Conclusions du SEPRA concernant le phénomène du 5 novembre 1990
LES RETOMBÉES DU 5 NOVEMBRE 1990
-Pourquoi s'agit-il d'une retombée d'objet satellisé ?
Les caractéristiques de rentrées sont connues par des éléments
tels que la vitesse angulaire voisine de 5°/seconde.
À titre d'exemple une météorite rentre à des
vélocités près de 10 fois supérieures.
La durée du phénomène lumineux qui est très courte
pour les bolides, de l'ordre de quelques secondes à 20 secondes au
maximum, est plus importante pour les satellites qui traversent le ciel en
à peu près une minute.
Les diverses couleurs observées s'expliquent par le degré d'échauffement
et la variété des matériaux qui composent la structure
de l'objet satellisé, au moment du frottement. Un rouge est une couleur
d'un corps relativement froid, alors qu'un blanc indiquera une couleur supérieure
à 2000 degrés.
Les phases de destruction des objets satellisés s'expliquent par un
brutal ralentissement de la vitesse de 30.000 km/h à 2.000 km/h
entre 120 km et 60 km d'altitude. Cet effet de ralentissement provoque
un échauffement puis une explosion des structures qui se dispersent
ne laissant au sol que quelques débris de très petites dimensions.
Le lancement s'effectue généralement de l'Ouest vers l'Est,
ce qui permet de bénéficier de l'effet de vitesse de rotation
de la terre, alors que les météores, les phénomènes
lumineux des météorites, peuvent rentrer dans n'importe quelle
direction.
- Peut-on reconstituer la trajectoire d'un objet satellisé en phase
de rentrée et suivre celui-ci jusqu'au dernier moment ?
Les objets satellisés répondent aux lois de la mécanique
spatiale, ils tournent autour de la terre en permanence. S'ils ne sont pas
maintenu en altitude, ils vont redescendre plus ou moins rapidement.
Dans le cas des fusées qui comportent plusieurs étages, ceux-ci
retombent immédiatement pour les premiers et second étages,
pour le 3ème voire le 4ème, ceux-ci étant satellisés,
ils accompagnent le satellite sur son orbite et ils retombent ensuite quelques
jours après.
Les satellites sont identifiés et suivis par des système de
radar et des télescopes optiques qui les repèrent et déterminent
leur position en permanence autour de la terre.
- Dans le cas présent pourquoi ce phénomène de rentrée,
est-il devenu un phénomène aussi exceptionnel ?
À l'heure de la rentrée - 19h/heure locale - à
la tombée de la nuit, le ciel est très sombre. On aperçoit
les astres sans difficulté.
La clarté et la transparence de l'atmosphère sont remarquables
sur une grande partie du territoire français - il n'y a
aucun nuage et la température est très froide dans les hautes
couches de l'atmosphère.
Le processus de désintégration commencé probablement
au-dessus de l'espagne a suivi une trajectoire qui a traversé le territoire
français suivant une ligne allant vraisemblablement du Golfe de Gascogne
jusqu'à la frontière allemande.
L'ensemble du 3ème étage s'est alors complètement désintégré.
Il n'y avait aucun bruit entendu, ce qui est tout à fait normal compte-tenu
de l'altitude élevée de la rentrée proche de 100 km.
- Pourquoi cette géométrie particulière des points
qui précédaient une forme allongée blanche ?
Plusieurs objets se sont détachés de la structure principale au moment du décrochage de l'orbite.
Ils avaient la même vitesse, et par conséquent, ils sont rentrés
dans les hautes couches de l'atmosphère selon la même trajectoire.
Cependant ces corps secondaires avaient une forme et des matériaux
différents, ils tournaient sur eux-mêmes (effets d'éclats),
expliquant par là-même les couleurs orangées et rouges
aperçues du sol.
La traînée blanche aperçue à l'arrière
de la grosse boule était probablement la désintégration
des matériaux qui composaient le corps principal de cet étage,
faisant penser à l'échappement d'un moteur d'avion.
- Pourquoi des témoins ont-ils observé le phénomène sous les nuages ?
Probablement à cause d'un effet d'optique dû à l'éloignement
ainsi qu'à des nuages en basse ou moyenne altitude relativement proches
des témoins.
En effet, les passagers du "Jean Bart", situé dans le golfe de Gascogne,
ont fort bien pu observer la rentrée sous les nuages, cet effet étant
accentué par la rotondité de la terre.
Les caractéristiques de l'objet :
Probablement un objet cylindrique de 5 ou 6 mètres de diamètre,
d'une longueur supérieure à 10 mètres et pesant plusieurs
tonnes à vide. Celui-ci devait être accompagné par des
éléments annexes genre jupe inter-étage, équipements
divers. Cet étage ainsi que la fusée ont été
lancés le 3 Novembre 1990. Les 3èmes étages retombent
toujours quelques jours après.
Les dernières données sur les orbites donnaient une fenêtre
de rentrée 5 novembre 1990 à 18h06 Z (19h06 locale). Le
point de chute théorique évalué a 49,0 degrés
Nord/7.30 degrés Est, au Nord-Est de la France entre Metz et Strasbourg.
L'inclinaison par rapport à l'équateur était de 51°7
degré.
Les radars de poursuite du réseau USSPACECOM ont fourni les données suivantes sur la dernière orbite.
Temps
|
16h52
|
17h06
|
17h21
|
17h36
|
7h51
|
Latitude
|
30°.0
|
-17°.8
|
-51°.5
|
-25°.2
|
22°.8
|
Longitude
|
115°.9
|
153°.7
|
217°.2
|
289°.7
|
327°.0
|
Par ailleurs des informations communiquées par d'autres sources nous
donnent les mêmes indications avec deux éléments supplémentaires,
le 3ème étage est rentré à 110 km d'altitude
environ sur la France et est ressorti à 83 km d'altitude au-dessus
de l'Allemagne pour probablement se disperser dans la région de Francfort.
Si l'on admet une trajectoire équivalente Pau/Strasbourg, cela donne
à peu près 1000 km pour une très faible perte d'altitude
de près de 30 km soit 1°17' qui explique très bien
la trajectoire horizontale observée notamment par les pilotes qui considéraient
qu'ils avaient une formation d'aéronefs en face d'eux en post-combustion.
La probabilité de récupération au sol en France d'un
objet spatial est très faible, celle-ci est d'un objet en 20 ans.
Seules les parties denses, c'est à dire de propulsion, moteurs, etc...
peuvent parfois être retrouvées.
En conclusion, le caractère exceptionnel de cette affaire de rentrée,
a été la perception par plusieurs milliers d'observateurs d'un
processus complet de désintégration au-dessus de la France
par une soirée où les conditions météorologiques
étaient très favorables à cette observation.