Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
Dans son numéro hors-série OVNI de juin 2002,
VSD
révélait (p. 22) une « stupéfiante
observation au-dessus du Pérou » depuis un avion, reprise dans le livre récent
Objets Volants Non
Identifiés (éditions Michel Lafon) de Bernard Thouanel (p. 204), rédacteur
en chef de ces numéros hors-série. Ce cas faisait l'objet
d'une enquête par le CEFAA (
Comité de estudios de
fenomenos aéreos anomales), l'équivalent chilien
de notre SEPRA, et avait entraîné la
création d'un bureau d'enquête officiel de la Force
aérienne (il serait intéressant de connaître les
conclusions de ces organismes, pour savoir si la « recherche
officielle » est plus performante au Chili qu'en France !)
Il faut dire que l'avion, un Cessna Citation VI appartenant à la
Direction générale de l'aéronautique civile du
Chili, ramenait d'un voyage officiel en Colombie les principaux responsables de
l'aviation militaire et civile chiliennes, qui ont tous observé longuement le
phénomène !
Voici le contenu du rapport officiel contresigné par les deux
pilotes et les quatre passagers à l'arrivée de l'avion, et sa
traduction (assez approximative ; si vous voyez des erreurs
n'hésitez pas à me les signaler) :
Antecedentes sucesos 14. diciembre.2001
UPPER LIMA 302
NIVEL 370
HORA 03:15 A.M. hora local Chile
150 millas náuticas al sur de intersección "Ilmar"
aproximadamente a la cuadra de Arequipa, 300 km. hacia el Weste encima
del mar.
Citation VI a nivel de vuelo 370
Velocidad terrestre 500 nudos
Cielos despejados con estratos hacia el mar (Weste)
Avistamiento Sur Weste
Trayectoria Sur Weste - Noreste
Tiempo visualización 15 minutos
Velocidad aparente de OVNI, inferior a 100 nudos, lenta con respecto al avión, sobre capa estrato.
Posición entre ellos, relativa a la formación, sin alteración, manteniendo su trayectoria.
Sin alteración en equipos del avión el cual se visualizó el suceso.
Événements survenus le 14 décembre 2001
Vol 302 au-dessus de Lima
Niveau 370
Heure 03:15 A.M. heure locale du Chili
150
milles nautiques au sud de l'intersection "Ilmar" approximativement
dans la zone d'Arequipa à 300 km vers l'ouest sur la mer.
Citation VI au niveau de vol 370 (11 300 m)
Vitesse 500 noeuds (930 km/h)
Ciel dégagé avec des stratus vers la mer (ouest)
Apparition au sud-ouest
Trajectoire Sud-ouest/nord-est
Temps d'observation 15 minutes
Vitesse apparente de l'OVNI inférieure à 100 noeuds
(185 km/h), lente par rapport à l'avion, au-dessus de la
couche nuageuse.
Position relative de la formation de lumières sans modification, sur une trajectoire régulière.
Pas de perturbations aux équipements de l'avion depuis lequel a été vu le phénomène.
L'avion se déplaçait donc vers le sud (Bernard Thouanel
dit dans son article qu'il se déplaçait vers l'ouest,
mais c'est sans doute une erreur de traduction et on voit mal
pourquoi un avion allant de la Colombie à Santiago du Chili
— plein sud — irait vers l'ouest !) à 300 km
à l'ouest
d'Arequipa, à 3 h 15 locales (8 h 15 TU),
lorsque le pilote a vu
vers le sud-ouest trois lumières rectangulaires vertes se
déplaçant du sud-ouest vers le nord-est.
Ces lumières se sont déplacées à vitesse
régulière, apparemment lente (mais la distance
n'étant pas connue l'estimation de la vitesse n'a aucune valeur)
pendant une quinzaine de minutes. Peu avant la disparition, un passager
a eu la présence d'esprit de prendre deux photos, reproduites
ci-dessous :
La grosse lumière est le feu de position de l'aile droite...
Notons que ces photos sont extraites de
VSD... Dans le livre de
Bernard Thouanel, en raison d'un mauvais cadrage et d'un retournement
des photographies, on ne voit que le feu de position...
La hauteur angulaire n'est pas précisée, mais c'est
sûrement par erreur qu'il est écrit dans
VSD que les
photos ont été prises « avant que les
lumières ne disparaissent définitivement, une fois
passées à la verticale... » : le rapport
précise que l'objet était vu au-dessus de la couche de
nuages situés à l'ouest (
VSD précise même
que ces nuages situés « plusieurs kilomètres plus
bas » étaient éclairés par l'objet, mais
ça ne figure pas non plus dans le rapport).
Bref, il semble que le phénomène soit apparu au
sud-ouest, ait culminé vers l'ouest et ait disparu vers le
nord.
A priori, même si la durée d'observation
alléguée est trop longue, ça fait penser à
une rentrée atmosphérique. La couleur verte est assez
courante, typique d'une ionisation de la haute atmosphère, il
est simplement curieux que les trois lumières paraissent
identiques.
Il faut donc dans un premier temps rechercher s'il y a eu une
rentrée atmosphérique le 14 décembre 2001...
Réponse : oui, celle du satellite de communication
Molniya 3-35, pesant 1600 kg, lancé en 1989 et portant
la
référence 89043A (numéro NORAD 20052).
Les paramètres orbitaux suivants, relatifs à cet objet, sont
datés du 14 décembre 2001 à 8 h 10, soit
pratiquement au moment de l'observation :
Molniya 3-35 8h
1 20052U 89043A 01348.34227806 .99999999 64727-5 79650-3 0 4652
2 20052 61.9531 136.9960 0659899 267.0271 85.9125 15.12790762 93991
Et voici la trajectoire déduite à 8 h 04 :
La croix bleue correspond à la position approximative de l'avion
(300 km à l'ouest d'Arequipa) : ça colle plutôt
bien, avec une trajectoire
sud-sud-ouest/nord-nord-est, et un passage au plus près à
l'ouest à 8 h 08... Seul le temps d'observation serait nettement
exagéré, une rentrée ne durant pas plus de cinq
minutes, mais il est difficile même pour des pilotes
chevronnés d'estimer correctement le temps lorsqu'on est
absorbé par l'observation d'un phénomène
étrange, et on ne pense pas forcément à regarder
l'heure avant la fin. D'ailleurs, si
l'on veut croire à la durée alléguée, ce
qui est surprenant c'est qu'il ait fallu un quart d'heure pour
qu'un des six passagers de l'avion pense à prendre des photos,
juste avant que le phénomène ne disparaisse !
Le seul problème... c'est que ce satellite est en fait rentré nettement plus tard !
Précisément à 12 h 22 TU plus ou moins 7 minutes,
soit plus de quatre heures après l'observation, et au sud de
l'Australie d'après
le bulletin de la NASA :
PREPARATION DATE TIME: 141236ZDEC01
1. 20052/1989-043A /MOLNIYA 3-35 /PAYLOAD / CIS
2. 08 JUN 1989
3. REV 9401/DESCENDING/14 DEC 1222Z
4. 59.0 DEG S 108.0 DEG E
5. DECAY WINDOW IS PLUS OR MINUS 07 MINUTES.
6. INCLINATION 061.9 DEGREES.
7. FINAL REPORT.
Et il ne peut pas s'agir d'une erreur d'appréciation, puisque le
satellite a été repéré plusieurs fois
après l'observation, les derniers éléments
orbitaux étant datés de 11 h 20 :
MOLNIYA 3-35
1 20052U 89043A 01348.47196986 .99999999 82264-5 52514-3 0 4689
2 20052 61.9147 136.4597 0391390 269.9991 85.2589 15.80141472 94018
De plus, l'altitude du satellite près du
Pérou était supérieure à 300 km, bien trop
élevée pour correspondre à une rentrée
atmosphérique.
Bref, quelque chose cloche, et pourtant le passage de ce satellite en
phase de rentrée juste sur la bonne trajectoire n'est
sûrement pas une coïncidence !
Reprenons donc les éléments orbitaux de 8 h 10 : on en
déduit un périgée à seulement 99 km du sol
où le satellite serait passé à 7 h 50, quelques
minutes avant l'observation à l'ouest du Pérou, et un
apogée beaucoup plus haut, à plus de 1000 km du sol.
Le satellite se trouvait donc sur une trajectoire très
elliptique, et était passé quelques minutes avant
l'observation à une altitude suffisamment basse pour que
certains éléments fragiles se détachent et
effectuent leur rentrée :
Et il est facile de comprendre de quels éléments il peut
s'agir en voyant comment se présentent les satellites Molniya 3 :
Ce qui peut se détacher, ce sont à l'évidence les
panneaux solaires... Peut-être que trois panneaux
différents se sont détachés au cours de cette
« pré-rentrée », ou encore plus
vraisemblablement un seul panneau qui se serait rapidement
scindé en ses trois éléments constitutifs, qui ne
sont liés entre eux que par deux charnières fragiles et les conducteurs électriques.
D'un rapport masse/surface très inférieur au satellite
lui-même, ces panneaux ont trop ralenti pour regagner l'espace contrairement au satellite, et sont tombés
quelques minutes plus tard... Voilà qui explique très
bien l'aspect très similaire des trois « rectangles »
verts, puisqu'il s'agit de la rentrée de trois objets identiques
et de même composition (essentiellement sans doute du silicium).
La trajectoire suivie par l'objet était pratiquement
identique
à celle du satellite lui-même, mais à une altitude
moindre, de l'ordre de 120 km, impliquant un passage au plus
près à une hauteur angulaire d'environ 30° (sous
réserve que la position de l'avion soit exacte). Cette fois,
tout semble correct si ce n'est la durée d'observation qui n'a
pas dû dépasser trois minutes, les trois objets ayant
achevé de se consumer peu après le passage au plus
près.
Bien sûr, des panneaux solaires de quelques kilogrammes (la
dimension de chaque élément est de l'ordre d'un
mètre cinquante sur soixante-dix centimètres) ne
provoquent pas une rentrée très spectaculaire, mais
justement elle ne l'était pas : c'est l'aspect insolite de ces
lumières qui a intrigué les témoins, plutôt
que leur luminosité. On peut estimer que pour un objet de ce
type, la luminosité atteinte lors de la rentrée est de l'ordre de celle
de l'étoile la plus brillante, Sirius, ce qui se remarque tout de
même.
Notons qu'un tel événement est assez exceptionnel, mais
pas unique... J'ai trouvé dans
l'Orbital debris quaterly news
d'avril 1998, un bulletin de la NASA consacré aux
problème posés par les débris spatiaux et
diffusé sur
le site du Johnson Space Center, un article signalant une fragmentation de
certains satellites suivant une orbite de « type Molniya »
(il s'agit d'orbites très elliptiques et excentriques, avec un
périgée proche du sol, parcourues exactement deux fois
par jour), dont je donne la traduction :
Une nouvelle catégorie de fragmentation de satellite
En mars 1995, un second étage de fusée H-II [fusée
chinoise « Longue marche »]
(1994-056B, numéro NORAD
23231), qui avait placé avec succès le satellite ETS-VI
sur une orbite de transfert géostationnaire [orbite de
transition très elliptique, dont le périgée passe
près du sol et l'apogée au niveau de l'orbite
géostationnaire, à 36 000 km du sol]
neuf mois plus
tôt, était vu se fragmenter peu avant sa rentrée
sur une orbite elliptique en diminution rapide. Cet
événement a été considéré
dans les enregistrements officiels de la NASA comme une fragmentation
de satellite, bien que la cause soit entièrement imputable aux
forces aérodynamiques rencontrées par l'étage
lorsque son périgée est passé au-dessous de
100 km. Les débris générés avaient, en
conséquence, une très courte durée de vie.
Durant la période de deux mois commençant à la fin
décembre 1997, trois autres incidents similaires impliquant des
véhicules en descente brutale depuis des orbites très
elliptiques ont été observés par le réseau
de surveillance spatiale des États-Unis (SSN). Le premier objet
était Cosmos 1172 (1980-028A, numéro NORAD 11758), qui
descendait le 26 décembre 1997 depuis une orbite de type
Molniya. Peu avant sa fin, le véhicule générait au
moins un fragment qui était officiellement catalogué
(1980-028F, numéro NORAD 25130) avant sa propre rentrée
le 24 décembre.
En février deux autres satellites soviétiques
connaissaient un sort semblable. Molniya 3-16 (1981-054A, numéro
NORAD 12512) rentrait le 10 février, mais cinq jours plus
tôt pas moins de 18 nouveaux objets [soit
précisément le nombre total d'éléments des
panneaux solaires !]
étaient observés dans son sillage
par la barrière électronique du Naval Space Command
.
Aucun des débris n'était catalogué avant la
rentrée. À la même période, un dernier
étage de fusée Vostok vieux de 34 ans (1964-006D,
numéro NORAD 751) subissait une chute très brutale,
descendant d'une orbite de 110 km de périgée et
69 075 km
d'apogée le 6 février avant de rentrer le
15 février. Durant les 48 h précédant la
rentrée le véhicule s'est scindé en au moins
26 morceaux.
Tous les incidents ci-dessus sont considérés comme des
fragmentations dues au frottement de l'air et seront ainsi notés
dans les futurs comptes-rendus de fragmentations de satellites par
la NASA. De telles fragmentations sont probablement inévitables
et déjà courantes pour des objets en descente sur des
orbites très elliptiques. Heureusement, les conséquences
sont extrêmement bénignes et passagères. Un
possible avantage de ces fragmentations de pré-rentrée
est la réduction de la quantité de matériaux qui
peuvent survivre à la rentrée et atteindre la surface de
la Terre.
Une autre conséquence mineure pourrait être la
multiplication « d'ovnis » dans
VSD, puisque les explications
astronomiques, même évidentes, y sont
systématiquement ignorées !
Deux autres fragmentations de ce type, touchant justement des satellites Molniya, sont signalés dans
l'ODQN d'avril 2001 :
Fragmentation de Molniya
Le second cas de fragmentation de l'année 2001 a
été celui du véhicule Molniya 3-26, 1985-091A,
16112, lancé depuis le cosmodrome de Plesetsk le 3 octobre 1985
à 7 h 26 TU à bord d'un lanceur SL-6 (Molniya). Ce cas de
fragmentation s'est produit le 21 février après
approximativement 5620 jours en orbite. Deux paramètres orbitaux
séparés ont été créés.
Les satellites de la série Molniya 3 sont des satellites de
communication, dont la particularité est le type d'orbite qu'ils
emploient et ont inauguré. Cet événement est le
second de ce type depuis qu'ils existent [la NASA a apparemment
oublié son bulletin ODQN de 1998 !]
Le véhicule Molniya 3-36 (1989-094A, 20338) s'est fragmenté dans des circonstances
similaires le 19 mai 2000. Les deux subissaient une chute brutale
à ce moment (c'est-à-dire que l'altitude du
périgée était suffisamment faible pour que des
forces aérodynamiques importantes se fassent sentir) provoquant
probablement une ablation par la chaleur et en conséquence une
fragmentation.
Robert Alessandri
Ce texte a été lu
fois depuis le 28/12/2003