Le 27 juillet 1984, une autre rentrée prise pour un Ovni
(26/03/2015)
Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
On connaît Jean-Gabriel Greslé, pilote d'avion devenu ufologue, pour son
observation, le 5 novembre 1990, d'un ovni gigantesque qui était en
fait la rentrée atmosphérique d'un étage de fusée soviétique. Beaucoup
d'ufologues ne veulent toujours pas croire qu'un pilote d'avion ait pu
faire une telle confusion, et persistent à présenter son observation comme
une des meilleurs preuves qu'il y a eu ce soir-là d'authentiques vaisseaux
extraterrestres profitant de la rentrée atmosphérique, voire la mimant,
pour se manifester en masse sans trop se faire remarquer ! J'ai
expliqué à maintes reprises, et depuis vingt ans, qu'en fait ce pilote
avait très bien décrit la rentrée atmosphérique, même s'il n'avait pas su
reconnaître ce type de phénomène, et que les
détails apparemment extraordinaires de son observation en groupe
s'expliquaient par une erreur d'appréciation mineure d'un des membres du
groupe (pas lui) durant les premières secondes de son observation.
Et nous allons voir que non seulement Jean-Gabriel Greslé n'a pas su
reconnaître une rentrée atmosphérique en 1990, mais qu'en plus ça n'était
pas la première fois !
C'est en effet une autre rentrée atmosphérique qui explique son autre
observation d'ovni, faite le soir du 27 juillet 1984, dont on trouve
le récit un peu partout sur Internet, ainsi que dans le numéro spécial VSD
de 1998 OVNI, les Preuves scientifiques :
Le 27 juillet 1984 à 23:50, alors qu'il pilote le Boeing 747-Combi du
vol Air France AF 6842 reliant Los Angeles à Montréal :
La nuit est parfaitement claire et la visibilité excellente tandis que
nous passons au nord de la ville de Detroit. La fin du vol en croisière
à 11 500 m d'altitude approche. Dans la glace latérale droite,
derrière la tête du copilote, j'aperçois une épaisse traînée lumineuse
qui dépasse l'avion à grande vitesse. Elle est attachée à un groupe
serré de 3 sphères d'apparence métallique et la trajectoire suivie
par ce phénomène est rigoureusement parallèle à notre route. Son
altitude est légèrement au-dessus de l'horizon. Un chronométrage précis
permet de voir que les objets nous doublent en 15 s. En tendant ma
main à bout de bras, tout en alertant mon équipage, j'obtiens des
mesures angulaires précises du phénomène.
Au moment où je vais demander des explications au contrôleur de la
navigation aérienne sur ce "trafic" non annoncé, c'est lui qui appelle
pour me demander de décrire ce qui vient de nous dépasser. Deux autres
vols commerciaux, un Olympic Airways et un Lufthansa, interviennent sur
la même fréquence pour confirmer cette observation !
Je demande alors à la tour de contrôle, si ses radars visualisent ce
curieux engin et lui annonce que j'envisage de déposer un
"AIRMISS" ! Le contrôleur répond que l'avion d'Air France n'est pas
à moins des "9 km réglementaires", pour justifier une telle
procédure.
Cette distance minimum de passage de l'objet, me permet d'évaluer ses
dimensions et sa vitesse. Les calculs montrent que le phénomène se
déplaçait à une vitesse supérieure à "3400 km/h" ! Le groupe
d'engins qui précédait la traînée lumineuse pouvait avoir un diamètre de
100 m environ, tandis que la traînée, très dense, opaque et
lumineuse sur toute sa longueur, s'allongeait sur environ 2 km...
Il a été estimé que les 3 objets sphériques étaient à 10 km du
Boeing 747, volaient à 3300 km/h (contre 900 km/h pour
l'avion) et avaient un diamètre de 40 à 50 m environ.
Dans son livre OVNI, un pilote de ligne parle, il donne un peu
plus de détails :
En vol, région de Détroit juillet 1984
Nous sommes en vol à l'altitude de 11.500 mètres au nord de la
ville de Détroit dont les lumières sont parfaitement visibles. Venant de
Los Angeles, nous approchons de notre destination, Montréal, après
un vol sans histoire. La nuit est claire et sans nuages. Brusquement, je
remarque derrière la tête du second pilote, par la vitre latérale
droite, une traînée lumineuse très dense qui dépasse rapidement notre
avion, un Boeing 747-Combi. Je prends par principe un "top chrono"
et fais immédiatement un appel en cabine. Un steward monte en courant ;
il sera comme le reste de l'équipage technique, témoin de l'événement.
Nous observons une traînée lumineuse d'aspect granuleux, d'une longueur
apparente égale à celle de ma main ouverte à bout de bras. Cette trace
est prédédée par ce qui semble être un groupe de trois boules d'aspect
métallique, luisantes comme de l'acier poli mais sans luminosité propre.
L'ensemble suit une trajectoire horizontale parallèle à la nôtre, à 6°
environ au-dessus de l'horizon et nous dépasse rapidement. En
15 secondes il passe du travers droit à 45° de gisement.
Comme je demande à mon second de contacter le Contrôle pour signaler ce
que nous venons d'observer, celui-ci nous appelle et nous demande de
décrire ce que nous venons de voir passer à notre droite. Je m'exécute
et entends sur la même fréquence un équipage de la Lufthansa et un autre
d'Olympic Airways confirmer notre observation. Je demande aors au
contrôleur pourquoi il nous a contactés les premiers. Réponse :
"vous étiez les mieux placés"... Ce qui confirme s'il en était besoin
que l'intrus était bien visible au radar. Quelques instants plus tard,
en réponse à une question de l'équipage de la Lufthansa, le contrôleur
précisait qu'un shérif lui avait signalé plusieurs observations par des
témoins au sol. Nous avons peut-être là une indication utile. Un engin
non-identifié a peu de chance de posséder un transpondeur; il est en
principe invisible pour les radars de contrôle actuels. Si l'on
soupçonne sa présence, ou celle d'un avion de ligne en panne de
transpondeur, il est facile pour le contrôleur de couper la fonction qui
renforce l'intensité, sur son écran, des images des avions utilisant un
code de réponse déterminé. À ce moment, son radar fonctionne comme
fonctionnaient les radars il y a 40 ans : il reçoit sur son
écran cathodique tous les échos des objets se trouvant dans la zone
qu'il couvre, OVNI, avions sans transpondeur, avions dont le
transpondeur est réglé sur un autre code que le sien.
Ce développement un peu long répond par avance à l'objection selon
laquelle tout avion doit être équipé d'un transpondeur en état de
fonctionnement pour être détecté par un radar du Contrôle de la
Navigation Aérienne. Il n'en est rien. Par un simple geste, chaque
contrôleur peut couper son système de renforcement des échos afin de
détecter tout engin circulant dans la région qu'il surveille. Dans le
cas qui nous intéresse, l'appel du shérif signalant un engin rapide et
inusuel obligeait l'opérateur radar à utiliser la procédure que nous
venons de décrire.
En fixant arbitrairement la distance de l'objet inconnu à
10 kilomètres à son passage par le travers, un calcul simple nous
permet de trouver sa vitesse et de transformer les dimensions angulaires
observées en longueurs. Nous calculons ainsi :
Vitesse objet = 10 km en 15 sec.
= 40 km/min ou 2400 km/h + vitesse avion
(900 km/h) = 3300 km/h.
Épaisseur traînée = 160m, longueur 3 km, diamètre du groupe
de sphères = 80m, soit pour chaque sphère 40 à 50m environ.
Pas grand-chose de plus que dans le texte précédent, si ce n'est une
longue digression sur le fonctionnement des radars pour justifier sa
conviction que l'objet a été repéré au radar. Si on résume, Greslé suppose
que c'est à la suite de l'appel d'un shérif que le contrôleur aurait fait
passer son radar en mode primaire pour détecter les objets dépourvus de
transpondeur, et qu'en voyant la position de l'objet sur le radar il
aurait contacté l'avion piloté par Greslé parce que c'était le plus
proche, tout en étant plus loin que la distance justifiant une alerte
Airmiss... Mais pourquoi le contrôleur n'aurait-il pas déduit ça
directement de l'appel du shérif concernant une observation au sol, sans
avoir besoin d'un écho radar qui n'est pas mentionné ?
Au vu de la description, ceux qui ne voient pas des soucoupes volantes
partout pensent à une rentrée de satellite ou un gros météore.
L'identifier est une autre histoire, et cela s'est fait sur le forum Ufo scepticisme.
On y trouve à a date du 28 juillet 1984 (mes commentaires entre
parenthèses) :
Decay date UTC : 1984 Jul 28 03:00 (3 h TU,
c'est 23 h locales la veille pour le fuseau horaire de la côte est
des États-Unis) Int'l Design. : 1984-055B (la désignation internationale
indique qu'il s'agit du deuxième objet - B - du 55e
lancement de l'année 1984) SSN : 15028 (c'est le numéro de référence du catalogue
Norad, qui fait double emploi avec la désignation internationale) Origin : Russia Name : Cosmos 1569 r (le nom du satellite qui a été
lancé) Type : R (R désigne par convention les étages de fusée) Model : 11S510 (le modèle de cet étage de fusée, le
deuxième d'un lanceur Soyouz) Mass kg : 2410 (pour comparaison, c'est un peu plus de la
moitié de l'étage de fusée responsable de notre « vague
d'ovnis » du 5 novembre 1990, responsable du second ovni vu par
Jean-Gabriel Greslé) Sighting Location : Arkansas; Mississippi; Tennessee;
Kentucky: Louisville, Lexington, London, Dry Ridge; Illinois; Indiana:
Evansville, Indianapolis; Ohio: debris found near Lebanon; Pennsylvania:
Clarion (aircraft) Sources : (AP), "A Soviet rocket called source of lights
in sky", Kentucky New Era, Jul 28, 1984: 2A;
"Air Force investigates mysterious metal disk", Lakeland Ledger,
Aug 1, 1984;
"List of Reported Space Objects Discovered by Member States within their
Territories", Number RD-84-01, U.N. Office for Outer Space Affairs,
http://www.unoosa.org/oosa/en/natact/sdnps/unlfd.html;
S. Gordon, "UFO Sighting by Pilot Over Pennsylvania", MUFON UFO
Journal, No. 200, Dec 1984: 5.
Thibaut « Bob Rekin » Alexandre, grand maître en
explication des PAN, a tout de suite fait le rapprochement avec
l'observation de Greslé, et a expposé ses conclusions sur
le forum Ufo scepticisme. La seule grosse anomalie concerne
l'heure : 23 h 50 d'après Greslé, 3 h TU pour la
rentrée d'après Ted Molczan, soit 23 h locales (que ce soit pour
Détroit ou Montréal, la destination de l'avion).
On peut vérifier la trajectoire de cette rentrée en cherchant les éléments
orbitaux, les Two lines elements sets (TLE pour les intimes)... La
référence en matière d'archives de ces données est le
site de Jonathan McDowell, qui indique comme dernières données
enregistrées pour
cet objet :
En introduisant ces TLE dans un logiciel de poursuite de satellites, comme
l'excellent JSatTrak,
on trouve :
L'objet passe non loin de Détroit à 23 h 25, ce qui nous
rapprocherait de l'heure indiquée par Greslé, mais par contre il passe
très au nord, ce qui n'est pas conforme aux indications de Greslé qui un
peu au nord de Détroit voyait l'objet à sa droite... Et en outre
Ted Molczan indique qu'un débris aurait été récupéré près de Lebanon,
une petite ville dans la banlieue de Cincinatti, que j'ai indiquée en
rouge sur la carte. Mais cette ville est bien loin de la trajectoire. Il y
a donc quelque chose qui cloche.
Si on regarde les éléments orbitaux, le troisième groupe de chiffres
indique la date à laquelle ils ont été mesurés : 84204,57258455... Ça
signifie le 204e jour de l'année 1984, en début d'après-midi.
Et le 204e jour de l'année, c'était le 22 juillet, donc plus de
5 jours avant la rentrée. Pour un satellite en phase de rentrée imminente,
qui commence à ressentir les effets de l'atmosphère, 5 jours c'est
beaucoup trop pour obtenir une trajectoire précise. Du reste, lors de son
passage près de Détroit le 28 juillet, le satellite est à une altitude de
195 km, beaucoup trop élevée pour que la rentrée se produise. Il
semble donc qu'en fait il ait été un peu plus freiné par l'atmosphère que
ne le laissaient supposer ses paramètres orbitaux. Et s'il est plus
freiné, ça se traduit par une accélération ! Eh oui, il s'agit d'un
des paradoxes de la mécanique orbitale : quand un satellite ralentit,
son orbite rétrécit et il va plus vite (la vitesse augmente, mais le
moment angulaire diminue). Mais puisqu'on sait qu'il y a eu un débris à
Lebanon, on peut modifier un peu les paramètres pour qu'il passe au-dessus
de cette ville. Le paramètre qui détermine le ralentissement par
l'atmosphère, c'est le coefficient balistique, que l'on le trouve vers la
droite de la première ligne : +72201-3, ce qui se traduit par
0,72201.10-3. Il s'agit donc de l'augmenter jusqu'à ce que la
trajectoire passe par Lebanon. Et on y parvient en le remplaçant par
+12400-2 (donc 0,124.10-2, c'est un peu moins du double de la
valeur d'origine). Si on veut être soigneux, il faut aussi modifier le
dernier caractère de la ligne, qui est un « checksum » :
caractère de contrôle permettant de vérifier qu'il n'y a pas eu d'erreur
de transmission ; on l'obtient en additionnant tous les autres chiffres de
la ligne sans se préoccuper des autres caractères, sauf les
« - » qui comptent pour 1, et en ne retenant que le chiffre
des unités. La présence de ce caractère remonte au temps où les
transmissons par télex présentaient souvent des caractères erronés, de nos
jours il y a des méthodes de correction d'erreurs efficaces et
« transparentes » si bien que ce dernier caractère n'a plus
guère d'utilité, et les logiciels de poursuite des satellites n'en
tiennent généralement aucun compte... Mais bref, si on veut être rigoureux
on trouve que ce caractère doit être 1, et les TLE ainsi modifiés
sont :
Cette fois, l'objet passe bien à droite de Détroit, et c'est à
22 h 58 mn, pratiquement l'heure annoncée par
Ted Molczan. Pour aller plus loin dans les vérifications, examinons
les autres sources de Ted : Il y a un article tiré du Mufon Ufo
Journal de décembre 1984, et deux articles de journaux américains.
Le premier a été trouvé par Gilles Fernandez, les deux autres sont scannés
dans Google
Newspaper Archives (qu'est-ce qu'on deviendrait sans Google ?
Des piétons !) et sont donc aussi visibles sur Internet (c'est sans
doute grâce à cela que Ted les a trouvés). Alors, tant que nous y sommes,
nous allons les traduire.
L'article du Mufon Ufo Journal rapporte l'observation d'un pilote
d'avion au-dessus de la Pennsylvanie :
Observation d'Ovni par un pilote au-dessus de la Pensylvanie
Par Stan Gordon, Directeur pour l'état
L'asssociation pour l'étude de l'inexpliquée de Pensylvanie (PASU)
enquête sur l'observation d'un objet volant non identifié par un pilote
et un co-pilote de la société Lear Jet, dans la nuit du 27 Juillet
1984, au-dessus du comté de Clarion, en Pensylvanie. Les deux témoins,
qui souhaitent rester anonymes (ces informations sont enregistrées par
le MUFON), étaient en vol de l'État de New-York vers Pittsburgh lorsqu'a
eu lieu l'observation aux environs de 23 h 30.
D'après des informations extraites d'une entrevue enregistrée avec le
pilote, l'équipage regardait par le pare-brise droit vers l'ouest quand
ils ont remarqué une traînée de lumière brillante descendant à un angle
de 45 degrés, avant de se stabiliser. Ils ont d'abord pensé que
c'était un météore lumineux, mais après l'avoir vu se stabiliser, ils
ont remarqué plus de détails et réalisé que l'objet semblait se
maintenir à la même altitude qu'eux, comme s'il se calait sur leur
avion. L'objet semblait avoir 12 à 15 mètres de long, être en forme
de cylindre (ou de fusée comme mentionné dans la déclaration signée par
le pilote), solide et noir en apparence. Alors qu'ils observaient
l'objet, une bouffée de flamme d'un éclat lumineux rouge-orange a été
émise de la partie arrière. Cette flamme était très lumineuse, avec la
couleur « comme la flamme d'une torche », elle avait une forme
pointue et s'étendait jusqu'à environ 15 à 20 mètres de l'objet.
Cette flamme brillante a été vue pulser trois ou quatre fois durant les
deux minutes d'observation. Chaque éclat semblait durer de 3 à
5 secondes.
Après chaque bouffée de flamme, on voyait de nombreuses étincelles qui
persistaient plusieurs secondes avant de disparaître. Un autre avion
dans la même région a appelé le centre de contrôle du trafic aérien à
Cleveland, Ohio, juste après que nos témoins l'aient fait. Les deux ont
demandé des informations sur la présence de tout autre trafic aérien
dans leur voisinage. On leur a dit que le radar n'indiquait aucun autre
trafic. L'observation a eu lieu dans les environs de Clarion,
PA., VOR. Aucune interférence avec les instruments de bord n'a été
notée. Le pilote a huit années de vol et n'a jamais rien vu de tel
auparavant. Une chose qui a déconcerté les deux observateurs, c'est
qu'alors même qu'ils se déplaçaient dans la direction opposée à l'OVNI,
l'objet semblait se déplacer à leur rythme. Lorsqu'on leur a demandé
comment ils pouvaient voir l'objet aussi longtemps s'ils se déplaçaient
dans des directions opposées, le pilote a répondu : « Je ne
comprends pas moi-même à moins qu'il puisse se déplacer en arrière. En
supposant que les flammes qui semblaient suivre son mouvement étaient
derrière lui. Nous étions sur un cap vers Pittsburgh, et il allait dans
la direction opposée vers le nord-ouest. Alors que nous descendions en
altitude il était toujours juste avec nous. Comme s'il allait en
arrière. La flamme serait projetée dans la direction du mouvement et il
nous aurait tout simplement accompagnés. »
L'étonnement des pilotes provient du fait qu'ils prennent un objet
lointain pour un objet proche... La rentrée atmosphérique se déplace bien
dans la direction opposée à la leur comme le suggère sa traînée, et à
grande vitesse, mais en raison de sa distance elle se déplace lentement
dans leur champ de vision... Les pilotes pensent qu'il s'agit d'un objet
très petit, assimilable à un avion, qui se déplace très lentement par
rapport à eux, et qui irait donc en fait dans la même direction qu'eux,
« à reculons » ! À noter aussi que ce témoignage
indique que le contrôle aérien n'a détecté aucun écho radar de l'objet, ce
qui invalide les suppositions de Jean-Gabriel Greslé (encore
qu'apparemment ça n'est pas le même centre de contrôle qui a été contacté
par les deux).
L'article du Kentucky New Era du 28 juillet indique quant à
lui que de nombreuses observations ont eu lieu au sol dans plusieurs
états :
Une fusée soviétique était la source de lumières dans le ciel
LOUISVILLE, Kentucky. - Une fusée soviétique rentrée dans l'atmosphère
terrestre a causé la brillante traînée de lumière vue dans cinq États, a
annoncé la Force aérienne.
Del Kindschi, porte-parole du Commandement de la défense aérospatiale
nord-américaine à Colorado Springs, Colorado, a déclaré que la fusée
utilisée pour lancer le satellite soviétique Cosmos 1569 le
6 juin est rentrée dans l'atmosphère à environ 23 h 00
heure de la côte Est vendredi.
Kindschi dit que la traînée de lumière causée par la rentrée de la fusée
a fait l'objet de rapports d'observation dans le Kentucky, l'Arkansas,
le Mississippi, le Tennessee, l'Indiana et l'Illinois. Il a dit que la
fusée s'était probablement désintégrée.
Dans le Kentucky, les observations de la lumière ont été rapportées à
Louisville et Lexington et par la police d'Etat à Londres et
Dry Ridge. Le Service national de météorologie a également déclaré
des rapports d'observations provenant d'Indianapolis et Evansville,
Indiana.
Le Docteur John Kielkopf, professeur de physique à l'université de
Louisville, a dit qu'il croyait que l'objet était un véhicule spatial,
car il se déplaçait trop lentement pour être une météorite. Il a dit
qu'il se déplaçait sur une trajectoire allant du sud vers le nord.
Bien qu'une pluie de météorites devait culminer aujourd'hui, « cet
objet n'était pas issu de la partie du ciel qui désignerait un
météore, » a-t-il dit.
« Ça devrait plutôt être quelque chose qui rentrerait depuis une
orbite, » dit Kielkopf.
Dans le sud de l'Illinois, le soldat d'état Ron Ashser dit avoir reçu
plusieurs appels de résidents de la région concernant la lumière.
Asher dit que deux autres soldats de l'Illinois ayant vu la lumière lui
ont déclaré qu'ils pensaient que c'était « une étoile filante ou un
avion en flammes dans le ciel. »
Remarquons au passage qu'aux États-Unis, l'explication d'une rentrée
atmosphérique est donnée dans les journaux, avec des indications précises
et correctes, dès le lendemain des observations qui ont eu lieu le soir...
Les journalistes et « spécialistes » (sans parler des prétendus
« experts ») français devraient en prendre de la graine !
Et enfin, le Lakeland Ledger du premier août précise donc qu'un
débris a été retrouvé :
L'Air Force étudie un disque de métal
FAIRBORN, Ohio - des officiers de l'Air Force ont examiné un objet
mystérieux de la taille d'une petite crêpe mardi pour déterminer s'il
s'agissait d'un morceau d'un satellite soviétique ayant brûlé lors de sa
rentrée dans l'atmosphère dans un récent spectacle de feu, ou un banal
morceau de métal.
Troy Parker, un paysagiste qui aidait à défricher le terrain où des
promoteurs prévoient de construire une réplique d'un village anglais du
15e siècle, a trouvé le morceau de métal en forme de disque
près de Lebanon, dans le sud-ouest de l'Ohio, a déclaré le département
du shérif du comté de Warren, qui a reçu l'appel lundi.
Parker était parmi ceux qui avaient vu un spectacle de feu dans le ciel
vendredi soir. Le Commandement de la défense aérospatiale
nord-américaine à Colorado Springs, Colorado, a identifié le spectacle
comme la traînée de feu d'une fusée utilisée pour envoyer le satellite
Cosmos 1569 en orbite.
Parker a déclaré que la pièce portait une écriture étrangère sur un
côté.
Helen Kavanaugh, un officier des affaires publiques à la base
Air Force de Wright-Patterson, dit que l'objet a été remis la
division des technologies étrangères pour analyse.
Et Ted Molczan donne aussi la référence du catalogue
d'objets spatiaux récupérés de l'Office des affaires spatiales, qui
décrit l'objet (un triangle métallique de 15 cm sur 7, avec un trou
au centre) et précise qu'il est « supposé être d'origine
soviétique ». L'identification n'est donc pas totalement confirmée,
mais on a vu qu'une trajectoire passant par le lieu de récupération de ce
débris est plausible, on admettra donc le passage au-dessus de Lebanon.
On peut maintenant établir une carte résumant toutes les informations que
l'on possède :
En orangé, la trajectoire de la rentrée, passant à 22 h 57
au-dessus de Lebanon. Le débris supposé qui a été trouvé dans cette
localité est très petit, il est donc vraisemblable que des débris plus
gros, responsables de la grosse traînée, aient continué leur course encore
un moment, comme le suggèrent les témoignages des pilotes. Il est clair en
tout cas que la rentrée était en phase finale, on peut supposer que
l'altitude des gros débris était d'une cinquantaine de kilomètres au
niveau de Detroit.
En vert, les états où des témoignages visuels ont été signalés d'après les
articles de journaux. On voit que c'est assez cohérent avec la trajectoire
de la rentrée. Par l'expérience de rentrées atmosphériques ou de météores
mieux étudiées, notamment celle du 5 novembre 1990, on sait que la densité
des témoignages est à peu près constante jusqu'à de l'ordre de 300 km
de la trajectoire : en deçà, le fait que la rentrée passe plus ou
moins haut dans le ciel n'a pas beaucoup d'influence sur la probabilité
qu'on l'observe, mais au-delà il est fréquent que des obstacles limitent
le champ de vision.
En rouge, les avions de Jean-Gabriel Greslé et du pilote interviewé par le
Mufon. Notons que si on se fie aux témoignages, il devait y avoir au moins
cinq avions en vol d'où le phénomène a été vu : Greslé indique que
deux autres avions de ligne, respectivement de la Lufthansa et d'Olympic
Airways, ont communiqué avec le centre de contrôle, et il ne pouvait pas
s'agir du pilote signalé par le Mufon puisqu'il pilotait un avion privé de
la société Learjet ; et ce dernier signale de son côté qu'un autre
avion avait communiqué avec le même centre de contrôle que lui.
La position de l'avion d'Air France est celle qu'il aurait au nord de
Détroit, comme l'indique le pilote, en suivant la trajectoire la plus
courte pour aller de Los Angeles à Montréal. Il passe alors à 250 km
au nord de Détroit. Il est très possible qu'il soit passé en fait plus
près, et dans ce cas plus près aussi de la trajectoire de la rentrée. La
position du second pilote est plus sûre, au-dessus du comté de Clarion et
en approche de sa destination Pittsburgh.
Voyons maintenant si les indications des pilotes sont compatibles avec ce
que nous savons de la rentrée atmosphérique...
Parlons d'abord du pilote de Pensylvanie... Il indique qu'il a d'abord vu
l'objet à droite, vers l'ouest, ce qui est à peu près cohérent avec la
rentrée (ça serait plutôt le sud-ouest). Et l'objet se dirigeait en sens
inverse de son avion, ce qui est aussi à peu près le cas, et qu'il allait
vers le nord-ouest... Cette dernière indication n'est pas très conforme à
la rentrée, mais pas non plus avec celle qu'il allait dans la direction
opposée à l'avion, puisqu'un cap nord-ouest serait presque perpendiculaire
à celui de l'avion ! Soit le pilote a indiqué par erreur nord-ouest
au lieu de nord-est, soit il parlait de la direction où l'objet a disparu,
ce qui serait cette fois cohérent. Il indique une durée d'observation
d'environ deux minutes, ce qui serait tout à fait conforme à une rentrée
atmosphérique vue sur une partie de sa trajectoire. La vitesse est de
500 km par minute au début de la rentrée, nettement moins en fin de
trajectoire ; l'objet aurait donc parcouru de l'ordre de 800 km
en deux minutes sur la trajectoire indiquée. Pour ce qui est de la forme,
il indique un objet cylindrique de 12 à 15 mètres de long suivi d'une
flamme lumineuse de 15 à 20 mètres, mais étant donné qu'il ne donne
aucune évaluation de distance on ne peut pas en déduire la dimension
apparente. Ça serait en bon accord avec une rentrée atmosphérique typique
s'il pensait que l'objet se trouvait à 100 ou 200 m de lui.
Passons à l'observation de notre compatriote Jean-Gabriel Greslé, qui nous
intéresse particulièrement.
Il dit qu'il a vu l'objet arriver à sa droite, et derrière la tête de son
copilote, donc à plus de 90° du cap de l'avion. C'est tout à fait
compatible avec la rentrée. Puis, l'objet aurait doublé l'avion sur une
trajectoire parallèle à la sienne... Ça, ça n'est pas très exact,
puisqu'il y a une quarantaine degrés d'écart entre les deux trajectoires,
mais cet écart serait un peu réduit si l'avion passait plus au sud, plus
près de Détroit, pour aller toujours en direction de Montréal.
En ce qui concerne la vitesse, l'objet aurait mis 15 s,
chronométrées, pour passer de 90° à 45°. Ça voudrait dire qu'il aurait
parcouru une distance à peu près égale à celle de sa distance minimale à
l'avion, soit 275 km si l'avion était à la position sur la carte. Ça
donnerait une vitesse de 1100 km par minute, soit à peu près deux
fois et demie la vitesse de la rentrée atmosphérique. Ça paraît gros comme
erreur, d'autant qu'il dit que la durée a été chronométrée, mais par
contre l'angle était difficile à mesurer, surtout avec le copilote qui
gênait l'observation à droite. Cette erreur-ci serait aussi réduite si
l'avion avait été plus proche de la trajectoire, soit parce qu'il passait
plus au sud, soit parce qu'il était un peu plus près de sa destination,
soit encore parce que la trajectoire de la rentrée passerait un peu plus à
l'ouest, le débris tombé à Lebanon n'étant pas formellement identifié.
Compte tenu de ces incertitudes, on peut considérer que l'estimation de
Greslé est à peu près conforme à la rentrée atmosphérique.
Il ne nous dit pas comment l'observation s'est terminée, ni combien de
temps elle a duré au total, mais compte tenu du récit des échanges entre
la tour de contrôle et d'autres avions il est clair qu'elle a duré
nettement plus que les 15 secondes « chronométrées ». La
trajectoire de la rentrée coupait la route de l'avion, ce qui n'est pas
conforme aux indications de Greslé, mais on sait que la rentrée était en
phase finale, elle a donc dû baisser de luminosité pour devenir
pratiquement invisible avant de couper sa route (lorsque les débris d'une
rentrée atmosphérique ou d'un météore ont perdu une grande partie de leur
vitesse, ils ne sont presque plus échauffés par l'atmosphère et ne sont
plus visibles : on appelle cela la phase de
« vol noir »). En l'absence de précision, ça peut coller.
Greslé donne aussi des indications sur la dimension de l'objet... En
supposant qu'il se trouvait à une distance minimale de 10 km, l'objet
aurait été constitué d'un groupe de trois spères formant un ensemble d'une
centaine de mètres de diamètre, suivi d'une traînée de deux kilomètres de
longueur. Dans son livre, il estime en outre le diamètre des sphères à 40
à 50 m, et l'épaisseur de la traînée à 160 m. Si la rentrée
passait à 275 km, il faut tout multiplier par 27,5 pour avoir les
dimensions réelles : des sphères de 1,5 km de diamètre formant
un amas de 2,5 km, et une traînée de 60 km de longueur et
4,5 km d'épaisseur. C'est assez typique d'une rentrée atmosphérique,
sachant que les sphères et traînées matérialisent un gros volume d'air
ionisé, bien plus important que celui de l'objet lui-même. Les dimensions
seraient par ailleurs réduites si la rentrée passait en fait plus près de
l'avion que le plan ne l'indique, ce qui paraît assez vraisemblable au vu
des autres données.
À noter que Greslé indique que les sphères étaient « d'aspect
métallique, luisantes comme de l'acier poli mais sans luminosité
propre », mais dans ce cas comment les aurait-il vues alors qu'il
faisait nuit noire ? On doit supposer que ces sphères avaient
l'aspect de sphères métalliques reflétant le soleil de jour, ce qui est
assez compatible avec la description des débris d'une rentrée
atmosphérique.
Enfin, Greslé indique dans son livre une estimation de la hauteur
angulaire par rapport à l'horizon, de 6°. Si on estime que l'altitude de
la rentrée était de 50 km, assez typique en fin de trajectoire, ça
serait 38,5 km au-dessus de l'avion. Pour une distance de
275 km, en tenant compte de la courbure de la Terre, cela correspond
à une hauteur angulaire de 7° par rapport à l'horizontale, ou 10,5° par
rapport à l'horizon (les deux n'étant pas identiques à l'altitude d'un
avion en vol). On n'est dans tous les cas pas très loin. L'erreur serait
par contre accentuée si la distance de la rentrée était moindre, ce que
d'autres indications laissent supposer. Remarquons que cette indication
précise de 6° ne figure que dans son livre, et nous allons voir qu'il y a
de bonnes raisons de penser que le récit de l'autre texte est beaucoup
moins tardif.
On peut tout de même dire que dans l'ensemble, l'accord avec la rentrée,
que ce soit dans la description, dans les estimations angulaires ou dans
la durée, est plutôt bon.
Il reste un dernier point épineux : l'heure de l'observation. L'heure
de la rentrée est précis si le débris retrouvé provient bien de cet objet,
ce qui n'est pas certain... Mais elle ne peut pas de toute façon être
beaucoup plus tardive que les 23 h indiquées comme heure des
observations au sol. Le pilote de Pensylvanie aurait donc fait une erreur
d'une demi-heure, ce qui n'est pas impossible du fait qu'il ne donne
qu'une heure approximative, mais Greslé donne de son côté une heure
précise : 23 h 50. Se serait-il trompé d'une heure ?
Les fuseaux horaires de Détroit, Montréal et toute la côte est sont les
mêmes, et s'il s'était trompé avec le fuseau horaire plus à l'ouest
l'erreur aurait été dans l'autre sens.
Mais ce que l'on remarque, c'est qu'il n'indique aucune heure dans son
livre, où il donne pourtant plus de détails que dans son autre texte.
C'est dans ce dernier que l'heure est indiquée, ce qui nous amène à nous
interroger sur l'origine de ce texte... On le trouve un peu partout sur
Internet, avec quelques variantes... Et curieusement, ces variantes
portent surtout sur la première phrase, celle où il indique l'heure :
Le 27 juillet 1984 à 23:50, alors qu'il pilote le Boeing 747-Combi
du vol Air France AF 6842 reliant Los Angeles à Montréal.
Et on remarque aussi qu'en général, cette première phrase est conjuguée à
la troisième personne.
Le reste du texte, « La nuit est parfaitement claire... », est
pratiquement toujours le même, et conjugué à la première personne comme
s'il s'agissait d'un récit direct.
Et parmi les variantes de la première phrase, il y en a une qui a
particulièrement attiré mon attention, bien qu'on ne la trouve que dans
une source qui n'est a priori pas la plus sérieuse, le site The
Invaders (et flûte, la page en question a été supprimée, mais
je vous assure qu'elle existait encore il y a quelques jours avec le texte
que j'ai copié-collé... C'était la « page-107 », et il y a
toujours la 106 et la 108 mais la 107 a disparu, c'est un complot pour
faire disparaître les preuves !) :
Rapport établi le 27 juillet 1984 à 23:50, alors qu'il pilote le Boeing
747 vol d'Air France (AF 6842), reliant Los Angeles à Montréal.
Tiens donc, il n'est pas dit que c'est l'observation qui a été faite à
23 h 50, mais que c'est le rapport qui a été établi ! Voilà
qui pourrait être l'explication : le texte repris un peu partout
serait celui d'un rapport qu'aurait rédigé Greslé juste après son
observation (et donc beaucoup plus fiable que le récit dans son livre
publié neuf ans plus tard), et il aurait indiqué l'heure à laquelle il
aurait terminé ce rapport, peu avant ou après l'atterrissage. Il faudrait
avoir une confirmation de Jean-Gabriel Greslé sur ce point particulier,
mais je doute que nous l'obtenions... Ça fait une vingtaine d'années que
j'attends en vain une réponse concernant mon interprétation de son
observation du 5 novembre 1990, l'autre rentrée atmosphérique qu'il a
prise pour un ovni mais qu'il a aussi décrite plutôt bien !