Marseille, le 23 décembre 2002
Vous avez jugé nécessaire de m'attaquer en 1997 pour « appréciations diffamatoires et injurieuses », à la suite d'un article que j'ai écrit et publié dans la revue Univers Ovni. Dans ce long article destiné à faire la lumière sur le phénomène observé dans la soirée du 5 novembre 1990, dont l'étude a été le principal travail que vous ayez effectué dans le domaine des rentrées atmosphériques, je mettais gravement en cause votre compétence dans ce domaine précis.
Vous avez obtenu gain de cause, en première instance et en appel, sans jamais répondre à mon argumentation technique, qui occupait pourtant l'essentiel de l'article de 14 pages. Ainsi, lorsque vous avez été sommé par huissier de répondre à quelques questions très précises, lesquelles ne devaient présenter aucune difficulté pour l'expert que vous prétendiez être, vous avez jugé préférable de déclarer : « je n'entends pas apporter de réponse précise aux questions posées. Elles ne sont pas liées à l'action pour injure que j'ai engagée. »
Vous avez ainsi « oublié » mes prétendus « propos diffamatoires », qui amenaient dangereusement le débat sur les aspects techniques du dossier, pour faire croire au juge que j'étais poursuivi pour injures. Et cela a fonctionné, grâce à l'appui d'une intervention surprise (pas pour tout le monde semble-t-il) du Ministère public, en dépit du fait qu'une telle « requalification » est expressément interdite par la loi suivant laquelle j'ai été condamné (article 53 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, que l'on trouve dans le Dalloz de la communication).
L'affaire est maintenant portée devant la Cour de Cassation, et je viens de recevoir le mémoire déposé par mon avocat. Je constate qu'il a préféré retenir comme moyen de cassation le fait que j'ai été condamné selon une loi tout autre que celle par laquelle vous m'avez attaqué, cela sans que nous ayons été invités à en débattre... Ça ne changera sans doute pas grand-chose, mais je tiens à ce que l'on sache que ça n'était pas ce qui me paraissait le plus important...
Mais oublions ce procès, puisqu'il n'est pas clos... Il n'en reste pas moins que pendant douze ans, de 1988 à 2000 (puisqu'il semble que les fonctions du SEPRA aient alors été changées), vous avez dirigé le Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques, dont la fonction première était d'après une note diffusée à sa création « le suivi des objets satellisés rentrant dans l'atmosphère ». Il s'agit d'un service public, financé avec l'argent du contribuable, et le public est donc en droit de savoir si vous avez fait correctement ce travail ou si vous l'avez trompé pendant douze ans. En outre, vous avez maintes fois reproché aux ufologues d'avoir semé la confusion en mettant en doute le bien-fondé de vos conclusions concernant ce phénomène, il serait donc temps douze ans après les faits de clarifier votre position.
Je vous demande donc publiquement de répondre à ces questions, les mêmes pour l'essentiel que celles qui vous étaient posées dans le cadre de l'affaire qui nous oppose :
- Confirmez-vous, comme vous l'affirmiez au journal télévisé de TF1 le 8 novembre 1990, qu'un satellite en phase de rentrée ne peut expliquer un tel phénomène que s'il dure quelques secondes ? Quelle peut être la durée maximale d'observation d'une rentrée de satellite ?
- Maintenez-vous que la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990 a suivi une trajectoire « allant de Pau à Strasbourg », comme votre service l'a annoncé dans la presse le 10 novembre 90 et répété dans son rapport final du 27 novembre, pour « se disperser dans la région de Francfort » comme l'ajoutait ce dernier rapport ?
- Maintenez-vous qu'une « étude statistique de la répartition géographique des témoignages » confirmait cette « simulation de trajectoire effectuée au SEPRA », comme c'est affirmé dans la plaquette de présentation du SEPRA ?
- Le 22 novembre 1990, le magazine Paris-Match publiait trois photographies représentant des alignements de lumières, dont je reproduis un détail :
Ces photographies, reproduites des années plus tard à plusieurs reprises y compris dans des publications auxquelles vous avez participé, étaient accompagnées de votre commentaire : Sur ces photos, exceptionnel objet d'étude, les couleurs correspondent aux différences de densité des métaux et à leur température de fusion. La couleur rouge : 1500 degrés; la blanche : 3000. Les clignotements viennent du fait que l'épave de l'espace tournait sur elle-même.
Maintenez-vous la vraisemblance de cette explication ?
- On s'interroge beaucoup sur vos titres scientifiques... Vous vous êtes présenté à plusieurs reprises comme « Ingénieur diplômé de l'École d'optique de Paris », mais je n'ai pas trouvé trace de cette école et d'autres sources indiquent que votre titre d'ingénieur provient d'une formation interne au sein du CNES... Pouvez-vous lever le doute à ce sujet, et préciser dans le dernier cas pour quels travaux ce titre vous a été attribué, et quels sont vos domaines de compétences ?
- Enfin, j'ai appris récemment que le SEPRA était devenu le « Service d'expertise (ou d'étude) des phénomènes rares aérospatiaux (ou atmosphériques, ça dépend des sources) »... Pourriez vous préciser les circonstances et les motifs qui ont conduit à ce changement, alors que vous avez affirmé dans la procédure qui nous oppose « bénéficier de la confiance de votre employeur, le CNES, ainsi que de la communauté des ingénieurs et professionnels avec lesquels vous travaillez » ? Et si le SEPRA ne s'occupe plus de rentrées atmosphériques, que vont devenir ses archives dans ce domaine, que vous avez refusé de communiquer même à l'authentique spécialiste qu'est Pierre Neirinck ?
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer,
Monsieur, l'expression de ma considération distinguée.
Robert Alessandri