29 au 31 août 2003 :
Sixième Meeting européen de la SSE
(25/01/2004)
Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
Sur la Nature de la science
La Society for Scientific Exploration
a été fondée notamment par Peter Sturrock
(organisateur de la fameuse rencontre de Pocantico) et Jacques
Vallée pour explorer les chemins quelque peu mal vus de la
science. Elle publie le Journal of Scientific Exploration,
qui a publié notamment les recherches de Michel Bounias sur
l'atterrissage de Trans-en-Provence (je cite un exemple relatif
à l'ufologie parce que c'est quand même ce qui
m'intéresse le plus, mais ça n'est pas un domaine
particulièrement présent dans cette revue).
Chaque année, la SSE
organise un congrès dans un pays d'Europe, et en 2003 la France
avait été choisie... Ce que les organisateurs ont sans
doute regretté !
En effet, les pressions de la part des scientifiques et intellectuels
« bien-pensants » n'ont pas tardé à se
multiplier pour faire annuler ce congrès. La principale cible de
ces attaques était le docteur Roger Leir, qui devait
présenter son livre très contesté sur les implants
extraterrestres dont la traduction française venait de sortir (Ovnis et Implants,
éditions le Mercure Dauphinois)... Les pressions ont
été si fortes que les organisateurs n'ont eu que
l'alternative d'évincer Leir ou d'annuler le congrès. Roger
Leir a finalement donné une conférence
indépendamment de ce congrès, dont je finirai par faire
aussi un compte-rendu.
Il était fortement question de supprimer aussi l'autre
intervention intéressant particulièrement les ufologues,
celle de Lucy Pringle sur les crop circles,
autre sujet dont les rationalistes ne veulent absolument pas entendre
parler... Elle a finalement été maintenue, à ma
grande satisfaction : je revenais justement d'une petite incursion au pays des crop-circles,
et j'ai pu constater à quel point Lucy Pringle est sympathique,
possède un enthousiasme communicatif... et parle bien
français !
Autre résultat de la campagne de discrédit contre cette
manifestation : prévue initialement à l'Institut
d'astrophysique de Paris, elle a finalement eu lieu à l'espace
Cléry, habituellement utilisé pour des
réunions syndicales. Mais ce bâtiment est plutôt
agréable, et les salles étaient assez grandes pour
accueillir tout le monde (pas énormément d'ailleurs : une
cinquantaine de personnes dont la moitié d'intervenants).
Je précise que le résumé que je donne de toutes
les interventions est parfaitement subjectif, et en plus pas
forcément très justifié étant donné
mon faible niveau en anglais (tout était en anglais, y compris
les interventions des quelques Français ; les seuls qui
étaient supposés parler en français étaient
les deux qui se sont désistés !)
Voici la liste (chargée) des interventions effectives ou
annulées, auxquelles vous pouvez sauter directement :
John Ziman :Même si une discipline est une construction sociale, ça peut aussi être une catégorie naturelle. Rachel Zahn :La sensation de la découverte scientifique. Halton Arp :L'impact de la société sur la science : mœurs tribales et évolution pour la survie. Théodore Rockwell :Hérésie, excommunication et autres mauvaises herbes dans le jardin de la science. Edgar Morin (absent) :Autour de la spécialisation. Marie-Catherine Mousseau :Dans
quelle mesure les journaux scientifiques répondent à des
critères scientifiques ? Comparaison entre un échantillon
des journaux scientifiques traditionnels et des journaux
parascientifiques. Lili de Vooght :Psychoses : défi, dilemme ou paradigme pour l'essence de la nature de la science ? Walter von Lucadou :Évidence et connaissance humaine comme instrument de mesure. Eliane Besson-Delmarès :La biologie behaviouriste au service des ressources humaines : un potentiel illimité ! Montague Keen :Un point de vue scientifique sur l'évidence de la survie. William Bengston :Quelques
implications méthodologiques de la « théorie de
résonance » concernant les groupes de contrôle en
recherche médicale. Jean Ratte :Fidélité à la science ou le droit de se démarquer dans les sciences biomédicales. Stefan Schmidt, Susanne Müller et Harald Walach :Savez-vous
qui téléphone ? Réplication d'une
expérience de télépathie
téléphonique. Lucy Pringle : Crop Circles : les effets des champs électromagnétiques sur les organismes vivants. Henry H. Bauer :Science : passé, présent et futur. Michel Cazenave (absent) :Présence du mythe au coeur de l'invention scientifique : de Platon à l'électromagnétisme. V. P. Kaznacheev et A. Trofimov :Sur la nature cosmique des idées scientifiques et le rôle des observateurs dans l'univers. Stavross T. Tassos :Théorie EMST (excess mass stress tectonics,
tectonique par pression de masse excédentaire) et espace
infini : nouvelles avancées en géologie et
cosmologie. Olivier Costa de Beauregard :Science et sagesse : l'incroyable non-séparabilité. Philip Franses :Chercher le monde dans la lumière. Max Payne :La faillite du réductionnisme et les dimensions de la conscience. Jacques Benveniste :Les limites de la science. Ariane Maugery et Guy Le Lay :Structures dissipatives : un paradigme en science et arts. Jean-Marc Philippe :Projet KEO : au carrefour des arts, sciences, technologie et humanisme. V. Popova, L. Andrianova et E. Savelyev (absentes) :Découvertes scientifiques et responsabilité morale. David Lorimer :Neurosciences et responsabilité morale. Dipamrita Chaitanya :Le dharma de la science. Evelyn Elseasser-Valarino :Les expériences de mort imminente et la religion.
Vendredi 29 août, matin :
Thème : Impacts des idées scientifiques et des paradigmes sociaux.
John Ziman (université de Bristol, Grande-Bretagne) : Même si une discipline est une construction sociale, ça peut aussi être une catégorie naturelle.
John Ziman, se définissant comme « un scientifique
relativement orthodoxe », expliquait la nécessité
d'utiliser diffé,rents langages dans la connaissance scientifique :
trois langages différents pour la physique, la biologie et les
« sciences humaines »... Bon... Rachel Zahn (école Polytechnique de Paris) : La sensation de la découverte scientifique.
L'auteur insistait sur la nécessité pour les
scientifiques de s'ouvrir à d'autres disciplines y compris
artistiques, afin de développer leur potentiel créateur.
Après avoir développé des méthodes
psychologiques pour améliorer les performances de sportifs et
artistes, elle cherche à les faire adopter par des scientifiques
et des philosophes pour trouver « l'inspiration »... Pourquoi pas... Halton Arp (Institut d'astrophysique Max Planck, Allemagne) : L'impact de la société sur la science : moeurs tribales et évolution pour la survie.
On entrait dans la véritable recherche « non
orthodoxe » avec Alton Arp, connu pour être LE grand
collectionneur de « monstres » astronomiques mettant en cause
le Big Bang : il a repéré en particulier de nombreux
couples de galaxies présentant un décalage spectral
très différent, donc normalement très
éloignées l'une de l'autre, mais semblant reliées
par un « pont » de matière... La discussion porte sur
la probabilité qu'il s'agisse toujours d'illusions de
perspective, mais en fait personne ne veut discuter avec Arp, cet
empêcheur de tourner en rond qui ose contester le dogme fondamental de la cosmologie moderne... Son dernier article lui a
été refusé par une grande revue scientifique sous
le prétexte qu'il n'y avait aucun « referee » s'occupant de ces questions et capable de se prononcer sur l'argumentation !
Arp nous a donc parlé avec beaucoup d'humour de ses recherches,
de son rejet par la communauté astronomique, et plus
généralement des problèmes que rencontrent les
scientifiques « hérétiques ». Théodore Rockwell (physicien, États-Unis) : Hérésie, excommunication et autres mauvaises herbes dans le jardin de la science.
Théodore Rockwell, surtout connu pour être un ardent
défenseur de l'énergie nucléaire, se plaignait du
rejet de certains sujets d'étude, notamment la parapsychologie,
par la communauté scientifique. Pour lui, on peut faire de la
bonne science dans tous les domaines... Peu importe le sujet, pourvu
que la méthode soit bonne. Edgar Morin (École des hautes études en sciences sociales, France) : Autour de la spécialisation.
Ce sociologue bien connu et respecté (trop sans doute pour se
montrer dans une manifestation aussi controversée !) avait fait
savoir peu avant le congrès qu'il serait absent « pour
raisons personnelles »... Tant pis... Marie-Catherine Mousseau (France) : Dans quelle mesure les journaux scientifiques répondent à des critères scientifiques ?
L'auteur a comparé sur des critères statistiques les
publications des grandes revues scientifiques avec celles des
principales revues à prétention scientifique
consacrées à la parapsychologie... Sa conclusion est que
la parapsychologie relève bien de la science et non des
« pseudo-sciences », et respecte tous les critères de
sérieux de la recherche scientifique.
Lili de Vooght (hôpital universitaire de Louvain, Belgique) : Psychoses : défi, dilemme ou paradigme pour l'essence de la nature de la science ?
L'auteur exposait une méthode de traitement des malades mentaux
perdant contact avec la réalité par l'utilisation des
mots d'un dictionnaire pour intégrer l'univers réel
à leur univers psychotique... Cette méthode pose
d'intéressantes questions sur le rapport entre le corps,
l'esprit et le monde. Walter von Lucadou (université de Fribourg, Allemagne) : Évidence et connaissance humaine comme instrument de mesure.
L'université de Fribourg est connue pour être l'une des
rares en Europe où l'on étudie officiellement la
parapsychologie. L'auteur faisait un parallèle entre l'impossibilité d'obtenir des preuves indiscutables de la
parapsychologie et les incertitudes liées à la
mécanique quantique. Pour lui, toute tentative d'utiliser une
corrélation de nature parapsychologique comme information
réelle cause la chute de cette corrélation, de
façon analogue au phénomène de
« décohérence » en physique quantique, quand la
simple observation réduit une superposition d'états
possibles (c'est le fameux « paradoxe du chat de
Schrödinger », qui est à la fois mort ET vivant avant
qu'on ne détermine s'il est mort OU vivant) à un
état unique qu'on perçoit comme la
« réalité ». Eliane Besson-Delmarès (ingénieur-consultant à
l'Institut de médecine environnementale, France) : La biologie behaviouriste au service des ressources humaines : un potentiel illimité !
Intéressant exposé sur le Béhaviorisme, qui
conçoit la pensée comme une simple réaction
mécanique aux stimuli extérieurs... Le cerveau
humain était disséqué en cerveau reptilien
autorégulé, cerveau automatique évoluant par
essais/erreurs, et cerveau logique construisant un monde virtuel pour
anticiper.
L'auteur participe à l'enseignement de la « Thérapie
neuro-cognitive et comportementale », exposée sur le site TNCC (en français).
Intéressant, bien qu'un peu publicitaire... Montague Keen (Society for Psychical Research, Angleterre) : Un point de vue scientifique sur l'évidence de la survie.
Ce parapsychologue bien connu nous parlait des informations transmises
par les médiums considérées comme des
évidences de la survie... Il notait qu'aucun cas
suggérant la présence de personnes
désincarnées n'exclut formellement d'autres
interprétations relevant de la parapsychologie. Il exposait
ensuite un cas extrême de meurtre résolu par des sources
médiumniques, qui pourrait receler une telle preuve. William F. Bengston (Collège St Joseph, États-Unis) : Quelques
implications méthodologiques de la « théorie de
résonance » concernant les groupes de contrôle en
recherche médicale.
Il était question ici d'expériences menées sur la
guérison de cancer de souris par l'imposition des mains...
L'idée était de mettre en évidence le fait qu'il
n'y avait pas d'effet physique venant de l'expérimentateur, mais
un « lien de résonance » affectant toutes les souris
d'un groupe, même si elles n'avaient pas subi d'imposition des
mains... Je ne sais pas ce que vaut l'expérience, mais William
Bengston a su capter l'attention de l'auditoire par un humour
très percutant (je n'ai pas tout saisi, mais tout le monde
riait). Jean Ratte (Centre holoénergétique, Canada) : Fidélité à la science ou le droit de se démarquer dans les sciences biomédicales.
Ce médecin canadien se plaignait d'avoir été
contraint d'abandonner la pratique médicale pour avoir
refusé de stopper sa médecine alternative de
« résonance holoénergétique
vasculaire »... Franchement, l'exposé de sa méthode
était truffé d'analogies plus que douteuses et
lui-même faisait un peu marchand de soupe, et mon opinion
personnelle est qu'on a bien fait de mettre fin à ses pratiques ! Stefan Schmidt (Institut de médecine environnementale et d'épidémiologie hospitalière, Allemagne) : Savez-vous qui
téléphone ? Réplication d'une expérience de
télépathie téléphonique.
Venait ensuite le zététicien de service (je ne sais pas
s'il appartenait vraiment à ce courant, mais ça y
ressemblait beaucoup), un jeune médecin Allemand du nom de
Stefan Schmidt... Sa cible était une expérience de
télépathie menée par Rupert Sheldrake concernant
l'étude statistique de « prémonitions » d'appel
par téléphone de personnes proches. Schmidt expliquait
que les expériences de Sheldrake souffraient d'un biais
statistique qui expliquait totalement « l'anomalie », et que
des expériences correctement conduites ne montraient aucun
écart significatif par rapport aux lois du hasard.
L'argumentation était claire et indiscutable, et ces
expériences de Sheldrake ne doivent donc plus être prises
en considération... Mais tout cela pouvait être
expliqué en cinq minutes. Lucy Pringle (Grande-Bretagne) : Crop Circles : les effets des champs électromagnétiques sur les organismes vivants.
La journée s'achevait avec Lucy Pringle, grande spécialiste des crop circles,
qui nous parlait des effets physiologiques ressentis par beaucoup de
personnes ayant visité ces « agroglyphes »... Je n'ai
pas trouvé son exposé très convaincant, les effets
ressentis étant fortement subjectifs, et Jacques Benveniste a
pour sa part mis en garde Lucy contre les appareils
pseudo-scientifiques censés mettre en évidence des
« champs énergétiques », dont pas un n'a fait
la preuve de la réalité de l'effet qu'il est censé
mesurer. Lucy Pringle disait d'ailleurs très honnêtement
qu'elle n'était pas une scientifique, mais que l'étude de
ce phénomène l'avait amenée à en rencontrer.
Ceci dit, on pouvait constater à quel point le phénomène des crop circles
fascine, et j'étais particulièrement
intéressé puisque je revenais juste de ma première
(et j'espère pas dernière) incursion dans leur
région de prédilection... J'ai pu constater à quel
point Lucy Pringle
était sympathique et enthousiaste, en plus de parler
parfaitement français ! Elle m'a appris qu'elle préparait
un livre qui présenterait le phénomène simplement
sans chercher à l'expliquer... Presque un livre d'images, et
venant d'une des principales photographes des crop circles c'est déjà beaucoup et on l'attend avec impatience.
Samedi 30, matin :
Thème : La Science et la nature des idées scientifiques.
Henry H. Bauer (chimiste, Institut polytechnique de Virginie, États-Unis) : Science : passé, présent et futur.
Le terme de science est actuellement associé aux « sciences
dures », particulièrement la physique. Mais selon Henry
Bauer, l'âge de la physique touche à sa fin, et la
biologie sera de plus en plus considérée comme la science
principale. La biologie du futur s'intéressera au comportement
plutôt qu'à la chimie, aux rapports entre la pensée
et le corps, et il se pourrait que la parapsychologie devienne alors une
science reconnue.
Bauer remarquait aussi que l'effet placebo, largement
évoqué pour contester les guérisons
« paranormales », n'est pas moins extraordinaire que les
facultés psi. Michel Cazenave (écrivain et journaliste, France) : Présence du mythe au coeur de l'invention scientifique : de Platon à l'électromagnétisme.
Michel Cazenave, philosophe, journaliste bien connu à
France-Culture et auteur de nombreux livres, n'était pas
présent, étant brusquement tombé malade au point
de ne même pas pouvoir prévenir de son absence...
Commentaire de Benveniste : What a surprise !
Je reproduis la courte présentation de l'intervention qu'il avait prévue :
« L'histoire sainte » de la
science prétend que celle-ci s'est toujours construite
rationnellement. L'histoire réelle des sciences nous montre le
contraire. Comme le dit Paul Feyerabend : « Anything goes ».
En particulier — et Karl Popper l'avait déjà
constaté avec tristesse —, la science a souvent
été produite par rationalisation et mise à
l'épreuve des faits de vieux scénarios mythiques de
l'humanité. D'où se pose la question du statut d'une
imagination créatrice, différente par nature de ce qu'il
est convenu d'appeler l'imaginaire. B. Kaznacheev (Institut international de recherche scientifique en anthropoécologie cosmique, Russie) : Sur la nature cosmique des idées scientifiques et le rôle des observateurs dans l'univers.
Cet auteur nous apprenait que Tsiolkovski, surnommé avec raison
le « père de l'astronautique » parce qu'il a
pratiquement tout inventé dans ce domaine (même s'il n'a
rien expérimenté), était aussi l'inventeur du
« principe anthropique ». Ce « principe », qui
donne lieu à des interprétations variées, veut que
l'univers soit tel qu'il est pour que l'intelligence y apparaisse. La
version de Tsiolkovski pouvait se résumer ainsi : étant
donné un objet, l'univers produit nécessairement une
intelligence capable de l'observer. L'univers doit donc offrir des
conditions nécessaires à une présence continue des
observateurs.
L'anthropoécologie cosmique cherche à comprendre le principe anthropique et la place de l'homme dans l'univers.
Samedi 30, matin, deuxième session :
Thème : La science et les nouvelles approches des problèmes scientifiques.
Stavros T. Tassos (Institut de géodynamique, Observatoire national d'Athènes, Grèce) : Théorie
EMST (excess mass stress tectonics, tectonique par pression de masse
excédentaire) et espace infini : nouvelles avancées en
géologie et cosmologie.
L'auteur juge la tectonique des plaques aussi bien que la
théorie du big-bang inadéquates, et propose comme
théorie alternative l'idée EMST selon laquelle le volume
de la Terre augmente au cours du temps, en raison d'une création
de matière due à l'expansion cosmique.
À l'appui de cette idée, l'auteur remarquait que les
radioisotopes contenus dans la Terre, considérés comme la
source de l'énergie interne de la Terre, ne pourraient fournir
que 3.108W de puissance, alors que l'énergie manifestée dans le volcanisme serait estimée à 6.1014W.
Je ne sais pas ce que valent ces chiffres... Les 3.108W
correspondraient à peine à la transmutation d'une
centaine de kilogrammes de matière radioactive par an, ce qui me
semble bien peu pour tout le volume de la Terre... À titre indicatif,
les seules marées fournissent de l'ordre de 3.1012W
d'énergie. Je crois aussi que s'il y avait vraiment un
« manque » d'énergie d'un facteur un million,
ça se saurait et ça ne serait pas contestable. Et je
doute en fait de la capacité d'un géologue à faire
de la cosmologie.
Bref, cette théorie aussi bien que les « preuves »
alléguées me laissent assez sceptique, mais j'attends de
voir...
Samedi 30, après-midi :
Thème : Science et philosophie.
Olivier Costa de Beauregard (physicien, ancien directeur de recherche au CNRS, France) : Science et sagesse : l'incroyable non-séparabilité.
Costa de Beauregard, que l'on connaît surtout pour avoir
défendu l'idée de particules remontant le temps,
associait les bizarreries de la mécanique quantique à la
parapsychologie. En mécanique quantique, deux particules
liées dans certaines circonstances à leur création
peuvent conserver un lien qui peut se manifester instantanément
sur chacune des deux, quelle que soit la distance qui les
sépare. C'est ce qu'on appelle la
non-séparabilité, que l'on a vérifiée dans
des expériences récentes. Costa de Beauregard voit dans
ce comportement des particules quantiques un explication de
l'inconscient collectif imaginé par Jung, voire de toutes les
facultés parapsychologiques, telles que la
télépathie, la pré ou rétrocognition et la
psychokinèse.
Rien de nouveau dans cette thèse, si ce n'est les confirmations
récentes de la mécanique quantique. La question est de
savoir si l'on peut transposer le comportement des particules au monde
macroscopique qui est le nôtre, et par quel mécanisme. Philip Franses (programmeur, consultant au groupe Ortec, Pays-bas) : Chercher le monde dans la lumière.
Un mélange de philosophie et de mécanique quantique impliquant la lumière, pas très convainquant... Max Payne (philosophe, Université Sheffield Hallam, Royaume-Uni) : La faillite du réductionnisme et les dimensions de la conscience.
Max Payne est convaincu que l'esprit ne peut se réduire à
la matière, que le réductionnisme est scientifiquement
invalide et philosophiquement inadéquat.
Malgré quelques incursions peu crédibles dans la science,
cette plaidoirie semblait surtout refléter un sentiment
religieux, ce qui a suscité quelques savoureuses (à mon
goût en tout cas !) attaques de Benveniste, l'interlocuteur
suivant, à l'encontre des religions. Jacques Benveniste (directeur de recherche émérite à l'Inserm, France) : Les limites de la science.
Benveniste était comme on le voit très fier de présenter sa caricature par son ami Jean-Pierre Petit :
L'homme de la « mémoire de l'eau » revenait sur le
rejet dont il a été victime en raison de ses idées
jugées hérétiques par un pouvoir scientifique
complètement sclérosé. Il annonçait
d'emblée : « Je suis un expérimentateur, pas un
théoricien. Les théories viennent après, quand
elles viennent ». Il notait aussi qu'il n'y a eu aucun
progrès en biologie depuis cinquante ans, sinon purement
technique.
La recette qu'il propose pour amener un flot d'air frais dans le
système : allouer 5% des budgets de recherche aux projets
rejetés par les « experts » du passé.
J'ai été heureux de retrouver un Benveniste en grande
forme, alors qu'il avait été plutôt passif aux
dernier festival Science-frontière... Ce qui est sûr,
c'est que cet authentique chercheur a une immense culture, que ce soit
en biologie et médecine ou en général, et que ses
interventions ont toujours au moins le mérite de faire
réfléchir... Qu'il ait tort ou raison au sujet de la
« mémoire de l'eau » et des « communications
électromagnétiques » entre molécules importe
peu, il est lamentable qu'on l'ait complètement privé de
moyens.
On peut trouver le résumé de ses recherches sur son site Internet Digibio.
Samedi 30, après-midi, deuxième session :
Thème : Science et arts.
Ariane Maugery (étudiante et artiste) et Guy le May (physicien) (Université de Provence, France) : Structures dissipatives : un paradigme en science et arts.
Cet exposé alliant les vues d'un artiste et d'un physicien
présentait un film s'appuyant sur des notions physiques telles
que le chaos déterministe et les structures dissipatives...
N'étant guère plus sensible qu'un Ummite au sens
caché des oeuvres artistiques, je ne peux pas vraiment juger,
mais c'était assez beau... Jean-Marc Philippe (France) Projet KEO : au carrefour des arts, sciences, technologie et humanisme.
La journée se terminait par la présentation par son
créateur d'un très beau projet... Le satellite KEO, dont
on peut trouver une présentation complète sur son site,
contiendra une véritable mémoire de notre époque
destinée à être révélée
à ceux qui habiteront la Terre dans 50 000 ans.
C'est en effet après ce laps de temps (approximatif) que ce
satellite retombera sur terre, porteur d'une encyclopédie des
connaissances actuelles et de toute une collection de messages
individuels (à laquelle chacun peut participer).
Tout est prévu pour que le message parvienne bien aux habitants
de la Terre à cette époque, quels que soient les
événements qui ne manqueront pas d'agiter notre
planète durant tout ce temps : les messages sont gravés
sur des cd-rom en verre conçus et testés pour
n'être pas altérés par un aussi long séjour
dans l'espace, la méthode de lecture est clairement
expliquée par des schémas, le satellite est conçu
pour résister à sa rentrée dans
l'atmosphère, pour que celle-ci soit très
spectaculaire afin d'attirer l'attention, et pour flotter
indéfiniment s'il tombe dans la mer... Il ne reste plus
qu'à espérer qu'il y aura encore des Terriens à
cette époque, quels qu'ils soient.
Notez les « ailes » de ce satellite, purement symboliques
mais qui battront grâce à des matériaux à
mémoire de forme sensibles aux différences de
température entre le jour et la nuit ! Tout est fait
décidément pour la beauté de ce projet, mais il a
besoin de sponsors, et le lancement a déjà
été retardé... Il est maintenant prévu pour
2006.
Jean-Marc Philippe nous a conté avec beaucoup d'enthousiasme
l'histoire de KEO et les réactions qu'il a suscitées.
Soutenu notamment par l'Unesco, il a été très bien
accueilli partout, en particulier en Inde où il a
été présenté sur de grands panneaux
publicitaires au bord des autoroutes !
On ne peut que lui souhaiter d'être finalisé.
Notons que le projet a suscité d'intéressantes démarches parallèles, notamment le projet « Chronodrome »
de Pascal Guillaumes, consistant à demander à nos
lointains descendants, s'ils ont maîtrisé le voyage dans
le temps, de nous faire un petit signe...
Dimanche 31, matin :
Thème : Science et responsabilité morale — Science et religion.
Victoria Popova, Lidia Andrinova et Elena Savelyev (Russie) : Découvertes scientifiques et responsabilité morale.
Cet exposé consacré aux avancées attendues de la
science, notamment dans l'exploitation de l'énergie du vide, n'a
pas eu lieu, je ne sais pas pourquoi (je n'ai pas dû
écouter quand il fallait)... D'après le
résumé, ça paraissait être de la
science-fiction très utopique... David Lorimer (Réseau scientifique et médical, Royaume-Uni) : Neurosciences et responsabilité morale.
Encore une critique du réductionnisme, considéré
comme une idéologie. Selon David Lorimer, il faut passer de la
mécanique à l'organisme, du réductionnisme
à l'holisme (c'est-à-dire une vision d'ensemble), de la
causalité linéaire à la complexité à
niveaux multiples, interconnectés. Une telle attitude
amène à poser des question sur la liberté d'action
et la responsabilité morale, que le réductionnisme tend
à limiter. Dipamrita Chaitanya (France) Le dharmai de la science.
Cette adepte du bouddhisme nous a relaté la vision qu'avait le bouddhisme de la science... Le mot dharma désigne en sanskrit « ce qui protège, la spécificité des choses... »
L'exposé était assorti de nombreuses citations de
penseurs et scientifiques aussi bien orientaux qu'occidentaux,
notamment des extraits d'un dialogue entre David Bohm et Krishnamurti.
J'ai retenu cette pensée de Claude Bernard : « La science
développe la tête du scientifique et tue son
coeur »... Evelyn Elseasser-Valarino (coordinatrice des bibliothèques de l'Université de Genève, Suisse) : Les expériences de mort imminente et la religion.
Auteur d'un des livres les plus intéressants (D'une vie à
l'autre) sur les NDE (near death experiences ou expériences de
mort imminente), Evelyn Valarino a exposé les
généralités sur ces expériences, et la
grande similarité des témoignages : tunnel
de lumière, passage en revue de sa vie, sentiment qu'elle a
été bien remplie, vision holistique des choses...
Cela conduit à des interrogations sur les liens qu'il y a lieu d'établir entre les NDE et la religion.
Ainsi se terminaient ces rencontres très enrichissantes, dans le
hall très agréable de l'Espace Cléry.
Le Dr Ensinna, qui s'est beaucoup dépensé pour organiser
cette rencontre, a prononcé son discours de conclusion... Sans
trop vouloir s'étendre sur les problèmes
rencontrés, il a exprimé ses regrets d'avoir dû
annuler l'intervention de Roger Leir sur les implants, a
regretté les pressions qui ont été faites pour
annuler ce meeting, l'attitude de deux des invités
français qui se sont désistés au dernier moment,
et a remercié tous les membres de la SSE et les organisateurs
qui ont tout fait pour que la rencontre soit malgré tout
possible et se déroule au mieux. Tout cela servira de
leçon pour la prochaine fois que
ce meeting sera organisé en France, « s'il y a une
prochaine fois »... Autant dire que c'est peu probable !
J'ai un peu retrouvé l'ambiance du festival
Science-frontière, le public en moins (il y avait moins de
public que de participants, et apparemment aucun journaliste, en tout
cas français)... Comme dans ce dernier, on y trouvait un peu de
tout, aussi bien des scientifiques de haut niveau qui exprimaient des
idées finalement assez conventionnelles que des
marchands d'illusions, mais chacun est libre d'estimer dans quelle
catégorie mettre les intervenants.
C'est comme ça que la science avance, et pas en essayant de faire taire ceux qui dérangent...