
a été cordialement invité à réfuter mes
arguments, et lui aussi s'y est refusé, prétextant qu'il avait des choses
plus importantes à faire (établir la vérité sur
une vague qu'il considère comme un événement majeur
de l'ufologie française, ça n'est donc pas important ?)
Joël Mesnard n'est pas plus ouvert : je lui ai écrit
pour lui demander de préciser clairement et en quelques mots sa position
sur le 5 novembre et sur quelques cas particuliers, et il n'a pas daigné
répondre... Par contre, il a pris le temps d'écrire au CERPA,
pour affirmer que c'était à cause de moi qu'il ne voulait plus
parler de cette association : immédiatement, prétend-il,
après avoir participé au congrès organisé par
le CERPA en septembre 93, il aurait trouvé dans sa boîte aux
lettres la revue
AMA numéro 7 où je faisais l'éloge d'un livre écrit
par des psychosociologues, ce qui fait automatiquement de moi un con ! En
réalité, la revue en question, où j'écrivais
en quelques lignes qu'un ufologue soucieux d'objectivité se devait
de lire AUSSI les livres des psychosociologues et discuter de leurs arguments au lieu de les
ignorer, est parue en février 94, cinq mois après le congrès...
Et Mesnard n'avait pas attendu cela pour dénigrer le CERPA et son
congrès !
Quant à Christophe Grelet, Président de l'association
marseillaise
OVNI-Futur, il s'en était déjà
violemment pris au CERPA, et accessoirement à moi-même, dans le bulletin de cette association...
J'avais clairement dénoncé tous ses mensonges dans deux « lettres ouvertes » successives,
qu'il a bien sûr ignorées. Dans le numéro 7 de ce bulletin, ce personnage
qui travaille sur des préjugés et des rumeurs réitère des attaques
stupides contre un livre dont il n'a pas lu la moindre ligne :
...nous avons découvert dans ce premier numéro [...]
une lettre d'un expert en désinformation : Gilles Munsch
[notons que ce dernier a comme le CERPA réclamé à plusieurs reprises,
et en vain, un droit de réponse pour les attaques dont il a fait l'objet dans
cette revue]
, dans laquelle il attaquait un ufologue de pointe : Franck Marie
pour ses travaux très sérieux [tous les ufologues sérieux,
y compris mes plus farouches adversaires, doivent avoir éclaté de rire
en lisant ça !]
sur la vague d'ovnis qui a déferlé sur la France
le 5 novembre 1990. Il félicitait par la même occasion le comique troupier
Robert Alessandri. Rappelons que ce personnage inféodé à la socio-psychologie
[quand je vous dis qu'il s'appuie sur des préjugés et pas sur ce qu'on écrit !]
a pondu un « dossier » prouvant selon lui que les observations faites ce jour-là par
des dizaines de personnes n'étaient rien d'autre que de mauvaises interprétations.
Vous avez bien lu, il parle seulement de DIZAINES D'OBSERVATIONS... Mais alors, il est
entièrement d'accord avec moi !
Autre réaction de la part de Didier Gomez, qui dirige le groupe
Ufomania
et la revue du même nom, avec une lettre très inamicale mais
qui au moins engageait la discussion. Des attaques réitérées
dans le numéro 12 de sa revue, où l'on pouvait lire :
La couleuvre la plus difficile à avaler, restant quand même, la
publicité pour le livre du clown triste de service, un certain Robert
Alessandri, qui ne tient pas compte du dossier rassemblé par Banque-OVNI
sur le 5 novembre 1990. [...]
Espérons seulement que le CERPA va se défaire au plus vite des brebis galleuses qui infestent
son troupeau
[encore cette volonté d'exclure ceux qui vous dérangent]. Je
lui répondais gentiment que je prenais note de ses remarques concernant
la revue mais que je n'avais que faire de son jugement sur un livre qu'il
se vantait dans sa lettre de ne pas avoir lu (il semble que ce soit normal
en ufologie !), et lui proposais de le lui envoyer s'il s'engageait
à le lire et à écrire honnêtement ce qu'il en
pensait dans sa revue (une proposition que je fais régulièrement
depuis que j'ai constaté que ceux à qui je l'avais envoyé
n'y faisaient pas la moindre allusion). Il a accepté, et les deux
pages qu'il m'a consacrées dans le numéro 13 de sa revue sont
beaucoup moins agressives mais guère plus honnêtes : il
commence par sous-entendre que j'aurais trafiqué mes statistiques,
ce qui est évidemment faux (je peux envoyer sur demande le fichier
utilisé, sur papier ou sur disquette), et me fait passer pour un imbécile
par quelques citations extraites de leur contexte, comme « apparemment,
le témoin a simplement confondu le nord avec le sud » sans préciser
que le témoignage était accompagné d'un dessin sur lequel
l'ouest figurait à droite, l'est à gauche et le nord en face,
ou « on peut imaginer que le témoin s'est seulement trompé
sur le lieu de son observation » sans préciser que ladite observation
avait été faite depuis une automobile sur une autoroute !
Quant à mes recherches concernant la rentrée atmosphérique,
il les évacue sommairement en prétendant qu'elles reposent
uniquement sur le télex de la NASA, que l'on ne peut pas prendre au
sérieux depuis les « lettres d'aveux » reçues par
Jean Sider ! Didier Gomez a lui-même écrit un livre sur
les phénomènes du 5 novembre
(
L'Eure des ovnis, éditions Osmondes), mais ne l'ayant pas lu je ne me permettrai pas de le juger
[ce livre, après avoir été annoncé à
plusieurs reprises, a finalement été publié en 2001
aux éditions Lacour]...
La revue
Sentinel News m'attaquait de son côté,
sous la plume de son trésorier Philippe Guignard, dans un compte-rendu
du congrès parisien de Francine Fouéré, où Franck
Marie était félicité pour pour son intervention. Puisque
le groupe Sentinelle s'était vanté à sa création
de disposer d'un « puissant matériel d'orbitographie, similaire
à celui utilisé par le CNES », je lui ai demandé
de s'en servir pour vérifier que toutes les affirmations de Franck
Marie concernant la rentrée atmosphérique étaient fausses,
et que cette rentrée s'accordait avec la plupart des témoignages...
J'ai ainsi été mis en contact avec le secrétaire de l'association,
Hervé Clergot, qui utilisait le logiciel d'orbitographie ; après
un échange de courrier amical qui m'a permis de me rendre compte qu'il
était bien renseigné sur le sujet et qu'il était ouvert
à la discussion, je lui ai proposé le même marché
qu'à Didier Gomez, qu'il a volontiers accepté. Et comme toute
personne ayant un minimum de connaissances en matière scientifique
(Hervé Clergot en a bien plus que cela, et je ne doute pas qu'il contribuera
beaucoup dans les années à venir à rendre l'ufologie
crédible
[Remarque : Hervé Clergot a depuis quittté le groupe Sentinelle pour fonder la revue
PARANORMAL ;
je ne sais pas où il en est actuellement]), il n'a pu que se ranger à mon
avis : sa critique parue dans le numéro 4 de
Sentinel News
est très positive, même s'il trouve que j'ai été quelquefois un
peu excessif dans mes tentatives d'explication des témoignages. Notons
que cet article a valu au groupe Sentinelle de recevoir de nombreux courriers
haineux de la part des ufologues fanatiques, réactions auxquelles son président Patrice Roger a répondu
très sainement (voir
Sentinel News n°5). On aimerait trouver la
même ouverture d'esprit au sein d'autres associations qui prétendent
faire de l'ufologie objective !
Pierre Lagrange a été le dernier à accepter de parler
de ce livre en échange d'un exemplaire gratuit. J'étais curieux
de connaître son opinion, puisqu'il me semblait que je dérangeais
aussi bien les psychosociologues que les « soucoupistes » convaincus
en montrant que la grande majorité des témoins avaient très
correctement décrit la rentrée atmosphérique. Mais Pierre
Lagrange a écrit une critique très positive dans le numéro 2
d'Anomalies, et paradoxalement il a été
le seul à relever cela :
L'auteur montre ainsi que la plupart des
témoins ont bien décrit ce qu'ils voyaient compte tenu des conditions
dans lesquelles ils se trouvaient. Il faut croire qu'un psychosociologue
[notons qu'il ne considère pas appartenir à cette catégorie,
mais enfin il ne croit guère à la réalité d'un
phénomène étranger à l'humanité]
peut être beaucoup plus honnête qu'un partisan inconditionnel des ovnis !
Je terminerai par la réaction du
CERPA, ou plutôt de son dictateur
Bernard Hugues, qui n'a pas été la moins agressive ! Le CERPA
était ravi d'éditer ce livre, le premier document qu'il publiait
en dehors de sa revue
AMA,
mais le ton a changé lorsque Jean Sider s'en est mêlé :
je devenais alors celui qui avait éloigné ce grand ufologue
du CERPA... C'est oublier que Sider avait été attiré
par l'annonce de la publication de la revue
Univers OVNI
qui n'aurait pas existé sans moi... Et il aurait fallu pour qu'il
continue à y collaborer que je ne sois plus rédacteur en chef
et que l'on n'y fasse plus la moindre promotion d'un livre que je considère
comme une oeuvre sérieuse et utile, fruit d'un gros travail et qui
est ma seule contribution « ufologique » qui me rapporte quelques
maigres subsides dont j'ai bien besoin ! Vous comprendrez que ces exigences
étaient inacceptables, mais Bernard Hugues a tout tenté pour
que j'arrête de parler du 5 novembre : disant que je m'isolais,
qu'il avait des preuves que je me trompais, que je n'étais rien à
côté de Jean Sider, que c'était « le pot de
terre contre le pot de fer v» (une expression bien trouvée en
parlant de Sider, mais j'ai l'impression que ce fer-là est passablement
rouillé !), cherchant à me faire dire que je voulais nier
la réalité des ovnis (en vain bien sûr, puisque ça
n'est pas du tout mon intention et que contrairement à lui je dis
toujours franchement ce que je pense)... Quoi qu'il en soit, nous verrons
si Jean Sider collaborera avec le CERPA maintenant que je ne suis plus
impliqué dans ses publications !
Bernard Hugues a aussi écrit une lettre à Franck Marie à
mon sujet, disant entre autres informations mensongères :
— que tous les autres responsables du CERPA étaient complètement
opposés à moi au sujet du 5 novembre (c'est faux, en fait ils
pensent pour la plupart que la rentrée atmosphérique n'explique
pas tout — je n'ai jamais prétendu le contraire ! — , mais ne se
risqueraient pas à affirmer qu'elle ne rend pas compte de la majorité des observations);
— que j'ai déclaré que même s'il n'y avait qu'un
pour cent d'observations inexpliquées ça suffirait à
faire du 5 novembre un événement intéressant (encore
faux : c'est LUI-MEME qui m'a dit à plusieurs reprises que s'il
y avait eu UN SEUL OVNI le 5 novembre 90 ça suffirait !
Et je lui ai invariablement répondu que dans ce cas le 5 novembre
90 ne serait pas plus intéressant que n'importe quel jour des 50 ans
d'histoire de l'ufologie, et que ce qui m'intéressait n'était
pas qu'on soit convaincu à l'avance qu'il y a eu ou non des ovnis
ce jour-là, mais qu'on les isole des 95% d'observations qui s'expliquent
de façon certaine par la rentrée atmosphérique ET QU'ON
LES ÉTUDIE);
— que Boris Chourinov, ufologue russe très sérieux (que
Bernard considère comme un debunker depuis que ses relations avec
lui se sont détériorées), avait obtenu dans son pays
de nouvelles informations démontrant qu'aucune rentrée de fusée
soviétique ne pouvait expliquer le phénomène du
5 novembre (en réalité, Boris a simplement dit à
son ami François Couten, un des grands pourvoyeurs d'informations
de l'ufologie, qu'il ATTENDAIT des documents qui POURRAIENT remettre en cause
la thèse de la rentrée atmosphérique ! Et il semble
que ces documents n'aient pas été concluants, puisque Boris
lui-même m'a déclaré peu après, en mai 96,
n'avoir aucune information nouvelle concernant le 5 novembre et que
c'était une histoire que l'on devait résoudre en France).
Cette lettre était présentée comme une position officielle
du CERPA alors qu'aucun membre du Bureau ou du Conseil d'administration n'en
était informé (Bernard m'a d'ailleurs déclaré
récemment qu'il était le maître du CERPA et qu'il pouvait
prendre des décisions sans que les autres aient leur mot à dire !), et
Franck Marie était autorisé à la publier ou à
la diffuser autant qu'il le désirait... Par contre, Bernard a refusé
de me donner une copie de cette lettre dans laquelle j'étais attaqué
au nom du groupe auquel j'avais consacré énormément de temps
en cinq ans ! (c'est donc de mémoire que j'en ai cité le contenu,
mais ma mémoire étant plutôt bonne je ne pense pas en
avoir trahi le sens).
On appréciera cette volonté de me faire passer pour un
debunker lorsqu'on saura qu'il m'a déclaré récemment
qu'il avait des preuves que les phénomènes du 5 novembre
n'avaient rien à voir avec une rentrée atmosphérique,
mais que ça n'était pas forcément des ovnis : il
pourrait s'agir d'avions secrets américains ! Et pour compléter
cette savoureuse pensée, il m'avait aussi déclaré peu
avant à plusieurs reprises qu'il avait des documents prouvant que je
me trompais, qu'il SAVAIT ce qu'étaient les phénomènes
observés le 5 novembre grâce à des documents qu'il
ne pouvait pas révéler (il a affirmé la même chose
au sujet des mystérieuses « vibrations aériennes »
ressenties en Provence, ce qui ne l'a pas empêché là
encore de soutenir l'hypothèse la plus invraisemblable qui soit, celle
de séismes sous-marins) ! Maintenant, Bernard affirme que presque
tous les phénomènes observés étaient d'authentiques
ovnis, tout en reprochant à Franck Marie d'avoir amplifié la
vague, ce qui me paraît assez incohérent ! Il dit aussi
que je fais fausse route mais qu'on finira par me donner raison, et qu'il
lui tarde que ce soit le cas pour que j'arrête de parler du 5 novembre
(le résultat serait le même si on me prouvait que j'ai tort,
et si je m'étais trompé je voudrais le savoir, mais non,
on me donnera raison !) Amusant de la part de quelqu'un qui disait trois
mois plus tôt que même si j'avais raison je serais complètement
isolé, que je ne faisais pas le poids face à Jean Sider
ou Joël Mesnard ! Cette valse d'affirmations contradictoires
faites à quelques semaines d'intervalle me semble assez confuse, et
je conclus que quand on connaît mal un sujet il vaut mieux se contenter
de compter les points !
Enfin, pour en terminer avec Bernard Hugues (qui a aussi de grandes
qualités, et que j'ai toujours défendu avant de me rendre compte
de sa façon d'user de mensonges et d'intimidations quand on ne sert
plus ses intérêts), j'ai eu la surprise d'apprendre qu'il s'était
permis d'envoyer des copies du courrier PERSONNEL que je recevais au sujet
du 5 novembre via le CERPA, ainsi que les réponses que j'y faisais...
à Jean Sider, celui-là même qui de son côté
ne voulait pas que l'on me donne des copies des lettres où il me dénigrait !
Une attitude quelque peu indélicate, aussi bien pour moi que pour
ceux qui m'écrivaient...
Les témoins ne sont pas en cause
On m'a reproché de n'avoir interrogé aucun témoin de
la vague du 5 novembre... C'est vrai : je ne ferais pas un bon enquêteur,
je n'ai pas de véhicule
[maintenant que j'ai un vélo, les choses changent !]
(et bien souvent pas un sou en poche), j'habite
une région qui a été peu touchée par cette vague,
et je fais presque tout seul une revue, ce qui prend beaucoup de temps.
Devais-je pour autant me taire alors que les enquêteurs, de leur côté,
ne faisaient aucun effort pour savoir à quoi pouvait ressembler une
rentrée atmosphérique ? Si l'on veut contester le fait que
ce phénomène explique la majorité des observations,
il faut montrer que je me trompe, sur l'aspect des rentrées atmosphériques
ou sur la réalité du passage de ce troisième étage
de fusée, ou que la plupart des témoignages ne sont pas compatibles
avec cette rentrée...
Aucun de mes adversaires n'a fait cela : les tentatives de négation
de la rentrée atmosphérique relèvent de l'ignorance,
et pour ce qui est des témoignages on se contente de dire : ça
ne peut pas être une rentrée atmosphérique parce que j'ai
un témoin qui a vu l'objet tourner à angle droit, un autre
qui l'a vu passer sous un nuage, un autre qui a vu des faisceaux éclairant
le sol... Tout cela montre que QUELQUES témoignages ne s'expliquent
pas par la rentrée atmosphérique, mais qu'en est-il de l'écrasante
majorité de témoignages TYPIQUES de cette soirée, qui
décrivent très bien le phénomène sur lequel
je me suis attaché à faire la lumière ?
Il est amusant de constater que les deux « clans ennemis »
qui divisent l'ufologie cherchent dans un bel ensemble à minimiser
l'importance de la rentrée atmosphérique : les uns affirment
que ces phénomènes ressemblent à de grosses étoiles
filantes laissant une « courte traînée météorique »
(dixit Franck Marie), et les autres parlent de la rentrée d'un « morceau
de fusée » (voir la publicité pour un dossier de presse
sur le 5 novembre dans la revue
Phénomèna)...
Le comble de la sottise a été atteint par un expert en
« sciences » humaines, Manuel Jimenez, qui vient d'écrire
un livre sur la psychologie de la perception dans la collection Dominos (n°129).
Jimenez y fait souvent référence aux ovnis, et il a choisi
d'illustrer ses thèses par deux témoignages relatifs aux événements
du 5 novembre.
Se fiant sans doute aux âneries du directeur du SEPRA
[une des phrases qui me sont reprochées, considérée comme
injurieuse ; est-ce que les mots « sottises », « inepties »
ou « balivernes » auraient été moins « injurieux » ?
Parce que, si je ne peux rien employer de tel, je ne vois vraiment pas
comment rendre compte de la réalité de la situation], il
considère que les deux témoins ont observé un phénomène
identique et bref, et que cette vision fugitive a induit des déformations
extrêmes... En fait, on a vu que la rentrée atmosphérique
n'avait rien de fugitif (les deux témoins peuvent très bien
l'avoir abservée comme ils le disent pendant 30 et 15 secondes), et
que l'aspect du phénomène différait selon la région
de l'observation. Moi qui fais plutôt confiance aux facultés
de perception des témoins, je veux bien parier d'après leur
description sommaire que le premier se trouvait dans la région des
Landes, et le second dans le centre de la France (Jimenez ne fournit aucune
indication géographique)
[j'ignore si j'ai gagné ce pari ; j'ai signalé à Jimenez
ses erreurs, et il n'a pas daigné répondre] !
La plupart des témoins du 5 novembre ont très correctement
décrit ce qu'ils ont vu : un immense ensemble de lumières
de forme grossièrement géométrique, accompagné
de traînées étranges, qui traversait le ciel lentement,
d'un bloc et sans bruit... Un spectacle grandiose qui avait de quoi les
surprendre. N'en déplaise aux attentistes du grand contact qui voudraient
qu'une armada d'engins aient survolé la France ce soir-là,
il s'agit de la description d'une rentrée atmosphérique ; et
n'en déplaise aux psychologues de foire qui ne cessent de parler
de l'extrême faillibilité du témoignage humain, cette
description est en général plutôt bonne !
Il est temps d'étudier ces témoignages avec objectivité,
et d'arrêter de noyer les quelques observations réellement intéressantes
sous des milliers de cas parfaitement expliqués. Peut-être y
trouvera-t-on alors quelques perles rares, et des preuves d'un « parasitage »
des rentrées atmosphériques par les ovnis... Encore faut-il
avoir envie de différencier les « parasites » du « signal » !
Robert Alessandri
Adresse des associations et revues citées :
Anomalies : B.P. 57 — 13244 MARSEILLE Cedex 01.
[La
publication de cette revue a cessé, mais l'association « Observatoire
des parasciences » continue d'exister à la même adresse ;
elle a publié quelques livres intéressants, et elle vend de
nombreux livres neufs ou d'occasion sur les ovnis et autres mystères
répertoriés dans son « Catalogue martien », que l'on
peut trouver en ligne sur le site du
GREPI.]
Banque OVNI : B.P. 41 — 92223 BAGNEUX Cedex.
[Cette association semble avoir cessé ses activités, si l'on en juge par
son site non mis
à jour depuis 1997... Elle continue toutefois à diffuser son
livre et ses brochures, et l'adresse n'a pas changé.]
CERPA :
B.P. 114 — 13363 MARSEILLE Cedex 10.
[Il semble que le CERPA ne soit plus représenté que par son président Bernard Hugues.]
Groupe Sentinelle : 17 rue de Taissy — 51100 REIMS.
[Ce groupe se porte bien, a
un site assez actif et édite toujours la revue Sentinel News.]
Lumières dans la nuit : B.P. 3 — 77123 LE VAUDOUÉ.
[L'adresse a changé : B.P. 3 — 86800 Saint-Julien-l'Ars.]
Magonia : Les Faïenciers A1 — tr. des Faïenciers — 13011 MARSEILLE.
[Il semble que cette association ait disparu.]
OVNI Futur : 73 chemin Saint-Jean-du-Désert — 13005 MARSEILLE.
[Encore une association disparue.]
SOBEPS :
Av. Paul Jansen, 74 — 1070 BRUXELLES — BELGIQUE.
[Toujours en activité, avec sa revue Inforespace et
son site.]
Ufomania : 4 place de la Renaudié — 81000 ALBI.
[La revue existe toujours, l'association est devenue Planète OVNI et a un
site Internet
assez intéressant, mais l'adresse a changé : Gayo — St-Pierre de Conils — 81120
LOMBERS.]
Encadré 1 :
QUAND LE CNES EMPLOIE DES FUMISTES
[Le titre de cet encadré a bien sûr été relevé
par Velasco dans son action en justice. Le terme de « fumiste »
est défini dans les dictionnaires courants comme « personne peu
sérieuse, sur qui l'on ne peut compter », ce qui m'a fait écrire
plus tard que « dire que monsieur Velasco est un fumiste, ça
n'a rien d'outrancier, tout au contraire, c'est un euphémisme ! »
Et en effet, même si l'on attribue à ce mot un sens plus fort
que dans la définition des dictionnaires, il restera en dessous de
la vérité concernant quelqu'un qui se présente publiquement
comme expert au plus haut niveau dans un domaine très précis
et limité auquel il ne connaît strictement rien !]
Lorsque le GEPAN, Groupe d'études des phénomènes aériens
non identifiés, a changé son nom en Service d'expertise des
phénomènes de rentrées atmosphériques, tout le
monde a pensé que c'était pour enterrer la recherche officielle
sur les ovnis. Mais avec une telle appellation, on avait des raisons de penser que ce service dépendant
du prestigieux CNES devait être l'interlocuteur privilégié
en matière de rentrées de débris spatiaux. Son directeur
Jean-Jacques Velasco, à défaut d'être Monsieur OVNI,
devait au moins être Monsieur rentrées atmosphériques !
Alors, quand les ufologues ont été confrontés à
quelque chose qui ressemblait à une rentrée atmosphérique,
au lieu de s'adresser à des astronomes comme ils le faisaient autrefois,
ils ont attendu les réponses de celui qui devait être en toute
logique L'EXPERT en la matière...
Et lorsque cet expert s'est empêtré
dans d'invraisemblables contradictions, imprécisions et silences,
nos ufologues, mal informés sur des phénomènes peu courants
qui n'intéressent pas grand-monde, ont naturellement pensé
que ce porte-parole de la science officielle mentait pour cacher une réalité dérangeante.
[Dans cette autre phrase qui m'est reprochée, je ne vois vraiment pas où
l'on peut voir des injures ! Il est à noter que d'après ses
Conclusions au procès en appel, Velasco semblait croire que je rejetais
l'explication par la rentrée atmospérique, et que c'était
donc moi qui l'accusais de « mentir pour cacher une réalité
dérangeante »... Décidément, il n'a rien compris !
Pour ce qui est des ufologues qui pensaient cela, il suffit de préciser
qu'il est arrivé que Franck Marie distribue à la sortie des
conférences données par Velasco des tracts portant en gros
titre « Le CNES a menti au public ! »]
Comment auraient-ils pu se douter que le directeur du Service d'expertise
des phénomènes de rentrées atmosphériques était
une nullité absolue en matière... de rentrées atmosphériques ? [J'admets
que le terme de « nullité absolue » est généralement
employé dans un sens excessif et donc injurieux... Mais M. Velasco
est sans doute le seul « expert » au monde à qui ce terme s'applique
sans exagération : on ne peut pas dire qu'il est une « quasi-nullité »
puisqu'il n'a strictement AUCUNE connaissance dans ce domaine, comme je l'ai
largement démontré (et si l'on me donnait la moindre raison
de penser que je me suis trompé, j'accepterais ma condamnation sans
discuter).] Que lorsqu'il déclarait devant des millions de téléspectateurs
qu'une rentrée atmosphérique pouvait juste être responsable
d'une forte lumière pendant quelques secondes, c'était une
ineptie ? Qu'il était incapable de déterminer la trajectoire
d'un satellite en orbite circulaire dont il connaissait les coordonnées
de cinq points de passage ?
Que s'il ne répondait pas aux questions que
lui posaient les ufologues et les témoins, c'était parce qu'il
ignorait totalement les réponses ? [Encore
une phrase estimée « injurieuse », et qui ne me semble pas
excessive puisque j'ai montré que les rares réponses qu'il
a données étaient TOUTES entachées d'erreurs grossières.]
Le comble a été atteint lorsque notre expert s'est laissé
berner par un photographe du journal
Paris-Match, expliquant doctement par
la rentrée atmosphérique les caractéristiques de photos
qui étaient à l'évidence une grossière supercherie...
Voir à ce sujet l'analyse faite par Gérard Roméo dans la revue
AMA numéro
4 (Gérard que je remercie au passage de m'avoir prêté
des revues
Lumières dans la nuit relatives au 5 novembre... À
défaut d'une documentation exploitable, il y a au CERPA des passionnés
qui échangent volontiers leur documentation personnelle).
Cette profonde incompétence, Velasco n'a guère cherché
à la corriger dans les années qui ont suivi [je
ne vois là encore pas où est l'injure alors que j'ai démontré,
par des arguments que M. Velasco refuse de discuter, que son incompétence
en matière de rentrées atmosphériques était non
seulement profonde, mais, sans exagération aucune, TOTALE], puisque lorsqu'une
nouvelle rentrée atmosphérique a eu lieu le 31 mars 1993, il
a encore accumulé les erreurs bien qu'il ait été beaucoup
moins bavard que pour la rentrée de 1990 : se trompant de six heures sur le lancement
du satellite Cosmos-2238 par une fusée Cyclone dont le troisième
étage était responsable du phénomène, et aussi
sur le type de satellite qu'il annonçait comme appartenant à
la classe des RORSAT (Radar ocean reconnaissance satellites)...
[Ici
se trouve peut-être ma seule accusation injustifiée à
l'encontre de M. Velasco ; j'ignore si c'est lui qui a écrit que le
satellite était de type RORSAT et qu'il avait été lancé
le 30 mars à 20 h (heure française) depuis la base de Baïkonour
au Kazakhstan (il a bien été lancé depuis cette base,
mais à 14 h). L'information venait de Bernard Hugues, président
de l'association à laquelle j'appartenais, et il donnait comme source
« CNES et A.F.P. » (cf AMA n°7 p. 14)... Or, je n'ai
trouvé aucun article de presse donnant cette information, et Bernard
Hugues n'a pas pu retrouver sa source. Alors, en espérant que quelqu'un
pourra me fournir l'origine de ces informations fantaisistes (Hugues n'a
pas pu les inventer), on peut accorder à Velasco le bénéfice
du doute.] Cette dernière erreur
aurait d'ailleurs pu déclencher une panique s'il s'était trouvé
un journaliste connaissant un peu les satellites : il s'agit du type de Cosmos-954,
dont la chute accidentelle au Canada en 1978 avait causé un certain émoi du fait que ces
satellites sont alimentés par un générateur nucléaire
contenant 50 kg d'uranium radioactif... Détail inquiétant lorsqu'on
sait que le troisième étage de la fusée porteuse reste
attaché au satellite et ne peut donc pas retomber sans lui ! Cosmos-2238 était
en réalité un satellite de type EORSAT (Electronic ocean reconnaissance
satellite), sans danger,
mais le CNES devrait féfléchir aux
conséquences que pourrait avoir l'incompétence de son représentant... [Cette
phrase est donc peut-être la seule qui me soit reprochée à
juste titre, encore que M. Velasco ne dément pas être l'auteur
des informations visées. Quoi qu'il en soit, l'incompétence
du chef du SEPRA aurait pu avoir des conséquences encore plus désastreuses,
puisqu'elle a provoqué une grande agitation au sein de l'armée
à un moment (juste avant la première guerre du Golfe) de grande
tension internationale. Et Velasco lui-même fait état de cette
agitation dans son article paru en 1998 dans le numéro 96 d'Inforespace,
sans bien sûr admettre sa responsabilité pourtant évidente
(dans cet article, en résumé, il vante l'excellence de de
son travail, et dénigre ces idiots d'ufologues et de militaires qui
ont douté de l'exactitude de son explication).]
Jean-Jacques Velasco n'a aucune compétence dans le domaine des rentrées
atmosphériques, et visiblement aucune connaissance non plus. [Je maintiens que
cette phrase n'a rien d'exagéré et que je l'ai largement démontré.]
Il est seulement ingénieur en optique
[en fait même pas, il se prétend « ingénieur diplômé
de l'École d'optique de Paris », mais cette école n'existe
pas, il n'a qu'un diplôme de technicien supérieur et son titre
d'ingénieur lui a été donné par le CNES par complaisance]
et se prétend expert en optique atmosphérique, mais on peut
douter même de cela : dans son livre écrit avec son prête-nom
Jean-Claude Bourret, il affirme que le fait que la lune paraît plus
grosse lorsqu'elle est vue bas sur l'horizon est un effet de la réfraction
atmosphérique, ce qui est encore une ineptie... C'est dire le crédit
que l'on peut lui accorder dans des domaines qui ne sont pas sa spécialité !
On trouve d'ailleurs dans ce même livre une autre perle mémorable
lorsqu'il prétend expliquer la vague belge par un « avion furtif
plus léger que l'air » !
On en vient à se demander comment le CNES peut tolérer qu'un
personnage aussi nuisible à sa réputation reste à la
tête d'un de ses services [c'est
donc insultant de prétendre que le CNES entache sa réputation
en présentant depuis quinze ans comme l'expert officiel en matière
de rentrée atmosphérique quelqu'un qui n'a pas la moindre connaissance
dans ce domaine et qui accumule les déclarations publiques truffées
d'erreurs les plus grossières que l'on puisse imaginer, et de s'en
étonner] (pour un peu, on trouverait presque normal
qu'une fusée Ariane V explose à cause d'une négligence
du CNES !)
En fait, il est clair que le CNES n'a que faire des ovnis et du SEPRA, et a
nommé à sa tête le premier venu qui n'aurait aucune
utilité à un autre poste... [Bon,
là j'y suis peut-être allé un peu fort : M. Velasco faisait
apparemment très bien son travail de technicien supérieur en
optique avant d'être nommé chef du SEPRA, lorsqu'il travaillait
dans l'équipe ayant fabriqué les satellites Spot ; mais il eut
été difficile de le rétrograder à un tel poste
après lui avoir donné un titre d'ingénieur, et alors
qu'il n'avait acquis aucune compétence nouvelle (si ç'avait
été le cas, on peut espérer que ç'aurait été
en priorité dans le domaine des rentrées atmosphériques !)
en s'occupant depuis des années exclusivement d'enquêtes sur
les ovnis.] Ce service est pratiquement inconnu au sein du CNES, et ses
principaux responsables ne connaissent même pas la signification exacte
du sigle SEPRA : son directeur le traduit dans son livre déjà
cité par Service d'étude des phénomènes de rentrée
atmosphérique, et le directeur adjoint, Jack Muller, a fait mieux
dans une lettre adressée aux témoins du 5 novembre 90
en l'appelant Service d'expertise pour les retombées atmosphériques...
On n'est pas loin de la traduction ironique de Joël Mesnard : Service
d'explications par des retombées atmosphériques !
C'est en fait le Gouvernement qui tient à conserver ce service
qui n'a plus depuis longtemps une fonction réelle de recherche, et
qui sert surtout à rassurer le public et à soustraire aux authentiques
chercheurs que sont quelquefois les ufologues des documents intéressants
concernant le phénomène OVNI. Il faut savoir par exemple que
si vous avez l'imprudence de confier des photographies au SEPRA, ou à
une gendarmerie qui les transmettra au SEPRA, vous ne les reverrez jamais...
Tous les ufologues le savent, certains à leurs dépens, mais
il y a encore des témoins qui croient bien faire en confiant leurs
photographies à de sympathiques gendarmes (qui peuvent aussi avoir
des intentions fort louables, eux qui ont reçu de la part du SEPRA
une circulaire leur commandant de ne pas entretenir de relations avec les
groupements ufologiques !) Bref, si vous prenez des ovnis en photo,
ne donnez surtout pas les originaux au SEPRA ou aux gendarmes, ou alors réclamez
une garantie écrite qu'on vous les rendra ou que vous serez dédommagés
(confiez-les plutôt... à nous ! I.N.H. Évidence
peut dans la mesure de ses moyens analyser des photographies sans faire intervenir
de laboratoire spécialisé et garantit leur restitution).
Encadré 2 :
LES DERNIERS BONIMENTS DES GARDIENS DU CULTE
Depuis quelques mois, Jean Sider prétendait que le NORAD avait reconnu
que les événements du 5 novembre 90 n'avaient rien à
voir avec une rentrée atmosphérique. Il avait même chargé
le président du CERPA de m'adresser ses condoléances ! Cela
ne m'émeuvait pas beaucoup : je serais ravi que l'on prouve qu'une armada d'ovnis a survolé
la France le 5 novembre 1990, mais je n'ai guère d'illusions à
ce sujet et j'étais persuadé que ces fameux documents avaient
été interprétés de façon abusive... Ces
deux lettres du NORAD ont finalement été publiés dans le numéro 338
de
LDLN, avec les commentaires triomphants de Joël Mesnard... Et je
ne m'étais pas trompé !
Dans sa première lettre, le Directeur des relations publiques
du NORAD (ne doutons pas qu'il soit plus compétent que le directeur
d'un « service d'expertises » du CNES !) répond qu'il
lui est impossible de préciser l'identité exacte de la rentrée
atmosphérique, étant donné « le temps écoulé
depuis l'événement (près de six ans); la localisation
imprécise (au-dessus de l'Europe); l'absence de descriptions, etc. »
Il est donc patent que ce monsieur n'a fait aucune recherche et s'appuie
uniquement sur les indications de Jean Sider... Notons qu'en août 1993,
il avait répondu au groupe
Magonia (revue
Trait d'union
numéro 11) que les archives sur les rentrées atmosphériques
n'étaient pas conservées... Et cela ne serait pas surprenant :
le NORAD a pour mission de suivre en temps réel tous les objets circulant
autour de la Terre, mais quand ils sont retombés cela n'intéresse
plus personne ! Même s'il y avait des archives concernant les
rentrées atmosphériques, il serait étonnant qu'un fonctionnaire
chargé des relations publiques aille les consulter simplement parce
qu'un ufologue français l'interroge sur un phénomène
vieux de six ans !
Que Jean Sider attende encore quelques années, il obtiendra sûrement
une réponse encore plus évasive ! Il avait d'ailleurs déjà
écrit au NORAD quelques semaines seulement après la rentrée,
et cet organisme avait alors confirmé l'identification donnée
par le SEPRA (voir
LDLN n°304, p. 4)...
Après avoir reçu de Jean Sider une nouvelle lettre contenant
« tous les dessins d'observations insolites au-dessus de la France et
d'autres parties de l'Europe », le même personnage indique :
« si ces observations sont toutes à basse altitude avec les "gigantesques"
dimensions mentionnées [Joël Mesnard oublie de traduire cette
première partie de la phrase !], je crains qu'il n'y ait pas
de corrélation ou de similitude avec la rentrée de débris
spatiaux [...] Lorsque des débris spatiaux commencent à se
consumer cela est très similaire à une météorite
traversant le ciel. Si l'objet se fragmente, alors on voit de nombreux objets
striant le ciel. Beaucoup des croquis que vous m'avez envoyés me semblent
totalement différents de ce que je viens de décrire. »
Tout cela est vrai, le seul problème étant de savoir si les
objets observés passaient réellement à basse altitude...
Il est évident que si Jean Sider a soigneusement sélectionné
quelques témoignages mentionnant par exemple des passages devant des
nuages ou des faisceaux éclairant le sol, le représentant du NORAD
lui aura répondu en toute sincérité que ces observations
n'ont rien à voir avec une rentrée atmosphérique...
[En fait, les dessins envoyés étaient ceux que Frank Marie avait fait publier dans LDLN
en faisant croire qu'ils étaient dus aux témoins, alors qu'il
s'agissait dans la plupart des cas de sa propre interprétation tendancieuse
de témoignages souvent imprécis !] Sa réponse aurait
sûrement été différente si on lui avait plutôt
transmis un échantillon représentatif des milliers de témoignages
de cette vague !
Autre trouvaille de Sider, signalée dans le même numéro
de
LDLN : D'après le
Quid, il n'y a que sept satellites Gorizont qui
ont été lancés ! Pour ma part, il me semble que des
ufologues qui se contentent de consulter le
Quid pour vérifier la
réalité d'une rentrée atmosphérique ne cherchent pas vraiment la vérité !
Le
Dictionnaire de l'Espace des éditions Larousse indique au sujet
des satellites Gorizont :
Une vingtaine ont été lancés
de 1978 à 1990.
Cela dit, le
Quid est mis à jour avec beaucoup d'efficacité,
et dans sa dernière édition on peut lire que 42 satellites
Gorizont ont été lancés jusqu'en 1996
[c'est
cette fois trop, il n'y en a eu que 33 ! En fait, le Quid
a été trompé par un numéro de référence
que les Russes donnaient à leurs satellites Gorizont, qui ne correspond
pas au rang du satellite]. L'erreur venait
peut-être du fait qu'il n'y a jamais plus de huit satellites Gorizont
en service simultanément (la Russie leur a réservé quatre secteurs
de l'orbite géostationnaire, dont chacun peut abriter deux satellites)...
Mais ces satellites étaient remplacés tous les trois ans environ !
Soyons sérieux : Gorizont 21 n'a pas été inventé,
et si aucun ufologue en France ne se sent concerné par les lancements
spatiaux on ne doit pas pour autant imaginer qu'il s'agit d'informations
secrètes que les gouvernements peuvent manipuler à loisir !
Enfin, dernier argument massue : Jean-Jacques Velasco lui-même,
notre expert national en matière de rentrées atmosphériques,
aurait avoué à un astronome que la rentrée atmosphérique
ne pouvait pas expliquer les observations du 5 novembre, et qu'il aurait
soutenu cette thèse pour obéir à des consignes !
Je n'ai aucun mal à croire à ces aveux : Velasco serait
le dernier des crétins s'il ne s'était pas rendu compte que
les observations ne correspondaient pas du tout à l'idée qu'il
se faisait d'une rentrée atmosphérique (une sorte de grosse
étoile filante émettant une forte lueur pendant quelques secondes !),
ni à la trajectoire qu'il avait annoncée... J'imagine que la
direction du CNES, qui ne doutait pas de la justesse de l'identification
du phénomène, a demandé à Velasco de faire son
travail en rédigeant un communiqué là-dessus... Et il
a fait de son mieux, c'est-à-dire fort mal, même si dans son
esprit quelque chose clochait. Cela prouve simplement que Velasco n'est qu'un
fantoche ignare, et plutôt que ses confidences je préférerais
connaître l'opinion de l'astronome qui les a recueillies
[il s'agissait de Pierre Guérin, et son opinion il l'a donnée peu avant de mourir dans son livre
OVNI, les mécanismes d'une désinformation] !
Ce texte a été lu
fois depuis le 13/03/2003