Tous les livres en français sur les crop circles


La sortie du film « Signs » en 2002, si elle a déçu aussi bien les amateurs de « crop-circles » que les admirateurs du cinéaste Night Shyamalan, a eu pour effet bénéfique de provoquer une avalanche de traductions de livres consacrés au phénomène, dont beaucoup de Français ignoraient l'ampleur. Avec pas moins de cinq livres récents parus, on passe de la pénurie totale à l'embarras du choix ! Voici donc pour vous aider un petit aperçu de ces différents livres.

Curieusement, on ne trouve aucun livre d'un auteur anglais, et un seul traduit de l'anglais (celui d'Eltjo Haselhoff; celui d'Éric Montigiani est français, et les trois autres sont traduits de l'allemand), alors que l'Angleterre est tout de même la patrie des crop circles !

Voici donc les cinq livres disponibles en français sur le sujet, par ordre de parution dans leur édition d'origine (entre 2000 et 2003 ; les derniers seront donc les plus à jour)... Étant donné le caractère artistique indéniable des figures (à l'exception du dernier, tous les livres sont d'ailleurs très richement illustrés), j'ai reproduit les couvertures en grand format... Pardon pour le temps de chargement, mais il me semble que ça vaut le coup d'œil !

Werner Anderhub et Hans Peter Roth : Le Mystère des Crop Circles — Le plus neutre.
Andreas Müller : Crop Circles — Le plus mathématique.
Eltjo Haselhoff : les Cercles dans les blés — Le plus scientifique.
Michael Hesemann : Messages — Le plus ufologique.
Nicolas Montigiani : Crop circles, manœuvres dans le ciel — Le plus conspirationniste.


Werner Anderhub et Hans Peter Roth :
Le Mystère des Crop Circles
Éditions Vega, février 2003, 220 pages.

Le Mystère des Crop Circles

Ces deux auteurs suisses se sont intéressés très tôt au phénomène, et ont créé un des groupes d'étude les plus sérieux. Leur livre débute par leur propre expérience « paranormale » liée aux crop circles, lorsqu'ils ont vu à plusieurs reprises un impressionnant phénomène lumineux pendant une nuit de veille en 1994. Compte tenu du sérieux et du recul dont ils font preuve dans leur étude du phénomène, on ne peut qu'être troublé par ce témoignage.

La première partie du livre, très documentée, est consacrée à l'histoire et l'évolution des cercles anglais, depuis leurs débuts médiatiques en 1980 et leurs « prémices » plus ou moins reculées jusqu'en 1999. Les cas extérieurs à l'Angleterre sont ensuite évoqués, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne.

La seconde partie est consacrée à une revue assez exhaustive des différentes hypothèses, de l'oeuvre pure et simple de plaisantins jusqu'à « l'hypothèse Gaïa » d'une Terre qui se révolte, en passant par les essais de technologies militaires et bien sûr les extraterrestres.

On y trouve aussi un parallèle avec les dessins d'Emma Kunz, une artiste allemande connue des paraspychologues pour ses expériences de contrôle mental de la croissance des plantes ; le lien avec les crop circles est douteux, mais l'histoire intéressante.

Ce livre très illustré et documenté constitue une très bonne synthèse des recherches sur les crop circles, sans trop de parti-pris.  La démarche des auteurs est très bien formulée dans leur avant-propos :

Quelle que soit leur provenance, ces crop circles ont réveillé en nous l'étonnement et le respect pour ce monde illimité qui est le nôtre. Si ce livre peut inspirer certains, et leur montrer, à travers le thème des crop circles, combien la vie et la Création sont merveilleuses, alors nous aurons atteint notre but.

Notez enfin sur la couverture un crop circle tout à fait unique par sa facture très originale et par l'aspect artistique que cela lui donne : la « corbeille » de 1999, dont très peu de photos existent du fait que le fermier propriétaire du champ, furieux, a moissonné cette oeuvre d'art quelques heures après son apparition !


Andreas Müller :
Crop Circles
Éditions Vega, avril 2003, 190 pages.

Crop Circles

Cet autre auteur suisse est l'associé des deux précédents dans cette recherche... Et curieusement, c'est le même éditeur français qui a édité les deux livres, pensant sans doute qu'il valait mieux se concurrencer soi-même qu'être concurrencé par d'autres !

Mais il est vrai que les deux livres se complètent plus qu'ils ne se concurrencent. Müller ne manque pas bien sûr de débuter lui aussi par un historique du phénomène, mais très abrégé et prolongé jusqu'à la saison 2001 (et les années 2000 et 2001 ont été de bons crus !)

Vient ensuite une discussion sur les lieux privilégiés d'apparition des crop circles, toujours des sites historiques ou préhistoriques remarquables, et ce aussi bien en Angleterre qu'en Allemagne.

La géométrie des formations est ensuite très détaillée et étudiée.

Le livre se termine par une revue des éléments de preuve de l'implication d'un « champ énergétique » dans la formation des figures.

Parce qu'Andreas Müller, beaucoup moins prudent que ses deux associés, défend franchement une hypothèse, celle que les crop circles sont un « phénomène surnaturel de la nature »...

On peut en penser ce que l'on veut, mais l'idée est bien défendue.

Eltjo Haselhoff :
Les Cercles dans les blés et leurs mystères
Éditions Favre, octobre 2002, 160 pages.

Les Cercles dans les blés et leurs mystères

Si certains croient que les crop circles n'attirent que des rêveurs farfelus, Haselhoff démontre le contraire : authentique physicien, il cherche à appliquer à l'étude des crop circles une méthode rigoureusement scientifique.

Pour lui, la question première n'est pas de savoir QUI fabrique les « agroglyphes », mais COMMENT ils sont fabriqués.

Il discute donc, avec persuasion, de tous les caractères qui ne peuvent pas s'expliquer par un simple couchage du blé par des moyens mécaniques... Le plus intéressant est l'allongement anormal des « noeuds » des tiges de blés, dont Haselhoff démontre qu'il varie en fonction de la distance au centre du cercle.

Un autre chapitre important est consacré aux relations trouvées par l'astronome Gerald Hawkins, connu pour avoir démontré que l'ensemble mégalithique de Stonehenge était un calendrier lunaire, dans les proportions harmoniques des divers cercles composant une même figure.

Il accumule aussi les témoignages relatifs aux mystérieuses lumières vues pendant la formation des cercles, tout en démystifiant les fausses « boules de lumière » apparaissant sur des photographies nocturnes, qui ne sont que des reflets de la lumière du flash sur des particules de poussière.

Il pense avoir trouvé des indices très convaincants que des émissions d'énergie liées à des « boules de lumière » sont en relation avec la formation des cercles... De certains cercles en tout cas, puisqu'il admet, contrairement à bon nombre d'autres chercheurs, que les plus complexes et « artistiques » sont vraisemblablement tous l'oeuvre de farceurs.

Tous ces arguments sont certes discutables, mais devraient justement être discutés de façon scientifique.

Enfin, il est à noter que le livre d'Haselhoff, en raison de son grand format, est exceptionnel par la qualité des illustrations. Il est d'ailleurs à ranger dans la catégorie « beaux livres » avec sa couverture cartonnée... C'est à considérer à l'approche des fêtes de fin d'année, d'autant plus que le prix reste raisonnable...


Michael Hesemann :
Messages, l'énigme des «crop circles»
Éditions Trajectoire, mars 2003, 312 pages.

Messages, l'énigme des «crop circles»

Ce livre est le plus apprécié des ufologues « traditionnels », parce qu'il défend avec conviction l'explication par des messages extraterrestres.

L'auteur est bien connu dans le monde de l'ufologie pour avoir été le rédacteur en chef du défunt magazine allemand Magazin 2000, consacré à toutes sortes de mystères et à orientation très « conspirationniste ». Avec une telle hérédité, il ne fallait pas s'attendre à quelque chose de très sérieux.

De fait, si l'historique des crop circles par Michael Hesemann, année après année jusqu'en 2001, est bien restitué, ses interprétations des « messages » sont généralement plus que douteuses. En particulier lorsqu'il veut nous faire croire que différents « pictogrammes » apparus en 1995 annonçaient la comète Hale-Bopp et les dangers qu'elle faisait courir à la Terre... Ces figures évoquaient sûrement une comète et les risques d'une collision avec la Terre, mais elles s'inspiraient beaucoup plus vraisemblablement de la chute de la comète Shoemaker-Levy 9 sur la planète Jupiter l'année précédente...

Les rapprochements que fait Hesemann avec divers sujets qu'il a abordés dans sa carrière de journaliste chasseur de mystères sont aussi généralement très contestables : avec les délires d'Hoagland concernant le « visage » et les « pyramides » de Mars, avec la « vague d'ovnis du Mexique » (entièrement fabriquée par les médias qui ont exploité le manque de connaissances du public en astronomie)...

Bref, un livre qui ravira les convaincus de conspiration et de contacts, et qui provoquera les sourires des sceptiques et des scientifiques.


Nicolas Montigiani :
  Crop Circles, manœuvres dans le ciel
Éditions Carnot, mars 2003, 190 pages.

Orbis Enigma

Voici enfin le livre le plus original concernant les crop circles...

Pour une grande part, rien ne le distingue des autres, sinon une illustration comparativement indigente, et Nicolas Montigiani expose de belle manière l'histoire des crop circles et les problèmes posés par le phénomène. Notons qu'il est le seul à parler de l'enquête du groupe français Veca, qui a conclu en 1990 qu'au moins la plupart des cercles étaient l'oeuvre de plaisantins. Veca a d'ailleurs fait oeuvre de pionnier, et aujourd'hui plus personne ne conteste ses conclusions... Le débat concerne maintenant l'existence éventuelle de cercles authentiques parmi le grand nombre de canulars. Montigiani conclut par l'affirmative en s'appuyant sur les recherches du groupe BLT dirigé par le biophysicien William Levengood, montrant qu'une forte proportion des plants prélevés dans les crop circles présente des anomalies : allongement et pliure, voire éclatement, des noeuds, anomalies de germination...

Et c'est là que le livre se démarque des autres... En cherchant l'explication de ces anomalies, Montigiani a fait la connaissance d'un scientifique français travaillant pour le ministère de la Défense, qui se cache sous le pseudonyme de « Jean-Paul Piton ». Pour Piton, la cause est évidente : des faisceaux de micro-ondes. Et il l'a vérifié avec un générateur de micro-ondes de laboratoire : soumis à ce « bombardement », les tiges de blé cultivées dans un pot plient et présentent des caractéristiques très semblables à celles que mentionnent les études du BLT et d'autres.

Piton en déduit que les cercles résultent de tests d'armes à micro-ondes par l'armée anglaise. Un type d'arme assez lié au projet HAARP, dont on parle beaucoup.

Cette hypothèse connaît un certain succès, puisqu'elle est défendue aussi bien par Jacques Vallée que par Jean-Pierre Petit. Je m'étais d'ailleurs demandé si ce dernier n'était pas le véritable « Jean-Paul Piton », dont il partage curieusement les initiales... Il ne serait pas surprenant que Petit ait caché son identité pour ne pas embarrasser celui qui aurait mis du matériel de laboratoire à sa disposition, puisqu'on sait bien que lui-même en est totalement privé... Mais un passage du livre, au sujet du projet HAARP, semble éliminer cette idée :

D'aucuns pensent que le miroir artificiel ainsi créé sur l'ionosphère pourrait dévier l'émission d'un tir haute fréquence déclenché depuis l'Alaska pour le restituer dans les champs anglais sous la forme de dessins [en note : Hypothèse évoquée par un chercheur français connnu, à travers un échange de mails privés (nous respectons donc son anonymat)] ! Ce scénario nous paraît hautement improbable : le faisceau de micro-ondes aurait du mal à conserver sa cohérence à pareille distance.

C'est manifestement ici à Jean-Pierre Petit qu'il est fait allusion, et son opinion n'a rien de secret puisqu'elle se trouve sur son site.

Montigiani cite aussi un curieux livre diffusé sur Internet par son auteur Emmanuel Dehlinger, qui de son côté pense non seulement que les cercles résultent d'essais militaires, mais aussi que les observations d'ovnis sont des leurres fabriqués par des militaires (l'idée a le mérite de l'originalité, mais les arguments avancés sont boiteux).

Donc, la thèse des essais militaires a le vent en poupe, et il est heureux qu'un livre lui ait été consacré... Mais tous les auteurs qui la défendent éludent totalement LA question fondamentale : comment les blés peuvent-ils être couchés dans un mouvement giratoire ? Le problème est parfaitement illustré par la photo que donne Piton de son expérience :

Pot de blésDans quelques instants, ces blés en pot vont s'affaisser..., est-il écrit... Mais on voit que le pot en question est incliné d'une dizaine de degrés !

Soumis aux micro-ondes, les blés se plient donc dans la direction où la gravité les pousse... On comprend donc comment des blés pourraient être couchés dans un champ dans le sens où ils sont naturellement inclinés par le vent, mais ça n'est pas du tout ce qui se passe ! Bien sûr, on peut toujours imaginer que les militaires sont capables, outre d'émettre un faisceau de micro-ondes, de créer un mouvement tourbillonnaire de l'air, voire un « vortex » magnétique ou électrique... Mais quand même, ça complique singulièrement les choses, et ça dépasse largement la « simple » arme à micro-ondes : les militaires auraient développé une technique extrêmement complexe dans le simple but de créer des figures géométriques dans les champs de blé !

Notons enfin une intéressante remarque de Jean-Paul Piton à l'appui de sa thèse : Sur place, j'ai remarqué un détail inédit : les ronds n'étaient pas géométriquement des cercles parfaits, mais des ellipses lorsque le sol n'était pas horizontal !

Le problème, c'est que personne d'autre n'a remarqué ce détail qui mettrait en difficulté la plupart des hypothèses et notamment celle de figures tracées de main d'homme... Encore qu'il n'est guère plus difficile de tracer une ellipse plutôt qu'un cercle (au lieu d'utiliser un piquet et une corde, il suffit d'utiliser deux piquets marquant les foyers de l'ellipse et une corde en boucle), mais il est assez douteux que des farceurs aient poussé le vice aussi loin, sauf cas exceptionnel... On aimerait donc avoir les références de Piton concernant ce constat.

Robert Alessandri, 26 novembre 2003



Lectures Retour au sommaire Écrire à l'auteur Groupe Facebook