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Le pays des crop circles
Histoire résumée
Des cercles et des hommes
Des preuves d'un mystère ?
Revue des hypothèses
Conclusions
Pour en savoir plus
C'est au cours de la réunion d'Opoul, dont je finirai bien par
faire un compte-rendu (ça ne date que du premier mai ! En
attendant, pour savoir de quoi il s'agit allez-donc faire un tour sur
le site du
Chronodrome), que quelqu'un a eu l'idée d'organiser
un voyage en Angleterre afin d'aller voir de près les
«
crop circles ». Cela intéressait
particulièrement Pascal Guillaumes, l'organisateur de la
rencontre d'Opoul et inventeur du « chronodrome », quelques
représentants de l'association Don Quichotte et moi-même...
Finalement, Pascal a été retenu par des problèmes
personnels (mais il espère bien remettre le voyage à
l'année prochaine), et nous n'avons été que trois
à pouvoir faire le déplacement, début août :
moi-même, Christophe Giudici de l'association
Don Quichotte (et
créateur du site
Ataraxie), et son ami Brice.
Pour des problèmes d'emplois du temps et de coût de
voyage, nous ne pouvions pas voyager ensemble ni rester tout à
fait les mêmes jours : je viendrais par le train du 2 au 7 août en
amenant mon inséparable Véhicule d'Enquête sur les
Lieux d'Observations, et Christophe et Brice viendraient par avion du 4
au 7 et loueraient une voiture. Nous nous retrouverions au camping du
Barge Inn, devenu depuis une dizaine d'années le point de
rencontre obligé de tous les accros des cercles.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, les vélos sont
acceptés dans tous les trains français, ainsi que dans
l'Eurostar, comme bagages à main s'ils sont
démontés (des dimensions limites imposent de
démonter les deux roues) et placés dans une housse. Il
existe des housses spéciales vendues dans les boutiques de
sport, chères, lourdes et conçues uniquement pour les VTT
« nus », mais avec un peu d'imagination on peut s'en
fabriquer une à peu de frais, et je suis devenu un
véritable spécialiste du train+vélo sans
intermédiaire : j'arrive à vélo avec les bagages
sur le porte-bagages, je démonte le vélo sur le quai
(ça prend dix minutes avec un peu d'habitude), et arrivé
à destination je remonte le tout et je repars...
2 août : le départ
M'étant ainsi rendu à Paris, ce dont je commence
à avoir l'habitude, il ne me restait qu'à
répéter l'opération pour aller à Londres...
Mais voilà qu'en démontant le vélo, l'axe de la
roue arrière casse ! Je n'allais tout de même pas me
laisser intimider par les forces maléfiques qui voulaient ainsi
m'interdire d'étudier les
crop circles, et je suis tout de
même parti avec mon vélo cassé... et une certaine
appréhension du fait que lorsque le même incident
m'était déjà arrivé, j'avais dû
traverser tout Marseille pour trouver la pièce de rechange !
Heureusement, les Anglais semblent mieux organisés que nous, et
je n'ai eu aucun mal à placer le vélo dans un taxi
(ç'aurait été difficile en France !) qui m'a
conduit chez un marchand de cycles proche de la gare et qui avait tout
ce qu'il fallait pour réparer.
La mésaventure a simplement mis fin à mes projets de
consacrer la journée à la visite de Londres, et je me
suis contenté de prendre quelques heures de repos bien
mérités, et un coup de soleil, à Hyde Park, quand
il faisait trop chaud pour pédaler...
J'ai bien dit un coup de soleil, parce que comme vous pouvez le constater le temps était splendide :
Et cela a duré pratiquement toute la durée de mon
séjour (mais ni avant ni après, où le temps
était beaucoup plus conforme à l'habitude), ce que les
Anglais n'avaient pas vu depuis longtemps !
On s'habitue très vite à la conduite à gauche,
mais Londres n'est pas très bien aménagée pour les
vélos. On a le droit d'utiliser les couloirs de bus, mais
ceux-ci n'étant pas élargis comme ceux de Paris la
cohabitation avec les autobus n'est pas très rassurante... Et
j'ai vu dans une grande avenue une « piste cyclable »
occupée sans discontinuer, sur des kilomètres, par des
voitures en stationnement ! Bref, Londres est beaucoup moins bien
adaptée aux vélos que Paris par exemple (sans parler de
Strasbourg... Par contre, je ne suis pas sûr qu'une comparaison
avec Marseille soit à l'avantage de la France !) Et de fait, les
vélos y sont assez rares.
D'autre part, la ville est très étendue, avec un
périphérique d'une cinquantaine de kilomètres de
diamètre, cinq fois plus que Paris... J'avais
décidé de faire les quelque 140 km me séparant de
ma destination en deux jours, et il m'a déjà fallu en
parcourir une cinquantaine avant de trouver un coin qui commence
à ressembler à la campagne, avec un bois accueillant pour
dormir.
3 août : l'Oracle me guide
Le lendemain, la première étape a été la
ville de Reading, qui semble appartenir presque entièrement
à « l'Oracle » : il y a un centre commercial Oracle,
une université Oracle, une boîte de nuit Oracle...
Ça fait un peu
Big Brother, mais c'est peut-être juste une
impression et je n'étais pas venu pour enquêter sur cet
« Oracle » (il semble que ce soit le centre commercial qui ait peu à peu gagné en influence).
Ceci dit, Reading est une jolie ville, où l'on voit la Tamise avant Londres... Une autre couleur !
Des pancartes précisent que le terrain d'où j'ai pris
ces photos, un joli coin de verdure où les habitants de Reading
vont faire leur footing matinal, a été mis aimablement
à la disposition du public par Oracle... Je remercie donc
profondément l'Oracle de m'avoir offert cette pause
agréable (je ne voudrais pas avoir d'ennuis avec l'Oracle...)
C'est aussi de Reading que part le canal Kennet et Avon, conduisant
à ma destination le Barge Inn... L'année prochaine, il
faudra que je trouve un moyen d'adapter des flotteurs au vélo,
pour faire le trajet en pédalo... Ça sera sûrement
plus agréable...
Le pays des crop circles
Après Reading, je n'ai rien vu de très intéressant
jusqu'à la région qui nous intéresse, dont il faut
dire quelques mots.
La grande majorité des
crop circles anglais apparaissent sur un territoire
assez limité, caractérisé par
sa richesse en sites préhistoriques. On y trouve notamment des
cercles géants très anciens, mais de pierres :
Stonehenge, bien entendu, un peu vers le sud, et surtout Avebury, moins
impressionnant mais plus authentique, qui semble être au centre
des manifestations de
crop circles. Tout près, on trouve la
colline artificielle de Silbury hill, la plus grande d'Europe avec ses
40 m de hauteur... Tous ces sites ont été
commencés il y a environ 5000 ans, et sont
très liés au druidisme dont la tradition est encore
très présente dans la région.
Un peu au nord, on peut aussi citer le célèbre cheval
blanc d'Uffington, peut-être la plus ancienne figure que l'on ne
peut bien voir que du ciel.
Ce « cheval » (certains voient plutôt dans cette
représentation très stylisée un dragon) de plus de
cent mètres de longueur semble dater de quelque 3000 ans et
avoir été restauré par plusieurs peuples
différents. Et, fait intéressant, il a suscité une
véritable tradition puisqu'on trouve pas moins de sept autres
« chevaux blancs » dans la région, plus ou moins
anciens, dont un bien visible depuis Alton Barnes, une petite ville
rendue célèbre par ses
crop circles extraordinaires.
Bref, les cercles autant que les dessins géants sont typiques de la région depuis la préhistoire.
Les légendes arthuriennes ne sont pas loin non plus, puisque le
nom d'une autre ville de la région, Marlborough, signifie
« le tombeau de Merlin ».
Arrivée
C'est justement en approchant de Marlborough que je savais devoir
apercevoir, près de la route, mon premier cercle... Il
était en effet répertorié, comme la grande
majorité des
crop circles d'Angleterre et du monde, dans
l'excellente «
International Crop Circle Database » de Paul
Vigay, LE site de référence indispensable pour tous les
passionnés de
crop circles.
Dans la suite du texte, je donnerai systématiquement la
référence des
crop circles mentionnés dans cette
base de donnée, avec un lien sur le site si vous désirez
plus d'informations (en cliquant sur les liens relatifs au
crop circle
choisi, vous pourrez voir une carte
détaillée du lieu, des photographies aériennes et
un forum de discussion). La référence comporte deux
lettres pour désigner le pays (toujours uk pour les
crop circles
qui nous intéressent), deux chiffres
désignant l'année, et deux lettres indiquant
le rang chronologique.
uk03cb,
donc, datant du 22 juillet, était bien là, d'autant
plus repérable qu'il était visité :
Je mettrai aussi à la suite de chaque
crop circle
mentionné une image réduite de photo aérienne pour
vous donner une idée précise de sa forme,
avec un lien sur
le site de Lucy Pringle,
LE site de référence en matière de photographies, où
vous pourrez trouver l'image agrandie :
Je ne pouvais pas le visiter cette fois, mais je n'étais pas loin de ma destination, je pourrais donc revenir.
Peu après, en descendant la petite route vers Alton Barnes,
j'avais ma première surprise : un
crop circle (
uk03cp) qui
n'existait pas encore quand j'étais parti, et qui était
donc celui-là inattendu !
En fait, j'apprendrais plus tard qu'il
était apparu la nuit précédente...
Décidément, je me trouvais bien au coeur de la
région des
crop circles !
Encore quelques minutes, et me voilà donc au Barge Inn, juste
après Alton Barnes... Ce pub et terrain de camping est devenu
par sa situation le point de rencontre obligé de tous les
passionnés de
crop circles, et ceux qui campent sur le terrain
pour d'autres raisons sont rares. Son nom lui vient du fait qu'on y
trouve des barges, c'est-à-dire de petites péniches comme
vous l'aviez tous compris... On peut d'ailleurs les louer, mais c'est
beaucoup plus cher qu'un emplacement pour une tente.
Ce terrain de camping convient parfaitement aux us et coutumes des
passionnés de
crop circles : vous pouvez arriver à
n'importe quelle heure du jour ou de la nuit (les occupants sont
habitués aux allées et venues nocturnes), vous vous
installez où il y a une place et à l'occasion vous allez
régler les formalités au gérant, occupant à
l'entrée une caravane délabrée entourée de
vieilles motos à moitié démontées... Le
tarif actuel est de 4 £ par jour et par personne, véhicule
compris.
En ce début de mois d'août, le camping était assez
bien rempli mais loin d'être complet. Je me suis retrouvé
près d'une famille de Belges, flamands mais parlant très
bien le français, ce qui était une chance parce que pour
ma part je parlais très mal l'anglais !
Le temps de planter la tente, il était déjà tard
et j'étais trop fatigué pour faire une sortie nocturne ce
soir-là. En visitant le camp, je remarquais le cheval blanc de
Milk Hill, bien visible depuis le bord du canal :
4 août : premières visites.
Les véritables investigations allaient commencer, et j'étais pour cela bien équipé :
— le GPS : lorsqu'on connaît les coordonnées
précises des
crop circles, il suffit de suivre la direction
indiquée, sans avoir à chercher sur une carte... Paul
Vigay reporte systématiquement les coordonnées
géographiques des
crop circles dans sa base de données,
à condition que quelqu'un les lui donne ce qui n'est
hélas pas toujours le cas (je n'ai pas manqué de lui
signaler quelques coordonnées qui lui manquaient à mon
retour, et il les a reportées dans les 24 h) ;
— le compteur Geiger : des taux de radiations jusqu'à trois fois
supérieurs à la normale ont été quelquefois
relevés dans les
crop circles peu après leur formation ;
— et le véhicule : parfaitement adapté puisque la
région des
crop circles est vraiment peu étendue, ne
dépassant guère une vingtaine de kilomètres autour
d'Avebury. Le GPS, sur lequel j'avais reporté les
coordonnées géographiques de tous les
crop circles
répertoriés, lorsqu'elles étaient connues,
m'indiquait qu'il y en avait pas moins de trois à moins de deux
kilomètres de mon camp !
Avant de partir, je constate qu'il y a au-dessus des
crop circles une
ronde presque incessante d'avions de tourisme, de petits
hélicoptères et d'ULM... Outre les photographes
spécialisés, beaucoup de simples touristes se paient
ainsi une petite balade aérienne et des photos-souvenirs
personnelles. Ça n'est pas dans mon budget, mais tous ces
appareils qui tournoient au-dessus des
crop circles sont pratiques pour
repérer les nouveaux !
Ma première visite est bien sûr celle du
crop circle tout récent que j'ai aperçu la veille.
Aucune difficulté pour entrer dans le champ, il y a d'ailleurs
pas mal de monde à l'intérieur ou en route, suivant
scrupuleusement les traces de tracteur pour ne pas abîmer la
figure ni le champ.
En approchant, je distingue un peu plus loin dans le même champ
une forme grise vaguement circulaire qui n'est autre que la trace
rémanente d'un
crop circle datant de l'année
dernière ! Je reparlerai de ces traces
«fantômes», très fréquentes.
À l'intérieur de la figure, je constate que la forme
complexe est entièrement constituée de cercles ou d'arcs
de cercles... C'est le cas pour la grande majorité des
« agroglyphes », que l'on continue donc à appeler
« crop circles » même lorsqu'il s'agit de figures
très complexes.
Si vous voulez examiner des détails, vous pouvez charger les
images en haute définition en cliquant dessus, mais les fichiers
sont volumineux.
La radioactivité est tout à fait normale
Au centre de la figure, une dame en position du lotus m'appelle... Elle
m'explique qu'elle a ressenti une grande vague d'énergie durant
ce week-end, et que de nombreux
crop circles sont apparus... Elle
s'appelle Greta et habite la ville de Bath, pas loin, et connaît
très bien tous les sites symboliques de la région :
Silbury hill, le Sanctuaire, le Cheval blanc... Et surtout Avebury, qui
est le centre névralgique du phénomène, et
où se trouvent les deux
crop circles les plus
« chargés » de la saison. C'est, dit-elle, en raison
de sa position exceptionnelle, qui en fait une sorte de
« nombril » de la Terre (je n'ai pas bien compris pourquoi),
que les Celtes y ont érigé des cercles de pierres pour
capter les énergies de la Terre... Les
crop circles seraient une
nouvelle manifestation de ces énergies, apparaissant pour nous
mettre en garde contre la destruction de la nature. Elle me parle de
lignes telluriques, d'astrologie... Je ne comprends guère que la
moitié de ce qu'elle me dit et je ne suis pas sûr que
j'aurais mieux compris si elle avait parlé français...
À la fin, d'ailleurs, elle m'apprend qu'elle parle parfaitement
français (elle est d'origine belge), mais qu'elle
préfère ne pas le faire ! Je lui réponds en
contenant mon envie de l'étrangler que c'est aussi
better for
me...
Cette forme de mysticisme liée aux cercles est partagée
par un certain nombre d'habitants de la région, qui vont ainsi
se « ressourcer » au centre des cercles (c'est d'ailleurs
curieux alors que les spécialistes des
crop circles mentionnent
de nombreuses personnes qui ressentent à l'intérieur de
ces formations des malaises, nausées et maux de têtes).
Après cette enrichissante discussion, je gagne un parking
surplombant le champ, et de là une petite colline habitée
par des vaches et offrant un très beau panorama.
Le
crop circle que je viens de visiter y est vu nettement mieux que sur place.
On voit aussi beaucoup mieux la forme du «fantôme» :
Une recherche dans la base de données de Paul Vigay m'a permis
de trouver qu'il s'agit du fantôme d'un
crop circle apparu le 12 août 2002 (
uk02df), dont on reconnaît bien la forme
générale de l'original :
Au loin, un autre
crop circle est visible (
uk03bw) :
C'est alors que je contemple tout cela qu'un gros
hélicoptère de l'armée vient stationner juste
au-dessus du
crop circle que j'ai quitté peu avant, et repart
après quelques secondes :
Christophe a fait des recherches, cet hélicoptère est un
Westland Sea King appartenant à
l'Empire Test Pilots' School
(à Salisbury, pas loin) ou à la
Defence Evaluation and
Research Agency... Visiblement, l'armée n'a pas cessé de
s'intéresser au phénomène ! On s'en rend compte aussi la
nuit, lorsqu'on entend des hélicoptères volant tous feux
éteints...
Après cette première visite, je décide de visiter
les environs un peu au hasard, en me fixant pour objectif les sites
historiques plutôt que les
crop circles... Ce qui ne
m'empêche pas de passer par hasard à côté de
deux d'entre eux... Le premier,
uk03bx, était répertorié avant
mon départ :
Le second,
uk03cn, ne l'était pas (il n'était pratiquement pas visible de la route, je ne l'ai pas photographié)...
Il y en a
décidément partout !
La colline artificielle de Silbury Hill est assez impressionnante, avec ses 40 m de hauteur :
Un sentier en colimaçon permet d'y monter, mais le site est
hélas fermé depuis 1977, en raison des
dégradations causées par l'afflux de visiteurs... On sait
toutefois que des « veilleurs » bravent
régulièrement l'interdit pour bénéficier de
ce site d'observation privilégié !
Je passe aussi à Avebury, sans m'y arrêter pour faire la visite avec mes amis.
En rentrant au Barge Inn pour faire le point, j'apprends que le cercle
que j'ai visité le matin est un faux, fait par un groupe parti
du pub le soir de leur « forfait », et surpris par des
« veilleurs » eux aussi habitués du pub ! Il faut dire
que le parking surplombant le champ, le seul endroit accessible en
automobile d'où l'on peut dominer une partie de la
région, est très fréquenté nuit et jour ; il
était difficile d'exercer une quelconque activité dans ce
champ sans être vu !
Ça donne en tout cas une idée de ce que des
« faussaires » habitués peuvent réaliser en
très peu de temps. Bien sûr, certains trouveront que ce
«crop circle» était loin d'être parfait, et il
est vrai qu'on en trouve du même genre nettement plus
réguliers ; voir en particulier
uk03cx,
qui est venu quelques jous plus tard, le 8 août (peut-être
les faiseurs de cercles ont-ils simplement progressé) :
Ça donne quand même à réfléchir...
Ceci dit, j'apprenais aussi qu'un nouveau
crop circle (
uk03cr),
un des
plus beaux de la saison, était apparu la nuit
précédente tout près, et ne présentait
aucun signe de fraude. Je repars donc pour trouver cette formation de
trois « hirondelles » imbriquées avec des cercles
(cliquez sur les photos pour les voir en haute résolution) :
Il est effectivement très beau, mais sincèrement je n'ai
pas vu dans le détail de différence marquante entre ce
supposé vrai et le réputé faux. Je n'ai pas non
plus relevé de radioactivité anormale dans l'un comme
dans l'autre (et ce sont les seuls sur lesquels j'ai fait la mesure,
les autres étant assez anciens).
À l'intérieur, des « croppies » en position
du lotus se «ressourcent»... Ça fait partie du
folklore !
Notons que Pascal Guillaumes pense que cette figure représente
non pas des hirondelles, mais une menora, chandelier hébreu
à sept branches très chargé de symboles... Il est
d'ailleurs apparu clairement comme agroglyphe le 31 mai 1999 (
uk99aw), et vous pouvez trouver sa photo sur
le site de Steve Alexander (autre photographe spécialisé).
Christophe et Brice devaient arriver tard dans la nuit, et je
n'étais pas fatigué (je me demande si l'énergie
des
crop circles n'y est pas pour quelque chose : je ne suis pas
spécialement sportif, et d'habitude après avoir fait plus
de cent kilomètres à vélo il me faut bien trois
jours de repos pour me remettre ; et là j'avais
dépassé les 200 km en trois jours et j'étais
toujours en pleine forme !) je décidai après un nouveau
passage au Barge Inn de passer le début de la nuit sur une
colline. J'avais pour cela repéré en allant dans le champ
des « hirondelles » une colline surplombant le « cheval
blanc » (et le champ)... Me voilà donc escaladant la nuit,
sans lumière pour ne pas être vu, une colline que je
n'avais même pas explorée de jour... Je ne suis pas
allé très loin pour ne pas me perdre, mais j'avais une
vue assez étendue...
Vers 1 h, j'entends un grognement derrière moi, mais
l'obscurité est totale et je ne vois rien... Je me demande quel
gros animal peut se trouver là ; en fait, j'appendrais plus tard
que le pré de cette colline était peuplé... de
vaches !
Peu après, je vois sur une crête un peu plus loin une
lumière fugitive, et je suppose que je ne suis pas le seul
à surveiller le coin...
Plus tard, je vois une automobile se garer en bas, sur le bas
côté d'où part le chemin donnant accès
à la colline et au champ... Les portières claquent, les
lumières s'éteignent, j'entends des voix au loin, et plus
rien... Jusqu'à ce que j'entende brusquement à quelques
mètres de moi une voix dire dans l'obscurité (la lune
était alors couchée) :
« hello » ! Après
avoir bafouillé une vague réponse, et à force de
scruter l'obscurité, je distingue un couple, qui venait de
gravir la colline (assez raide) sans aucune lumière en portant
un monstrueux téléobjectif (un bon mètre de
longueur)... Il y a apparemment de véritables spécialistes
de la surveillance ! Nous échangeons quelques mots, je leur
explique que j'ai vu une lumière qui me donne à penser
qu'il y a d'autres « veilleurs » un peu plus loin, l'homme me
répond qu'il n'est pas surpris, la nuit précédente
il avait rencontré un groupe d'Italiens là-haut, puis des
Allemands... Notons que c'est cette nuit où il y avait donc
beaucoup de monde sur ces collines que les « hirondelles »
sont apparues, et personne n'a rien vu ! Cela suppose que si cette
formation est due à des plaisantins, ils ont travaillé
sans aucune lumière (ça n'est pas vraiment impossible,
mais ça donne une idée de la difficulté).
Quoi qu'il en soit, il est deux heures du matin (ou plutôt une
heure en Angleterre... Étant donné la rapidité de
mon séjour j'étais resté à l'heure
française) et temps pour moi de descendre, mes deux compagnons
ne devant normalement pas tarder à arriver... De plus, le ciel
était assez nuageux pour la première fois depuis mon
arrivée, et le temps se faisait menaçant... De fait, il y
a eu un peu de pluie et beaucoup de vent peu après dans la nuit,
mais cela n'a pas duré.
Christophe et Brice ont eu quelque mal à trouver et ils ont
sûrement parcouru toutes les routes du coin avant d'arriver vers
quatre heures... La nuit a été courte !
5 août : en groupe
C'est donc à trois, et en voiture, que cette petite exploration allait se poursuivre.
Après un nouveau passage obligé par les deux
crop circles
que j'avais visités, nous sommes allés à Avebury...
Ce village était déjà connu pour ses
« cercles » mégalithiques, et il présente bien
plus d'intérêt pour les historiens que Stonehenge,
beaucoup plus touristique...
Mais depuis l'apparition des
crop circles, ces derniers semblent avoir
pris le dessus sur les mégalithes pour attirer les touristes.
Les deux boutiques du village proposent des quantités de cartes
postales de
crop circles, et bon nombre de livres consacrés au
phénomène.
Greta m'ayant chaudement recommandé de manger à Avebury
plutôt qu'au Barge Inn où « la nourriture est
mauvaise, surtout pour un Français » (je n'ai pas
vérifié), nous y avons fait une pause déjeuner...
Et le gâteau au citron et courgettes que j'ai mangé
n'était pas vraiment mauvais, même si les courgettes
étaient franchement de trop ! Je préfère ne pas
parler du gâteau aux carottes que Christophe m'a fait
goûter pour en avoir un peu moins à avaler...
Nous n'avons vu que de loin le premier des deux
crop circles de la saison près d'Avebury (
uk03bh) :
Nous avons par contre visité le second,
uk03bk :
Nous avons trouvé ici le premier « tronc » laissé par un cultivateur...
Une pratique assez répandue et que je trouve personnellement
plutôt bonne : on sait ainsi que le cultivateur accepte de
laisser visiter son champ (et il ne manque pas de ménager des
facilités d'accès, notamment en coupant la clôture,
s'il y en a une, au niveau de « l'entrée »), il n'y a
pas d'obligation (on accepterait beaucoup moins bien un gardien
posté à l'entrée du champ et faisant payer
l'accès !), le bénéfice ne doit pas être
suffisant pour inciter le cultivateur à fabriquer ou faire
fabriquer volontairement des faux
crop circles, mais ça lui
permet de ne pas avoir à se plaindre de cette
« activité »... Bref, c'est bon pour tout le monde.
Ensuite, nous avons fait un passage obligé par Stonehenge,
l'autre cercle mégalithique, qui ne se trouve qu'à une
trentaine de kilomètres au sud.
Bien sûr, les champs environnants reçoivent aussi à chaque saison
leur lot de cercles, comme ceux de cette
année
uk03bp et
uk03bq :
On voit qu'outre des figures très complexes, les cercles simples existent toujours.
Le soir, nous sommes retournés à trois sur la colline
au-dessus du cheval blanc, que nous avons explorée beaucoup plus
loin que je ne l'avais fait... Cette fois, nous n'avons fait aucune
rencontre : les veilleurs ne sont apparemment pas assez nombreux pour
assurer une veille systématique.
6 août
Nous commençons la journée par une visite du premier cercle que j'avais aperçu en arrivant (uk03cb) :
Celui-là aussi nous accueille par un « tronc », et
nous n'avons pas manqué d'y verser notre contribution.
L'intérieur est assez complexe, avec un centre
intéressant, laissant voir six petits monticules de blé
aux centres de cercles se recouvrant largement. Nous n'avons pas vu
cela ailleurs, mais nous savons que ces « nids d'oiseaux » ne
sont pas rares. Notez également sur la dernière photo la
façon dont le blé est couché en
«épis», par touffes inclinées alternativement
à droite et à gauche, sur la couronne du
crop circle.
Ensuite, nous allons voir un autre cercle apparu près de Barbury
castle... Il ne faut pas chercher de «château», il
s'agit en fait d'un tertre préhistorique circulaire, comme il en
existe d'autres dans la région. Le
crop circle que nous
cherchions a malheureusement été moissonné, mais
on voit par contre un très beau « fantôme » d'un
crop circle de l'année précédente, bien visible du
fait que les blés sont verts dans la formation et mûrs
à l'extérieur.
On voit sur les photos de Lucy Pringle le
crop circle d'origine,
uk02ce, datant du 25 juillet 2002 (je l'ai orienté de la même manière) :
En retournant vers le Barge Inn, on croit voir depuis la route un énorme
crop circle en forme de couronne :
En fait, il a été fait par une moissonneuse !
Le lendemain nous devons partir, mes amis m'amenant très
tôt à la gare pour passer la journée à
Londres... Quelques photos-souvenirs s'imposaient donc :
De gauche à droite : Robert, Brice et Christophe.
Le camping du Barge Inn et l'entrée du pub.
Le voyage, bien trop bref, était terminé, mais la réflexion continue.
Histoire résumée des crop circles
Si quelques cas isolés de cercles ont été signalés dans les années 70, c'est en 1980 que les
crop circles
ont attiré l'attention de la presse. L'année suivante,
ils se sont multipliés et ont intéressé un
ingénieur, Pat Delgado, que l'on peut considérer comme le
premier « céréalogiste ». Quelques
années plus tard, il a été rejoint par un autre
ingénieur habitant la région, Colin Andrew, et par le
pilote et photographe Busty Taylor qui a été le premier
à photographier d'avion ces étranges cercles.
Les cercles isolés du début se sont peu à peu
complexifiés pour former des triplets ou quintuplets,
présentés dans une parfaite symétrie, ou encore
des couronnes.
En 1989, Delgado et Andrew ont écrit le premier livre sur le phénomène,
the Circular evidence, défendant d'emblée l'hypothèse de contacts extraterrestres. Ce livre a connu un gros succès.
À l'époque, l'opposition venait principalement d'un
physicien passionné de météorologie, Terence
Meaden, qui soutenait l'hypothèse de sortes de mini-tornades,
qu'il a associées plus tard à des « boules de
plasma » pour en faire des « vortex plasmatiques »...
Cette idée était dès l'origine parfaitement
ridicule, en particulier lorsque Meaden voulait expliquer par des
phénomènes de « résonances » les cercles
multiples, mais elle s'est effondrée totalement avec la
complexification des cercles.
En 1990 sont apparus en effet les véritables pictogrammes, dont
celui, fameux, d'Alton Barnes qui a fait le tour du monde (
uk90bi).
C'est en raison du succès médiatique des
crop circles en
1989 et 1990 que le gouvernement britannique a décidé
d'agir, demandant à l'armée de surveiller la
région.
Alors que les figures se complexifiaient encore en 1991 et que les
curieux affluaient, la saison s'est terminée par les
révélations fracassantes des deux « papys »
Doug et Dave qui prétendaient avoir fabriqué tous les
cercles. Il est probable que ces deux farceurs ont vraiment
fabriqué quelques cercles, et ont peut-être même
lancé la « mode » (ils disaient s'être
inspirés des « nids de soucoupes » observés au
milieu des joncs en Australie), mais il est clair qu'ils ont
été payés pour dégonfler l'affaire, et ils
se sont montrés fort médiocres lorsqu'une
démonstration a été organisée. Ç'a
d'ailleurs assez bien fonctionné quelque temps : la presse a
boudé le phénomène, et les deux années
suivantes ont été décevantes.
Mais les cercles sont revenus en force en 1994, avec des figures
dépassant en complexité tout ce qui avait
été vu auparavant. Une tendance qui s'est
prolongée, atteignant des sommets en 2001 avec une formation de
409 cercles couvrant quatre-vingt mille mètres carrés (
uk01df) !
Des cercles et des hommes
Il est bon de dire un mot des diverses communautés gravitant autour des
crop circles :
Les chercheurs :
Ceux qui se sont baptisés les
« céréalogistes » arpentent inlassablement les
cercles, sont à l'affût des nouveaux pour les visiter
avant qu'ils ne soient abîmés par le piétinement
des visiteurs... Ils les mesurent, les photographient sous tous les
angles, font des prélèvements, cherchent à faire
la différence entre « vrais » et « faux »...
La rigueur n'est pas toujours de mise (il n'y a pas de diplôme de
« céréalogie » !), mais la passion certainement.
Les faiseurs de cercles :
Même si la confession des deux premiers, les « papys
farceurs » Doug et Dave, dont toute la presse s'est fait
l'écho en 1991, apparaît très suspecte, il est
certain que de nombreux pictogrammes sont l'oeuvre de
« faussaires » (si tant est qu'il y ait des cercles
authentiques), et certains ne se cachent pas... Beaucoup se
considèrent simplement comme des artistes, et on peut les
comparer à ceux qui peignent des graffitis en ville...
Réaliser sans se faire prendre des figures de plus en plus
complexes peut être pour eux un défi. Certains ont en
outre le sentiment de participer à quelque chose d'important, et
disent réaliser leurs oeuvres sur des sources
« d'énergie tellurique » ; certains sont
persuadés qu'il y a un phénomène authentique, et
considèrent leur « travail » comme une réponse
aux messages véhiculés par les vrais
crop circles ! Et
bon nombre de ces faiseurs de cercles disent avoir assisté
à des événements étranges pendant leurs
activités nocturnes...
Bien sûr, les faiseurs de cercles sont haïs par la
communauté des chercheurs, qui les accuse d'être de
vulgaires faussaires compliquant leur tâche (en particulier, le
CCCS,
Center for Crop Circles Studies, leur livre une guerre
impitoyable). Tout cela n'est guère justifié dans la
mesure où plus personne ne doute qu'une grande partie des
formations les plus spectaculaires sont l'oeuvre de ces artistes (Eltjo
Haselhoff, chercheur respecté et authentique scientifique, dit
même qu'il ne serait pas surpris d'apprendre que toutes les
figures complexes sont l'oeuvre de « faussaires », et que les
seules authentiques sont les plus élémentaires)...
Ça signifie que la plus grande partie des magnifiques dessins
qui font vendre les livres ou les photographies des
« chercheurs » sont des faux ! Et après tout,
l'existence de faux est nécessaire pour être sûr
qu'il y a des vrais !
Ceci dit, il est difficile de savoir quelle est la population
réelle des faiseurs de cercles, la plupart
préférant rester totalement anonymes pour ne pas avoir
d'ennuis. C'est que cette activité nocturne est tout à
fait illégale (il y a violation de propriété
privée et dégradation de biens d'autrui, c'est
punissable). Lorsque Doug et Dave ont fait leurs « aveux »,
ils ont été poursuivis en justice par les agriculteurs
victimes de leurs prétendues dégradations... Le tribunal
ne les a pas condamnés faute de preuves, mais cela a
certainement incité d'autres à la prudence, d'autant plus
que les chercheurs qui haïssent les « faiseurs de
cercles » incitent les agriculteurs à poursuivre ceux qui
sont pris sur le fait.
Enfin, du fait de la complexification croissante des pictogrammes, il
est nécessaire que la fabrication de cercles soit
assistée par l'informatique... Les faiseurs de cercles ne
peuvent plus se contenter de ficelles et de rouleaux, ils doivent bien
connaître l'informatique et commencer par une simulation... Cela
explique sans doute la grande quantité de figures
inspirées par les « fractales », qui ont depuis
longtemps la faveur des graphistes en informatique.
Les veilleurs :
Nous avons vu qu'il y a aussi de véritables spécialistes
expérimentés dans cette catégorie. Certains sont
équipés de lunettes à vision nocturne. Leur but
est d'assister à la formation, de main d'homme ou surnaturelle,
d'un
crop circle. Tout comme les faiseurs de cercles, ils ont tout
intérêt à agir en toute discrétion : si tout
le monde sait qu'un sommet particulier est « habité »,
il y a peu de chances qu'un
crop circle apparaisse dans les environs !
Les agriculteurs
Leur réaction face au phénomène peut être
très variable. Certains, de moins en moins nombreux, n'acceptent
pas que l'on vandalise leur champ et s'empressent de détruire la
figure à la moissonneuse pour décourager les
récidives ; d'autres, pas très nombreux non plus, sont
flattés que leur champ soit « choisi » par un
phénomène ; certains, nous en avons vu deux exemples, en
tirent profit en installant à l'entrée de leur champ un
« tronc » et en demandant une contribution aux visiteurs ;
mais la plupart sont assez indifférents, et n'ont pas d'opinion
tranchée sur les responsables des cercles. Au fil des ans, ils
se sont habitués et ont constaté que ces figures ne leur
causaient finalement que peu de tort : le fait que les blés
soient couchés ne les empêche pas d'être
moissonnés et la perte de rendement est minime, et les nombreux
visiteurs font très attention de ne rien abîmer...
Même après des semaines, il n'y a guère de traces
de déprédation.
Bref, il est tout aussi absurde de prétendre que les
agriculteurs victimes des dégâts veillent sur leurs champs
et rendent impossible la tâche des faiseurs de cercles, que
d'imaginer qu'ils sont complices de ces derniers... Si quelques-uns ont
pu réellement tirer profit des
crop circles, c'est uniquement
dans le cas de formations très spectaculaires (notamment celle
d'Alton Barnes en 1990), et il s'agit d'exceptions.
Les militaires
Lorsque les
crop circles ont commencé à devenir un peu
trop médiatiques, et surtout après que l'un d'eux eut
été découvert dans la propriété du
Premier ministre en juillet 1990, le gouvernement a fait appel à
l'armée pour y mettre fin... Sans grand résultat, sinon
en causant quelquefois des dégâts bien plus importants que
les
crop circles lorsque des hélicoptères survolaient un
champ à basse altitude ! Depuis, l'armée n'a pas
cessé de surveiller l'apparition de nouveaux cercles, et
d'exercer une surveillance nocturne... Mais ses interventions se
bornent à tenter de faire fuir les faiseurs de cercles
lorsqu'ils sont pris sur le fait...
Les adorateurs des cercles
La population des « croppies », de tendance
New Age, est
aussi très importante, et les symboles véhiculés
par les pictogrammes semblent s'accorder assez bien avec leur
pensée... Ça permet de supposer que bon nombre de
faiseurs de cercles partagent cet esprit mystique, et cela n'est pas du
tout incompatible avec leurs indubitables connaissances en informatique.
Des preuves d'un mystère ?
Il est certain que bon nombre de cercles sont l'oeuvre d'hommes munis d'un matériel
rudimentaire, mais y a-t-il des indices que d'autres
présentent quelque chose de mystérieux ? C'est ce que
veulent croire tous les « céréalogistes ».
L'argument du nombre trop important de cercles n'est plus
défendable, puisque tout le monde sait maintenant qu'une
proportion importante est de toute façon l'oeuvre des faiseurs
de cercles. On lit souvent qu'aucun d'entre eux n'a jamais
été pris sur le fait, mais c'est depuis longtemps faux...
Aucun (sauf peut-être un qui s'est dénoncé lui-même) n'a jamais été
arrêté pour ses activités, mais des faiseurs de
cercles ont plus d'une fois été dérangés
dans leur travail par des veilleurs ou par l'armée.
Mais il est vrai que le nombre de pictogrammes inachevés ou
franchement ratés est étonnamment faible.
L'absence de marques d'une origine humaine n'est pas non plus un bon
argument, puisqu'il n'y en a pas plus sur bon nombre de cercles que
l'on sait être des faux ; même sur un terrain boueux, on ne
laisse aucune empreinte en marchant sur un tapis de blés
couchés.
De même, la régularité et la complexité des
figures ne surprend pas les habitués... Il est vrai que les
faux cercles
réalisés sur commande font souvent (mais pas toujours)
pâle figure à
côté de ceux que l'on considère comme
« authentiques », mais la
différence n'est tout de même pas extrême... Cela
peut simplement
signifier que les faiseurs de cercles connus ne représentent
qu'une
minorité assez médiocre de l'ensemble de ceux qui
oeuvrent la nuit...
Notons qu'à la suite d'expériences décevantes, plus aucun
« céréalogiste » sérieux ne se risque à prétendre pouvoir différencier
par un simple examen un vrai cercle d'un faux... C'est dire que les
différences, s'il y en a, ne sont pas flagrantes !
Traces physiques
On a parlé de traces physiques relevées dans certains
cercles... Notamment un taux de radioactivité assez
supérieur à la normale... Mais je ne suis pas sûr
que ces mesures présentent toutes les garanties
d'objectivité... Les compteurs Geiger sont des appareils qui
donnent des indications très aléatoires sur de courtes
périodes, et il faut être habitué à leur
usage pour pouvoir les utiliser correctement.
On a aussi trouvé quelquefois des matériaux divers
répandus sur des cercles (poudre blanche, gelée), mais
rien de tout cela n'a été sérieusement
analysé.
Il faut en outre se méfier des explications hasardeuses. En
1993, on a beaucoup parlé de particules de fer trouvées
dans un cercle (
uk93db),
et plus tard dans d'autres. Le professeur Levengood, biophysicien et principal scientifique s'intéressant aux
crop circles, en a tiré la fumeuse théorie que de
puissants champs magnétiques générés par le
phénomène avaient attiré le fer
météoritique des Perséides, dont c'était la
période d'activité maximale... Malheureusement, il se
trouve que s'il y a du fer dans beaucoup de météorites,
débris d'astéroïdes, il n'y en a pas dans les
étoiles filantes des essaims, débris de comètes !
En fait, il s'est avéré que des plaisantins ayant
formé le cercle avaient répandu de la limaille de fer
pour tromper les « chercheurs » ! Très contents
d'avoir joué ce tour pendable à leurs ennemis
déclarés, ils l'ont révélé
sur leur site,
en présentant pour preuve la photo du bidon de limaille de fer
utilisé (ils n'avaient sûrement pas imaginé
à quelles théories « scientifiques » leur
plaisanterie allait donner naissance)...
Anomalies biologiques
Ce sont les anomalies constatées sur les blés
eux-mêmes qui paraissent les plus convaincantes. En 1992, William Levengood s'est
associé à la psychologue Nancy Talbott et à
l'homme d'affaire John Burke pour créer le
BLT Research Team au
Massachusetts. Ce groupe a réalisé les principales
recherches sur les modifications biologiques observées sur les
blés issus des
crop circles.
De façon assez générale, les grains provenant des
cercles présentent souvent un aspect « rabougri »,
sont de moins bonne qualité que les grains normaux (on a
essayé de faire du pain avec ces grains-là, et de fait il
n'avait pas très bon goût), et présentent souvent
des anomalies de croissance (pas toujours dans le même sens) si
on les plante... Tout ça ne paraît pas vraiment
mystérieux, puisqu'il est évident que des grains de
blé restés quelque temps sur une tige couchée,
souvent pliée, baignant dans l'eau en cas de pluie,
présenteront des anomalies.
Plus intéressantes sont les anomalies constatées sur les
tiges, principalement un allongement et une courbure des noeuds
inférieurs, voire quelquefois leur éclatement. Ce sont
essentiellement ces caractéristiques qui ont fait penser
à l'action d'un rayonnement micro-ondes.
Quelques précisions sont nécessaires : la tige du
blé est divisée en plusieurs sections,
séparées par des « noeuds de croissance »...
L'utilité de ces noeuds, outre de générer peu
à peu la tige, est de corriger son inclinaison pour qu'elle
reste bien verticale. Ainsi, si on couche une tige de blé, le
dernier noeud se coude en quelques heures à quelques jours afin
de redresser le haut de la tige. Et pour remplir cette fonction, les
noeuds s'allongent.
Le fait que les noeuds soient allongés sur les blés issus des
crop circles
semble donc une réaction naturelle, et on l'observe d'ailleurs
aussi sur de faux cercles, mais dans une proportion moindre. D'autre
part, Levengood et Haselhoff ont tous deux trouvé sur les vrais
cercles une relation entre la distance au centre du cercle et la
longueur des noeuds... Haselhoff en déduit que le
phénomène à l'origine de la formation du cercle
est de nature électromagnétique. Une conclusion sans
doute prématurée, mais cette relation qui semble bien
établie est extrêmement troublante.
Mais c'est le coude que l'on observe souvent sur le premier noeud des blés issus des
crop circles
qui a fait l'objet d'un maximum d'attention. En effet, on a souvent
l'impression que le blé est couché en raison de ce coude,
comme si le noeud de croissance avait incliné la tige au lieu de
la redresser !
Il me semble qu'il y a peut-être ici une erreur de
raisonnement : on veut penser que le coude observé s'est formé
APRES le cercle, sans imaginer qu'il puisse avoir
préexisté. La présence d'un premier noeud
coudé serait tout à fait naturelle dans le cas où
le blé aurait commencé à pousser de travers :
c'est justement la fonction du noeud de redresser la tige. Maintenant,
que se passera-t-il si l'on exerce une force mécanique sur une
telle tige coudée près de sa base ? Il me semble qu'au
lieu de se plier comme le ferait une tige uniformément droite,
cette tige va avoir tendance à tourner pour que le coude
préexistant s'oriente dans la direction de la force... Et il ne
serait pas surprenant non plus que dans certaines conditions, cette
torsion puisse provoquer l'éclatement du noeud.
Attention : je ne prétends pas que cette interprétation
résout le problème du coude « anormal » des
blés des
crop circles.
Je m'étonne simplement de ne pas la trouver
évoquée dans les différents livres ou articles que
j'ai pu lire.
Il est à noter en tout cas que la présence d'un coude
n'est pas du tout générale sur les blés issus des
crop circles.
Si tel était le cas, il serait très facile de
déterminer si un cercle est vrai ou faux, et le mystère
serait incontestable. Et on devrait bien observer
systématiquement un tel coude si le phénomène
était dû à l'action de micro-ondes. Mais ça
n'est pas le cas.
Lorsque Nicolas Montigiani écrit dans son livre défendant
la thèse d'essais d'armes à micro-ondes (
Orbis enigma) que « plus
de 90% des échantillons analysés (ce n'est pas rien)
révèlent cette déviance », laquelle
atteindrait « dans la plupart des cas un angle de 45° »,
c'est un mensonge ! Ce que Levengood, auteur des études les plus
poussées, a trouvé, c'est que 90% des échantillons
prélevés dans les cercles présentaient des
anomalies, quelles qu'elles soient (grains rabougris, noeuds
allongés, dilatés, éclatés ou
coudés...) Mais une courbure importante n'est pas l'anomalie la
plus fréquente, et je n'ai trouvé aucune étude
statistique la concernant (comparaison entre les angles moyens des
noeuds des tiges prélevées dans un cercle et les
échantillons témoins). Il est d'ailleurs étonnant
qu'on ait fait de telles études sur l'allongement des noeuds et
pas sur leur courbure.
De plus, Levengood a trouvé récemment que des caractéristiques similaires
sont trouvées dans des zones où le blé est plié un peu
dans tous les sens, irrégulièrement. Certains imaginent
qu'il s'agirait là du phénomène se manifestant
dans les
crop circles mais qui serait désordonné, mais il
me semble plus vraisemblable qu'il s'agisse d'une réaction
naturelle du blé à l'action du vent.
Enfin, on voit dans les expériences de « Jean-Paul
Piton » (pseudonyme) révélées par Montigiani
que le coude obtenu en soumettant des blés à des
micro-ondes est très différent de celui que l'on observe
sur les blés issus des
crop circles : le noeud, ramolli par la chaleur, s'affaisse et présente un aspect
fripé et rétréci. Au contraire, les blés
issus des
crop circles
présentent des noeuds allongés et courbés de
façon assez régulière, et souvent gonflés.
Tout cela montre que si les résultats de certaines recherches
sont surprenants, la mise en cause de micro-ondes apparaît
extrêmement douteuse.
J'ajoute une dernière remarque concernant les comparaisons
faites entre les blés issus des « véritables »
crop circles
et ceux issus de faux avérés... Pour ces derniers, il
s'agissait presque toujours de démonstrations faites en plein
jour, alors que les supposés vrais se forment
généralement la nuit. De telles comparaisons n'ont alors
aucune valeur, puisque les conditions météorologiques
sont très différentes : il n'est pas surprenant que des
blés couchés mécaniquement la nuit, alors que
l'humidité est très forte et la température basse,
ne réagissent pas de la même manière que ceux qui
subissent la même opération de jour.
Ces critiques ne visent qu'à montrer la prudence que l'on doit
montrer dans ces études. Elles posent des problèmes
passionnants et doivent être approfondies, mais pour l'instant,
je ne suis pas sûr qu'elles aient prouvé quoi que ce soit.
Lumières sur les cercles
Les veilleurs aussi bien que les faiseurs de cercles ont souvent
rapporté avoir vu d'étranges lumières au-dessus
des champs où des cercles seraient trouvés le lendemain.
De telles observations méritent l'attention, mais aussi la
circonspection. J'ai participé assez souvent à des
soirées d'observation dans des groupes ufologiques pour
constater que des personnes un peu enthousiastes prennent facilement
des lumières de lampes de poche pour de mystérieuses
« boules de lumière flottant au-dessus du sol »... Et
c'est précisément très souvent ce qui est
rapporté dans le cas des
crop circles : des boules de lumière dessinant
d'étranges arabesques au-dessus du champ. J'aurais donc tendance à
considérer qu'il s'agit simplement de lampes de poche tenues par
les faiseurs les cercles.
Les enquêteurs du groupe VECA ont de leur côté
constaté comment la lumière d'un projecteur adapté
sur un véhicule tout-terrain avait été prise pour
un phénomène typique accompagnant la formation d'un
crop
circle par le grand spécialiste Terence Meaden...
On a assez souvent rapporté que des hélicoptères
militaires poursuivaient de telles lumières, ce qui me semble
aussi compatible avec la fabrication humaine.
Michael Hesemann rapporte dans son livre une anecdote assez édifiante sur les rapports entre les faiseurs de cercles,
les militaires et les veilleurs :
Le 18 juillet [2000]
vers
20 heures 15, Andrew Buckley, originaire de Manchester, visita deux
petits motifs tracés dans le blé qui étaient
apparus peu avant au pied de Woodborough Hill. Soudain, il remarqua
dans le blé une petite boule brillante de trente à
quarante centimètres de diamètre qui évoluait
à une assez grande vitesse et à très basse
altitude au pied de la colline. Il sortit immédiatement sa
caméra vidéo lorsqu'un deuxième objet apparut qui
survola le pictogramme, il venait d'une autre direction. Lorsque, sur
ces entrefaites, une troisième boule lumineuse apparut, Buckley
entendit le bruit de rotors d'hélicoptères. Un
hélicoptère militaire noir de type Puma de la Royal Air
Force s'approchait dans la direction de Woodborough Hill. "L'hélicoptère
avait dû repérer les objets. Il fit plusieurs fois le tour
du champ en marquant un temps d'arrêt aux endroits où il
avait vu les boules"
, déclara plus tard Buckley.
Puis la même scène
devint tout à fait fantômatique. Le témoin vit que
des gens se trouvaient sur Woodborough Hill, qu'ils firent des signes
à l'hélicoptère et s'écrièrent : "celui-là a été fait par l'un de nos camarades"
, et, s'adressant au pilote tout en faisant un geste dans la direction du champ : "celui-là, c'est nous qui l'avons fait la nuit dernière".
Puis, peu après, ils quittèrent le champ de blé.
Buckley continua à filmer tout en se demandant s'il avait
affaire à une équipe de faussaires du gouvernement, ou
simplement à une bande de plaisantins. À cet instant, une
autre lumière fit son apparition juste sous
l'hélicoptère, mais il dit ne pas savoir si le pilote
l'avait vue. En tout cas, l'hélicoptère disparut alors
dans la direction de Pewsey. Peu après, notre témoin
remarqua une nouvelle fois deux petits objets qui tournaient l'un
autour de l'autre, avant de partir à toute vitesse chacun dans
une direction. Le lendemain, on découvrit une nouvelle formation
dans la région d'où étaient venues les
lumières.
Visiblement, on a affaire ici à un groupe de faiseurs de cercles
qui ont été surpris par l'armée, mais qui ne se
sont pas laissés intimider et ont continué leur travail
sans que les « veilleurs » aillent voir quelle était
la source des « mystérieuses » lumières...
Ça relativise quelque peu l'argument de l'absence de
« prise sur le fait » !
On peut enfin se demander si les faiseurs de cercles ne créent
pas quelquefois des « phénomènes lumineux »
assez élaborés, pour se moquer de leurs
« ennemis » les chercheurs et les veilleurs...
C'est la question que je me suis posée le soir du 4 août,
lorsqu'un groupe d'automobiles est arrivé au parking du Barge
Inn, dont un pick-up appartenant à une société de
spectacles et portant quatre projecteurs... J'ignore si ces
véhicules appartenaient à des faiseurs de cercles, mais
je n'en serais pas surpris, et en tout cas il n'y avait aucun
spectacle ce soir-là.
Il ne me paraît pas impossible que les farceurs qui prennent un
malin plaisir à tromper les chercheurs en
crop circles s'amusent
lorsque le ciel est couvert à projeter des lumières sur
les nuages au-dessus de l'endroit où leurs amis font leur
figure... Lorsqu'il n'y a pas de brume mais un ciel nuageux, de telles
projections pourraient être vues très loin sans que la
source soit visible.
Notons que le ciel était nuageux ce soir-là, mais il
s'est éclairci dans la nuit... Il ne s'est rien passé :
ni phénomènes lumineux ni nouveaux
crop circles.
Formations-éclair
Une autre « preuve » souvent avancé est la
rapidité à laquelle se forment les
crop circles, en
quelques minutes d'après certains témoignages... Mais une
telle affirmation s'appuie en réalité sur un seul cas
apparemment crédible, concernant la formation de
« l'ensemble de Julia » (un type de figures fractales bien
connu des graphistes sur ordinateur, mais dont le lien avec ce
crop
circle est assez douteux) à côté de Stonehenge, le
7 juillet 1996 (
uk96ay) :
C'est un pilote d'avion qui a remarqué le premier cette
formation à 18 h... Mais il avait déjà
survolé le champ une demi-heure plus tôt et n'avait rien
vu. De son côté, un gardien de la sécurité
du site de Stonehenge affirme avoir observé le champ avec une
longue vue à 17 h, sans avoir rien remarqué non plus.
Enfin, le fermier lui-même prétend avoir visité son
champ le matin sans avoir rien remarqué...
Pourtant, si l'on en croit Werner Anderhub et Hans Peter Roth (
le Mystère des Crop Circles,
p. 57) qui ne remarquent pas la contradiction, ce même fermier
avait dans un premier temps interdit la visite de son champ en se
disant « convaincu que des voyous avaient concocté une
mauvaise plaisanterie durant la nuit ». C'est après avoir
vu les photos aériennes et s'être convaincu que son champ
recelait un mystère insondable que le fermier a
déclaré avoir visité son champ le matin !
Il semble qu'en fait seul le témoignage de l'aviateur soit
crédible, mais il n'est pas inimaginable qu'il n'ait pas
regardé dans la bonne direction lors de son premier survol... On
n'a pas forcément une très bonne vue du sol depuis un
avion.
Quelque temps plus tard, le faiseur de cercles bien connu Rob Dickinson
a déclaré lors d'une interview radiophonique qu'il
connaissait les trois personnes qui avaient fabriqué ce
crop
circle la nuit en deux heures quarante-cinq (durée tout
à fait crédible). Et il donnait de nombreux
détails, que je traduis depuis
le site des « circle
makers » ayant reproduit l'interview :
Bien, pour les trois premiers quarts
de cercles, ils suivent une suite de Fibonacci, mais pas le dernier
quart. Il devient juste un arc de cercle.
[...]
Vous commencez par le grand cercle
central, qui est placé juste à côté d'une
trace de tracteur. Les gens demandent pourquoi il y a ce grand cercle
central, qui est un peu décalé dans un Ensemble de Julia.
C'est simple. Pour éviter les dégâts autour de la
figure, vous devez avoir une surface centrale déjà
couchée, à partir de laquelle vous pouvez mesurer les
diamètres des autres parties de la formation. Après avoir
fait le premier cercle, ils traçaient une ligne de travail pour
le reste de la formation. C'est de cette manière que la spirale
a été faite, en dessinant des portions de la courbe
depuis différents points à l'intérieur de ce
premier cercle, à l'aide d'un mètre-ruban.
Eltjo Haselhoff (
les Cercles dans les blés et leurs mystères,
page 63) déduit de cette affirmation que Dickinson fanfaronne et
ignore comment la figure a été tracée, puisqu'en
réalité un seul centre de ces arcs de cercles
« guides » se trouve à l'intérieur du cercle
central...
Pour en avoir le coeur net, il est utile d'apporter quelques
précisions sur les explications de Dickinson... Une suite de
Fibonacci est obtenue en additionnant les deux derniers nombres de la
série pour former le suivant : par exemple si vous commencez par
les nombres 1 et 2 vous obtenez 3, puis 5, 8, 13, 21, etc. La
particularité de cette suite est que le quotient des deux
derniers nombres tend vers le nombre d'or (1,618). Et une spirale de
Fibonacci s'obtient en juxtaposant des quarts de cercles dont le rayon
est proportionnel à la suite de Fibonacci ; les centres de ces
cercles se positionnent alors sur des segments de droites orthogonaux
qui suivent aussi une suite de Fibonacci. Tout ça est
très prisé des amateurs de symboles qui voient dans le
nombre d'or une proportion quasiment surnaturelle... mais ça n'a
absolument rien à voir avec les fractales !
Voyons maintenant comment a été tracée la
« ligne de travail » de cette formation... J'ai pour cela
reproduit « l'ensemble de Julia » en le calquant sur la photo
aérienne de Steve Alexander utilisée par Haselhoff pour
sa « démonstration » ; on voit aux lignes de tracteur
qu'il y a une légère déformation due à la
perspective, mais elle n'est pas très importante :
On voit que cette spirale a été formée à
partir de quatre arcs de cercles, et non pas trois, dont les rayons
respectent rigoureusement une progression de Fibonacci : 3, 5, 8 et 13.
L'unité semble être exactement 15 pieds (cela donne au
crop circle
une dimension maximale, dans l'axe des traces de tracteur, de
513 pieds, et j'ai lu 508 ou 510 selon les sources), et il semble
que le
pied soit l'unité de base de l'ensemble de 149 cercles composant
la figure (leur rayon est compris entre 3 et 38 pieds ; le cercle
central a un rayon de 26 pieds). Le quatrième arc est un
demi-cercle, parce que si l'on avait voulu prolonger la spirale de
Fibonacci le centre du cinquième quart de cercle se serait
trouvé en plein champ, et d'autre part son rayon aurait
dépassé les 200 pieds des mètres-ruban les
plus
longs disponibles facilement en Angleterre (le demi-cercle final en est
déjà très près avec
13x15 = 195 pieds) ! Il y
a donc quatre arcs de cercles (Haselhoff a oublié le plus
petit), dont deux ont leur centre dans le cercle central et les deux
autres dans une trace de tracteur. On voit d'autre part que si les
longueurs sont parfaitement respectées, les angles le sont
très mal : il manquait à ceux qui ont
réalisé la figure une équerre géante !
Bref, si Dickinson a commis quelques erreurs dans sa relation, elles
restent minimes pour une figure dont il n'est pas responsable (il dit
juste qu'il connaît ceux qui l'ont faite) et une explication
donnée en direct près de quatre mois après l'action...
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que cette figure a été faite de main
d'homme : les centres des arcs de cercle dans le cercle central ou une
trace de tracteur, l'unité utilisée, la dimension du plus
grand rayon de cercle, le mélange d'une spirale de Fibonacci
incomplète et des courbes fractales, la mauvaise
appréciation des angles mais pas des longueurs... Ça fait
beaucoup trop d'indices pour que l'on puisse avoir le moindre doute.
Donc, exit la « fabrication-éclair » en moins d'une
demi-heure, exit aussi cet « ensemble de Julia » et les
autres
crop circles
spectaculaires qu'il a inspirés (dans lesquels on a pourtant
photographié de magnifiques noeuds de croissance coudés :
voir
le Mystère des Crop Circles page 76), et un blâme au physicien qui prétend aborder les
crop circles avec une démarche scientifique (il est d'ailleurs curieux qu'Haselhoff veuille défendre le mystère de ce
crop circle alors qu'il se dit à peu près persuadé que toutes les figures complexes sont l'oeuvre de farceurs)...
Fantômes de cercles
L'existence de ces traces rémanentes un an après la
formation d'origine, dont nous avons constaté deux exemples, est
considérée par certains chercheurs comme la preuve que le
sol a subi un effet physique important. Je ne suis pas sûr qu'il
y ait là un quelconque mystère : lorsque le blé
est moissonné, il reste certainement beaucoup plus de paille aux
endroits où les blés ont été
couchés, et cela modifie donc nécessairement la
composition du sol lorsqu'il est labouré. Il ne serait pas
surprenant que cela ait une influence minime sur la pousse du
blé à la saison suivante. Et on a vu avec le
« fantôme » de Barbury Castle que la différence
de coloration des traces « fantômes » résulte
simplement d'un léger retard du mûrissement du
blé... Quoi qu'il en soit, je ne crois pas que des
« fantômes » aient été observés
plus d'un an après le
crop circle d'origine.
Revue des hypothèses
— Land art uniquement : on a la certitude que les activités des
circle makers, quelles que soient leurs motivations, expliquent la
majorité des cercles, y compris les plus complexes d'entre eux.
C'est là un fait établi, indéniable : le
« phénomène » des
crop circles relève
pour l'essentiel de l'oeuvre de plaisantins... La seule question qui se
pose est donc de savoir si « autre chose » intervient dans
certains cas.
— Extraterrestres : l'idée est bien sûr tentante pour un
ufologue, et bon nombre de dessins sont visiblement conçus pour
être interprétés comme des messages extraterrestres
(on a même eu une réponse à un message graphique
lancé par un radiotélescope à l'intention
d'extraterrestres !) Et il n'est guère douteux que si des
extraterrestres nous visitent, ils sont capables de réaliser des
pictogrammes dans les champs de blé ! On peut même
remarquer que l'aspect déroutant des
crop circles, tout
comme leur capacité à échapper aux investigations,
sont caractéristiques du phénomène OVNI en
général. J'ai donc tendance à trouver
l'implication d'extraterrestres très plausible, voire la seule
vraisemblable en dehors de l'absence totale de mystère. Cela me
permet de prédire que toutes les « preuves » de
l'origine surnaturelle des
crop circles
sont appelées à
s'effondrer : depuis plus de cinquante ans, les ovnis se
manifestent
sans laisser aucune preuve physique solide de leur origine, il n'y a
pas de raison qu'ils agissent différemment avec les
crop
circles ! Je les crois tout à fait capables de faire des
cercles dans
les blés indiscernables de ceux qui peuvent être faits par
des plaisantins !
— Phénomène naturel : depuis que les cercles se sont
complexifiés, cette hypothèse ne peut pas être
soutenue sans faire appel à une « conscience »
contrôlant la force mise en jeu... Cela nous amène
à « l'hypothèse Gaia », selon laquelle la Terre
serait un organisme vivant réagissant à sa
« maladie » en adressant aux parasites que nous sommes des
messages d'avertissement (avant sans doute d'envoyer les anticorps)...
On y croit ou non, mais c'est une belle idée !
— Essais d'armes à micro-ondes : voilà encore une
hypothèse très en vogue dans l'ambiance conspirationniste
actuelle... Mais elle fait l'impasse sur le fait que la façon
dont les blés sont couchés, dans un mouvement circulaire,
ne peut pas se contrôler par un simple rayonnement micro-ondes.
La seule explication envisageable serait que l'armée ait mis au
point non pas une arme à micro-ondes, mais un
procédé extrêmement complexe, faisant appel
à des faisceaux de micro-ondes associés à la
création d'un vortex, n'ayant pas d'autre
utilité que de faire apparaître des figures dans les
champs de blé... Ça ne me paraît pas vraiment
raisonnable ! En outre, on a vu que les micro-ondes n'expliquent pas la
façon dont le blé se plie aussi bien que les
défenseurs de cette idée le prétendent.
Conclusions
Ces quelques jours passés au pays des
crop circles, et toutes
les informations que j'ai pu trouver par ailleurs, me conduisent
à penser que l'on nage dans l'incertitude (c'est aussi le cas
avec les ovnis, d'ailleurs)...
Ce qui est sûr, c'est que les
crop circles sont des oeuvres
magnifiques, que les questions qu'ils nous posent sont fascinantes, et
que l'ambiance est très sympathique (même la
guéguerre que se livrent les « circle-makers » et les
« céréalogistes » est plutôt
attendrissante).
Et donc, j'ai bien l'intention d'y retourner l'année prochaine,
plus longtemps, mieux équipé et parlant mieux l'anglais !
Enfin, compte tenu du territoire réduit sur lequel se
manifestent la majorité des
crop circles, le vélo c'est
un bon plan, et le mien sera du prochain voyage...
Pour en savoir plus :
À la suite de la sortie du film
Signs, pas moins de
cinq livres en français sont sortis sur les
crop circles... Vous avez l'embarras du choix.
Mais vous pouvez aussi trouver quantités d'informations sur des
sites Internet, dont voici une petite sélection :
Anne Moro : le seul site français consacré exclusivement
aux
crop circles... Très complet, une mine d'information.
CNEGU : plusieurs membres du Comité nord-est des groupes
ufologiques ont formé le VECA (voyage d'étude des cercles
anglais), et sont allés enquêter sur place en 1990. Leurs
conclusions sont plutôt sceptiques.
Crop circle research : ce site très complet inclut l'
International Database de Paul Vigay... Une véritable mine d'informations sur tous les
crop circles répertoriés.
Lucy Pringle : une des principales photographes des
crop circles.
BLT : cette équipe basée aux États-Unis a
mené les principales études biologiques sur les
blés des
crop circles...
Zef Damen : cet informaticien propose sur son site des méthodes
de reconstruction d'un grand nombre de
crop circles à l'aide
d'une règle non graduée et d'un compas... C'est
passionnant, mais il ne faut pas croire qu'il est nécessaire de
suivre cette technique complexe pour tracer les
crop circles sur le
terrain !
Circle makers : les faiseurs de cercles ont aussi leur site, et il ne
manque pas d'intérêt... Bien sûr, ils
démystifient beaucoup, mais on y trouve aussi d'étonnants
témoignages relatifs à leurs aventures nocturnes.
Robert Alessandri
Ce texte a été lu
fois depuis le 03/12/2003