5 novembre 1990 :
Les ovnis fabriqués par des ufologues
(05/11/2011)
Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
Mise à jour (30/06/2015)
Le 5 novembre 1990 à 19 h précises, des milliers de témoins en France et
dans d'autres pays d'Europe ont observé un immense ensemble de lumières
traverser le ciel en silence. Après quelques jours d'hésitation, cet
événement a été expliqué par une rentrée atmosphérique... L'affaire en
serait sans doute restée là si le « service d'expertise »
concerné n'avait pas donné des informations pour le moins fantaisistes
concernant cette rentrée, entraînant le doute de beaucoup d'ufologues...
Depuis, toutes les réponses ont été données (sans fausse modestie, j'y
ai pas mal contribué) montrant que l'explication est correcte pour
l'immense majorité des témoignages, mais certains persistent malgré tout
à faire de ce non-événement (d'un point de vue ufologique en tout cas)
une fantastique vague d'ovnis.
C'est le cas de Joël Mesnard, ancien directeur de la revue Lumières
dans la nuit, qui annonçait dans le numéro 306 de cette revue, peu
après la « vague », une « découverte en ufologie :
LE PARASITAGE DES RENTRÉES ATMOSPHÉRIQUES », et sélectionnait
« six cas parmi les plus probants » prouvant selon lui qu'il y
avait eu autre chose que la rentrée atmosphérique ce soir-là dans le
ciel.
À l'occasion du dixième anniversaire de cette soirée, il récapitulait
dans un long dossier « au moins 30 exemples flagrants »,
portés finalement à 34, et une trentaine d'autres qui lui paraissaient
moins probants. Ce dossier, retranscrit sur plusieurs sites Internet,
est devenu la référence des croyants à la fantastique vague d'ovnis du 5
novembre 1990.
C'est à l'examen critique de tous ces cas que j'ai consacré ce texte. On
trouve parmi ces observations la plupart de celles qui ont été
régulièrement citées dans des documentaires à la radio ou la télévision,
il s'agissait donc d'étudier pratiquement tous les arguments avancés par
les tenants de cette vague, concernant en tout cas les témoignages...
Depuis, Joël Mesnard a étendu ses « exemples flagrants » à 52,
il était donc temps de nous mettre à jour pour savoir ce que valent les
nouveaux témoignages censés prouver la réalité d'un phénomène ayant
« parasité » ou « mimé » la rentrée atmosphérique.
J'ai donc ajouté ces nouveaux cas, dont certains ne manquent pas
d'intérêt, à la fin du texte, et mis à jour la
carte des « exemples flagrants ».
Et puis, en mars 2015, la chaîne de télévision Numéro 23 a diffusé
dans sa série « les Dossiers du Surnaturel » un reportage sur
la vague du 5 novembre 1990, lequel est depuis régulièrement rediffusé.
J'en ai fait un
compte-rendu détaillé et très commenté. C'était la première fois à
la télévision que la rentrée atmosphérique à l'origine de cette vague
d'observations était correctement expliquée. Et le scoop, c'est qu'après
presque 25 ans, le Geipan, service officiel d'étude des ovnis
dépendant du Cnes, a enfin reconnu les grosses erreurs commises à
l'époque par le service qui le précédait, le Sepra, lequel était supposé
en plus d'étudier les ovnis expertiser les rentrées atmosphériques !
On trouve aussi dans ce reportage de nouvelles interviews de témoins
dont nous avons parlé ici, que j'ai donc ajoutées pour les cas
concernés :
— cas de Vouziers :
le témoin supposé de ce cas, Alain Hatat, a témoigné dans ce
documentaire, et il ne se trouvait pas à Vouziers mais à Reims, à une
cinquantaine de kilomètres ! Soit sa mémoire le trahit, soit plus
vraisemblablement c'est Joël Mesnard qui lui a faussement attribué
l'observation de Vouziers ;
— cas de Thugny-Trugny :
les témoins, Éric Zuccari, sa femme et son fils, expliquent qu'ils
n'acceptent absolument pas l'explication par la rentrée atmosphérique.
Notons qu'à la suite du reportage, M. Zuccari m'a contacté, et nous
avons échangé plusieurs courriers, que j'ai aussi reproduits ;
— cas de Chalonnes
sur Loire : le témoin Pierre Boisdé ne veut pas non plus entendre
parler de la rentrée, mais la reconstitution faite sur place permet
d'apporter de nouvelles précisions ne laissant guère de doutes ;
— cas de Neufgrange :
Mme Clouet a eu la chance unique d'observer à la fois la rentrée
atmosphérique et un autre phénomène, une « sphère noire munie d'une
rangée de hublots carrés » ;
— cas de Colmar :
on connaissait la vidéo de Patrick Depin, l'unique enregistrement
physique du phénomène, on a maintenant aussi son témoignage ;
— cas de Villavard :
un des témoins, Jacky Davézé, revient encore une fois sur son
observation.
J'ai aussi mis à jour le cas de Gretz-Armainvilliers, dont le témoin le
plus connu est l'ancien pilote d'avion de ligne Jean-Gabriel Greslé,
pour signaler qu'il avait déjà auparavant pris une rentrée atmosphérique
pour un ovni. Vous pouvez consulter le dossier
complet ici.
Et puis, j'ai ajouté ci-dessous une courte présentation de la revue Lumières
dans la nuit, parce malgré toutes les critiques que j'ai pu faire
au sujet de ce dossier sur la vague de 1990, il me semble important
qu'une telle revue existe et continue à présenter des enquêtes, et tout
n'est pas à jeter loin de là ! C'est d'ailleurs en grande partie
grâce à Joël Mesnard et quelques autres ufologues que nous disposons des
témoignages pour étudier cette vague d'observations.
Et juste après j'ai complété la partie concernant la réalité de la
rentrée atmosphérique, parce que malgré tous les efforts d'information
que moi et d'autres avons fournis je lis encore beaucoup de sottises à
ce sujet, notamment de la part de Joël Mesnard !
Lumières dans la nuit et l'histoire de l'ufologie
Avec plus de cinquante ans d'existence, la revue Lumières dans la nuit
est une véritable institution... On peut lui adresser bien des critiques,
et je ne manquerai pas de le faire, mais on doit aussi saluer cette
longévité !
Créée en 1958 par Raymond Veillith, cette revue traitait de sujets divers
et marginalisés pas forcément liés aux ovnis, mais après une dizaine
d'années elle s'est entièrement consacrée à l'ufologie.
Dans les années 70, alors que la France connaissait une grande vague
d'observations en 1973 et 1974 et que les livres et émissions de
Jean-Claude Bourret allaient rendre le sujet populaire, LDLN était
devenue, outre une revue, le principal réseau d'enquêteurs en France.
En 1977, deux événements allaient bouleverser l'ufologie en France :
la création du Gepan, le service officiel d'étude des ovnis au sein du
Cnes, et la parution du livre de Michel Monnerie Et si les ovnis
n'existaient pas ?, qui allait être à l'origine du courant des
« nouveaux ufologues » défendant l'hypothèse sociopsychologique.
Il y avait depuis longtemps un courant sceptique concernant les ovnis,
bien représenté en France au sein de l'Union rationaliste, mais ses
défenseurs n'avaient en général pas beaucoup enquêté sur ces
phénomènes : c'était un scepticisme de principe, en quelque sorte. Il
en allait tout autrement avec Michel Monnerie, qui avait été pendant
longtemps un des principaux enquêteurs de Lumières dans la nuit,
spécialisé notamment dans l'étude des photographies.
Et c'est aussi dans Lumières dans la nuit que les idées un peu
brouillonnes de Monnerie ont été défendues et clarifiées par Jacques
Scornaux, avec un article en deux parties intitulé prudemment et si
Michel Monnerie n'avait pas tout à fait tort ?
Mais LDLN s'est vite écartée de ce courant et a évincé Monnerie...
Les « nouveaux ufologues » se sont alors rassemblés au sein de
la nouvelle revue Ovni-Présence, disparue depuis, et LDLN
est devenue en quelque sorte une revue de résistance à ce nouveau courant.
En 1988, Raymond Veillith prenait sa retraite, et cédait la revue à Joël
Mesnard, qui avait réalisé nombre d'enquêtes pour Lumières dans la
nuit ou encore Phénomènes Spatiaux.
Mesnard est un émule d'Aimé Michel, qui pensait que le phénomène ovni
resterait incompréhensible, et que tout ce que l'on pouvait faire était de
l'ordre du constat. LDLN est donc une revue présentant
essentiellement des enquêtes sur des observations. Ce qui n'empêche qu'on
y trouve aussi bon nombre d'articles de réflexion, souvent intéressants.
Le problème est qu'à force de refuser de discuter avec les sceptiques,
Joël Mesnard et d'autres ufologues se sont marginalisés dans un milieu de
pensée unique et ont perdu tout sens critique. Les enquêtes ont perdu
beaucoup de leur crédibilité, puisqu'il n'y a personne pour les
critiquer ! Mesnard était tout à fait capable de faire des enquêtes
sérieuses, on en trouve un bon nombre dans Phénomènes Spatiaux ou
LDLN d'autrefois, mais nous verrons à quel point son fanatisme l'a
aveuglé. Quant aux autres enquêteurs, il s'agit pour l'essentiel de
lecteurs de LDLN complètement acquis aux idées de Mesnard.
Joël Mesnard s'est fait le champion du « mimétisme » : il
est tout à fait persuadé que l'intelligence malicieuse qui se manifeste
derrière les ovnis « imite » des phénomènes triviaux pour mieux
semer le trouble... Les ovnis imitent les sky trackers, la Patrouille de
France, les lanternes thaïlandaises, et bien sûr les rentrées
atmosphériques !
Alors, quand il y a eu cette « vague » de 1990, Joël Mesnard
s'est vite persuadé que bon nombre de témoins avaient assisté à des
manifestations ayant « profité » de la rentrée pour se
manifester, en l'imitant de manière imparfaite... Et sa position
concernant cette « vague » est restée inchangée depuis les
premiers articles qu'il lui a consacrés...
Contrairement à d'autres ufologues français, par exemple Jean Sider ou
Franck Marie, Mesnard admet qu'une rentrée atmosphérique explique une
bonne partie des témoignages : disons plutôt qu'il en accepte
l'éventualité, parce qu'il ne manque tout de même pas une occasion
d'exprimer ses doutes à ce sujet, et d'autre part il n'a pas fait beaucoup
d'efforts pour se renseigner et renseigner ses lecteurs sur ce type de
phénomènes ! Mais pour lui, des centaines de témoignages
sont totalement incompatibles avec l'explication par la rentrée
atmosphérique : d'authentiques ovnis qui auraient
« profité » de la rentrée pour se manifester sans trop se faire
remarquer, des engins ayant « parasité » la rentrée...
À la fin 2014, Joël Mesnard a lui aussi pris sa « retraite »
ufologique (ce qui ne l'empêchera pas de s'exprimer), et a cédé LDLN
à Sylvie et Laurent Boulanger, qui ont quelque temps poursuivi sa publication, mais ils ont malheureusement
fait faillite et la revue a été mise en liquidation en 2016. Elle a ensuite été reprise
par Jean-Louis Lagneau, qui arrive pour l'instant à poursuivre sa parution. Nous
verrons ce que deviendra la revue sous sa direction, mais dans tous les
cas il est à souhaiter qu'elle continue... Internet a bouleversé
l'ufologie et la presse en général, mais pas toujours en bien, et il est
important que des revues sur papier perdurent. Nous avons du reste hélas
assisté tout récemment à la disparition d'une autre revue d'ufologie bien
connue : Ufomania de Didier Gomez, dont la vocation
d'ufologue s'est révélée à la suite de son observation du 5 novembre
1990 !
Pour tous renseignements sur la revue LDLN, consultez son nouveau
site : www.ldlnufologie.com.
La réalité du phénomène
Les promoteurs de la « vague d'ovnis » du 5 novembre, à
commencer par Joël Mesnard, ne cherchent absolument pas à savoir à quoi
pouvait ressembler la rentrée atmosphérique en cause, et continuent 25 ans
plus tard à raconter les pires inepties à son sujet et au sujet des
rentrées en général. J'en ai déjà beaucoup parlé par ailleurs, mais il est
bon de faire un petit récapitulatif.
Il faut dire que les ufologues avaient à l'époque de bonnes raisons de
douter de l'explication, puisque le service du Cnes censé alors expertiser
les rentrées atmosphériques a lui-même fait preuve de l'ignorance la plus
totale en la matière, en indiquant notamment une trajectoire
« Pau-Strasbourg » fausse de quelque 200 km ! Il avait
pourtant toutes les données pour calculer la trajectoire réelle avec une
précision de quelques kilomètres, mais le problème était que le directeur
de ce service, Jean-Jacques Velasco, n'avait tout simplement aucune
connaissance sur ce type de phénomène... Et il n'avait d'ailleurs a priori
pas à en avoir lorsque son service s'appelait le Gepan et étudiait
les « phénomènes aérospatiaux non identifiés », mais un jour
quelqu'un (lui-même d'après une interview dans la presse) a décidé que ça
ferait plus sérieux aux yeux du public de l'appeler « Service
d'expertise des phénomènes de rentrée atmosphérique », et c'est là
que les choses se sont compliquées ! Quand Velasco, à qui tout le
monde demandait des réponses, a reçu un télex de la Nasa donnant des
indications sur la rentrée atmosphérique, il a vu qu'il y avait un
« point de chute théorique » près de Strasbourg, il y avait
l'indication d'un angle de 51,7° correspondant à l'inclinaison de
l'orbite, il a donc pensé qu'en traçant une droite inclinée de cet angle à
partir de ce « point de chute » il aurait la trajectoire, et il
a annoncé fièrement le résultat de ses calculs à toute la presse le 9
novembre !
Résultat que le Cnes et son « service d'expertise des rentrées
atmosphériques », renommé en douce « Service d'étude des
phénomènes rares atmosphériques » pour tenter de faire oublier la
fumisterie, puis Geipan, n'a jamais démenti en 24 ans... Mais tout
arrive, et à l'occasion du documentaire de la chaîne Numéro 23
sur la vague du 5 novembre, dont j'ai déjà parlé, le Geipan a enfin admis
son erreur de trajectoire et le manque de connaissances en la matière de
son directeur d'alors. Et il a mis sur son site une nouvelle page
d'explications, avec la
trajectoire recalculée... Encore fausse ! Mais beaucoup moins
tout de même, il n'y a plus qu'une quarantaine de kilomètres d'erreur sur
la trace au sol et une trentaine sur l'altitude ! L'explication est
apparemment que le logiciel maison de reconstitution des rentrées
atmosphériques, « Debrisk », ne tient pas compte des perturbations
gravifiques dues à l'aplatissement de la Terre. J'ai signalé l'erreur et
son origine probable à Xavier Passot, directeur actuel du Geipan... Depuis
je n'ai pas de nouvelles, on n'a même pas daigné répondre à ma demande de
téléchargement de Debrisk, et depuis la nouvelle fausse
trajectoire est toujours sur le site du Geipan ! Bref ne désespérons
pas, peut-être qu'à l'occasion du cinquantenaire de la vague
d'observations le Cnes annoncera enfin la vraie trajectoire de la rentrée
atmosphérique !
En attendant, la voici, au-dessus de tous les pays survolés :
On ne sait pas exactement où la rentrée s'est achevée : on connaît
des observations jusqu'en Tchéquie, mais d'après Pierre Neirinck qui est
un authentique spécialiste des rentrées atmosphériques (et que personne
n'a écouté à l'époque puisqu'il y avait un service officiel censé
s'occuper de ça !) c'est probablement encore plus loin, en Pologne ou
en Ukraine, que les quelques débris les plus résistants ont dû atteindre
le sol.
Les rentrées atmosphériques commencent à être visibles à une altitude de
l'ordre de 130 km, le frottement de l'atmosphère étant alors
suffisant pour porter à incandescence la surface de l'objet. À une telle
altitude, un objet est visible à plus de mille kilomètres. On a donc eu
des observations sur tout le territoire français, mais aussi en Espagne,
Angleterre, Suisse, Italie, Belgique, Allemagne, Autriche... C'est tout de
même en France que le phénomène a été le plus spectaculaire.
L'objet responsable est un troisième étage de fusée soviétique Proton...
Certains ufologues ont aussi voulu contester cela, du fait que le télex de
la Nasa indique que l'objet ayant effectué sa rentrée est une
« plate-forme » et non un étage de fusée... Joël Mesnard
continue inlassablement à le répéter, comme il l'a fait en 2007 dans LDLN
n° 388 : Jean Sider a obtenu du NORAD un renseignemnt selon
lequel l'objet rentrant aurait été non pas un étage de fusée, mais un
simple élément de jonction entre le troisième étage et la charge placée
sur orbite. L'explication est connue depuis longtemps, mais Mesnard et Sider
ne veulent pas l'entendre : lors d'un lancement géostationnaire par un
lanceur Proton, deux objets sont abandonnés en orbite basse : le
troisième étage et l'enveloppe (le « capot ») du quatrième, qui
n'a plus d'utilité hors de l'atmosphère. Sa masse est de 800 kg (ce
qui n'est tout de même pas rien) alors que celle du 3e étage
est de 4,2 tonnes à vide, mais les deux ont une dimension similaire
et il arrive donc qu'ils soient confondus lors des premiers repérages au
radar. Plus tard, on les différencie sans mal du fait que cette enveloppe
est beaucoup plus sensible au frottement atmosphérique que le troisième
étage et retombe plus rapidement... Il y a donc eu inversion, j'en
ai donné toutes les preuves ici, le Norad n'a pas fait la correction
parce que les deux objets étant retombés rapidement ça n'avait pas
d'importance, mais les amateurs de satellites l'avaient bien faite comme
Pierre Neirinck l'a indiqué.
Et d'autre part, il est clair que c'est bien un étage de fusée qui est
rentré puisque tous les témoins situés sur la côte atlantique ont décrit
une explosion à l'origine du phénomène, ayant formé un nuage... Un simple
capot en métal n'aurait pas pu exploser, il fallait pour cela des
réservoirs avec un reste de carburant.
Joël Mesnard note encore dans ce même numéro 388 de LDLN : Peut-on
réellement imaginer que le spectacle pyrotechnique provoqué par
l'échauffement d'un simple morceau de métal soit étalé sur une
soixantaine de kilomètres ? C'est difficile à concevoir. De plus,
en réponse à une demande écrite de Jean Sider, le NORAD, en la personne
de Scott W. Johnson, de l'USSPACECOM, lui a précisé par courrier
que les descriptions fournies par les témoins avaient peu de chances de
se rapporter à une rentrée atmosphérique, qui se présente généralement
sous un aspect comparable à celui d'une météorite, ou d'un essaim de
météorites. (Voir LDLN 338, pp. 4 et 5).
Au sujet de cette réponse obtenue de Scott W. Johnson, Mesnard oublie
juste de préciser que ce personnage n'est que le chargé de relations
publiques du NORAD, et que pour obtenir cette réponse Sider n'a rien
trouvé de mieux que lui envoyer une planche de dessins faits non pas par
des témoins de la rentrée, mais par Franck Marie qui a interprété à sa
façon les témoignages !
Mesnard disait aussi en novembre 2013, dans une interview pour Bob
vous dit toute la vérité :
On est mal renseignés sur l'aspect que pouvait effectivement présenter
la rentrée. Quelle place ça occupait dans le ciel, sous quel angle
c'était visible, compte tenu de la couverture nuageuse qui n'était quand
même pas négligeable ce soir-là, est-ce que c'était visible de partout,
on s'est bien gardé de nous donner ces renseignements. On nous a assuré
que, dormez braves gens, c'est une rentrée de satellite soviétique,
circulez y a rien à voir, mais on ne nous a pas donné trop de tuyaux sur
par exemple l'étalement en longueur, et puis aussi en largeur du nuage
de débris incandescents. Moi à l'époque j'avais tenté de le savoir, je
m'étais heurté à un mur, comme si la question ne présentait aucun
intérêt.
Le problème, c'est qu'il s'est contenté de poser la question au directeur
du « service d'expertise » des rentrées atmosphériques au Cnes,
et qu'il ne pouvait pas savoir que ce dernier n'avait pas la moindre
connaissance dans ce domaine ! Un véritable spécialiste des rentrées
atmosphériques comme Pierre Neirinck lui aurait répondu que ce nuage de
débris atteint couramment une centaine de kilomètres en longueur et une
vingtaine en hauteur (beaucoup moins en largeur en général, mais la
rentrée du 5 novembre 90 fait figure d'exception en raison de l'explosion
initiale).
Et une telle dimension est bien normale, puisque les différents débris
parcourent un bon millier de kilomètres entre la fragmentation initiale et
le survol de la France, et sont plus ou moins soumis au freinage
atmosphérique selon leurs dimensions, forme et masse... Et pour ce qui est
de la dispersion due à l'explosion, il est facile de comprendre que le
rapport du rayon du nuage de dispersion sur la longueur du parcours sera
égal au rapport de la vitesse maximale imprimée aux débris par l'explosion
sur la vitesse du satellite... Étant donné qu'une telle explosion éjecte
des débris à des vitesses largement supersoniques, le nuage de débris
s'étendra à plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions.
Quant à la luminosité du phénomène, il faut penser qu'une étoile filante
banale résulte de l'échauffement d'un objet de la taille d'un grain de
riz, à plus de 100 km d'altitude. Un météore de plusieurs kilogrammes
est déjà quelque chose de spectaculaire... Ici, on a plus de quatre tonnes de
débris ! Pour ceux qui sont un peu matheux, il faut considérer que
c'est l'énergie cinétique de l'objet, égale à Mv2/2, qui est
convertie en chaleur, et donc en partie en lumière, pendant les quelques
minutes de la rentrée. On trouve que la luminosité devait être de l'ordre
du dixième de la pleine lune...
Autre affirmation de Joël Mesnard à Bob vous dit toute la vérité :
Si la rentrée de satellite a mis environ deux minutes pour traverser la
France de Royan à Strasbourg, le temps maximum pendant lequel elle a pu
être observée d'un point donné ça doit être de l'ordre d'une dizaine de
secondes.
Et c'est aussi ce que disait Velasco, le supposé « expert
officiel » en 1990, on ne pouvait donc pas en vouloir aux ufologues
d'avoir répété cette ânerie, mais qu'ils continuent à le faire vingt ans
après ça n'est pas excusable !
À la vitesse de 28 000 km/h qui est celle de tout satellite en orbite
basse, ce phénomène survolait la France entre 18h59'40" et 19h01'20". Un
phénomène passant à 100 km d'altitude peut être vu à une distance de
plus de mille kilomètres pourvu que l'horizon soit dégagé. Et puisque
l'objet se déplace à un peu moins de 500 km par minute, un témoin qui
a la chance d'avoir un horizon dégagé des deux côtés pourra le voir
approcher pendant plus de deux minutes, et s'éloigner pendant la même
durée. Et si la rentrée atmosphérique vue à 200 km a la dimension
d'une constellation telle que la Grande ourse et une luminosité proche de
celle de la Lune, lorsqu'elle est à mille kilomètres elle a encore une
dimension supérieure à la Lune et une luminosité de plusieurs fois celle
de Vénus, ça ne passe pas inaperçu ! Bien sûr, il est rare qu'un
témoin jouisse d'une vue parfaitement dégagée et regarde dès le début dans
la bonne direction, mais une durée d'observation d'une ou deux
minutes est courante, on est loin de la dizaine de secondes !
Et c'est bien ce que les témoins décrivent : sur l'ensemble des
témoignages recueillis par Franck Marie, on trouve que la dimension
angulaire moyenne estimée est de 35°, à peine exagérée par rapport à la
dimension réelle de la rentrée atmosphérique, et la durée moyenne
d'observation est d'une minute et demie, tout à fait plausible.
En se représentant la rentrée sous la forme d'une petite gerbe
d'étincelles visible pendant quelques secondes, Mesnard semble penser que
tous les témoins qui ont d'après lui observé autre chose sont d'une
fiabilité absolue, alors que ceux qui ont observé la rentrée se trompent
d'un facteur énorme à la fois sur la dimension apparente et sur la durée
du phénomène !
Toutes ces lumières semblaient se déplacer de concert : leur
disposition variait en réalité lentement, mais cela pouvait être
interprété comme des changements de perspective.
Certains ufologues se réfèrent à des vidéos de rentrées atmosphériques
trouvées sur Internet pour montrer que ça n'évoque pas du tout ce que
les témoins décrivent... Mais outre le fait qu'une vidéo de nuit n'est pas
forcément très représentative de ce que l'on voit à l'oeil nu, l'aspect d'une
rentrée atmosphérique peut être très variable selon l'objet
concerné : un satellite est un objet assez compact, qui se fragmente
peu sauf s'il est doté d'un explosif pour éviter que de gros débris
atteignent le sol, alors qu'un étage de fusée est constitué en grande
partie d'éléments creux (réservoirs, tuyères) qui peuvent en outre
contenir encore une quantité variable de propergols hautement explosifs...
Les différents matériaux composant l'objet ont aussi leur
importance : un matériau très résistant à la chaleur restera intact
et ne formera qu'une courte traînée lumineuse d'air ionisé, alors qu'un
matériau plus fragile fondra en raison de l'échauffement et sera suivi
d'une longue traînée mêlée d'étincelles.
Cette vidéo d'une rentrée qui s'est produite au-dessus du
Chili et de l'Argentine le 9 mai 2013, par exemple, illustre bien l'impression d'un
objet unique :
L'objet concerné était le « simulateur de masse » d'un tir
d'essai de la fusé Antares-110, dont la masse aussi bien que les
dimensions étaient très proches de celles de l'étage de fusée du 5
novembre 1990. Notons qu'il n'y a pas eu de recueil de grande quantité de
témoignages sur ce cas, du fait que l'explication qui a suivi par une
« météorite » ou pire d'une « pluie d'étoiles filantes » de
la part des médias a été acceptée sans rechigner ! À noter qu'il y a
eu là aussi une erreur d'identification du Norad concernant cet objet,
mais personne ne s'en est soucié. Ruben Morales, qui anime le « café
ufologique de Rio » en Argentine, a expliqué sur la liste Magonie
qu'il y avait eu justement une véritable chute de météorite quelques jours
auparavant au-dessus de l'Argentine, et que le public était donc préparé à
cette explication. Et Ruben en déduit que les gens ne sont pas
stupides : « s'ils voient une météorite (ou quelque chose de
similaire), ils disent météorite, et s'ils voient un ovni ils disent
ovni ». Sauf que justement une rentrée atmosphérique est rarement
similaire à un météore (sans parler de pluie d'étoiles filantes, c'est
pourtant bien ce qui figure dans le titre de la vidéo !), surtout
dans les cas du 5 novembre ou de cette rentrée en Argentine ! Il
semble juste qu'il n'y ait eu personne là-bas pour crier au mensonge et
s'étonner qu'une « météorite » dure aussi longtemps ou qu'une
rentrée de satellite ait autant d'ampleur. Citons tout de même un
contributeur ayant commenté cette vidéo sur un blog :
A meteor moving horizontally across a landscape? It's a single solid
object, you can see the outline and the lights remain in the same place
as the object is moving. Meteors come down on a curve vertically, they
don't float along horizontally. Ok dafty.
Soit :
Un météore qui se déplace horizontalement au-dessus du sol ? C'est
un objet solide unique, vous pouvez voir le contour et les lumières
conserver la même position quand l'objet se déplace. Les météores
tombent suivant une courbe verticale, ils ne flottent pas
horizontalement. Ok comique.
La réaction ressemble beaucoup à celles des témoins et ufologues de la
vague du 5 novembre 90 !
L'aspect de la rentrée de 1990 variait en outre au cours de sa
trajectoire : l'objet est sans doute devenu visible à peu près
au-dessus de la pointe nord-ouest de l'Espagne, et a explosé au-dessus du
golfe de Gascogne, formant un nuage qui a persisté quelques minutes après
le passage de l'ensemble des débris... Ce dernier a d'abord pris la forme
de deux grosses boules lumineuses vues au loin par tous ceux qui se
trouvaient sur la côte atlantique, puis alors que la chose approchait ces
boules se sont différenciées en un grand nombre de lumières disposées
grossièrement en triangle ou losange et laissant de longues traînées... Au
niveau de la région parisienne, l'ensemble avait gagné en longueur et
seules deux grosses lumières au centre et en bas laissaient deux longues
traînées lumineuses (une plus petite que l'autre) semblant s'arrêter net à
une certaine distance de l'objet. Vers Strasbourg, il ne restait plus que
trois lumières de tête, encore deux lumières laissant des traînées
lumineuses plus courtes qu'auparavant et paraissant confondues, et une
autre grosse lumière au-dessus.
Voilà donc comment se présentait cette rentrée atmosphérique : un
immense ensemble de lumières se déplaçant lentement, sans bruit, dans un
vol horizontal.
Erreurs récurrentes
Voyons aussi pour éviter d'avoir à nous répéter quelles sont les erreurs
d'appréciation que l'on retrouve régulièrement dans ces observations.
La plus commune porte sur l'estimation de la distance : la presque
totalité des témoins pensaient que l'objet passait à quelques dizaines ou
centaines de mètres d'eux, alors que la rentrée atmosphérique passait au
plus près à une distance de l'ordre de 200 km... Et les témoins sont
absolument sûrs d'eux, si bien que bon nombre d'ufologues considèrent
qu'il s'agit là d'un élément déterminant... Mais c'est tout simplement
méconnaître les limites de nos sens.
Le problème est que notre vision du relief est limitée... La perception de
la distance d'un objet se fait soit par la mise au point de notre oeil,
soit et surtout par le décalage angulaire du regard de nos deux yeux. Mais
on ne peut apprécier qu'un angle de l'ordre d'un vingtième de degré (ce
qui n'est déjà pas mal !), ce qui nous permet juste de faire la
différence entre l'infini et une soixantaine de mètres.
Autrement dit, si toutes les proportions sont respectées, on ne fait
aucune différence entre un objet de 20 m de longueur vu à une
distance de 100 m, et un objet de 20 km de longueur vu à une
distance de 100 km... Il ne s'agit même pas de « psychologie de
la perception », mais d'une limite physiologique, et il serait bon
que toute personne se prétendant enquêteur sur les ovnis sache au moins
cela !
En fait, on peut apprécier des distances un peu supérieures par
comparaison : si l'objet observé se trouve à proximité immédiate d'un
autre objet, ou devant un fond bien détaillé et contrasté, on peut savoir
qu'il n'est pas à la même distance, et faire la différence au mieux entre
600 m et l'infini... Cette fois, ce que l'on apprécie, c'est le
décalage entre les deux images, et on est est alors sensible à moins d'un
centième de degré, la limite du pouvoir séparateur de l'oeil (c'est à peu
près la distance angulaire qui sépare deux cellules réceptrices de la
rétine... Autant dire tout de même qu'il faut pour cela être doté d'une
vue parfaite !) Dans le cas qui nous occupe, l'objet se trouvait bien
devant un fond situé à une distance proche de l'infini, le ciel étoilé,
mais il se déplaçait et c'était la nuit, ce qui interdit toute
appréciation précise.
Enfin, pour les grandes distances, on perçoit aussi l'influence de la
traversée de l'atmosphère par les rayons lumineux : l'objet devient
un peu flou et les couleurs s'affadissent, mélangées peu à peu avec la
lumière diffusée par l'atmosphère (le bleu du ciel). Ça peut nous
permettre de reconnaître un objet proche d'un objet très
lointain, mais là encore ça n'est guère possible que de jour...
Ce qui par contre pouvait se produire de nuit, en raison de l'épaisseur de
l'atmosphère, c'est un affaiblissement des lumières de la rentrée à
l'approche de l'horizon, donnant l'impression que l'objet s'éloignait...
On pouvait alors penser qu'il accélérait brusquement en s'éloignant du
sol, comme l'indiquent effectivement quelques témoins ! Cette
impression peut aussi s'expliquer par le fait qu'à l'approche de l'horizon
et plus encore lorsqu'il passe derrière, on comprend que l'objet est très
lointain, alors qu'auparavant on le croyait proche.
Il était en tout cas totalement impossible à un témoin de ce phénomène de
savoir s'il passait à 50 m, à 100 km ou à l'infini !
Et bien sûr, étant donné que la plupart des témoins pensaient avoir
affaire à un objet unique en raison du déplacement de concert des
lumières, il leur était impossible d'imaginer que cet « engin »
se trouvait à une centaine de kilomètres d'altitude, parce que cela
impliquait des dimensions inimaginables, se chiffrant en dizaines de
kilomètres... Il s'agissait pourtant bien des dimensions réelles de la
rentrée atmosphérique !
Connaissant cette impossibilité d'apprécier la taille et la distance d'un
objet de nature inconnue, tout enquêteur un peu sérieux cherche à
connaître les dimensions apparentes de l'objet : l'angle qu'il
occupait dans le ciel, ou encore sa dimension « à bout de
bras »... Mais on sait bien que ces dimensions sont souvent très
exagérées par les témoins : la lune, par exemple, n'a qu'un diamètre
apparent de 5 mm à bout de bras (un demi-degré), alors qu'on lui en
accorde couramment cinq à dix fois plus ! Et bien sûr, contrairement
à ce que croient certains de nos enquêteurs réputés sur le
5 novembre, cette surestimation n'est pas spécifique à la lune, et se
retrouve pratiquement dans tous les témoignages relatifs aux ovnis.
De même, les hauteurs angulaires sont souvent surestimées par les témoins.
La principale raison est que la plupart des gens n'ont pas l'habitude
d'observer le ciel, leur regard restant généralement très proche de
l'horizon. Je l'ai constaté lors d'une soirée d'initiation à l'astronomie
à l'observatoire Sirene, lorsque l'animateur a demandé au groupe de
personnes présentes de regarder l'étoile qui se trouvait juste à leur
zénith, leur verticale : la plupart d'entre eux portaient leur regard
à quelque 60 ou 70° de l'horizon, pas plus ! Et il y a énormément de
gens qui croient que le Soleil, qu'ils voient passer dans le ciel tous les
jours, passe au zénith à midi, ce point étant bien compris comme le point
du ciel situé à la verticale. C'était par exemple il y a quelques années
l'objet d'une question d'un jeu télévisé, répondant au fait supposé que
les abeilles ne butinent pas à midi parce qu'elles ne peuvent pas
s'orienter, le soleil se trouvant au zénith... Cette réponse n'avait du
reste choqué personne sur le plateau ! Je rappelle donc qu'il n'y a
que sous les tropiques que le soleil peut passer au zénith à certaines
périodes de l'année, et à la latitude de Paris sa hauteur maximale dans la
journée varie selon la saison entre 25 et 72°.
Il y a aussi d'ailleurs pas mal de gens qui confondent zénith et
culmination, c'est-à-dire passage au plus haut, ou qui disent que l'objet
est passé « au-dessus d'eux » en pensant qu'il s'agissait d'un
objet très proche qui semblait survoler par exemple la maison juste devant
eux.
Enfin, les enquêteurs eux-mêmes ne sont pas toujours très doués dans le
calcul des hauteurs angulaires, comme on peut le voir sur cette
reproduction de la page 19 de LDLN n°310 :
On voit que l'enquêteur considère que la hauteur angulaire est donnée par
l'angle du bras des témoins, qui est bien à une soixantaine de degrés de
l'horizontale... Mais la droite qui joint leur oeil à leur main est
inclinée d'environ 35°, soit justement la hauteur angulaire de la rentrée
atmosphérique !
Précisons que cette observation à Champagnole n'a pas été retenue par Joël
Mesnard parmi les plus probantes, et que lui-même rappelle souvent dans sa
revue comment estimer une hauteur angulaire, de même que l'impossibilité
d'appréciation des distances... Mais voilà, il n'y a pas d'examen de
passage pour les enquêteurs en ufologie, si bien qu'ils n'ont pas
forcément tous assimilé ces connaissances de base !
L'orientation fait aussi souvent l'objet d'erreurs. Outre les mauvais
repères, il faut savoir que bon nombre de personnes confondent
régulièrement le nord et le sud (ils croient que le soleil passe au nord dans
la journée), ou sont incapables de différencier leur
droite de leur gauche...
On a ainsi pu lire dans LDLN 306, au sujet du cas de
Soumaille : Qui donc, quelques jours après une observation faite
à quelques dizaines de mètres de son domicile, dessinerait une
trajectoire sur une carte d'état-major, en se trompant de 90° dans
l'orientation ?
Mais dans le numéro 310 paraissait ce rectificatif : Soumaille :
attention, erreur ! : Joël Martinez nous précise
que dans l'affaire de Soumaille (LDLN 306, p. 22), les
indications fournies par le témoin sur l'orientation de la trajectoire
sont totalement fausses. En fait, le déplacement de l'objet serait
parfaitement compatible avec celui qu'indiquent les autres témoignages
de Corrèze.
Le même genre de rectificatif a été fait pour le cas de Mauriac (enquête
dans le numéro 304, rectificatif dans le numéro 305), pour lequel les deux
témoins ont fait un dessin de l'objet se déplaçant de droite à gauche,
alors que vérification faite ils l'ont vu passer de gauche à droite,
conformément à la rentrée atmosphérique. Nous verrons d'ailleurs que
maintenant, Mesnard a oublié ce rectificatif et a classé ce cas dans sa
sélection « d'exemples flagrants » !
Combien d'autres rectificatifs de ce genre auraient été faits si toutes
les enquêtes avaient été approfondies ?
On trouve aussi bon nombre de témoins mentionnant un surplace ou une
trajectoire aberrante.
Si le témoin est lui-même en mouvement, notamment en automobile, une
appréciation erronée du déplacement de l'objet peut résulter simplement du
fait qu'il le croit proche alors qu'il est très éloigné. C'est ainsi que
la lune est responsable de bon nombre d'observations de « boules
suiveuses », étant prise pour une boule lumineuse proche
accompagnant l'automobile.
Dans le cas de la rentrée atmosphérique, ce déplacement fictif de l'objet,
ajouté à son déplacement réel, pouvait aussi donner l'impression que les
faisceaux lumineux n'étaient pas orientés dans la direction apparente du
déplacement. Notons que dans ces cas-là, il vaut mieux se fier à la
direction du faisceau pour estimer le cap suivi par l'objet et le comparer
à celui de la rentrée.
Compte tenu de la faible vitesse apparente d'une rentrée atmosphérique,
même un témoin qui se déplace à pied peut être victime d'une telle
mésinterprétation.
En effet, vue à une distance de l'ordre de 150 km et à la vitesse de
8 km/s, la rentrée atmosphérique se déplaçait lors de son passage au
plus près des témoins à la vitesse angulaire de 3° par seconde, c'est peu.
À cette vitesse, cet ensemble de débris dont la longueur devait être de
l'ordre de 80 km pouvait être comparé à un avion gros porteur se
déplaçant à la vitesse d'une bicyclette... Il n'est pas surprenant que
certains témoins aient pris cela pour une immobilité !
Et puis, il est facile de comprendre que devant un phénomène
particulièrement étrange et peut-être même un peu angoissant, certains
témoins aient pu en étant absorbés par ce spectacle le suivre
machinalement des yeux sans prendre conscience qu'il se déplaçait.
L'appréciation de la durée est en outre particulièrement variable, surtout
devant quelque chose d'inhabituel.
Bon nombre de témoins disent aussi avoir distingué une « forme
noire » portant les lumières... Précisons tout de même que ces
visions de formes noires ne concernent que quinze pour cent des
observations environ, que dans la plupart des cas les témoins disent que
ladite forme se « distinguait mal dans l'obscurité de la nuit »
ou des termes équivalents, et qu'en général lorsque plusieurs témoins
étaient réunis tous ne voyaient pas la « forme »...
Bien souvent, ces formes indistinctes étaient simplement suggérées par le
déplacement de concert des lumières, donnant l'impression qu'elles étaient
portées par un objet unique.
En outre, le fait d'attribuer une forme à un ensemble de points lumineux
est une illusion classique connue sous le nom « d'illusion de
contour ».
Enfin, dans le cas de points lumineux vus la nuit, il est possible que les
étoiles s'effacent au passage de l'objet, donnant l'impression d'être
masquées par la forme noire imaginaire. Cela s'explique par le fait que la
partie centrale de notre rétine, la fovéa, est presque dépourvue de
« bâtonnets », les cellules spécialisées dans la vision
nocturne : ainsi, lorsqu'on fixe son regard sur un objet très
lumineux, les étoiles peu lumineuses qui se trouvent à proximité ne sont
plus vues, disparaissant juste au passage de l'objet. De quoi renforcer
l'impression d'une « forme noire » masquant le ciel...
Bien sûr, ça n'était plus valable dans les cas où le phénomène passait
devant une étoile très lumineuse, mais les témoins pouvaient alors
imaginer un objet transparent ou fait de « structures ». Et le
fait de lier un ensemble de points aléatoires par des lignes imaginaires
relève aussi d'une illusion classique, qui faisait autrefois voir des
« canaux » sur Mars à d'excellents observateurs !
Le fait que les témoins donnent des descriptions très variables passe
aussi pour beaucoup d'ufologues pour une preuve qu'ils n'ont pas observé
la même chose... Ça n'est pourtant guère étonnant lorsque l'objet observé
est un ensemble de nombreuses lumières semblant délimiter une « forme
noire indistincte » et dont certaines laissent des traînées
lumineuses ! Même sans parler des déformations de la mémoire, la
forme peut différer totalement selon le nombre de points lumineux
distingués, variable selon l'acuité visuelle de chacun et l'environnement
lumineux.
On sait aussi que les couleurs sont très mal distinguées la nuit, d'autant
que la vision des couleurs dépend de l'ambiance lumineuse : si on se
trouve par exemple dans un appartement éclairé par des ampoules diffusant
une lumière rougeâtre, notre cerveau « verdit » tout pour voir
le blanc blanc, et du coup une lumière blanche vue à l'extérieur
apparaîtra verte !
Enfin, la rentrée atmosphérique changeait réellement d'aspect au cours de
sa trajectoire.
On peut se faire une bonne idée de la variabilité des témoignages d'un
même phénomène en examinant le
cas de 32 élèves-officiers de gendarmerie qui ont observé la rentrée
atmosphérique alors qu'ils regagnaient leur caserne à Tulle, et ont
rapporté indépendamment leur observation : deux se trompent sur la date,
cinq se trompent de plus de 70° sur le cap suivi par le phénomène, deux se
trompent sur la direction de passage au plus près, les dimensions estimées
vont du simple au cinquantuple (qu'il s'agisse des dimensions apparentes
ou des dimensions réelles supposées), la durée du simple au dodécuple
(× 12), l'altitude estimée varie de 50 à 1000 m, la forme est
décrite au choix comme un hexagone, un triangle, une aile delta, une
formation en V, un double-rectangle, un losange, cinq groupes de lumières
ou la forme d'un avion gros cargo, avec un nombre de traînées variant de 0
à 3 plus pour un témoin un projecteur éclairant le sol !
Il s'agit là de 32 personnes qui ont observé la même chose (peu importe du
reste que ce soit la rentrée ou non, mais ça ne fait aucun doute) depuis
la même position, à qui on a demandé de témoigner dans le cadre de leur
formation, et qui l'ont fait au lendemain de leur observation, après avoir
eu l'occasion d'en discuter entre eux.
C'est dire ce que l'on obtiendra chez des témoins situés à des endroits
très différents, qui ne se sont pas concertés, souvent très impressionnés
par le fait d'être seuls face à un phénomène inconnu, interrogés pour
beaucoup plusieurs années après leur observation par des enquêteurs
convaincus de l'existence d'un mystère, et sélectionnés justement parce
qu'ils donnent une description incompatible avec la rentrée
atmosphérique ! La réponse, elle est dans ces « cinquante exemples
flagrants » sélectionnés par Joël Mesnard, et on est même surpris que
les « anomalies » ne soient pas plus marquées !
Parce qu'il nous faut rappeler que ces 52 cas que Joël Mesnard considère
comme des « exemples flagrants » qu'il y a eu autre chose qu'une
rentrée atmosphérique sont sélectionés parmi les quelque 500 qu'il a
examinés... Et cette sélection s'est faite sur l'étrangeté des témoignages
plutôt que sur leur crédibilité, à voir le nombre de témoins isolés ou
ayant rapporté leur observation très tard !
C'est en effet souvent après plusieurs mois ou années que les témoignages
ont été enregistrés, même si c'est rarement précisé dans les enquêtes, ce
qui donne du reste une idée du manque de sérieux de celles-ci. C'est comme
si ces enquêteurs ignoraient que la mémoire d'un événement s'altère avec
le temps... Nous aurons d'ailleurs l'occasion de le vérifier lorsqu'on
trouve des versions du témoignage plus immédiates, par exemple dans le
livre de Franck Marie ou dans les rapports de gendarmerie : à chaque
fois, comme toute personne un peu sensée s'y attendrait, c'est la version
la plus tardive du témoignage qui est la plus inconciliable avec la
rentrée atmosphérique.
Et les témoins ne sont pas les seuls à pouvoir se tromper, il y a aussi
les enquêteurs... Il n'y a malheureusement pas de diplôme d'enquêteur en
ufologie, et les enquêtes dans LDLN sont faites par à peu près
n'importe quel lecteur de bonne volonté, mais pas forcément formé ni
habitué au recueil de témoignages. Il est aussi évident que la plupart de
ces enquêteurs sont très orientés dans une véritable croyance à
l'hypothèse extraterrestre, et ne vont pas chercher à résoudre les
problèmes qui se posent à l'explication par la rentrée atmosphérique,
phénomène qu'ils connaissent par ailleurs très mal.
On note en particulier que lorsqu'un groupe de témoins a observé le
phénomène, on ne les interroge pas séparément pour retenir les détails
mentionnés par tous, mais on cherche au contraire à faire une synthèse de
leurs observations en cumulant les détails anormaux signalés par
chacun ! De ce point de vue, les auditions de témoins par les
gendarmes sont menées avec beaucoup plus de sérieux.
Nous verrons aussi à plusieurs reprises que lorsque Joël Mesnard trouve un
témoin décrivant le phénomène dans la direction opposée à celle de la
rentrée, il en cherche un autre un peu plus loin de la trajectoire ayant
vu quelque chose dans la direction opposée (donc, si vous suivez, celle de
la rentrée), et il y voit une preuve que l'objet observé est passé entre
les deux témoins, et donc à une altitude basse que l'on peut
estimer ! Et peu importe que le second témoin décrive quelque chose
de très différent du premier (dans ce cas et seulement dans ce cas, il
veut bien croire à la variabilité des témoignages), et qui évoque tout à
fait la rentrée !
On trouvera même un cas où il est manifeste que l'enquêteur a influencé le
témoin dans sa description de l'objet.
Tout cela donne déjà un avant-goût du peu de sérieux de ces enquêtes,
pourtant considérées comme des références chez les ufologues convaincus.
Venons-en aux faits !
C'est donc en 2001 que Joël Mesnard a publié son dossier
« final » sur le 5 novembre 1990, dans les numéros 359 à
362 de sa revue Lumières dans la nuit. Nous allons examiner les
cas un à un dans l'ordre où ils sont abordés. Ce dossier de Joël Mesnard
se trouve sur le site de Philippe Huleux et celui de Réguite en dix parties. Je suivrai donc
ce découpage, en indiquant successivement les liens vers les fichiers.
Vous pourrez ainsi comparer la présentation de ces cas par Joël Mesnard
avec mes propres commentaires.
Je précise que j'ai envoyé à Joël Mesnard, il y a quelques années, un
courrier lui signalant bon nombre d'erreurs que j'avais trouvées dans son
dossier... J'ai su qu'il avait bien reçu ce courrier, et que ça l'avait
beaucoup agacé, mais il n'a jamais publié le moindre correctif concernant
des erreurs pourtant flagrantes.
Les cas que Mesnard a rajoutés plus tard à sa liste sont abordés à la fin.
Carte des « 52 exemples flagrants »
Sur cette carte sont représentés les 52 cas considérés maintenant par Joël
Mesnard comme les meilleures preuves qu'il y avait ce soir-là bien autre
chose qu'une rentrée atmosphérique...
Lors de la parution de son dossier, il en avait retenu 34... Depuis, il a
« promu » quelques cas au rang d'évidences alors qu'il ne les
avait pas retenus dans sa sélection
initiale : Brétigny-sur-Orge, Bétheny, Sillery, Verzenay et
Vieux-Condé.
Et il en a rajouté un certain nombre, pour la plupart des cas qui n'ont
fait l'objet d'un rapport que récemment, donc plus de vingt ans après les
observations : Élancourt, Paris rue Melingue, Paris boulevard
Saint-Marcel, Épernon, Saint-Raphaël, Rive-de-Gier, Müllheim, Montsoreau,
Parthenay, Coppet, Grez-sur-Loing, Mauriac, Tarnos, Eygalières et
Montgeron.
En passant la souris au-dessus du nom du lieu d'observation, vous verrez
un petit résumé de Joël Mesnard, avec en rouge ma propre appréciation...
En cliquant, vous serez amené sur la discussion détaillée du cas.
Les cas non retenus comme « exemples flagrants » :
Outre ces 52 « exemples flagrants », Mesnard mentionne dans son
dossier un certain nombre d'autres cas, moins convaincants mais qu'il
considère aussi pour la plupart comme probablement étrangers à la rentrée
atmosphérique... N'étant pas à une trentaine de cas près, nous les
discuterons aussi... Cliquez sur le lien pour accéder à l'exposé détaillé,
sinon passez à la suite pour lire l'étude du dossier dans l'ordre.
Braine (02) :On peut imaginer que cette dame a bel et bien assisté à la rentrée
atmosphérique...C'est certain, mais rien ne distingue son
observation de bien d'autres considérées comme remarquables. Saint-Félix
(02) :Les témoins n'ont pas cru une seule
seconde à l'explication par la fusée russe.Ils n'y ont pas
cru, mais ils l'ont bien décrite ! Soissons
sud (02) :« C'était bien plus grand
qu'un terrain de football ».La rentrée, c'était mille
fois plus grand ! Maisons-Alfort
(94) :Probablement la rentrée
atmosphérique...Et même certainement ! Gare de
Saint-Cloud (92) :Ce cas a peu de chances
d'être de nature ufologique...Même avec son
« troisième témoin » ! Cesson-la-Forêt
(77) :Comme un Boeing 747 qui larguerait son
carburant à 50 m d'altitude...La rentrée avec sa
traînée lumineuse... Vert-Saint-Denis
(77) :Un des faisceaux balaie doucement.Vraisemblablement la rentrée, illustrée par un dessin surprenant mais
qui n'est pas du témoin. Nanterre
(92) :Certains témoignages sont plus flous
que d'autres.Mais celui-ci décrit plutôt bien la rentrée. Vélizy-Villacoublay
(78) :Le dessin rappelle fortement
l'observation de la gare de Saint-Cloud.Et pour
cause ! Caluire
(69) :Il existe des cas qui présentent de
fortes analogies, mais aussi des différences marquées.Autant
que pour tout groupe de personnes décrivant un même phénomène ! Huisseau-sur-Cosson
(41) :Une boule lumineuse jaune laissant
derrière elle trois traînées divergentes de couleur différente...Vraisemblablement la rentrée décrite de façon un peu fantaisiste... Saint-Même-les-Carrières
(16) :Autre cas de « structures
tubulaires ».Une simple variante de la « masse
noire ». Saint-Quentin-en-Yvelines
(78) :Un HLM volant !La
rentrée, bien plus grande encore ! Châteaudun
(28) :Le pilote parle d'une dizaine de
minutes.Confusion ou petite exagération, mais c'est bien
la rentrée qui est décrite. Dammarie-les-Lys
(77) :L'heure (19 h 35) est précise
et certaine.Quand la rentrée sert d'excuse à un
rendez-vous manqué ! Territoire de
Belfort (90) :« Un bruit de brûleurs à
gaz ».Ça n'est pas la rentrée, mais il n'y a pas
d'observation, juste un bruit bizarre... Plateau de Bure
(05) :Entre deux et trois heures dans la nuit
de lundi à mardi, nous trouvons une observation faite par un
astronome...Pas la rentrée, mais pas très excitant ! Montpellier
(34) :À 6 h 25 du matin (nous
sommes toujours le 6) [...] une lueur rouge et orange se déplaçant
très vite, haut dans le ciel...Encore pas la rentrée, et
encore moins excitant ! Noirmoutier
(85) :Vers 7 h du matin, un objet
sombre, en forme de porte-manteau, avec de nombreux feux rouges autour
et un gros feu rouge au centre.Sans doute la rentrée avec
une confusion d'horaire. Pescadoires
(46) :Le dessous de cette forme, couleur gris
acier, est comme constitué d'un assemblage de tôles.La
classique forme noire imaginaire prend juste un peu de couleur. Autoroute entre Halle
et Leipzig (Allemagne) :Une traînée,
curieusement, n'était pas parallèle aux autres.Unique
détail curieux pour cette observation faite en conduisant. Morges
(Suisse) :Les éléments dont nous disposons
sont non seulement imprécis, mais même contradictoires sur
l'essentiel...Quand un témoin sur deux donne une
description conforme à la rentrée, la conclusion est simple... Saint-Nabord
(88) :J'admets que dans un cas comme
celui-ci, un doute subsiste.Et moi je ne comprends pas
qu'on puisse avoir le moindre doute ! Saint-Marc-sur-Mer
(44) :Le témoin indique non seulement les
azimuts et les sites nécessaires à un bon repérage de la trajectoire
apparente, mais aussi les incertitudes qui entachent nécessairement ces
évaluations.Et bien sûr, tout cela est conforme à la
rentrée atmosphérique ! Trilport
(77) :Pas d'azimuts, pas de hauteurs
angulaires, et pourtant, tout y est !Et quand tout y
est, pas de doute, c'est la rentrée !
Trois cas ont en outre été « déclassés » (les deux premiers
faisaient partie de la toute première sélection de « six cas parmi
les plus probants ») :
Bruxelles
(Belgique) :Un objet portant des lumières
masque le sommet d'une tour.Observation non confirmée,
nous dit Mesnard. Colmar (68) :Sur un film vidéo, les côtés d'un triangle apparaissent soudain.Tout le monde a compris, sauf Mesnard qui en doute encore, que cette
vidéo représente la rentrée, et le triangle est un simple artefact
vidéo. Noisy-sur-École
(77) :Un gigantesque boomerang, de couleur
fuchsia, qui glissait silencieusement dans le ciel. Sa taille était
colossale.Un boomerang rose aux contours pour une fois
nets, c'est surprenant, mais le témoignage est tardif et la trajectoire
est celle de la rentrée.
Grand déballage de « fusées soviétiques »...
C'est le titre de la première partie du dossier de Joël Mesnard, parue
dans LDLN n°359 de janvier 2001... Et nous allons voir que ce
titre qui se voudrait ironique est très bien choisi, puisqu'il n'y a guère
de raisons de douter que chacun des cas présentés dans cette
première partie concerne la rentrée de fusée soviétique et rien
d'autre ! L'article a été scindé en trois parties sur le
site de Philippe Huleux.
Taille apparente : supérieure à la largeur du champ visuel... Des exagérations et une description un peu confuse pour ce témoignage
tardif, une étoile bas sur l'horizon vient compliquer l'affaire, mais
c'est certainement la rentrée atmosphérique qui a été vue.
Le témoin roule en voiture peu avant
19 heures lorsqu'il voit face à lui, vers l'ouest et bas dans le
ciel, des lumières blanches qui se déplacent lentement. Après une
dizaine de minutes, ces lumières sont cachées par les arbres et les
maisons au bord de la route ; mais à l'entrée de Sauzet, lorsque le
champ visuel se dégage, le témoin voit tout à coup une gigantesque masse
sombre presque au-dessus de lui ; il s'arrête en catastrophe, sort
de sa voiture et traverse le carrefour pour mieux voir « la
chose » : ce sont d'abord trois grosses lumières orange qui
s'allument une à une et restent stationnaires ; puis passe
« une sorte de banc de brouillard » ; puis ces lumières
s'éteignent et il en voit d'autres, plus petites et innombrables,
portées par l'énorme « masse » qui occupe tout son champ de
vision ! L'objet dérive alors lentement en direction du nord-est,
et brusquement tout s'éteint.
La trajectoire globale est celle de la rentrée atmosphérique et l'heure
correspond, mais on voit qu'il y a bon nombre d'anomalies dans cette
observation... On pourrait se contenter de trouver cela normal pour un
récit fait après plus de cinq ans, mais voyons si on peut comprendre
comment ce témoin a pu se tromper.
Le détail le plus surprenant est la durée de l'observation, puisque ce
témoin aurait observé les lumières initiales sur un parcours de
12 km sur une départementale, sûrement donc pendant une dizaine de
minutes... Et il semble sûr de lui, puisqu'il précise que la route étant
sinueuse, les lumières apparaissaient tantôt à sa droite, tantôt face à
lui. C'est pendant la première moitié du parcours que la route est
sinueuse, et dirigée en moyenne vers l'ouest-sud-ouest ; pendant la
seconde partie, elle est dirigée vers l'ouest-nord-ouest et reste
pratiquement rectiligne. Qu'est-ce qui pouvait donc être vu vers
l'ouest, bas sur l'horizon, durant dix minutes avant la rentrée ?
Sur une telle durée et distance, il n'y a guère qu'un objet astronomique
qui peut être en cause, et il suffit de consulter un logiciel
d'astronomie (par exemple ici l'excellent Stellarium, gratuit) pour
avoir la réponse : Arcturus, troisième étoile la plus brillante du
ciel à ce moment, se trouvait à 18 h 50 à un azimut 290°
(ouest-nord-ouest) et une hauteur angulaire de 8° :
Elle se trouvait donc bien en fonction des virages face à la route ou
légèrement à droite, et bas sur l'horizon. On voit par ailleurs la
différence de luminosité d'Arcturus par rapport aux étoiles du Grand
chariot, bien reconnaissable un peu à droite. Et on sait combien une
étoile très lumineuse vue bas sur l'horizon peut présenter un aspect
étrange (j'ai été moi-même victime d'une telle confusion pendant un bon
quart d'heure, pensant avoir affaire à une sorte de phare changeant
cycliquement de couleur). Le témoin parle de plusieurs lumières, mais il
a sans doute associé dans sa mémoire cette lumière qui a dû l'intriguer
dans un premier temps avec d'autres lumières beaucoup plus étranges
apparues sensiblement dans la même direction peu avant son arrivée à
Sauzet : celles de la rentrée atmosphérique (trajectoire en blanc),
dont la position lors de l'explosion devait être à l'azimut 275° (plein
ouest) pour une hauteur sur l'horizon de 15°.
Ensuite, le témoin explique qu'il n'a plus rien vu du fait que la route
est bordée d'arbres et de maisons sur le dernier kilomètre avant
l'arrivée à Sauzet (en fait ça serait plutôt de l'ordre de 500 m),
et arrivé au carrefour dégagé de la route vers Luzeh, il aurait vu
l'immense « masse noire » : vraisemblablement la rentrée
ayant pris toute son ampleur, peu avant son passage au plus près.
Lorsqu'il voit une multitude de lumières sur l'immense
« structure », le témoin dit que la chose occupe toute la
largeur de son champ visuel, au point qu'il se trouve trop près pour
percevoir la forme de l'objet... Une façon comme une autre d'expliquer
la très classique « masse noire dont on ne parvient pas à
distinguer les contours » ! La rentrée atmosphérique ne
dépassait sans doute pas une quinzaine de degrés en longueur, mais une
telle exagération des dimensions angulaires est courante surtout pour un
témoignage très tardif.
Quant à l'impression qu'il a de se trouver « quasiment sous
l'immense chose », elle résulte comme d'habitude de l'impression
que l'objet était très proche... La rentrée atmosphérique ne passait
qu'à une hauteur de 26° au plus près, mais le dessin qui représente
l'observation dans LDLN montre sans ambiguïté que le phénomène
était bas sur l'horizon :
Il n'est du reste pas précisé si c'est le témoin qui a fait ce dessin,
et personnellement j'en doute... On a plutôt l'impression que
l'enquêteur, Monique Gabrielli, n'a reçu qu'un rapport d'observation un
peu confus, et a tenté tant bien que mal d'illustrer cette observation
sans avoir pu éclaircir les détails ambigus.
Si l'on suit le témoignage, les trois grosses lumières se sont éteintes
avant que les petites ne soient remarquées, on ne voyait donc pas en
même temps ces deux types de lumières... Il n'est pas évident non plus à
la lecture du témoignage que les trois grosses lumières se seraient
trouvées à l'arrière de la « mase noire » comme sur le dessin.
Trois grosses lumières accompagnées d'autres plus petites cela évoque
les autres témoignages concernant la rentrée à ce niveau de sa
trajectoire, mais il manque les traînées laissées principalement par les
grosses lumières... Mais ne s'agirait-il pas de la « sorte de banc
de brouillard » passée juste après l'apparition des grosses
lumières ? Tout ça n'est pas clair...
L'allumage des trois grosses lumières une à une peut s'expliquer
simplement par leur apparition de derrière les grands arbres qui se
trouvent des deux côtés de la route après le carrefour. La route est
orientée vers l'azimut 312°, un peu à gauche du passage au plus près de
la rentrée, à 330°. Ça n'est qu'à droite de la route, là où le témoin a
vu les lumières « se stabiliser » momentanément, que l'horizon
est dégagé. L'extinction de ces mêmes lumières alors que l'objet
s'éloignait vers le nord-est peut être réelle : on sait que dans
l'ouest de la France, un certain nombre de grosses lumières laissant des
traînées étaient visibles, mais il n'en restait que deux, souvent
fusionnées, dans le centre et à l'est.
La durée de l'observation rapprochée est estimée par le témoin entre
deux et cinq minutes... L'horizon étant bien dégagé au carrefour en
direction du nord-est, il est bien possible qu'il ait observé la rentrée
pendant presque deux minutes après son passage au plus près.
On apprend enfin que le témoin a informé le SEPRA de son observation
après quelques jours, mais apparemment juste par téléphone... C'est
dommage, s'il avait déposé auprès d'une gendarmerie on aurait pu
connaître sa description « fraîche ». Après cinq ans, les
déformations de la mémoire rendent un tel témoignage à peu près
inexploitable, mais il y a trop de détails évoquant la rentrée
atmosphérique pour que l'on puisse sérieusement douter de l'explication.
Périgueux (Dordogne) :
La chose passe entre deux groupes de témoins. Ou plutôt entre deux témoins : le premier décrit parfaitement la
rentrée atmosphérique, l'autre connu de façon indirecte décrit une
« chose » moins spectaculaire dans la direction opposée.
Le texte de Mesnard commence par un
sous-titre parfaitement mensonger : la chose passe entre deux
groupes de témoins... En fait, il y a un seul témoin dans chaque
« groupe » !
Le premier, photographe de métier, a observé vers 19 h, et pendant
une dizaine de secondes, un ensemble de globes lumineux orangés
dessinant le contour d'un rectangle, mais qui n'étaient reliés entre eux
par aucun élément visible, et dont deux à l'arrière laissaient des
traînées lumineuses très distinctes s'éteignant peu à peu.
L'ensemble occupait 90° du champ visuel, se déplaçait précisément
d'ouest en est, et passait au nord à une hauteur angulaire de 45°. On
remarque ici qu'un photographe professionnel sait apprécier les angles,
puisque la rentrée passait au plus près à 43° de hauteur sur
l'horizon !
La distance est estimée à 200 à 400 m au sol, soit 280 à 560 m
de distance réelle pour cet angle de 45°... Même un photographe
professionnel est incapable d'estimer la distance d'un objet inconnu,
mais on peut chercher si les valeurs angulaires que l'on peut déduire
sont cohérentes avec la rentrée atmosphérique, laquelle passait au plus
près à une distance de 150 km.
Les dimensions du rectangle délimité par l'ensemble de lumières sont
estimées à à 25 m sur 50, ce qui correspondrait à la distance de la
rentrée à une longueur de 15 à 30 km, juste un peu minimisée. La
longueur des traînées est estimée de son côté à un kilomètre, soit tout
le champ visuel visible... Les traînées lumineuses ionisées de la
rentrée étaient beaucoup plus courtes, mais il semble que dans l'ouest
de la France elles se prolongeaient par des traînées beaucoup plus
longues semblables aux traînées de condensation des avions.
La durée d'observation, estimée à 8 à 10 secondes pour un objet qui
aurait parcouru de l'ordre de 90° dans le ciel, est de son côté
nettement sous-évaluée : la rentrée mettait 40 secondes pour
parcourir cet angle.
La vitesse de déplacement est estimée à moins de 100 km/h, ce qui à
la distance réelle de la rentrée atmosphérique correspondrait à
27 000 à 54 000 km/h au maximum, une estimation correcte
puisque la rentrée se déplaçait à 28 000 km/h. Notons qu'à la
vitesse de 100 km/h, un objet se trouvant à la distance estimée par
le témoin mettrait entre 20 et 40 secondes pour parcourir 90° dans
le ciel... Il y a donc incompatibilité avec la durée d'observation
estimée, la seule indication un peu anormale concernant la rentrée
atmosphérique... Il faut croire qu'un photographe a l'habitude d'évaluer
les angles, mais pas les durées !
Nous avons donc là une description extrêmement précise de la rentrée
atmosphérique, d'autant que comme d'habitude on ne nous dit pas après
combien de temps ce récit a été fait, et on se demande donc ce qui peut
bien pousser Mesnard à considérer ce témoignage comme une des meilleures
preuves qu'il y avait ce soir-là « autre chose » !
Et la raison, c'est donc le second « groupe » d'un seul
témoin... En l'occurrence, un témoin anonyme que l'enquêteur n'a pas
rencontré, simplement mentionné par le premier. Il s'agit d'une dame
habitant au nord-ouest de la position du photographe, qui a vu à la même
heure un ensemble lumineux « défilant de telle manière qu'elle a
cru qu'il s'agissait d'un camion entrant dans la caserne Ardant du
Picq », caserne située au sud de son domicile, avant de se rendre
compte que c'était plutôt au-dessus de cette caserne.
Toute personne un peu sensée déduirait qu'à Périgueux le photographe a
observé comme beaucoup d'autres la rentrée atmosphérique, et que cette
dame a observé autre chose ou s'est trompée de direction, à moins que ça
ne soit le photographe qui ait mal interprété son témoignage !
Mesnard, pour sa part, déduit que le même objet est passé entre ces deux
personnes, qu'il érige pour être plus convainquant au rang de
« groupes », et en fait donc un cas avéré de passage à la
verticale de Périgueux !
Remarquons que comme par hasard l'observation qui semble incompatible
avec la rentrée atmosphérique est celle faite par le témoin le plus
indirect (Mesnard a vu l'enquêtrice qui a vu l'homme qui a vu la femme
qui a vu l'objet), celui qui n'exerce pas pour autant qu'on le sache un
métier impliquant de bonnes qualités d'observation, celui enfin qui a
fait l'observation la moins spectaculaire (il est vrai qu'on n'a pas la
moindre description de ce qu'a vu cette dame, mais un objet pris dans un
premier temps pour un camion passant à 500 m ne doit pas être
particulièrement spectaculaire !)
Ile de Groix (Morbihan) :
Un losange de lumières reste à la verticale d'un chalutier pendant
cinq minutes, puis part à une vitesse foudroyante. Le passage à la verticale est plus que douteux, et pour le reste à part
quelques erreurs de perception mineures il s'agit d'une bonne
description de la rentrée atmosphérique.
Joël Mesnard se réfère au témoignage de
José Bal, patron d'un chalutier, recueilli après trois ans. Notons au
passage que contrairement à ce que Mesnard a dit récemment à la radio,
M. Bal est le seul à avoir observé le phénomène, le reste de
l'équipage dormait. On peut lire aussi ce que ce témoin déclarait le
lendemain de son observation à des journalistes d'Ouest-France :
Il était 19 h 15, alors que nous étions dans le suroît de
Pen-Men, à 18 miles. Il y a eu une explosion dans le ciel qui est
devenu rouge tout d'un coup. Juste après cette explosion, j'ai pu voir
au-dessus du bateau un objet en forme de losange qui est resté
stationnaire pendant 3 à 4 minutes. Cet objet qui pouvait se
situer à une distance de 1000 à 1500 mètres de moi a ensuite
disparu en laissant derrière lui une traînée blanche.
Dans son témoignage plus détaillé mais beaucoup plus tardif, José Bal
explique :
D'un coup, il y a eu comme une explosion, une lumière rouge intense,
rouge pâle si on veut, comme un éclair rouge-orange, qui paraissait
bas sur l'horizon. Ça n'était pas très gros, mais tout de même assez
important... C'était assez loin... difficile de préciser la distance.
Je me suis dit que c'était peut-être un avion ou un hélico qui aurait
explosé, et puis non, vu la façon dont c'est venu ensuite. C'était
comme si c'était rentré dans l'atmosphère, et aussitôt après, une
lumière rouge : deux feux rouges qui avançaient. Il me semble que
c'est celui de gauche qui était le plus haut. Ça avançait droit dans
l'axe du bateau, avec un cap au nord-est. On a pu estimer que ça
venait d'entre le 200° et le 220°, à la vitesse d'un avion à hélice,
une vitesse régulière, comme un avion qui va atterrir, mais ça ne
paraissait pas haut, presque à l'horizontale, sur l'horizon.
Le début de l'observation est typique des débuts de la rentrée
atmosphérique : une explosion, deux boules lumineuses qui en
sortent et avancent lentement, puis un ensemble de lumières suivies de
traînées prend forme peu à peu, c'est ce que décrivent tous les témoins
qui étaient situés par exemple sur la côte des Landes, les mieux placés.
José Bal est d'ailleurs sur la bonne voie en disant :
« C'était comme si c'était rentré dans l'atmosphère » !
L'heure de l'observation, environ 19 h, est bien celle de la
rentrée (le témoin disait environ 19 h 15 dans ses premières
déclarations, ça reste proche). La direction d'où ça provenait, azimut
compris entre 200 et 220°, correspond bien à celle où l'étage de fusée a
explosé, seul le cap suivi, droit vers le bateau d'après M. Bal,
est un peu différent.
M. Bal estime la durée de cette première phase, entre l'explosion et le
passage au plus près, à environ 5 minutes, ce qui est très exagéré
(sans doute de l'ordre d'une minute, guère plus, pour la rentrée, tout
dépend du moment où l'étage de fusée a explosé), mais une telle
exagération est courante.
Après, ça se gâte :
Et puis c'est arrivé à la verticale du bateau, et d'un seul coup, des
lumières se sont allumées : beaucoup de lumières blanches. Quand
ces feux blancs se sont allumés, on ne voyait plus les feux rouges.
Les lumières blanches sont passées au-dessus du toit de la
passerelle : je ne les voyais plus, alors je suis sorti sur
l'arrière du bateau, ce qui m'a demandé quinze secondes. Bon, je les
ai vues de l'arrière, et j'ai constaté qu'elles étaient disposées en
losange.
La forme approximative de losange correspond encore bien aux
descriptions des autres témoins de la rentrée atmosphérique, mais cette
dernière passait au plus près à 21° de hauteur par rapport à
l'horizon... Était-ce suffisant pour que M. Bal ait été gêné par le
toit de sa cabine ? Pour le savoir, voyons comment se présente ce
bateau... Sur une photo trouvée sur Internet où on le voit de profil
(photo Philippe Malpertu, sur le site maintenant disparu
bateauxdepeche.net), il semble que l'on distingue la tête du marin qui
le dirige, à quelque 50 cm de la vitre avant (s'il était à un mètre
comme l'indique le témoin dans ses éclaircissements récents, le champ de
vision serait encore plus limité !) On peut donc voir quel est son
angle de vision vertical, limité en bas par le pont et en haut par le
cadre de la vitre avant :
La hauteur maximale de visibilité sur l'horizon est de 13°, M. Bal
aurait donc bien été gêné pour observer la rentrée lorsqu'elle passait
au plus près, à une hauteur moyenne sur l'horizon de 21° avec les
parties les plus hautes qui devaient se trouver à environ 25°. Certes,
ce champ de vision dépend de la taille de la personne, mais on voit que
le champ est très limité, et il est évident que lorsqu'on dirige un tel
navire l'important est de voir sans difficulté ce qui se trouve sur la
mer, donc en dessous de l'horizon, plutôt que dans le ciel... Ici, le
pilote ne voit déjà qu'à une dizaine de degrés au-dessous de l'horizon,
ça ne doit pas être quelqu'un de très grand !
Il y a donc une incohérence dans le témoignage : M. Bal nous
dit que c'est alors que l'objet était à la verticale de son bateau qu'il
est sorti de sa cabine pour mieux l'observer, alors qu'en fait il ne
pouvait le voir depuis la cabine que lorsqu'il était très bas sur
l'horizon...
Continuons :
Je me suis dit : « de l'avant, je verrais mieux »,
donc je suis passé à l'avant, et là, on le voyait très bien, ce fameux
losange. C'était vraiment au-dessus de nous. Il ne bougeait pas,
malgré le sens inverse du bateau en marche, donc il devait reculer un
peu, en fait. Un losange complet, bien délimité par des lumières
blanches tout autour, comme des guirlandes. Superbe !
La photo de M. Bal sur son bateau peut nous éclairer :
En voyant cette photo dans LDLN, j'avais cru que M. Bal se
trouvait à l'arrière du bateau, et je m'étais étonné qu'il ait trouvé
utile de passer à l'avant « pour mieux voir » un phénomène
censé se trouver à la verticale du bateau, alors que rien ne semble
limiter son champ de vision hormis la cabine bas sur l'horizon... Et je
me trompais sur ce point, puisqu'on voit bien sur la photo du bateau
plus haut que le champ de vision à l'arrière est très limité... Mais il
apparaît aussi que la photo de LDLN montre en fait
Monsieur Bal à l'avant du bateau... Et cela
répond aussi à une question que je me posais : pourquoi diable
l'enquêteur Dominique Madrignac, qui a interrogé M. Bal sur son
chalutier le 14 septembre 1993, n'avait pas pris de photo du témoin
dans la position qu'il avait lors de son observation ? Il l'a donc
fait, et c'est naturellement cette photo qui illustre l'article !
Et on y voit M. Bal regarder vers l'avant du bateau, légèrement à
droite, et bas sur l'horizon, précisément la direction de la rentrée
atmosphérique en approche ! Ou si on préfère de l'ovni en approche,
à ceci près que d'après son témoignage M. Bal aurait observé cette
phase d'approche depuis la cabine de pilotage !
Nous avons vu aussi que dans l'article de journal il indiquait que
l'objet était passé à une distance de 1000 à 1500 m de lui... Ça
n'est pas le genre de chose qu'on dit pour un engin qui passe au-dessus
de soi, on parle alors plutôt de l'altitude pour éviter les ambiguïtés.
Le témoin ne mentionnait pas dans cet article l'altitude estimée de
l'objet, mais il l'a fait dans son témoignage tardif, en indiquant
900 m... En faisant une synthèse des deux indications, on peut
supposer que les 1000 à 1500 m correspondent à la distance au sol
(il pourrait aussi s'agir de la distance réelle, mais on imagine mal
quelqu'un donner comme distance 1000 m et comme altitude
900 m, à peine moins). La hauteur angulaire serait alors comprise
entre 31 et 42°, pas trop exagérée par rapport aux 21° de la rentrée
atmosphérique.
Concernant la dimension du phénomène, il nous dit que c'était
« comme si on avait eu un plafond au-dessus de nous, qui déborde de
chaque côté »... Cela relève sûrement de l'exagération, mais il
estime aussi la dimension à 200 ou 300 m pour une altitude de
900 m... Ça n'est déjà plus un « plafond qui déborde de chaque
côté », puisque ça ferait une dimension angulaire de 13 à 19° si
l'objet était à la verticale, et encore nettement moins s'il passait à
une hauteur angulaire de 31 à 42°. Reportée à l'altitude réelle de la
rentrée atmosphérique, cette dimension atteindrait 22 à 33 km,
sûrement très proche de la réalité.
On retrouve aussi chez M. Bal l'inévitable masse noire sur fond
noir dont on ne distingue pas les contours : On avait
l'impression de matière, mais dans le centre, est-ce que c'était une
masse ? On ne voyait rien au travers. Ça n'était pas transparent,
sinon on aurait vu un petit nuage, une étoile. On ne voyait que du
noir, mais plus noir que le ciel. Même dans la nuit, on fait la
différence.
Rappelons que le soleil était couché depuis longtemps, la lune pas encore levée
et que le bateau était loin de la côte, il faisait donc vraiment nuit noire.
Selon M. Bal, le phénomène est resté stationnaire au-dessus de son
bateau pendant au moins cinq minutes... M. Bal n'avait aucun point
de repère (en dehors des étoiles mais il ne se souvient pas en avoir vu,
elles étaient sûrement visibles mais il n'y a pas fait attention), il
était absorbé par son observation, la rentrée atmosphérique se déplaçait
lentement, à la vitesse angulaire de seulement 1,5 degré par
seconde lors de son passage au plus près, il n'est donc pas surprenant
qu'il ait pensé quelque temps que l'objet faisait du sur-place. Seule
son estimation de la durée est très exagérée, cette impression n'a
sûrement pas duré plus d'une trentaine de secondes.
Il semble qu'il ait ensuite associé le déplacement de l'objet à
l'apparition de grosses traînées lumineuses, prises pour des
réacteurs :
Je suis resté longtemps à regarder, puis ça a avancé un petit peu, en
dépassant le bateau pour arriver au travers de l'arrière, et là, il y
a eu les réacteurs (je pense que c'étaient des réacteurs) qui se sont
mis en route. Ça s'est allumé en deux fois, mais au début, c'était
juste minime, tout doucement, comme un brûleur à gaz avec des flammes
blanches, pas (violentes), et progressivement, au fur et à mesure
qu'« ils » mettaient la sauce, on voyait les genres de
réacteurs qui forçaient. C'est devenu assez vif comme une traînée de
lumière blanche, et d'un seul coup, c'est parti, d'un mouvement
terrible, cap nord-est, à une vitesse incroyable.
La dernière phrase est une exagération tardive, puisqu'il disait plus
simplement le lendemain de son observation :
Cet objet qui pouvait se situer à une distance de 1000 à
1500 mètres de moi a ensuite disparu en laissant derrière lui une
traînée blanche.
Sur un dessin, M. Bal indique que l'objet se serait éloigné au
nord-est, alors que la rentrée atmosphérique devait disparaître
pratiquement vers l'est, mais on peut supposer que cela découle de sa
conviction que l'objet, qui venait du sud-ouest, était passé exactement
au-dessus de son bateau.
On peut se demander aussi si au cours de son observation, le bateau de
M. Bal n'aurait pas un peu viré, ce qui pourrait mieux expliquer
soit l'impression de sur-place, soit le mauvais cap final (mais pas les
deux, à moins d'imaginer que le bateau ait viré d'abord à gauche et puis
à droite, ce qui serait un peu surprenant).
Au début 2011, l'observation de Monsieur Bal
a été évoquée sur le forum pour ufo-crédules « les Mystères
des Ovnis » ; un des intervenants, « Elevenaugust »
(qui fait du reste partie des quelques participants très sérieux, ayant
écrit en particulier des dossiers passionnants sur des méprises
photographiques ou météorologiques), habitant la région et qui
connaissait l'enquêteur ayant interrogé M. Bal, s'était proposé
pour rencontrer ce dernier et tenter d'éclaircir les points d'ombre. Un
questionnaire avait été préparé avec le concours du modérateur d'alors,
« Nathanaël » et d'autres participants :
Ile de Groix-constitution du questionnaire. Et puis le temps a
passé, j'ai été banni de ce forum, Nathanaël s'est lui-même auto-exclu
lorsqu'il est passé du stade de croyant intégriste à celui de sceptique
intégriste, mais Elevenaugust n'a pas pour autant renoncé à rencontrer
ce témoin, et il a fini par le faire en octobre 2011... J'ai recopié ce
compte-rendu, en ajoutant mes commentaires :
Localisation de l'observation.
La position supposée à 18 milles dans le suroît (soit au
sud-ouest, c'est-à-dire 225° depuis la pointe de Pen-Men sur l'île
de Groix) se trouve au niveau du point rouge sur la capture
d'écran ci-dessous. Le témoin peut-il confirmer cette
position ?
Oui, tout à fait.
Direction de la course du chalutier. Quel était le cap suivi
par le chalutier ? Si le témoin est capable de donner un cap,
à quel moment celui-ci a-t-il été relevé (avant, et si oui combien
de temps avant ? pendant ? ou après ?)
Le chalutier se déplaçait cap Suroît (Sud-Ouest), et en ce
qui concerne le moment du relevé, il n'y a pas eu de relevé
précis à ce moment-là, mais le bateau maintenait ce cap en
permanence bien avant le début de l'observation et après sa fin.
À l'enquêteur de LDLN, Monsieur Bal avait dit que le
bateau se dirigeait vers le sud.
Dimensions du chalutier et de la passerelle. Serait-il
possible d'avoir une photo du chalutier ?
Le chalutier mesure 13,30 m de long pour 5,40 m
de large et la cabine fait 3 m sur 3 m.
Une photo est jointe, mais on peut trouver pas mal de photos de
l'Elvis sur Internet en tapant simplement « chalutier
Elvis » dans la recherche Google catégorie images. M. Bal
n'est plus propriétaitre de ce bateau qui se trouve maintenant à
Trouville en Normandie, mais son aspect n'a guère changé en dehors
de l'ajout d'un bastingage sur la passerelle supérieure.
« J'étais sur la passerelle. Le reste de l'équipage
dormait. D'un coup, il y a eu comme une explosion, une lumière
rouge intense, rouge pâle si on veut, comme un éclair
rouge-orange, qui paraissait bas sur l'horizon. Ça n'était pas
très gros, mais tout de même assez important... comme une
explosion. C'était assez loin... difficile de préciser la
distance. Je me suis dit que c'était peut-étre un avion ou un
hélico qui avait explosé, et puis non, vu la façon dont c'est venu
ensuite ».
Question : Lors de cette première phase de l'observation,
quelle place le témoin occupait-il dans la cabine, était-il au
poste de pilotage ? Ou observait-il la scène d'un autre point
de vue ? Selon le point d'observation, quel est le champ de
vision que lui autorisait la structure de la cabine ? S'il
était au poste de pilotage, quel était son champ de vision et quel
est l'angle de vue maximal et minimal en hauteur que permet cette
situation ? Lui aurait-il été possible de voir un phénomène
situé à 25/30° de hauteur sur l'horizon ? À défaut de pouvoir
en rendre compte, est-il possible d'évaluer les distances :
celle de l'œil par rapport à la vitre, et celle de la hauteur de
l'œil par rapport au haut de la vitre. Et pareil à l'extérieur
avec le toit de la cabine...
Mr Bal se trouvait face aux vitres de la cabine, dans
le poste de pilotage, (4 vitres d'environ 70 cm de
large sur 1 m de long chacune environ), son regard se
trouvant à environ 1 m des vitres, le champ de vision étant
très large ; il estime qu'il lui aurait tout à fait été
possible de pouvoir voir un phénomène se trouvant à 25/30°
au-dessus de l'horizon.
Il se trompe sur ce point, nous avons vu que la hauteur limite de
visibilité doit être de l'ordre d'une quinzaine de degrés...
« Ça avançait droit dans l'axe du bateau, avec un cap au
nord-est »
Question : Quels sont les éléments d'appréciation qui ont
permis au témoin de juger d'une trajectoire de l'objet précisément
dans l'axe du bateau ?
Cap du bateau inchangé et apparition du phénomène face au
bateau et disparition dans l'axe arrière du bateau.
D'après l'enquête de LDLN, le bateau se déplaçait vers le
sud, le phénomène serait donc apparu un peu vers la droite et se
serait éloigné à l'arrière gauche du bateau.
« Et puis c'est arrivé à la verticale du bateau, et d'un
seul coup, des lumières se sont allumées : beaucoup de
lumières blanches. Quand ces feux blancs se sont allumés, on ne
voyait plus les feux rouges. Les lumières blanches sont passées
au-dessus du toit de la passerelle : je ne les voyais plus,
alors je suis sorti sur l'arrière du bateau, ce qui m'a demandé
quinze secondes »
Question : En ce qui concerne cette étape de l'observation,
le témoin confirme-t-il que le phénomène est sorti de son champ de
vision et quels sont les éléments qui lui ont permis relativement
à sa position à l'intérieur de la cabine de conclure que l'objet
s'était déplacé pour se situer au-dessus du toit de la
passerelle ?
Oui, et la trajectoire rectiligne du phénomène lui a fait
immédiatement penser que l'objet devait logiquement se retrouver
au-dessus du bateau.
C'est là que le bât blesse : étant donné la limite de
visibilité depuis la cabine, les lumières devaient encore être très
bas sur l'horizon lorsqu'il est sorti... Et l'objet ne pouvait pas
s'être beaucoup déplacé pendant ce temps puisque toujours d'après
l'article de LDLN le temps écoulé entre l'apparition du
phénomène et son arrivée à la verticale du bateau était de l'ordre
de 5 minutes.
« Bon, je les ai vues de l'arrière, et j'ai constaté
qu'elles étaient disposées en losange. Je me suis dit :
« de l'avant, je verrais mieux », donc je suis passé à
l'avant, et là, on le voyait très bien, ce fameux losange. »
Question : Le témoin peut-il nous confirmer que lorsqu'il fut
sorti à l'arrière du bateau, il pouvait voir très nettement le
phénomène à la verticale de celui-ci ? Pourquoi selon lui
alors même qu'il pouvait observer ce phénomène de l'arrière du
bateau a-t-il éprouvé le besoin de se rendre à l'avant du bateau
pour mieux voir ? Est-ce parce que son champ de vision était
obstrué par la cabine ? Ou y a-t-il une autre raison ?
Oui, le phénomène à la verticale du bateau était visible
depuis l'arrière, cependant la configuration du bateau limitait
sa vision globale du phénomène, en particulier à cause de la
casquette (dans le prolongement de l'arrière de la cabine) et du
matériel de pêche suspendu (palans, filets....). La visiblité
est bien meilleure à l'avant.
C'était moi qui avais suggéré cette question en pensant que le champ
de vision à la verticale était dégagé à l'arrière du bateau, mais
nous avons vu que je me trompais sur ce point en interprétant mal la
photo illustrant l'article de LDLN... Il apparaît au
contraire que le champ de vision depuis l'arrière est très
encombré... Mais il est clair aussi qu'il était impossible de voir
depuis l'arrière un objet arrivant dans l'axe avant du bateau s'il
n'était pas très haut sur l'horizon, ce qui précisément ne pouvait
pas être le cas. Si l'objet se trouvait un peu à droite du bateau,
M. Bal pouvait le voir de l'arrière en se positionnant sur le
côté.
« C'était vraiment au-dessus de nous. Il ne bougeait
pas, malgré le sens inverse du bateau en marche, donc il devait
reculer un peu, en fait. Un losange complet, bien délimité par des
lumières blanches tout autour, comme des guirlandes.
Superbe ! C'était assez important, ça paraissait vraiment
énorme, même bien 200 à 300 m de côté, beaucoup plus que mon
bateau, au moins quatre à cinq fois comme le bateau, comme si on
avait eu un plafond au-dessus de nous, qui déborde de chaque côté.
On n'avait pas l'impression que c'était haut, parce qu'avec tous
ces feux qui étaient vraiment énormes... Mais est-ce que ça
paraissait grand parce que c'était bas ? Ça n'avait pas l'air
d'être haut, vu comme c'est arrivé bas sur l'horizon, peut-être
900 m de haut, par comparaison aux câbles qu'on allonge pour
la pêche. »
Question : Lorsque le témoin observait le phénomène de
l'avant du bateau, vers quelle direction regardait-il ?
Était-il orienté vers la cabine pour observer l'objet à la
verticale du bateau ou regardait-il dans la direction du
déplacement du bateau ou autres ? Peut-il nous décrire à ce
moment quelle était sa position exacte d'observateur relativement
au bateau et au phénomène observé ?
Il faut savoir que le bateau se déplaçait à ce moment-là à
3,5 noeuds (soit environ 6,5 km/h, vitesse constante
et non modifiée) et que M. Bal avait l'impression que
l'objet « suivait » le bateau, restant parfaitement
immobile durant tout le temps de l'observation au-dessus du
bateau. M. Bal était tourné vers l'arrière du bateau, se
trouvant à l'avant, le regard à la verticale, puis dirigé vers
l'arrière lorsque le phénomène a commencé à se mouvoir.
Une autre précision : M. Bal n'est pas resté
constamment à l'avant durant tout ce temps d'immobilisation du
phénomène, mais a fait des aller-retours avant-arrière afin de
mieux jauger le phénomène.
Voilà qui est contraire à ce que l'on voit sur la photo illustrant LDLN.
Le témoin dit avoir observé un objet énorme — Il donne une
estimation de 200/300 m de côté pour une hauteur estimée de
900 m. L'estimation de la longueur de côté de 200/300 m
est-elle l'estimation de la longueur réelle de l'objet ou de sa
dimension apparente ? Le témoin peut-il évaluer les
dimensions angulaires ou apparentes (à bout de bras) (comparaisons
avec le diamètre lunaire, une constellation telle que la Grande
ourse...) ?
Non, cette estimation ne signifie rien, le témoin
reconnaît bien volontiers que sans aucun point de repère, il est
difficile voire impossible de donner une estimation fiable, ce
qu'il a dit à l'époque étant pour donner un ordre de grandeur
très relatif. Quoiqu'il en soit, l'impression
« d'énormité » du phénomène demeure dans son esprit,
même 20 ans plus tard.
Pour la taille estimée à bout de bras, une longueur de main est
bien en-deçà de la réalité, l'estimation étant de 70 à
80 cm de long (mesuré sur un réglet tenu à bout de bras).
Ça donnerait une dimension angulaire impressionnante de l'ordre de
60°, largement supérieure à celle de la rentrée atmosphérique qui ne
devait pas dépasser 15°. Mais nous avons vu que les indications
précédentes de 200 à 300 m de longueur pour une altitude de
900 m donnaient une dimension bien plus réduite, de 13 à 19° si
l'objet était à la verticale, et encore moins dans le cas contraire.
Une telle exagération après vingt ans n'aurait rien de surprenant.
Lorsque le témoin décrit le phénomène comme étant « un
plafond au-dessus de nous, qui déborde de chaque côté »,
qu'entend-t-il par là ? Le phénomène débordait-il
effectivement des côtés du bateau jusqu'à barrer la vue du ciel
par exemple ? Comme il semble le décrire dans la partie qui
suit : « On avait l'impression de matière, mais dans le
centre, est-ce que c'était une masse ? On ne voyait rien au
travers. Ça n'était pas transparent, sinon on aurait vu un petit
nuage, une étoile. On ne voyait que du noir, mais plus noir que le
ciel. Même dans la nuit, on fait la différence ; je ne me
souviens pas d'avoir vu des étoiles, mais le ciel était clair,
vraiment clair ».
Effectivement, M. Bal dit clairement que l'objet aurait pu
englober son bateau sans problèmes, et qu'il barrait la vue du
ciel. L'impression de matière, de sombre au milieu de ce
phénomène demeure, et d'éventuelles étoiles n'étaient pas
visibles dans ce centre.
L'habituelle forme noire qu'on ne distingue pas dans le fond de la
nuit.
« C'est resté stable bien cinq minutes au-dessus de
nous, à faire du sur-place, comme s'« ils » voulaient
nous voir, nous photographier... Je suis resté longtemps à
regarder, puis ça a avancé un petit peu, en dépassant le bateau
pour arriver au travers de l'arrière, et là, il y a eu les
réacteurs (je pense que c'étaient des réacteurs) qui se sont mis
en route. Ça s'est allumé en deux fois, mais au début, c'était
juste minime, tout doucement, comme un brûleur à gaz avec des
flammes blanches, pas (violentes), et progressivement, au fur et à
mesure qu'« ils » mettaient la sauce, on voyait les
genres de réacteurs qui forçaient. »
Question : Le témoin peut-il nous donner confirmation de la
durée (5 mn) de la position stationnaire de l'objet ou
existe-t-il une marge d'incertitude ? À cette étape de
l'observation, le témoin peut-il nous donner sa position
relativement à l'objet, l'axe de vue de son observation et sa
situation sur le bateau ? Lorsque l'objet a semblé se
déplacer légèrement sur l'arrière du bateau pour se positionner au
travers de l'arrière, quelle était l'orientation du témoin ?
Son regard était-il tourné vers l'arrière du bateau ou dans une
autre direction ?
Après réflexion, M. Bal pense avoir possiblement
surestimé un peu cette durée, mais en aucun cas inférieure à
3 minutes. Comme il a observé successivement le phénomène
depuis l'arrière et l'avant du bateau, il ne se souvient plus
s'il était à l'avant ou à l'arrière lors de son départ, ce qui
est certain c'est que son regard était tourné vers l'arrière.
3 à 4 minutes, c'est ce qu'il indiquait dans l'article de presse...
Et c'est incompatible avec la rentrée atmosphérique qui n'a pas pu
donner l'impression de surplace pendant plus d'une trentaine de
secondes, mais des erreurs d'estimation de durées de cette
importance sont fréquentes.
« C'est devenu assez vif comme une traînée de lumière
blanche, et d'un seul coup, c'est parti, d'un mouvement terrible,
cap nord-est, à une vitesse incroyable. »
Question : Le témoin peut-il confirmer qu'il a vu l'objet
disparaître à une vitesse fulgurante dans la direction
nord-est ? Lors de cette dernière étape de l'observation,
dans quelle direction le témoin regardait-il et quelle était sa
position sur le bateau ?
Oui, vitesse fulgurante vers le NE.
C'était déjà dans le témoignage pour LDLN, mais pas dans
l'article de presse quelques jours après l'observation.
Le témoin aurait dit à l'enquêteur de LDLN qu'il
avait parlé au patron d'un autre bateau, le Guillemot, qui se
trouvait dans les parages, lequel aurait vu les lumières blanches
mais n'y aurait pas fait attention.
Question : A-t-il donné une estimation de la direction de son
observation ? Et M. Bal a-t-il rencontré plus tard
d'autres personnes, marins ou non, qui avaient observé quelque
chose non loin de là ? Ont-ils comparé leurs observations,
notamment en ce qui concerne les directions, pour savoir s'ils
avaient pu observer la même chose ?
Le patron du Guillemot III (bateau toujours en
activité à Port-Louis) est décédé depuis, mais il a bien observé
des lumières blanches, sans y prêter davantage attention.
Lorsqu'ils en ont reparlé à la radio VHF et plus tard, sur
terre, il n'a pas été fait mention de quoi que ce soit d'autre,
le patron du Guillemot ayant repris ses activités de pêche et
n'ayant absolument pas relevé d'azimut, de durée, ou d'autres
détails.
M. Bal en a parlé à quelques amis, mais a été victime des
quolibets d'usages: « t'as vu des rats bleus... »
etc... sans que qui que ce soit d'autre évoque une semblable
observation.
D'après l'ensemble des témoins de la rentrée atmosphérique, il
y a eu d'abord une boule lumineuse qui a explosé (l'explosion a
formé un nuage bizarre qui a persisté un quart d'heure, il serait
intéressant de demander au témoin s'il a vu ce nuage, dans la
direction d'origine du phénomène), puis deux grosses lumières se
sont détachées de cette explosion, et en s'approchant elles se
sont différenciées en une multitude de lumières qui prenaient au
passage au plus près la forme générale d'un triangle, losange ou
ovale... Plusieurs traînées suivaient ces lumières, et plus loin
sur la trajectoire deux grosses traînées lumineuses sont
apparues...
Question : D'après la description faite par les témoins de
cette rentrée atmosphérique et les photos suivantes qui sont assez
représentatives de l'aspect visuel d'une rentrée atmosphérique,
pourrait-il s'agir de ce que le témoin a observé ?
M. Bal est formel, lors de l'apparition du phénomène bas
sur l'horizon, aucun nuage bizarre n'était visible près de lui,
ni ailleurs.
J'ai montré les photos à M. Bal qui me dit que ce qu'il a
vu ne ressemble en rien à ce qu'on y voit. Il mentionne des
« feux blancs » sans traînées, disposés en losange
sur un « pourtour » et non de façon
« désordonnée » comme sur les photos.
Les deux photos de rentrées atmosphériques montrées en exemple au
témoin :
Rentrée du module Apollo 8 en décembre 1968.
Rentrée du module ATV (le « cargo » européen
vers la station spatiale internationale) en septembre 2008.
Photo de Jesse Carpenter, Bill Mode et Peter Jenniskens, Ames
Research Center (NASA).
Il est clair qu'il sera difficile de convaincre ce témoin qu'il a
observé une rentrée atmosphérique alors qu'il pense depuis vingt ans
qu'il a vu quelque chose d'extraordinaire et mystérieux...
Mais il n'empêche qu'on a une description plutôt exacte de la rentrée
atmosphérique, avec seulement quelques détails incompatibles mais qui
justement apparaissent douteux à l'examen du témoignage, et aussi
une certaine exagération dans le récit fait plusieurs années après les
événements.
Et on sait aussi que la rentrée atmosphérique, très spectaculaire,
passait bien vers le sud, la direction de déplacement du bateau, alors
que M. Bal se trouvait au poste de pilotage.
Depuis la publication de ce texte, il n'y a pas eu de nouvelle rencontre
d'Elevenaugust avec le témoin, mais récemment quelques nouvelles
réactions sur le
forum Mystère des Ovnis.
C'est « Loreline :» qui intervient d'abord pour une remarque
pertinente :
Cette étude est très intéressante à suivre et si j'avais été sur le
forum à l'époque, j'aurais demandé pourquoi M. Bal n'a pas
réveillé les autres car il a eu le temps de le faire. La coutume est
de réveiller l'équipage lorsqu'un fait anormal se produit car il peut
menacer la sécurité du bateau...
Effectivement quatre minutes c'est long et si l'observation était aussi
extraordinaire que M. Bal le dit on a du mal à comprendre pourquoi
il n'a pas réveillé l'équipage.
Ensuite, en se fiant à la relation de la vague d'observations par le
Geipan (pas très correcte) et au délai qu'il a fallu pour que
« l'explication officielle » soit annoncée, Loreline
remarque :
Autrement dit, ce qui a été vu dans l'espace aérien de notre pays,
n'évoquait pas de prime abord la rentrée atmosphérique d'une fusée ou
autre fabrication artificielle puisqu'il a fallu 4 jours pour
l'annoncer à la presse.
On peut raisonnablement penser qu'il y avait peut-être d'autres objets
aériens au même moment.
Cela, j'en ai déjà longuement parlé ailleurs dans ce site, mais en tout
cas ce qui a été vu a tout de suite évoqué une rentrée atmosphérique
pour ceux qui connaissaient ce type de phénomène, et malheureusement le
chef du Sepra n'en faisait pas partie !
Plus loin, Loreline toujours, après avoir cité le témoin disant qu'il a
vu d'abord une explosion dans le ciel, puis juste après un objet en
forme de losange qui est resté stationnaire pendant 3 àn 4 minutes
au-dessus du bateau :
Il a bien vu la rentrée atmosphérique dans un angle que lui
permettait sa position dans la cabine mais ensuite il a vu un autre
objet (ou phénomène) et l'objet se trouvait éloigné de lui de
1 km en étant au-dessus du bateau et ça n'a pas duré plus de
3 minutes ce qui explique qu'il n'ait pas pensé à alerter
l'équipage.
Si l'observation avait duré plus longtemps, il aurait crié (je parle
poliment) ce qui aurait réveillé les autres.
[ ... ] Je viens de me rendre compte que le contradicteur de Joël
Mesnard ne peut plus répondre mais c'est sur son travail que je
raisonne et le rapport d'Eleven.
Je peux quand même souligner que M. Alessandri semble tailler
dans les témoignages pour mieux les ajuster à l'explication de la
rentrée atmosphérique... c'est facile de le constater dans son article
et sur le forum et ça c'est pas bien !
Je pense que si Loreline continue à étudier les ovnis, elle finira par
comprendre que les témoins ne sont pas toujours très fiables, et surtout
que certains témoins ne le sont pas du tout... Alors quand on
s'intéresse à une observation de masse d'un phénomène parfaitement
identifié, il faut bien s'attendre à trouver quelques témoignages qui
paraissent étonnants par certains détails, je ne vois pas en quoi il ne
serait « pas bien » de considérer que les quelques détails
anormaux relèvent d'erreurs de perception ou de jugement... On sait
qu'il y avait une rentrée atmosphérique, le témoin était idéalement
placé pour la voir, ce qu'il décrit a tout à fait l'aspect de la
rentrée... Et curieusement maintenant Loreline trouve normal que ce
témoin n'ait pas alerté son équipage pendant les trois minutes où
l'objet serait resté parfaitement immobile au-dessus du bateau ! Il
me semble plus crédible de considérer qu'il a vu la rentrée en approche
pendant de l'ordre d'une minute, spectaculaire mais aux dimensions plus
modestes que ne l'indique le témoin et pas du tout « au-dessus du
bateau », puis en éloignement progressif.
La faillibilité des témoignages, c'est ce qu'un intervenant plutôt
sceptique, Flo78, met en avant, en citant au passage notre texte...
Notons que depuis Flo78 a fini par être banni du forum les Mystères
des ovnis, comme tous les intervenants un peu trop sceptiques, et
qu'il a rejoint avec bonheur l'équipe d'Ufo-scepticisme où il
s'est encore illustré par des enquêtes très fouillées.
Des interventions qui lui ont valu quelques déboires avec des membres du
« team » du forum, notamment « Wacapou »,
« analyste observations », qui énonce au passage un festival de
sottises au sujet des rentrées atmosphériques : pour lui, l'orbite
d'un satellite est donnée par rapport à l'écliptique, une rentrée
atmosphérique ne dure que quelques secondes et un étage de fusée brûle à
la vitesse des anciennes ampoules flash !
Et puis, Wacapou ne veut pas croire que le témoin ait pu se tromper en
disant que l'objet passait à la verticale de son bateau...
Un sentiment que partage le « coordinateur d'enquête »
Pat41 :
Je trouve très étonnant que vous soyez persuadé que les témoins ne
soient pas capables de discerner une rentrée atmosphérique d'un objet
immobile situé au-dessus d'eux. Je ne vois pas à quel moment le témoin
doute, bien au contraire comme le mentionne Elevenaugust « Vivace
d'esprit, 20 ans après ».
Bref on retrouve ces éternels ufologues débutants qui accordent une
confiance absolue aux témoins, même si les grosses anomalies des
descriptions ne concernent que quelques témoins sur un total de 400...
Ce qui est triste, c'est que sur ce genre de sites internet une telle
méconnaissance de la réalité n'empêche pas de devenir enquêteur, tout au
contraire ça semble être un élément favorable !
J'avais enfin omis de signaler dans mon texte initial une autre
observation dans les parages, prouvant selon Joël Mesnard que plusieurs
objets étaient présents :
Il est évident, en outre, que l'objet qui a stationné au-dessus du
bateau de M. Bal n'est
pas le seul qui ait survolé les parages à cette heure-là.
Ainsi, dans le même article de La Liberté, on trouve un autre
témoignage, celui d'un journaliste nommé Jean-Marie Biette, qui se
trouvait à bord de la vedette Elf Aquitaine, venue prendre en
remorque le trimaran de Jean Maurel. La vedette se trouvait à trois
milles (un peu plus de 5 km) dans le nord-est du Palais. Or,
Jean-Marie Biette et ses compagnons décrivent un engin passant au-dessus
d'Hoedic, d'ouest en est. Il est impossible que ces
témoins-là aient observé le même objet qu'a vu M. Bal : ils
lui tournaient complètement le dos, comme le montre la carte
ci-dessous :
Ce que l'on voit surtout sur cette carte, c'est que ce journaliste a vu un objet
passer précisément dans la direction de la rentrée atmosphérique...
Quant au patron de l'Elvis, soit il a vu autre chose que la rentrée qui
passait au-dessus de lui précisément au moment où passait la rentrée
vers l'avant de son bateau, soit comme beaucoup de témoins il indique un
passage « au-dessus de lui » pour la rentrée qui passait
devant lui et qu'il croyait proche, comme on a de bonnes raisons de le
suspecter !
Deux brusques changements de cap. Un seul des quatre témoins les signale, il courait sur un chemin
sinueux, ça explique bien l'erreur de perception et en dehors de cela
tout évoque la rentrée.
Quatre joggers courent d'ouest en est sur
une piste cyclable, à environ 18 h 57, lorsqu'ils voient au
sud d'abord une faisceau de lumière blanche qui vient vers eux, puis un
deuxième, vert celui-là, qui ne touche pas le sol. Lorsque les deux
faisceaux s'éteignent, l'engin se présente sous la forme d'une masse
noire qui ne réverbère pas la lumière (autant dire qu'elle est
invisible !), munie de lumières rouges et d'un gros globe lumineux
vert. L'engin s'immobilise un instant au-dessus des coureurs avant de
faire un « bond » très rapide vers l'est, et peu après il
s'éloigne rapidement vers le sud-est, ne laissant voir qu'un
« trait de lumière ». L'observation a duré une à deux minutes.
On voit que la description, avec ses deux faisceaux
« tronqués » et ses lumières rouges délimitant une
« forme noire » invisible, évoque tout à fait la rentrée
atmosphérique vue depuis la région parisienne. C'est donc bien sûr le
déplacement erratique, avec un surplace, deux brisures de trajectoire et
un bond en avant, qui pose problème. Pour essayer de comprendre, voyons
avec Google Maps sur quel parcours ces joggers ont observé le phénomène,
d'après le témoignage :
C'est au niveau de l'arbre à gauche que la position des témoins, sans
doute au début de leur observation, est indiquée sur le schéma de
reconstitution dans LDLN, et le trajet a dû être de l'ordre de
300 mètres pour une course tranquille pendant une ou deux minutes.
Le phénomène serait apparu vers le sud, soit la direction de la rentrée
atmosphérique peu avant son passage au plus près, et avant cela elle se
trouvait dans le dos des coureurs qui ne pouvaient donc pas la voir
approcher.
En supposant que l'observation a débuté un peu avant l'arbre (notons que
cet arbre, pas plus que les autres, ne devait pas beaucoup gêner la
vision alors qu'il était dépourvu de feuillage en automne), tout à
gauche de l'image, on remarque que la piste cyclable fait un virage
d'environ 18 degrés vers la gauche, sur un parcours d'une trentaine
de mètres. Supposons que les joggers couraient à la vitesse de
12 km/h, raisonnable pour les coureurs habitués qu'ils sont. Ce
premier virage a alors été parcouru en 9 secondes. Et durant ce
temps, la rentrée atmosphérique se déplaçait dans le ciel de 19° vers la
gauche jusqu'à son passage au plus près, compensant presque exactement
le virage ! Autrement dit, la rentrée gardait pendant cette partie
du parcours une direction pratiquement constante par rapport aux
témoins, mais se rapprochait légèrement et s'élevait dans le ciel
jusqu'à son passage au plus près... Soit précisément ce qui est dit pour
la première phase de l'observation. Les témoins couraient et n'avaient
donc pas de repère visuel fixe, ils devaient être trop absorbés par leur
observation pour prendre conscience que la route virait légèrement,
l'erreur de perception est donc assez naturelle...
Continuons... L'objet reste ensuite stationnaire pendant quelques
secondes, correspondant vraisemblablement au passage au plus près, et
ensuite le chemin fait un virage d'environ 30° dans l'autre sens, sur un
parcours de l'ordre de 20 m parcouru en 6 secondes. La rentrée
se déplace pendant ce temps de l'ordre de 14° dans le ciel, et donc dans
le champ visuel des témoins d'un total de 44° vers la gauche, tout en
restant sur leur droite, vers le sud-est... Et justement, les témoins
voient alors l'objet « bondir », en passant du sud au sud-est
en quelques secondes, soit un déplacement angulaire de 45° !
Enfin, l'objet se stabilise encore alors que le chemin vire de nouveau
de 21° vers la gauche en une vingtaine de mètres, la rentrée ne se
déplace dans le ciel que d'une dizaine de degrés pendant ce temps et
donne donc l'impression de s'éloigner vers le sud, puis vers l'est
lorsque le chemin devient rectiligne... Les témoins disent pour leur
part que l'objet s'est éloigné vers le sud-est jusqu'à disparaître à
l'horizon...
Notons que le chemin reste ensuite droit et que le champ visuel est
dégagé vers le sud-est sur la partie du parcours non représentée sur
l'image.
Globalement, tout ceci s'accorde donc plutôt bien... Mais est-il
vraiment crédible que quatre témoins fassent tous la même erreur de
perception, pour naturelle qu'elle soit ? On peut en douter, mais
justement même si Joël Mesnard a présenté ce cas pendant des années dans
ses conférences comme une fantastique observation faite par quatre
témoins ayant observé deux « brisures de trajectoire » très
nettes, ça n'était que ce qu'il espérait ! La vérité, c'est qu'il
avait alors seulement une lettre d'un des témoins, rédigée trois ans
après les faits... Et lorsqu'encore trois ans plus tard il a fini par
rencontrer les témoins, voici ce qu'il a constaté, avec sûrement une
certaine déception :
Il faut dire que M. Le Peltier est probablement le seul qui
ait réellement prêté attention au spectacle qui s'offrait à eux. Deux
de ses amis, probablement trop absorbés par leur entraînement, n'ont
guère prêté attention au phénomène, et lors des conversations qui ont
suivi, ils ont exprimé un certain manque d'intérêt pour l'incident.
Pas d'intérêt pour une observation aussi extraordinaire ? Ne
peut-on pas plutôt penser que ces deux témoins récalcitrants n'ont tout
simplement pas trouvé quelque chose d'extraordinaire à leur observation,
n'ont pas vu notamment l'engin faire ces deux manœuvres spectaculaires
et n'ont eu aucun mal à croire qu'ils avaient observé une banale rentrée
atmosphérique, comme la presse l'a révélé quelques jours plus
tard ?
Et au fait, où est donc passé le quatrième jogger ? Mesnard préfère
l'oublier ici, mais on apprend plus loin au sujet d'un autre cas (voir
l'observation « entre
Muhouse et Bâle ») que ce quatrième témoin a tout simplement
oublié l'incident ! Ce que Mesnard interprète bien sûr comme une
nouvelle étrangeté, pour ma part je considère plutôt qu'il peut être
naturel, pour quelqu'un qui n'a pas trouvé particulièrement remarquable
l'observation d'un phénomène expliqué par une rentrée atmosphérique,
d'oublier l'incident après six ans.
Bref nous avons là encore une observation évidente de la rentrée
atmosphérique, que les joggers ne pouvaient d'ailleurs pas manquer, et
un des témoins a fait une erreur d'orientation tout à fait naturelle
alors qu'il courait sur une route sinueuse... Tout le reste n'est que
fantasmes.
Pour ce qui est de la comparaison que Mesnard fait ensuite des trois
trajectoires d'objets vus dans le même secteur, il est remarquable que les
deux trajectoires apparemment incompatibles avec la rentrée atmosphérique
soient mentionnées par des témoins isolés qui se déplaçaient, en
automobile pour Vert-le-Grand et en courant pour Linas... Le troisième
cas, à Brétigny, dont nous allons parler maintenant, concerne deux témoins
immobiles, et la trajectoire décrite est parfaitement normale !
Brétigny-sur-Orge (Essonne)
Les deux dames distinguent parfaitement le contour de cette masse,
qui ressemble à « l'avant d'un TGV ». En dehors de ce contour « parfaitement distingué » et d'une
extinction de l'éclairage public au passage de l'objet, tout évoque la
rentrée atmosphérique.
Mesnard ne retenait pas ce cas dans sa
sélection lorsqu'il a rédigé son dossier initial, mais il l'a fait
récemment lorsqu'il a porté le nombre d'observations convaincantes à une
cinquantaine. Voici comment il était exposé dans LDLN
n°303 :
Il est 19 h 05 lorsque deux dames garent leur voiture rue
de l'Orge. Au moment où elles descendent, l'éclairage public s'éteint.
Elles voient alors, venant de la direction d'Orléans, c'est-à-dire du
sud, et se dirigeant vers le nord-nord-est, « une énorme masse
noire », avec des lumières tout autour. Elles distinguent
parfaitement le contour de cette masse, qui ressemble à « l'avant
d'un TGV ». La chose est visible sous un angle
considérable : comme la Grande Ourse, ou comme le toit d'un
pavillon, vu à 40 ou 50 m.
Mme M. est frappée par la beauté du spectacle. Elle n'avait jamais
rien vu de semblable. À la périphérie de la masse sombre, elle
distingue de grosses lumières, bien rondes, et d'autres plus petites.
Au total, il y en a peut-être une cinquantaine. Il y en a des blanches
et des orange. Certaines clignotent. Elles ne scintillent pas. Ce
sont des boules, comme des globes lumineux. En bas de la masse, deux
boules blanches projettent vers l'arrière des faisceaux blancs, de
section constante, dont l'extrémité est franche, « un peu comme
des tubes au néon ». Mme M. estime à 30 ou 40 secondes
la durée de l'observation. Elle se précipite vers l'arrière de sa
maison, dans l'espoir de voir la chose s'éloigner à l'horizon, vers
Saint-Michel. Mais c'est en vain : tout a disparu.
Mme X., elle, estime à une minute la durée de l'observation. Le
dessin qu'elle fait du phénomène n'est pas rigoureusement identique à
celui de son amie, mais elle confirme la couleur des lumières :
du blanc et de l'orange. Sur la couronne de lumières, à l'avant, il y
en a une grosse qui clignote. Il y a également quelques feux à
l'arrière, mais plus faibles et plus petits que ceux de l'avant.
Mesnard mentionne ce cas ici pour signaler que les trois cas du même
secteur impliquent des trajectoires très différentes... Mais seul celui
de Brétigny concerne des témoins immobiles, et c'est justement celui-ci
qui est conforme à la rentrée atmosphérique, bien que ça ne soit pas
évident sur le schéma des lieux d'observation qui figure dans le
dossier : on peut avoir l'impression que l'objet aurait été vu
depuis Brétigny passant de gauche à droite au nord-ouest, à l'inverse de
la rentrée, mais en fait les deux témoins se trouvaient au nord-est de
Brétigny et voyaient bien l'objet défiler de droite à gauche au
sud-est... Tout comme un autre témoin de Brétigny cité dans le même
numéro 303 de LDLN, et dont l'observation ne présente aucun
détail étrange.
La trajectoire suivie est donc tout à fait conforme à celle de la
rentrée, la durée de l'observation, estimée entre 30 et 40 secondes
pour un témoin, environ une minute pour l'autre, est aussi très
vraisemblable... L'estimation de la dimension angulaire, équivalente à
celle de la Grande Ourse (environ 30° sur 10°), est aussi très proche de
celle de la rentrée vue depuis la région parisienne... Le seul détail un
peu surprenant est que pour une fois ces témoins disent avoir
parfaitement distingué les contours de la « masse noire »
portant les lumières. Mais force est de constater que si l'on enlève
cette « masse noire », les dessins de ces deux dames évoquent
parfaitement la rentrée atmosphérique telle qu'elle a été décrite par
d'autres témoins de la région parisienne, avec un ensemble de lumières
blanches ou orangées et deux « faisceaux tronqués » de section
constante dirigés vers l'arrière.
On aimerait être sûr qu'elles ont toutes deux affirmé dans leur
déclaration avoir vu, et pas seulement « deviné », les
contours de l'objet, mais ça n'est pas du tout évident, et on a vu dans
d'autres cas que Mesnard a tendance à exagérer voire inventer les
accords entre les témoins... À propos du dessin du deuxième témoin, on
lit : « Le dessin qu'elle fait du phénomène n'est pas
rigoureusement identique à celui de son amie, mais elle confirme la
couleur des lumières : du blanc et de l'orange. » Cela, nous
n'en doutons pas, mais les contours ?
Une dernière anomalie dans ce cas est que juste avant que ces deux dames
observent le phénomène, l'éclairage public s'est éteint. Il ne faut sans
doute pas y voir autre chose qu'une coïncidence, pas vraiment
surprenante sur un total de plus de 400 observations, et il se peut que
la simultanéité des événements ait été exagérée après coup. Il n'est pas
impossible non plus qu'un phénomène lumineux tel que cette rentrée
atmosphérique ait déclenché un système automatique d'éclairage dont les
capteurs seraient sensibles à la luminosité d'une portion du ciel.
Bétheny (Marne) :
Une « ville dans le ciel », qui va du sud au nord ! La rentrée atmosphérique est très bien décrite, la trajectoire indiquée
est incompatible avec le témoignage et résulte probablement d'une erreur
de localisation d'un repère géographique.
Joël Mesnard n'avait pas non plus retenu
ce cas comme une évidence dans son dossier initial, mais l'a
« promu » récemment.
Une « masse noire » délimitée par des lumières rouges, même si
la forme de rectangle avec des « boursouflures aux angles » et
les lumières disposées à la périphérie (mais « peut-être y avait-il
aussi une lumière rouge à l'intérieur ») n'est pas très
conventionnelle, ça rappelle trop la rentrée pour être autre
chose !
Et cette fois, la dimension réelle est très correctement évaluée,
puisque le témoin « eut l'impression que ça avait la taille d'une
ville ! » Avec des dimensions de l'ordre de 20 km sur 50,
c'est bien la taille qu'avait l'ensemble des lumières de la rentrée
atmosphérique !
Cette « masse » a donc défilé sans bruit, pendant une minute,
un peu avant 19 h, de la droite vers la gauche ; tout cela est
encore parfaitement conforme à la rentrée...
Petit problème par contre pour la trajectoire, censée aller de Reims,
dont le centre se trouve au sud-sud-ouest du lieu d'observation, vers
l'aérodrome, qui se situe au nord-nord-ouest... Cela suppose une
trajectoire sud-nord assez éloignée de celle de la rentrée, mais surtout
passant à l'ouest et de gauche à droite, alors que le contraire est
indiqué dans le témoignage ! Voyons avec Google maps la position du
témoin par rapport à Reims et l'aéroport :
Il y a dans tous les cas chez cette dame une erreur d'orientation
quelque part... On peut supposer qu'elle situe par erreur l'aéroport à
droite de la route de Bétheny venant du centre de Reims, alors qu'il se
trouve à gauche. Dans ce cas elle imaginerait cet aéroport vers le
nord-est, bien plus en accord avec la direction de disparition de la
rentrée !
Des erreurs mineures donc, surtout quand on apprend que cette dame a
témoigné après cinq ans. On sait par ailleurs qu'elle se trouvait en
compagnie d'une dizaine d'autres personnes rassemblées pour passer leur
permis de conduire, mais elle est la seule à avoir témoigné.
Sillery (Marne) :
À 50 m de l'énorme chose ! Il n'y a rien de très étonnant dans ce témoignage.
Encore un cas que Mesnard a décidé
récemment d'admettre dans sa sélection de preuves. Il indiquait déjà
dans son dossier initial qu'il s'agissait d'un des cas qui, à son avis,
concernent très probablement autre chose que la rentrée, mais on a du
mal à comprendre pourquoi : cette dame venait de Reims en voiture,
quand elle a vu apparaître derrière son pare-brise une immense chose qui
semblait plate mais épaisse, au contour bordé de nombreuses petites
lumières multicolores, avec une grosse lumière blanche à l'avant, deux
autres à l'arrière, et une énorme lumière jaune-orangé au beau milieu
de la face inférieure. Le reste était sombre, plus sombre que le ciel,
et l'ensemble était « largement aussi long qu'un terrain de
football ».
Ça se déplaçait de l'ouest-sud-ouest vers l'est-nord-est et ça passait
au sud, soit précisément la trajectoire de la rentrée atmosphérique, la
description est à peu près correcte, la « masse noire plus sombre
que le ciel » correspond à la classique « illusion de
contour », et si Mesnard ne dit pas de quand date ce témoignage il
est probablement aussi tardif que le précédent, soit cinq ans après
l'observation...
Si tout ce qu'il trouve de surprenant est la distance estimée à une
cinquantaine de mètres, tout bon ufologue sait bien qu'en l'absence de
repères cinquante mètres ou l'infini c'est la même chose, surtout quand
on observe la nuit depuis une automobile en marche ! Et un terrain
de football vu à 50 m, c'est de l'ordre de quatre fois plus grand
en dimensions apparentes que la rentrée atmosphérique, mais tout bon
ufologue sait aussi, et Mesnard l'indique souvent dans sa revue, que les
grosses exagérations de dimensions angulaires sont presque
systématiques !
Verzenay (Marne) :
« Comme un terrain de football, un porte-avions volant, un
zeppelin... » Encore une bonne description de la rentrée, des dimensions apparentes
tout à fait conformes, une forme noire indiscernable...
Autre cas que Mesnard n'avait pas
retenu initialement dans sa sélection d'évidences, bien qu'il ait dit
qu'il s'agit de l'un des plus extraordinaires témoignages du
5 novembre.
Extraordinaire parce qu'il y avait une quinzaine de témoins militaires
réunis, mais comme d'habitude un seul a fait un rapport (enfin ça n'est
pas complètement une habitude, mais quand ça n'est pas le cas il n'y a
aucun doute sur le fait que c'est la rentrée qui a été observée !)
L'objet avait « la surface apparente de deux poings tendus à bout
de bras », tout à fait représentative de la rentrée atmosphérique,
la trajectoire suivie était précisément celle de la rentrée
atmosphérique (cap estimé par le témoin à 80° alors que celui de la
rentrée était de 60°)...
La description est donnée par ce dessin :
Le témoin nous éclaire sur les contours de cet objet : la forme
— pour moi — d'une énorme masse noire monolithique dont les
contours aux formes brisées et sans architecture symétrique visible ne
sont pas apparus à tous les observateurs présents. Il est vrai que le
contraste n'était pas flagrant. Enlevons donc ces contours
imaginaires, et la seule anomalie qui reste est l'inclinaison du gros
faisceau central. Étant donné que tout le reste évoque parfaitement la
rentrée atmosphérique, on aimerait savoir si ce détail se retrouve dans
les autres témoignages.
Selon le témoin, les cohérences dans les témoignages sont les 3 feux
avant, le phare latéral, les 3 lumières arrière orangées, l'absence de
bruit et la vitesse réduite mais constante... Toutes choses
également cohérentes avec la rentrée atmosphérique !
Joël Mesnard, et c'est là qu'il voulait en venir en mentionnant ces
trois cas, note que ces détails « cohérents » ne se retrouvent
pas dans les témoignages de Bétheny et Sillery tout proches... Ce qui
n'est pas tout à fait vrai puisque la vitesse réduite et continue et
l'absence de bruit se retrouvent dans les trois témoignages, et que la
description de l'objet vu à Bétheny évoque tout de même beaucoup ce
dessin... Pour des témoignages faits cinq ans après l'observation, les
similitudes sont plutôt frappantes !
Notons enfin que ce témoin militaire de Verzenay ne veut pas croire que
ce qu'il a observé est la rentrée atmosphérique, mais tous les détails
qu'il indique pour justifier ce rejet sont parfaitement caractéristiques
de ce phénomène :
La clôture médiatique du dossier (faisant état) d'un étage de fusée
soi-disant soviétique rentrant dans l'atmosphère terrestre ne me
convainc pas du tout, car ne correspondant pas du tout avec nos
propres observations. Un étage de fusée n'excède pas les 70 m, ce
qui signifierait que cet objet que nous avons vu passer, d'après
l'angle sous lequel nous l'avons observé, se serait trouvé à une
distance inférieure au kilomètre, donc en passe de toucher le sol,
très près de notre position. En outre, sa trajectoire apparemment
horizontale, sa faible vitesse relative, ainsi que la position
constante des points lumineux en incrustation sur la masse noire ne
ressemblent en rien à l'explication qui nous a été fournie.
C'est là qu'on se rend compte qu'il y a eu un manque d'informations et
d'explications correctes sur les caractéristiques du phénomène !
Mesnard compare ensuite les trajectoires mentionnées pour les trois
observations. Il note que celles estimées par les témoins de Sillery et
Verzenay sont très proches, et tout à fait conformes à la rentrée
atmosphérique... Mais il ajoute que l'habitante de Sillery affirmait que
l'objet était passé à 50 m devant elle et donnait une dimension
angulaire très supérieure à celle du militaire de Verzenay... Il
remarque :
Si elle avait observé la même chose que les militaires, et si elle
avait simplement commis une erreur d'appréciation de la distance,
l'automobiliste aurait dû indiquer une taille apparente très inférieure
à celle qu'elle donne effectivement. Ce simple constat ne va pas dans le
sens de l'hypothèse d'un objet unique.
Ce « simple constat » va surtout dans le sens que l'appréciation
de la distance est tout à fait impossible, et que les dimensions
apparentes sont souvent très exagérées par la plupart des témoins, surtout
quand on les interroge cinq ans après leur observation ! Mais il y en
a quelques-uns qui prennent le soin de s'appuyer sur des repères visuels,
comme l'a fait le militaire de Verzenay, et quand c'est le cas la
dimension estimée est toujours conforme à celle de la rentrée !
Quant à la trajectoire « anormale » du troisième cas de la
région, à Bétheny, nous avons vu qu'il y avait une contradiction dans le
témoignage précisément sur cet unique détail anormal, et que l'explication
la plus probable est que le témoin situait mal l'aéroport de Reims... La
trajectoire estimée irait alors du sud-sud-ouest au nord-est, bien proche
de celle de la rentrée !
Cette troisième partie est consacrée à quatre témoignages de la région de
Soissons, dont seul le dernier est considéré comme une preuve convaincante
qu'il y a eu autre chose qu'une rentrée atmosphérique.
Plus les témoins sont éloignés, plus ils voient ça gros !
C'est par ce titre accrocheur que Mesnard veut attirer l'attention sur ces
quatre cas dont un seul lui paraît vraiment étonnant, et nous verrons que
son enthousiasme doit être quelque peu tempéré !
Notons qu'il est un peu absurde d'appuyer cette affirmation sur seulement
quatre témoignages situés dans la même région, donc pratiquement à la même
distance de la trajectoire de la rentrée atmosphérique (elle ne varie que
de 10 kilomètres sur 230).
Si l'on veut savoir s'il s'agit d'une généralité, on peut représenter les
dimensions apparentes estimées par un grand nombre de témoins en fonction
de leur distance à la trajectoire. C'est ce que j'ai fait à partir des
430 cas compilés par Franck Marie : 124 témoins donnaient d'une
manière ou d'une autre une dimension apparente, et voici ce que l'on
obtient en les classant par intervalles de 50 km de distance de la
trajectoire au sol de la rentrée atmosphérique :
La dimension apparente est donnée en mètres par kilomètre. La
« courbe théorique » correspond à la dimension apparente d'un
objet de cent kilomètres de longueur situé à cent kilomètres d'altitude.
Les nombres inscrits dans chaque colonne correspondent au nombre de
témoins. Il y en a trop peu pour que l'accord par rapport à la courbe
théorique soit parfait, mais la tendance générale est indéniable : plus
les témoins sont éloignés, plus ils voient ça petit !
Cette remarque faite, venons-en aux témoignages choisis par Mesnard...
Braine (Aisne)
On peut imaginer que cette dame a bien assisté à la rentrée
atmosphérique (cas non retenu par Joël Mesnard). C'est même une certitude, mais rien ne distingue son observation de
bien d'autres considérées comme remarquables.
Le témoin, une dame habitant cette petite
localité située à l'est-sud-est de Soissons, sortait ses poubelles vers
19 h lorsqu'elle a vu « au-dessus d'elle » un groupe
d'une dizaine de points lumineux jaunes, disposés en croix ou en
triangle, sans aucun support matériel visible, avec une lumière à
l'arrière plus grosse que les autres, comme un phare qui semblait
projeter un faisceau lumineux vers le sol. L'ensemble a défilé
lentement, sans bruit, pendant une dizaine de secondes, avant de
disparaître entre deux cheminées d'un immeuble à l'horizon.
La description évoque parfaitement la rentrée atmosphérique, et Joël
Mesnard note à propos de la disparition finale :
Cette mention d'un passage entre deux cheminées de l'immeuble indique
que les dimensions apparentes du phénomène n'étaient pas vraiment
gigantesques, contrairement à des dizaines d'observations faites au
même instant. On peut imaginer, si l'incident s'est bien déroulé le
5 novembre 90, que cette dame a bel et bien assisté à la rentrée
atmosphérique de l'étage de fusée soviétique.
Mesnard veut donc bien accepter la rentrée atmosphérique à la seule
condition qu'elle ne soit pas trop spectaculaire ! Mais pourtant,
cette dame disait aussi qu'elle était « émue par la taille de ce
qu'elle voyait » ! Mesnard ne semble pas penser que la rentrée
n'avait tout simplement pas la même taille apparente lorsqu'elle passait
au plus près et lorsqu'elle disparaissait à l'horizon !
La rentrée atmosphérique passait au plus près de ce témoin à
225 km... Si l'on évalue raisonnablement à 70 km la longueur
du nuage de débris qui la composait, elle était alors visible sous un
angle de 20°, un peu plus avec la traînée, ce qui est impressionnant.
Voyons maintenant si une telle dimension est compatible avec la
disparition entre deux cheminées... On n'a pas de mal à trouver sur
Google maps, d'après la photo du lieu d'observation dans LDLN,
la position du témoin et de l'immeuble porteur des cheminées :
L'immeuble au-dessus duquel le phénomène aurait disparu est distant de
180 m, à un azimut de 106°. À cette distance, l'écart entre deux
cheminées est de 3°, ce qui n'est pas rien : six diamètres
lunaires. La rentrée atmosphérique se trouvait alors à une distance de
320 km, sous une perspective très inclinée, la traînée avait perdu
de sa longueur et de nombreuses lumières s'étaient éteintes ou étaient
trop faibles pour être visibles : la longueur apparente de
l'ensemble devait être de l'ordre de 5°, un peu supérieure à l'écart
entre les cheminées.
Mais en fait, la rentrée atmosphérique n'a pas pu disparaître derrière
cet immeuble. En effet, elle passait à cet azimut à une hauteur
angulaire de 14°, ce qui correspondrait pour une distance de 180 m
à une hauteur de 45 m. L'immeuble de 4 étages ne doit pas
dépasser 15 m de hauteur, et il n'y a pas de gros dénivelé sur
cette courte distance. La rentrée a donc dû disparaître un peu plus à
gauche, à un azimut d'environ 90°. Elle était alors encore nettement
plus éloignée, et vue sous une perspective encore plus inclinée, sa
longueur apparente devait être de l'ordre de 3°. Étant donné que le
témoignage a été rapporté un an et demi après l'observation, il n'est
pas surprenant que cette dame se soit trompée d'une quinzaine de degrés
sur la direction de disparition du phénomène, et sa mention d'une
disparition entre les cheminées de l'immeuble est à prendre comme une
indication de la taille apparente du phénomène, tout à fait correcte.
La seule grosse erreur est donc une estimation de la durée d'observation
à une dizaine de secondes, alors que la rentrée atmosphérique a mis
environ 50 s pour passer de sa position au plus près à sa
disparition, mais on sait bien que l'appréciation de durée est souvent
très imprécise, dans un sens comme dans l'autre.
Et d'autre part, Mesnard s'étonne que le témoin dise que la chose est
passée « juste au-dessus d'elle », alors que la rentrée
atmosphérique passait au plus près à 25° de l'horizon, mais on sait
aussi que chez la plupart des témoins un passage « au-dessus »
signifie simplement que l'objet semblait passer très près de leur
position.
Mesnard a donc certainement raison de supposer que ce cas se rapporte à
la rentrée atmosphérique, mais il a tort de penser qu'il était moins
impressionnant que les autres !
Saint-Félix (Aisne) :
Les témoins n'ont pas cru une seule seconde à l'explication par la
fusée russe (cas non retenu par Joël Mesnard). Ils n'y ont pas cru, mais ils l'ont bien décrite !
C'est cette fois toute une famille (un
couple et ses trois enfants) qui a vu passer l'objet « au-dessus
d'eux »... Mesnard tempère cette indication : [la chose]
leur paraît très proche, et pour cette raison, ils disent spontanément
que c'est passé au-dessus d'eux. En fait, ils précisent que c'est
passé « au-dessus de la maison du voisin ». Il ne faut
certainement pas entendre par là que ce soit passé à la verticale de
cette maison. Chacun le comprendra : cela signifie seulement que
c'était visible au-dessus du toit de la maison, mais probablement
beaucoup plus loin, à une distance qui reste indéterminée.
C'est effectivement ce qu'on comprend, il est juste dommage que Mesnard
ne le comprenne que dans certains cas !
Pour ce qui est de la description, il s'agit d'une grande masse noire,
triangulaire, émaillée de lumières clignotantes et de fortes lumières
jaunes aux sommets, avec à l'arrière une traînée lumineuse horizontale.
La durée est estimée à « au moins cinq minutes », ce qui est
sûrement assez exagéré, et la dimension angulaire à une trentaine de
degrés, ce qui doit l'être à peine. Pour un témoignage fait après
presque deux ans, la description de la rentrée est tout de même plutôt
bonne !
Mesnard note que ces témoins n'ont pas cru une seule seconde à
l'explication par la fusée russe, ce qui montre sans doute qu'il n'a
rien fait pour les informer sur ce phénomène !
Soissons sud (Aisne) :
« C'était bien plus grand qu'un terrain de football »
(cas non retenu par Joël Mesnard). Bien plus grand en effet, c'était la rentrée...
C'est ici un policier qui voit
passer un ensemble de points lumineux formant une « masse opaque,
comme une toile », mais sans structures ni bord apparent, munie sur
le côté d'un projecteur très puissant éclairant vers l'arrière-bas. La
chose passe au sud à une hauteur angulaire estimée à 37° (contre 24 pour
la rentrée atmosphérique), et se dirige vers le nord-est.
Encore une bonne description de la rentrée pour un témoignage fait après
presque deux ans...
Joël Mesnard note que ces trois cas de la région de Soissons ne
mettent guère en péril la thèse officielle : les indications
d'azimut, de hauteur angulaire et de taille apparente sont trop peu
précises, et les différences entre les descriptions, bien que
frappantes, ne permettent pas de conclure.
C'est donc le quatrième cas qui lui permet de conclure :
Soissons (Aisne) :
À 18 h 55, un témoin observe un gigantesque ensemble de
lumières, qui lui semble très proche et qui remplit tout son champ
visuel. Les lumières sont réparties à la périphérie d'un rectangle.
Certaines disparaissent au N-E, tandis que d'autres continuent à
apparaître au sud-ouest. Il suffit de lire les différentes versions du témoignage pour
comprendre que le champ visuel du témoin était limité par des bâtiments,
et il ne reste alors qu'une exagération minime de la dimension de la
rentrée, par ailleurs bien décrite.
Le témoin, Jacques Katz, commerçant, se
trouvait à l'arrêt dans sa voiture garée sur la place centrale de
Soissons, face au marché couvert :
Un mouvement dans le ciel lui fit lever les yeux, et il découvrit
« un grand rectangle », dont l'arrière venait juste de lui
apparaître au-dessus d'un groupe de maisons à sa droite, rue des
Chaperons Rouges, et dont l'avant lui était déjà caché par un groupe
d'immeubles bordant la rue principale, à l'est. Ainsi, des lumières
disparaissaient à l'est-nord-est, tandis que d'autres continuaient à
apparaître, venant de l'ouest-sud-ouest. L'article de l'Union
précise que le témoin ouvrit la vitre de sa portière pour mieux
détailler quelque chose qui occupait « tout l'espace du ciel ».
(L'expression figure en italique et entre guillements dans le journal,
précise Mesnard).
La description évoque bien la rentrée atmosphérique : de grosses
lumières rouges délimitant un rectangle, avec au centre une lumière
intense, comme un réacteur crachant des flammes, et deux autres flammes
très claires à l'arrière...
Le phénomène a été vu pendant 60 à 90 secondes, et a disparu au
nord-est.
Tout donc évoque la rentrée atmosphérique, sauf la dimension
invraisemblable, comme on le voit sur ce dessin fait par Joël Mesnard
d'après celui du témoin :
Mais outre le fait que les grosses exagérations de dimensions apparentes
sont quasi-systématiques, rappelons que ce témoignage a été fait un an
et demi après l'observation, ce qui n'arrange rien.
Notons que le marché couvert doit avoir une hauteur de sept mètres sur
les côtés à quinze mètres dans sa partie centrale, et que le témoin n'en
était distant que d'une vingtaine de mètres. De ce fait, la rentrée
atmosphérique qui passait à une hauteur sur l'horizon de 21° ne pouvait
pas être vue au-dessus, elle serait passée derrière ! Cela nous
rappelle un détail concernant la situation du témoin telle qu'elle est
exposée par Joël Mesnard : Son regard était tourné vers le sud,
mais son champ de vision dans cette direction était limité par
l'imposante masse d'un marché couvert. En fait, dans
son automobile, M. Katz ne devait même pas voir le ciel au-dessus
de ce marché couvert, et certainement pas un objet immense passer
au-dessus ! On peut donc se demander si l'objet n'aurait pas été vu
juste entre les immeubles qui bordent la rue et le marché couvert, ce
qui lui donnerait des dimensions beaucoup plus raisonnables !
Vous pouvez d'ailleurs noter que la photo de ce marché couvert
illustrant le cas dans LDLN n'a pas été prise depuis la position
du témoin, (sous les arbres à gauche), sûrement parce que cet imposant
bâtiment débordait du champ de l'appareil photo !
J'ai reconstitué au mieux, en m'aidant des ombres sur Google maps,
l'espace du ciel visible par le témoin, avec la trajectoire de la
rentrée atmosphérique en rouge :
La rentrée aurait été visible une première fois pendant environ
40 secondes (en tenant compte du temps de défilement), puis serait
réapparue immédiatement à gauche du marché couvert pour être vue encore
pendant 30 secondes, et peut-être une troisième fois après une
courte occultation, jusqu'à disparaître dans l'axe de la rue à gauche
s'il n'y avait pas de véhicules limitant la vision.
Cette supposition s'accorde mal au témoignage présenté dans LDLN,
mais le témoin avait fait part de son observation beaucoup plus tôt...
Voyons ce qu'il disait juste après son observation, dans l'article de
journal l'Union des Ardennes du 7 novembre :
D'emblée, lorsqu'il dit à son épouse qu'il a « aperçu quelque chose
d'étrange », on peut avoir quelques doutes sur la durée de
l'observation aussi bien que la dimension de l'objet ! Concernant
cette dimension, il est écrit que la chose occupait « tout
l'espace du ciel » qu'il pouvait voir. On trouve
bien les guillements et italiques mentionnés par Mesnard, mais la fin de
la phrase qu'il a bizarrement occultée permet de comprendre :
l'espace du ciel « qu'il pouvait voir » était limité à
gauche par « l'imposante masse d'un marché couvert », comme
l'écrit si bien Mesnard lui-même !
La rentrée atmosphérique, dont la longueur traînée comprise devait
dépasser une trentaine de degrés vue depuis Soissons, n'était pas loin
d'occuper tout l'espace du ciel visible entre le marché couvert et le
bâtiment à droite, d'une quarantaine de degrés à ce niveau...
Et cet article nous apprend aussi que M. Katz a témoigné à la
gendarmerie... On trouve donc maintenant sue le site du GEIPAN sa
déposition, faite le 3 décembre 1990, avec deux autres témoignages de la
région (ce ne sont pas ceux mentionnés plus haut par Mesnard),
sous le numéro 1990307311 :
Le lundi 05 novembre 1990, vers 19 heures 15, je me trouvais à bord
de mon véhicule [place Fernand Marquigny] occupant la dernière
place de parking, face au marché couvert.
Mon attention a été attirée par une forte lumière dans le ciel, au
dessus de [la rue des Chaperons Rouges]. Il faisait nuit et le
ciel était dégagé.
D'après mes connaissances, il me semble que c'était un réacteur dont
la flamme ressemblerait à celle d'un brûleur à mazout.
De l'endroit où je me trouvais, ce réacteur présentait à peu près un
diamètre de deux à trois fois la pleine lune.
Il se déplaçait d'ouest en est. J'ai aperçu plusieurs feux rouges de
part et d'autre du « réacteur ». J'ai vu également assez
loin derrière l'engin, deux flammes claires, parallèles, d'une dizaine
de mètres chacune. Selon mes connaissances personnelles en
aéronautique, de toute évidence, il s'agissait d'un engin propulsé par
trois réacteurs, l'un étant en position centrale, les deux autres en
queue.
Un détail m'a frappé, j'avais ouvert ma vitre pour mieux voir et
entendre et je me suis aperçu que cet engin était totalement
silencieux.
J'ai suivi cet engin du regard pendant quinze secondes. Après quoi de
l'endroit où je me trouvais, il m'était impossible de le distinguer.
Il n'est pas question de dimensions extrêmes, et le
« réacteur » central est estimé à seulement deux ou trois
diamètres lunaires... Si les proportions du dessin plus tardif sont
respectées, ça donnerait à « l'engin », hors traînées, une
longueur d'environ 25°, sûrement très proche de celle de la rentrée.
L'objet n'a été suivi que pendant quinze secondes et pas 60 ou 90, et
semble n'avoir été vu qu'au-dessus de la rue des Chaperons Rouges (cette
mention est effacée du procès-verbal diffusé par le Geipan, mais le
nombre de caractères manquants correspond, il n'y a donc pas de doute),
après quoi il a été masqué par le marché couvert.
La durée serait cette fois un peu minimisée puisque nous avons vu que la
durée de passage dans cette partie du ciel devait avoir atteint de
l'ordre de 40 secondes, et il peut y avoir tout un tas de raisons
expliquant pourquoi le témoin n'aurait pas vu la seconde apparition du
phénomène, mais il est bien possible aussi qu'il ait simplement omis
d'en parler.
M. Katz avait aussi décrit son observation dans une lettre adressée à
Franck Marie le 8 décembre 1990, soit un mois après son observation
et seulement cinq jours après sa déposition à la gendarmerie :
...Vers 18 h 55, j'étais dans mon véhicule arrêté face au
sud de la place Fernand Marquigny, lorsque mon attention a été attirée
par le passage au-dessus des toits d'une série de lumières
orange-rouge, en évolution lente, comme celle d'un planeur, à
200 m du sol au grand maximum, sur une trajectoire OSO-ENE (de ma
droite vers ma gauche, juste au-dessus du marché couvert, légèrement
en biais). Regardant mieux, j'ai constaté que ces lumières
délimitaient une masse sombre plus noire que le ciel qui occultait les
étoiles sur son passage. C'était immense. La longueur devait être
supérieure à 400 mètres. La partie avant était déjà cachée par
les toits sur ma gauche, alors que la partie arrière n'était pas
encore visible, à droite. Cela occupait tout mon champ visuel. L'engin
est passé. En son milieu inférieur il y avait une sorte de réacteur
central d'où sortaient des flammes claires. En vue arrière, je vis une
traînée avec des flammes sortant d'un autre réacteur. Il n'y avait
aucun bruit.
On retrouve ici l'objet qui aurait occupé « tout le champ
visuel » et un passage affirmé « au-dessus du marché
couvert »... Mais Franck Marie indique dans les caractéristiques du
témoignage : « Transit : OSO/ENE, passage au sud (20°/H)
— Altitude : 200 m ». On ne voit pas dans la lettre
d'indication de la hauteur angulaire sur l'horizon, il est possible que
cette valeur de 20° provienne d'un questionnaire que Franck Marie n'a
pas reproduit, mais force est de constater qu'elle est très proche des
21° de la rentrée atmosphérique !
Notons que si l'on se fie à ces indications de Franck Marie, l'objet
volant à une altitude estimée à 200 m se serait trouvé à une
distance de 550 m pour être vu à une hauteur sur l'horizon de
20°... Avec une dimension estimée à 400 m, il aurait été vu sous un
angle de 40° : c'est à peine exagéré par rapport à la rentrée
atmosphérique qui devait être vue sous un angle de 25° hors traînées, et
on est loin de « tout l'espace du ciel » !
Il parle d'autre part ici d'une observation « en vue
arrière », ce qui laisse supposer qu'il aurait observé la rentrée
atmosphérique s'éloignant, lors de sa deuxième voire troisième
apparition.
On constate en tout cas qu'il y a beaucoup de variations entre les
différentes versions du témoignage : la longueur de l'objet passe
« d'au moins la longeur d'un terrain de football » (environ
100 m) dans l'article de presse, à « plus de
400 mètres » dans la lettre à Franck Marie un mois après, pour
retomber « entre 200 et 400 m » dans l'enquête LDLN.
L'altitude passe de « 200 m grand maximum » dans la
lettre à Franck Marie à 100 m dans LDLN. La durée, quant à
elle, passe de quinze secondes dans le témoignage à la gendarmerie à 60
à 90 secondes dans l'enquête de LDLN. Et l'heure indiquée
pour l'observation est 19 h 15 dans le PV de gendarmerie, mais 18 h 55
pour les deux versions suivantes.
Concernant ce changement d'horaire, notons que dans l'article de presse
le témoin annonce aussi 19 h 15, mais en parlant cette fois de l'heure
à laquelle il est arrivé chez lui (et le trajet prend une dizaine de minutes).
Ça permet de supposer que c'est en rentrant chez lui qu'il a regardé l'heure,
et qu'il a estimé plus tard l'heure de son observation, qui pourrait donc bien
être celle de la rentrée.
Quoi qu'il en soit, ces variations n'incitent pas à considérer le témoin
comme particulièrement fiable... Et il est clair que le marché couvert
qui s'élevait depuis la position du témoin à plus de vingt degrés
au-dessus de l'horizon occultait largement le ciel visible à travers la
partie gauche du pare-brise, interdisant toute observation de quoi que
ce soit au-dessus.
Ce cas est juste un bon exemple de la méfiance que l'on doit avoir
envers les témoignages relatés un mois ou pire plus d'un an après
l'observation.
Au moins trente exemples flagrants
Deuxième partie de ce dossier dans LDLN n°360, scindé en quatre
parties sur le site de Philippe Huleux. C'est la fin du dossier
initialement prévu, se terminant par la carte des « trente exemples
flagrants ».
« une ascension fulgurante ». Cette mention ne figure pas dans une version plus directe du
témoignage, lequel évoque par ailleurs parfaitement la rentrée.
La description de l'article cité dans LDLN
évoque très bien la rentrée atmosphérique, sauf à la fin :
La formation lumineuse s'est éloignée en direction du nord-est. Au
fur et à mesure qu'elle prenait de l'altitude, les lueurs diminuaient
de taille et devenaient orangées. L'engin a disparu en l'espace de
quelques secondes, dans une ascension fulgurante.
Et Mesnard ajoute : Ascension fulgurante, c'est écrit noir sur
blanc, et dans un grand quotidien régional paru environ trente-six
heures après les événements. À lui seul, ce détail interdit, et
interdit même doublement, de conclure à une rentrée atmosphérique.
Qu'il ait été simplement négligé, par hasard, c'est inadmissible. Avec
ce seul cas, même en faisant abstraction de tous les autres, nous
tenons la preuve que l'explication officielle a été élaborée non pas à
partir de l'ensemble des témoignages, mais pour ainsi dire sans eux,
malgré eux, contre eux.
Quel magnifique plaidoyer ! Mais oublions les effets de style, et
voyons plutôt ce qu'il y avait réellement dans le
grand quotidien en question, l'Union des Ardennes du 7 novembre,
qui consacrait trois pages au phénomène. Le texte cité
dans LDLN, que l'on trouve en
page 10, est le résumé du témoignage d'un
journaliste que l'on trouve in extenso
dans un encadré de la page 2 :
On voit que cette description originale est quelque peu différente de
celle qu'a choisi de nous livrer Mesnard (ainsi que Franck Marie dans son livre
OVNI Contact) :
Au fur et à mesure qu'il prenait de l'altitude (à ce qu'il pouvait
sembler), les phares diminuaient de taille, et devenaient orangés (à
la façon de la lune rousse). L'engin a disparu très peu de temps
après. Son ascension a été extrêmement rapide.
Et ce passage que Mesnard a choisi d'occulter démontre parfaitement que
c'est bien la rentrée atmosphérique qui a été observée : les
lumières qui baissent d'intensité et deviennent orangées sont
parfaitement typiques d'un phénomène très lointain s'approchant de
l'horizon, tout comme le soleil ou la lune, lorsque la lumière traverse
une grande épaisseur d'atmosphère. Mais le journaliste pense comme
pratiquement tous les témoins qu'il s'agit d'un objet proche, et il
interprète donc la baisse d'intensité des lumières comme résultant d'un
éloignement rapide, accompagné d'une élévation (« extrêmement
rapide » et non « fulgurante ») puisque la hauteur sur
l'horizon diminue très peu pendant ce temps, beaucoup moins que si un
objet proche s'était éloigné rapidement en gardant une altitude
constante. Il précise d'ailleurs que l'objet « prenait de
l'altitude à ce qu'il pouvait sembler »... Si la
hauteur angulaire avait augmenté, il n'aurait eu aucun doute !
Et pour le reste, tout évoque la rentrée atmosphérique : trois
« phares » projetant des cônes de lumière vers l'arrière,
silencieux, vus pendant une minute à une minute et demie... La route se
dirige vers le sud, le témoin dit que l'objet est toujours resté à sa
gauche, ce qui implique juste qu'il n'aurait vu que la fin de la
trajectoire de la rentrée, peut-être en raison d'un nuage (le ciel était
assez couvert dans le nord-est de la France). L'objet se dirigeait vers
le nord-est, en direction de La Croix-aux-Bois qui se trouve plutôt à
l'est-nord-est du lieu d'observation, c'est assez en accord avec la
trajectoire de la rentrée qui disparaissait vers l'est. Seule l'heure,
estimée à 18 h 45 ou 18 h 50, est un peu fausse.
Dans son article, Joël Mesnard donne le nom du témoin, qui n'est pas
précisé dans l'Union des Ardennes : Alain Hatat. Et il fait
partie des témoins qui ont participé en 2015 au documentaire de la
chaîne Numéro 23 « la Mystérieuse Nuit des
OVNI ». Voyons comment est présenté son témoignage :
Toujours à Reims au même moment, à près de 9 km de là et
3 km de Françoise Thoraval, dans le quartier Croix Rouge, se
trouve Alain Hatat. À l'époque Alain est photographe pour un quotidien
régional. Ce soir-là il est sur le point de rentrer chez lui...
« J'étais au volant et dans le ciel au loin là-bas j'ai vu des
lumières, des petites lumières qui clignotaient mais assez nombreuses,
là bas à la cime des arbres. Et donc je me suis arrêté, je suis
descendu de voiture, et j'étais tellement impressionné que j'ai
regardé ce qui se passait. Et je les ai vues avancer tout doucement
vers moi. J'ai largement eu le temps de les voir et de les contempler,
c'était quelque chose d'assez magnifique, c'était superbe. Ça avait
l'air très grand, très très grand, et on voyait pas à travers donc
c'est pour ça que ça se détachait quand même dans le ciel. Ce qui
était étonnant surtout c'est qu'il y avait un silence absolu. On
n'entendait rien, et c'est passé au-dessus de moi tranquillement,
doucement, et c'est parti par là, au-dessus de la ligne d'horizon
qu'on voit au fond là-bas. Et moi qui suis photographe par exemple
j'ai même pas eu l'idée une seconde de prendre un appareil photo que
j'avais dans le coffre, tellement c'était superbe et impressionnant,
quoi, j'étais complètement fasciné par ce phénomène-là. »
À Reims nous avons donc trois témoins décrivant tous le même
phénomène, mais chacun de manière différente. Quant à la trajectoire,
deux témoins décrivent une trajectoire d'ouest en est qui est passée
au sud de leur point d'observation. Pour Alain Hatat la trajectoire
est différente, du sud au nord en passant au-dessus de lui.
Il y a un bon nombre de différences par rapport au témoignage dans l'Union :
le témoin serait descendu de sa voiture, il aurait vu l'objet passer
juste au-dessus de lui, et la trajectoire serait du sud au nord... On
pourrait facilement attribuer tout cela à la déformation des souvenirs
après plus de vingt ans, ce qui éliminerait encore la plupart des
anomalies par rapport à la rentrée atmosphérique. Mais plus surprenant,
le témoin nous dit bien qu'il a fait son observation à Reims même, à une
cinquantaine de kilomètre de Vouziers ! Ça n'est pas tout à fait
invraisemblable qu'un témoin fasse une telle erreur sur son lieu
d'observation après 24 ans, mais j'ai tendance à privilégier une
autre hypothèse@nbsp;:
si on consulte l'ensemble des articles que l'Union des Ardennes a consacrés au phénomène le 7
novembre, le nom du témoin n'est mentionné dans aucune des deux versions
du témoignage de Vouziers... Il est juste dit que l'observation a été
faite par « un journaliste de l'Union ». Par contre,
on lit dans un article titré « Reims : beau comme du
Spielberg » : Photographe à l'Union,
Alain Hatat a trouvé le spectacle aussi beau qu'un film de Spielberg.
Joël Mesnard a sans doute pensé qu'il n'y avait qu'un seul journaliste à
l'Union, trop content de pouvoir mettre un nom sur l'observation
de Vouziers qu'il considère comme une des plus convaincantes de la
vague... Ça ne fait pas sérieux de mettre en avant un témoignage
lorsqu'on ne connaît même pas le nom du témoin ! Bref, il est
vraisemblable qu'Alain Hatat, un des témoins de Reims dans le reportage,
n'ait rien à voir avec l'observation à Vouziers. Notons qu'Alain Hatat a
son site Internet, je
lui ai donc posé la question... Pas de réponse pour l'instant.
Thugny-Trugny (Ardennes) :
« Ça a plongé dans la vallée, en accélérant... » Les principales anomalies disparaissent quand on lit les précédentes
versions du témoignage : aucun doute, c'est la rentrée !
Observation de M. Zuccari, maire
d'Ecordal, accompagné de sa femme et de leur fils. Là encore,
l'observation évoque tout à fait la rentrée atmosphérique : une
« masse sombre, aux contours assez mal définis », portant un
grand nombre de points lumineux et à l'arrière une flamme ou un faisceau
lumineux orange...
Mesnard y trouve bon nombre d'anomalies, mais il faut préciser que le
récit qu'il nous livre a été fait plus de dix ans après l'observation...
Certes, on fait avec ce qu'on a, mais justement dans ce cas on dispose
aussi d'une lettre particulièrement détaillée rédigée par ce témoin le
8 novembre 1990, soit trois jours après l'observation. Elle a été
adressée à Franck Marie, qui l'a reproduite dans son livre OVNI-Contact.
Puisque Mesnard choisit de l'occulter, voyons ce que disait cette
lettre :
Suite à l'annonce parue ce jour dans le journal L'Union, j'ai
l'honneur de vous faire part de l'observation d'un OVNI par ma femme
(41 ans, Chef d'atelier en confection), mon fils (16 ans,
lycéen) et moi-même (37 ans, Assistant technique à la
DDE 08), le lundi 5 novembre 1990, aux alentours de Rethel
(Ardennes).
DESCRIPTION DE L'OBSERVATION SUR 3 PERIODES
Période 1 — Nous circulions sur la D 983, dans
le sens Biermes-Thugny. À 1 km de Thugny, mon fils situé à
l'arrière de la voiture, à droite, a attiré notre attention sur un
phénomène insolite observé alors qu'il regardait les étoiles, sur sa
droite. Je roulais à vive allure et devais surveiller la route.
Néanmoins et malgré ces conditions défavorables, j'ai pu regarder à
l'extérieur et me rendre compte qu'effectivement, un événement curieux
se déroulait sous nos yeux.
Ma première impression, en une fraction de seconde, a été de penser
qu'il s'agissait d'un crash d'avion dont les moteurs étaient en feu.
La seconde idée, lorsque la trajectoire de ce que je voyais est
redevenue ascendante est que nous étions en présence d'une formation
d'hélicoptères ou de « Transall » volant en
rase-mottes ; idée étayée par des manoeuvres militaires qui
avaient lieu ce jour-là dans le Rethélois.
L'élan de mon véhicule, l'avancée du ou des engins, puis la présence
d'un écran végétal ont fait que nous avons presque perdu le contact
visuel.
Période 2 — Devinant cependant la trajectoire de ce
que nous venions de voir, j'ai accéléré, roulé sur 600 mètres
environ, puis brutalement, j'ai stoppé la voiture et coupé le moteur
dans le but de détecter la nature de ces aéronefs par le bruit qu'ils
pouvaient produire. Nous étions tous trois à peine sortis que
« ça » a reparu. Je dis « ça » parce que, dès cet
instant, nous avons eu l'intuition, le sentiment profond, qu'il ne
s'agissait ni de quelque chose de naturel, ni d'humain. Nous l'avons
reconnu 5 à 10 minutes plus tard.
C'est bien à ce moment-là que nous avons compris : nous
observions un OVNI ! Qu'avons-nous vu en fait ? Quelque
chose qui se déplaçait majestueusement dans le ciel, dans un
silence total, absolument total. La vision globale était
celle d'un groupe de petites lueurs à l'avant, 7 ou 8, disposées sans
ordre apparent. Et à l'arrière, 3 feux puissants comme des phares
projetant, vers l'arrière et dans l'axe de l'objet, 3 rayons de
lumière intense dont la longueur équivalait à celle de l'engin. Un de
ces faisceaux, le plus proche de nous, était beaucoup plus puissant
que les 2 autres. Ces 3 projecteurs étaient disposées en triangle, en
un V renversé.
L'espace occupé par l'OVNI était considérable !
J'ai estimé sa longueur à 100 mètres et sa hauteur à
50 mètres !
Son altitude était de 300 à 400 mètres tout au plus !
Et la vitesse de l'ordre de 200 à 250 km/h.
Je me suis référé à la vitesse et à la position des avions de
l'aéroclub voisin lorsqu'ils sont en circuit de piste : de 150 à
180 km/h et 600 à 700 pieds du sol.
Une fois cette vue globale terminée, mon intérêt s'est porté sur le
phare le plus puissant. Il m'intriguait. Je devinais sa forme :
celle d'un phare de 2 CV gigantesque. Et dans le faisceau
lumineux, juste derrière l'émission de la source lumineuse, j'ai
nettement vu de la fumée. Une volute ressemblant à la fumée d'une
cigarette dans un cendrier. Je veux dire une fumée calme et non pas un
gaz perturbé par la vitesse et les effets aérodynamiques comme pour un
avion. L'OVNI, au bout de 30 secondes d'observation, poursuivant
sa route, a disparu derrière les arbres.
Période 3 — Nous sommes remontés en voiture et
repartis. Puis, tout en conduisant, j'ai de nouveau repéré l'engin à
ses feux arrière qui, à ce moment, me paraissaient avoir la même
intensité.
Nous entrions dans l'agglomération de Thugny. Les habitations ont fait
écran et le temps de traverser le village, nous avions définitivement
perdu le contact.
Une remarque concernant cette dernière partie d'observation :
j'ai très nettement vu la trajectoire de l'objet prendre une assiette
à piquer, ce qui m'a fait penser que son vol épousait le relief. En
effet, Thugny est à flanc de coteau, entre un plateau calcaire
culminant à 132 mètres et la vallée de l'Aisne qui se trouve à
75 mètres.
Rentrés à la maison 20 minutes plus tard, je me suis empressé de
téléphoner à la gendarmerie de Rethel pour les informer de notre
mésaventure. Puis, je suis allé voir mon frère qui habite à l'autre
bout d'Ecordal. Arrivé chez lui, je lui raconte en deux mots ce que
nous venions de voir. Ma belle-soeur qui venait de rentrer de Rethel
me déclare alors qu'elle vient de voir la même chose, à la même heure
que nous, mais sur une route parallèle à la nôtre, la RD 30. Elle
se trouvait entre Rethel et Doux quand, venant de sa droite et se
dirigeant vers sa gauche, l'OVNI est passé juste devant elle...
Conclusion : Durant la seconde période
d'observation, celle qui en somme a été la plus riche en informations,
j'ai acquis deux certitudes :
La première gommait l'idée d'une formation d'aéronefs ;
tous les points lumineux et les 3 phares étaient liés ensemble par
une structure. Leurs positions relatives étaient absolument
invariables.
Au milieu de cet ensemble de lueurs se trouvait un corps
opaque invisible mais décelable par le fait qu'il occultait les
étoiles sur le fond du ciel sur son passage.
D'autres certitudes devinrent évidentes en période 3. Le
vol épousait le relief, la progression et la trajectoire de cet
engin étaient contrôlées !
On trouve aussi un récit de l'observation dansl'Union
des Ardennesdu 7 novembre, que Mesnard préfère aussi
oublier alors qu'il s'y réfère pour une autre observation :
Mais nous retiendrons avant tout l'expérience vécue par une famille
surprise par cette vision impressionnante alors qu'elle circulait en
automobile sur la route reliant Biermes à Thugny-Trugny. Le conducteur
Éric Zuccari, assistant technique au centre DDE de Rethel et maire
d'Ecordal, était en compagnie de son épouse Lucette et de leur fils
Erwan, âgé de seize ans.
« Il était 19 h 03, raconte M. Zuccari, dans ce
ciel étoilé juste avant le bois du château de Thugny-Trugny, nous
avons nettement vu une énorme lueur sans forme définie, d'une centaine
de mètres de long, une sorte d'hexagone aplati, se déplaçant
rapidement à deux ou trois cents kilomètres à l'heure ».
Pour mieux comprendre ce qui se passait, le conducteur a stoppé son
véhicule puis le moteur. La famille est sortie de l'automobile pour
observer sans ressentir la moindre crainte.
« Nous n'avons pas eu le temps d'avoir peur ni même de
réagir », explique M. Zuccari, qui pense tout de même que
le temps d'observation a duré environ une minute.
La lueur se déplaçait à trois ou quatre cents mètres d'altitude
seulement et dans un silence total, selon une trajectoire
Perthes/Menil-Annelles/Doux.
Curieusement la direction indiquée par ces témoins crédibles, serait
l'inverse de celle observée par ailleurs et en particulier à
Pontfaverger.
Mais la vitesse et le silence absolu sont les caractéristiques les
plus marquantes de cet « OVNI » qui paraissait épouser
toutes les déclivités du terrain et éviter Rethel, avant de
disparaître au niveau de la vallée de l'Aisne, semblant y plonger.
« À l'arrière, se souvient encore notre témoin enthousiasmé, on
voyait assez nettement trois grosses traînées jaunes, comme de
gigantesques projecteurs, suivis de fumerolles retombant le plus
tranquillement du monde ».
M. Zuccari, qui est aussi pilote à l'Aéroclub du Rethélois et du
Vouzinois, a fait part de son témoignage à la gendarmerie.
Et depuis que le GEIPAN a mis en ligne les PV de gendarmerie, on peut
donc trouver la déposition de M. Zuccari, faite le 6 novembre
(enregistrée sous la référence
90307257, avec un autre témoignage reçu par la même
gendarmerie) :
Hier 5 novembre 1990, à 19 heures 03, je circulais sur le
CD 983 entre Biermes et Thugny-Trugny. Il faisait nuit claire
aucun nuage ni lune. Mon fils a attiré mon attention sur un objet
lumineux dans le ciel. Par intermittence j'ai regardé le ciel tout en
roulant et j'ai remarqué la présence d'un objet sombre et de plusieurs
points lumineux délimitant celui-ci. Ce qui m'a frappé c'est que cet
objet se déplaçait sans bruit à 300 ou 400 mètres d'altitude. J'ai
distingué nettement trois gros projecteurs qui éclairaient vers
l'arrière en direction opposée à son sens de déplacement. Plusieurs
lueurs délimitaient pour moi une masse beaucoup plus importante, d'une
taille d'une centaine de mètres de longueur environ. Dans un premier
temps j'ai cru à un avion qui se crashait car je pilote moi-même mais
en l'absence de tout bruit et des feux de balisage réglementaires j'ai
vu que cela ne correspondait pas du tout à cette hypothèse. J'ai
avancé de nouveau jusque ?? et j'ai de nouveau observé cette
masse sombre qui masquait les étoiles à son passage et qui éclairait
avec trois projecteurs par des faisceaux très limités d'une centaine
de mètres de longueur également. Lorsque cet engin s'est éloigné j'ai
pu voir nettement que ces trois projecteurs arrière étaient reliés
ensemble car ils ne bougeaient pas l'un par rapport à l'autre. Le plus
gros projecteur était d'une taille de 5 à 6 mètres de diamètre et
de forme circulaire. Ce qui m'a vraiment frappé c'est l'absence totale
de bruit de cet engin qui se déplaçait dans un axe sud-ouest/nord-est.
Et figure aussi le témoignage du fils de M. Zuccari, Erwan :
Hier 5 novembre 1990, à 19 heures 00, je circulais sur le
CD 983 entre Biermes et Thugny-Trugny à bord du véhicule ?? de
mon père. Il faisait nuit mais le temps était très clair. À un moment
donné j'ai aperçu plusieurs lumières dans le ciel qui se déplaçaient
toutes en même temps et dans la même direction. Au centre il y en
avait une grosse, qui ressemblait à un gros réacteur et qui dégageait
un peu de fumée. À l'arrière j'ai distingué trois autres lumières
moins importantes et à l'avant plusieurs lueurs disposées sur un
pourtour en forme de cercle vague. Je suis affirmatif elles se
déplaçaient toutes en même temps ce qui tendrait à démontrer qu'elles
faisaient partie d'un même engin. D'ailleurs tout cet ensemble
masquait les étoiles qui se trouvaient à l'opposé. Avec mon père nous
nous sommes arrêtés pour mieux voir. Au départ il n'a pas pu bien voir
car il conduisait alors que moi j'ai tout de suite pu détailler ce que
je viens de vous décrire. Ce qui m'a frappé c'est que cet objet se
déplaçait sans bruit à 300 ou 400 mètres d'altitude.
Dans un premier temps j'ai cru à une patrouille d'avions militaires
qui effectuaient des manoeuvres. Je précise néanmoins qu'aucune
lumière de balisage ne clignotait sur l'engin. Celui-ci était
parfaitement visible et se trouvait au début, à moins de
500 mètres de notre voiture. Ces lumières sont restées constantes
en permanence jusqu'à la fin de mon observation, aucune n'a disparu ou
changé de direction. Cet engin semblait parfaitement naviguer et
suivre le relief toujours dans la même direction vers le nord-est. Sa
vitesse était celle d'un avion à l'atterrissage, environ 300 ou
400 km/heure.
Tout dans ces récits « frais » évoque de façon remarquable la
rentrée atmosphérique.
En particulier la description : 7 à 8 lumières à l'avant plus trois
grosses à l'arrière laissant des faisceaux lumineux dirigés vers
l'arrière, dont un particulièrement puissant, c'est tout à fait typique
des autres témoignages si ce n'est le fait que la plupart des témoins
dans cette partie est de la France voyaient un ou deux faisceaux et pas
trois... Mais le fils ne mentionne justement qu'un « gros
réacteur » au centre, plus des lumières simples à l'avant et à
l'arrière, et le père indique qu'un des trois faisceaux était beaucoup
plus puissant que les deux autres.
La « forme noire » est comme d'habitude invisible, devinée au
fait que les lumières se déplacent de concert et que les étoiles
disparaissent au passage de l'objet.
Les témoins se déplaçant d'ouest en est, l'objet apparaît à leur droite
au sud et disparaît en direction de la vallée de l'Aisne, au nord-est ou
à l'est. C'est tout à fait conforme à la rentrée qui apparaît dans leur
dos au sud-ouest, passe au plus près au sud-sud-est et disparaît à
l'horizon est. Le cap suivi, vers le nord-est d'après les deux témoins,
est aussi proche de celui de la rentrée (est-nord-est).
Il y a par contre dans l'article de presse une anomalie concernant la
trajectoire suivie, qui aurait été Perthes/Ménil-Annelles/Doux. La
trajectoire Perthes/Ménil-Annelles est à peu près ouest-est et passe au
sud, comme la rentrée atmosphérique, par contre Ménil-Annelles/Doux est
sud-nord avec un passage à l'est... Mais il n'est nullement question
d'un changement de trajectoire aussi brutal, de 90°, le fils précisant
même que l'engin a toujours suivi la même direction. Cette trajectoire
anormale ne figurant pas dans les citations du témoin, je suis tenté de
penser que c'est le journaliste qui a voulu reconstituer la trajectoire
de l'objet en combinant le témoignage de M. Zuccari avec celui de
sa belle-soeur, laquelle devait effectivement voir le phénomène
disparaître en direction de Doux.
L'heure indiquée est 19 h 03 pour M. Zuccari, et
19 h 00 pour son fils... C'est dans tous les cas en très bon
accord avec la rentrée atmosphérique, qui passait au sud à
19 h 01 et à l'est à 19 h 02.
Les deux témoins mentionnent une altitude de 300 à 400 m, mais le
fils ajoute que l'objet est passé à moins de 500 mètres de leur
voiture... S'il s'agit d'une distance au sol, cela correspond à un angle
par rapport à l'horizon de 31 à 39°, et s'il s'agit de la distance
réelle cet angle est porté à 37 à 53°. La rentrée passait de son côté à
une hauteur maximale de 24°, on n'est dans tous les cas pas très loin.
La vitesse estimée est de 200 à 250 km/h pour un objet supposé
à 300 à 400 m d'altitude... Si l'on reporte cela à l'altitude de la
rentrée qui était de 90 km, on trouve entre 45 000 et
75 000 km/h, ce qui n'est pas très loin de la vitesse réelle
de la rentrée, de 28 000 km/h. Le fils exagère un peu plus en
mentionnant une vitesse de 300 ou 400 km/h pour la même altitude,
ce qui correspondrait à 65 000 à 90 000 km/h à l'altitude
de la rentrée.
La durée de l'ordre d'une minute est enfin très vraisemblable pour une
observation ayant débuté peu avant le passage au plus près : la
rentrée mettait précisément 70 secondes pour passer du sud à l'est.
Les seules anomalies sont des changements d'altitude en début et en fin
d'observation, mais ils ne sont pas très marqués et sont observés
pendant les périodes où le témoin roule à vive allure.
Voyons maintenant quels sont les détails que Joël Mesnard juge
inexplicables, d'après le témoignage de M. Zuccari dix ans plus
tard :
La brisure de la trajectoire, au début de l'observation :
la chose pique vers le sol, puis subitement se met à
« voler » horizontalement.
Je note d'après le témoignage que cette « stabilisation »
a eu lieu précisément lorsque le témoin a arrêté sa voiture et en
est descendu pour mieux observer ! En fait, c'est même bien
avant d'après le récit initial, et l'impression de descente puis de
redressement voire de remontée est donnée par le conducteur qui
roulait alors à vive allure, pendant les premières secondes de son
observation... Le témoin lui-même indique dans sa lettre à Franck
Marie qu'il a fait cette première partie de l'observation dans des
conditions défavorables.
Thugny-Trugny se trouve à environ 170 km de la
projection au sol de la trajectoire supposée de l'engin
soviétique. Si c'était cette rentrée qui avait été observée, elle
aurait dû être vue à quelque 27° au-dessus de l'horizon, alors que
les témoins indiquent une hauteur angulaire de l'ordre de 70°.
Quel phénomène, vu à 190 km de distance réelle (170 km
au sol) et 27° sur l'horizon aurait pu faire dire aux
témoins : « C'était juste au-dessus de nous »?
En fait, la hauteur de la rentrée était même de 24°. Mais outre
qu'une exagération de la hauteur angulaire est assez générale,
remarquons que cette estimation s'appuie sur les déclarations faites
par les témoins dix ans après l'observation... Nous avons vu que
seul le fils donne dans sa déclaration à la gendarmerie des
indications permettant d'évaluer la hauteur sur l'horizon, qui
serait comprise entre 31 et 53° selon l'interprétation. Il n'y a pas
d'indication de hauteur angulaire ou de distance dans la lettre
adressée à Franck Marie, pourtant ce dernier indique une distance
estimée de 1,5 km, ce qui pour une altitude de 300 ou
400 m correspondrait à une hauteur angulaire d'une quinzaine de
degrés seulement ! Il serait bon de savoir d'où Franck Marie a
tiré cette indication... Peut-être l'a-t-il déduite de la
comparaison avec les avions en approche de l'aérodrome, mais
celui-ci se trouve plutôt à 3 km de la position des témoins et
pas du tout dans la direction de l'observation... Dans tous les cas
rien dans cette lettre ne suggère une hauteur angulaire très élevée,
tout au contraire : l'objet apparaît à droite de la voiture,
pour que le conducteur situé à gauche puisse l'observer tout en
conduisant à vive allure il ne peut pas être très haut dans le
ciel !
De même, l'indication de taille apparente qu'ils donnent
correspond à une taille réelle (sur la trajectoire de rentrée) de
près de... 200 km !
Je dirais que le point d'exclamation est de trop puisque d'après le
spécialiste incontesté des rentrées atmosphériques Pierre Neirinck
l'ensemble des débris d'une rentrée atmosphérique s'étend couramment
sur une centaine de kilomètres, l'exagération serait donc
minime ! Il semble tout de même que l'extension de la rentrée
qui nous occupe n'ait pas été aussi importante à ce niveau de la
trajectoire (plutôt de l'ordre de 70 kilomètres), mais si nous
nous référons encore à la lettre à Franck Marie le témoin estimait
la longueur de l'objet à une centaine de mètres (et sa hauteur à
50), et son altitude à 300 à 400 m, ce qui rapporté à
l'altitude réelle de la rentrée (90 km) correspondrait à une
longueur de 30 km et 15 de hauteur, valeurs cette fois
minimisées. On trouve aussi dans le livre de Franck Marie que la
dimension apparente était estimée à 14 cm à bout de bras, et on
ne sait encore pas d'où provient cette indication qui ne figure pas
dans le témoignage (possiblement d'un formulaire que Franck Marie
donnait aux témoins), mais ça correspondrait à une longueur de
45 km pour la rentrée atmosphérique.
Mesnard ajoute sagement :
Mais ces éléments ne sont pas les plus décisifs : la direction dans
laquelle la chose s'est éloignée l'est bien davantage, car elle a été
notée de façon précise, en relation avec des repères au sol. Si
c'était la rentrée de l'engin soviétique qui avait été vue, tout,
jusqu'à la disparition finale, aurait été vu du côté droit de la
route. La prétendue trajectoire de rentrée de la fusée soviétique ne
coupe pas la D 983 : elle est tout entière située du côté
droit de cette route.
Si l'on suit le témoignage exposé dans LDLN, les témoins se sont
arrêtés une seconde fois lorsque la « chose » se trouvait
« au-dessus d'eux », et c'est alors qu'elle aurait traversé la
route, et ils se seraient arrêtés une troisième fois à l'entrée de
Thugny-Trugny, pour voir l'objet disparaître à l'horizon,
« plongeant dans la vallée » en direction du nord-est. Mais
justement on ne trouve rien de tout cela ni dans la lettre à
Franck Marie, ni dans l'article de presse, ni dans les deux
témoignages à la gendarmerie : tous ces récits
« tout frais » ne mentionnent qu'un seul arrêt et pas de
changement de côté !
Mais on peut comprendre en lisant la lettre à Franck Marie ce qui a pu
tromper le témoin dans sa reconstitution de l'observation dix ans
après :
Une remarque concernant cette dernière partie d'observation :
J'ai très nettement vu la trajectoire de l'objet prendre une assiette
à piquer, ce qui m'a fait conclure que son vol épousait le relief. En
effet, Thugny est à flanc de coteau, entre un plateau calcaire
culminant à 132 mètres et la vallée de l'Aisne qui se trouve à
75 mètres.
Mais la vallée de l'Aisne, que l'objet semblait survoler au moment de sa
disparition, descend un peu vers le sud à l'est de Thugny, si bien qu'à
1,5 km du village elle est plein est : soit précisément la
direction de la rentrée qui s'éloignait, à une distance de 450 km,
et qui perdait peu à peu de l'altitude !
Et on trouve aussi dans cette même lettre la mention d'une traversée de
la route, mais au sujet de l'observation de la belle-soeur du témoin,
qui a observé la même chose alors qu'elle circulait sur la RD 30
entre Rethel et Doux... Et dans son cas ça n'était pas incompatible avec
la rentrée atmosphérique si l'observation a été faite plutôt du côté de
Rethel, la route se dirigeant vers l'est-sud-est... Peut-être y a-t-il
eu avec les années une « contamination » par cet autre
témoignage.
En conclusion, si l'on s'en tient aux récits faits un ou deux jours
après l'observation, ce cas constitue une excellente description de la
rentrée atmosphérique... Mais bien sûr, si on cherche à fabriquer des
ovnis plutôt que la vérité, il vaut bien mieux interroger le témoin dix
ans plus tard sans tenir aucun compte de ce qu'il disait à
l'époque !
M. Zuccari et sa famille ont encore été interrogés en 2015 pour
l'émission de la chaîne Numéro 23 « la Mystérieuse
Nuit des OVNI ».
Père : Les autorités ont fait preuve de bon sens, de sagesse, en
trouvant une explication, je vais dire, qui tienne debout quoi.
Fils : J'aurais aimé un discours qui dise « ouais il s'est
passé quelque chose ce soir-là, on sait pas ce qui s'est passé »,
plutôt que tout de suite on nous avance une hypothèse, une réponse,
qui fasse plaisir à tout le monde mais en tout cas moi je me suis pas
du tout retrouvé dans ces explications-là.
Père : Ils ont trouvé ça, c'est moche, c'est couillon, mais il
fallait stopper la psychose qui s'est emparée de tout le monde. Et ça,
effectivement ça a marché parce que pouf tout s'est calmé.
Commentateur : Le 5 novembre 1990, toujours aux alentours de
19 h, après être allé chercher Erwan, leur fils de 18 ans,
au lycée, la famille roule paisiblement sur une route départementale
en direction de chez eux.
Fils : J'étais à l'arrière du véhicule, et j'étais un peu comme ça
perdu dans mes pensées, je regardais par la fenêtre, et c'est là que
j'ai vu cet ensemble de lumières dans la nuit.
Père : Erwan m'appelle et dit « papa regarde, il y a quelque
chose de bizarre dans le ciel ». Et ma première impression,
c'était un avion en flammes qui allait s'écraser. Et là paf, on
s'arrête afin de voir.
Fils : Mon père coupe le moteur, coupe les feux.
Mère : Et là du coup on sort tous les trois de la voiture,
Fils : on se met les uns à côté des autres,
Père : et puis on a eu tout le temps d'observer cette chose, c'était
monstrueux dans le ciel. Et la première chose que j'ai remarquée moi
c'est que ça faisait pas de bruit, y avait aucun bruit. Donc aucune
façon d'identifier ce que c'était. On voit trois feux dont un qui
était vraiment plus puissant que les autres, en triangle...
Fils : Tout cela avait l'air de délimiter vraiment une grosse masse,
puisque ça masquait les étoiles derrière. Y avait aucune angoisse de
ma part, en plus j'étais accompagné de mes parents donc ça aide aussi
un peu. Et tous les trois on a profité du spectacle.
Père : On était captivés par cet objet qu'on voyait.
Mère : Personnellement je regarde mais sans trop comprendre ce que
je suis en train de voir hein.
Fils : On était incapables de mettre des mots sur ce qu'on voyait.
Père : On se pose pas les bonnes questions à ce moment-là. On voit
quelque chose, donc, qui ressemble à rien, on essaie de comprendre ce
que c'est : « qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'est,
qu'est-ce que c'est »...
Mère : Et je me dis « j'ai vu quelque chose qui est pas normal,
que je pense pas qu'on ait sur terre ».
Fils : À un moment donné on a vu que, qu'on allait le perdre, il
allait disparaître...
Père : Sans s'être concertés on est remontés en voiture, tous les
trois, pff, ventre à terre on est repartis.
Fils : Pendant qu'on était en train de rouler on a vu ce gros feu
toujours passer au-dessus de nous.
Père : On était presque en dessous de l'objet.
Fils : Ça nous a, on peut dire surplombés.
Commentateur : S'ensuit alors un jeu de piste entre l'ovni et la
famille Zuccari. Ils vont s'arrêter à plusieurs endroits pour tenter
de mieux le voir, mais à chaque fois l'ovni s'éloigne davantage. À
l'entrée du village ils le voient pour la dernière fois.
Père : Pouf, c'était terminé, on voyait plus rien.
Fils : Ce soir-là j'ai vraiment le sentiment d'avoir vécu une
expérience particulière, hein.
Mère : Mais c'est vrai que le fait d'avoir été en famille, pour
avoir vu la même chose, ça permet quand même de donner un poids
supplémentaire au témoignage.
Fils : Encore 24 ans après j'ai envie de dire « oui j'ai encore
la conviction que ce que j'ai vu là ne faisait pas partie de ce
monde ».
Père : Moi j'étais à peu près sûr que ce qu'on avait vu ça n'avait
rien de « terrestre », c'était la taille d'une cathédrale,
ça vole lentement, sans bruit, pff, trouvez-moi un objet sur Terre qui
ressemble à ça.
La reconstitution de l'objet est comme d'habitude dans ce documentaire
assez fantaisiste :
Rien de particulier dans ce nouveau récit, l'intérêt c'est que les trois
témoins sont réunis... On aurait aimé trois récits indépendants plutôt
qu'un récit global récité tour à tour par les trois, mais les
journalistes n'étaient pas là pour faire une enquête. Il n'y a pas
d'indication sur les directions, on retrouve les arrêts à plusieurs
endroits qui n'étaient pas dans les premiers témoignages, de même que le
fait que l'objet serait passé presque au-dessus d'eux.
Mais les journalistes ont aussi informé M. Zuccari qu'il y avait
des contestations concernant l'étrangeté de leur observation, les
informant de l'existence de ce site, et du coup M. Zuccari m'a
contacté... Un premier courrier pas très amical, me demandant pourquoi
je dépensais autant d'énergie pour prouver un non-événement et combien
j'étais payé pour discréditer les témoins !
Je comprenais tout à fait qu'il puisse penser ça, je lui ai donc répondu
gentiment, lui expliquant qu'il était difficile de m'accuser d'avoir été
payé alors que j'avais eu un procès pour avoir dénoncé les erreurs
grossières du « service officiel » au sujet de la rentrée
atmosphérique, et que concernant les témoins j'avais toujours expliqué
qu'ils avaient dans leur grande majorité décrit très correctement la
rentrée atmosphérique, même s'ils n'avaient pas su reconnaître ce type
de phénomène. Au sujet de sa propre observation, j'avais écrit :
« tout dans ces récits "frais" évoque de façon remarquable la
rentrée atmosphérique » ; mais par contre j'expliquais aussi
qu'il était normal pour n'importe quel témoin de déformer et améliorer
son observation après dix ans.
M. Zuccari a alors répondu très courtoisement, en apportant de
nombreuses précisions :
Bonjour Monsieur Alessandri,
Merci pour votre réponse.
Pour commencer et à propos de l'émission sur la chaîne 23,
permettez-moi d'émettre de sérieux doutes sur la neutralité de la
chaîne.
En effet, lors de l'interview avec l'agence Capa, j'ai donné
suffisamment d'éléments prouvant que ce que ma famille et moi avons vu
n'est en aucune façon une rentrée atmosphérique.
Je suis navré de constater que la chaîne ne se soit pas appuyée sur
mon témoignage pour contrecarrer la thèse officielle. À croire qu'il
faut absolument croire à cette fable.
Bon, alors en effet, la mémoire s'altère. Bien vu doc. Mon petit-fils
m'en fait souvent la remarque. Mais lui, il le fait pour blaguer et
non pour me faire passer pour un guignol.
À propos de l'intervention de monsieur Joël Mesnard — qui lui au
moins a pris soin de se déplacer sur les lieux — et de ce que
j'aurais modifié mon témoignage en disant que l'ovni avait traversé la
route départementale n°983, précision que j'aurais omise les jours
suivant l'observation, je vous invite à lire le compte-rendu que j'ai
envoyé à la Banque Internationale de Données Ufologiques le
08 novembre 1990.
Effectivement, je ne précise pas ce point. Quoique, et si vous vous
étiez donné la peine de sortir la carte Michelin n°56 au
1/200 000, ou mieux d'ouvrir Géoportail sur le secteur de
Thugny-Trugny, vous auriez pu le deviner.
Page 2 de mon compte-rendu, je précise « En effet, Thugny est à
flanc de coteau, entre un plateau calcaire culminant à 132 m et
la vallée de l'Aisne qui se trouve à 75 m. ». Ce qui
sous-entend effectivement que l'OVNI a bien traversé la route pour
plonger dans la vallée de l'Aisne se trouvant à gauche de la
RD 983.
D'autre part, je dois préciser que le compte-rendu dont il est
question a été fait précipitamment et manque certainement de
précision.
Mais moi je vous affirme que ce que j'ai vu n'est pas la fusée Proton.
Je n'ai pas affirmé non plus qu'il s'agissait d'extraterrestres ;
Mais bien d'un OVNI : mdash; OBJET VOLANT NON IDENTIFIÉ —
Pourquoi ?
1 — L'axe de pénétration de la fusée est Bordeaux-Strabourg et se
fait sur un cap de 55°.
2 — L'Ovni par moi observé faisait route au cap 18°. Il a traversé la
RD 983 alors que je me trouvais en dessous de lui, pour plonger
ensuite dans la vallée de l'Aisne sur ma gauche et se
trouver au-dessous de moi. Alors que l'opportune fusée se
trouvait dans mon dos et masquée par le relief...
Je vous invite à ouvrir Géoportail, région à l'est immédiat de Rethel
(08). L'ovni suivait un axe matérialisé par une ligne allant
d'Aussonce (sud de Rethel) jusqu'à Novy-Chevrières (NE de Rethel). Cap
18° et non de 55°.
3 — Alors qu'il était au-dessus de nous, j'ai aperçu de la fumée de
condensation monter verticalement et traverser les lueurs émises par
un des propulseurs. Question ? Aurais-je pu entrevoir ce
phénomène à 100 km et en pleine nuit ?
Dernier point : Lorsque je me suis rendu sur les lieux avec Monsieur
Mesnard, quelque chose m'a interpellé. Mon fils a eu la même réaction
lors de l'interview avec l'agence Capa fin 2014.
Il s'agit de la dernière observation, alors que l'ovni avait traversé
la RD 983 pour ensuite plonger dans la vallée de l'Aisne.
Une fois l'événement passé, que la passion fut retombée, j'ai mis les
choses en sommeil.
Mais revenu sur les lieux bien plus tard avec un esprit délivré de la
juste émotion due à pareille observation, il m'est apparu que la
trajectoire de l'ovni durant sa plongée n'était pas cohérente avec
celle observée quelques secondes plus tôt alors qu'il passait au-
dessus de nous.
La distance entre les 2 est de quelques centaines de mètres : 1 à
1,5 km, mais pas plus.
La plongée évoquée plus haut paraît très, très rapide.
Je rappelle que la route est à flanc de coteau et entourée d'arbres de
hautes tiges restreignant la visibilité. Il y est impossible d'avoir
une vision globale et dégagée sur les environs.
Et je l'ai donc perdu de vue entre ces 2 phases.
De deux choses l'une :
— J'ai réellement observé l'ovni plongeant dans la vallée et il s'est
trouvé en dessous de nous. Il se peut, et c'est l'impression du
moment, qu'il ait accéléré et se soit éloigné conservant son cap
initial. Alors la trajectoire serait cohérente. Mais, car il y a un
mais, je n'avais pas ressenti cette accélération et je distinguais
très bien ses trois feux (ou propulseurs) arrière.
J'ai même trouvé une incohérence entre l'apparence de l'ovni nous
survolant et celle de celui plongeant dans la vallée. L'événement
était déjà si extraordinaire que j'ai occulté ce détail.
— Quelle serait l'autre hypothèse ? Mon fils l'a admis, il se
pourrait que nous ayons observé un second ovni ce soir là !
Désolé, mais c'est ainsi.
Il se pourrait qu'un autre engin, de plus petite taille celui-là,
volait suivant le même cap, en parallèle et à 2 km plus à l'est
de l'autre côté de la côte de la Tombe et masqué par celle-ci, suivant
le tracé de la ligne à haute tension.
Et là, l'incohérence des trajectoires serait expliquée.
Pour en finir, j'admets comprendre que les autorités aient inventé
l'histoire de cette fusée.
Il fallait en effet calmer l'angoisse des incrédules et des faibles
d'esprit.
Mais 25 ans plus tard, s'acharner encore à discréditer les milliers de
témoins m'apparaît pour le moins suspect. Et je maintiens qu'il y a un
une chape de plomb bien entretenue autour de cet événement.
Bien à vous, Éric ZUCCARI
Ma réponse, au sujet de quelques points soulevés :
À croire qu'il faut absolument croire à cette fable.
Sur ce point je vous arrête, parler de « thèse officielle »
est tout simplement hors de propos... Si vous avez suivi le
documentaire, vous savez que cette « thèse officielle » est
venue après quatre jours, alors que l'explication par la rentrée
atmosphérique est venue le soir-même, avec tous les détails, de
quelqu'un qui n'a rien d'un agent officiel : Pierre Neirinck,
qu'on voit dans le reportage, toujours l'esprit aussi vif à presque
quatre-vingt-dix ans. C'est un véritable passionné des satellites
depuis le lancement du premier d'entre eux en 1957, il est devenu un
des meilleurs experts mondiaux en matière de rentrées atmosphériques
par ses prévisions toujours meilleures que celles de la Nasa, il en a
observé dix, a récupéré plusieurs débris, et il a tout de suite
annoncé, tout à fait indépendamment d'un quelconque service officiel
(il était alors retraité, et animait en toute indépendance un réseau
d'amateurs bénévoles ; et avant cela il avait toujours travaillé
en Angleterre parce que les astronomes français avaient rejeté ses
méthodes de travail trop personnelles), que le phénomène observé était
caractéristique d'une rentrée. Et il s'appuyait pour cela sur le
témoignage d'un de ses amis qui avait observé le phénomène, Daniel
Karcher, lui aussi passionné, qui en a fait une description très
précise en la situant par rapport aux étoiles qu'il connaît par
coeur :
Un dessin qui ressemble à s'y méprendre à la vidéo qui a été tournée
du phénomène dans la même région :
Et quant à moi, j'ai fait une étude statistique de l'ensemble des
témoignages recueillis par Franck Marie, et tout confirme que la
plupart d'entre eux sont relatifs à un phénomène unique à haute
altitude qui suivait précisément la trajectoire de la rentrée
atmosphérique : la plupart des témoins situés au sud de cette
trajectoire voient le phénomène passer au nord de la gauche vers la
droite, ceux situés au nord, comme vous, le voient au contraire passer
au sud de la droite vers la gauche, l'heure et la durée correspondent,
la dimension apparente moyenne diminue par rapport à la distance de la
trajectoire, etc.
Et je vous rappelle que j'ai eu droit à un procès de la part du
service qui a annoncé « l'explication officielle », pour
avoir dénoncé ses erreurs grossières, concernant la trajectoire et les
caractéristiques du phénomène, qui ont apporté beaucoup de confusion.
Alors, il est tout à fait possible que quelques témoignages, et
pourquoi pas le vôtre, soient relatifs à autre chose que cette
rentrée, mais il y a bien une rentrée atmosphérique, très
spectaculaire, qui a traversé la France ce soir-là, ça n'est en aucun
cas une fable inventée par un service officiel. Vous êtes libre de ne
pas le croire, mais là c'est vous qui prenez Pierre Neirinck, Daniel
Karcher, moi-même et quelques autres, pour des « guignols ».
Bon, alors en effet, la mémoire s'altère. Bien vu doc. Mon
petit-fils m'en fait souvent la remarque. Mais lui, il le fait pour
blaguer et non pour me faire passer pour un guignol.
Je suis désolé, mais s'il n'est pas possible de considérer qu'un
témoin peut faire de petites confusions, et que sa mémoire s'altère
nécessairement après dix ans, alors on ne peut faire ni ufologie, ni
criminologie, ni aucune activité impliquant le témoignage
humain ! Un jour, je suis tombé par hasard sur le récit que
j'avais fait par écrit d'un événement qui m'avait marqué des années
auparavant, et j'ai été surpris par les différences qu'il y avait par
rapport à mes souvenirs. Et pourtant, je ne me considère pas comme un
guignol, et je crois même que ma mémoire est plutôt fiable dans
l'ensemble.
À propos de l'intervention de monsieur Joël Mesnard — qui lui
au moins a pris soin de se déplacer sur les lieux —
Là encore ça n'est pas très juste, je vous rappelle qu'il y a eu
quelque 500 observations recueillies par Franck Marie, presque
autant par Joël Mesnard, on ne pouvait pas se déplacer partout !
Pour ma part je n'ai jamais eu d'automobile, ça ne m'a pas empêché de
faire des milliers de kilomètres en train et des centaines à vélo pour
aller sur les lieux des observations de Nanterre, Neufgrange,
Gretz-Armainvilliers, Melun et Suresnes (plus quelques autres dont je
n'ai pas parlé), alors je pense que je n'ai pas à rougir.
et de ce que j'aurais modifié mon témoignage en disant que l'ovni
avait traversé la route départementale n°983, précision que j'aurais
omise les jours suivant l'observation, je vous invite à lire le
compte-rendu que j'ai envoyé à la Banque Internationale de Données
Ufologiques le 08 novembre 1990.
Effectivement, je ne précise pas ce point. Quoique, et si vous vous
étiez donné la peine de sortir la carte Michelin n°56 au
1/200 000, ou mieux d'ouvrir Géoportail sur le secteur de
Thugny-Trugny, vous auriez pu le deviner.
Page 2 de mon compte-rendu, je précise « En effet, Thugny est à
flanc de coteau, entre un plateau calcaire culminant à 132 m et
la vallée de l'Aisne qui se trouve à 75 m. » Ce qui
sous-entend effectivement que l'OVNI a bien traversé la route pour
plonger dans la vallée de l'Aisne se trouvant à gauche de la
RD 983.
Ça n'est pas du tout évident puisque croyez bien que j'ai abondamment
consulté Géoportail, Google maps et Street view, et avant qu'ils
existent des atlas routiers, et j'ai d'ailleurs parlé de ce détail
dans mon texte :
« Mais la vallée de l'Aisne, que l'objet semblait survoler au
moment de sa disparition, descend un peu vers le sud à l'est de
Thugny, si bien qu'à 1,5 km du village elle est plein est :
soit précisément la direction de la rentrée qui s'éloignait, à une
distance de 450 km, et qui perdait peu à peu de
l'altitude ! »
Peut-être que cette interprétation n'est pas correcte, mais elle
s'accordait tout à fait à vos différents récits initiaux, qui
n'impliquaient donc pas du tout que l'ovni aurait traversé la route.
1 — L'axe de pénétration de la fusée est Bordeaux-Strabourg et se
fait sur un cap de 55°.
2 — L'ovni par moi observé faisait route au cap 18°. Il a traversé
la R 983 alors que je me trouvais en dessous de lui, pour
plonger ensuite dans la vallée de l'Aisne sur ma gauche et se
trouver au dessous de moi.
Dans votre déposition à la gendarmerie, vous aussi bien que votre fils
dites que l'objet suivait un cap nord-est, soit 45°, bien proche de
celui de la rentrée. Et d'autre part, la route est bordée d'arbres à
gauche, il vous était donc impossible de voir l'objet plus bas que
vous.
Alors que l'opportune fusée se trouvait dans mon dos et masquée par
le relief...
Non, l'opportune fusée se trouvait alors exactement face à vous
au-dessus des maisons du village.
L'ovni suivait un axe matérialisé par une ligne allant d'Aussonce
(sud de Rethel) jusqu'à Novy-Chevrières (NE de Rethel). Cap 18° et
non de 55°.
C'était plutôt donc cap 45° d'après vos témoignages initiaux (le vôtre
aussi bien que celui de votre fils), je ne dis pas que vous vous
trompez maintenant mais un fait que j'ai constaté c'est qu'à chaque
fois qu'un témoin a donné plusieurs versions de son observation, ce
sont les versions les plus tardives qui présentent des
incompatibilités avec la rentrée atmosphérique... J'en ai donné bien
des exemples dans mon texte. Vous comprendrez donc que je sois un peu
incrédule sur les anomalies rapportées tardivement.
3 — Alors qu'il était au-dessus de nous, j'ai aperçu de la fumée de
condensation monter verticalement et traverser les lueurs émises par
un des propulseurs. Question ? Aurais-je pu entrevoir ce
phénomène à 100 km et en pleine nuit ?
Ça n'était pas vraiment des traînées de condensation mais des traînées
lumineuses d'air ionisé, qui devaient être à peu près aussi larges que
la pleine lune et vingt fois plus longues, donc oui vous pouviez voir
très distinctement de tels détails.
Il se pourrait qu'un autre engin, de plus petite taille celui-là,
volait suivant le même cap, en parallèle et à 2 km plus à l'est
de l'autre côté de la côte de la Tombe et masqué par celle-ci,
suivant le tracé de la ligne à haute tension.
Et là, l'incohérence des trajectoires serait expliquée.
Pourquoi pas, et peut-être pourriez-vous essayer d'imaginer que l'un
au moins des ovnis était la rentrée atmosphérique... Parce qu'il est
un fait que cette rentrée était bien visible, elle apparaissait à
votre droite à 19 h 01 et disparaissait face à la route,
vers l'est, un peu plus d'une minute plus tard, après avoir suivi un
cap est-nord-est, et elle ressemblait bigrement à ce que vous avez
décrit. Et ce que vous avez vu apparaissait d'après vos témoignages à
droite, à 19 h 03 d'après vous ou 19 h 00 d'après
votre fils, suivait un cap nord-est, et disparaissait « en
direction de la vallée de l'Aisne » ce qui peut désigner le
nord-est autant que l'est, un peu plus d'une minute plus tard...
Reconnaissez qu'il y a quand même de quoi se poser des
questions ?
Et je maintiens qu'il y a un une chape de plomb bien entretenue
autour de cet événement.
Là-desssus je maintiens que vous vous trompez, pour les raisons que je
vous ai expliquées.
Merci en tout cas pour le temps que vous avez pris à me répondre, et
pardon si vous me trouvez un peu « collant » mais il y a des
choses qui peuvent se discuter et d'autres non... Et merci de penser à
me dire si vous m'autorisez à reproduire votre mail.
Nouveau mail de M. Zuccari :
Bonjour Monsieur Alessandri,
Bien sûr que je donne mon accord pour citer ce courrier. Les éventuels
lecteurs auront la confirmation qu'il y a bien 2 camps dans cet
événement.
Ceux qui ont vu un ou des OVNI et ceux qui défendront bec et ongles la
thèse officielle bien pratique.
Dans votre réponse, et je le déplore, vous vous arc-boutez sur mes
témoignages ou ceux de mon fils faits au lendemain de l'observation de
l'OVNI ou dans les jours qui ont suivi.
À ce moment-là nous témoignions d'un événement extraordinaire,
fabuleux, inouï en toute innocence et en toute sincérité. Et il faut
le dire, nous étions envahis par une certaine euphorie. C'est
l'ensemble de l'événement que nous voulions rapporter.
J'étais à des années-lumière de penser que nos déclarations seraient
disséquées un quart de siècle plus tard par des personnes dont le seul
but est d'affirmer coûte que coûte avoir raison ; quitte à
discréditer impérativement et par tous les moyens les témoins de ce
survol de la France par des OVNI.
Alors peut-être aurais-je été plus minutieux, plus académique.
Mais pourquoi en fait ?
Dernier point : il est dommage que vous ne vous soyez pas rendu sur
les lieux car vous auriez compris pourquoi ma conviction qu'il
s'agissait bien d'un OVNI et non d'une fusée fantôme est fondée sur la
dernière observation lorsque l'engin survolant la vallée de l'Aisne s'est
retrouvé au-dessous de nous...
Avec un cap de 18°.
Vous auriez constaté que la ligne d'arbres (en fait une forêt)
bordant la route s'arrête à l'entrée du village de Thugny et que la
vue vers la vallée est à cet endroit totalement dégagée. Et c'est
d'ailleurs pourquoi je m'y suis arrêté car je connaissais très bien
les lieux et que j'étais sûr d'avoir une chance d'apercevoir encore
une fois l'OVNI.
Sans se déplacer, avec Google Street View, on peut effectivement voir
qu'il y a un endroit à l'entrée du village d'où on a un regard plongeant
sur la vallée de l'Aisne au nord :
C'est donc cohérent si on admet qu'il s'est bien arrêté à l'entrée du
village, mais ça semble vraiment difficile à concilier avec son récit
dans sa lettre à Franck Marie : Puis, tout en conduisant, j'ai
de nouveau repéré l'engin à ses feux arrière qui, à ce moment, me
paraissaient avoir la même intensité. Nous entrions dans
l'agglomération de Thugny. Les habitations ont fait écran et le temps
de traverser le village, nous avions définitivement perdu le contact.
M. Zuccari m'a transmis enfin une carte de son observation :
Chacun peut donc se faire une idée... Merci en tout cas à
M. Zuccari de toutes ces précisions et la patience dont il a fait
preuve.
Cuhem (Pas-de-Calais) :
« L'engin est parti comme une flèche, à une vitesse
incroyable, comme un éclair... » Un témoin visiblement porté sur l'exagération décrit tout de même
plutôt bien la rentrée atmosphérique.
Il me semble simplement que ce sympathique boucher-charcutier, interrogé
par un journaliste ayant visiblement envie de raconter une belle
histoire plutôt qu'établir des faits précis, se laisse quelque peu
emporter par son enthousiasme lorsqu'il écrit que trois faisceaux
d'une intensité extraordinaire éclairaient tous les alentours, comme
en plein jour et que « l'engin » est parti comme une
flèche en altitude, à une vitesse incroyable, comme un éclair.
C'est ce qui transparaît lorsqu'il déclare qu'il se trouvait dans un
état d'excitation terrible et qu'il est persuadé d'avoir vu un
véritable vaisseau venu d'ailleurs qui n'a jamais touché terre, qui
est capable de voler lentement à basse altitude et de repartir à la
vitesse de la lumière.
Ce témoignage semble donc simplement très exagéré, d'autant que la
rentrée passait au plus près de Cuhem à 385 km, se présentant sous
un angle d'une quinzaine de degrés sans la traînée (ce qui est tout de
même pas mal !), à une hauteur angulaire sur l'horizon de 13°
seulement. Mais si on enlève l'exagération sur la luminosité, on trouve
une assez bonne description du phénomène.
La route suivie par le témoin se dirige à la sortie de Cuhem à un azimut
de 215° (presque sud-ouest). On peut supposer que le témoin a eu son
attention attirée par l'explosion initiale de la rentrée atmosphérique,
laquelle se produisait à 18 h 59 à un azimut
d'environ 220° (presque face à lui, légèrement à droite), et à une
hauteur sur l'horizon de 4°, suffisante étant donné que l'horizon est
bien dégagé.
La durée indiquée d'une dizaine de minutes est exagérée aussi, mais elle
est purement subjective et le témoin a tout de même pu suivre le
phénomène pendant plus de trois minutes.
L'heure approximative de 18 h 45 est aussi proche de celle de
la rentrée. Notons que le témoin dit que lorsqu'il a vu l'engin la lune
était visible... En fait celle-ci ne se levait qu'à 19 h 05 à
Cuhem, elle n'était donc pas encore levée au passage de la rentrée
atmosphérique, et moins encore à 18 h 45. Le témoin se rendait
chez lui à Prédefin, situé à seulement 7 km du lieu d'observation,
il a donc pu voir la lune se lever à sa gauche peu après son observation
si elle a été faite vers 19 h, mais pas si c'était à
18 h 45.
Quant au fait que l'engin est parti comme une flèche en altitude, à
une vitesse incroyable, nous avons déjà vu que l'impression d'une
accélération en prenant de l'altitude avant de disparaître à l'horizon
peut s'expliquer par la baisse de luminosité des lumières de la rentrée
à l'approche d'un horizon dégagé, ce qui est bien le cas ici.
Donc, aux exagérations près, on a une assez bonne description de la
rentrée... Et si le témoin précise, toujours sans doute avec une bonne
dose d'exagération, qu'il a vu sur la petite route peu fréquentée des
voitures déboucher de tous les chemins pour essayer de mieux voir,
personne d'autre dans la région n'a mentionné des détails aussi
extraordinaires que lui !
Vieux-Condé (Nord) :
Trajectoire orientée nord-sud ! La rentrée atmosphérique qui s'éloignait ou autre chose, ça n'était en
tout cas pas très spectaculaire.
Mesnard considérait dans son dossier
initial que ce cas, sans être parmi les plus probants, concerne très
probablement autre chose que la rentrée... Il l'a finalement admis dans
sa liste d'une cinquantaine d'exemples probants.
Je suis pour ma part plutôt hésitant... Il est vrai que la trajectoire
est orientée nord-sud et la direction suivie inversée par rapport à
celle de la rentrée atmosphérique... Mais le phénomène était vu vers
l'est, précisément dans la direction où cette rentrée s'éloignait, se
déplaçant très lentement. Le faisceau tronqué lumineux pouvait faire
penser à un phare avant, et expliquer une erreur sur le sens de
déplacement de l'objet... Il faudrait savoir si les témoins se sont
déplacés pour voir l'objet plus longtemps, sans quoi ils n'auraient pas
pu commettre une telle erreur.
Cette interprétation suppose aussi une exagération de la hauteur
angulaire de l'objet, estimée à 30° alors que celle de la rentrée ne
dépassait pas 15° lors du passage au plus près, et beaucoup moins
lorsqu'elle s'éloignait vers l'est. Il faudrait savoir aussi pourquoi le
phénomène n'aurait été observé que peu avant sa disparition, mais il
faudrait connaître la configuration du lieu d'observation pour en juger.
On comprend mal aussi pourquoi les témoins auraient mal distingué la
partie arrière (donc en fait avant) de la forme ovoïde mais pas la
partie avant.
Mais on aimerait dans ce cas connaître les dépositions séparées des
témoins, avec éventuellement leurs dessins, plutôt qu'une synthèse des
témoignages illustrée par un dessin de l'enquêteur Jocelyn Morel :
En outre, Jocelyn Morel qui a recueilli les témoignages m'a toujours
parlé d'un diamètre apparent de 5 mm pour l'objet (équivalent à la
lune, s'il n'était pas exagéré), et non 5 cm... Ça relativiserait
quelque peu l'étrangeté du phénomène, dans le cas où il ne s'agirait pas
de la rentrée atmosphérique ! C'est bien sûr à vérifier (comme le
reste !) dans le rapport d'observation, que l'ami Jocelyn ne m'a
jamais envoyé.
Maisons-Alfort (Val-de-Marne) :
Il est des observations qui ne permettent pas d'exclure
l'explication par la rentrée atmosphérique (ce cas est donné en
exemple de ceux qui se rapportent probablement à la rentrée). Il y a surtout quantité d'observations qui concernent manifestement la
rentrée atmosphérique.
Il n'est effectivement pas douteux qu'il
s'agisse là d'une observation de la rentrée atmosphérique. Voici comment
elle est présenté dans LDLN n°303 :
Peu après 19 h, Juan-Carlos Ghirimoldi se trouve dans la partie
sud de Maisons-Alfort, non loin de la gare de Vert-de-Maisons. Il
vient de garer sa voiture dans un parking et, regardant en direction
du sud, il découvre, à une trentaine de degrés au-dessus de l'horizon,
un ensemble de lumières se déplaçant vers sa gauche, à vitesse
constante, sur une trajectoire apparente légèrement descendante. Il
estime que cette trajectoire était orientée d'ouest en est, ou
légèrement de l'ouest-sud-ouest vers l'est-nord-est. Le phénomène
parcourt 50 ou 60° dans le ciel, en à peu près 10 ou 15 secondes,
et disparaît derrière les toits.
La chose se composait de trois gros points disposés en triangle
équilatéral et suivis d'une dizaine d'autres lumières plus petites,
dont certaines clignotaient. Couleur dominante : ambre, mais il
devait aussi y avoir du rouge quelque part. Le gros point supérieur
laissait, sous lui et vers l'arrière, une traînée lumineuse conique,
de même que l'un des points plus petits.
Le diamètre apparent de l'ensemble correspondait à une bonnne
vingtaine de centimètres, à bout de bras.
Les seules anomalies notables sont les traînées lumineuses dans la
partie haute du phénomène alors qu'elles étaient plutôt en bas, et la
durée d'observation nettement sous-estimée, la rentrée atmosphérique
ayant mis près d'une minute à parcourir 50 à 60° dans le ciel.
Il s'agit donc très certainement de la rentrée atmosphérique, mais je ne
vois guère de différences par rapport à d'autres témoignages que Joël
Mesnard considère comme des évidences qu'il y a eu autre chose ce
soir-là !
Gare de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) :
Ce cas a peu de chances d'être de nature ufologique
(n'est donc pas considéré comme exemple probant). Parce que pour une fois, les témoins ont pu vérifier à leur grande
surprise que le phénomène était très éloigné.
Voici le témoignage de MM. Thierry Rainaud et Jean-Luc Croizie,
qui se trouvaient, quelques instants avant 19 h, en cet endroit
d'où l'on domine, vers l'est, la vallée de la Seine et Paris. Ils ont
observé pendant deux minutes environ le passage, d'ouest en est, d'un
ensemble formé de trois lumières disposées en triangle équilatéral
(pointe en haut, là encore) et d'un « projecteur », beaucoup
plus puissant, dirigé vers l'arrière. Toutes ces lumières étaient
blanches. Sur le croquis réalisé par les témoins eux-mêmes, on note,
en bas, à gauche, la tour Eiffel, vers laquelle le pénomène semblait
se diriger.
Il n'y a effectivement aucun doute sur le fait que ce témoignage se
rapporte à la rentrée atmosphérique : la description l'évoque
parfaitement, la trajectoire correspond, et l'heure qui a été notée
précisément, de quelques instants avant 19 heures jusqu'à
19 heures 02, est précisément celle du passage de la rentrée
atmosphérique.
La suite est particulièrement intéressante :
On note, en haut, un hélicoptère. Thierry Rainaud a retrouvé le
pilote de cet hélicoptère, qui appartient à la société Héli France et
qui a donné une description analogue du phénomène, mais en précisant
qu'il le voyait au-dessus de lui, ce qui a beaucoup
surpris les témoins de Saint-Cloud.
Messieurs Rainaud et Croizie étaient en effet persuadés comme l'immense
majorité des témoins de cette soirée avoir affaire à un objet très
proche étant donné ses dimensions apparentes, mais contrairement aux
autres ils ont eu la preuve qu'ils se trompaient ! Ce que Mesnard
explique parfaitement en continuant :
Il y a à cette contradiction apparente une explication et une seule,
d'ailleurs très simple : vu de la gare de Saint-Cloud,
l'hélicoptère se trouvait à une hauteur angulaire supérieure à celle
du phénomène, mais à une altitude moindre (de même qu'on peut très
bien voir dans le ciel un avion « plus haut » que la lune).
La conclusion que l'on peut en tirer est que le phénomène se trouvait
à une altitude très supérieure à l'estimation qu'en ont donné les
témoins (300 m). Nous avons affaire là à une illusion très
classique, dont il faut tenir compte dans l'appréciation de toutes les
observations de cette soirée.
Nous avons effectivement ici la démonstration que l'on ne peut tenir
aucun compte de l'estimation d'altitude ou de distance donnée par les
témoins, mais on peut regretter que Mesnard considère dans d'autres cas
la proximité affirmée comme une évidence qu'on aurait affaire à autre
chose que la rentrée !
Il n'y a donc aucun doute, même pour Joël Mesnard, que ces deux témoins
ont observé la rentrée atmosphérique et l'ont par ailleurs très bien
décrite, mais il y a une dernière anecdote allant à l'encontre de cette
évidence, que Mesnard répètera pas moins de trois fois dans son
dossier :
Pour autant, le problème global n'est en rien résolu par le simple
constat de cette possibilité d'illusion. Un exemple : dès que le
phénomène eut disparu en direction du Trocadéro ou de la Tour Eiffel,
MM. Rainaud et Croizie échangèrent quelques mots avec un homme
qui se trouvait là, et qui était aussi perplexe qu'eux. Il leur
dit : « Il y a un quart d'heure que je suis là, et c'est le
troisième machin comme ça que je vois passer ! ». Il était
19 h 02, à quelques secondes près.
Voici donc la preuve que Mesnard nous ressert tout le temps de la
présence ce soir-là de plusieurs objets... Il faut vraiment être en manque
de cas probants pour accorder le moindre crédit à un tel
« témoignage » : un parfait inconnu qui a dit cette
phrase sybilline à deux autres témoins, sans que personne d'autre ait vu
quoi que ce soit... Pour moi, ce passant pouvait être un simple
plaisantin qui avait envie de faire l'intéressant, ou aurait vu passer
deux avions avant cela et fait le rapprochement, ou encore faisait
référence à des phénomènes semblables qu'il aurait vus longtemps
auparavant, puisqu'il ne dit pas explicitement que c'est pendant le
quart d'heure où il était là qu'il a observé les deux
« machins » précédents ! Et on peut aussi se demander
s'il n'y a pas eu incompréhension et déformation de la part de celui qui
rapporte cette phrase bien plus tard.
On trouve aussi pour ce cas la description des témoins dans une lettre
adressée à Franck Marie le 7 novembre 1990 et publiée dans son
livre OVNI-Contact :
La gare de Saint-Cloud étant située sur un point élevé, nous avons pu
observer le déplacement d'un ensemble de points géométriques parfaits
constitués de luminescences de couleur blanche. Nous avons pu
déterminer 3 points lumineux disposés en triangle constituant une
partie supérieure. Plus bas, un « projecteur » de type
« poursuite scénique », pouvant également être assimilé à un
élément de post-combustion, était dirigé vers l'axe opposé au
déplacement de ce groupement de points lumineux (l'inférieur étant
d'une puissance sans commune mesure avec les 3 points supérieurs).
Nous n'avons pu observer aucune forme concrète entre ces points
lumineux (mais le ciel n'était pas visible entre les lumières). Le
déplacement, impressionnant de régularité, s'effectuait sur un axe
gare de Saint-Cloud (92) vers la zone Trocadéro‐tour Eiffel (75),
endroit où notre observation a dû être interrompue, le
« phénomène » s'éclipsant à la même vitesse régulière dans
les nuages ou brumes éparses situées au-dessus de la capitale ce
soir-là. Notons l'absence totale de bruit lors de cette observation.
Les hypothèses soulevées par de nombreux journalistes et
scientifiques, selon lesquelles ces phénomènes pourraient être
assimilés à des entrées de débris de satellites ou étages de fusées
nous semblent erronées. En contact avec plusieurs journalistes, nous
ne pouvons accepter des hypothèses cartésiennes (pour le moment) qui
ne sont que des conclusions hâtives (Patrick Poivre d'Arvor
— TF1 — 20 h).
Rien de plus qui pourrait mettre en cause l'explication par la rentrée
atmosphérique, si ce n'est la mention très classique et explicable que
« le ciel n'était pas visible entre les lumières » et le fait
que les témoins n'admettaient pas cette explication... Mais c'était
avant qu'ils ne discutent avec le pilote d'hélicoptère, alors qu'ils
étaient tout à fait convaincus d'avoir observé un objet proche ; il
serait intéressant de savoir si leur opinion a changé ensuite...
Quant à l'anecdote du « troisième témoin », elle n'est même
pas mentionnée dans cette lettre, c'est dire que ces témoins n'y ont pas
accordé beaucoup d'attention et qu'ils peuvent avoir mal interprété les
paroles de cet homme que Joël Mesnard est seul à prendre en
considération !
Cesson-la-Forêt (Seine-et-Marne) :
Comme un Boeing 747 qui larguerait son carburant à 50 m
d'altitude... (encore un cas non répertorié comme probant). Encore une très bonne description de la rentrée...
Un groupe de lumières accompagnées d'un
faisceau lumineux dirigé vers l'arrière, le tout porté par un objet de
forme indéfinissable, se déplaçant en ligne droite, venant du sud-ouest
et disparaissant vers l'est, il est clair que c'est la rentrée
atmosphérique !
Franck Marie expose ce cas de façon plus détaillée dans son livre OVNI-Contact,
reproduisant des extraits d'une lettre de 5 pages que le témoin a
adressée le 9 novembre 1990 au CNES :
Lundi soir 5 novembre 1990 vers 19 h, mon voisin et moi-même
avons été témoins du passage d'un objet volant étrange dans le ciel de
Cesson.
Je vous adresse cette lettre car je tiens à ce qu'elle soit lue par
des scientifiques. Si cela peut accréditer ce témoignage, je suis
ingénieur dans une importante société aéronautique. Ma formation est
principalement aéronautique... De plus, j'ai été officier de
surveillance aérienne lors de mon service militaire, affecté au
contrôle aérien dans l'Armée de l'Air. Je vous présente les
faits : Je suis sorti de chez moi vers 19 heures face au
sud-est. La nuit était tombée mais claire.
Étant à l'extérieur de ma demeure, j'ai comme habitude d'observer le
mouvement des avions en approche d'Orly. Sur ma droite, mon attention
est attirée par des lumières se déplaçant à très basse altitude avec
en plus un faisceau blanc dirigé à l'opposé du sens de déplacement.
J'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'un Boeing 747 (rapport à
la taille de l'appareil) qui larguait son carburant suite à un
problème, ce qui m'a fait fixer mon attention sur le fait. Cet
« avion » avait une silhouette indéfinissable. De par la
position des feux et la proximité d'Orly, j'ai pensé qu'il s'agissait
bien d'un B. 747 en difficulté qui volait très bas, au maximum à
50 mètres du sol, ce qui me paraissait déjà très anormal.
Les feux s'approchant, je me suis rendu compte en fait qu'il ne
s'agissait pas de largage de carburant mais d'un faisceau arrière
légèrement incliné vers le bas (‐15° par rapport à l'horizontale).
Pour un avion en difficulté, l'altitude paraissait vraiment
anormalement basse, au niveau de la sécurité. Le silence de
fonctionnement de l'appareil confirmait mes doutes et j'ai pensé à une
panne totale des moteurs.
Lorsque les feux et le faisceau lumineux sont passés devant moi, je
m'attendais à entendre un maximum de bruit moteur ou de glissement
dans l'air... Mais cet objet se déplaçait absolument sans aucun bruit
(même pas un bruit de glissement dans l'air)... J'ai alors pu
distinguer la forme avant de l'objet, par le fait qu'il était plus
sombre que le ciel. L'allure de l'avant était semblable à celle d'un
avion delta (aile volante). Un détail sur le faisceau m'a permis de
constater qu'il ne touchait pas le sol.
Si je compare sa taille à celle d'un Boeing 747, il n'était pas à
plus de 50 mètres d'altitude et volait à une vitesse de
250 km/h. Cette chose paraissait énorme. Les feux étaient fixes,
non clignotants. Le vol était rectiligne et uniforme. Lors de
l'éloignement vers l'est des traces brillantes (genre paillettes
scintillantes) apparaissaient à l'arrière avec toujours la présence du
faisceau lumineux.
Les feux avaient l'allure des feux de navigation traditionnels, mais
non conformes à ceux des avions commerciaux. Le plus impressionnant
était l'absence totale de bruit. Si un tel objet existe, j'adresse
toutes mes félicitations à celui qui a réussi à faire voler un objet
de cette taille et sans bruit (planeur hors concours). Ce qui me
choque personnellement est l'allure d'un vol conventionnel, alors que
l'objet était très étrange de par sa taille énorme et surtout ce total
silence de fonctionnement...
Franck Marie précise par ailleurs : Transit : O/E, vu à
300 mètres au sud.
On a suffisamment de renseignements pour faire quelques comparaisons
angulaires avec la rentrée, et voir ce que valent les estimations d'un
spécialiste de l'aéronautique.
La longueur est estimée à 20 cm à bout de bras, ce qui à la
distance de la rentrée atmosphérique (187 km) donnerait 60 km,
valeur très réaliste et même sans doute un peu sous-estimée au niveau de
la région parisienne. La hauteur sur l'horizon, pour un objet volant à
50 m d'altitude et distant de 300, serait de seulement 10° alors
que celle de la rentrée était de 31°. La vitesse estimée à 250 km/h
pour un objet distant de 300 m serait portée à
150 000 km/h à la distance de la rentrée, très exagée puisque
la rentrée allait plus de cinq fois plus lentement.
Disons que globalement ça n'est pas trop mauvais... Et quant à la
description elle évoque tout à fait la rentrée atmosphérique, les seuls
détails anormaux étant le faisceau vu légèrement incliné et la forme
noire qui aurait été distinguée à l'avant... Rien de très convaincant
dans tout cela, et on aimerait encore une fois connaître le témoignage
du voisin pour comparer.
Joël Mesnard note d'ailleurs : Cette observation n'est
évidemment pas l'une des plus remarquables de cette soirée. Elle n'a
d'importance que dans la mesure où elle complète celle, toute proche,
de Vert-Saint-Denis, et parce que le cas qui va suivre ne saurait être
considéré indépendamment de ces observations de Cesson et de Vert.
Tout cela semble former un tout...
Assurément tout cela forme un tout, et c'est la rentrée
atmosphérique !
Vert-Saint-Denis
(Seine-et-Marne) :
Vers le bas partent au moins trois faisceaux lumineux,
parfaitement cylindriques [...] L'un des faisceaux balaie doucement
(cas non considéré comme probant). Le témoignage évoque plutôt bien la rentrée, le dessin associé beaucoup
moins, mais on ne sait pas qui l'a fait !
Ce cas n'est pas détaillé, mais
puisque Mesnard le mentionne, voyons comment il était exposé dans LDLN
n°303 :
M. Santerre, ainsi que plusieurs autres personnes, assiste au
passage, en un peu plus d'une minute, d'un objet qui se montre tout
d'abord sous la forme de trois gros points lumineux. Puis la forme se
précise : elle ressemble un peu à l'avant du fuselage d'un
Boeing 747, avec au sommet de fines raies lumineuses (1) de couleur
blanc-jaune. L'arrière (partie hachurée) a été moins bien observé, de
même que le feu supérieur. Vers le bas partent au moins trois
faisceaux lumineux (2, 3, 4), parfaitement cylindriques.
Leur lumière est blanche, légèrement bleutée, et assez vive.
L'intensité lumineuse est constante sur toute la longueur de chaque
faisceau, mais les extrémités (qui atteignent peut-être le sol) ne
sont pas observées. Le faisceau 4 balaie doucement. Diamètre apparent
de la masse : environ 8 cm à bout de bras.
Notons que ce numéro de LDLN est paru peu après la vague
d'observations, il s'agit donc pour une fois d'un témoignage
« frais » ! On regrette par contre, comme d'habitude, que
l'observation soit rapportée par un seul témoin alors qu'ils étaient
plusieurs... À la lecture du témoignage, il n'y a en fait pas
grand-chose qui paraisse anormal : une masse noire dont la forme se
précise à l'avant mais pas à l'arrière, des faisceaux lumineux tronqués,
tout cela n'a rien de très inhabituel... Seule la mention que l'un de
ses faisceaux « balaie doucement » peut surprendre, mais étant
donné qu'il n'est pas précisé dans quel sens se fait le
« balayage » on peut toujours penser à une impression due à
une variation cyclique de l'intensité de la lumière à l'origine du
faisceau, ou de sa longueur, qui pourrait s'expliquer par la rotation du
débris responsable. L'heure d'observation est indiquée par
ailleurs : 19 h 02 ou 19 h 03, bien proche du
passage de la rentrée atmosphérique. Tout comme la trajectoire indiquée
sur le schéma, de l'ouest-sud-ouest vers l'est-nord-est en défilant de
droite à gauche, parfaitement conforme à celle de la rentrée.
Rien de très convaincant donc dans la description, mais par contre le
dessin n'évoque pas du tout la rentrée atmosphérique. Si c'est bien le
témoin qui a fait ce dessin peu après son observation, je considérerai
certainement ce cas comme un des plus étranges de cette soirée, et je me
demande bien ce qui retient Mesnard de le faire ! Mais justement il
n'est dit nulle part que le dessin est dû au témoin, et l'écriture des
annotations est la même que celle des textes manuscrits de plusieurs cas
différents signalés dans le même numéro : c'est probablement celle
de Joël Mesnard lui-même, le nom de l'enquêteur n'étant pas mentionné
pour ce cas. Bref, c'est probablement un dessin fait par Mesnard d'après
une description orale du témoin, laquelle peut donner lieu à une
interprétation bien plus conventionnelle.
Melun (Seine-et-Marne) :
« C'était gigantesque, plus grand qu'un porte-avions ». Oui, bien plus grand, et il s'agit d'une des meilleures descriptions de
la rentrée !
Voyons donc cette observation qui
« forme un tout » avec les cas de Cesson-la-Forêt et
Vert-Saint-Denis.
Mesnard n'avait pas non plus retenu ce cas parmi les « trente
exemples flagrants », mais il l'a finalement accepté avec quelques
autres à la fin de son dossier.
Quatre témoins étaient présents, ce qui serait un gage d'objectivité si
l'on avait les descriptions et dessins des quatre, plutôt qu'une
synthèse faite par Joël Mesnard... On aimerait aussi que la date de leur
témoignage soit mentionnée, mais il s'agit encore d'une omission
fréquente de Mesnard !
Ces témoins, réunis dans un appartement du nord-est de Melun, ont vu à
19 h apparaître l'objet à l'ouest, « au-dessus des antennes de
Sainte-Assise », un ensemble de grandes antennes de
radiotransmission militaires, bien visibles à l'horizon car balisées de
puissantes lumières.
Mesnard remarque que cette direction correspond à un azimut 260° à
quelques degrés près, et c'est tout à fait exact : je m'étais rendu
sur place il y a quelques années avec un GPS (à l'époque il n'y avait
pas Google Maps), et j'avais trouvé 261,5° pour le centre du groupe
d'antennes vu depuis le centre de l'immeuble.
C'est après que ça commence à déraper :
Cette direction initiale d'observation a son importance car,
correspondant à l'azimut 260°, à quelques degrés près, elle n'est pas
compatible avec l'hypothèse de la rentrée atmosphérique : il est
impossible, que des témoins situés du côté gauche de la trajectoire
aient pu l'observer en direction de l'ouest ! Si l'on tient
absolument à considérer que c'est la rentrée atmosphérique qui a été
vue dans le cas présent, il faut admettre que les témoins commettent
une erreur d'au moins une cinquantaine de degrés sur la direction
initiale d'observation, et cela en supposant qu'ils aient détecté la
présence du phénomène alors qu'il survolait l'estuaire de la Gironde,
ce qui semble peu probable.
Il semble que Mesnard, ancien prof de maths, fasse depuis trop longtemps
de l'ufologie, puisqu'un calcul de géométrie assez élémentaire permet de
trouver que depuis Melun, l'estuaire de la Gironde se trouve à un azimut
219°, ce qui réduit déjà l'erreur à une quarantaine de degrés !
Mais continuons :
Si l'on suppose, plus sagement, que la chose n'a pas été détectée à
moins de 200 km (alors que la rentrée survolait la région de
Saint-Amand-Montrond), l'erreur sur la direction d'observation
initiale atteint 80°.
Je ne vois vraiment pas en quoi il serait « sage » de
considérer qu'une rentrée atmosphérique ne serait visible pratiquement
que lorsqu'elle passe au plus près (la distance minimale depuis Melun
était de 183 km), je dirais même que c'est complètement
loufoque ! Un tel phénomène est visible à plus de 1000 km, et
à cette distance la rentrée qui nous intéresse devait avoir encore un
éclat supérieur à celui de Vénus à son maximum, laquelle a une
luminosité impressionnante même à l'horizon. L'horizon des témoins dans
cette direction est parfaitement dégagé, je l'ai vérifié, la baie vitrée
devant laquelle ils se trouvaient donne vers l'ouest, il est donc tout à
fait déraisonnable de penser qu'ils n'ont pas vu la rentrée lorsqu'elle
passait au-dessus de l'estuaire de la Gironde, à quelque 450 km,
alors qu'elle était déjà très spectaculaire. Et il est même très
raisonnable de penser qu'ils l'ont vue encore bien avant, sans doute dès
l'explosion initiale de l'étage de fusée qui a dû attirer leur
attention, près de l'horizon et sous un azimut supérieur à 235°... Et
même si ça n'était pas le cas, ils auraient vu que le phénomène
s'élevait en biais et provenait donc de toute façon de ce point situé à
l'horizon !
Voilà donc l'erreur d'appréciation de la direction réduite à 25°, et non
50 et encore moins 80... On ne pouvait guère s'attendre à mieux pour un
témoignage vraisemblablement tardif !
L'objet est passé au plus près des témoins vers le sud, à une hauteur
angulaire maximale estimée à 30°... Celle de la rentrée atmosphérique
était de 31°. Notons d'ailleurs que ce passage assez bas sur l'horizon
nous donne une raison de douter de l'estimation précise de la direction
d'origine du phénomène : s'il était apparu pratiquement plein ouest
comme le disent les témoins (à supposer qu'il y en ait plusieurs qui
disent ça !), pour disparaître ensuite plein est, il leur serait
passé au-dessus, à moins d'avoir suivi une trajectoire courbe que rien
ne suggère.
La dimension angulaire est estimée à 30 à 40°... En supposant une
longueur de cent kilomètres pour les débris de la rentrée atmosphérique
à ce niveau (une dimension courante et ici confirmée par des témoignages
précis tel celui de Jean-Gabriel Greslé), la rentrée avait précisément
une dimension angulaire de 30°, et plus en comptant la traînée
lumineuse.
Quant à la description, il s'agissait d'un ensemble de lumières
régulièrement espacées dessinant une « forme noire aux bords
indistincts » évoquant un sous-marin, terminé par trois faisceaux
lumineux blanc argenté dirigés vers l'arrière... Tout cela évoque
parfaitement la rentrée atmosphérique. Mesnard trouve étonnant que les
témoins aient vu trois faisceaux alors que d'autres témoins proches n'en
ont vu qu'un, mais il faut rappeler que ces témoins de Melun ont eu la
chance assez rare (bien que Mesnard la conteste !) de voir le
phénomène arriver de loin, et on sait que lorsque la rentrée survolait
l'ouest de la France elle était suivie par trois à cinq traînées
lumineuses à peu près identiques.
Après le passage au plus près, les témoins sont passés de l'autre côté
de l'appartement pour voir l'objet s'éloigner vers l'est.
La vitesse était très lente, et la durée estimée « nettement plus
d'une minute »... S'ils ont observé la rentrée atmosphérique, ce
que tout laisse penser, cette durée a probablement atteint trois minutes
compte tenu de leur point de vue privilégié.
En bref, si on excepte une erreur de 25 degrés sur la direction initiale
de l'observation, on a encore ici une des meilleures descriptions de la
rentrée atmosphérique !
Encore un phénomène vu à l'heure de la
rentrée atmosphérique (entre 19 h et 19 h 05), dans la
direction où passait la rentrée atmosphérique, qui suivait en silence la
trajectoire de la rentrée atmosphérique... Bref qui a toutes les chances
d'être la rentrée atmosphérique.
L'enquêteur de LDLN a rencontré le témoin au printemps 1991,
mais on dispose aussi d'une lettre qu'il a adressée à Franck Marie dès
le 8 novembre 1990, laquelle va nous éclairer sur certains
détails :
Je vous informe que je me suis trouvé être le témoin du passage d'un
OVNI, le 5 novembre 1990, à 19 heures passées de peu
(19 h 02 me semble correct). Habitant rue Paul Bert à
Suresnes et ayant ouvert la fenêtre du premier étage et me penchant
pour prendre un volet, j'ai vu une masse sombre se déplacer au-dessus
de la maison du boulanger (commencement de la rue Paul Bert et de la
rue de la Liberté). Je me suis dit : Mais qu'est-ce que c'est que
ça ?! Cette chose avançait et passa devant moi, la masse énorme
glissant dans un silence impressionnant. Cette masse noire dans le
sombre de la nuit était indéfinissable en forme. Dans la masse une
lumière fixe sans éclat comme emprisonnée dans une sorte de fenêtre
latérale et dans le haut de l'informe masse, à une dizaine de mètres,
une autre lumière fixe également sans éclat qui se déplaçait en
parallèle de la masse. Avec une main, j'ai caché la lumière du
réverbère du trottoir d'en face pour mieux voir. La forme était
peut-être à environ 300 mètres de moi, guère plus, et se
déplaçait à la vitesse double de celle d'un gros-porteur dans
l'attente d'atterrir, cela dans un silence total, au grand maximum à
200 mètres du sol (400 m par rapport au niveau de la Seine).
J'ai hurlé pour appeler mon fils. Quand l'OVNI est passé devant moi,
une lumière s'est précisée à l'arrière, tel un Soleil blanc d'une très
forte intensité lumineuse qui se découvrait au fur et à mesure de la
progression. C'était incontestablement l'arrière de l'engin qui nous
apparaissait progressivement, puis totalement. L'OVNI avait viré vers
Neuilly, laissant sur sa gauche les immeubles de grande hauteur, et
prenait de l'altitude en une légère pente ascendante. Autour de ce
Soleil, dans la périphérie interne, un tourbillonnement annulaire,
suivi d'une traînée blanche, laissait apparaître comme des particules
argentées, peut-être dues à un phénomène de diffraction par le
tourbillonnement sur elle-même de cette fumée éblouissante blanche,
légèrement annelée mais compacte, longue d'environ 100 mètres et
de longueur constante. En dessous de ce Soleil, de chaque côté, (mon
fils dit au-dessus), deux petites lumières fixes. Puis, le tout s'en
est allé et a disparu. J'ai dit à mon fils : « Nous avons vu
un OVNI ! », moi pendant 35 à 40 secondes, de ma droite
venant de St-Cloud/Rueil, devant moi, puis à ma gauche, pour le voir
partir vers Neuilly ; mon fils 8 à 10 secondes, pour voir le
Soleil éblouissant donnant l'impression de se désagréger avant de
disparaître. Suite à l'article du Figaro du 07 novembre 90,
j'informe et communique à qui de droit.
Concernant la trajectoire, il y a juste un détail qui cloche d'après
l'enquête dans LDLN : le témoin dit que l'objet a été
momentanément caché par le dernier étage de la maison qu'il vient de
dépasser sur cette reconstitution faite par Joël Mesnard à partir de
photos :
La rentrée atmosphérique, qui passait au plus près à 24° de hauteur sur
l'horizon, se trouvait nettement au-dessus... Mais si on se reporte
plutôt à la lettre à Franck Marie, beaucoup plus proche de la date
d'observation, le témoin dit qu'il a vu d'abord l'engin en approche
au-dessus de la maison du boulanger ; or celle-ci, que l'on voit
tout à droite sur le dessin, est nettement plus haute que la maison
censée avoir caché l'objet, et l'altitude de ce dernier ne semblait pas
varier ! Il y a donc, comme nous commençons à en avoir l'habitude,
une contradiction concernant un détail anormal, et comme d'habitude
aussi la version la plus « fraîche » du témoignage va dans le
sens de la rentrée atmosphérique.
On peut du reste rechercher avec Google Maps dans quelle direction se
trouve cette maison du boulanger au-dessus de laquelle le phénomène est
apparu aux yeux du témoin :
Elle se trouve à un azimut de 210°, où la rentrée atmosphérique passait
à 18h59'55", à une hauteur angulaire de 15°. Le toit de cette maison de
5 étages devait dominer la position du témoin d'une quinzaine de mètres,
elle se trouve à une distance de 80 mètres, cela implique une hauteur
sur l'horizon de l'ordre de 11°, la rentrée passait donc bien un peu
au-dessus. Quant à la maison face au témoin, plus proche mais n'ayant
que deux étages, on peut calculer de même qu'elle devait avoir
sensiblement la même hauteur angulaire, ce qui est confirmé par le
dessin, et la rentrée ou « la chose » observée s'était de son
côté élevée, elle passait donc largement au-dessus.
Et la rentrée disparaissait vers l'est deux minutes plus tard... C'est
trois fois plus que la durée de 35 à 40 secondes estimée par le
témoin, mais une telle erreur est courante.
Une autre déformation du témoignage concerne la dimension apparente. La
longueur de l'objet est estimée par le témoin à 100 mètres et
autant pour la traînée, sa distance au plus près à 60 mètres et son
altitude à 30 mètres, si bien que comme le remarque Mesnard
l'ensemble devait remplir toute la largeur du champ visuel... Mais si on
se reporte encore à la lettre à Franck Marie, la longueur était la même
mais la distance était évaluée à « 300 mètres, guère
plus », et l'altitude « au grand maximum à 200 mètres du
sol » ! Voilà qui est plus raisonnable, et qui donne même une
dimension apparente tout à fait représentative de la rentrée
atmosphérique, qui passait au plus près à 225 km : cela
correspondrait à une longueur maximale de 150 km pour l'ensemble
des débris plus la longue traînée, et autant pour l'altitude
(100 km en réalité).
Notons qu'une distance de 60 mètres pour une altitude de
30 mètres, de même qu'une distance de « guère plus de
300 mètres » pour une altitude de « 200 mètres au
grand maximum », ça donne une hauteur angulaire de 30°, bien proche
de celle de la rentrée atmosphérique (24°)... Et largement au-dessus de
celle de la maison qui aurait occulté momentanément l'objet observé,
détail dont on a décidément bien des raisons de douter !
L'objet se présente sous la forme d'une masse noire qui se détache
sur le fond de la nuit, mais dont la forme est indéfinissable...
On a déjà vu ça maintes fois dans les témoignages du 5 novembre, y
compris pour des cas dont même Mesnard ne doute pas qu'il s'agissait de
la rentrée atmosphérique... Répétons que si une forme est
indéfinissable, c'est justement parce qu'elle ne se détache pas sur le
fond de la nuit !
Mesnard nous dit : si c'était la rentrée de la fusée qui
s'était montrée, il est infiniment peu probable qu'elle soit apparue
sous la forme d'une masse noire : c'est, au contraire, un
ensemble de lumières que le témoin aurait dû découvrir...
Mais il se trouve justement que des lumières, il y en avait : outre
un grand « soleil » laissant une longue traînée, le témoin
distinguait « deux lumières fixes, sans éclat ». Il était plus
précis dans la lettre adressée trois jours après l'observation à Franck
Marie : Dans la masse une lumière fixe sans éclat comme
emprisonnée dans une sorte de fenêtre latérale et dans le haut de
l'informe masse, à une dizaine de mètres, une autre lumière fixe
également sans éclat qui se déplaçait en parallèle de la masse. Et
aussi : En dessous de ce Soleil, de chaque côté (mon fils dit
au-dessus), deux petites lumières fixes. Dans son témoignage plus
tardif pour LDLN, il dit au contraire que c'est son fils qui a
vu ces deux lumières en dessous, et que lui ne les a pas vues ! Ça nous
donne déjà un exemple des déformations que l'on trouve dans un
témoignage après quelques mois. Mais en tout cas la « masse
noire » portait d'après le témoin cinq lumières dont une laissant
une grosse traînée, ça n'était pas une masse noire toute nue comme le
laisse supposer Mesnard ! Il est vrai que cinq lumières, c'est peu
par rapport à d'autres descriptions de la région parisienne, mais le
témoin était chez lui et fermait les volets, il n'était donc pas habitué
à l'obscurité et en outre il était ébloui par les lampadaires en face de
la rue (on voit sur le plan de Google Maps qu'il y en a un juste en face
de sa fenêtre, et il dit dans sa lettre à Franck Marie qu'il a dû le
cacher de sa main pour mieux voir) ; il ne serait donc pas
surprenant qu'il n'ait vu que les lumières les plus brillantes.
La dernière anomalie est que le témoin voit à la fin de son observation
l'objet virer un peu vers la droite tout en prenant de l'altitude. Joël
Mesnard remarque à ce propos : Il est vrai que sur le plan
ci-dessous, réalisé par M. G., on voit que le changement de
direction est relativement peu marqué : environ 24°. Ce plan
donne aussi l'ordre de grandeur de l'éloignement évalué par le
témoin : une soixantaine de mètres ! Si ces estimations de
tailles et de distance sont assez proches de la réalité, M. G. a
dû observer le phénomène dans d'excellentes conditions : un
ensemble (masse plus traînée) de 200 mètres de long, observé à
une soixantaine de mètres, remplit toute la largeur du champ
visuel !
La question se pose donc : dans quelle mesure peut-on accorder
foi aux estimations de distance fournies par M. G. ? Lors de
notre visite à Suresnes, au printemps 1991, Gilles Garreau et moi
avons demandé à ce jeune retraité, un peu par hasard, avant de le
quitter, quelle profession il avait exercée. Il nous a alors répondu
qu'il était dessinateur-projeteur. Il est difficile, dans ces
conditions, de ne pas accorder un certain crédit aux indications
géométriques qu'il donne, aussi étonnantes soient-elles.
Nous avons déjà vu qu'en ce qui concerne les distances, le crédit que
l'on peut accorder au témoin est quelque peu réduit du fait que ces
distances ont été divisées par cinq entre sa lettre à Franck Marie et
son témoignage pour LDLN, alors que la dimension n'a pas
varié ! Mais nous avons vu aussi qu'en dehors de l'estimation de la
durée, les indications du témoin dans son récit initial s'accordent très
bien avec les données apparentes de la rentrée atmosphérique
(dimensions, hauteur angulaire...) Ça semble confirmer que sa profession
de dessinateur-projeteur lui permet une bonne appréciation des angles, à
défaut des durées, mais ne le met pas à l'abri des altérations des
souvenirs avec le temps !
Le virage accompagné d'une remontée étaient aussi présents dans la
lettre à Franck Marie, mais ils s'expliquent assez naturellement si la
luminosité de l'objet a nettement diminué en fin d'observation, soit
parce que la rentrée atmosphérique devenait peu à peu moins lumineuse
(ce que l'ensemble des témoignages atteste), soit parce qu'en
s'approchant de l'horizon (bien dégagé en direction de l'est) sa lumière
était diffusée par l'atmosphère. Nous avons déjà vu quelques exemples de
ces impressions de remontées finales, et donné l'explication géométrique
dans l'introduction... Dans le sens horizontal, le même phénomène donne
l'impression d'un virage vers l'extérieur, précisément dans la direction
indiquée par le témoin.
Bref, voilà encore une très bonne description de la rentrée
atmosphérique, avec juste des erreurs d'appréciation mineures et des
exagérations apparues dans le témoignage tardif.
Nanterre (Hauts-de-Seine) :
Certains témoignages sont plus flous que d'autres (cas
non classé parmi les plus convaincants). Hormis un passage « sous l'horizon » fort douteux, la
description n'est pas particulièrement « floue » et évoque
bien la rentrée !
Parmi les témoignages proches de celui
de Suresnes, Mesnard nous parle de celui de Nanterre : On
pourrait presque classer cette observation de Nanterre parmi les cas
les plus intéressants du 5 novembre, pour deux raisons :
l'objet (un triangle sombre, gigantesque, portant des lumières) aurait
masqué le sommet du Mont-Valérien, au moment où il passait au plus
près des témoins ; en outre, quelques instants plus tard, il se
serait brièvement immobilisé. Toutefois, ces deux affirmations ne nous
ont pas paru suffisamment nettes. Certains témoignages sont plus flous
que d'autres, et comme il faut être prudent, nous ne tirerons pas
argument de ce témoignage de Nanterre, trop peu précis à notre goût.
Lisons pour en savoir plus la lettre envoyée par le témoin à Franck
Marie le 8 novembre 1990 (cf son livre OVNI Contact,
p. 81) :
Habitant le flanc sud du Mont-Valérien, côté Nanterre [en fait,
côté Nanterre c'est le flanc nord, et le Moulin des Gibets où habitent
les témoins d'après Joël Mesnard c'est environ 1 km au nord-ouest
du mont], hier soir, vers 19 h 00, j'ai aperçu ce phénomène
étrange : un énorme triangle genre aile delta avec à l'arrière
une grosse lueur et essaimés à l'avant et sur les côtés des points
éloignés du phénomène ayant l'éclat de petites étoiles. En quelques
secondes, j'ai pu appeler mon épouse qui elle aussi a vu ce phénomène.
Pas de bruit, mais nous sommes habitués à cela, des avions passent
avec les phares en service, plus tard le bruit arrive, mais hier soir,
rien ! La vitesse n'était pas excessive. Ma plus grosse
impression fut cette forme d'aile delta passant juste entre nous et le
Mont-Valérien ; une seconde, j'ai cru à l'amorce d'une chute d'un
Boeing 747 sur le Mont-Valo. Le phénomène allait dans le sens
Saint-Cloud/Mt-Valérien/Le Bourget, sans bruit, avec derrière lui un
léger faisceau lumineux bien en retrait, car l'engin lui-même émettait
une grosse lumière. Le contexte de l'observation est le suivant :
Allant de ma maison vers la grille sur la rue pour la fermer comme
chaque soir à 19 heures, j'ai levé la tête vers le Mont-Valérien
une sensation étrange m'y invitant, c'est à cet instant que cette
masse sombre a occulté le Mont-Valérien. J'ai alors éprouvé une
sensation étrange de grand calme et de sérénité extraordinaire. Et
malgré cette forme gigantesque, très impressionnante, je n'ai pas
paniqué le moins du monde, bien au contraire !
Elle est passée à moins de 20° de mon horizontale théorique. Elle
devait bien mesurer alors plus de 40 centimètres entre mes mains
bras étendus ! Cet objet évoluait lentement. J'ai donc eu le
temps matériel d'aller chercher mon épouse.
Elle a pu comme moi observer à notre retour cette masse sombre avec
autour des points comme des étoiles, puis à l'arrière cette grosse
lueur. Elle était à ce moment-là entre le Mont-Valérien et les tours
de la Défense, donc l'engin allait doucement ; il mesurait encore
un peu moins de 13 centimètres bout de bras !
Cette description évoque encore très bien la rentrée
atmosphérique : la forme, la trajectoire suivie, la hauteur sur
l'horizon, tout concorde ; la dimension apparente est un peu
exagérée lors du passage au plus près mais c'est très habituel... La
seule anomalie est que l'objet aurait « occulté le
Mont-Valérien », un cas rarissime de « passage devant un
obstacle ». Mais le problème est que Franck Marie nous apprend que
le Mont-Valérien n'est justement pas visible depuis le lieu
d'observation ! Et notons que même s'il l'était, cette colline qui
dépasse de guère plus de 100 m l'altitude moyenne à Nanterre
dépasse « l'horizontale théorique » de bien moins que 20° (la
rentrée passait au plus près à une hauteur de 24°). C'est sans doute
pour cela que Mesnard trouve le témoignage douteux... Ainsi, avec la
méthode Mesnard, on ne met en doute un témoignage que si on a la preuve
qu'un détail est manifestement faux... Si on n'a pas cette preuve, et
même si seuls quelques détails sont incompatibles avec la rentrée
atmosphérique, on considère que tout est exact et qu'il ne s'agit donc
pas de la rentrée !
Quant à l'autre détail anormal, l'immobilisation temporaire, il n'en est
pas question dans la lettre à Franck Marie, il est donc à parier qu'il
s'agit d'une amélioration tardive du témoignage.
Ces deux détails relèvent de toute façon de déformations assez
banales : on ne fait pas trop attention à l'horizon et on se
persuade que l'objet que l'on croit proche est passé devant, fasciné par
la beauté du spectacle on perd quelque peu la notion du temps et on
oublie l'environnement... Ce témoignage est loin d'être parmi les plus
mauvais, et décrit plutôt bien la rentrée atmosphérique.
Vélizy-Villacoublay (Yvelines) :
Le dessin rappelle fortement l'observation de la gare de
Saint-Cloud (cas non classé parmi les plus convaincants). Bien sûr, puisque les deux cas se rapportent manifestement à la
rentrée.
Ce cas, comparé à celui de la
gare de Saint-Cloud, serait d'après Mesnard l'exception à la règle
que l'on n'aurait pas deux descriptions identiques...
Et en effet les descriptions autant que les dessins se ressemblent
beaucoup :
La seule anomalie du témoignage de Vélizy est que le faisceau lumineux
aurait « éclairé la base des nuages », alors que le
« plafond nuageux » se situait nous dit Mesnard au centième de
l'altitude de la rentrée atmosphérique. Toutefois, il s'agit
manifestement ici de nuages épars plutôt que d'un plafond nuageux, et
s'agissant de nuages d'altitude fins il est difficile de savoir si un
objet lumineux se trouve devant, derrière, ou au milieu les éclairant
(on peut le voir très souvent avec la lune).
Joël Mesnard remarque : On serait tenté, dans un pareil cas, de
conclure à l'unicité de la chose observée. Mais ce serait simplifier
le problème, au moins pour deux raisons : Tout d'abord, à la gare
de Saint-Cloud, n'oublions pas le témoignage du troisième homme, qui
dit à MM. Rainaud et Croizie : « Il y a un quart
d'heure que je suis là, et c'est le troisième machin comme ça que je
vois passer ». De plus, il existe des cas qui présentent de
fortes analogies avec Saint-Cloud et Villacoublay, mais aussi des
différences marquées.
C'est effectivement simplifier le problème de considérer que tous ont
observé la rentrée atmosphérique, mais qu'il y a des témoins plus ou
moins fiables dans leurs descriptions et bien des façons de décrire un
ensemble de points plus ou moins lumineux... Et concernant le
« troisième homme » de Saint-Cloud, mieux vaut justement
l'oublier !
Caluire (Rhône) :
Il existe des cas qui présentent de fortes analogies, mais aussi
des différences marquées (cas non classé parmi les plus
convaincants). Les analogies sont bien plus marquées que les différences, pour la
presque totalité des témoignages de cette vague, et pointent vers la
rentrée atmosphérique.
Mesnard cite ce cas pour ses
ressemblances et différences avec les observations de Saint-Cloud
et Vélizy, mais
dans le numéro 306 de LDLN c'était à la première phase de
l'observation de Neuilly-sur-Marne
qu'il était comparé de la même manière !
Et la vérité, c'est que les cas de Saint-Cloud, Vélizy et Neuilly
présentent de fortes ressemblances pour la bonne raison qu'ils sont
issus de la même région, mais la ressemblance avec Caluire, près de
Lyon, est très superficielle ! Avec Neuilly, la ressemblance vient
surtout de la couleur verte des lumières formant un triangle
équilatéral, mais on sait combien la perception de la couleur des
lumières la nuit est variable, surtout lorsque les témoins se trouvent
dans des appartements diversement éclairés.
Voici comment cette observation était décrite dans le numéro 306 de LDLN :
Entre 18 h 55 et 19 h, Caluire (Rhône)
Un ensemble de trois lumières vertes formant un triangle
approximativement équilatéral, pointe en haut, voilà ce que nous avons
trouvé dans la première phase de l'observation de Neuilly-sur-Marne.
Nous retrouvons une formation comparable, à la même heure, dans la
banlieue nord de Lyon, mais la description en est légèrement
différente et l'évolution plus différente encore.
Didier Cave vit apparaître le phénomène presque au zénith, à une
hauteur que l'on peut situer à environ 80° au-dessus de l'horizon
nord, ou un peu à droite du nord. La chose parcourut en une quinzaine
ou une vingtaine de secondes, « lentement », une trajectoire
rectiligne qui l'amena en un point dont l'azimut est d'environ 50°
(nord-est), et la hauteur, d'une quinzaine de degrés. Là, elle
disparut à la vue du témoin derrière un bâtiment.
Outre les trois points verts principaux, le témoin nota, à droite de
ceux-ci, un ensemble d'autres points verts plus petits et, en dessous
et encore à droite, une sorte de tube lumineux blanc, apparemment
horizontal et dirigé vers le nord, coupé net à son extrémité. Cela
ressemblait à un tube au néon. Taille apparente de ce tube, dans sa
plus grande dimension : environ 1 cm à bout de bras. Taille
apparente de l'ensemble du phénomène, dans sa dimension
horizontale : de l'ordre de 10°.
Didier Cave est sûr de l'indication concernant l'heure, car lorsqu'il
découvrit le phénomène dans le ciel, il était en train de suivre une
émission sur FR3 (« Questions pour un champion »), émission
dont il a ensuite vérifié l'horaire. Le ciel était ce soir-là très
dégagé, et le témoin pense avoir aperçu les étoiles entre les trois
lumières principales. Il n'en est toutefois pas certain. Quoi qu'il en
soit, on note une autre analogie avec l'observation de
Neuilly-sur-Marne, puisque le « tube lumineux » ressemble
assez au « faisceau » émis par la « tuyère ».
À quelques variantes près cela rappelle beaucoup d'autres témoignages de
la région lyonnaise... La seule grosse anomalie est la disposition du
faisceau, en réalité plutôt vers l'arrière, et le fait que le témoin
l'imagine dirigé vers le nord alors que le faisceau de la rentrée était
dirigé vers l'arrière donc l'ouest-sud-ouest... Cette erreur peut
s'expliquer par un effet de perspective : le témoin considérait ce
faisceau comme un tube de lumière de section constante, mais étant donné
qu'en réalité il rétrécissait vers l'arrière, il pouvait penser qu'il
s'éloignait de lui.
La trajectoire suivie est aussi sensiblement celle de la rentrée
atmosphérique... La hauteur angulaire est très exagérée, estimée à
quelque 80° alors que la rentrée dépassait juste 25° au plus près, et
même 22° lorsqu'elle était vue en direction du nord, début d'observation
par le témoin... On peut se demander ici si le témoin croyant comme tous
les autres l'objet très proche de lui ne s'imagine pas virtuellement
sous la trajectoire de l'objet, et ne veut pas dire par là qu'il l'a vu
apparaître peu après son passage au plus près, ce qui était bien le cas
de la rentrée lorsqu'elle était vue vers le nord. L'indication d'un
passage presque au zénith est de toute façon totalement incompatible
avec le dessin qui montre une trajectoire très inclinée avant la
disparition :
Il est à noter que dans le cas d'une trajectoire linéaire et à altitude
constante, l'inclinaison de la trajectoire près de l'horizon est
sensiblement égale à la hauteur angulaire lors du passage au plus
près... Sur ce dessin, cette trajectoire est inclinée de 25°, soit
précisément la hauteur angulaire de la rentrée atmosphérique au plus
près ! On constate d'ailleurs la similitude avec la trajectoire de
la rentrée atmosphérique, retracée ici ave le logiciel Stellarium :
La disparition derrière un immeuble est estimée à un cap de 50° et une
hauteur sur l'horizon d'une quinzaine de degrés... La rentrée
disparaissait bien à un azimut de 50° mais à seulement 3° au-dessus de
l'horizon... On peut supposer que le témoin a juste un peu exagéré l'une
et l'autre valeur : la rentrée aurait disparu par exemple à un
azimut de 40° et une hauteur de 8°, on n'est pas très loin.
Quant à la dimension angulaire, estimée à environ 10°, elle est tout à
fait raisonnable et même nettement sous-estimée. La rentrée
atmosphérique, qui passait au plus près à une distance de 215 km et
guère plus lorsqu'elle était vue en direction du nord, devait ici
dépasser les 20° de longueur.
Si on suppose que le phénomène a été observé d'abord précisément au nord
peu après son passage au plus près, comme l'indique le témoignage, la
durée d'observation a été d'une quarantaine de secondes, guère plus que
les quinze à vingt secondes estimées par le témoin.
Bref encore un cas qui relève de façon évidente de la rentrée
atmosphérique, comme d'ailleurs toutes les observations auxquelles il
est comparé !
Capbreton (Landes) :
Un léger « pout, pout, pout... » Un léger bruit associé sûrement par erreur à la rentrée, un contour
triangulaire lumineux affirmé, ce sont les deux curiosités de ce
témoignage.
Mme Renée Fonsegrive, à Capbreton : Avec mon fils, nous avons
distingué les contours de cette chose. Ils brillaient. Nous avons aussi entendu du bruit.
Comme des crachotements. Un son proche de celui d'une mobylette.
On peut aussi trouver le récit dans une lettre adressée
à Franck Marie le 14 décembre 1990 (donc plus d'un mois après
l'observation), et publiée dans son livre OVNI-Contact :
J'ai entendu un bruit au-dessus de nos têtes et j'ai regardé dans le
ciel. L'appareillage qui se déplaçait au-dessus de nous était
tellement surprenant que j'ai appelé ma belle-fille. C'est elle qui a
regardé l'heure : il était 19 h 10. Cet engin avait la
forme d'un triangle aux 3 côtés égaux, délimités par une ligne jaune,
tandis que les 3 angles étaient illuminés d'un point rouge d'où
s'échappait une petite traînée de fumée blanche sortant par des
saccades comme rythmées par le bruit d'un moteur. Ce bruit me
parvenait léger comme celui d'un vélomoteur très éloigné. L'appareil
se déplaçait à la vitesse d'un Airbus (nous sommes survolés plusieurs
fois par jour), l'avant maintenant un cap nord-est, en ligne droite.
Je dirais que le triangle mesurait 35 à 40 cm dans l'espace.
C'était grand ! et très beau à regarder...
L'objet se déplaçait du sud-ouest vers le nord-est, les
19 h 10 correspondent à la fin de l'observation dans le
rapport de LDLN, c'est assez cohérent avec la rentrée
atmosphérique. La dimension de 35 à 40 cm est très exagérée s'il
s'agit d'une longueur « à bout de bras », mais dans LDLN
la dimension est comparée à celle de la Grande ourse, ce qui doit être à
peine exagéré si on compte les traînées : en supposant pour
l'ensemble de débris une dimension très raisonnable de 30 km sur
20, cela fait à une distance de 225 km une dimension angulaire de
8° sur 5° hors traînée. La Grande ourse, ou plutôt le Grand chariot (la
« casserole ») fait 20° sur 8. Notons du reste que la rentrée
atmosphérique passait au plus près de Capbreton juste au-dessus du Grand
chariot, à une hauteur angulaire de 32°. Voici à quoi pouvait ressembler
cette rentrée dans le ciel de Capbreton :
Ce qui est surprenant c'est la forme décrite par le témoin :
Trois points lumineux reliés par des « tubes » lumineux très
fins dessinant un triangle parfait, ça n'évoque pas vraiment la rentrée
atmosphérique ! Toutefois, on sait que les traînées étaient
nombreuses et assez opaques, un peu semblables aux traînées des avions,
au début de la rentrée atmosphérique, lorsqu'elle survolait la côte
atlantique... Il est donc possible que ces traînées aient atténué les
lumières du centre du nuage de débris, ne laissant voir que celles du
contour avant qui avait à peu près la forme d'un « V » (j'ai
essayé de reproduire un peu ça sur le dessin du ciel au-dessus)... Dans
ce cas, seul le troisième côté du triangle serait vraiment imaginaire.
Notons que le récit le plus immédiat, dans le journal, indique juste que les
témoins ont « distingué les contours de cette chose »,
et qu'ils brillaient.
Et l'autre anomalie est que le témoin dit avoir eu son attention attirée
vers le ciel en raison d'une sorte de léger bruit de moteur... Il
précise en outre que les sons de ce « moteur » étaient
synchrones avec des bouffées de fumée émanant des trois points lumineux,
mais il n'en était pas du tout question dans l'article de presse.
On peut imaginer qu'en fait c'est la luminosité de l'objet,
qui devait approcher celle de la pleine lune à ce moment-là, qui aurait
attiré inconsciemment l'attention de cette dame, et qu'elle aurait
associé le passage de cet objet à un bruit quelconque entendu au
lointain.
Mon sentiment est donc que ce témoin est juste un peu imaginatif, qu'il
a quelque peu idéalisé son observation (contours lumineux bien droits
d'un triangle équilatéral, bruit de moteur), mais que cela évoque tout
de même trop la rentrée atmosphérique pour que ce soit autre chose...
Encore une fois, on a affaire à la petite marge de témoins pas très
fiables qui existent inévitablement sur un échantillon de plus de
400 ! On aimerait ici avoir le témoignage séparé du fils et de la
belle-fille, qui étaient aussi présents.
Autoroute A63, Boucau (Landes)
« Un ruban brillant, mi-métal, mi-verre ». Un autre cas de triangle aux contours lumineux, certainement encore la
rentrée déformée par un témoignage tardif.
À seulement une vingtaine de kilomètres
de Capbreton, sur l'autoroute A63 à hauteur de Boucau, Mesnard remarque
que l'on a un autre témoignage mentionnant un triangle aux côtés
lumineux. Voici comment cette observation était décrite dans LDLN n° 303 :
Au nord de Bayonne (Pyrénées Atlantiques) 19 h 00
Roulant sur l'autoroute A63 en direction de Capbreton (vers le nord),
à hauteur de Boucau, M. Christian Hameau voit passer devant lui,
à une vitesse qu'il estime inférieure à 80 km/h, et à une
altitude évaluée à moins de 100 m, une immense plate-forme
triangulaire dont la face inférieure est gris ardoise. Elle est bordée
d'un « ruban brillant, mi-métal, mi-verre », sur lequel se
reflètent les « feux de position » : un clignotant rose
orangé à l'avant, et un autre, jaune verdâtre, à chacune des autres
pointes. Le témoin estime la surface de l'objet à plus de 5000 m2,
la base (côté arrière) ayant une centaine de mètres de long. La chose
se déplace, non pas dans son plan, mais la pointe en avant vers le
bas. Elle disparaît derrière des pins, au sommet d'une colline. Durée
de l'observation : entre 1 et 2 minutes. Aucun bruit perçu.
(Enquête de Mme Gueudelot)
Il est vrai que la ressemblance avec le cas de Capbreton est frappante,
bien que les couleurs diffèrent. Le fait que deux témoins très proches
aient eu la même illusion d'un « contour lumineux » indique
sans doute que c'est seulement à ce niveau de la trajectoire, en raison
des traînées et de la forme générale du nuage de débris, qu'une telle
impression était possible. Il se pourrait aussi qu'en raison d'une
géométrie particulière des principaux débris sous une certaine
perspective, cette impression ait été plus forte dans une région
précise.
L'heure et la trajectoire sont celles de la rentrée atmosphérique ;
la durée d'observation estimée entre une et deux minutes est
plausible ; la dimension apparente, une centaine de mètres de
largeur et de longueur hors traînée, pour autant d'altitude, est de
l'ordre de cinq fois celle de la rentrée, mais une telle exagération est
courante ; la vitesse estimée, rapportée à l'altitude réelle de la
rentrée atmosphérique, serait triple de celle de la rentrée, encore une
erreur d'estimation très raisonnable...
Bref il n'est pas douteux que l'on a encore affaire à la rentrée
atmosphérique, et si la description de l'objet est un peu étrange il
faut penser qu'on ne se trouve pas dans des conditions d'observation
idéales en roulant sur une autoroute !
Joël Mesnard a encore pris ce cas en exemple du « mimétisme »
dans l'émission « Bob vous dit toute la vérité » du
5 novembre 2013 :
Sur l'autoroute A63, trois kilomètres au nord de Bayonne, alors là un
monsieur qui roule sur l'autoroute dans le sens sud-nord voit passer
devant lui mais presque au ras de l'horizon, il voit ça très très bas,
il voit une forme triangulaire sombre avec les côtés lumineux. Les
côtés et les sommets du triangle sont lumineux, les lumières des
sommets sont clignotantes, et la face inférieure lui paraît gris
ardoise. Il voit ça sous un angle considérable, je veux dire par là
que ça remplit une grande partie de son champ visuel, et ça traverse
l'autoroute devant lui de gauche à droite, c'est-à-dire dans le sens
de défilement de la rentrée.
Et j'espère qu'on va avoir le temps de mettre l'accent sur le fait
qu'il y a eu ce soir-là une bonne quarantaine d'observations qui de
toute évidence ne se rapportent pas à la rentrée
atmosphérique mais qui sont comme des imitations grossières
de la rentrée, ou tout au moins de certaines caractéristiques de la
rentrée.
Il devrait se demander, sur un total de plus de 400 témoignages, à quoi
doivent ressembler les descriptions des témoins les moins fiables, sinon
à des « imitations grossières » de la rentrée !
Mesnard conclut l'exposé de ce cas par :
C'est clair : on ne peut, dans tout cela, constater des
similitudes sans noter en même temps, des différences très marquées.
Bien sûr, on peut invoquer la fragilité « naturelle » des
témoignages. C'est une réalité incontestable, mais dont il ne faudrait
quand même pas abuser. On ne nous fera pas croire que c'est la même
chose qui a été observée sur l'A63, 4 km au nord de Bayonne, et à
Cuhem, au sud-ouest d'Hazebrouck !
Effectivement, ça n'est pas vraiment la même chose, puisque l'aspect de la
rentrée a profondément changé tout au long de sa trajectoire... Et
concernant les divergences des témoignages pour un même phénomène, il
suffit encore de se reporter à
l'observation de cette rentrée par 32 élèves-officiers de gendarmerie
pour en avoir une idée.
Huisseau-sur-Cosson (Loir-et-Cher)
Une boule lumineuse jaune laissant derrière elle trois traînées
divergentes de couleur différente... (cas non considéré comme
probant). Encore une description tardive un peu fantaisiste, mais il s'agit
manifestement de la rentrée.
Regardant plein sud, Mme H. voit, à environ 50° au-dessus de
l'horizon, et sous un diamètre apparent considérable (8 à 10 cm à
bout de bras) une boule lumineuse jaune laissant derrière elle trois
traînées divergentes : une blanche, une verte, et une d'un rouge
rosé. Altitude estimée : 200 m (constante au cours de
l'observation, qui durera 3 minutes) ; vitesse :
« celle d'une montgolfière ». Le phénomène, qui va de
l'ouest-sud-ouest vers l'est-nord-est, effectue un léger virage sur la
gauche et s'éloigne en direction du nord-est. Aspect des
traînées : comme de la fumée colorée. Disparition du
phénomène : instantanée, par « extinction sur place ».
Aucun son perçu.
(enquête de M. Bellanger)
Joël Mesnard mentionne aussi ce cas pour sa ressemblance par certains
détails avec celui de Capbreton. Mais ce ne sont pas cette fois les
contours qui sont communs, mais les « bouffées de fumée »...
Toutefois, ces bouffées forment ici trois traînées divergentes et de
couleurs différentes derrière une grosse boule jaune...
Huisseau-sur-Cosson est bien loin de la côte atlantique, il se trouve
près d'Orléans... Ces ressemblances que l'on trouve entre certains cas
reflètent simplement la multitude d'interprétations différentes que l'on
peut donner à un ensemble de lumières et de traînées assez désordonné.
Si on doit faire des comparaisons, faisons-le plutôt avec l'objet
observé à Villavard,
pas très loin :
Les couleurs ne sont pas les mêmes (à Villavard, la principale
« boule » était vue rouge clignotante, et les lumières aux
extrémités des « ailes » étaient blanches et jaunes), mais il
y a tout de même une forte ressemblance.
Et il ne fait guère de doute qu'à Huisseau-sur-Cosson (comme à Villavard
pour le témoignage correspondant à ce dessin), c'est la rentrée
atmosphérique qui a été vue : phénomène qui va de l'ouest-sud-ouest
vers l'est-nord-est en passant au plus près au sud à 50° de hauteur sur
l'horizon (la rentrée passait à 45°) ; la dimension estimée à 8 à
10 cm à bout de bras correspondrait à 20 km pour l'ensemble de
débris à la distance de la rentrée (140 km), ce qui est pour une
fois un peu sous-estimé ; la durée d'observation estimée à
3 minutes est sans doute un peu exagérée, et l'heure indiquée de
18 h 50 un peu fausse.
Les seuls éléments vraiment étranges en dehors d'une description un peu
fantaisiste sont un léger virage sur la gauche en fin d'observation, et
une disparition instantanée (nuage, élément de relief que le témoin
croyait plus éloigné que l'objet ?), ça n'est pas très convaincant.
Une rentrée atmosphérique peut-elle faire du bruit ?
Revenant sur le cas de Capbreton, Mesnard signale dans un encadré les
diverses observations associées à un bruit : il y en a neuf sur les
408 qu'il a répertoriées... C'est peu, d'autant qu'il n'est question dans
la plupart des cas que de sons très faibles. Ce sont certainement des sons
extérieurs qui ont été associés par erreur au passage de l'objet, s'ils ne
sont pas purement imaginaires.
Notons que les météores, de toutes tailles, sont quelquefois associés à
des sons même lorsqu'ils passent à très haute altitude... Ce fait étrange
est longtemps resté inexpliqué, puisqu'en raison de la distance de l'objet
le son ne peut atteindre le sol que bien après sa disparition, mais de
nombreux témoignages l'attestaient... On n'a compris que récemment que ces
sons résultent de rayonnements radio émis par l'air ionisé, qui peuvent
dans certaines circonstances provoquer des vibrations en atteignant le
sol. Il n'est donc pas absolument impossible que le même phénomène se
produise avec une rentrée atmosphérique (ça semble avoir été attesté en
une occasion), mais les quelques témoignages évoquant ici un bruit ne sont
pas assez probants pour qu'il soit besoin d'évoquer cette hypothèse.
Bourg-en-Bresse (Ain)
Deux choses différentes. L'une des « choses » est manifestement la rentrée, l'autre peut-être
pas, la direction affirmée étant incompatible, mais le témoignage est
très imprécis et sans doute tardif.
Deux cas sont donc mentionnés à
Bourg-en-Bresse... Pour le premier, la description évoque parfaitement
la rentée atmosphérique, à une heure imprécise comprise sans doute entre
19 h et 19 h 30, mais dans une direction opposée :
l'objet serait passé du sud-sud-ouest à l'est-sud-est, passant au sud,
alors que la rentrée atmosphérique passait au nord à 31° au-dessus de
l'horizon. Le témoin, qui circulait à mobylette sur un parcours qu'il
connaît, semble sûr de lui, mais on aimerait savoir quand il a témoigné,
et ça n'est précisé nulle part, pas plus qu'aucun détail de l'enquête,
le cas étant résumé en cinq lignes !
Le second cas n'est pas plus intéressant : l'objet, qui a été vu de
l'ouest au nord-ouest, se présentait sous forme de trois boules
lumineuses « qui semblent reliées entre elles par une structure
d'aspect métallique et tubulaire ». Mesnard, pour en faire un
élément probant, n'a pas dû lire le « qui semble », et du
reste puisqu'il y avait deux témoins on aimerait savoir si les deux ont
vu ces structures ! Il fait le parallèle avec deux autres cas de
« structures tubulaires » mentionnés pour cette vague... C'est
peu, sur un total de plus de 400 témoignages, et ça semble tout aussi
imaginaire que les « masses noires » bien plus fréquentes.
L'objet serait en outre passé « sous la couche nuageuse »,
mais il faudrait savoir s'il y avait autre chose que des nuages épars
dans cette région, et ça ne semble pas être le cas. Je vous propose du
reste un très bel exemple de
rentrée atmosphérique sous la couche nuageuse avec la station
spatiale Mir : la rentrée passe naturellement très au-dessus des
nuages, mais ceux-ci, pourtant bien visibles dans le ciel, sont trop
ténus pour absorber une grande partie de la lumière.
Enfin, Joël Mesnard note que sur une reconstitution de la trajectoire de
l'objet sur une photo, le témoin a représenté une trajectoire
descendante, alors que la rentrée avait une trajectoire apparente
ascendante (10° de hauteur angulaire gagnés sur un parcours horizontal
de plus de 40°). Un argument un peu faible, d'autant que l'on a tendance
à reporter sur une photographie la trajectoire déduite, légèrement
descendante, plutôt que la trajectoire apparente.
Bref rien de tout cela n'est convaincant, et comme d'habitude la date
des témoignages n'est pas précisée (l'enquête a été faite par Denis
Alarcon de l'association Magonia, disparue depuis).
Saint-Même-les-Carrières (Charente)
Autre cas de « structures tubulaires » (cas non
considéré comme probant). Quand ce n'est pas une masse noire, les témoins imaginent une structure
tubulaire soutenant les lumières, ça n'est pas plus convaincant...
C'est au sujet des observations de
« structures tubulaires » que Mesnard signale ce cas, qui a
été présenté par la presse (la Charente Libre) sans autre
indication que ce dessin :
Qu'il y ait quelques cas faisant référence à de telles structures n'est
pas surprenant : la plupart des témoins du phénomène ont pensé
avoir affaire à un objet unique et immense, du fait du déplacement
apparemment coordonné des différentes lumières... C'est pour cette
raison que beaucoup ont supposé qu'il y avait une masse noire porteuse
de ces lumières, pour les cas où les étoiles n'étaient pas visibles
derrière... Ceux qui ont vu des étoiles devaient pour leur part imaginer
soit que l'engin était transparent, soit qu'il y avait une structure
soutenant les lumières, et on trouve effectivement quelques témoignages
de l'une ou l'autre sorte. On peut faire le rapprochement avec le cas de
Gretz-Armainvilliers, où le commandant Greslé a aussi pensé que
les lumières étaient soutenues par une « structure
métallique » tout en précisant bien dans son rapport à la
gendarmerie qu'il n'avait pas observé cette structure, mais juste
supposé sa présence.
Par ailleurs, le fait d'imaginer des lignes entre différents points fait
partie des illusions courantes, et a fait voir au siècle dernier des
« canaux » sur Mars à d'excellents observateurs !
Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire)
À la verticale des témoins, à 1 ou 2 degrés près... Cette indication est inconciliable avec certains détails du témoignage,
et en dehors de cela tout évoque la rentrée.
Joël Mesnard se réfère pour ce cas à
une enquête tardive (la date n'est comme d'habitude pas précisée, mais
il n'est pas douteux que ce soit plusieurs années après l'observation)
réalisée par deux enquêteurs de l'AEIOU, plus un appel téléphonique
qu'il a lui-même passé au témoin... en 2001.
Mais on a aussi pour ce cas un article de presse de Ouest-France
(la date de parution indiquée, 7 novembre 1990, est certainement
fausse pour cet article particulier, mais c'était quelques jours plus
tard) et une lettre à Franck Marie datée du 10 novembre, qui est la
copie du courrier adressé au journal :
Témoins : Pierre Boisdé, directeur de l'école Saint-Joseph de
Chalonnes-sur-Loire, et son fils.
Quel poisson veut-on noyer ?
Je suis prêt à m'incliner devant toute explication convenable, mais
qu'on ne me parle :
ni de météorite,
ni de satellite,
ni même de troisième étage d'une fusée soviétique...
Voici mon témoignage :
Accompagné de mon fils Sylvain — bientôt 11 ans — je
quitte ma classe :
— Oh ! Papa, regarde...
À la verticale, à faible altitude (moins de 200 m ?), venant
du sud-ouest, un engin glisse silencieusement et sans bruit dans le
ciel.
Sa taille est impressionnante (mesure-t-il 20 m ?
30 m ?)
Sa masse noire se distingue mal dans l'obscurité... pas très
aérodynamique...
Je penserais à deux trapèzes accolés par leur grande base... un
cerf-volant allongé.
Sous le ventre, vers l'arrière, scintillent des lueurs colorées mais
blafardes. Vers l'avant deux ou trois lumières blanches faisant penser
à des phares ominidirectionnels. S'échappant, semble-t-il, de ces
sources lumineuses, deux fines traînées blanches (de
condensation ?) qui persistent un peu après le passage.
Je regarde ma montre : il est 19 h 02.
La sonnerie du téléphone me rappelle dans ma classe, je ne vois pas
l'engin disparaître. Pendant le retour à la maison, j'essaie de parler
à mon fils. Très impressionné, il me supplie, éclatant en larmes, de
ne plus lui parler de ce que nous venons de voir.
Encore une description évoquant parfaitement la rentrée
atmosphérique : deux ou trois grosses lumières à l'avant, de
nombreuses autres plus petites à l'arrière, deux traînées blanches... et
une masse noire qui comme d'habitude « se distingue mal dans
l'obscurité »...
Tout comme la direction suivie, du sud-ouest au nord-est, et l'heure,
environ 19 h d'après l'enquête tardive de l'AEIOU et
19 h 02 à la fin de l'observation d'après le témoigage
initial.
Les indications sur la dimension sont un peu douteuses : d'une
part, le témoin nous dit que l'objet pouvait avoir 20 à 30 m de
longueur et se déplaçait à une altitude proche de 200 m, ce qui
porterait l'ensemble des débris de la rentrée à une longueur de l'ordre
de 15 km très sous-estimée, et d'un autre côté il montre aux
enquêteurs une maquette de l'objet qu'il a faite avec du carton, d'une
quarantaine de centimètres de longueur, qui tenue à bout de bras
montrerait les dimensions apparentes de l'objet : on atteindrait
cette fois environ 120 km à la distance de la rentrée, ce qui
serait au contraire un peu exagéré. À ce niveau de sa trajectoire, le
nuage de débris devait atteindre plutôt une cinquantaine de kilomètres
en longueur, c'est une bonne moyenne des deux estimations déduites du
témoignage.
Mais alors, qu'est-ce qui cloche ? Uniquement le fait que le témoin
affirme que cet objet lui est passé rigoureusement à la verticale, à 5°
près au maximum, alors que la rentrée atmosphérique passait au plus près
à 34° de l'horizon. Mais voyons si cette affirmation est cohérente avec
les détails du témoignage.
D'après l'enquête de l'AEIOU, c'est lorsque son fils a crié « Oh,
papa, regarde ! » que M. Boisdé a vu, sur le pas de la
porte, sur le perron, l'engin immense venant du sud-ouest passer juste à
sa verticale. Notons déjà qu'il est difficile de voir « sur le pas
de la porte », « sur le perron », un objet immense qui
est juste à votre verticale : si le terme n'est pas exagéré, vous
n'en verrez jamais que la moitié !
Une indication utile qui manque dans l'enquête, c'est la disposition du
bâtiment dans lequel se trouvait M. Boisdé. Selon toute
vraisemblance, c'est celui-ci, dont on trouvait la photo sur le site de
la mairie de Chalonnes-sur-Loire :
Et un petit tour sur Google Maps nous apprend que les portes et fenêtres
que l'on voit sur le côté du bâtiment donnent vers le sud-ouest. C'est
probablement sur le seuil d'une de ces portes que M. Boisdé a fait
son observation... Notons que s'il s'agit d'une des portes situées au
centre du bâtiment, les arbres pouvaient gêner la vue ; nous en
reparlerons.
Voyons maintenant comment s'est terminée l'observation... D'après son
courrier du 10 novembre, M. Boisdé n'aurait pas vu l'objet
disparaître, du fait qu'il est rentré dans sa classe pour répondre à un
appel téléphonique... Pourtant dans l'enquête présentée dans LDLN
il dit que « la hauteur angulaire, au moment de la disparition,
pouvait être d'une quarantaine de degrés »... Ça n'est pas
forcément contradictoire, peut-être est-il rentré dans sa classe juste
avant la disparition de l'objet, mais cette mention d'une quarantaine de
degrés de hauteur angulaire interpelle : puisque
« l'engin » se déplaçait du sud-ouest vers le nord-est, il a
disparu au nord-est, précisément la direction du bâtiment de
l'école ! Ce que voyait M. Boisdé au nord-est, c'est la porte
de sa classe ! À moins de s'être nettement éloigné, ce que son
témoignage n'évoque pas, il ne voyait pas du tout le ciel dans la
direction nord-est !
Si maintenant on considère que c'est la rentrée atmosphérique qu'a vue
M. Boisdé, tout semble assez logique :
Le phénomène apparaissait au sud-ouest, en plein dans l'axe de la sortie
de classe, à 18 h 59 ; il passait au plus près, à 34° de
hauteur angulaire, à 19 h précises ; et il disparaissait au
sud-est ou à l'est-sud-est, masqué par le bâtiment, à
19 h 00' 15", à une hauteur sur l'horizon d'une trentaine
de degrés (on n'est pas loin de l'estimation de M. Boisdé).
La durée d'observation, 1' 15", aurait juste été un peu exagérée
dans le témoignage tardif (estimée à 2 à 3 minutes). Tout dans
son témoignage serait correct sauf cette mention d'un passage à la
verticale dont nous avons vu qu'il était fortement douteux... Et si vous
n'êtes pas encore convaincu, regardez bien sur LDLN la photo de
« reconstitution » de l'observation, avec M. Boisdé
tenant à bout de bras sa maquette :
L'angle entre son oeil et la maquette de l'objet ne doit pas dépasser
45° de hauteur sur l'horizon compte tenu de la perspective, et en
déplaçant l'objet linéairement pour reconstituer le passage au plus près
cet angle ne doit pas dépasser 60°... On est certes encore assez loin de
34, mais plus loin encore de 90 ! Et bien sûr le sens de
déplacement, de droite à gauche, est bien celui de la rentrée.
Bref, une fois encore, le seul détail incompatible avec l'explication
par la rentrée atmosphérique est précisément celui dont on a
d'excellentes raisons de douter.
Pierre Boisdé a été encore interrogé récemment, en 2015, pour le
reportage télévisé « la Mystérieuse Nuit des OVNI » passé sur
la chaîne Numéro 23 :
Je terminais ma journée, il était 19 heures à peu près, j'étais
accompagné de mon fils Sylvain, il avait 11 ans à l'époque et
puis il était venu me rejoindre dans la classe après sa journée de
collège. Donc on sort, et puis sur le perron il a attiré mon attention
en disant « oh papa, regarde ». Et à ce moment-là j'ai levé
les yeux et puis j'ai vu apparaître une masse noire qui déborde de mon
toit, qui avance doucement, et puis qui finit par occuper la moitié du
ciel visible, hein. Alors là je me suis dit quand même que je voyais
quelque chose qui n'était pas ordinaire, et qu'il fallait que je m'en
souvienne, que je puisse le rapporter par la suite. Alors j'ai bien
fixé, c'était polygonal, c'était une taille apparente qui faisait
vingt, trente mètres, maintenant si l'appareil était plus haut c'était
quelque chose d'énorme. Alors les lumières en fait il y en avait aussi
tout autour, comme des feux de position. En regardant plus
attentivement, j'ai vu qu'il y avait un fourmillement de petites
lumières colorées. Ce que j'ai remarqué aussi c'est qu'il y avait des
traînées de condensation derrière, un peu comme des avions à réaction.
C'était lumineux, c'était un beau spectacle, franchement, qui était
plein de paix.
Pour employer le terme c'était un ovni... Bon « objet volant non
identifié », ben ça correspond hein ! Envie presque de
communiquer, pour moi c'était une visite de courtoisie, quoi. Y avait
rien d'agressif là-dedans. Il n'y avait pas de bruit du tout,
j'entendais même pas la circulation qui était toute proche, un petit
peu comme si on était dans une bulle de silence.
Mon fils bon il était là, il assistait, il était agité, il était
angoissé. Et puis il a eu peur parce que j'avais pas de réponse à lui
donner quoi, j'étais moi-même en quête d'une réponse et je crois que
c'est ça qui l'a perturbé. Une fois dans le trajet du retour hein,
j'avais une deux-chevaux, et mon fils était derrière et puis il
pleurait, et puis il suppliait de ne jamais lui reparler de ce
moment-là, je pense qu'il avait trop eu peur. Et puis on arrive chez
nous, on dit rien, ni l'un ni l'autre... C'est mon épouse qui à table
a remarqué que Sylvain était muet. Ben elle a demandé pourquoi il
était comme ça donc il a raconté, il a dit « j'ai vu un ovni
juste au-dessus de l'école avec papa ». Et puis moi j'ai pu
expliquer à ce moment-là ce qu'on avait observé tous les deux.
Le tout est assorti d'une reconstitution comme toujours plus
spectaculaire que réaliste :
Et au sujet de l'explication qui a été donnée, M. Boisdé
ajoute :
Ah ça m'a révolté parce que c'est pas du tout ce qu’on avait vu hein,
qu'on parle d'un retour de n'importe quel satellite, ça pouvait pas
être ça.
Moi j'ai l'impression que la violation de cet espace aérien a été
étouffée. C'est une marmite sur laquelle on va mettre un couvercle et
hop, hein. Je suis en colère contre ça, parce que y a pas eu
l'attention nécessaire portée à ce truc-là.
Ce qui est intéressant aussi dans le documentaire, c'est qu'une
reconstitution a été faite sur place, et ça permet de préciser le lieu
d'observation :
On reconnaît bien le bâtiment que j'avais identifié sur le site de la
mairie de Chalonnes, dont la façade a simplement été modernisée :
Curieusement, si on se fie à cette reconstitution, les figurants jouant
de rôle des témoins observent l'objet vers le nord-ouest, ce qui est
totalement contradictoire avec le témoignage !
On apprend aussi que c'est sur le seuil d'une des portes situées au
centre que l'observation a été faite, et comme je l'avais indiqué la
présence des arbres pouvait alors poser un problème. On va donc le
vérifier grâce à une photographie aérienne des lieux en 1992, trouvée
sur Géoportail :
En bleu, j'ai indiqué la distance des différents arbres et bâtiments
susceptibles de gêner la visibilité de la rentrée, par rapport aux deux
témoins sur le pas de la porte. Les ombres montrent toutefois que ces
arbres dépourvus de feuilles en hiver ne pouvaient pas vraiment masquer
le phénomène... Seuls les deux grands sapins (ou apparentés) A3 et A4
sont opaques. Il reste à estimer la hauteur de tous ces obstacles. Pour
cela, on peut s'aider de Street view :
Le grand bâtiment au centre est celui que l'on voit à gauche sur la
photo aérienne. Par comparaison avec divers éléments je trouve que sa
hauteur est d'environ 7,2 m au niveau des gouttières. Et sur la
photo aérienne, il suffit alors de mesurer la longueur de son ombre et
de la comparer aux autres ombres pour connaître la hauteur de tous les
autres éléments.
Le mur devant les témoins a une hauteur de 2,5 m (il est nettement
plus haut sur la photo de la mairie, il a manifestement été rehaussé).
C'est moins d'un mètre au-dessus de l'axe de vision des témoins, et à
une distance d'une dizaine de mètres il ne se trouvera qu'à une hauteur
de 5° au-dessus de l'horizontale. Il ne gênera pas du tout la vision de
la rentrée qui se trouvera toujours au-dessus de 15°.
Par contre, le bâtiment de gauche, avec sa hauteur de 7,2 m sur le
côté, s'élévera à une hauteur angulaire de 16°, plus haut que la rentrée
atmosphérique dans la même direction. La rentrée devait donc commencer à
être visible lorsqu'elle sortait de derrière le mur de ce bâtiment, à
18 h 58' 55'' et à une hauteur angulaire de 12°. Ça
devait correspondre à peu près au moment de l'explosion de l'étage de
fusée, qui pouvait attirer l'attention. Par contre, l'arbre A1, avec une
hauteur de l'ordre de 6 m, avait une hauteur angulaire de 29°, la
rentrée devait donc apparaître entre ses branches. L'arbre A2 a pour sa
part une hauteur d'environ 10 m, et une hauteur angulaire de
37° ; il continuait donc à gêner la visibilité de la rentrée dont
la hauteur angulaire n'était guère supérieure à 20° à son niveau.
C'est seulement à partir de 18 h 59' 40'', si les témoins
ne se sont pas déplacés pour mieux voir, que la rentrée pouvait être vue
sans aucun obstacle, et elle culminait à 19 h 00 à une hauteur
angulaire de 34°. Les deux sapins ont pour leur part une hauteur de
l'ordre de 15 m, et compte tenu de leur distance leur hauteur
angulaire était inférieure à 25°, ils ne gênaient donc pas, pas plus que
le bâtiment de droite, dont la hauteur ne doit pas dépasser 12 m.
La rentrée devait disparaître à 19 h 00' 05'' dans
l'alignement du bâtiment d'où sortaient les témoins, à une hauteur
angulaire de 32°. Si les témoins avançaient, ils pouvaient encore voir
le phénomène jusqu'à 19 h 00' 35'', à une hauteur
angulaire de 16°, mais cela contredit le témoignage de M. Boisdé.
On peut considérer comme vraisemblable que malgré la présence des
arbres, M. Boisdé et son fils ont pu observer la rentrée entre
18 h 59 et 19 h 00' 10'', à peu près ce que
nous avions déjà trouvé. Rien donc qui remette en question l'observation
de la rentrée atmosphérique.
« L'immense masse sombre semblait immobile, et avait des
hublots. Elle disparut à vitesse fulgurante. » Une bonne description de la rentrée, avec des anomalies de trajectoire
apparente qui s'expliquent par le déplacement des témoins en automobile.
L'observation a été faite par un couple
et leur enfant qui roulaient sur une autoroute en direction de
l'est-nord-est. Ils étaient très bien placés pour voir la rentrée qui
passait au plus près à leur gauche (NNO), à une hauteur angulaire de
51°. Leur attention a été attirée par de nombreuses voitures arrêtées
sur le bas-côté, dont les occupants scrutaient le ciel.
La description et l'heure correspondent à la rentrée atmosphérique,
l'observation a été courte, une dizaine de secondes à peine. En dix
secondes, la rentrée se déplace suffisamment lentement pour qu'on puisse
la croire immobile, surtout lorsqu'on se trouve soi-même dans une
automobile en marche...
Reste donc l'éloignement « à une vitesse fulgurante »... Mais
si on regarde le plan, on constate que quelque 500 m après le lieu
du début de l'observation, une distance que l'on parcourt en une
quinzaine de secondes sur une autoroute, l'autoroute vers Bâle tourne de
90° vers la droite, si bien que la rentrée atmosphérique s'est retrouvée
rapidement... dans le dos des témoins, ou en tout cas à leur
arrière-gauche ! Je ne crois pas qu'il soit utile d'aller plus
loin, d'autant que si ça n'est pas la rentrée atmosphérique qu'ont vue
ce couple, on se demande ce que pouvaient bien regarder tous les autres
automobilistes (une vingtaine d'après ce témoignage) qui avaient garé
leur voiture sur le bas-côté pour observer le ciel !
Mais il y a un autre détail qui trouble Joël Mesnard : lors de
l'enquête, la femme du conducteur ne se souvenait absolument pas de
l'événement... Une « étrange amnésie » que Mesnard rapproche
de celle de deux des quatre joggers de Linas,
et de la tendance du quatrième à « minimiser l'incident »
(ailleurs il dit que ce sont deux joggers qui minimisaient l'incident et
un qui l'avait oublié, Mesnard semble décidément bien placé pour se
rendre compte que la mémoire est faillible !) Ce qu'on voudrait
savoir, mais que Mesnard ne précise évidemment pas, c'est quand les
témoins ont été interrogés... Parce que je trouverais effectivement
cette « amnésie » étrange si on a interrogé cette dame dans
les jours qui ont suivi l'observation... Par contre, si c'est après 5 ou
10 ans, je penserais juste qu'elle n'a pas trouvé cette observation
aussi exceptionnelle que son mari, et qu'ayant accepté l'explication
officielle elle a fini par oublier cet événement pour elle mineur. La
seule chose qui me surprend dans cette histoire, c'est que même dans un
tel cas où le seul détail qui peut paraître bizarre est une
« amnésie », Mesnard estime que la date du témoignage est une
information sans importance qu'il n'est pas utile de mentionner !
Notons en outre que le phénomène étant vu complètement à gauche, le
passager de l'automobile à droite pouvait ne pas le voir s'il passait
assez haut dans le ciel comme le faisait la rentrée, alors que le
conducteur était bien placé pour l'observer. Il est donc bien possible
que cette femme n'ait simplement rien vu, ou n'ait fait qu'une observation
très fugitive, ce qui expliquerait aussi que
l'événement l'ait beaucoup moins marquée que son mari.
Montignac (Dordogne)
Cinquante centimètres à bout de bras. Une exagération modeste de la dimension apparente, Mesnard trafique le
témoignage pour faire croire que la trajectoire indiquée est
incompatible avec la rentrée, mais tout indique que c'est ce qui a été
observé.
Voilà un exemple parfait de la méthode
Mesnard pour trafiquer les témoignages !
Ici encore, nous avons une bonne description de la rentrée
atmosphérique, malgré un témoignage que l'on devine tardif (ça n'est
bien évidemment pas précisé, mais le témoin n'est pas sûr de la date).
Un ensemble de lumières qui se déplaçait d'ouest en est, observé pendant
de l'ordre de 3 minutes, la dimension apparente estimée à
50 cm à bout de bras est exagérée mais de façon raisonnable (les
débris de la rentrée devaient présenter une vingtaine de centimètres à
bout de bras), tout cela évoque bien la rentrée...
La seule grosse anomalie, c'est que l'objet est censé être passé
exactement à la verticale du témoin et de sa mère, alors que la rentrée
atmosphérique passait au nord à 37° de hauteur sur l'horizon. Nous avons
déjà vu que cette mention d'un passage « à la verticale » est
à prendre avec des pincettes, surtout avec un témoignage tardif. On peut
remarquer que sur le croquis dessiné par le témoin, l'objet se déplace
de gauche à droite, soit dans le bon sens pour la rentrée
atmosphérique... De leur côté, les témoins qui se trouvaient précisément
dans la trajectoire de la rentrée, et qui l'on donc vraiment vue passer
à la verticale de leur position, dessinent généralement l'objet qui leur
fait face, se déplaçant de bas en haut.
Il n'y a donc vraiment pas de quoi trouver ce cas extraordinaire, mais
c'est là que Mesnard dérape complètement, en rapprochant ce cas d'une
autre observation de « passage au zénith » non loin de là, à
Périgueux... C'est déjà mensonger puisque nous avons vu qu'à
Périgueux, il y avait en réalité deux témoins, un qui a vu passer un
objet précisément à la hauteur angulaire de la rentrée atmosphérique et
qui évoquait en tout point ce phénomène, et un autre qui a vu passer un
objet décrit très différemment, beaucoup moins spectaculaire, bas sur
l'horizon mais dans la direction opposée... Personne n'a donc vu de
« passage au zénith » à Périgueux, mais donc Mesnard considère
que c'est le même objet qui a survolé précisément Périgueux et
Montignac, et en déduit que l'objet suivait un cap de 105 ou 110° (si on
devait faire la même chose avec tous les cas prétendus de
« passages au zénith », on obtiendrait un beau zig-zag !)
Et c'est là que ça devient hallucinant : il en déduit donc que si
le témoin avait observé la rentrée atmosphérique, il aurait fait une
erreur d'appréciation de 60° sur le cap suivi alors « qu'il connaît
parfaitement les lieux ». J'ai du mal à comprendre : le témoin
dit que l'objet se déplaçait de l'ouest vers l'est, soit un cap de 90°,
la rentrée atmosphérique suivait un cap de 60°, pour moi (mais il est
vrai que je n'ai pas enseigné les mathématiques !) ça ne fait
jamais qu'une erreur d'appréciation (ou plus vraisemblablement
d'arrondi) de 30° et pas 60 ! Du reste, même un cap allégué de 105
à 110° ne ferait jamais qu'une erreur de 45 à 50° par rapport aux 60° de
la rentrée... On comprend un peu que Mesnard ait arrêté d'enseigner les
maths !
Saint-Quentin-en-Yvelines
(Yvelines)
Un HLM volant ! (Joël Mesnard ne classe pas ce cas
parmi les « trente exemples probants »). Rien de surprenant dans cette observation...
On comprend bien pourquoi Mesnard ne
retient pas ce cas dans sa sélection, ce que l'on comprend moins c'est
pourquoi il le cite alors... Déjà, la première phrase nous met la puce à
l'oreille : « Certains témoins ont parfaitement mémorisé la
date de leur expérience »... Ça n'est bien évidemment pas dit, mais
ça signifie à coup sûr que le témoignage est très tardif !
C'est donc ici toute une famille de forains (un homme, son père et sa
tante, mais comme toujours il y en a un seul qui témoigne) qui ont
observé une « masse énorme », de la taille d'un immeuble, dont
la forme à l'avant était floue (cette manie qu'ont les formes sombres
d'être floues), portant plusieurs rangées de lumières et deux traînées
blanches.
L'objet est apparu au sud et se dirigeait vers le nord-est, il était
silencieux, ses dimensions, estimées à 100 m sur 20 pour une
altitude de 100 m, sont tout à fait compatibles avec les dimensions
apparentes de la rentrée... Bref c'est de la rentrée pur jus, aucun
détail qui cloche surtout pour un témoignage très tardif...
Ce qui semble surprendre Mesnard c'est que ces gens ont appris plus tard
par d'autres forains que « le même engin » avait été vu le
même soir à Nantes ! Il me semble même pour ma part qu'il n'y a pas
qu'à Nantes qu'il a été vu, et que ça n'a rien de mystérieux !
Pour comprendre pourquoi Mesnard a cité un cas aussi peu convaincant, il
faut suivre le fil de sa pensée, ce qui est parfois difficile... Ici, la
vision d'un « même engin » ailleurs le mène aux observations de
plusieurs engins au même endroit :
Nous venons de rappeler qu'à la gare de Saint-Cloud, le troisième
témoin a affirmé aux deux autres qu'il était là depuis un quart d'heure,
et que c'était « la troisième fois qu'il voyait passer un machin
comme ça ». Cette affirmation stupéfiante n'est certainement pas à
négliger [en fait ce « troisième témoin » est juste un
inconnu qui a dit ça en passant aux deux autres...] Existerait-il des
cas où les témoins ont vu deux choses différentes ? La réponse est
oui. Mais, hormis celui de la gare de Saint-Cloud, nous ne connaissons
que deux exemples. Les voici [Il en oublie un troisième, celui de
Montreuil-Juigné, qui n'est pas plus convaincant].
Dans l'île d'Oléron (Charente-Maritime)
Deux passages successifs, à une minute ou une minute trente
d'intervalle. Il suffit de lire les premières versions du témoignage pour
se rendre compte qu'il n'y a eu qu'un seul objet évoquant parfaitement
la rentrée atmosphérique.
On aimerait savoir comme toujours quand
le témoignage a été rapporté, et comme d'habitude cette information
n'est pas donnée, mais Joël Mesnard précise que le fils avait 17 ans en
1990, ce qui suppose que c'est plusieurs années plus tard qu'il lui a
parlé (s'il lui a parlé, puisqu'une autre de ses habitudes lorsqu'il y a
plusieurs témoins est de ne pas préciser lesquels ont été interrogés).
Ce qui a été vu : une tache rouge vers l'ouest-sud-ouest, d'où
sortent deux boules lumineuses qui passent au-dessus du témoin après une
courte pause, et une minute plus tard un ensemble de lumières formant
une croix qui passe à 70° au-dessus de l'horizon...
Ça ressemble vraiment trop à la rentrée atmosphérique pour être autre
chose... Rappelons que l'étage de fusée a explosé peu avant
18 h 59' au large de la côte, formant un nuage qui a persisté
durant un quart d'heure... Deux grosses lumières en ont émergé, et en
approchant elles ont peu à peu pris la forme d'un ensemble de nombreuses
lumières dessinant vaguement un losange ou un triangle suivi de
nombreuses traînées, passé au-dessus de la côte, à Royan, à
18 h 59' 45".
Bref, il est tout à fait clair que ce témoin a quelque peu enjolivé son
observation avec le temps, qu'il a cru que les deux boules et la
« croix » étaient deux phénomènes distincts qui l'auraient
successivement survolé, alors que les boules n'ont été vues qu'au début
de l'observation et que c'est le losange qui lui est passé au-dessus de
la tête (en réalité à 77° de hauteur angulaire vers le sud). Notons que
le témoin a dessiné le phénomène se déplaçant de droite à gauche, ce qui
correspond bien à un passage au sud.
La dimension angulaire, estimée à 50 cm à bout de bras en largeur,
est un peu exagérée : la rentrée atmosphérique qui ne s'était pas
encore très étendue ne devait guère dépasser 10 cm à bout de bras,
mais il s'agit là d'une exagération courante, et sans doute amplifiée
avec le temps. Dans la description, le seul élément curieux est que
l'objet était formé de 11 lumières très brillantes qui dessinaient
« une croix parfaite », entourées d'autres lumières plus
petites sans ordre apparent. Tout cela évoque juste un embellissement de
l'observation.
Et pour ceux qui en douteraient il se trouve qu'on a la déposition de ce
témoin à la Gendarmerie, faite le lendemain de son observation. Elle est
référencée sur le site du Geipan
sous le numéro 90307241 (j'ai réintroduit lorsqu'il n'y avait pas
de doute les indications géographiques effacées du rapport) :
Hier soir, vers 19 heures, alors que je circulais avec mon
véhicule sur le CD734 entre le Château d'Oléron et le Chapus, j'ai
constaté les faits suivants. Je signale que mon fils Stéphane,
16 ans se trouvait avec moi et qu'il a constaté les mêmes choses
que moi.
Nous avons aperçu au large de la pointe de ??, comme une
explosion, c'est-à-dire comme une grosse lueur. Je ne peux pas
préciser la taille mais l'équivalent d'un quart de lune. De la couleur
rouge le phénomène est passé à la couleur orange. Il y avait également
une traînée blanche au-dessus et de la même taille.
J'ai pensé à l'explosion d'un avion, puis de l'entrée d'un engin
rapide dans l'atmosphère. Il me semble que le phénomène s'est produit
à environ 20 degrés par rapport à la ligne d'horizon.
Cette explosion s'est résorbée pour laisser place à un nuage
blanchâtre triangulaire qui s'est résorbé également.
En même temps, il y a eu l'apparition de deux points lumineux placés
côte à côte. Une dizaine de secondes après l'objet se déplaçant dans
notre direction, sans bruit, nous avons vu au-dessus de nos têtes, un
gigantesque losange composé d'une croix composée de 6 ou 7 lumières
d'une grande intensité puis d'une multitude de petits points composant
le corps et placés anarchiquement c'est-à-dire sans symétrie. Je n'ai
vu aucun contour.
Alors qu'il se trouvait au-dessus de nos têtes, j'ai vu 6 ou 7
traînées se détacher de la droite de l'engin et le suivre jusqu'à la
sortie de notre champ de vision.
Le phénomène se déplaçait assez vite et a disparu tout de suite après
son passage à notre niveau.
Il s'est écoulé environ 30 secondes entre le début et la fin.
S.I. : Les lumières étaient de couleur blanches. Mon fils pense
avoir vu une ou deux lumières de couleur différente tirant sur le
violet.
S.I. : Le ciel était parfaitement dégagé. Il faisait très froid
et il n'y avait pas de vent. Vu la hauteur il ne doit pas y avoir de
traces sur l'environnement.
Et voilà : il n'est pas question de deux objets différents qui lui
seraient passés au-dessus de la tête, seulement le
« losange/croix » composé de lumières multiples et laissant
des traînées... La croix n'avait semble-t-il pas encore acquis sa
parfaite symétrie et n'était composée que de 6 ou 7 lumières... Pas
question non plus d'un surplace fait par les deux « boules »,
et le témoin lui-même a pensé à « l'entrée d'un engin rapide dans
l'atmosphère ».
La durée de l'observation évaluée à trente secondes pourrait être
correcte : le témoin indique que le phénomène est passé juste
au-dessus de lui lorsqu'il a disparu, alors que la rentrée atmosphérique
passait au plus près environ une minute après son apparition explosive,
mais il est tout à fait impossible lorsqu'on conduit une automobile de
voir un objet à 70° de hauteur angulaire, et plus encore au
zénith ! C'est donc bien avant le passage au plus près que l'objet
a dû être masqué par le toit de l'automobile : les témoins
roulaient en direction du sud-sud-ouest, idéalement placés pour voir le
phénomène apparaître au sud-ouest, mais avant même le passage au plus
près vers le sud, il n'était pas possible de l'observer en continuant à
rouler. Il pouvait réapparaître ensuite vers l'est, mais il fallait
alors que les témoins puissent regarder vers l'arrière-gauche : le
passager était du mauvais côté, et le conducteur... conduisait ! Et
si certains voulaient encore faire un mystère de la mention
« disparu tout de suite après son passage à notre niveau »,
notons qu'elle contredit la phrase précédente : « j'ai vu 6 ou
7 traînées se détacher de la droite de l'engin et le suivre jusqu'à
la sortie de notre champ de vision » ! La rentrée
sortait bien du champ de vision des témoins, alors que les traînées
pouvaient encore être visibles.
Nous avons là encore un exemple des déformations avec le
temps, qui devraient pousser tout ufologue sérieux à ne pas considérer
comme très fiable tout témoignage relaté après plusieurs mois ou années.
Neufgrange (Moselle)
De petites sphères rejoignent une grosse sphère munie de
hublots... La rentrée atmosphérique d'un côté, la lune de l'autre, et un enquêteur
qui influence le témoin...
J'ai connu ce cas unique de
« deux objets différents » par le livre de Franck Marie :
Il n'y a rien de plus dans
l'article de presse que Franck Marie a recopié, et le dessin n'est
que sa propre interprétation comme c'est indiqué. Notons au passage que
c'est dans le même article de presse que l'on trouve mention de
l'identification d'une rentrée atmosphérique par Pierre Neirinck d'après
l'observation de son collègue Daniel Karcher... Observation complètement
ignorée des soucoupistes tels Franck Marie ou Joël Mesnard : on
accepte tous les témoignages, sauf ceux de passionnés d'astronomie et de
satellites qui reconnaissent une rentrée atmosphérique !
Dans Le Creux de la vague, je commentais cette observation ainsi
(p. 71) :
Il y a là visiblement la rentrée atmosphérique décrite de façon tout à
fait banale (les 6 ou 7 boules lumineuses suivies d'une traînée), et
un objet qui n'a rien à voir (la sphère immobile portant des
hublots)... Ovni ou objet conventionnel ? Peut-être la lune qui
venait de se lever au nord-est alors que le phénomène s'éloignait vers
l'est ? Ce cas n'est connu que par un article de presse.
Il était difficile d'aller plus loin en l'absence de toute indication
sur l'orientation de la « boule »... Mais voilà donc qu'à
l'occasion du dixième anniversaire de la « vague », Joël
Mesnard publie une enquête de Robert Fischer... On ne sait pas (comme
d'habitude pourrait-on dire) quand le témoin a été interrogé, mais c'est
sûrement longtemps après l'observation.
On trouve par contre dans cette enquête les directions qui manquaient
dans l'article de presse :
La direction des « 6 ou 7 boules suivies d'une traînée » est
bien celle de la rentrée atmosphérique, de même que la hauteur sur
l'horizon, estimée par le témoin entre 45 et 60° alors que la rentrée
passait au plus près à 47° ; la rentrée a pu être vue alors qu'elle
était proche de son passage au plus près, plein sud, à
19 h 01' 15", et disparaître à l'entrée du village alors
qu'elle était plein est, à 19 h 02' ; la distance
parcourue en voiture, de l'ordre de 500 m depuis l'apparition du
« deuxième phénomène », est cohérente avec cette durée
d'observation en roulant à vitesse modérée.
Le témoin dit que ces boules semblaient se diriger, en chutant, vers la
sphère de gauche, puis qu'elles « disparaissent derrière la sphère
de gauche »... Il faudrait interpréter cela comme l'impression que
les boules allaient rejoindre la « sphère » qui semblait se
déplacer vers l'est, et qu'elles ont disparu dans cette direction plus
loin que cette sphère. Sphère qui pour sa part se trouvait bien dans la
direction où la lune se levait, vers le nord-est (azimut 51°
précisément).
Il reste à savoir d'abord si la lune était bien visible en même temps
que la rentrée atmosphérique, et surtout comment elle pouvait être vue
comme une sphère noire munie d'une rangée de hublots carrés, comme
l'indique le témoin... Mon sentiment était qu'il s'agissait des
premières lueurs de la lune filtrant à travers les arbres sur une crête,
mais ça restait à vérifier...
Pour cela, inutile d'attendre un cycle de Saros de 18 ans (moi,
c'est pour publier mes enquêtes que j'attends que passe un cycle de
Saros, dans ce cas il est même un peu dépassé !) : l'important
est que la lune se lève à peu près dans la même direction, ce qui se
produit à deux périodes chaque année... Ça n'est par contre pas au même
moment de la journée, sauf justement après un cycle de Saros, mais ça
n'est pas forcément gênant.
Le 5 novembre 1990 à 19 h 01' 15", la lune se trouvait à
Neufgrange à une hauteur sur l'horizon de 1° 16', et à un azimut de
50° 44'.
On retrouvait une configuration très proche le 5 novembre 2001 à
20 h 23 : 1° 18' de hauteur, et 54° 39'
d'azimut... C'était en plus la date anniversaire, donc précisément à la
même saison, l'occasion était parfaite. Je devais à cette époque faire
un voyage à Strasbourg, je décidais donc d'aller en train à Strasbourg,
et de faire le trajet Strasbourg-Metz à vélo, en deux jours... Une belle
promenade, mais en approchant de Neufgrange j'ai crevé à cause d'une
bande anticrevaison (un truc en plastique résistant qui se met dans le
pneu, censé protéger des crevaisons, mais qui finit à force d'être
déformé par se déchirer puis user la chambre à air... Je déconseille
donc !), je suis arrivé à Neufgrange trop tard et de toute façon il
y avait un brouillard à couper au couteau, je n'ai pas vu la lune même
sous la forme d'une vague lueur, je n'ai rien vu du village, tout juste
la route, j'ai senti qu'il y avait une descente, puis une montée, puis à
nouveau une descente, ça rendait assez peu vraisemblable l'idée que la
lune soit restée précisément au même niveau par rapport aux arbres...
Trempé, épuisé et bredouille, j'ai finalement écourté mon périple et
pris le train à Saint-Avold...
Il y avait une nouvelle opportunité le 28 septembre 2002 à
22 h 14 : hauteur 1° 16', azimut 57° 12'. La
lune était alors plus proche de la demi-lune que de la pleine lune comme
le 5 novembre 1990, et ça n'était pas tout à fait la même période
de l'année, mais ça n'avait guère d'importance. J'ai donc recommencé,
toujours en venant de Strasbourg mais avec l'intention de prendre le
train à Sarreguemines, tout près de Neufgrange...
Et cette fois, ç'a été payant... J'ai constaté en arrivant que la route
était plate le long de l'étang, de même que la crête de la colline en
face (les montées et descentes que j'avais ressenties lors de mon
précédent passage sont plus loin, dans le village). J'ai installé mon
appareil photo sur un trépied sur un petit terrain au bord de la route
(le propriétaire est venu me questionner, il ne connaissait pas cette
histoire d'ovni) afin de prendre une photo précisément à
22 h 14 sur ma montre bien réglée... Quelques minutes avant,
la lune a commencé à poindre au-dessus de la forêt... Et le résultat à
l'heure dite a été une lune un peu plus qu'à moitié levée, mais ne
donnant pas du tout l'impression d'une rangée de hublots... J'ai
malheureusement perdu cette photo plus tard lors du vol de mon
ordinateur (ça fait partie des risques quand on attend un cycle de Saros
pour publier !), mais voici la reconstitution à partir d'un
logiciel d'astronomie et du relief constaté de ce qu'on pouvait voir le 5 novembre 1990 à
19 h 01' 15" :
J'ai passé la journée du lendemain à prendre des photos et des mesures
au GPS, tout cela est aussi perdu mais ça n'a pas grande importance...
En tout cas Neufgrange est un endroit charmant, il y a au bord du lac
des mobile-home à louer pour passer des vacances... N'ayant pas les
moyens je me suis contenté d'un sac de couchage au bord d'un champ, et
j'ai été récompensé : pendant ma seconde nuit à la belle étoile,
j'ai eu l'occasion d'en voir justement une, filante et vraiment très
belle, d'une magnitude que j'estime à -10 et durant quelque
3 secondes (si ça intéresse quelqu'un, c'était donc le 29 septembre
2002 à 23 h 17, apparue au nord à 45° de hauteur, disparue au
nord à 10° de hauteur).
La lune était donc bien visible juste au-dessus des arbres, mais je
n'avais toujours pas l'explication de l'aspect d'une sphère noire munie
d'une rangée de hublots ! On peut bien sûr toujours imaginer des
nuages qui auraient masqué le haut, mais il est peu vraisemblable qu'ils
aient été présents précisément à la même hauteur angulaire sur tout le
parcours... Mais relisons ce qu'écrivait le témoin dans l'article de
presse : « une grossse sphère sombre suspendue dans le ciel,
couverte de nombreux hublots carrés éclairés comme des
fenêtres »... Une sphère couverte de hublots, ça évoque déjà plus
la lune presque pleine qu'une sphère munie d'une unique rangée de
hublots ! On peut imaginer par exemple que cette impression de
hublots serait due à de la buée sur la vitre, parce qu'en novembre près
de Sarreguemines il ne fait pas chaud (j'ai eu un peu de neige la
première nuit quand j'y suis passé fin septembre). La dimension de la
« boule » est estimée par le témoin à 20 ou 30 m de
diamètre pour une distance évaluée à environ 300 mètres, soit une
dimension apparente d'à peu près 5 cm à bout de bras : c'est
dix fois le diamètre angulaire de la lune, mais on sait qu'une telle
exagération est courante, surtout pour un témoignage tardif.
Tout cela est donc plutôt cohérent, et forme un cas unique de méprise
lune validé par le passage d'une rentrée atmosphérique : si cette
rentrée était passée quelques minutes plus tôt, la lune n'aurait pas été
présente, et si elle était passée quelques minutes plus tard le témoin
aurait vu la lune plus tôt et se serait sûrement rendu compte de sa
méprise ! Ici, il a vu la lune qui se levait tout juste, qu'il a
pris pour une sphère couverte de hublots qui l'accompagnait en suivant
une route parallèle à la sienne (l'illusion classique de la « boule
suiveuse »), il l'a observée pendant de l'ordre d'une minute dans
des conditions d'observation pas idéales (il y a pas mal de maisons sur
le bord de la route, la lune n'était vue que par intermittence et en
roulant), et ensuite l'arrivée du « second phénomène » de
l'autre côté a définitivement interdit l'identification.
Il ne reste plus qu'à comprendre comment la « sphère sombre
couverte de hublots » s'est transformée en une sphère noire munie
d'une rangée de hublots... On a vu que c'est Franck Marie qui l'a
dessinée ainsi dans sa « reconstitution d'après les données
fournies par l'article », alors qu'il n'avait aucune autre
information que cet article décrivant une « sphère sombre couverte
de hublots carrés » ! On ne sait pas quand l'enquête de Robert
Fischer a été faite, mais il y a fort à parier que c'était bien après la
parution du livre de Franck Marie (début 93), sans quoi Mesnard n'aurait
sûrement pas attendu 2001 pour parler de ce cas unique de « deux
phénomènes différents » pour cette soirée du 5 novembre 90.
La sphère de gauche est celle issue de l'imagination de Franck Marie,
celle de droite est celle publiée dans l'enquête par Robert Fischer,
d'après le témoin parlant « d'une boule plus sombre que le ciel
environnant, éclairée par une rangée de hublots carrés émettant une
lumière jaune ». Difficile devant une telle ressemblance de ne pas
penser que l'enquêteur a influencé le témoin !
En 2015, Mme Clouet a encore témoigné pour le reportage
« la Mystérieuse Nuit des OVNI » sur la chaîne
Numéro 23. Son témoignage est introduit ainsi :
Josiane Clouet vit à Neufgrange, en Alsace. Mais ce que cette mère de
famille va voir le soir du 5 novembre dépasse l'entendement. Il
est presque 19 h, Josiane Clouet et son fils Michael, alors âgé
de 4 ans, viennent de quitter le domicile de ses beaux-parents et
se dirigent en voiture vers Neufgrange, lorsque soudain le regard de
Josiane est attiré par une forte lumière sur sa droite.
La reconstitution n'est pour une fois pas trop fantaisiste, et tout
indique qu'il s'agit bien de la rentrée. Il ne manque que la grosse
traînée, mais elle était bien signalée dans l'article de presse. Notons
que dans cet article il est dit que l'enfant avait 7 ans et pas 4,
mais ça n'est pas très important... Suit le témoignage de
Mme Clouet :
Je regardais par hasard, comme ça, en l'air, et j'ai vu 5 ou 6 boules
qui rentraient comme ça, comme une pluie d'étoiles filantes. Mon
regard les a suivies sur la gauche, et j'ai aperçu à ce moment-là une
masse ronde. Ça m'a surprise et je me suis arrêtée, j'ai mis la
voiture de côté, et j'avais mon fils avec moi et je lui ai dit de
rester à l'arrière de la voiture. Et moi je suis sortie.
La sphère est restée immobile au-dessus de la forêt. Sans bruit, sans
aucun bruit. Au milieu de la sphère c'est comme si la sphère était
coupée en deux, et que y avait cette rangée de hublots tout autour,
comme des petites fenêtres. Je me dis « c'est quoi
ça ? » Ça me fascinait, on aurait dit que je pouvais plus
décoller, comme pétrifiée sur place. Carrément. À un moment donné
l'angoisse m'a pris, en me disant « mais qu'est ce qui pourrait
se passer », surtout que j'avais mon fils à l'arrière de la
voiture, je me suis dit « bon ben vaut mieux que je rentre dans
la voiture et que je rentre ». Et en même temps que j'ai démarré
ma voiture et que j'ai commencé à partir, la sphère s'est déplacée. En
même temps que moi, à mon rythme. Et elle a disparu derrière les
maisons, je sais pas comment ni... Elle a disparu.
La reconstitution de la « sphère » est tout à fait conforme à
ce qu'elle décrit et qu'elle avait déjà décrit à Robert Fisher :
Le faux souvenir induit par le dessin de Franck Marie est bien
implanté ! À noter que dans ce nouveau témoignage Mme Clouet
dit qu'elle s'est arrêtée et est sortie de sa voiture, ce qui est en
contradiction avec l'enquête de Robert Fisher qui précisait : la
conductrice accélère alors (la voiture ne s'était pas arrêtée, mais
roulait à faible allure, pratiquement au pas). On ne sait pas
quelle est la bonne version, mais dans tous les cas la
« boule » avait le comportement typique de la « boule
suiveuse » : immobile lorsque le témoin est immobile, puis se
déplace en même temps que le témoin... Typique d'un objet lointain, en
général la lune, qu'on prend pour un objet proche.
À noter enfin que le cas a été soumis à Pierre Omaly, expert en rentrées
atmosphériques au Cnes, qui tente avec beaucoup de réticence d'expliquer
la « boule » par d'autres débris de la rentrée qui auraient pu
retomber en même temps que les autres mais sur une trajectoire passant
au moins 150 km plus au nord... Ça ne tient pas debout, et ça nous
donne un bon exemple de la difficulté qu'ont certains (je pense plutôt à
des ufologues, Pierre Omaly a juste été interrogé rapidement en tant
qu'expert de rentrées atmosphériques, il est tout à fait excusable) à
imaginer que ce soir-là il pouvait y avoir autre chose dans le ciel
qu'une rentrée atmosphérique et d'authentiques soucoupes volantes !
Les horaires anormaux
À la suite de cette observation, Mesnard fait un aparté sur les
observations qui n'ont pas eu lieu au moment du passage de la rentrée
atmosphérique. Il note d'abord que dans son échantillon de 408
observations, la majorité est centrée sur 19 heures, donc compatible
avec la rentrée... 383 sur 408, soit 94%, se situent entre
18 h 45 et 19 h 15... Son graphique recoupe assez bien
celui que j'avais obtenu à partir des cas répertoriés par Franck
Marie : j'obtenais 97% des cas situés dans cet intervalle, mais en
ayant exclu une dizaine de cas qui n'avaient manifestement rien à voir
avec le reste de la « vague », et que j'avais examinées
séparément.
Mais Joël Mesnard remarque qu'outre cette tendance générale, il y a d'une
part 16 observations nettement antérieures à 18 h 30 ou
postérieures à 19 h 30, et d'autre part une vingtaine datées
avec une précision de l'ordre d'une minute, le témoin ayant regardé une
montre bien réglée, et présentant un écart important avec
19 h 00.
Pour ce qui est des dernières, il faudrait savoir quelle fiabilité
accorder à cette précision de la part du témoin et de l'enquêteur...
Sachant surtout que dans le cas de ce type qu'il considère comme le plus
intéressant, celui de Neuilly-sur-Marne, le témoin indique qu'il a regardé
l'heure sur sa montre bien réglée à la fin de son observation (et pas
avant), elle marquait 19 h 02 soit précisément l'heure de
disparition de la rentrée atmopshérique, et Mesnard en déduit par on ne
sait quel calcul tordu que si le témoin avait observé la rentrée, cela
impliquerait qu'il se soit trompé d'une dizaine de minutes sur
l'heure ! En fait, sur les 52 « exemples flagrants »
choisis par Mesnard, je n'en vois que quatre où le témoin indique une
heure très précise, et à chaque fois il s'agit de l'heure exacte du
passage de la rentrée atmosphérique : les témoins de Neuilly-sur-Marne
et de Chalonnes-sur-Loire
indiquent 19 h 02 pour la fin de l'observation, ceux de Gretz-Armainvilliers
indiquent entre 19 h 00 et 19 h 02 pour leur
observation, et celui de Montgeron
indique qu'il a entendu le carillon de 19 h à la radio au moment du début
de son observation...
Pour ce qui est des témoignages s'écartant beaucoup de l'heure de la
rentrée, ils sont détaillés plus loin, il y en a cinq que Mesnard classe
parmi ses « exemples flagrants », et je lui accorde que trois
d'entre eux (Brive-la-Gaillarde, Kelkheim et Paris rue Melingue) n'ont
sûrement rien à voir avec la rentrée, mais je ne suis pas convaincu qu'ils
présentent quelque chose d'extraordinaire.
Mesnard fait la même remarque sur la durée : elle est compatible pour
la plupart des observations avec la rentrée atmosphérique, mais deux
témoins mentionnent une durée anormalement longue (il oublie celui de Sauzet,
où ce qui a été observé pendant une dizaine de minutes avant la rentrée
est vraisemblablement une étoile très lumineuse vue bas sur l'horizon) :
le premier est celui de Cuhem,
dont nous avons parlé, qui semble simplement relever d'un témoignage assez
peu fiable (et la durée n'est estimée que de façon subjective) ; le second
est celui de Montgeron,
avec une durée affirmée de dix-huit minutes mais des incohérences dans le
témoignage concernant précisément cette donnée. Mesnard évoque aussi dans
son dossier le témoignage qui suit indiquant une durée anormale.
Châteaudun (Eure-et-Loir) :
Le pilote parle d'une dizaine de minutes (cas non
considéré comme probant). Tout évoque la rentrée à part cette durée un peu exagérée.
« Impossible, je ne crois pas à la thèse du météorite ». En
quinze ans de carrière, M. B., pilote professionnel dans une
compagnie privée, demeurant à Mauguio, n'avait assisté à pareil
spectacle. Aux commandes de son bi-réacteur, lundi à 19 h, alors
qu'il survolait Châteaudun, à 11 000 mètres d'altitude, il a aperçu
soudain « un grand phénomène lumineux, comme une cascade, une
gerbe d'étincelles blanches, impressionnante par son ampleur et sa
beauté. » Quelques secondes plus tard, il ne restait de ce
« feu d'artifice » qu'un nuage. Puis est apparue « une
multitude de feux oranges et blancs volant au-dessus de nous, bien
groupés, composant une forme ovoïde gigantesque ».
« À ce moment-là, raconte le pilote, j'étais en liaison avec deux
autres pilotes de TAT et d'Air France. Nous avons cru d'abord à un
ravitaillement en vol, mais il aurait fallu au moins trente appareils
pour composer un ensemble aussi imposant. Et puis, au Centre régional
de contrôle à Paris, aucune trace de patrouille sur les écrans
radar... Autre chose, l'éclairage des avions est toujours
vert-blanc-rouge. J'ignore ce que c'était. Mais je ne crois pas au
météorite. Des météorites, j'en ai vu pas mal, leur passage ne dure
que quelques secondes. Lundi les lumières se sont déplacées d'ouest en
est dans un ordre parfait pendant une dizaine de minutes avant de
disparaître ».
Mesnard remarque que rien hormis cette durée trop longue n'exclut la
rentrée atmosphérique. Notons qu'au sol, la durée moyenne d'observation
de la rentrée était d'une à deux minutes, mais dans un avion en vol s'il
n'y a pas de nuages on peut l'observer d'un horizon à l'autre pendant
plus de quatre minutes. Ici, le pilote ne précise pas qu'il a vérifié
l'heure au début et à la fin de son observation, les dix minutes ne sont
donc qu'une estimation subjective, finalement pas très éloignée de la
réalité.
À noter aussi qu'un autre pilote ayant fait l'observation dans la région
de Limoges, rapportée dans LDLN n°310, mentionnait pour sa part
une durée encore plus importante de 15 minutes, mais on comprend à
la lecture de son témoignage qu'il parlait de la durée de visibilité du
nuage formé par l'explosion de la rentrée dans le golfe de Gascogne...
On peut se demander si le pilote de Châteaudun, qui a aussi observé ce
nuage, n'a pas confondu la durée de traversée du ciel par le phénomène
avec la durée d'observation du nuage.
Dans tous les cas il est clair que la description se rapporte à la
rentrée atmosphérique.
« J'ai cru que ça allait taper dans l'immeuble
à-côté ! » Encore un témoignage très tardif et peu cohérent, ce qui
explique sans doute les grosses déformations de la description de la
rentrée atmosphérique, s'il s'agit de cela.
Si l'on repère les directions dans lesquelles ces deux objets sont
apparus et ont disparu, on constate (avec stupéfaction !) qu'ils
sont apparus au sud, qu'ils ont disparu vers l'est, et que leur
trajectoire apparente n'est sans doute pas très différente... de celle
de la rentrée atmosphérique qui allait se produire une heure plus tard
environ. Certains, n'en doutons pas, verront là la
« preuve » que François Ellul a tout simplement observé le
passage de cette rentrée. Il suffit d'admettre qu'il ne sait pas faire
la différence entre le crépuscule et la nuit, qu'il a cru voir à
20 m ce qui était en fait à 170 ou 180 km, et qu'il a
carrément rêvé tous les détails de la description qu'il donne. Pour
avoir assez longuement entendu son histoire, sur les lieux-mêmes de
son expérience, j'ai plutôt tendance à croire qu'il est un excellent
témoin, et que la solution du mystère n'est pas à rechercher du côté
des erreurs de perception.
Il suffit surtout d'admettre que les souvenirs sont déformés avec le
temps, et que ce témoignage est manifestement tardif ! La date
n'est bien entendu pas précisée, mais on nous dit que le témoin habitait
« en 1990 » un petit immeuble sur le plateau d'Avron... Ça
suppose donc qu'il avait déménagé lorsque Mesnard l'a rencontré,
vraisemblablement plusieurs années plus tard.
L'heure n'est pas du tout certaine : « le ciel était bleu,
d'un bleu profond : la nuit allait tomber. On peut donc supposer
que c'était aux environs de 18 h, peut-être même
avant » ; le témoin dit aussi qu'il a distingué les contours
de « deux disques, de tailles différentes, qui se détachaient sur
le ciel du crépuscule ». Autant dire qu'il ne se souvient pas de
l'heure qu'il était, ce qui confirme un témoignage tardif, et dès lors
qu'il ait confondu le crépuscule avec la nuit n'est pas trop surprenant.
On nous dit enfin que Quelque temps plus tard, buvant son café dans
un bistrot du quartier, François Ellul apprit que quelqu'un avait
« vu quelque chose », probablement ce soir-là. Voilà
qui nous conforte encore dans l'idée que le témoignage est tardif.
Concernant l'estimation de la distance à « vingt mètres », on
doit répéter encore qu'il n'est pas possible de faire la distinction
entre un objet distant d'une cinquantaine de mètres et un qui se trouve
à des dizaines de kilomètres... Cette fois, l'estimation est nettement
inférieure à cette cinquantaine de mètres (qui ne vaut que pour des
personnes ayant une bonne vue et dans de bonnes conditions
d'observation), mais il s'agit d'un cas extrême, en outre sûrement
déformé par le témoignage tardif... Notons que la dimension de
l'ensemble des deux objets est estimée de son côté à une cinquantaine de
mètres, ce qui pour vingt mètres de distance donnerait au phénomène une
dimension angulaire énorme, ce que rien ne suggère dans le
témoignage !
Bref, ces vingt mètres semblent reposer uniquement sur la déclaration du
témoin qu'il « avait cru que ça allait taper dans l'immeuble à
côté », qui relève sûrement de l'exagération.
Quant à la description, elle n'est finalement pas si éloignée que cela
de celle de la rentrée : le témoin dit avoir vu deux disques de
taille différente (dont il « distinguait les contours sur le fond
du ciel », ce qui suppose tout de même que le contraste n'était pas
flagrant), munis d'une grosse lumière au centre et un certain nombre de
lumières à la périphérie... Si on excepte les « contours » des
disques, cela évoque assez bien la rentrée dont la disposition aléatoire
des lumières aurait été idéalisée par le témoignage tardif. Lorsque les
objets s'éloignent, ils sont vus comme des disques « de
profil » lumineux munis d'une coupole, ce qui peut évoquer les deux
traînées lumineuses mais semble difficilement conciliable avec la
description originelle où les disques étaient plutôt sombres alors que
c'étaient les lumières qu'ils portaient qui étaient blanches !
Bref on a juste dans ce cas une accumulation de déformations dues à la
tardiveté du témoignage, qui rendent la rentrée difficilement
reconnaissable...
Et peut-être aussi que cette observation ne concerne pas la rentrée,
mais dans ce cas on peut douter qu'elle ait été faite à la même
date : le témoin interrogé des années après son observation n'a
aucun souvenir de la vague d'observations, il dit juste que plus tard il
a appris que quelqu'un avait « vu quelque chose »,
probablement ce soir-là ! Il n'y a pas que le 5 novembre 1990
que des gens ont vu des ovnis en région parisienne ! Et si on ne la
rattache pas à notre « vague », l'observation de François
Ellul n'apparaît pas particulièrement remarquable.
Joël Mesnard a reparlé de cette observation dans l'émission du 5
novembre 2013 de la webradio « Bob vous dit toute la
vérité » :
Il y a une observation très intéressante à Villemomble, dans le 93...
Alors là c'est à 18 h, on est sûr de l'heure parce que le témoin,
je peux dire son nom, c'est un homme très sympathique et très
coopératif, François Ellul, qui était chauffeur de bus à la RATP
(alors peut-être qu'il faut préciser pour les gens qui sont pas en
Région parisienne ce que c'est que la RATP, hein, après tout peut-être
que à Vierzon ou Jonzac ils savent pas, c'est la Régie autonome des
transports parisiens, autrement dit c'est les métros et les bus qui
circulent à Paris et dans les communes limitrophes). Donc François
Ellul sait parfaitement à quelle heure il est arrivé chez lui, parce
qu'il avait l'habitude d'arriver à cette heure-là, et il dit qu'il est
rentré à 18 h. Et d'ailleurs c'est confirmé par le fait qu'il dit
qu'il ne faisait pas nuit, le ciel était bleu, bon la nuit allait
tomber bien entendu mais enfin on ne peut pas dire qu'il faisait
nuit... Alors le cas de Villemomble que je vous raconterai dans un
instant, il se produit donc à 18 heures à quelques minutes près [...]
à Villemomble c'est immobilité absolue pendant au moins trois minutes
et demie et plus près de quatre minutes en fait, d'un ensemble de
lumières qui remplit tout le champ visuel du témoin quasiment. Alors
ramener ça à la rentrée du satellite soviétique, en français ça
s'appelle se foutre du monde.
Maintenant « on est sûr de l'heure » à quelques minutes près
parce que le témoin était chauffeur de bus et savait parfaitement à
quelle heure il rentrait chez lui, et c'est confirmé par le fait qu'il
ne faisait pas encore nuit... Pourtant dans le compte-rendu initial
c'était justement parce que le témoin se souvenait que la nuit n'était
pas tombée qu'on « supposait » qu'il était 18 h ! Et
puis maintenant il y a eu une « immobilité absolue pendant au moins
trois minutes et demie et plus près de quatre minutes en fait »,
alors que dans le premier compte-rendu il n'est pas question
d'immobilité et les « disques » se sont éloignés « au
bout de quelques instants » ! Est-ce que ça n'est pas ces
déformations continues des témoignages chez un enquêteur qui se targue
d'avoir 50 ans de pratique de l'enquête sur le terrain dont 25 à
plein temps, qui s'appelle se foutre du monde ? Au sujet des trois
minutes et demie « d'immobilité absolue » Mesnard a
vraisemblablement confondu le cas de Villemomble avec celui de
Neuilly-sur-Marne.
Dammarie-les-Lys
(Seine-et-Marne) :
Après le « gros de la vague », on trouve une
observation, très précise et circonstanciée, à 19 h 35
(cas non répertorié comme probant par Joël Mesnard). Précis et circonstancié au point d'en devenir douteux... Ou comment une
rentrée atmosphérique sert d'excuse pour un rendez-vous raté !
Nous arrivons à un cas assez
exceptionnel... Pour bien le cerner, voici l'intégralité de ce
qu'écrivait ce témoin, ingénieur en organisation informatisée, à Franck
Marie (voir son livre OVNI Contact), le 12 novembre 1990 :
1 — LIEU : Mon observation a lieu près du
centre commercial Leclerc situé à Dammarie-les-Lys, près de Melun. Je
suis arrêté après l'échangeur du type « croisement à
l'anglaise » construit récemment et desservant la N 372, la
D 142 et autres routes. Je suis sur le bord droit de la
D 142 en direction de la « Table du Roi », près de
Bois-le-Roi (77590).
2 — CIRCONSTANCES DES OBSERVATIONS :
2.1 — Les raisons de mon arrêt : Mon arrêt est
provoqué par un besoin naturel. Je descends de ma voiture (Citroën
BX TRD) en laissant les veilleuses et la radio allumées. Je ferme
ma porte.
2.2 — Premières anomalies : C'est alors que les
serrures électromagnétiques se positionnent d'elles-mêmes dans la
position de verrouillage. (J'ai tenté par la suite de renouveler cette
fermeture accidentelle dans l'hypothèse selon laquelle cette fermeture
aurait été provoquée par l'engagement partiel de la tige de commande
dans la position de fermeture, mais en vain !).
2.3 — Les raisons de l'observation de l'heure :
Très embarrassé, j'analyse la situation et les moyens de m'en sortir.
Mon premier réflexe est de regarder l'heure. Je dois recevoir un appel
téléphonique chez moi à 20 heures et ce rendez-vous ne tolère
aucun retard. Il est très précisément 19 h 10. Avant de
décider de briser une des vitres de ma voiture, je me rends dans un
commerce éclairé (un magasin funéraire), de là je téléphone à
plusieurs garages et je retourne à ma voiture pour y attendre le
dépanneur. Il est 19 h 35.
2.4 — La description de l'observation : Je
m'adosse au capot de ma voiture et observe le ciel. Ma curiosité fut
alors attirée par un ensemble de lumières fixes et clignotantes. Je
suis surpris par la surface occupée dans le ciel par cet ensemble.
Celui-ci constitue soit une formation de sous-ensembles, soit la
représentation d'un seul objet. Je ne peux être formel sur l'une ou
l'autre de ces hypothèses, mais c'est immense !
2.5 — Un énorme triangle : Alors que préoccupé
par le retard provoqué par le blocage de mon véhicule, et très
incrédule sur tous les mystères liés aux OVNI, je me surprends en
rapprochant spontanément mon observation de l'image d'un film de
science-fiction. La fin de ce film dont j'ai oublié le titre [Rencontres
du 3e type] montre l'arrivée d'un engin extraterrestre sur
terre et des notes de musique qui servent de moyen de communication
entre les humains et les autres. Considérant la taille de ce que je
voyais, le rapprochement me paraît très compatible !
2.6 — Le détail de mes constats :
Voici ce que j'ai parfaitement et nettement vu :
le déplacement lent de cet ensemble d'ouest en est,
la cohérence avec laquelle cet ensemble se déplace,
le silence de cet ensemble en déplacement,
les 3 couleurs : blanc, rouge, vert des « feux »
placés à l'avant,
la forme géométrique de l'ensemble (triangle ou
losange ?),
deux puissants projecteurs éclairant d'une lumière très
blanche...
en direction de l'arrière (comme s'ils éclairaient à
reculons)...
à moins qu'il s'agisse de... « réacteurs de lumière »
(!?),
la longueur, la forme parallèle du faisceau lumineux de chaque
projecteur,
la faible altitude de cet ensemble, confirmée par trois
constats :
un avion passé au-dessus de l'objet a été caché,
la perception très nette de gouttelettes d'eau éclairées par
le faisceau,
ces gouttelettes d'eau résultaient d'un phénomène de
condensation visible.
3 — CONCLUSION :Je suis très conscient
d'avoir été le témoin d'un phénomène qui dépasse ce que je peux
réellement admettre, même en extrapolant sur la lecture d'ouvrages
scientifiques décrivant le développement de technologies avancées à
venir.
Mais la cohérence des choses observées, la netteté des images, etc...
m'obligent à refuser les explications fournies par ailleurs. Il ne
peut pas s'agir ici de la dislocation d'un étage de fusée.
Nous avons donc ici un témoin qui semble offrir toutes les garanties de
sérieux, qui décrit quelques jours seulement après les faits ce qui
évoque parfaitement la rentrée atmosphérique, mais qui est absolument
sûr que c'était une demi-heure plus tard, qui mentionne en outre un de
ces fameux effets électromagnétiques régulièrement associés aux
« soucoupes volantes » (même si dans son récit cet effet a eu
lieu bien avant le passage de l'objet), et qui a eu la chance rare de
voir un avion masqué par le phénomène, c'est vraiment fabuleux !
Au point que ce qui semble le plus incroyable, c'est que Joël Mesnard ne
classe pas cette observation parmi les plus convaincantes ! C'est à
croire qu'il a quelques doutes sur la sincérité du témoin !
Et si c'est le cas, je dois dire que je les partage ! On est tout
de même surpris par cette accumulation d'anomalies associée à une
parfaite description de la rentrée atmosphérique... Et on se demande
surtout comment il se fait que ce témoin soit le seul à avoir observé ce
phénomène à 19 h 35, alors qu'il se trouvait sur une route
très fréquentée en région parisienne (Le Geipan a enregistré
deux témoignages à Dammarie-les-Lys, tous deux ayant fait leur observation
à 19 heures) !
Mon sentiment personnel est que cet homme dont, d'après son style
d'écriture, une parfaite organisation est un mode de vie autant qu'une
profession, s'est servi de son observation d'un ovni comme excuse pour
avoir raté un entretien « qui ne tolérait aucun
retard » ! On peut imaginer le scénario suivant : il
aurait observé comme tout le monde la rentrée à 19 h 01, bien
proche de l'heure affirmée de son arrêt (19 h 10), et, troublé
par son observation, il aurait accidentellement verrouillé son
automobile en oubliant ses clés à l'intérieur (sur beaucoup
d'automobiles, on peut fermer la portière en position verrouillée en
maintenant la poignée d'ouverture enclenchée ; ça marche aussi avec
certains systèmes centralisés)... Et il aurait ensuite juste un peu
modifié le déroulement des événements pour ne pas avouer que son
étourderie était seule responsable du rendez-vous manqué ! Ou
encore, après être resté à observer le ciel pensivement pendant une
demi-heure après le passage du phénomène, il aurait volontairement
bloqué ses portières pour ne pas avouer que la vision d'un truc bizarre
dans le ciel lui avait fait oublier son rendez-vous...
Pour ce qui est de l'avion, c'est comme pour les étoiles qui ont été
selon certains témoins masquées au passage de l'objet, c'est un effet
tout à fait naturel si les lumières de l'avion étaient faibles alors que
la luminosité de la rentrée approchait celle de la pleine lune... Il est
de même difficile de distinguer des étoiles peu lumineuses près de la
lune.
Joël Mesnard mentionne après ce témoignage typique de la rentrée mais une
demi-heure plus tard : On ne peut s'empêcher de penser au
troisième témoin de la gare du Val d'Or, à Saint-Cloud, disant aux deux
autres « Il y a un quart d'heure que je suis là, et c'est le
troisième machin comme ça que je vois passer ».
C'est surtout la quatrième fois qu'il nous cite ce témoignage fantôme qui
lui plaît décidément beaucoup... Le seul problème étant que sa crédibilité
est absolument nulle, je vous invite si vous en doutez à relire
les circonstances...
Territoire-de-Belfort :
« Un bruit de brûleurs à gaz » (cas non
répertorié par Joël Mesnard parmi les plus probants). Une non-observation non corrélée en quoi que ce soit à la rentrée, ça
prouve juste que la nuit on peut entendre des bruits bizarres !
Mesnard explique : 19 h 38.
Nous avons ici une observation qui se situe, avec une excellente
précision, une demi-heure après le gros de la vague.
Je lui accorderai même que c'est encore plus, par contre je ne vois pas
où est l'observation ! Rien n'a été observé, le témoin a juste
entendu à trois ou quatre reprises pendant dix secondes au total un
bruit évoquant un brûleur à gaz comme ceux des montgolfières... C'est
tout ! Il n'a rien vu, il n'a pas eu envie d'ouvrir les
volets, ce qui semble paraître étrange à Mesnard qui a souligné le
mot ; il y voit sans doute une influence occulte du mystérieux
phénomène qui imitait une montgolfière pour mieux parasiter la rentrée
atmosphérique passée trois quarts d'heure plus tôt, pour ma part j'y
vois seulement un peu de paresse, d'autant plus justifiée que le bruit
n'a été entendu que pendant dix secondes !
Quant à l'origine de ce bruit, je suggère par exemple l'utilisation d'un
chalumeau par un voisin (ça existe les gens qui bricolent peu avant
l'heure du repas !), ou encore un mauvais branchement d'une chaîne
hi-fi qui peut produire des bruits très semblables (par exemple un
« bruit
blanc »).
Enfin, le fait que ce « bruit mystérieux » se soit produit
bien après la rentrée n'est pas du tout comme semble le croire Mesnard
un élément d'étrangeté supplémentaire, tout au contraire : s'il
s'était produit juste au moment du passage du phénomène, on pourrait
trouver la coïncidence curieuse, mais là...
Heureusement Mesnard ne considère pas ce « cas » comme un des
plus crédibles, mais je m'étonne même qu'il trouve opportun de signaler
cette « non-observation » non corrélée à quoi que ce
soit !
Brive-la-Gaillarde (Corrèze) :
« Ça a quitté la N89 pour suivre l'A20... » Ça n'est sûrement pas la rentrée, mais le témoignage tel
qu'il est exposé évoque un banal avion ou hélicoptère !
Nous avons ici le témoignage d'un
contrôleur aérien qui dit avoir vu passer « la chose », pour
employer le vocabulaire de Mesnard, à 19 h 50 et dans la
direction opposée au passage de la rentrée... Et Mesnard de
conclure : « Il est donc doublement évident que cette
observation concerne autre chose que la rentrée ».
Même si comme d'habitude la date du témoignage n'est pas mentionnée et
qu'il y a de bonnes raisons de penser qu'elle est tardive, je suis tenté
d'abonder dans son sens : il me paraît bien peu vraisemblable qu'un
contrôleur aérien en poste au moment des faits se soit mépris à la fois
sur l'heure et sur la direction de son observation, alors qu'il a fait
un dessin précis du « couloir de passage » de l'objet.
Donc, il a sûrement observé autre chose que la rentrée, mais cette
conclusion semble suffire à Mesnard qui ne se demande pas ce que pouvait
être cette « chose »... Comme s'il était persuadé que ce
soir-là rien ne pouvait voler hormis un étage de fusée et d'authentiques
soucoupes volantes ! Examinons la description de « la
chose »... Flûte, il n'y en a pas ! Était-ce lumineux, mat ou
brillant, coloré ou non, net ou flou, bruyant ou silencieux, quelle
forme ça avait, on n'en sait strictement rien... Soit le témoin n'en a
rien dit, soit Mesnard ne rapporte pas ses propos, estimant sans doute
que tout cela n'a pas la moindre importance !
Tout ce que l'on sait, c'est que la chose n'allait « pas très
vite » et qu'elle était « grosse comme un immeuble », et
dans la légende de la carte Mesnard précise « comme un immeuble de
quatre étages »... Disons donc une quinzaine de mètres. Autant que
je sache il s'agit de la dimension d'un avion de taille modeste, ou d'un
gros hélicoptère, et il n'y a rien dans le témoignage (du moins tel
qu'il est exposé par Mesnard) qui puisse évoquer quelque chose de plus
exotique que cela !
L'altitude est quant à elle estimée à une centaine de mètres pour une
distance de 425 mètres en supposant que l'objet survolait la
nationale... Pour un objet de 15 mètres de longueur, cela donne une
dimension angulaire de moins de 2 cm à bout de bras... Pour avoir
la dimension angulaire de la rentrée atmosphérique à la même distance,
il aurait plutôt fallu un objet grand comme la tour Montparnasse !
Bien entendu, je ne doute pas que si un contrôleur aérien a trouvé
quelque chose d'étrange à cet objet, suffisamment pour noter et
rapporter son observation, c'est qu'il ne s'agissait sûrement pas d'un
avion ordinaire et surtout dont le plan de vol aurait été connu...
Mais je ne doute pas non plus que trois quarts d'heure après que des
centaines de témoins ont téléphoné aux gendarmeries, observatoires,
aéroports, bases militaires et autres pour signaler avoir vu ce qui
ressemblait à un avion immense en perdition tout près de s'écraser, il
devait y avoir dans les airs quelques objets volants pas tout à fait
ordinaires mais pas forcément pilotés par des extraterrestres !
Mesnard dit aussi que le témoin avait appris peu après que les gendarmes
avaient eux-aussi vu « la chose » et qu'ils l'avaient
prise en chasse depuis Larche... Il reste à savoir si ces gendarmes ont
observé la même « chose » que notre contrôleur aérien, ou la
rentrée atmosphérique vue peu avant par des milliers de personnes. Si on
consulte les procès-verbaux de gendarmerie mis en ligne par le GEIPAN,
on trouve un certain nombre de témoignages de gendarmes, dont
quelques-uns qui ont tenté de poursuivre l'objet en automobile, mais
aucun d'eux n'indique une heure différant sensiblement de celle du
passage de la rentrée. Les lieux d'observation ayant été effacés, on ne
sait pas s'il y a parmi ces rapports celui des gendarmes de Larche. Je suis tenté
de penser qu'il s'agit
du
rapport n° 90307413, et l'heure d'obsevation indiquée est d'environ 19 h 05
ou 19 h 08.
Mesnard profite de ce cas pour indiquer que d'autres contrôleurs aériens
ont observé un spectacle insolite ce soir-là... Ce dont il ne faut guère
s'étonner étant donné l'aspect particulièrement spectaculaire de la
rentrée atmosphérique ! On trouve du reste encore quelques-uns de ces
témoignages dans les procès-verbaux de gendarmerie du GEIPAN, et il est
tout à fait clair que c'est à chaque fois la rentrée qui a été vue.
Mesnard indique aussi que dans un de ces cas, des pompiers en intervention
ont vu simultanément quelque chose dans une direction incompatible avec la
rentrée, mais on aimerait avoir un rapport circonstancié de cette
observation !
Mansac (Corrèze) :
À l'opposé de la trajectoire de rentrée, et à vitesse
quasi-nulle ! La direction d'observation est la seule anomalie du
témoignage, mais étant donné que celui-ci est très tardif ça n'est guère
convaincant !
Ce témoin qui a donc vu un objet « à
l'opposé de la trajectoire de rentrée » est la fille d'un autre
témoin dont l'observation avait été exposée dans LDLN n°310,
paru en mai 1992.
Avant de nous pencher sur l'observation de la fille, celle que Joël
Mesnard compte parmi les « exemples flagrants », relisons ce
premier témoignage de la mère, Yveline Lachambre, tel qu'il était
rapporté par l'enquêteur Joël Martinez (on ne sait pas comme d'habitude
quand ce témoignage a été rapporté, au plus tard un peu plus d'un an
après l'observation) :
J'étais assise dans ma voiture, lorsque j'ai aperçu une grosse boule
jaune-orange. Au début, je ne pouvais pas la fixer des yeux, tellement
c'était éblouissant. Peu à peu, j'ai distingué des points lumineux
derrière la boule.
Je suis sortie de ma voiture, pour mieux observer cette boule, qui
avançait à allure normale, pas tellement vite. Derrière, j'ai vu une
épaisse fumée blanche. Ce phénomène se déplaçait horizontalement. Les
points lumineux sont toujours restés à leur place ; par contre,
ils faiblissaient légèrement, puis ils redevenaient (comme avant).
C'était absolument silencieux. De plus, il m'a semblé voir autre
chose, au-dessus de la fumée... Comme un objet...
Mon observation n'a pas duré moins de 45 secondes. Je dois dire
que ce phénomène était très impressionnant et magnifique à voir !
Et voici le croquis dessiné alors par le témoin :
Il n'y a aucune indication de direction, mais tout cela évoque beaucoup
la rentrée atmosphérique vers le début de sa trajectoire au-dessus de la
France, et c'est sans doute pour cela que Mesnard n'a plus reparlé de ce
cas jusqu'à ce qu'il apprenne que la fille de ce témoin avait aussi
observé quelque chose, mais dans la direction opposée !
Et voilà donc comment Madame Lachambre dessine l'objet qu'elle a observé
dix ans après les faits (la date de ce nouveau témoignage n'est
naturellement encore pas précisée, mais Mesnard indique qu'il espère
obtenir des précisions géographiques, c'est donc que l'enquête est
encore en cours à la parution de son dossier en 2001) :
On voit que la « masse noire » a considérablement gagné en
substance après dix ans, que ce soit dans le croquis ou dans le
témoignage : en 1991, Madame Lachambre disait « il m'a
semblé voir autre chose, au-dessus de la fumée... comme un
objet...» ; en 2001, d'après Joël Mesnard qui se garde bien de
citer son témoignage originel, elle « affirme avoir distingué une
énorme masse sombre » !
Et de plus, l'objet est vu à la fois de dessous et de profil, ce qui
s'expliquerait toujours d'après Mesnard par le fait que
« Mme Lachambre pense que cette masse a viré sur sa
droite »... Il est tout de même curieux qu'un détail aussi anormal
et contradictoire avec « l'explication officielle » n'ait pas
du tout été évoqué en 1991 !
Notons au passage que la vue « de profil » est dessinée dans
la bonne direction pour la rentrée atmosphérique, laquelle passait à
Mansac de gauche à droite à une hauteur angulaire maximale de 37°.
Bref, cela nous donne encore une idée des déformations subies par un
témoignage après dix ans, qui ne surprendront personne à part Joël
Mesnard qui privilégie toujours les témoignages les plus tardifs !
Quant à l'observation de la fille de Mme Lachambre, qui a donc
vraisemblablement été rapportée une dizaine d'années après
l'observation, elle évoque aussi dans sa description la rentrée
atmosphérique... L'objet est certes censé être resté complètement ou
quasiment immobile, mais ça n'empêche pas que la lumière la plus grosse
était en tête (et il va sans dire que ladite tête se trouve bien dans la
bonne direction pour la rentrée atmosphérique, à droite). L'objet est vu
très bas, à moitié masqué par la crête d'une colline, on peut donc
supposer qu'il s'agit de la fin de la trajectoire de la rentrée,
laquelle ne se déplace alors que d'une vingtaine degrés en une minute (à
supposer que la durée ne soit pas exagérée). Il n'y a donc QUE la
direction d'observation, vers le sud-est, remémorée après dix ans, qui
serait incompatible avec la rentrée qui terminait sa course au
nord-est... Ce sont ces 90° d'erreur qui font de ce cas un des plus
convaincants d'après Joël Mesnard !
Ou plutôt, cela et le fait que l'heure d'observation aurait été dix à
quinze minutes après le passage de la rentrée, toujours d'après le récit
rapporté dix ans plus tard... Mesnard trouve aussi remarquable que ce
soit également l'heure mentionnée par la mère pour sa propre
observation... Pour ma part, je ne trouverais pas surprenant que sur
plus de 400 témoignages, deux témoins ayant des liens familiaux aient
fait la même erreur de dix à quinze minutes sur l'heure de leur
observation... outre le fait qu'il ne me semble pas impossible qu'en dix
ans la mère et la fille aient pu s'influencer à ce sujet !
Paris, porte de Gentilly :
Un « nuage » triangulaire de tubes lumineux ! Peut-être la rentrée avec une grosse erreur d'horaire dans
un témoignage tardif et par téléphone uniquement, rien d'extraordinaire
en tout cas dans cette observation fugace.
Un ensemble triangulaire de barres
et points lumineux vu le 6 novembre entre 0 h 30 et 1 h
du matin et sur une trajectoire nord-sud, ça ne ressemble pas
vraiment à la rentrée atmosphérique...
Mais ça n'a été vu que pendant 5 ou 6 secondes alors que le couple
de témoins se déplaçait en automobile sur le Périphérique de Paris
(extrêmement fréquenté à une telle heure), comme d'habitude on n'a pas
les versions indépendantes des deux témoins et l'enquête se résume à une
conversation téléphonique, comme d'habitude on ne sait pas de quand date
le témoignage mais il y a fort à parier que ce soit peu avant la
publication du dossier, dix ans après l'observation...
Des points et des « tubes » lumineux, ça évoque pourtant assez
bien la rentrée, je suis donc tenté de penser que l'observation a été
fortement déformée et qu'il y a une grosse erreur sur l'heure, ce qui ne
serait pas surprenant après une telle durée.
Notons que le déplacement nord-sud est perpendiculaire au déplacement
réel de la rentrée, mais dans le cas d'une observation fugitive faite
depuis une automobile en marche l'estimation de la direction de
déplacement est très aléatoire. Le Périphérique vire plusieurs fois
entre la Porte d'Italie et la Porte d'Orléans, ça peut expliquer
l'impression que l'objet se déplaçait du nord vers le sud, et aussi que
les « tubes » lumineux des traînées étaient perpendiculaires à
la direction du déplacement, comme c'est indiqué : ils étaient donc
alignés avec la trajectoire de la rentrée atmosphérique, d'ouest en
est !
Quoi qu'il en soit, rentrée ou pas, cette observation très fugitive n'a
rien de bien extraordinaire !
Notons que Joël Mesnard en a reparlé le 5 novembre 2013 sur la webradio
« Bob vous dit toute la vérité », en ces termes :
Il y a par exemple un cas entre 0 h 30 et 1 h du
matin, donc là on est déjà le 6 novembre, c'est sur le
prériphérique intérieur, entre la Porte d'Italie et la Porte
d'Orléans, il y 2 personnes en voiture qui voient quelque chose
d'incroyable qui leur passe littéralement devant le nez... Ces deux
personnes, M. et Mme Terrier, étaient dans leur voiture, et
ils roulaient d'est en ouest de la Porte d'Italie vers la Porte
d'Orléans, quand ils ont vu ça, donc ils ont vu ça à travers leur
pare-brise, donc ça nous donne déjà une fourchette de hauteur
angulaire possible. Ça devait être de l'ordre de 30 ou 45° peut-être,
mais je peux pas vous en dire plus... Ce qu'ils ont vu c'est un nuage
triangulaire de petits tubes lumineux et de points lumineux, les tubes
étant rangés dans le sens du mouvement... Si vous voulez, imaginez je
sais pas combien, un très grand nombre, peut-être cent ou deux cents,
disons crayons, lumineux, blancs, mais aussi des points lumineux,
blancs, vous rangez tous ces crayons lumineux dans un triangle, qui se
déplace pointe en avant, de la gauche vers la droite des témoins, donc
grosso modo du sud vers le nord, et ça ça n'a rien à voir
avec la masse des observations faites aux environs de 19 heures.
Maintenant les « tubes » étaient rangés « dans le sens du
mouvement » et celui-ci se faisait du sud vers le nord, alors que
dans le compte-rendu de LDLN les « tubes » étaient
« disposés perpendiculairement à la direction du mouvement »
qui se faisait dans la direction nord-sud ! Décidément, les témoins
sont en général beaucoup plus fiables que les ufologues
expérimentés !
Plateau de Bure (Hautes-Alpes) :
Entre deux et trois heures du matin dans la nuit de lundi à mardi,
un phénomène inhabituel (cas non considéré comme probant par
Joël Mesnard). Une des observations les plus insignifiantes de la vague, ça n'est pas
la rentrée mais ça peut être un banal avion comme le témoin l'a pensé.
Le témoignage, depuis le site de
radioastronomie du plateau de Bure, provient d'un article de presse du Dauphiné Libéré du 7 novembre :
Sur le même site d'observation, M. André Rambaud, opérateur
habitué à observer le ciel depuis trois ans, était à son poste lundi
soir. S'il n'a rien vu à 19 h, il a remarqué entre deux et trois
heures dans la nuit de lundi à mardi, un phénomène inhabituel :
« Je cherchais une étoile nommée Altaïr ou Alpha de l'Aigle que
je connais bien pour la regarder souvent. Alors que je croyais l'avoir
découverte, je m'aperçus que l'étoile que j'observais n'était pas
bleue comme Alpha, mais possédait des points rouges, jaunes et verts
et bougeait. J'ai pensé à un avion, puis à d'autres phénomènes. En fin
de compte, je ne sais pas de quoi il s'agissait. »
Certes, nous avons donc un astronome, ou plutôt un opérateur en
radio-astronomie, qui a observé bien après la rentrée quelque chose
qu'il n'a pas pu identifier... Mais quelque chose de tout petit, qui
pourrait bien au vu de la description être effectivement un avion, ou
encore un hélicoptère, ou une étoile lumineuse vue très bas sur
l'horizon, les perturbations atmosphériques occasionnant alors des
impressions de changements de couleur, de variations d'éclat et de bougé
qui peuvent être trompeuses.
Il est vrai que Monsieur Rambaud dit être habitué à observer le ciel,
mais on peut alors s'étonner qu'il ait recherché une étoile qui était
couchée depuis plus de deux heures !
Bref, même de façon très anecdotique, je ne vois guère l'intérêt de
signaler cette observation qui n'a rien à voir avec la rentrée
atmosphérique mais n'apporte aucun argument à une prétendue vague
d'ovnis...
Notons que Jean Sider, autre grand promoteur de cette vague imaginaire,
utilisait de son côté cette observation pour « démontrer »
qu'il n'y avait pas eu de rentrée atmosphérique, puisque
M. Rambaud, à son poste sur la passerelle de l'observatoire,
n'avait rien vu à 19 h cette nuit-là... Mais le fait que
M. Rambaud se trouvait sur la passerelle de son observatoire était
tout simplement sorti de son imagination : il n'y a rien écrit de
tel dans l'article de journal qui était l'unique source de Sider, il est
juste dit que M. Rambaud se trouvait à son poste et en général le
poste d'un opérateur en radioastronomie se trouve dans une salle de
contrôle sans aucune vue sur le ciel !
Montpellier (Hérault) :
Le 6 novembre à 6 h 25 du matin, une lueur rouge et
orange se déplaçant très vite, haut dans le ciel (cas non
considéré comme probant par Joël Mesnard). Encore un témoignage qui ne concerne pas la rentrée mais peut se
rapporter à peu près à n'importe quoi.
Là encore, il est tout à fait clair
que cette observation faite près de douze heures après la rentrée
atmosphérique n'a rien à voir avec cette dernière, mais que ça peut être
à peu près n'importe quoi : avion, satellite, ballon-sonde ou petit
nuage éclairé par le soleil qui n'allait pas tarder à se lever, météore
avec une exagération de la durée d'observation...
Noirmoutier (Vendée) :
Le 6 novembre à 7 h du matin, un objet sombre, en forme de
porte-manteau, avec de nombreux feux rouges autour et un gros feu rouge
au centre (cas non considéré comme probant par Joël Mesnard). Vraisemblablement la rentrée avec un malentendu sur l'heure
d'observation.
Mesnard ne signale ce cas qu'à titre
anecdotique, mais puisqu'il s'agit encore de nous faire croire que les
observations ont largement débordé de l'horaire de la rentrée voyons
comment il était rapporté dans LDLN n°307, paru en novembre
1991 :
M. Barreteau nous signale que vers 7 h du matin, le jeune
Gabriel Bouchereau, âgé de 11 ans, observa un objet sombre, en
forme de porte-manteau, avec de nombreux feux rouges autour et un gros
feu rouge au centre. À l'arrière, il y avait une sorte de faisceau de
projecteur, de couleur jaune orangée. Orientation de la
trajectoire : du sud vers le nord ; hauteur sur
l'horizon : une trentaine de degrés.
On ne peut qu'être frappé par la ressemblance entre cette description et
la rentrée atmosphérique, laquelle était vue de Noirmoutier à 32° de
hauteur angulaire au maximum... Il y aurait une erreur d'une soixantaine
de degrés sur l'orientation de la trajectoire, mais le sens de
déplacement sur le dessin, de droite à gauche, est bon.
Le seul point étonnant reste la différence de douze heures sur
l'horaire... Tiendrait-on enfin un cas de « mimétisme » d'un
phénomène qui se moque de nous ? Mais juste douze heures, une
demi-journée, de différence, c'est bizarre ! Mon impression est que
cet enfant a observé à 19 heures la rentrée atmosphérique, qu'il
décrit plutôt bien, et qu'il en a parlé le lendemain à ses parents en
disant que ça s'était passé « à sept heures », entendant
par là sept heures du soir (un enfant n'a généralement pas l'habitude
d'indiquer « 19 heures »)...
Ça n'est bien sûr qu'une hypothèse, mais en l'absence de toute enquête
ça me semble l'explication la plus plausible à cette bonne description
de la rentrée à une heure tout à fait anormale.
Le 6 novembre à 22 heures, une autre rentrée atmosphérique ?
Au lendemain de la rentrée atmosphérique, vers 22 heures, un
phénomène assez similaire a fait l'objet d'un certain nombre
d'observations... Joël Mesnard précise que ce phénomène avait été abordé
dans le numéro 307 de LDLN...
On y trouvait effectivement un article du quotidien Sud-Ouest du 8
novembre, relatif à des observations en Gironde, résumé en ces
termes :
Cet article nous apprend que de nombreux témoignages concordent, au
sujet d'une forme lumineuse allongée, visible durant une minute, à
21 h 55. Lorsque cette lumière jaune a perdu de son intensité,
une forte traînée est apparue à l'arrière, ainsi que « des
cercles » en-dessous du cigare. Certains témoins ont entendu un
bruit d'explosion, d'autres pas.
Et aussi un témoignage recueilli par l'enquêteur Jean-pierre Segonnes à
Bouscat (Gironde) :
Il était donc entre 21 h et 22 h. M. Alberola était en
train de lire un livre, dans son salon. Relevant la tête, il aperçut par
la baie vitrée (orientée vers le sud-ouest) ce qui lui parut être un
avion se dirigeant vers le nord. C'était comme un phare d'avion, suivi
par une petite boule rouge-orange clignotante.
Le témoin nota tout de suite un fait curieux : le phare semblait
s'éloigner du clignotant rouge. Étonné, M. Alberola continua à
regarder, quand tout-à-coup, il y eut comme une explosion silencieuse.
Le phare blanc n'était plus qu'un halo, de même couleur.
Dans ce halo, le témoin observa alors une petite lumière rouge, montant
presque verticalement dans le ciel, à très grande vitesse, avec un léger
arrondi de la trajectoire, avant de disparaître au bout de deux secondes
tout au plus. Cette lumière rouge laissait derrière elle une sorte de
fumée blanche. Dessous, l'explosion avait fait place à un nuage de fumée
blanche également.
On trouve aussi la mention de cette nouvelle « vague »
dans les rapports du Geipan à la rubrique « cas
nationaux », avec trois procès-verbaux de gendarmerie et le résumé
suivant :
Le 6 novembre 1990 vers 22 h 00 plusieurs témoins dans
plusieurs départements du sud-ouest ont observé une boule de feu orangée
qui s'est désintégrée sans bruit avec émission de fumée. Sans l'ampleur
de la rentrée de la veille, ll s'agit vraisemblablement là d'une autre
rentrée atmosphérique.
D'autres témoignages relatifs à ce phénomène se trouvent perdus au milieu
des rapports relatifs à la rentrée du 5 novembre :
Trois témoignages du rapport de gendarmerie enregistré par le Geipan sous
le
numéro 1990309854 à Faux (Dordogne), et une lettre jointe au rapport
numéro 1990307302. Ce dernier témoignage a été envoyé à la
gendarmerie par l'ufologue Franck Marie qui avait multiplié les appels à
témoins dans la presse de l'époque pour obtenir des témoignages sur la
rentrée du 5 novembre...
Deux rentrées atmosphériques qui se suivent ça paraît curieux, mais en
fait il ne s'agissait pas cette fois d'une rentrée... Et c'est encore
Franck Marie qui nous donne la réponse en citant dans son livre OVNI-Contact
un article de presse paru dans la revue le Populaire du Centre du 28 novembre 1990 :
De tels tirs de missiles sont fréquents depuis la base de Biscarosse dans
les Landes, et les militaires ne communiquent pas beaucoup à leur sujet
surtout lorsqu'il s'agit de tirs ratés... Dans un tel cas, on fait
exploser le missile en vol pour qu'il ne risque pas de retomber entier au
sol, et on a alors un objet laissant une traînée qui s'achève en
« boule de feu ». Dans certains cas où le missile s'est élevé
très haut, cela a donné lieu à de nombreuses observations jusqu'à une
grande distance, avec de splendides photos souvent présentées comme ovnis
(le Geipan les a pour sa part présentées un temps comme des « phénomènes
atmosphériques liés à la foudre » !) Le Cnegu a publié un
dossier très complet au sujet de ces tirs de missiles ratés :
Phénomène lumineux du 12 juin 1974.
Ce soir du 6 novembre 1990 le missile ne s'est pas beaucoup élevé, c'était
beaucoup moins spectaculaire, et beaucoup plus banal aussi... La
description générale évoque tout à fait un de ces tirs de missile,
l'origine du phénomène se trouvait bien du côté du Centre d'essais des
Landes, l'explication ne fait donc pas de doute.
Il apparaît donc tout à fait artificiel de vouloir faire
« déborder » la vague du 5 novembre en dehors de l'heure de
passage de la rentrée atmosphérique : les quelques cas choisis par
Mesnard pour tenter de nous en convaincre, quand il ne s'agit pas de
probables erreurs sur l'heure, se rapportent soit à des objets tout à fait
banals (avions, grosses étoiles filantes...), soit à ce tir de missile du
lendemain. Des phénomènes tels qu'il s'en produit toutes les nuits, qui
n'ont été rapportés que parce qu'on a beaucoup parlé dans les médias de la
vague d'observations de la soirée du 5 novembre.
Les anciens six « cas parmi les plus probants »
Joël Mesnard récapitule ensuite les trente « exemples
flagrants » sur une carte, en précisant que celle-ci remplace celle
publiée dans LDLN n°306, représentant les six cas qu'il
considérait alors comme les plus probants :
Il a depuis renoncé aux cas de Bruxelles et Colmar, mais les autres
restent toujours ses cas fétiches, dont il parle régulièrement dans ses
conférences... Examinons donc l'ensemble de ces six cas...
Bruxelles (Belgique) :
Un objet portant des lumières masque le sommet d'une tour
(cas plus considéré par Mesnard comme exemple probant). Observation non confirmée nous dit Mesnard...
Ce cas a été mentionné dans la revue
belge Eurufon, mais Joël Mesnard l'a éliminé de ses
« exemples probants » du fait qu'il n'a « jamais pu
obtenir la moindre confirmation ».
Notons qu'il n'y a pratiquement pas de cas réel de « passage devant
un obstacle » dans cette vague. Pour l'une des rares exceptions, le
témoin ne croit pas qu'un objet d'une telle taille apparente soit très
lointain, et lorsqu'il le voit disparaître derrière une colline il croit
qu'il est passé devant en éteignant ses lumières !
C'est au point que Franck Marie en a été réduit à remplir le chapitre
« Passages sous l'horizon visible » de son livre avec des
« vols épousant le relief », ce qui n'est pas du tout la même
chose !
Colmar (Haut-Rhin) :
Sur un film vidéo, les côtés d'un triangle apparaissent soudain
(cas plus considéré comme exemple probant). Tout le monde a compris, sauf Mesnard qui en doute encore, que cette
vidéo représente la rentrée, et le triangle est un simple artefact
vidéo.
Voici comment était présenté ce cas dans
LDLN n°305 :
5 novembre : un document capital
À Colmar, M. Patrick D., qui avait un caméscope dans sa voiture,
a pu filmer ce qu'il a vu passer dans le ciel. Ce document, d'un
intérêt exceptionnel, a été diffusé sur TF1 le soir du
6 novembre. Le dessin ci-contre a été réalisé d'après cette
séquence vidéo. Le sens du mouvement de l'ensemble est donné par la
traînée que laisse la grosse masse incandescente, en haut à gauche.
Toutes les lumières sont blanches. La thèse du SEPRA ne permet pas de
comprendre pourquoi, pendant plusieurs secondes, on distingue
nettement les 3 côtés du triangle, à l'avant de
l'ensemble.
Et dans le numéro 309, des précisions étaient apportées :
L'exemple qu'il ne fallait pas choisir !
Nous avons déjà attiré l'attention (LDLN 305, p. 18)
sur le document vidéo pris à Colmar le 5 novembre 1990, vers
19 h, et diffusé sur TF1 vingt-quatre heures plus tard. Ce
document montre un ensemble de cinq points lumineux défilant dans le
ciel. L'un d'eux, en haut et à gauche, laisse derrière lui une
traînée. Un autre est isolé, en haut et à droite, et les trois autres,
à l'avant de la formation, sont disposés aux sommets d'un triangle
approximativement équilatéral. À la fin de la séquence, pendant
environ deux secondes, on voit distinctement apparaître les
côtés de ce petit triangle.
L'un de ces côtés fait un angle négligeable avec la direction du
déplacement de l'ensemble (donnée par la traînée en haut, à gauche).
On peut donc, à la rigueur, interpréter ce côté comme une traînée
laissée par le point situé en tête de la formation (en bas, sur
l'image). Mais comment expliquer l'apparition des deux autres
côtés ?
Ce qu'il faut absolument savoir, c'est que ces côtés du petit triangle
sont très nettement visibles sur le document vidéo.
Toutes les personnes qui observent la séquence sur un écran de
télévison le distinguent parfaitement.
Toutefois, ces trois côtés du petit triangle sont nettemnet moins
lumineux que les points eux-mêmes. Leur contraste, sur le fond du
ciel, est assez faible. Il se peut qu'ils ressortent assez mal sur le
cliché ci-dessous. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un cliché
tramé, réalisé à partir d'un tirage papier d'une diapositive faite sur
un écran de télé. Les différentes étapes du processus, entre le
document original et le document imprimé, entraînent un
appauvrissement en cascade de la qualité de l'image. Ce processus
présente notamment l'inconvénient de gommer, assez vite, les
contrastes faibles.
Il aurait été facile de retoucher l'image pour mieux faire ressortir
les côtés du petit triangle, mais j'ai préféré m'en abstenir, quitte à
vous présenter un cliché de qualité nettement moins bonne que
l'original. Nous n'allons tout de même pas nous mettre à tricher, nous
aussi !
Une question, une énorme question, se pose : comment le SEPRA,
avec ses moyens infiniment supérieurs aux nôtres (qui sont
inexistants), avec sa méthodologie tétraédrique, et avec quatorze mois
de recul, peut-il n'avoir pas remarqué ces inexplicables côtés du
petit triangle ? (car officiellement ils n'ont rien remarqué).
Au Palais de la Découverte, le 25 janvier [le SEPRA
avait ce jour-là, moins de trois mois après l'événement, donné une
conférence à Paris], nous n'avons rien appris sur
les phénomènes de rentrée atmosphérique. Aucun renseignement sur les
invraisemblances liées aux dimensions apparentes, ni à la dispersion
dans le temps de certaines observations. Pas le moindre tuyau sur les
dimensions réelles de la rentrée, sur son aspect, vu du sol de
différentes directions. Même sur la trajectoire, nous n'avons
rigoureusement rien appris, et c'est toujours le même flou artistique
qui plane sur toutes ces questions. Aucune des questions
— pourtant énormes — que nous avons soulevées dans LDLN
303, 304, 305 et 306 n'a même été évoquée. Evidemment !
En revanche, on nous a montré de jolies diapos de la lune, d'un nuage,
d'une montgolfière, et même d'une aurore boréale.
À vous de conclure.
On voit dans ces commentaires que c'est bien l'absence de toute
information de la part du SEPRA, alors censé être un service
d'expertise en matière de rentrées atmosphériques, qui a désorienté les
ufologues.
Quant à ce cas, il a suscité un débat dans les numéros suivants de LDLN
(317 et 318), et il apparaît que le « triangle » aperçu sur
quelques images lorsqu'on pousse la luminosité est illusoire : un
des côtés est comme l'a supposé Mesnard une traînée laissée par le point
de tête, le second est une « bavure » du signal vidéo, visible
aussi sur les autres points, et le troisième n'existe pas, il s'agit
juste d'une reconstruction de l'esprit ! Le « triangle »
apparaît lorsque, en raison de l'inclinaison de la caméra, la bavure
semble relier deux des points lumineux, matérialisant un deuxième côté
du triangle. Ce curieux détail expliqué, le film de Colmar, pris par
Patrick Depin, n'a plus rien de mystérieux (d'ailleurs, Joël Mesnard
pensait à l'origine que le mystérieux triangle s'était superposé à la
rentrée atmosphérique).
Notons tout de même que Mesnard, tout en ne considérant plus ce cas
comme probant, note dans un bel euphémisme « qu'il n'est pas
absolument certain que la vidéo de Colmar montre autre chose que la
rentrée de la fusée soviétique » ! Si vous avez un doute, vous
pouvez comparer avec intérêt l'image de la vidéo au dessin fait dans la
même région par Daniel Karcher, qui a immédiatement reconnu une rentrée
atmosphérique :
Lors du reportage « la Mystérieuse Nuit des OVNI »
diffusé par la chaîne Numéro 23 en 2015, Patrick Depin, le
professeur d'art graphique qui a filmé ce phénomène, a raconté son
observation :
Je sors de la voiture et machinalement j'ai les yeux qui sont attirés
vers le ciel du côté ouest, ciel donc qui était bien noir déjà à cette
heure, et je vois une sorte de feu d'artifice un peu raté qui crée
comme trois petites gerbes d'étincelles, mais pas très fortes. Je n'y
ai pas trop prêté attention, donc voilà je m'apprête à entrer dans la
voiture pour la rentrer au garage. Et c'est au moment où je m'assois
dans la voiture que je vois le ciel au-dessus de moi complètement
embrasé pourrais-je dire, par des traînées lumineuses qui avancent de
manière très parallèle, dirigées d'ouest en est. Ni une ni deux je
plonge récupérer la caméra que j'avais laissée dans la voiture,
j'avais l'habitude d'utiliser la caméra de manière répétitive, donc je
sors ma caméra, c'était une caméra d'épaule à l'époque, et je me mets
à filmer. Ce qui m'a frappé, c'était surtout le sentiment, alors
c'était certainement trompeur puisqu'il faisait nuit, que c'était pas
très haut dans le ciel. Ça avait l'air d'être, voilà on avait le
sentiment que c'était une armada qui arrivait et qui allait se poser
un peu plus loin, quoi. Ce que je voyais à l'œil nu, cette espèce de
liaison, apparente en tout cas, entre les trois points. Comme si ces
trois points étaient les trois extrémités d'un objet. C'était
fantastique, c'était absolument incroyable, j'avais vraiment le
sentiment de voir un phénomène absolument unique, c'est une sorte de
sentiment de bonheur quand vous voyez ça.
Ce qui m'a frappé d'abord c'était la régularité et la direction très
parallèle de ces différents points lumineux.
La reconstitution de l'objet dans le reportage est comme d'habitude
assez fantaisiste, et en plus dans le mauvais sens !
Patrick Depin est ensuite rejoint par son épouse :
Les premiers mots que je lui ai adressés ont été « mais tu ne
vois pas ? ils arrivent, ils arrivent ! » Il sont enfin
là, qu'est-ce qui va se passer, en fait ?
Pour moi ça ne faisait aucun doute, ça ne pouvait être
qu'extraterrestre, avec manifestement un débarquement au vu et au su
de tous.
Il est intéressant de remarquer que comme les autres témoins il est
persuadé d'avoir vu un immense vaisseau extraterrestre, alors que tout
le monde a bien compris que lui au moins a observé et filmé la rentrée
atmosphérique ! Il explique aussi comment son document lui a été
acheté par TF1 :
Mais curieusement y avait personne d'autre qui avait eu l'occasion de
filmer ça. J'ai contacté le soir-même me semble-t-il France 3,
pour leur faire part de ce que j'avais pu voir. Voyant le peu
d'empressement de France 3 j'ai contacté France 2 qui eux
m'ont d'emblée proposé effectivement de l'argent, 10000 F à
l'époque pour récupérer ces images. TF1 qui naturellement avait eu
vent de l'affaire m'ont également proposé de l'argent, mais
curieusement beaucoup moins au départ, 1500 F, et c'est au moment
où j'avais donné donc mon accord pour France 2 que Patrick Poivre
d'Arvor donc m'a recontacté pour me dire « écoutez non venez chez
nous, on va vous passer en prime time et on vous donne 15000 ».
Ça peut paraître un peu choquant cette vente au plus offrant, mais après
tout Patrick Depin a eu la chance d'être le seul à avoir filmé le
phénomène, on ne peut pas lui reprocher d'en avoir profité.
Neuilly-sur-Marne
(Seine-Saint-Denis) :
Ensemble de lumières rigoureusement immobile pendant près de 4
minutes. Un des témoignages qui évoquent le mieux la rentrée atmosphérique,
seule la durée a été mal appréciée...
Ce cas reste encore un des favoris de
Joël Mesnard, qu'il aborde dans chacune de ses conférences... Voici
comment il le présentait d'abord dans le n°303 de LDLN :
Témoignage de M. Sandoux :
« Je me trouvais à mon domicile, au 11e étage d'un
immeuble à l'angle de la RN 34 et de l'avenue de Verdun. J'étais
en train de regarder la télévision, assis sur mon canapé, quand mon
regard fut attiré par des lumières en mouvement, à l'extérieur. Je
sortis sur mon balcon, et l'observation commença. Il était
18 h 55, et la nuit était déjà tombée.
Il s'agit d'un engin immobile. Bien qu'il soit, à
mon avis, très proche, l'obscurité ne me permet pas d'apercevoir ses
superstructures. Seuls sont visibles, aux extrémités d'un triangle
équilatéral : en haut, un feu rouge, rond, semblable à n'importe
quel feu de signalisation ; en bas, à gauche, deux feux rouges
semblables à celui du haut, mais décalés horizontalement l'un par
rapport à l'autre ; en bas, à droite, ce que je considère comme
l'extrémité d'une tuyère, ronde, de laquelle sortait un flux de
couleur orange pâle, s'arrêtant net un peu plus
loin. »
Le phénomène est visible en direction de l'est, et la direction
d'observation est pratiquement horizontale : en effet, bien qu'il
ne distingue pas la ligne d'horizon, le témoin estime que seul le
sommet supérieur du triangle est, à coup sûr, au-dessus de la ligne
d'horizon, le reste ayant des chances de se trouver en dessous !
Chaque côté du triangle est grand comme 5 ou 6 fois le diamètre de la
pleine lune. Le témoin évalue la distance d'observation à 50 ou
100 m seulement, mais il n'est pas absolument sûr de l'exactitude
de cette estimation. Voici la suite de son récit :
« Au bout d'environ 4 minutes, l'engin s'est éloigné lentement
vers l'est, la direction d'observation ne variant pas. Il a finalement
disparu dans la brume. Je suis rentré et j'ai alors regardé ma montre
à quartz (dont je contrôle régulièrement l'exactitude) : il était
19 h 02 et quelques secondes. Je n'avais perçu aucun bruit,
tout au long de l'observation. »
Dans le numéro 306, après avoir rencontré le témoin (quand ?
Ça n'est pas dit, mais le dépôt légal de ce numéro est datée du
troisième trimestre 90, ça n'était donc pas plus de quelques semaines
après l'observation), Mesnard complétait cette enquête :
Nous avons signalé cette importante observation dans LDLN 303,
p. 29. Voici quelques compléments à son sujet. Rappelons que le
témoin, M. Jean-Pierre Sandoux, se trouvait au 11e
étage d'un immeuble, et qu'il est aussitôt sorti sur le balcon pour
observer le phénomène.
1ère phase : ensemble de trois gros points verts
visible en direction du sud-sud-est, les deux points inférieurs se
trouvant sous la ligne d'horizon. Le témoin estime alors la distance à
50 ou 100 mètres, et l'altitude du phénomène par rapport au sol à
une trentaine de mètres. Cette première phase dure environ
5 secondes. L'ensemble des trois lumières vertes se met à pivoter
autour de son centre. Le témoin se lève alors, tire le rideau, ouvre
la porte-fenêtre, et se précipite sur son balcon.
2ème phase : cette phase va durer entre 3 minutes
et demie et 4 minutes. Arrivant sur le balcon, le témoin découvre
l'ensemble de 4 lumières (trois rouges et une, plus grosse, orange)
décrit dans LDLN 303. L'ensemble est absolument
immobile ; aucune vibration, aucun bruit. Si une structure relie
les lumières, le témoin ne la distingue pas dans l'obscurité.
Pourtant, il lui semble que le phénomène ne se trouve qu'à une
trentaine de mètres de lui, à peu près à l'autre extrémité de
l'immeuble. Pour voir les deux points rouges situés dans le coin
inférieur gauche du triangle, il doit se pencher légèrement sur la
barre d'appui du balcon : ces deux points se situent à peu près
dans le prolongement de la façade de l'immeuble, à peine au-dessus du
niveau des yeux du témoin. Chaque côté du triangle est visible sous un
angle de 25 à 30°. Le témoin a le temps d'observer l'extrémité du
« faisceau » tronqué qui sort de la « tuyère »
orange, vers le bas et vers la droite. Son extrémité a la forme d'une
ligne de créneaux dont les minima et maxima alternent comme
l'indiquent les flèches sur le dessin, comme si le faisceau était une
juxtapositoin de tubes glissant les uns sur les autres, animés d'un
mouvement sinusoïdal.
3ème phase : l'ensemble s'éloigne lentement vers
l'est, c'est-à-dire parallèlement à la façade de l'immeuble, en ligne
droite et à altitude constante. Au bout d'une trentaine de secondes,
il disparaît au loin, dans la brume.
Une autre source est une lettre envoyée par le témoin le 13 novembre à
Franck Marie, que l'on trouve en page 403 de son livre OVNI Contact :
Il est évident que ce témoin a vu la rentrée atmosphérique qui
s'éloignait vers l'est. Il a dû l'observer depuis son balcon à partir de
19 h 01, peu après le passage au plus près qui a sans doute
attiré son attention, et a pu la suivre de ce point de vue privilégié
jusqu'à 19 h 02' 30", après le passage de la frontière
allemande.
Cette explication paraît invraissemblable à Joël Mesnard qui note pour
sa part que le témoin aurait dû se tromper :
1) Sur l'heure, d'une dizaine de minutes, alors qu'il surveille
de très près la dérive (négligeable) de sa montre à quartz, et qu'il
est certain de l'heure qu'il a notée.
Pour arriver à cette « dizaine de minutes d'erreur », Mesnard
met en relation le DÉBUT de l'observation du témoin avec la FIN de la
rentrée atmosphérique estimée à 19 h 06 par le télex de la
NASA, ce qui est une méthode de calcul pour le moins curieuse pour un
ancien professeur de mathématiques ! Si on compare cette fin du
phénomène avec la fin de l'observation mentionnée par le témoin,
19 h 02 et quelques secondes, l'erreur se réduit à quatre
minutes, ce qui est déjà plus raisonnable ! Mais en fait, et on
peut pardonner à Mesnard de ne l'avoir pas su puisque j'avais moi-même
été trompé, il y avait une erreur à ce sujet dans
le télex de la NASA, et la rentrée atmosphérique disparaissait à
l'horizon de ce témoin précisément à 19 h 02' 30" (ou un
peu avant s'il y avait de la brume comme le témoin le dit) !
2) Sur la durée et la fixité du phénomène, puisqu'il l'a
observé, rigoureusement immobile (avec comme repère rien moins que la
façade de son immeuble), pendant environ quatre minutes (certainement
pas moins, dit-il, de trois minutes et demie). C'est trois fois le
temps mis par la fusée soviétique pour aller de La Rochelle à
Strasbourg !
Effectivement, le témoin a dû observer le phénomène pendant une minute
et demie après la « première phase », soit beaucoup moins que
son estimation à quatre minutes. Mais on sait bien que les estimations
de durée sont très imprécises, surtout quand on observe quelque chose de
très inhabituel... La seule mention objective du témoignage est l'heure
de la fin de son observation, qui était précisément l'heure de la
disparition de la rentrée atmosphérique.
Et pendant cette minute et demie d'observation, le phénomène qui
s'éloignait vers l'est n'a parcouru qu'un angle d'environ 35 degrés...
Cet objet qui mettait une dizaine de secondes pour parcourir sa propre
longueur pouvait être assimilé à un avion de ligne volant à la vitesse
de 15 km/h, ce qui est assez inhabituel !
Notons au sujet de la façade de l'immeuble prise comme point de repère
que le témoin explique qu'il a dû se pencher un peu sur la rambarde de
son balcon pour voir les deux points de tête... On peut se demander
comment il a connu l'existence de ces points de tête s'ils n'étaient pas
visibles sans qu'il y ait à se pencher dans un premier temps,
puisqu'aucune structure n'était visible entre les points ! Notons
enfin que cette façade d'immeuble dans l'alignement du balcon se trouve
précisément à un azimut de 79,5° (merci Google Maps !), et que la
rentrée disparaissait à l'horizon à 19 h 02' 30", à un
azimut de 76° pour peu que l'horizon soit parfaitement dégagé vers l'est
(ce qui semble le cas depuis un 11e étage : c'est la
direction de la vallée de la Marne)... Il fallait donc bien se pencher
un peu sur le balcon pour observer la disparition du phénomène.
3) Sur toutes les indications d'angles, et notamment sur la
hauteur de la base du phénomène, qu'il situe au voisinage de
l'horizon, voire un peu en dessous.
Le témoin écrivait pourtant le 13 novembre à Franck Marie que la base du
phénomène se trouvait 2 à 5 m plus haut que lui-même, ce qui pour
une distance estimée à 15 à 30 m correspondrait à un angle
au-dessus de l'horizon de 8 à 10° ; la hauteur angulaire de la
rentrée était de 18° à 19 h 01, et 3° à 19 h 02...
Dans cette même lettre, il précisait aussi que c'étaient les lumières
vues pendant la « première phase » de l'observation qui se
trouvaient sous l'horizon, mais ça paraît douteux qu'il ait pu voir des
lumières plus bas que l'horizon alors qu'il était à l'intérieur et assis
sur son canapé.
En ce qui concerne les dimensions angulaires, on trouve dans le numéro
306 de LDLN une photo du témoin écartant les bras de quelque
70 cm. Si l'on se réfère plutôt à son témoignage, chaque côté du
triangle est estimé à 25 ou 30°, soit environ 30 cm à bout de bras
(il dira 50 dans sa lettre à Franck Marie). Mais si on lit son premier
témoignage, paru dans le numéro 303 de la même revue, ces dimensions
sont estimées à 5 ou 6 diamètres lunaires, soit seulement 3 cm à
bout de bras ! Bien sûr, une large surestimation des dimensions
apparentes est chose courante chez les témoins moyens, et Joël Mesnard
l'indique souvent, mais quand un témoin ne fait pas la différence entre
70 centimètres à bout de bras et cinq ou six diamètres lunaires on
ne peut guère se fier à ses estimations angulaires, et une enquête
objective devrait au moins le signaler ! La rentrée atmosphérique
devait présenter une dimension d'une quinzaine de centimètres à bout de
bras au début de l'observation à 19 h 01, et trois peu avant
la disparition à l'horizon.
4) Sur la distance d'observation, qu'il évalue à une trentaine
ou une cinquantaine de mètres, alors que la fusée soviétique
s'éloignant vers l'est se trouvait à une distance au moins cinq mille
fois supérieure.
Là encore, Joël Mesnard signale très souvent dans sa revue que l'on ne
peut apprécier les distances supérieures à une cinquantaine de mètres...
L'individu moyen ne fait aucune différence entre cinquante mètres et
l'infini ! Alors, pourquoi ne pas le rappeler ici, au lieu
d'insister sur la notion absurde de facteur d'erreur ? Oserait-t-il
user de cet argument dans le cas d'une confusion avec l'étoile
Rigel ?
Citons encore le numéro 304 de sa revue (page 16) : Les
estimations de distance, ou d'altitude, pour cette soirée du 5
novembre, sont à prendre avec la plus extrême prudence. Sauf cas
particulier, cela signifie qu'on ne peut en tenir aucun compte. Notons
quand même que d'une manière générale, on a affaire à des
sous-estimations de la distance, et qu'elles sont bien souvent
colossales.
Bref, n'en tenez aucun compte sauf quand ça vous arrange !
Et en outre on ne sait pas d'où Mesnard sort ces « trentaine ou cinquantaine
de mètres » alors qu'il est indiqué aussi bien dans le numéro 303
que dans le numéro 306 de sa revue que le témoin estimait la distance à
50 à 100 m, en ajoutant qu'il « n'était pas absolument sûr
de l'exactitude de cette estimation ».
Remarquons enfin qu'une telle proximité du phénomène serait difficilement conciliable
avec sa disparition dans la brume par temps clair...
5) Sur l'aspect du phénomène, qui est sans rapport avec
l'ensemble des autres descriptions.
Encore une affirmation infondée. Le témoin ayant observé depuis un point
de vue privilégié le phénomène qui s'éloignait vers l'Allemagne, on doit
comparer sa description avec les témoignages de l'est de la France,
plutôt que de la région parisienne. Par un heureux hasard, on a pour
l'est de la France mieux qu'un témoignage : un enregistrement
vidéo ! Il s'agit bien sûr du film tourné à Colmar. Redressez la
photo extraite de ce film pour que la traînée soit horizontale, inversez
la direction, Colmar se trouvant à l'inverse de Neuilly-sur-Marne au sud
de la trajectoire de la rentrée atmosphérique, réduisez la largeur pour
corriger la perspective, et rougissez les lumières de cette rentrée
atmosphérique vue au loin et bas sur l'horizon...
Ne faut-il pas un certain aveuglement pour ne pas trouver quelques
similitudes entre la vidéo ainsi modifiée (à gauche) et le desssin
du témoin (à droite) ?
Et la description d'un « faisceau tronqué » sortant d'une
« tuyère » évoque quantité de descriptions de la rentrée
atmosphérique.
En conclusion, il me semble évident que ce témoin a observé la rentrée
atmosphérique et rien d'autre, et ses erreurs d'appréciation (durée,
immobilité, dimension angulaire) apparaissent minimes quand on ne
cherche pas à les exagérer. Si l'on préfère considérer que notre témoin
ne s'est pas du tout trompé sur la durée de son observation, il faut
admettre qu'il serait resté sur son balcon entre 18 h 55 et
19 h 02, sans remarquer la rentrée atmosphérique très
spectaculaire, parfaitement visible entre 18 h 59 et
19 h 02 et passant au plus près, sous son nez pourrait-on
dire, à 19 h 00' 30", à une hauteur angulaire de
26° !
Il reste un doute pour la première phase de son observation, lorsqu'il a
eu son attention attirée durant quelques secondes par trois lumières
VERTES effectuant une rotation, qu'il situait peut-être en dessous de
l'horizon... Peut-être s'agissait-il d'un reflet de la rentrée
atmosphérique qui passait au plus près. Notons que si l'on suit le
témoignage ces lumières ont été vues à travers un rideau. Il faudrait
savoir quel était le champ de vision du témoin alors qu'il regardait la
télévision, mais ça n'est pas précisé. Mesnard a résumé cette première
phase en cinq lignes, préférant insister sur la suite, beaucoup plus
spectaculaire mais parfaitement identifiée... Dommage !
Gretz-Armainvilliers
(Seine-et-Marne) :
Un objet de grande taille plonge, redresse, et remonte. Les six témoins décrivent parfaitement la rentrée, l'un d'eux fait une
banale erreur d'appréciation pendant les premières secondes
d'observation...
Voici un cas apparemment très solide en
raison du nombre et de la qualité des témoins : six (et pas huit,
nous verrons plus loin comment Mesnard en est arrivé à en ajouter un,
puis deux), dont un commandant de bord d'Air-France (Jean-Gabriel
Greslé, auteur depuis de plusieurs livres sur les ovnis).
Il s'agit probablement du cas qui a été le plus commenté, lisons donc
les différentes sources avant d'en discuter, à commencer par LDLN
n°306 :
Entre 19 h 00 et 19 h 02,
Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne)
Cette observation est à considérer comme l'une des plus importantes de
la soirée, pour plusieurs raisons : tout d'abord, elle a été
faite par sept personnes, parmi lesquelles un technicien de
l'aéronautique et un pilote professionnel dont les longues carrières,
dans l'armée de l'Air puis dans l'aviation civile, en font des
observateurs particulièrement qualifiés. Mais surtout, les manoeuvres
effectuées par le phénomène sous les yeux de ces témoins permettent
d'écarter toute tentative d'explication par la rentrée de l'engin
soviétique dans l'atmosphère.
L'événement s'est déroulé en trois phases.
Première phase (un seul témoin) : Six personnes
se trouvent en plein air, à l'extrémité sud-est de l'agglomération de
Gretz-Armainvilliers, où elles attendent l'arrivée d'une septième (qui
sera le septième témoin). Soudain, M. André Bouteloup [Les
noms des témoins n'étaient pas mentionnés, mais certains se sont
présentés dans une émission de télévision dont nous reparlerons]
(c'est le technicien en aéronautique) voit, dans une direction
comprise entre le sud-ouest et le sud-sud-ouest, un objet qui porte
plusieurs sources lumineuses et qui se rapproche très vite, non pas
comme s'il fondait directement sur les témoins, mais plutôt comme s'il
allait passer un peu sur leur droite. M. Bouteloup estime son
angle de descente à environ 15°.
Un instant après le début de cette première phase, deux
« projecteurs », d'un jaune clair, s'allument sous la chose.
Avec deux autres sources lumineuses également jaunes, situées plus
haut, ils dessinent à peu près un trapèze, dont la base supérieure est
la plus grande. Ces deux projecteurs émettent des faisceaux coniques
(jaunes également), orientés vers le bas, de très faible ouverture
(quelques degrés seulement), c'est-à-dire presque cylindriques. Leurs
extrémités sont coupées net, mais leur caractère étrange ne se limite
pas là, car M. Bouteloup, pour les décrire, parle de
« lumière inerte », et garde l'impression « d'une tache
de lumière, plutôt qu'un éclairage ».
À gauche, donc sur le flanc droit de la chose (puisqu'elle est vue
presque de face), il distingue une rangée de « hublots »,
jaunes eux aussi. Il les voit à peu près comme des carrés et,
supposant qu'il s'agit bien de quelque chose comme des hublots
disposés sur le côté d'un appareil, imagine que, compte tenu de la
perspective, ils devaient plutôt être rectangulaires. Il s'écrie, à
l'attention des cinq autres membres du groupe (qui n'ont encore rien
vu) : « Mais... où il va, celui-là ? Il va se poser
dans la cour ? » Au même instant, les deux faisceaux
lumineux s'inclinent, comme si l'ensemble lui-même s'inclinait pour
effectuer un virage sur sa droite.
Deuxième phase (six témoins) : En effet, passé
le temps que les cinq autres personnes tournent la tête, voilà la
chose qui défile devant eux, de droite à gauche, sur une trajectoire
horizontale orientée d'ouest en est. Quelque chose comme les détails
d'une structure, à peine visibles dans l'obscurité, fait que cela
ressemble à une sorte de pont métallique gigantesque, qui viendrait
ainsi se promener, un peu au sud de la nationale 4 (les témoins
n'en sont éloignés que de quelques mètres) et parallèlement à
elle ! On voit toujours, mais de profil cette fois, les deux
projecteurs qui partent du coin inférieur avant. Ils ne sont pas
verticaux, mais un peu inclinés vers l'avant. Leur extrémité
inférieure est-elle toujours tronquée « comme un
saucisson » ? Nous l'ignorons, car des arbres limitent le
champ de vision des témoins.
On voit également un certain nombre de lumières rouges disséminées sur
la « structure », et certains des témoins notent quatre
autres lumières rouges dessinant comme un losange, nettement au-dessus
de l'objet principal, vers l'arrière. On voit surtout, en-dessous,
partant à peu près du milieu de la chose, deux très longs tubes
lumineux, de couleur blanche, horizontaux, de section rigoureusement
constante, et de luminosité également constante, sauf vers leur
extrémité, où elle décroît très rapidement. (Nous avons là une
analogie très nette avec quantité d'observations faites le même soir,
à la même heure ou quasiment à la même heure, telle celle de
Brétigny).
Cette seconde phase de l'observation s'achève au bout d'une quinzaine
de secondes, l'objet disparaissant « dans un nuage » (selon
M. Jean-Gabriel Greslé, le commandant de bord) ; « dans
ou derrière un nuage » selon M. André Bouteloup, qui est
surpris par la manière extrêmement subite dont l'ensemble cesse d'être
visible. Logiquement, la chose aurait dû disparaître progressivement,
au fur et à mesure qu'elle était occultée par le nuage. Or, ce n'est
pas ce qui s'est produit : cela a cessé d'être visible d'un
coup. Ce détail a évidemment son importance, car il suggère
plus l'extinction d'une image que l'enfoncement d'un
objet matériel (de très grande taille) dans une masse nuageuse.
M. Bouteloup lui-même a eu cette impression.
Troisième phase (un témoin) : Mme Janine
Charmont (que les autres attendent) arrive, au volant de sa voiture,
venant du centre-ville, c'est-à-dire roulant vers le sud-sud-est. Un
peu sur sa gauche (vers le sud-est, à quelques degrés près), elle
observe quelque chose qui lui paraît s'éloigner dans le ciel, en
montant. Cela a l'aspect d'une masse sombre trapézoïdale, avec deux
gros points blancs dans le bas et, sur sa périphérie, 4 à 5
« lampes » jaunes. La lumière des deux gros points blancs
paraît se refléter sur la masse sombre, qui a un aspect grisâtre et
métallique. Mme Charmont parcourt ainsi, en ligne droite, environ
200 m. Elle est arrivée : elle va rejoindre les autres. Elle
cesse d'observer.
L'un des témoins de cette affaire va réagir énergiquement : il
s'agit de Jean-Gabriel Greslé, le commandant de bord, pour qui le
phénomène OVNI n'est pas quelque chose de tout à fait nouveau. Il
commence par contacter, à un niveau élevé, la Météorologie Nationale,
et il obtient des renseignements précis sur les conditions météo. Il
apprend ainsi que le sommet des nuages (des cumulus) se trouvait à
500 m d'altitude. Convaincu que la chose avait disparu dans
le nuage, et non derrière lui, il en déduit que cette absorption du
phénomène dans le nuage s'est produite vers 400 m et, connaissant
la hauteur de la trajectoire au-dessus de l'horizon (environ 30°), la
taille apparente de la chose, il en déduit ses dimensions réelles, qui
sont stupéfiantes : 400 m de long pour le « pont
métallique », 1 km de long pour les « tubes
lumineux » (d'une épaisseur de l'ordre de 8 m),
1 200 m pour l'ensemble. Le phénomène ayant parcouru une
distance de l'ordre de 800 m en 15 à 20 secondes, sa vitesse peut
être estimée aux alentours de 200 km/h.
La trajectoire étant définie sur la carte, des recherches ont été
entreprises en vue de trouver d'autres témoins de l'événement. Elles
n'ont donné aucun résultat, ce qui constitue une raison supplémentaire
de s'étonner. On peut légitimement se demander si ce phénomène, si
spectaculaire selon les sept témoins, était également visible dans
tout le voisinage. La réponse fait défaut, mais il est remarquable que
dans ce cas, autant d'éléments précis aient pu être déduits de
l'analyse des données disponibles.
Peu après, le commandant de bord Jean-Gabriel Greslé a écrit un livre
sur les ovnis (Objets volants non identifiés, un pilote de ligne
parle), dans lequel il a relaté ainsi son observation :
Cette observation à laquelle j'ai participé a fait l'objet d'une
enquête complète effectuée par Joël Mesnard, éditeur de la revue
« Lumières Dans la Nuit » et se trouve relatée en détail
dans le n°306 de cette revue. Nous devions découvrir par la suite que
plusieurs centaines de témoignages variés avaient fait état de
véhicules ou d'assemblages de lumières vus à basse altitude en France
ce même soir entre 18 heures 45 et 19 heures 30.
Au mieux de mes souvenirs, voici la description des faits : il
est 19 heures. Nous sommes un groupe de six pratiquants d'Aïkido
et nous attendons la clef de la salle d'entraînement en bavardant.
André Bouteloup s'est éloigné d'une dizaine de mètres de nous et nous
appelle brusquement. Il a l'impression qu'un avion ou un hélicoptère
descend vers nous et va se poser à proximité. Quand je me retourne
finalement, je vois dans la direction du sud vers la déviation à
quatre voies de la Nationale 4, une structure rectangulaire
balisée de nombreuses lampes rouges qui évoque pour moi un élément de
pont métallique ou la flèche d'une grue. J'observe que cette structure
se déplace dans le ciel, vers l'est, sans aucun support ;
l'imaginant très éloignée, d'une dizaine de kilomètres peut-être, j'ai
un instant l'impression de voir une ville flottante. Une certitude
domine, je n'ai jamais rien vu de semblable ni d'aussi grand dans
l'espace pendant toute ma carrière.
À l'avant, deux phares dirigés en diagonale projettent une lumière
blanche qui semble s'interrompre avant d'atteindre le sol. Ce qui
attire le plus mon attention est un énorme faisceau cylindrique,
horizontal, de lumière opaline très dense qui paraît avoir pour
origine la partie centrale de la « chose ». Autour de ce
tube de lumière bizarre, issu d'une sorte de projecteur attaché à la
structure, des écharpes de brume masquent par intermittence un second
faisceau parallèle au premier. J'ai le temps de tendre le bras pour
évaluer l'épaisseur de l'ensemble (deux doigts et demi environ) et de
noter les proportions du rectangle que forme la structure lumineuse
principale : 1 à 5 à peu près. La longueur des grands faisceaux
lumineux horizontaux est deux fois et demie celle de l'engin et le
diamètre du tube de lumière le dixième de la hauteur. Je fixe ces
proportions dans ma mémoire et, voyant que la structure va disparaître
derrière un grand arbre, je cours vers ma droite pour pouvoir la
suivre un peu plus longtemps du regard. Trop tard ! Je vois
l'extrémité des faisceaux de lumière se fondre dans un nuage bas.
Nous avons à peine le temps de nous interroger sur ce que nous venons
de voir. Janine Charmont arrive avec la clef et nous écoute lui narrer
notre expérience... Nous apprendrons plusieurs mois après qu'elle
avait parfaitement vu dans le ciel une espèce de trapèze sombre qui
s'éloignait en prenant de l'altitude dans la direction du sud-est. À
l'arrière 4 ou 5 lampes jaunes étaient visibles ; à la partie
inférieure deux gros phares se reflétaient sur une surface d'apparence
métallique.
À ma demande, les témoins ont bien voulu rédiger, sans se concerter,
un résumé de ce qu'ils avaient vu. À l'exception d'André Bouteloup,
dont l'observation a été plus longue et plus complète que la nôtre,
nous avons tous décrit, chacun à notre façon, la même chose. Nous
avons tous eu l'impression de nous trouver devant un objet de grande
taille, se déplaçant majestueusement, ou un cigare allongé balisé de
nombreuses lampes colorées, oranges ou rouges. Ces données figurent
dans tous les rapports.
Pour une fois, la présence d'une couche de nuages à faible
développement vertical, entre 350 et 500 mètres, couvrant à peine
3/8 du ciel permet d'évaluer avec une assez bonne précision la
distance de la structure lumineuse observée : quelque
800 mètres. L'épaisseur apparente, appréciée par rapport à celle
des doigts vus à bout de bras (une méthode enseignée par l'US Air
Force) donne pour la hauteur de l'ensemble 80 mètres environ et
pour sa longueur 400 mètres. Moins grand qu'une ville flottante,
cet « engin » avait tout de même des dimensions supérieures
à celles de la tour Eiffel. Sa vitesse pose un problème un peu plus
difficile car si nous n'avons pas chronométré son déplacement nous
pensons qu'il a pu parcourir 45° en 10 à 20 secondes, soit une
vitesse de 150 à 300 km/h. Nous nous accordons tous sur le fait
qu'un silence impressionnant semble avoir couvert tous les bruits
pendant la durée de l'observation.
Ajoutons la transcription du reportage dans l'émission Mystères
d'avril 1993 :
Deux jours à peine après les observations, l'hypothèse de l'OVNI est
déjà écartée. Ce ne serait donc qu'un météorite, un phénomène naturel
parfaitement explicable. En Seine-et-Marne, un homme doute : Jean
Greslé, ancien commandant de bord à Air-France, se souvient de ce
qu'il a vu la nuit du 5 novembre. Il a ce soir-là avec sept
autres personnes, été témoin d'un événement qu'il n'oubliera
jamais :
« Si quelqu'un qui aurait vu ce que nous avions vu acceptait la
thèse officielle, ça voudrait dire qu'il remet complètement en cause
ses propres perceptions. »
Il est 18 heures 55. Jean Greslé qui est professeur d'Aïkido
à ses heures de loisir, attend avec un groupe d'élèves l'ouverture de
la salle de sports. Janine, la secrétaire du club, est en retard, et
c'est elle qui a la clé. C'est alors qu'un des élèves, André
Bouteloup, aperçoit dans le ciel des lumières étranges qu'il n'arrive
pas à identifier :
« Il va se poser dans la cour celui-là ! »
Jean Greslé : « J'ai réalisé que j'avais affaire à quelque
chose que je n'avais jamais vu de ma vie, ça c'est absolument certain,
en 17 000 et plus heures de vol en 40 ans je n'avais jamais rien
vu de semblable dans le ciel, ça c'est certain.
« J'ai vu quelque chose d'inexplicable et ça reste quelque chose
d'inexplicable. Ses dimensions me sont apparues immédiatement comme
gigantesques, cette impression de lenteur majestueuse ça m'a
véritablement frappé. J'ai vraiment eu l'impression de voir passer une
ville dans le ciel... Une ville ! Tellement ça m'a paru
grand. »
André Bouteloup : « Vous savez arriver quand on a
65 ans et travailler dans l'aviation, connaître quand même ce que
c'est qu'un avion et une machine volante, être confronté à ce genre de
chose on peut être étonné. Et par les estimations que nous avons
faites sur le moment, ça nous donne un engin qui devait avoir 3 à
400 mètres de long et 80 mètres d'épaisseur. »
Puis, toujours en silence, l'engin vire lentement et s'éloigne.
Au même moment, 500 mètres plus loin, Janine Charmont se dirige
vers le club de sport. Soudain, elle aperçoit au-dessus des maisons
deux faisceaux de lumière à très basse altitude qui disparaissent au
loin :
« Ça s'est éloigné tout d'un coup. C'est-à-dire que je n'ai pas
pu le suivre comme une trajectoire d'avion ou quelque chose comme ça.
Ça s'est éloigné assez rapidement, c'est une masse qui m'est apparue
comme ça, je l'ai vue par le pare-brise de la voiture puisque j'étais
en voiture, et je l'ai vue disparaître de la même façon que j'ai eu
les yeux dessus. »
Témoignage de Jean-Gabriel Greslé le 6 novembre 1990 :
Alors que nous attendions la clé de la salle polyvalente de Gretz,
Monsieur Bouteloup, attire l'attention du groupe en disant à peu près
« mais qu'est-ce qu'il fait celui là, il va se poser sur
nous ».
Me tournant dans la direction indiquée, vers la déviation de la RN4,
je vis dans le ciel une structure de lumières rouges, certaines fixes
d'autres clignotantes qui dessinaient un rectangle horizontal portant
au milieu de sa base un très fort projecteur de lumière blanche, très
cylindrique émettant à l'horizontale vers l'arrière. L'ensemble avait
une trajectoire apparente horizontale d'ouest en est vue de notre
position environ à 30° au dessus de l'horizontale. À l'avant de cette
structure, deux phares blancs peu intenses étaient dirigés à 45° vers
l'avant. L'impression d'un objet massif venait du fait que les
lumières et les phares ont gardé la même position relative pendant
toute la durée de l'observation et que la vitesse de défilement 5 à
20 degrés par seconde semblait très constante. Après une dizaine
de secondes d'observation, l'objet commença à disparaître derrière un
bouquet d'arbres. Je courus vers la gauche pour le revoir le plus
rapidement possible de l'autre côté des arbres et pus seulement voir
le faisceau des phares arrière blancs disparaître dans un nuage bas.
La nuit était très calme et pratiquement sans vent. La visibilité
était excellente. Les quelques nuages bas ne couvraient qu'une faible
partie du ciel. L'observation s'est déroulée dans un silence complet.
En dehors des lumières rouges et des phares je n'ai pu voir aucun
support massif. Seule la disposition des lumières donnait l'impression
d'une sorte de poutrelle métallique balisée ou d'un élément de pont
flottant comme un dirigeable. Chacune de ces lumières pourrait à la
rigueur avoir été indépendante et simplement maintenir une sorte de
vol en formation. J'ai eu le réflexe de comparer l'épaisseur apparente
de la structure lumineuse avec mes doigts tendus à bout de bras, voir
mon croquis, le résultat est presque exactement une épaisseur égale à
10% de la distance. La longueur était au moins 5 fois l'épaisseur et
la portée des phares horizontaux 2 à 3 fois la longueur de l'engin.
Dans la lumière blanche très intense de ces phares j'ai pu distinguer
comme des volutes grises de brouillard ou de condensation. Par
ailleurs, ces lumières conservaient à peu près la même intensité
quelle que soit la distance de l'origine.
J'ai cru distinguer un second faisceau parallèle au premier, beaucoup
moins intense comme si une sorte de brume entourant le premier le
masquait partiellement. J'avoue m'être surtout concentré sur celui qui
était bien visible. Par la suite je vous fournirai un rapport complet
de mes observations.
Témoignage d'André Bouteloup le 7 novembre 1990 :
Le lundi 05 novembre 1990 à 19 heures, en compagnie de plusieurs
personnes, dont notre professeur d'aïkido et son assistant, nous
attendions rue des Vignolles à Gretz, l'ouverture de la salle des
sports. Mon regard a été attiré par ce que j'avais pris pour un avion
en approche, donc volant très bas et se dirigeant sur Gretz. Mes
premières paroles ont été en plaisantant « il va se poser dans la
cour », ensuite, « il cherche sa piste ». Mais
l'éclairage ne correspondait pas à celui d'un appareil de ligne. On
pouvait distinguer sur l'avant à droite de l'appareil, un éclairage
jaune foncé, à gauche, rouge assez sombre, d'autres éclairages
correspondaient à des feux de position. J'ai vu l'engin infléchir sa
route, pour obliquer en direction perpendiculaire à la ville et se
diriger vers l'est, longeant la RN4. J'ai aperçu des puissants
projecteurs dirigés vers le sol et d'autres orientés vers l'arrière,
et un ensemble de feux rouges sur l'appareil qui ne correspondaient à
rien de connu. Le plus surprenant, vers l'arrière très haut par
rapport à l'éclairage de la structure, quatre feux rouges s'allumaient
chacun à leur tour, par contre il n'y avait aucun feu anticollision,
cet éclairage représentait un carré, dans le plan horizontal. Mes amis
et moi-même, nous sommes déplacés de quelques pas car notre
observation était gênée par les branches d'arbres du parc. L'engin se
déplaçait assez rapidement, sans émettre un seul bruit au cours de son
apparition et disparut derrière les nuages très bas.
La vision de cet objet n'a duré que de vingt à trente secondes. Quant
à la taille de l'engin que je ne peux définir, n'ayant que l'éclairage
comme référence, elle me semble très volumineuse et ne correspond à
rien de connu à ce jour. Je précise que j'étais mécanicien avion 3
correspondant à la qualification de technicien agent de maîtrise à la
compagnie aérienne ?? à l'aéroport du ?? .
Témoignage de M. K , agent de sécurité, le 7 novembre
1990 :
Le 05 novembre 1990, vers 19 h 00, je me trouvais avec des
amis devant la salle polyvalente de Gretz-Armainvilliers, en bordure
de la RN4, nous avons vu dans le ciel une chose gigantesque. Au
premier abord, nous pensons qu'il s'agissait en fait d'un appareil
immense pourvu de lumières rouges sur les deux côtés de l'appareil et
de deux lumières blanches à l'arrière, or, cet appareil ne faisait
aucun bruit, contrairement aux avions dont le bruit du moteur
s'entend.
Nous avons pu établir la longueur et la largeur approximative de cet
appareil qui devait être environ de 30 mètres de large et au
moins de 150 mètres de long sinon plus. Néanmoins il est
difficile de préciser sa grandeur car il devait être assez haut vu
qu'au bout d'une vingtaine de secondes il a disparu dans un nuage.
Témoignage de Mme G , J , épouse B , bibliothécaire,
le 7 novembre 1990 :
Le lundi 05 novembre 1990 vers 19 h 00, je me trouvais avec
des amis dans la salle polyvalente ?? à ??.
Soudain j'ai vu un engin de forme oblongue qui semblait à basse
altitude comme un avion qui va atterrir. Il y avait un phare à
l'arrière blanc et relativement puissant. À l'avant et à l'arrière de
petites lumières blanches et de couleur, comme pour baliser l'objet.
De dimension colossale, l'objet est passé dans un nuage et a disparu.
La durée de l'observation était de une minute environ.
Je précise que l'objet est parti parallèlement à la RN4.
Témoignage de Mme F , professeur de lettres, le 7 novembre
1990 :
Lundi 05 novembre 1990 vers 19 h 00, je me trouvais devant
la salle polyvalente rue des Vignolles à Gretz.
Il faisait nuit, quand soudain j'ai vu un engin arriver, dans un
premier temps il m'a semblé voir un avion, cependant, des lumières
clignotantes blanches et rouges se trouvaient devant et derrière
l'engin semblable à un dirigeable de grande taille. Il y avait une
absence totale de bruit alors que l'engin était à basse altitude. Cela
donnait une impression d'un rectangle allongé ou d'un cigare. Forte
impression d'effet de masse, puis l'engin a disparu dans un nuage en
prenant la direction parallèle à la RN4.
Ajout de Jean-Gabriel Greslé pour le procès-verbal de gendarmerie :
REMARQUES CONCERNANT LES RAPPORTS D'UNE OBSERVATION AERIENNE
Il est en principe impossible de déterminer les dimensions et la
distance d'un objet inconnu. De même, la vitesse ne peut pas être
directement mesurée ; toutefois, la vitesse angulaire de
défilement (en degrés d'angle par seconde ou par minute) peut être
évaluée avec une assez bonne précision.
De même, au cours de l'observation considérée, l'épaisseur (ou
largeur) apparente de la structure observée a pu être appréciée avec
une assez bonne précision en la comparant aux doigts d'une main vus à
bout de bras : nous avons obtenu pour M. Greslé au minimum
trois doigts = 6,5 cm vus à la distance de 64 cm
environ, soit 0,1 ce qui correspond à un angle de 6°. M. K
pense que l'épaisseur était supérieure ce qui voudrait dire qu'il l'a
vu sous un angle de 7 à 8°.
La longueur de la structure était proche de 5 fois son épaisseur. La
portée des phares horizontaux au moins 2 fois et demie la longueur.
La structure a été vue par plusieurs témoins entrant dans un nuage bas
(de type strato-cumulus) ; cela permet une très bonne évaluation
de l'altitude du phénomène soit 200 à 300 m au minimum et 350 à
450 m au maximum. Les témoins s'accordant pour évaluer la
trajectoire à une hauteur angulaire de 30 à 40° au dessus de
l'horizontale, la distance donc les dimensions de l'objet peuvent être
évaluées par un calcul simple avec une assez bonne précision. Cela
n'est presque jamais possible dans le cas d'une observation d'un
phénomène inconnu.
Le calcul confirme les impressions des témoins : la structure
délimitée par les lumières observées était de grandes dimensions, 40 à
60 mètres d'épaisseur, 200 à 300 mètres de longueur !
L'observation de Monsieur Bouteloup a été de loin la plus longue et il
a pu observer la structure avant son changement de direction. Il est
le seul à avoir vu certains détails.
Remarque
Monsieur Bouteloup qui a attiré notre attention sur le phénomène
observé a vu dans un premier temps la structure lumineuse se diriger
vers nous. À ce moment il la voyait de face, les phares ( ?)
avant étaient bien visibles et l'apparence générale était différente.
Au moment où il faisait ses premières remarques, l'engin ( ?)
modifia sa trajectoire qui devint celle que nous avons pu observer. Il
m'a promis un rapport complet.
Fait à ?? 6 novembre 90.
On peut aussi citer le rapport de ce cas fait dans le n° hors-série VSD
de juillet 1998, qui apporte d'utiles précisions :
Gretz-Armainvilliers, 5 novembre 1990>
UNE STRUCTURE DE 300 MÈTRES DE LONG
Un groupe de cinq élèves d'aïkido attendent avec leur professeur, Jean
Gabriel Greslé, la clef de la salle d'entraînement polyvalente de
Gretz-Armainvilliers. La secrétaire qui doit l'amener, Janine
Charmont, est en retard. Il est exactement 19 heures. André
Bouteloup, le doyen des élèves, attire l'attention de ses camarades
sur une lumière intense apparue dans le ciel. Elle s'approche
rapidement et il a l'impression fugitive qu'il s'agit d'un hélicoptère
prêt à se poser sur eux. Les six personnes se retournent et voient
passer une structure énorme, complexe, constellée de nombreuses
sources lumineuses, aussi visibles que des feux rouges de voiture vus à
quelques dizaines de mètres. Elle effectue un virage vers l'est,
parallèlement à la nationale 4 qui passe sur un remblai devant eux.
Deux faisceaux d'une lumière blanche et laiteuse partent à
l'horizontale du centre de la structure et s'étendent vers l'arrière
sur près d'un kilomètre. Deux autres, divergents et situés à l'avant,
sont dirigés vers le sol qu'ils n'atteignent pas tout à fait.
L'ensemble passe lentement dans un silence impressionnant. Pendant
plusieurs secondes, les énormes camions qui roulent en permanence sur
la nationale ne sont plus entendus. La masse entre majestueusement
dans un nuage bas, ce qui permet d'apprécier avec précision son
altitude et par un calcul simple sa distance et ses dimensions :
au moins 300 m de long pour 70 m d'épaisseur. Janine, qui
arrive avec la clef, aperçoit avec stupeur l'engin émerger de la
couverture nuageuse et s'éloigner vers le sud-est. Dès le lendemain,
les témoins se rendent à la gendarmerie et font une déposition. Il
garderont le silence pendant trois ans. L'affaire deviendra finalement
publique. André, Jean, Clément, Jocelyne, Noëlle et Christine forment
le premier groupe de témoins. Janine et une dernière élève, Rosalie,
le deuxième. Un habitant de Presles-en-Brie et son fils ont observé la
troisième partie de la trajectoire. Un quatrième groupe de personnes,
qui avait tout suivi depuis la gare de Tournan-en-Brie, n'a pas
souhaité être identifié.
Ce cas est intéressant, car le professeur d'aïkido, Jean Gabriel
Greslé, était encore commandant de bord au moment des faits. Ses
observations et ses calculs sont ceux d'un expert en aéronautique.
André Bouteloup était technicien au sol dans le même domaine.
Nous avons bien là une observation exceptionnelle, par le nombre et la
qualité des témoins... Notons au sujet du nombre que dans
le rapport de gendarmerie il est écrit : Entendu, Monsieur
Greslé, nous informe qu'il était avec un groupe de quatre personnes
[.../...] Le lendemain, les quatre témoins sont entendus [...]
Il s'agit donc de quatre personnes en plus de lui-même, et on trouve
bien cinq témoignages dans ce procès-verbal... Pourtant, aussi bien Joël
Mesnard dans son enquête dans LDLN que Jean-Gabriel Greslé dans
son premier livre indiquent que le groupe se composait de six
personnes... Et dans VSD, les prénoms des six personnes sont
même donnés. On en déduit que dans les P. V.,
Monsieur K est Clément, Mme G. J. est Jocelyne, et Mme F.
est Noëlle ou Christine. Et en outre sur une photo de cet article on voit en plus
d'un PV de gendarmerie une partie du cahier de Jean-Jacques Velasco, alors directeur du SEPRA,
sur lequel il est écrit dans la colonne « observations » : 6 témoignages.
Peut-être qu'un des témoins (Noëlle ou Christine donc) n'a pas voulu témoigner
à la gendarmerie et a demandé aux autres de ne pas le mentionner. Jean-Gabriel Greslé
a précisé ailleurs qu'une des participantes était tellement choquée
par son observation qu'elle n'a pas voulu en parler et n'est plus jamais venue aux cours d'aïkido.
Revoyons la présentation de l'objet dans LDLN :
Voilà qui ne ressemble vraiment pas à la rentrée atmosphérique ! Et
pourtant...
L'heure, entre 19 h 00 et 19 h 02, correspond à la
minute près à celle du passage au plus près de ce phénomène ; le
cap suivi lors de la phase principale, parallèle à la nationale, est à
quelques degrés près celui de la rentrée atmosphérique ; la hauteur
angulaire est estimée entre 30 et 40° par les différents témoins, et
Greslé qui en tant que pilote était sûrement le plus familiarisé avec
une telle estimation et qui est le seul à avoir pris des repères
l'estime à 30°, et celle de la rentrée atmosphérique était de 28° lors
du passage au plus près.
Greslé a aussi estimé les dimensions angulaires de
« l'objet », de l'ordre de 30° de longueur sans la traînée et
6° de hauteur ; ça correspond bien à d'autres estimations précises
par des témoins situés dans la même région, et à des dimensions
courantes pour l'ensemble des débris d'une rentrée atmosphérique :
rapporté à la distance de la rentrée (200 km au plus près), cela
correspondrait à des débris dispersés sur 20 km en hauteur et une
centaine en longueur.
La vitesse de déplacement est plus imprécise, aucun témoin n'ayant
chronométré la durée de passage, mais Greslé estime que l'objet a
parcouru 45° en 10 à 20 secondes avant de disparaître (c'est ce
qu'il écrit dans son livre ; il était un peu plus imprécis dans le
rapport de gendarmerie : 5 à 20 degrés par seconde, soit 2 à
9 secondes pour parcourir les 45°, ou 3 à 12 secondes s'il
parle de la vitesse angulaire au plus près ; et dans LDLN il dit que l'objet passait
au plus près à 800 m et parcourait 800 m en 15 à 20 s, soit
un angle de 53°) ; les autres témoins
estiment cette même durée à 20 à 30 s pour l'un, une minute pour un
autre. La rentrée atmosphérique mettait à peu près 22 s pour
parcourir ces 45°, ce qui est plutôt en bon accord avec les estimations
purement subjectives des témoins.
L'aspect de l'objet tel qu'il est dessiné comporte par contre un certain
nombre d'anomalies :
D'abord, il y a les structures joignant les différentes lumières... Mais
il suffit de lire la déposition de Jean-Gabriel Greslé au lendemain de l'observation
pour savoir ce qu'il en est : En dehors des lumières rouges et des phares je
n'ai pu voir aucun support massif. Seule la disposition des lumières
donnait l'impression d'une sorte de poutrelle métallique balisée ou
d'un élément de pont flottant comme un dirigeable. Chacune des
lumières pourrait à la rigueur avoir été indépendante et simplement
maintenir une sorte de vol en formation. Aucun autre témoin ne
parle de structure quelconque, l'un d'eux parle juste d'une impression
d'un rectangle allongé ou d'un cigare. Forte impression d'effet de
masse. Pas très convaincant non plus !
Certaines lumières apparaissent alignées sur le dessin, mais dans son
rapport Greslé indique juste que les lumières dessinaient un
rectangle, et dans son témoignage dans LDLN il parle de
lumières disséminées sur la « structure »... Un autre
témoin parle de l'impression d'un rectangle allongé ou d'un cigare, un
autre parle d'un engin de forme oblongue, mais personne ne
mentionne un alignement des lumières.
Il reste à évoquer les deux monstrueux « faisceaux tronqués »
dirigés vers le bas à l'avant de la structure, qui constituent la grosse
anomalie de la description.
Voyons ce qu'en dit Greslé quand il décrit son observation dans son
livre paru en 1993 :
À l'avant, deux phares dirigés en diagonale projettent une lumière
blanche qui semble s'interrompre avant d'atteindre le sol. Ce qui
attire le plus mon attention est un énorme faisceau cylindrique,
horizontal, de lumière opaline très dense qui paraît avoir pour
origine la partie centrale inférieure de la « chose ».
Ainsi, Greslé nous parle de ces faisceaux tronqués verticaux, mais c'est
plutôt le long faisceau horizontal, beaucoup plus lumineux, qui a attiré
son attention. Dans son rapport à la gendarmerie, il écrivait : deux
phares blancs peu intenses étaient dirigés à 45° vers l'avant... À
comparer au très fort projecteur de lumière blanche, très
cylindrique émettant à l'horizontale vers l'arrière... Il y a donc
une très forte différence d'intensité entre les « faisceaux
tronqués à l'avant » et les « tubes lumineux à
l'arrière » !
Aucun autre témoin ne parle de ces faisceaux verticaux à l'avant, au
contraire ils différencient bien la ou les deux grosses lumières à
l'arrière des petites lumières à l'avant et sur le côté.
Il est donc tout à fait clair que seul le premier témoin, André
Bouteloup, a vu ces « faisceaux tronqués » à l'avant pendant
les premières secondes de son observation. Il écrivait dans son
rapport : j'ai perçu des puissants projecteurs dirigés vers le
sol et d'autres orientés vers l'arrière. On ne retrouve pas chez
lui cette différence d'intensité ! C'est aussi André Bouteloup qui
a vu l'objet faire un virage. Nous reviendrons sur ces deux grosses
anomalies, mais contentons-nous pour l'instant de remarquer qu'aucun des
témoins n'a vu l'objet tel qu'il est dessiné, de profil avec ces deux
monstrueux faisceaux tronqués !
Dans Lumières dans la nuit, Greslé explique pourquoi ces
faisceaux n'étaient pas vus : On voit toujours, mais de profil
cette fois, les deux projecteurs qui partent du coin inférieur avant.
Ils ne sont pas verticaux, mais un peu inclinés vers l'avant. Leur
extrémité inférieure est-elle toujours tronquée « comme un
saucisson » ? Nous l'ignorons, car des arbres limitent le
champ de vision des témoins.
Il serait intéressant de savoir quelle est la hauteur angulaire de ces
arbres qui masquaient « l'extrémité des faisceaux »... Pour en
avoir le coeur net, je me suis rendu sur place, et j'ai constaté qu'il y
a effectivement une rangée d'arbres le long de la nationale, dont la
hauteur atteint au plus près environ 25° au-dessus de l'horizon. J'ai
depuis perdu les photos que j'avais prises, mais maintenant il y a
Google Street View qui permet de voir les lieux sans se déplacer :
Les témoins se trouvaient devant l'entrée à gauche de la route juste
après les barrières de chantier. La rangée d'arbres en question est à
droite, et on voit à gauche le bouquet d'arbres qui a gêné l'observation
à la fin.
La rangée d'arbres culmine donc à quelque 25° de l'horizon depuis le
site d'observation, à peine plus bassse que la rentrée atmosphérique, ou
que l'ovni dont la hauteur sur l'horizon était évaluée par Greslé à 30°.
Et donc, les fameux faisceaux, que Greslé n'a pas vraiment remarqués et
dont les autres témoins à part le premier ne mentionnent absolument pas
l'existence, étaient presque entièrement cachés par les arbres.
Mais en fait, j'ai constaté aussi qu'en plein automne ces arbres
dépouillés de leurs feuilles ne masquent rien du tout (c'est assez
apparent sur la photo de Google Street View qui a dû être faite à cette
saison) : j'ai vu parfaitement la lune au travers ! Des
faisceaux, surtout tels que décrits par le premier témoin comme de
« puissants projecteurs » alors que l'objet se trouvait plus
loin, auraient été parfaitement visibles derrière ces arbres. Et il y a
en outre une trouée dans cette rangée d'arbres précisément dans la
direction au plus près du phénomène, juste avant qu'il ne soit masqué
par un grand arbre sur la gauche.
Il faut donc se rendre à l'évidence : ces faisceaux tronqués
verticaux n'existaient pas, ou s'étaient éteints après avoir été vus par
le premier témoin. Et il est manifeste que Greslé a été influencé par le
témoignage de son ami qui est le seul à avoir vu ces faisceaux.
Maintenant, on peut se faire une bonne idée de ce que les six témoins
ont vu passer devant eux : sur le dessin que Joël Mesnard brandit
sans cesse depuis vingt ans pour se gausser de ceux qui n'y voient
qu'une rentrée atmosphérique, vous enlevez les « structures »
que personne n'a vues, vous enlevez les faisceaux des deux lumières à
l'avant qui n'étaient pas ou plus là, vous faites une des deux traînées
à l'arrière beaucoup moins longue et lumineuse que l'autre comme Greslé
le précisait, vous ajoutez un peu de « brumes » sur l'autre,
et vous éparpillez les autres lumières dans une surface vaguement
rectangulaire, cigaroïde ou oblongue, en plus d'un petit groupe de
lumières plus haut :
Voilà que miraculeusement, en ayant supprimé de la
« reconstitution » mesnardienne tous les détails imaginaires,
on obtient une excellente représentation de la rentrée atmosphérique,
tout à fait comparable aux autres descriptions de la région !
Revenons maintenant aux faisceaux tronqués et au virage mentionnés par
André Bouteloup...
C'est dans Lumières dans la nuit que l'on trouve une description
de la première phase de son observation :
Soudain, M. A.B. (c'est le technicien en aéronautique) voit,
dans une direction comprise entre le sud-ouest et le sud-sud-ouest, un
objet qui porte plusieurs sources lumineuses et qui se rapproche très
vite, non pas comme s'il fondait directement sur les témoins, mais
plutôt comme s'il allait passer un peu sur leur droite. M. A.B.
estime son angle de descente à environ 15°.
Un instant après le début de cette première phase, deux
« projecteurs », d'un jaune clair, s'allument sous la chose.
Avec deux autres sources lumineuses également jaunes, situées plus
haut, ils dessinent à peu près un trapèze, dont la base supérieure est
plus grande. Ces deux projecteurs émettent des faisceaux coniques
(jaunes également), orientés vers le bas, de très faible ouverture
(quelques degrés seulement), c'est-à-dire presque cylindriques. Leurs
extrémités sont coupées net, mais leur caractère étrange ne se limite
pas là, car M. A.B., pour les décrire, parle de « lumière
inerte », et garde l'impression « d'une tache de lumière,
plutôt qu'un éclairage ».
À gauche, donc sur le flanc droit de la chose (puisqu'elle est vue
presque de face), il distingue une rangée de « hublots »,
jaunes eux aussi. Il les voit à peu près comme des carrés et,
supposant qu'il s'agit bien de quelque chose comme des hublots
disposés sur le côté d'un appareil, imagine que, compte tenu de la
perspective, ils devaient être plutôt rectangulaires. Il s'écrie, à
l'attention des cinq autres membres du groupe (qui n'ont encore rien
vu) : « Mais... où il va, celui-là ? Il va se poser
dans la cour ? » Au même instant, les deux faisceaux
lumineux s'inclinent, comme si l'ensemble lui-même s'inclinait pour
effectuer un virage sur sa droite.
Voilà comment on peut reconstituer ce qu'il a observé dans cette
« première phase » d'après sa description dans LDLN :
Et maintenant, voici à peu près comment devait se présenter la rentrée
atmosphérique en approche vue depuis la région parisienne :
Notons que la description d'André Bouteloup dans LDLN est
manifestement très idéalisée : dans son témoignage à la gendarmerie
seulement deux jours après son observation, il ne parlait aucunement
d'une rangée de hublots carrés parfaitement alignés, plutôt de lumières
rouges ressemblant à des feux de position, et il n'était même pas
question que les faisceaux des « puissants projecteurs » aient
été « coupés net »... Par contre, la description dans ce PV
est très vague, et synthétise les deux phases de son observation.
Gardons donc la description de LDLN dans ses grandes lignes, et
remarquons qu'elle présente d'importantes similitudes avec la rentrée
atmosphérique, mais avec un sens de déplacement inversé !
Alors, mon sentiment est que ce premier témoin s'est trompé sur le sens
de déplacement de l'objet pendant les toutes premières secondes de son
observation, et que cela explique en même temps les deux grosses
anomalies de son témoignage :
Ce sont les traînées d'air ionisé de la rentrée qu'il a prises pour des
faisceaux verticaux tronqués, dont la description de « lumière
inerte », de « tache de lumière, plutôt qu'un
éclairage », est du reste assez proche de la réalité. Voyant que ces
« faisceaux » s'inclinaient peu à peu alors que l'objet
approchait, il a cru très logiquement que celui-ci amorçait un virage à droite...
Il a dû perdre l'objet des yeux quelques instants alors qu'il attirait
l'attention de ses amis en allant vers eux, et ensuite il lui a rendu
son véritable sens de déplacement. Incapable de comprendre qu'il avait
fait une erreur d'appréciation, il a pensé que l'objet avait achevé son
virage, que des projecteurs arrière s'étaient allumés, et que les
faisceaux avant étaient masqués par les arbres.
On sait que ce témoin se trouvait à l'écart des autres, du fait qu'il
venait de garer sa voiture : il était excité par son observation,
c'était le seul parmi les six à se déplacer, la rentrée atmosphérique se
déplaçait lentement alors qu'elle était vue en approche, la méprise est
tout à fait compréhensible et n'a duré que le temps qu'il appelle ses
camarades.
Et voilà comment une simple erreur d'appréciation mineure d'un des
témoins parmi les six transforme une parfaite description de la rentrée
atmosphérique en un énorme ovni !
Et notons en tout cas qu'un seul témoin a vu le « virage »,
c'est d'ailleurs tout à fait clair sur le schéma qu'a fait Greslé dans
son livre, reproduit dans VSD, où il indique les directions
limites d'observation par le groupe : elles concernent uniquement
la partie rectiligne de la trajectoire qu'il a reconstituée. Mesnard
ment donc tout simplement lorsqu'il écrit que les manoeuvres
effectuées par le phénomène sous les yeux de ces témoins permettent
d'écarter toute tentative d'explication par la rentrée de l'engin
soviétique dans l'atmosphère !
Au fait, n'était-il pas question d'un deuxième virage ? Oui, c'est
la « troisième phase » de l'observation décrite dans Lumières
dans la nuit. Et cela s'appuie uniquement sur le fait qu'un
septième participant, Janine Charmont, n'était pas encore arrivée et
avait vu en voiture l'objet qui s'éloignait,
« de dos »... Puisqu'elle a vu « de dos »
un ensemble de lumières porté par une « masse sombre », c'est
que l'engin avait tourné, évident non ? Je vous laisse apprécier la
valeur de cette déduction, sachant en outre que ce témoin ajouté pour
fabriquer un virage n'a parlé de son observation qu'après plusieurs
mois, comme nous l'apprend Greslé dans son livre ! Notons que dans
VSD, il est dit que Janine Charmont était accompagnée d'une autre
élève, Rosalie, mais elle n'est mentionnée nulle part ailleurs et on ne
sait rien de ce qu'elle a vu.
Le deuxième virage n'existe donc pas, Mesnard n'en parle d'ailleurs
plus, mais il continue par contre à faire état d'une
« remontée » finale tout aussi imaginaire : aucun des
témoins réunis ne mentionne rien de tel, c'est encore Janine Charmont,
qui se déplaçait en automobile lors de son observation et qui n'a
témoigné qu'après plusieurs mois, qui mentionne cette autre étrangeté.
L'observation de Presles en Brie
Mais le nombre de témoins de cette observation ne cesse
d'augmenter, puisque nous avons vu que dans sa carte de « trente
exemples flagrants » Mesnard mentionne huit témoins. J'avais résumé
cela ainsi :
De son côté, l'enquêteur Joël Mesnard prétend dans un résumé récent
que huit témoins (six en réalité... Le septième a été rajouté pour
fabriquer un virage, et le huitième dans la dernière version pour
donner encore plus de poids à l'observation) ont observé une structure
métallique comparée à un pont métallique illuminé plonger vers le sol,
redresser puis remonter et disparaître.
Ayant appris qu'un « olibrius » avait écrit cela, il s'en est
expliqué dans une conférence donnée lors des rencontres de Châlons en
Champagne.
Les deux témoins ajoutés ont été trouvés et interrogés par Jean-Gabriel
Greslé, ils ne sont pas imaginaires. Notons d'abord que si ce sont deux
nouveaux témoins qui ont été trouvés, ça devrait faire un total de neuf
et pas huit (ou même dix en comptant Rosalie) ! Mesnard a-t-il donc
renoncé entre-temps à ce témoignage qui lui permettait d'ajouter un
virage final que personne n'avait observé, pas plus que la remontée
finale ? Il persistait pourtant lors de cette même conférence à
prétendre que l'engin vu à Gretz a fait deux « angles très
marqués » !
Ces deux nouveaux témoins étaient donc situés ailleurs (tout comme
Janine et Rosalie), mais alors pour quelle raison Mesnard a-t-il choisi
de les associer à l'observation du groupe de six, eux et pas les
centaines d'autres témoins qu'il connaît ? Question de proximité
sans doute, mais proximité ou pas on sait qu'une rentrée atmosphérique
passait dans le ciel, bien visible... On est libre d'imaginer qu'il y
avait AUSSI des ovnis, mais alors avant d'associer des groupes
indépendants de témoins il faudrait chercher à savoir s'ils ont observé
le même objet !
Ces deux témoins, Jean-Gabriel Greslé qui les a retrouvés en parle dans
son livre, on sera peut-être éclairés... Ils se trouvaient à
Presles-en-Brie, à 2,1 km au sud de l'autre groupe. On connaît même
leur nom, Serge Jacob et son fils Cédric, depuis qu'ils ont participé à
une émission de la série Mystères en avril 1993. Il n'y a rien
dans le livre sur ce qu'ils ont observé, mais juste quelques
considérations géométriques :
OBSERVATION DE GRETZ-ARMAINVILLIERS (groupe 1)
Calculs
altitude du phénomène (centre des nuages) 400 m env.
hauteur au-dessus de l'horizon 30° env.
distance observateurs-phénomène = 400 m × 2 = 800 m env.
épaisseur apparente = 6° épaisseur réelle = 80 m env.
longueur = 5 fois l'épaisseur soit 80 m × 5 = 400 m env.
faisceaux horizontaux de lumière # 2 fois 1/2 la longueur = 1000 m
env.
vitesse estimée :
défilement de 45° (soit 800 m environ) si en 20 secondes V = 2.400
m/min.
soit, 2,4 × 60 = 144 km/h
si défilement en 15 secondes V = 3.200 m/min. = 192 km/h
distance # 80 m × tg 2° = 2.800 m env. (recoupe correctement
l'observation du groupe 2).
distance horizontale = 2.800 m cos 10° = 2800 × 0,99 = 2.700 m
env.
altitude approximative = 2.800 m sin 10° = 2800 × 0,16 = 450 m
env.
OBSERVATION DE GRETZ-ARMAINVILLIERS
Trajet de l'objet inconnu
Au vu de cette carte, j'avais cru que l'objet avait été vu alors qu'il
passait entre les deux groupes de témoins, auquel cas si les témoins de
Presles-en-Brie étaient sûrs que ce qu'ils avaient vu était passé au
nord il ne pouvait pas s'agir de la rentrée atmosphérique. Un doute
persistait donc au sujet de leur témoignage. Mais c'est en relisant le
cas tel qu'il est relaté dans VSD que j'ai compris mon
erreur : en fait, ces deux témoins ont fait leur observation vers
l'est, la direction de leur observation étant indiquée par la ligne
presque horizontale sur ce schéma (on la voit mieux dans le même schéma
reproduit dans VSD). Et nous allons voir que ça change tout.
On comprend le raisonnement de Greslé : il est persuadé que l'objet
qu'il a observé passait à une hauteur d'environ 400 m parce que
c'est l'altitude du nuage dans lequel il l'a vu entrer (rappelons que
son ami André Bouteloup a de son côté pensé qu'il passait derrière le
nuage), il a mesuré précisément une hauteur angulaire de 30°, et il en
déduit donc la distance. Les témoins de Presles-en-brie ont de leur côté
estimé leur objet trois fois plus petit en dimension angulaire, il en
déduit donc qu'il était trois fois plus éloigné et, c'est merveilleux,
ça colle très bien avec la hauteur sur l'horizon estimée par ces
témoins, de 10°. Et donc en faisant décrire à « l'engin » un
virage plus ou moins confirmé par l'obervation de Janine Charmont, tout
a l'air cohérent, et Greslé est tout content d'avoir reconstitué la
trajectoire erratique de son énorme vaisseau spatial de trois ou quatre
cent mètres de longueur !
Malheureusement pour cette belle construction, tout cela colle aussi
très bien avec la rentrée atmosphérique, qui passait bien dans la
direction indiquée sur la carte ! Cette direction, vers l'est et
légèrement le sud, correspond précisément à un azimut de 99°. On ne sait
pas quelle est la précision de cette indication, mais la rentrée passait
dans cette direction à une hauteur sur l'horizon de 15°, et se trouvait
à une distance de 305 km, soit 1,5 fois plus éloignée que lors de
son passage au plus près devant les témoins de Gretz-Armainvilliers. Ça
s'accorde plutôt bien avec les descriptions... Et si on considère plutôt
que c'est la hauteur angulaire qui est correcte, c'est celle de la
rentrée lorsqu'elle passait à un azimut de 90°, et à une distance de
400 km, soit deux fois plus loin que lors de son passage au plus
près. Dans l'un ou l'autre cas la précision est plutôt bonne.
La seule inconnue est de savoir si les témoins ont vu l'objet se
déplacer de droite à gauche, comme c'était le cas de la rentrée, ou de
gauche à droite comme le suggère l'interprétation de Greslé. Mais on
voit justement sur le schéma que dans la direction d'observation des
témoins de Presles-en-Brie Greslé a fait pivoter l'engin pour qu'il soit
presque aligné avec cette direction. Ça semble bien indiquer que les
témoins n'ont pas remarqué un déplacement angulaire de l'objet alors
qu'il s'éloignait, quand la rentrée avait de son côté un déplacement
angulaire très lent.
On dispose aussi au sujet de ce deuxième site d'observation de la suite
de l'émission Mystères déjà citée :
À cinq kilomètres, Serge Jacob et son fils Cédric vont eux aussi au
même instant voir passer un engin mystérieux au-dessus d'eux...
Cédric Jacob : « J'ai vu deux lumières qui étaient assez
écartées, qui se déplaçaient parallèlement, et j'avais l'impression
qu'il y avait quelque chose entre ces lumières, une masse sombre, et
ça me paraissait assez grand. »
Serge Jacob : « Et ce qui m'a le plus impressionné c'était
les points lumineux, si vous voulez. Ça faisait un genre de triangle
très éclairé aux extrémités, au centre ça faisait des lumières un
petit peu tamisées, et j'avais l'impression qu'en dessous il y avait
aussi des lumières qui éclairaient. »
Notez bien qu'il est dit que ce deuxième site d'observation se situe à
5 km du premier, alors que nous avons vu que d'après le plan de
Greslé ça serait seulement 2,1 km. On ne trouve d'ailleurs aucune
maison semblable à celle que l'on voit dans la reconstitution à la
position indiquée par Greslé sur le plan, mais on voit sur les photos
aériennes archivées sur Géoportail que cette zone a été beaucoup
construite depuis 1990.
On voit aussi dans cette émission que l'objet qui passe dans la
reconstitution se déplace de gauche à droite, donc à l'inverse de celui
de la rentrée :
Mais par contre les témoins ne fournissent aucune indication à ce
sujet... Je me méfie des reconstitutions journalistiques, mais on peut
se demander si les témoins n'ont pas fait la même erreur que Bouteloup,
en prenant les deux traînées de la rentrée atmosphérique, qui se
trouvaient bien à droite de l'objet, pour des faisceaux à l'avant !
La seule erreur de cette reconstitution aurait été de représenter ces
faisceaux dirigés vers le bas et non vers le haut.
Il est en tout cas tout à fait clair que ces deux témoins tout comme
ceux du groupe de Greslé ont observé la rentrée atmosphérique et rien
d'autre. Notons aussi que comme d'habitude on ne connaît pas la date de
leur témoignage, que ce soit par Joël Mesnard, dans le livre de Greslé
ou dans l'émission Mystères. Il se pourrait donc qu'il ait été
rapporté après deux ans, ce qui rendrait encore plus remarquable
l'accord avec la rentrée atmosphérique !
Quand Jean-Gabriel Greslé prenait déjà une rentrée atmosphérique
pour un ovni
Ça n'a pas vraiment de rapport avec cette observation mais il se trouve
que le principal témoin, le pilote Jean-Gabriel Greslé, avait déjà pris
une rentrée atmosphérique pour un ovni ! C'était son premier ovni,
en 1984, celui dont il parle à chacune de ses interventions. Et comme
pour le 5 novembre 1990, il en donne une description plutôt
correcte. C'est intéressant de le noter, tant pour certains ufologues il
est impossible qu'un pilote ne reconnaisse pas une rentrée
atmosphérique ! Vous pouvez vous reporter à l'examen
détaillé du cas ailleurs sur ce site.
Villavard (Loir-et-Cher) :
Objet de grande taille, effectue boucle autour d'un relais télé. Deux témoins observent la rentrée atmosphérique, un autre observe
probablement un hélicoptère, l'enquêteur de LDLN mixe le tout
pour en faire une observation extraordinaire !
Nous avons ici plusieurs observations,
qui étaient exposées ainsi dans LDLN n°304 :
19 h 15, Villavard (Loir-et-Cher)
À cinquante kilomètres de là vers le nord-nord-ouest, et une bonne
dizaine de minutes plus tard, on trouve l'une des observations les
plus étranges de cette soirée. Il est certain qu'au moins deux
phénomènes se sont montrés ce soir-là dans le ciel de Villavard et de
la localité voisine de Houssay, probablement trois, et peut-être même
quatre. Il semble impossible de le dire avec certitude, car lorsque
deux groupes distincts de témoins voient, à peu près au même instant,
d'étranges choses dans le ciel, les indications qu'ils donnent,
notamment sur les trajectoires, sont loin de concorder parfaitement.
Et ce qui est vrai pour les trajectoires l'est aussi pour les
descriptions. Tout cela est donc assez embrouillé. Laissons
provisoirement de côté ce qui a été vu à Houssay à 21 h 30,
et tentons de comprendre ce qui s'est passé dans la partie sud de
Villavard vers 19 h 15 (heure sur laquelle les témoins sont
d'accord), ainsi qu'une demi-heure ou trois quarts d'heure plus tôt.
Olivier Rieffel a trouvé 6 témoins, en quatre endroits
différents :
M. Jean-Michel Guion, qui se trouvait sur son tracteur
(point 1 sur la carte), près du sommet de la côte qui
débouche sur le plateau (au centre de la carte) où l'on trouve, à
1 km de là vers l'ouest-nord-ouest, le pylone d'un relais de
télévison (point R).
MM. Alain Descy et Jacky Davézé (point 2) qui
roulaient en voiture sur la route de Sasnières, vers le sud. Il
faut savoir que cette route se trouve dans la vallée où coule une
petite rivière, la Fontaine de Sasnières, qui se jette un peu plus
loin au nord dans le Gondré, un affluent du Loir. Il existe de
nombreuses grottes taillées à flanc de coteau, de chaque côté de
cette rivière.
La mère et l'épouse de M. Guion, qui se trouvaient chez
elles, au lieu-dit Les Bas Genièvres (point 3).
Plus au sud, Mme Auger, au lieu-dit L'Epine aux Lièvres
(point 4).
Il semble probable que M. Guion d'une part, MM. Descy et
Davézé d'autre part, ont vu « la même chose », presque en
même temps. En ce qui concerne les témoins du point 3, cela
paraît plus douteux.
Tout commence lorsque M. Guion, dans son tracteur, voit arriver
du sud-est une masse sombre, ovale, portant plusieurs lumières
clignotantes (rouges, notamment). C'est très gros, c'est très bas, et
ça vient droit sur lui. Si c'est un avion, il va sûrement
s'écraser ! M. Guion, instinctivement, rentre la tête dans
les épaules... Mais il n'y a ni choc, ni bruit, et il voit la chose
s'éloigner vers le nord, puis amorcer un virage sur la gauche, en
direction du relais de télévision, revenir lentement, couper la
trajectoire d'arrivée (au sud du point 1), et s'éloigner vers
l'est... Le moteur du tracteur n'a pas cessé de tourner. L'observation
a duré deux bonnes minutes.
C'est probablement lorsque la chose recoupe sa trajectoire qu'à cinq
cents mètres de là, MM. Descy et Davézé la voient arriver sur
leur droite. C'est immense, gigantesque : une sorte de boomerang
curviligne pouvant mesurer 250 m d'envergure ! Il porte
diverses lumières et laisse des traînées derrière lui. Aussitôt,
M. Descy s'arrête, et coupe le moteur : on n'entend aucun
bruit.
Nous avons tous (témoins compris) découvert, lors de l'enquête sur
place, que MM. Descy et Davézé, en fait, n'avaient pas eu
tout à fait la même perception de l'objet : pour M. Descy,
aucun doute : le « boomerang » était situé dans un plan
vertical, tandis que son ami le croyait horizontal. Et M. Descy
d'expliquer que, vertical ou horizontal, un boomerang offre la même
silhouette. C'est vrai si la direction du regard fait un angle de 45°
avec l'horizontale, et au moment où il se trouve juste devant les
témoins, quand il leur coupe la route. Il est probable que c'est
M. Descy qui a eu la vision la plus précise de l'objet, notamment
lorsqu'il s'est éloigné : en effet, lorsqu'il a compris qu'ils
avaient affaire à quelque chose d'extraordinaire, il s'est précipité
sur son appareil photo, qui se trouvait à l'arrière de la voiture et
qui était chargé d'une pellicule couleur papier de 200 ASA. Il
s'agit d'un autofocus muni d'un zoom. M. Descy a zoomé au
maximum, et il a pris plusieurs clichés de l'objet qui s'éloignait,
remplissant encore tout le champ de l'objectif, quelques secondes
avant de disparaître derrière le relief.
Pour diverses raisons, il faut absolument s'interdire de fantasmer sur
ces clichés : ils sont, pour longtemps sans doute,
« indisponibles », aussi indisponibles qu'un document puisse
l'être... Ce qui, d'ailleurs, ne prouve pas que leur intérêt soit
aussi colossal que le boomerang lui-même : les photos prises de
nuit (même avec du 200 ASA, ce qui est un peu léger) sont
rarement excellentes. Chacun peut en faire l'expérience. Il peut même
photographier des sources lumineuses ordinaires, et apprécier le
résultat. Lorsque ces sources sont en mouvement, cela n'arrange rien.
Peu importe, oublions ces clichés. Leur principal intérêt, pour nous,
réside dans le fait que M. Descy a suivi l'éloignement de l'objet
dans son viseur. Il a ainsi pu voir la forme que présentait le
« boomerang », vu de derrière, et c'est en connaissance de
cause qu'il affirme que l'objet se trouvait en position verticale.
C'est également à 19 h 15, ou vers 19 h 15, qu'à
la ferme Les Bas Genièvres, l'épouse et la mère de M. Guion
entendirent « un fort grondement qui résonnait dans les
cavernes ». Levant les yeux, elles virent une masse de forme
générale ovale, mais sans bords nets, avec un unique feu rouge
clignotant. La chose était visible vers l'ouest, mais semble-t-il très
près, et se déplaçait approximativement du nord vers le sud. Elle
disparut en direction du champ que labourait M. Guion.
Il est naturel de tenter un recoupement entre cette observation et la
précédente, mais la description n'est pas la même que celle que
donnent MM. Descy et Davézé, et on voit mal comment la
trajectoire décrite à l'ouest des Bas Genièvres pourrait s'intégrer
dans la boucle dont parle M. Guion. Seule hypothèse
envisageable : la chose aurait décrit une très large boucle
autour du relais de télévision, et les deux dames de la ferme
l'auraient vue au moment où elle venait de faire demi-tour pour
repartir en direction de Blois, puis de l'est. Mais cette hypothèse
n'est pas vraiment convaincante, à cause de cette lumière unique, et
parce que les deux femmes insistent sur le fait que cela venait du
nord, et que c'est passé tout près, au-dessus de la vallée.
Finalement, pourquoi éprouvons-nous ce besoin de chercher à unifier
les observations faites aux points 1, 2 et 3, de trouver une
trajectoire unique ? C'est parce qu'un seul ovni nous paraît
moins choquant, moins invraisemblable que deux ou trois, tout
simplement ! Mais aucune rationalité ne justifie ce réflexe
d'économie. Tout, au contraire, indique que plusieurs
« choses » se sont montrées dans les parages, ce soir-là. Il
y a le cas de Houssay, signalé plus haut, et qui s'est déroulé à
21 h 30, mais ce n'est pas tout : au point 4, nous
trouvons une observation faite nettement avant les
autres !
En effet, au lieu-dit L'Epine aux Lièvres, Mme Auger est
affirmative : cela s'est passé vers 18 h 30, à
18 h 45 au plus tard. Comment en est-elle si sûre ?
Parce que cela correspondait à l'heure à laquelle elle rentre ses
dindons, ce qu'en cette saison elle fait régulièrement à six heures et
demie.
Qu'a-t-elle vu ? Elle a assisté au passage lent, au sud de sa
ferme et approximativement d'ouest en est, d'une masse sombre assez
indistincte, vaguement « ovale », portant des
lumières : il y avait de l'orange, et peut-être du rouge. La
chose ne faisait aucun bruit.
Nous avons été tentés d'interpréter ce passage en direction de l'est
comme étant celui du phénomène vu par MM. Descy et Davézé (ainsi
que, probablement, M. Guion). Finalement, nous préférons y
renoncer, pour quatre raisons :
La différence d'heure, qui n'est pas négligeable.
La différence de description : lorsqu'on lui montre les
croquis faits par M. Descy, Mme Auger ne reconnaît pas
la chose qui est passée devant chez elle.
Le fait que M. Descy ne croit pas que ce qu'il a vu ait
pu se trouver si loin devant la voiture. Son estimation de
l'envergure du boomerang (250 m) est fondée sur l'hypothèse
d'une distance bien moindre. Si la chose s'était trouvée plus loin
que l'Epine aux Lièvres, ses dimensions auraient dû être
monstrueuses.
Enfin, il reste l'affaire de Houssay, qui s'est passée à deux
kilomètres de là, plus de deux heures après. Alors, si deux ovnis
sont passés par là ce soir-là, pourquoi pas trois ? Pourquoi
pas quatre ?
Ah oui quatre ovnis on veut bien, mais surtout aucune rentrée
atmosphérique !
Abordons au passage le cas de Houssay, mentionné plusieurs fois dans
cette enquête... Curieusement, on n'en parlera plus dans LDLN,
et Joël Mesnard n'y fait pas référence dans son dossier lorsqu'il cite
les observations faites à une heure différente de celle de la rentrée...
À croire que ce cas s'est dégonflé, et que Mesnard préfère
l'oublier ! Mais on trouve la partie de l'enquête d'Olivier Rieffel
se rapportant à cette observation dans le livre de Franck Marie (OVNI Contact,
p. 104) :
Vers 19 h 00, le témoin aperçoit une curieuse lumière
rouge. Il rentre chez lui, dîne, et regarde la télévision. Pendant le
film, lors de la pause publicitaire, il va fermer les volets. Il
découvre, en direction de son ESE, 4 énormes boules de lumière
avec une autre plus petite au centre. Il évalue l'altitude de
l'ensemble à 300 mètres au maximum. Cela ne bouge pas et ne fait
aucun bruit. Plusieurs particules de lumière, plus petites, semblent
danser autour de cet ensemble de cinq boules.
Note : n'accordez pas trop d'importance au dessin, qui n'est comme
d'habitude qu'une interprétation toute personnelle par Franck Marie des
données du témoignage.
La « curieuse lumière rouge » vue à 19 h, c'est
vraisemblablement la rentrée atmosphérique s'éloignant... Et on peut
imaginer que ce témoin sensibilisé par cette première observation s'est
laissé abuser vers 21 h 30 par une observation banale... Il se
trouve qu'à cette heure-là vers l'est, on pouvait voir dans une portion
du ciel assez étroite un grand rassemblement d'astres brillants :
la Lune, Mars, Aldebaran et Capella... Et peut-être aussi Betelgeuse au
ras de l'horizon... On peut supposer que le témoin n'aurait pas assimilé
la lune aux les autres « boules de lumière »... Les autres
astres sont disposés irrégulièrement sur les côtés d'un triangle,
et pas loin du centre de ce triangle (un peu au-dessus de la Lune) se
trouve Beta Tauri, moins brillante...
Voilà probablement ce qui constitue les grosses « boules de
lumière »... Quant aux « particules dansant autour de ces cinq
boules », s'agit-il des étoiles plus petites scintillant beaucoup
bas sur l'horizon, d'insectes éclairés par la lumière ? Difficile à
dire en l'absence d'une enquête digne de ce nom, mais peut-être que
Mesnard daignera un jour expliquer ce qu'il pense de cete observation et
pourquoi il l'a totalement occultée après cette première mention, lui
qui est pourtant friand d'observations à des horaires
« anormaux »...
Revenons aux autres observations de la région de Villavard... Il n'est
pas dit comme d'habitude quand les témoins ont été entendus pour
l'enquête de LDLN. C'est probablement de l'ordre d'un mois après
l'observation... Mais on trouve aussi les dépositions des trois
principaux témoins à la gendarmerie sur
le site du GEIPAN, sous la référence 90307316. Les témoignages de
M. et Mme Guion datent de plus d'un mois après l'observation,
mais celui d'Alain Descy a été fait dès le lendemain.
PLAN DE SITUATION — PLAN DES TRAJECTOIRES APERÇUES DES O.V.N.I.
Déposition de M. Alain Descy, ouvrier, le 6 novembre 1990 :
Le 05 novembre 1990, vers 19 heures 15, alors que je me
trouvais à bord de mon véhicule et circulais entre Villavard et
Sasnières, j'ai aperçu dans le ciel un objet en forme de boomerang qui
se dirigeait vers ?? .
Il faisait nuit.
Celui-ci avait une envergure de 200 à 300 mètres et se déplaçait
à une altitude de 500 à 1000 mètres.
Je vous remets un croquis de cet objet volant, tel que j'ai pu le
voir, ainsi que des différents points lumineux.
Des lumières jaunes et blanches étaient situées aux extrémités de ce
« boomerang ». Au centre se trouvait un point rouge
clignotant..
À l'arrière, il y avait quatre panaches blancs à intervalles réguliers
d'une longueur représentant la moité de l'appareil.
Je précise que lorsque j'ai vu cet objet, le ciel était clair. Il y
avait la pleine lune.
Aucun nuage n'était présent et la visibilité était bonne.
À son passage, il n'y avait aucun bruit. Sa trajectoire était
parallèle à la terre. Sa vitesse était à peu près celle d'un avion de
tourisme. Je l'ai vu pendant environ une minute.
Durant ce laps de temps, je l'ai photographié. Je vous remets les
négatifs.
Déposition de Jean-Michel Guion, agriculteur, le 13 décembre
1990 :
Le 05 novembre 1990, aux environs de 19 heures ou
19 heures 15, je me trouvais au lieu dit ?? à quelques
centaines de mètres de mon habitation. Je me trouvais à bord de mon
tracteur.
La nuit était tombée, peu de nuages encombraient le ciel. C'était la
pleine lune, la visibilité était bonne, il n'y avait pas de vent, tout
était calme.
J'ai vu apparaître un gros objet lumineux dans le ciel, volant à basse
altitude, je ne peux pas préciser l'altitude de cet objet. Ce
phénomène venait de la forêt de ?? , il se déplaçait très
lentement, il est passé à trente mètres de moi.
Il a pris la direction de ?? , au bour de mon champ à
200 mètres, il a tourné à gauche en direction du relais radio
de ?? , il a fait une boucle autour de l'antenne et est
revenu sur moi. Il est, par la suite, reparti vers ?? . Je
l'ai perdu de vue par la suite. Je pense que je l'ai vu pendant
2 minutes.
Cet objet était de couleur sombre (noire), il était de grande
dimension, je pense qu'il faisait 40 mètres de longueur. Je ne
peux préciser la hauteur.
Il avait une forme ovale et longue, rappelant la silhouette d'un
ballon de rugby.
Plusieurs points lumineux étaient présents. Sur les deux extrémités,
des lumières rouges et jaunes étaient situées. Les lumières rouges
clignotaient et les jaunes étaient fixes. Je pense qu'il y avait
environ 7 à 8 lumières à chaque extrémité.
Sur le milieu de l'objet, j'ai remarqué également des lumières au
nombre approximatif de 15, coloris rouge et jaune. Les lumières rouges
clignotaient également et les jaunes non.
Me trouvant dans la cabine de mon tracteur, je n'ai rien entendu. La
radio de bord ainsi que mes éclairages n'ont subi aucune avarie au
moment du passage de l'objet.
L'objet ne brillait pas, il n'a pas atterri et était seul.
Je précise que ce n'était pas un avion, je ne peux déterminer
l'origine de cet objet.
Déposition de Mme Pierrette Boulay, agricultrice, le 13 décembre
1990 :
Le 05 novembre 1990, vers 19 H 15, alors que je me trouvais
dans la cour de la ferme, j'ai aperçu dans le ciel, un objet lumineux
ovale qui se déplaçait au-dessus de notre propriété.
Il faisait nuit. Il n'y avait aucun vent et il ne pleuvait pas.
L'engin venait de la commune de ?? et se dirigeait
sur ?? .
Au milieu de l'objet se trouvait un point rouge clignotant. Le
faisceau était très vif et puissant. L'engin se déplaçait très
lentement. Je l'ai vu durant environ une minute.
Il avait une longueur de quinze à vingt mètres.
J'ignore totalement à quelle altitude il volait. Il m'a paru assez
bas.
Je vous précise que le point rouge était de forme ronde. Au centre de
ce point, j'ai distingué une sorte de tube blanc.
Habitant près d'un coteau, j'ai, au passage de l'objet, entendu un
énorme ronflement ressemblant au bruit d'un moteur de camion.
L'objet était de couleur sombre. Il m'a fait penser à un énorme ballon
dirigeable.
On trouve encore les témoignages relatifs à Villavard, avec des
commentaires de l'ex-chef de l'ex-SEPRA que je ne résiste pas à
retranscrire aussi, dans l'émission d'Arte consacrée aux ovnis le
17 mars 1996 :
Alain Descy : On voulait faire un peu une
petite farce à un ami dans une cave, enfin une personne qu'on connaît,
et puis donc on s'est amusés à... on est rentrés dans cette cave, et
puis on a fait des schémas, des traces avec un cercle, des petites
vagues, un petit triangle et tout ça, et puis nous on faisait ça sympa
quoi, pour... En s'amusant, en déconnant un peu, en se disant tiens...
Jacky Davézé : Pour simuler un passage mystique,
quoi.
Descy : Oui un peu dans ce goût-là quoi... Dans
l'esprit c'était de dire « il va croire que si ça se trouve ça va
être des extraterrestres qui vont descendre là-dedans », c'est
une idée géniale...
Davézé : On a repris notre véhicule, pour
prendre la toute petite route qui est encaissée entre ces deux
coteaux... Et 500 mètres plus loin, grosse surprise, un objet, un
phénomène très éclairé nous est apparu sur la droite... C'était
impressionnant.
Descy : C'était impressionnant. Bon, c'est un
vaisseau qui était immense, comme un supermarché quoi, la grosseur
d'un supermarché, et puis d'aileurs j'en ai fait des croquis, j'ai
pris à peu près sept photos, et le triangle, bon, il était vertical,
et il partait en direction donc de Blois à peu près quoi.
Davézé : Bon c'est vrai que dans ces cas-là on
se pose la question, on se dit bon « pince-moi là, on rêve ou
pas » ? Alors ça passait pas très vite, moi j'ai calculé à
peu près vingt secondes, c'était très bas, on évalue en moyenne une
centaine de mètres de hauteur, bon mais ça c'est...
Descy : Et derrière il y avait quatre grosses
traînées blanches mais très régulières qui suivaient, des filets comme
ça, et y avait pas de bruit, mais pas un seul bruit. De voir un truc
comme ça au-dessus de notre tête qui avance, pas un bruit... C'est...
Bon, moi je me suis posé la question...
Davézé : De là on a eu immédiatement le réflexe
de dire « on va pas passer pour des cons, on va immédiatement
téléphoner aux gendarmeries qui sont sur la trajectoire de cet engin,
afin qu'eux puissent aussi confirmer ce que l'on a vu nous... »
Descy : On a téléphoné à d'autres. Et puis après
on a téléponé à...
Davézé : À la tour de contrôle de la base
aérienne de Tours. Et là ils nous ont rassurés, parce qu'ils nous ont
dit « bon ben vous n'êtes pas les premiers à nous téléphoner,
nous on capte rien sur les radars et effectivement il y a un phénomène
visuel de la part de nombreuses personnes qui nous ont communiqué leur
témoignage ». Alors là on s'est dit « bon ça va on n'est pas
les seuls dans le coup et on va enfin pouvoir en parler ». Parce
que le lendemain quand on a commencé aussi à parler de ce que l'on
avait vu le soir-même, eh bien effectivement il y a d'autres gens qui
ont vu ce phénomène mais qui n'en parlaient pas non plus, parce que en
parler à qui, comment ?
Commentateur : En France, c'est le SEPRA,
Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques, qui est
officiellement chargé de répertorier les cas d'observations d'objets
volants non identifiés, les ovnis.
Jean-Jacques Velasco : C'est vrai qu'on a
beaucoup polémiqué au sujet de ces fameux événements du
5 novembre 1990. En fait, lorsqu'il s'est produit, il a été
observé par, je dirais presque des dizaines de milliers
d'observateurs. Nous avons recueilli de façon officielle de l'ordre de
250 procès-verbaux de gendarmerie et une vingtaine de témoignages de
pilotes de l'armée de l'air et civils qui ont observé directement le
phénomène, ainsi que deux documents, un document photographique et un
document vidéo, qui nous ont permis de pouvoir valider le contenu de
l'information. Certaines personnes ont cru discerner au travers de ces
points lumineux triangulaires qui balayaient le ciel qu'il s'agissait
d'un immense vaisseau, en fait il s'agissait simplement des débris
d'un troisième étage de satellite, qui avaient la même vitesse et qui
brûlaient dans l'atmosphère.
Commentateur : Cette rentrée se serait effectuée
sur un axe Pau-Strasbourg.
Commentateur : Mais des témoins maintiennent
avoir vu une masse.
Un témoin : Quand ça a passé j'ai bien vu que
c'était une masse parce que c'était noir, ça a caché les étoiles et
les phares étaient allumés en dessous.
Commentateur : Selon l'observatoire de Munich,
il se serait agi de l'explosion d'un météorite rentrant dans
l'atmosphère.
Le responsable de cet observatoire : S'il
s'agissait d'éléments avion type éléments de fusée retombant très bas,
les deux centres de contrôle aérien de la région parisienne auraient
eu des échos sur leurs radars, ils ont précisé qu'ils n'en avaient pas
eu en même temps qu'ils avaient l'observation en visuel.
Commentateur : Pour l'ufologue Jean Sider, une
double vérification auprès de l'armée américaine permet d'affirmer
qu'il s'agissait de la rentrée d'un satellite, pas d'un troisième
étage de fusée soviétique [au sujet de cette contribution de Jean
Sider au mythe voir ici
toutes les explications]. Toujours est-il qu'on n'a retrouvé aucune
trace au point de chute supposé.
Jean-Jacques Velasco : Oui, nous sommes sûrs
qu'il s'agissait bien de la rentrée d'un troisième étage de satellite.
Ce qui ne veut pas dire par ailleurs que parallèlement quelques
personnes aient pu observer d'autres phénomènes, mais qui ne sont pas
du tout en rapport avec l'événement que nous avons pu analyser.
Descy : À la hauteur où c'est passé là...
Davézé : Non c'est pas possible.
Descy : Si c'était à dix, quinze ou vingt
kilomètres d'altitude ou même à cinq kilomètres d'altitude, j'aurais
pas pu le zoomer et le prendre dans mon objectif complet, j'aurais pas
pu le prendre en photo.
Davézé : En plus ce soir-là le ciel n'était pas
clair, il y avait des nuages, donc si ç'avait été à haute altitude on
l'aurait jamais vu, ç'aurait été au-dessus de la couche des nuages,
donc ça n'a rien à voir avec tout ça.
Commentateur : Ce n'était déjà pas simple, mais
l'affaire se complique : à cinq cents mètres du lieu où Alain
Descy et Jacky Davézé ont vu leur ovni, un cultivateur labourait son
champ.
Jean-Michel Guion : Ben vers sept heures
sept heures et quart j'ai vu un gros appareil passer au-dessus du
tracteur, au-dessus de moi là, et il était lumineux, il a fait un tour
jusqu'à l'antenne, et il est revenu après il est repassé encore
au-dessus de moi et il est reparti au-dessus du bois.
Commentateur : Et c'était comment, c'était
triangulaire, ou long, un tube, ou...
Guion : Ovale un peu. Ovale.
Commentateur : Et ça faisait du bruit ?
Guion : Je ne sais pas parce que j'avais le
tracteur, il était en marche.
Commentateur : Donc il s'est pas arrêté le
tracteur ?
Guion : Non, pas du tout.
Commentateur : Et c'était haut ?
Guion : Pas trop... Pas trop, non.
Commentateur : Ça allait vite ?
Guion : Je sais pas moi, ça allait quoi,
peut-être à vingt, trente à l'heure...
Commentateur : Pas plus ?
Guion : Ah non, ah non non, ça allait tout... Ah
oui je le suivais bien hein...
Commentateur : Et c'était grand comment ?
Guion : Peut-être cinq... sept à dix mètres de
long environ. Lumineux.
Commentateur : Beaucoup de lumières ou pas
beaucoup ?
Guion : Oh il y avait pas mal de lumières
autour.
Commentateur : Autour ?
Guion : Oui autour.
Commentateur : De couleurs différentes ou
pas ?
Guion : Non. Non, non, elles étaient... Moi je
les ai vues toutes de la même couleur, quand c'est qu'il a passé
au-dessus de moi là.
Commentateur : Et tout ça ça a pris combien de
temps à peu près ?
Guion : Oh au moins sept minutes facile... Ah
oui comme il allait pas si vite donc... De cinq à sept minutes.
Commentateur :
Reportée sur la carte d'état-major, voici selon
Monsieur Guion la trajectoire de l'engin (en rouge). Il
arrive du sud-est et repart de même, vers Blois.
L'observation de Messieurs Descy et Davézé peut confirmer la
direction générale, vers Blois (en jaune).
Mais un autre témoin, Madame Pierrette Boulay, a vu à la même
heure l'engin arriver du nord et filer plein sud (en vert).
Par ailleurs, d'autres témoins ont vu à 18 h 30
pour l'un, à 21 h 30 pour un autre, d'autres
trajectoires (en bleu).
Commentateur : À l'évidence, la version
officielle n'est pas confirmée par ces témoins qui ne cachent pas leur
scepticisme, quant à la volonté des scientifiques de faire la lumière.
Notons d'abord que les négatifs des photos prises par M. Descy lui
ont été restitués, comme lui-même me l'a confirmé par téléphone. Ils
sont « voilés », mais je n'ai pas pu savoir si ça voulait dire
trop exposés ou trop peu... Le procès-verbal de gendarmerie
précise :
Les « négatifs photographiques » que nous a remis
Monsieur Descy lui ont été restitués. Monsieur Descy ayant
photographié l'objet rapidement, ces négatifs se sont avérés
inexploitables en raison de l'éloignement de l'engin. Aucun élément du
relief ou de l'objet n'est perceptible sur ces négatifs voilés.
Je ne sais pas s'il y a là quelque chose d'anormal comme le pense Descy,
et peut-être qu'il y aurait quelque chose à tirer malgré tout de ces
négatifs s'il les retrouvait, en attendant on peut les oublier.
Nous avons donc à Villavard quatre observations différentes :
1) Alain Descy et Jacky Davézé ont observé vers 19 h 15
une sorte d'immense « boomerang » traversant le ciel d'ouest
en est. Alain Descy, qui a déposé à la gendarmerie le lendemain de son
observation, décrit l'engin comme muni d'un certain nombre de
lumières : jaunes et blanches aux extrémités, une rouge clignotante
au centre, et quatre traînées blanches assez courtes.
Cette description évoque bien la rentrée atmosphérique, qui dans cette
région gardait encore une forme triangulaire assez large et générait un
certain nombre de traînées.
La trajectoire, rectiligne, était à peu près celle de la rentrée, qui
passait au plus près à une hauteur angulaire de 36°. L'envergure estimée
par Descy à 200 à 300 mètres pour une altitude de 500 à
1000 mètres correspondrait à une trentaine de kilomètres à
l'altitude de la rentrée atmosphérique, une dimension à peine exagérée.
La vitesse était comparée à celle d'un avion de tourisme : la
rentrée atmosphérique se déplaçant à 28 000 km/h à une
altitude de 100 km, cela correspondrait à 140 à 280 km/h pour
une altitude de 500 à 1000 m, c'est tout à fait celle d'un avion de
tourisme. La durée de l'observation, estimée à une minute, est
parfaitement représentative des observations de la rentrée
atmosphérique.
Seule l'heure d'observation diffère d'un quart d'heure du passage de la
rentrée, mais on ne sait pas si les témoins sont sûrs de cette heure...
Dans sa déposition à la gendarmerie le lendemain de l'observation, Alain
Descy indique « environ 19 h 15 », ce qui n'est pas
particulièrement précis.
Bref tout porte à penser que ces témoins ont observé la rentrée
atmosphérique qu'ils ont par ailleurs décrite très correctement.
Une explication à laquelle ils ne croient pas... Alain Descy s'en est
expliqué dans une lettre qu'il a adressée « aux
scientifiques » le 10 novembre 1990, soit seulement cinq jours
après son observation, et qui a été reprise dans la presse :
Messieurs,
Que veut-on nous cacher ? Dès que les scientifiques ou
spécialistes n'ont aucune explication, leur compte-rendu au journal
télévisé ou bien dans la presse est des plus facile à expliquer :
c'est un satellite soviétique, le deuxième étage paraît-il, se
promenait à 120 kilomètres d'altitude. Ce qui explique le
pourquoi : plusieurs personnes l'ont vu à des centaines de
kilomètres différents à la même heure. Eh bien bravo ! Les
opticiens n'ont plus qu'à mettre la clef sous la porte, car de nuit
observer un étage circulaire, même en fusion, d'un diamètre qui est
peut être au maximum de dix mètres et vingt-cinq mètres de long à de
telle distance relève d'une acuité visuelle extraordinaire.
L'alimentation des personnes doit être uniquement de carottes et de
myrtilles. Pour qui nous prend-on ! Quand en plein jour par temps
très clair, nous avons du mal à apercevoir l'Angleterre des côtes
françaises qui n'est qu'à 60 km. Je sais après tout, ce n'est
qu'une toute petite île ! Nous sommes une dizaine de personnes,
fermiers et cadres, ouvriers etc..., à pouvoir témoigner et affirmer
des dires qui sont tout à fait différents ; ceux qui sont :
c'était un vaisseau de forme d'un boomerang d'environ 250 à 300 m
de diamètre avec un gros clignotant rouge sur l'avant et plusieurs
projecteurs hyperpuissants de couleur, blanche et jaune aux extrémités
des ailes et en son centre, ce vaisseau a fait un mouvement circulaire
en se déplaçant sans bruit à la vitesse d'un petit avion de tourisme,
son altitude était d'environ 300 à 500 mètres. Il arrivait en
direction de Blois, a fait un virage autour de l'antenne relais du
plateau de Villavard et reparti vers Blois. Il a été aperçu sur tous
les angles ce qui explique qu'il ne pouvait se trouver à 120 km.
Et oui messieurs les spécialistes, vous faut-il revoir votre
géométrie ? Car à 120 km d'altitude, on ne peut apercevoir
que le dessous du vaisseau même s'il était à 5 km de hauteur.
Etant plusieurs témoins, et distants de 500 mètres à 2 km,
nous n'aurions pu l'apercevoir sous toutes ses faces, et de plus rien
à voir avec un cylindre en fusion.
Dans l'attente d'une information honnête, recevez, Messieurs les
scientifiques, mes salutations.
P.S. : Les radars français n'ont rien détecté pourtant c'était
paraît-il un satellite soviétique, mais ils ne doivent pas les
construire en métal uniquement en PVC ce qui explique cela.
J'oubliais ! Les Américains l'avaient détecté.
Encore un témoin à qui personne n'a expliqué que ce qui a été vu n'était
pas l'étage de fusée entier, mais un ensemble de débris résultant de
l'explosion de cet étage, s'étendant sur la surface d'une constellation
et dont la luminosité totale approchait celle
de la pleine lune... Si seulement le SEPRA avait fait son travail !
En dehors de cela, il est intéressant de faire la comparaison avec son
témoignage à la gendarmerie quatre jours plus tôt... L'altitude estimée
de l'objet a été divisée par deux entre-temps, passant de « 500 à
1000 mètres » à « 300 à 500 mètres », sans pour
autant que l'envergure change... Et ça n'est qu'après quatre
jours ! Et puis, cinq jours après son observation, Descy est déjà
convaincu que l'objet qu'il a observé est le même que celui qui a été vu
par M. Guion, lequel a contourné une antenne-relais...
Descy reprend l'argument de la taille de l'étage de fusée dans
l'émission d'Arte en 1996... Sachant qu'il a entre-temps rencontré
beaucoup de monde dans le milieu ufologique, on peut s'étonner (ou pas)
que personne n'ait pu lui donner une explication au moins sur ce point
élémentaire... C'est édifiant !
Davézé apporte pour sa part un autre argument : En plus ce
soir-là le ciel n'était pas clair, il y avait des nuages, donc si
ç'avait été à haute altitude on l'aurait jamais vu, ç'aurait été
au-dessus de la couche des nuages... Mais Descy disait le
lendemain de son observation : Aucun nuage n'était présent et
la visibilité était bonne. Cela illustre bien la façon dont un
témoin modifie ses souvenirs pour confirmer ses convictions !
Enfin, Descy indiquait dans son témoignage à la gendarmerie : Je
précise que lorsque j'ai vu cet objet, le ciel était clair. Il y avait
la pleine lune. En réalité la lune était presque pleine, mais ne
se levait qu'à 19 h 25 à Villavard... Ça n'est certes qu'un
détail, qui montre seulement que Descy a continué à regarder le ciel un
certain temps après son observation.
2) Un peu au nord, vers 19 h 15 aussi, Madame Guion et sa
mère ont eu leur attention attirée par « un fort grondement »
et ont vu un objet sombre, ovale, portant au milieu un puissant feu
rouge clignotant. L'engin, d'une longueur estimée à 15 mètres, se
déplaçait très lentement vers le sud, à basse altitude. Il a été vu
pendant environ une minute.
Cet objet-là n'était manifestement pas la rentrée atmosphérique...
Était-ce pour autant une soucoupe volante ? Il me semble
raisonnable de supposer qu'il s'agissait d'un hélicoptère, peut-être à
la recherche d'éventuels débris de l'engin signalé peu de temps
auparavant par des milliers de témoins et souvent assimilé à un avion
prêt à se crasher...
3) L'époux de Mme Guion, cultivateur, se trouvait sur son tracteur
en marche vers 19 h ou 19 h 15, quand il a vu arriver sur
lui, venant du sud, « une masse sombre, ovale, portant plusieurs
lumières fixes ou clignotantes (rouges, notamment) ». L'objet est
passé à quelque 30 mètres du témoin, a effectué une boucle autour
d'un relais de télévision à l'ouest, et s'est ensuite éloignée vers
l'est. L'observation a duré environ deux minutes. M. Guion n'a
entendu aucun bruit, mais il se trouvait dans la cabine de son tracteur
en marche avec la radio allumée, si bien qu'il lui était difficile de
discerner un bruit : M. Guion lui-même l'a confirmé dans son
interview pour Arte.
La longueur de l'objet était estimée à 40 mètres dans la déposition
à la gendarmerie (faite plus d'un mois après l'observation), mais
seulement 7 à 10 mètres dans l'émission pour Arte (encore
beaucoup plus tardive). Il est assez inhabituel qu'un témoin minimise
ainsi avec le temps l'étrangeté de son observation.
Encore dans son témoignage pour Arte, Guion estime que l'objet
se déplaçait à 20 à 30 km/h, et qu'il l'a suivi pendant environ
sept minutes (ça corresond à une distance de l'ordre de 3 km, assez
en accord avec la représentation de la trajectoire, environ
4 km)... Mais dans son témoignage à la gendarmerie la durée
d'observation était estimée à seulement deux minutes, ce qui
impliquerait une vitesse de l'ordre de 120 km/h.
Il reste maintenant à savoir à laquelle des deux autres observations on
peut rattacher celle de M. Guion... Il me semble que sa description
évoque celle de sa femme plutôt que celle des deux automobilistes... La
grande différence étant qu'il a vu un certain nombre de lumières, mais
il a vu l'objet (l'hélicoptère donc !) de plus près. 40 m
c'est un peu gros pour un hélicoptère, mais 7 à 10 m c'est tout à
fait courant, et une vitesse de 20 à 30 km/h est tout à fait banale
pour un hélicoptère qui cherche quelque chose (120 c'est plutôt quand il
ne cherche pas)...
Mais il va sans dire que l'enquêteur Olivier Rieffel et Joël Mesnard ont
préféré associer l'observation de Guion à celle des deux
automobilistes : ces derniers ont été promenés dans des conférences
ufologiques, et le témoignage de M. Guion ne servait qu'à attribuer
au gigantesque engin qu'ils avaient observé une trajectoire en boucle,
comme tout boomerang qui se respecte !
4) On peut dire un mot du quatrième témoin, à l'Epine aux
Lièvres... Une masse sombre assez indistincte, vaguement
« ovale », portant des lumières : il y avait de
l'orange, et peut-être du rouge... Ça ressemble assez peu au
« boomerang » des deux automobilistes, mais il y a bien des
façons de percevoir un ensemble de lumières plus ou moins brillantes, et
cette description évoque tout de même assez bien la rentrée
atmosphérique... Reste l'heure d'observation, vers 18 h 30 ou
au plus tard 18 h 45 d'après cette dame qui affirme être sûre
d'elle parce que c'est l'heure à laquelle elle rentre ses dindons
« en cette saison »... Mais ce qu'on aimerait savoir et qui
n'est comme d'habitude pas dit, c'est quand son témoignage a été
rapporté... Parce que d'une part après plusieurs semaines elle peut très
bien avoir oublié qu'un événement particulier a retardé d'une demi-heure
la rentrée des dindons, et d'autre part parce que les agriculteurs
suivent souvent l'heure solaire et que l'observation ne se situait
peut-être pas à la même « saison » que le témoignage...
On peut d'ailleurs s'amuser avec cette dernière hypothèse... Supposons
que le 5 novembre, cette dame a rentré ses dindons à 19 h, ce qui
lui a permis d'assister au passage de la rentrée atmosphérique... À
Villavard, c'était une heure et 33 minutes après le coucher du soleil...
Cherchons maintenant avec un logiciel d'astronomie à quelle date le
soleil se couchait une heure 33 minutes avant 18 h 30,
heure à laquelle elle rentrait les dindons quand elle a été
interrogée... Réponse : vers le 10 décembre... Je parierai donc,
grâce aux dindons, que c'est à peu près à cette date qu'elle a été
interrogée par l'enquêteur ! Ceci dit, je ne suis pas sûr de la
précision de la méthode, tout serait plus clair si les dates des
enquêtes étaient indiquées dans Lumières dans la nuit !
Si l'on résume les observations à Villavard, nous avons des observations
de la rentrée atmosphérique dont l'anomalie la plus importante est une
erreur d'un quart d'heure sur l'heure d'observation, et des observations
assez banales de ce qui semble être un hélicoptère, explorant sans doute
le terrain un quart d'heure après que divers témoins ont signalé ce qui
leur a paru être un crash d'avion.
Un des témoins du « boomerang », Jacky Davézé, a encore
raconté son observation en 2015 pour le reportage « la Mystérieuse
Nuit des OVNI » de la chaîne Numéro 23 :
On roulait tranquillement sur la petite route de Villavard qui va à
Sasnières. Bon on regardait à gauche et à droite pour voir si on
trouvait pas, on voyait pas des animaux qui sortent le soir,
principalement renards, blaireaux, voire fouines, belettes et autres.
D'un seul coup on aperçoit une lumière intense qui sortait du petit
bois, qui venait de notre droite, et ça nous a tellement interloqués,
cet objet gigantesque, lumineux, là il a éteint la voiture mon copain,
c'est lui qui conduisait, on est donc sortis de la voiture, en
regardant médusés cet objet gigantesque qui était éclairé, qui
n'allait pas vite et qui n'était pas haut. On aurait pu penser qu'elle
allait atterrir quelque part. On s'est dit « s'ils trouvent un
champ qui leur convient ils vont s'arrêter et puis on va aller les
voir on va aller discuter avec eux quoi, ils ont des choses à nous
dire sûrement » !
Lui il estimait la grandeur de l'appareil à 200, 300 mètres de
largeur, tout en étant légèrement arrondi comme un boomerang quoi. On
voyait des lumières qui étaient précises, donc il y en avait une qui
était rouge, qui elle était clignotante, et puis après il y avait deux
gros projecteurs bien forts à l'avant, et puis dans le bout des ailes
là il y avait quatre ou cinq éclairages jaune-blanc. Et puis il y
avait comme des halos de fumée qui d'après mon copain faisaient à peu
près 75 m 80 m de long, alors fumée, vapeur, je ne sais pas.
Le plus inquiétant c'est qu'il n'y avait aucun bruit, alors ça c'était
terrible ça. On était complètement scotchés, on était là ébahis, et je
lui ai dit par un moment « pince-moi, on rêve ou
quoi » ? Il m'a dit « non on rêve pas, c'est un truc
fantastique qui nous arrive là quoi ».
On a vite repris la voiture et on est allés dans la maison où lui à
cette époque-là il travaillait, à Villavard au lieu-dit les Calots. Il
a téléphoné aux gendarmeries en direction de Blois puisque... que
l'objet était... d'après lui ça allait en direction de Blois, en
disant « bé sortez de votre gendarmerie, faites attention, vous
allez voir quelque chose d'exceptionnel dans le ciel, c'est pas haut
mais c'est d'une envergure colossale, c'est très éclairé vous pouvez
pas le louper ». Et il a continué à téléphoner à droite à gauche
et puis il a appelé la tour de contrôle du terrain d'aviation
militaire de Tours. Et là la réponse du militaire nous a rassurés
quelque part, il a dit « nous effectivemement on essaye de
détecter mais on ne détecte absolument rien et vous êtes pas les
premiers à nous appeler, il y en a déjà eu plusieurs ». Alors là
déjà ça nous a rassurés quoi.
Rien de très différent de ses précédentes déclarations, et rien qui
puisse faire douter que lui et son camarade aient observé la rentrée
atmosphérique. À noter que la reconstitution de l'objet pour le
reportage est comme d'habitude très fantaisiste, avec une profusion de
projecteurs éblouissants dirigés vers le sol que les témoins n'ont
jamais évoqués... Même le sens de déplacement est incorrect !
Vert-le-Grand (Essonne) :
Immobile au bord d'une route. Sans doute la rentrée atmosphérique, dont la description est très
déformée par un témoin un peu effrayé ayant fait son observation dans de
mauvaises conditions.
Ce cas a été exposé dans Lumières dans
la nuit n°303 :
5 novembre 1990, Vert-le-Grand (Essonne)
Trois kilomètres plus loin [de Brétigny-sur-Orge], mais 10 ou
15 minutes plus tard, nous trouvons l'une des plus étranges
observations de cette soirée, l'une de celles qui, plus nettement
encore que rue de l'Orge à Brétigny, excluent toute possibilité
d'explication par une rentrée atmosphérique.
Vers 19 h 15 ou 19 h 20, Mme Blandine
Mariotte, venant de Bondoufle, roule sur la D 31, en direction de
La Ferté-Alais. Lorsqu'elle arrive à la hauteur de Vert-le-Grand,
elle remarque soudain qu'il y a beaucoup d'avions dans le ciel (ce qui
n'est pas rare en cette région). Elle en voit notamment un qui porte
un puissant phare blanc. Quelques secondes plus tard, alors qu'elle
arrive dans la ligne droite, elle aperçoit des lueurs sur sa gauche,
tourne la tête, et découvre, à une trentaine de mètres d'elle
peut-être, une énorme masse sombre, de forme allongée, immobile
au-dessus du champ qui borde la route. D'une extrémité de cette masse
partent plusieurs faisceaux lumineux blancs (au moins trois) qui
découpent des ronds de lumière dans l'herbe du champ, à 5 ou
6 mètres du bord de la route. Une seule des sources de lumière
est visible (les autres se trouvant probablement sur la face cachée de
l'objet) : son diamètre est de l'ordre de 20 ou 30 cm, et la
surface de l'objet, autour de cette source, a l'éclat de l'aluminium.
Au sol, les ronds de lumière ont un peu moins de 1 m de diamètre.
Mme Mariotte ralentit, et poursuit sa route, à faible vitesse, vers
le carrefour à cinq routes qui se trouve 300 m plus loin. Des
voitures la croisent, d'autres la doublent, et elle se demande comment
il peut se faire que les autres automobilistes, apparemment, ne
remarquent rien. Du coin de l'oeil, sur sa gauche, elle continue à
observer le phénomène, qui semble l'accompagner.
Lorsqu'elle arrive au carrefour, elle remarque une voiture arrêtée,
et deux personnes (un homme et une femme), qui certainement observent
le phénomène. Elle décide pourtant de ne pas s'arrêter, mais au
contraire accélère, pour rentrer chez elle afin de ramener au plus
vite son mari. C'est ce qu'elle fait, mais lorsqu'ils arrivent de
nouveau sur les lieux, vers 19 h 40, la chose n'est plus là,
et la voiture est repartie.
Il est à noter qu'une grosse ligne à haute tension longe la route, du
côté où l'objet a été vu. Ce détail intrigue Mme Mariotte, qui se
demande où était située la chose par rapport aux fils, et s'étonne de
ne pas les avoir remarqués, entre elle et l'objet. Il est vrai que
l'obscurité et le fait que le témoin connaît bien les lieux peuvent
suffire à expliquer ce point.
Lorsque j'ai lu ce compte-rendu, j'ai aussi pensé que l'explication par
la rentrée atmosphérique était cette fois exclue... Il y avait trop
d'anomalies combinées : l'heure d'observation, la description, la
trajectoire suivie et la direction d'observation étaient apparemment
incompatibles avec ce phénomène... Je m'étais donc rabattu, en
reconnaissant que c'était aussi très douteux, sur l'explication
rationnelle suivante qui venait à l'esprit : un hélicoptère... Mais
je pense maintenant que je m'étais trompé, et que Mme Mariotte a
observé comme la grande majorité des témoins de cette soirée la rentrée
atmosphérique ! En effet, c'est une mauvaise représentation du
trajet suivi par le témoin et l'objet qui donne l'impression que la
direction d'observation est incompatible avec ce phénomène : c'est
en fait dans la ligne droite après le virage que l'objet a été suivi...
En remettant les choses en place tout s'explique beaucoup mieux. Voyons
sur ce schéma ce qui a pu se produire :
Les lignes rouges indiquent la direction et la distance apparente de la
rentrée atmosphérique au cours du trajet du témoin.
Lorsque Mme Mariotte passe sur le pont de l'intersection, son
horizon est dégagé et elle peut voir la rentrée atmosphérique au loin,
qu'elle prend pour un groupe d'avions dont un muni d'un phare très
lumineux. En supposant que cette observation a lieu à
18 h 58' 50", sans doute un peu après l'explosion de
l'étage de fusée, celui-ci se trouve à une hauteur sur l'horizon de 6°.
Peu après l'intersection, des immeubles et de la végétation masquent
l'objet qu'elle n'a pas eu le temps de détailler.
C'est vers 18 h 59' 15", pour une vitesse raisonnable de
75 km/h, que la rentrée est à nouveau visible, surgissant à gauche
d'un bosquet (en vert) au début d'un virage. Elle s'est un peu
approchée, et sa hauteur sur l'horizon est de 8°. Les traînées
lumineuses qui accompagnent l'objet semblent dirigées en biais vers le
sol, et Mme Mariotte croit qu'il s'agit de projecteurs... Elle
ralentit à la vitesse de 40 km/h.
Lorsqu'elle aborde la ligne droite, l'objet qu'elle croit proche du bord
gauche de la route semble l'accompagner dans son déplacement, illusion
classique lorsqu'on prend un objet lointain, tel que la lune, pour un
objet proche... Du fait de son déplacement propre, il semble juste se
déplacer un peu moins vite que son véhicule, et est visible de plus en
plus vers l'arrière, semble de plus en plus proche, sa dimension
apparente et sa hauteur sur l'horizon augmentant..
Lorsque le phénomène passe au plus près, à 19 h 00' 35"
et à 29° de hauteur sur l'horizon, il se trouve juste à gauche de
Mme Mariotte qui, occupée à surveiller la route, ne remarque pas
que les « projecteurs » sont maintenant horizontaux.
Mme Mariotte a l'opportunité de voir une dernière fois le phénomène
à sa gauche lorsqu'elle quitte le carrefour, à
19 h 01' 25"... Elle décide alors d'accélérer pour aller
chercher son mari, et lorsqu'elle prend la direction de la Ferté-Alais
elle ne peut plus voir la rentrée qui se trouve pratiquement dans son
dos.
Cette reconstitution suppose bien sûr un certain nombre d'erreurs de
jugement de la part de Mme Mariotte.
D'abord, l'objet lui serait passé complètement devant à l'entrée du
virage, ce qu'elle ne mentionne pas... Peut-être parce que le virage
passé il s'est trouvé sur sa gauche, et qu'elle le supposait en
permanence à gauche de la route. On peut aussi imaginer qu'un nuage
l'aurait masqué momentanément.
Une autre difficulté est l'heure de l'observation, qu'elle situe vers
19 h 15 ou 19 h 20... Mais on peut se demander si ça
n'est pas l'heure de son retour avec son mari, 19 h 40, qui
est la plus fiable... La Ferté-Alais se trouve à 12 km du
carrefour. Soit 24 km en comptant le retour, sur une départementale
qui traverse plusieurs villages, il semble difficile de les faire en
moins de 30 minutes... C'est d'ailleurs ce que nous disent les
logiciels de cartographie : 15' l'aller pour Mappy, 16' pour
ViaMichelin et 19' pour Google Maps, soit entre 30 et 38 minutes
l'aller-retour sans s'arrêter. Si l'on ajoute le temps de garer sa
voiture, de rentrer chez elle, de persuader son mari de l'accompagner,
d'attendre qu'il s'habille, un total de 40 minutes paraît bien plus
raisonnable que les 20 ou 25 supposés par Mesnard.
Mais c'est surtout la description de l'objet qui semble assez difficile
à concilier avec la rentrée atmosphérique.
Voici à quoi devait ressembler la rentrée atmosphérique en
approche :
À comparer au dessin fait d'après la description de
Mme Mariotte :
Il y a des similitudes évidentes, mais aussi de grandes différences. Le
fait que Mme Mariotte ait pris l'avant pour l'arrière n'est pas
surprenant dans le cas d'un phénomène lointain dont le déplacement
angulaire était faible. C'est la même chose lorsque vous voyez la lune
vous accompagner.
La « forme noire » n'a pas de quoi nous étonner non plus, et
le fait que le témoin ne distingue pas la forme à l'arrière indique bien
que cette forme est devinée plus qu'elle n'est vue... Mais l'étonnant
est que Mme Mariotte ne mentionne pas d'autres lumières que les
faisceaux lumineux.
Et enfin, le fait que ces faisceaux étaient vus presque verticaux, alors
qu'ils devaient être inclinés d'une cinquantaine de degrés au début, et
vers le haut à la fin de son observation. Et le fait qu'ils auraient
« découpé des ronds de lumière dans le champ ».
Mon interprétation suppose donc un certain nombre d'erreurs de
perception, ou de mémoire... Et ici, même si la date du témoignage n'est
pas précisée, on sait qu'il s'agit d'un des premiers cas sur lesquels
Joël Mesnard a enquêté, ça devait donc être quelques jours après
l'observation. Mais il faut rappeler qu'il s'agit d'un des témoignages
les plus difficiles à expliquer par la rentrée atmosphérique, sur une
sélection de plus de 400... Des témoins peu fiables, cela existe, et il
y en a nécessairement quelques-uns sur un tel nombre. Et
Mme Mariotte avait des excuses : elle a fait son observation
en roulant sur une route apparemment assez fréquentée puisqu'elle dit
avoir été croisée et doublée par un certain nombre d'automobiles, et
elle était manifestement quelque peu inquiète pour avoir préféré
s'éloigner et aller chercher son mari plutôt que s'arrêter pour mieux
observer le phénomène avec les autres témoins. Le fait qu'elle ne soit
pas sûre par exemple du nombre de faiscaux montre bien qu'elle n'a pas
cherché à vraiment mémoriser son observation.
Mais il y a tout de même beaucoup d'éléments qui collent avec la
rentrée, nous avons vu que la différence d'horaire paraît douteuse, et
il y a les autres témoins arrêtés au bord de la route, ou tous les
témoins potentiels passant dans leur automobile, il est curieux qu'aucun
ne se soit manifesté en ayant observé quelque chose d'aussi
extraordinaire que ne le dit Mme Mariotte.
Je garderai un léger doute au sujet de ce cas... Mais quoi qu'il en
soit, un cas ne fait pas une vague !
Joël Mesnard a reparlé de cette observation à l'émission « Bob vous
dit toute la vérité » du 5 novembre 2013 :
Bon il y a eu celle de Vert le Grand. Alors ça il faut que je vous en
dise deux mots, c'est monstrueux, c'est le premier cas dont j'ai eu
connaissance. J'habitais Brétigny à l'époque — Brétigny pour les
gens qui sont pas du coin ça se trouve à une quarantaine de kilomètres
au sud de Paris, sur la ligne de chemin de fer qui va de la gare
d'Austerlitz à Orléans, c'est là qu'il y a eu l'épouvantable
déraillement au début de l'été —. Bon, j'habitais là à l'époque,
et peut-être 24 h après les événements, j'ai reçu un coup de
téléphone d'un ami à moi, Alain Demarquet, qui habitait la commune
voisine de Plessis-Pathé, et qui m'a dit « vite vite il faut
qu'on se voie, ma belle-soeur a vu un truc formidable lundi soir en
rentrant du boulot, viens le plus vite possible on va aller la voir on
va aller avec elle sur place ». Donc j'y suis allé, nous sommes
allés sur les lieux quelques jours, je ne me souviens plus exactement,
vous savez c'était quand même il y a 23 ans mais c'était deux, trois,
quatre jours après l'observation. Bon, et la belle-soeur de mon
copain, madame Mariotte, nous a expliqué ce qui s'était passé. Alors
elle rentrait du travail, pour elle il était 19 h 15, parce
qu'elle savait à quelle heure elle quittait le boulot, à quelle heure
elle rentrait chez elle, et pour elle à une ou deux minutes près il
était 19 h 15. Donc là c'est plutôt la fin de la
« fenêtre de tir ». Elle était sur une route orientée grosso
modo nord-sud qui contourne l'agglomération de Vert-le-Grand par
l'est. Elle se trouve dans une descente qui correspond à une petite
rivière, et puis ça remonte, et au moment où la route remonte elle
voit plein de lumières dans le ciel et elle se dit « oh la la
mais ça c'est des avions, mais j'avais jamais vu qu'il y avait autant
d'avions que ça dans le ciel le soir », il y en avait une
quantité invraisemblable. Bon quand on habite là-bas des avions en
général on a eu le temps de s'apercevoir qu'ils existent, mais là elle
a été stupéfaite par le nombre. Bon la route tourne un petit peu sur
sa droite, et là elle a sur sa gauche une forêt de pylones et de
lignes à haute tension, il y a quatre lignes à haute tension
parallèles qui bordent la route sur la droite. Et regardant
machinalement sur sa gauche elle voit une forme sombre, quelque chose
comme un sous-marin à l'arrêt ou quasiment à l'arrêt, dans la forêt de
câbles et de pylones. Alors c'était un objet cylindrique, horizontal,
sombre, elle a vu une extrémité de l'objet, elle n'a pas bien pu
regarder l'autre parce que quand vous roulez à 19 h 15 sur
cette route c'est pas facile de s'arrêter. Il y a des voitures qui
viennent en face, il y a des voitures qui viennent derrière, si vous
ralentissez celui qui est derrière n'est pas content il vous klaxonne
et vous traite de tous les noms, bon tout ce qu'elle a pu faire c'est
ralentir pour regarder, et elle a vu que l'extrémité de ce gros
cylindre qui était dans son champ de vision, ça avait la forme d'un
tronc de cône, elle suppose que l'autre extrémité était identique mais
finalement elle n'a pas eu le temps de bien regarder. Un mot sur la
dimension du truc, ça avait d'après madame Mariotte la longueur d'un
semi-remorque, et alors là accrochez-vous bien, la distance à laquelle
elle voyait cette chose était également de l'ordre de la longueur d'un
semi-remorque, autrement dit elle voyait ça sous un angle qui est
l'angle sous lequel vous voyez le mur en face de vous, ça remplissait
une énorme partie de son champ visuel. De l'extrémité en tronc de cône
du tube qu'elle voyait partaient un certain nombre de faisceaux
lumineux, trois, quatre ou cinq, et elle voyait l'impact dans l'herbe
sur le bord de la route, ou à quelques mètres du bord de la route,
elle voyait l'impact au sol de ces faisceaux lumineux. Elle avait très
envie de s'arrêter pour voir ce que c'était que ce truc-là, et puis
elle s'est dit « non non pas de ça, au contraire je fonce, je
vais chercher mon mari, il faut absolument que je lui montre
ça ». Quatre cents mètres plus loin il y a un carrefour, et dans
le carrefour il y avait une voiture arrêtée et des gens qui de toute
évidence regardaient la chose. Elle a eu envie de s'arrêter pour leur
parler, mais elle a changé d'avis, et elle a foncé chez elle, elle a
attrapé son mari, elle lui a dit « viens voir, viens voir ce
qu'il y a là-bas ». Et quand elle est arrivée à nouveau dans le
carrefour il n'y avait plus la voiture et il n'y avait plus la chose.
Bon là il n'y a rien de triangulaire, il y a un objet énorme, comme
une espèce de sous-marin. Moi j'ai jamais vu de sous-marin se promener
vers sept heures du soir dans les câbles à haute tension. Alors il y a
des gens pour qui l'ufologie consiste à trouver des explications à
tout, même si elles sont intégralement idiotes c'est pas gênant, du
moment où ça permet de jeter un certain doute. Il y a des gens qui ont
dit que c'était peut-être un hélico d'EDF qui venait inspecter les
lignes à haute tension. Alors un hélico d'EDF qu'il vienne à
19 h 15 au mois de novembre inspecter les lignes à haute
tension, là encore je préfère croire au marsupilami, ça me paraît
infiniment plus probable.
Rien de particulier concernant le témoignage lui-même, pour une fois
Mesnard n'en rajoute pas avec le temps... Il confirme qu'il a enquêté
très rapidement sur ce cas, lequel a même été le premier dont il ait eu
connaissance. Ça peut paraître surprenant que l'un des cas les plus
remarquables, si ce n'est le plus remarquable, soit justement le
premier, mais c'est peut-être justement parce qu'il a été confronté tout
de suite à un cas de ce type que Joël Mesnard a rejeté avec force
l'explication par la rentrée atmosphérique. C'est peut-être bien à cause
de ce cas qu'une rentrée atmosphérique s'est transformée en immense
vague d'ovnis ! Et on ne peut pas exclure non plus que notre
ufologue convaincu et de longue date ait influencé le témoin.
Notons au sujet de l'heure que Mesnard dit que Mme Mariotte est
sûre de l'heure à quelques minutes près parce qu'elle sait précisément
quand elle rentrait de son travail. Pour ma part il me semble curieux
qu'elle donne une heure d'observation qui est un chiffre
« rond », 19 h 15, alors qu'elle donne une heure
moins « ronde », 19 h 40, pour l'heure d'arrivée
avec son mari. Nous avons vu que ces deux horaires étaient difficilement
conciliables, je persiste donc à penser que c'est le second qui est
correct.
Concernant l'histoire de l'hélicoptère d'inspection d'EDF, je ne sais
pas qui a suggéré cela, pour ma part j'avais plutôt pensé à un
hélicoptère de l'armée explorant le sol à la suite d'un appel de témoin
persuadé que l'engin qu'il avait observé s'était crashé non loin de
là... Et précisons que si on suit le témoignage, « l'engin »
ne se trouvait pas au milieu d'une « forêt de pylones » comme
le prétend Mesnard, ces pylones se trouvant nettement avant le
virage ; dans la ligne droite d'où toute l'observation a été faite,
il y a une seule rangée de lignes à haute tension à gauche de la route,
et derrière sur 700 m un grand champ vide que l'objet était censé
survoler.
Mais je l'ai dit, il me paraît maintenant beaucoup plus vraisemblable
que Mme Mariotte ait observé la rentrée atmosphérique, comme tant
d'autres témoins.
Dernier développement :
En 2007, à la suite de la mise en ligne de l'article « le Culte du
5 novembre 1990 », j'ai reçu un mail d'un autre témoin qui se
trouvait tout près du lieu d'observation de Mme Mariotte, juste un
peu avant sur la même route, et dont le témoignage est étonnamment
semblable... Je reproduis ce mail, avec l'autorisation de son
auteur :
Bonjour Monsieur
je vous écris à propos du 5 novembre 1990.
Hier soir, j'ai fait une recherche sur GOOGLE en mettant deux mots
clefs "OVNI" et "Vert-le-Grand"
Pourquoi ?
Parce que à l'automne 1990, vers 19 heures du soir je circulais
en voiture sur la route qui vient de Bondoufle et longe Vert-Le-Grand.
C'était à la nuit tombée. Nous n'étions pas très nombreux sur cette
route.
Dans ma voiture se trouvait ma fille Blandine, agée de 11 ans, qui a
toujours été sérieuse et observatrice, assise à côté de moi. Nous
rentrions à Vert-le-Grand d'un entraînement de ping-pong je crois.
Notre regard a été attiré par un « engin » qui
volait à quelques mètres au dessus du champ sur notre gauche et
produisait de la lumière. Nous avons roulé pendant au moins
500 mètres à la même vitesse que lui
c'est-à-dire à 80 voire 90 km/heure. Au début on a cru que
c'était un hélicoptère qui pulvérisait des produits sur le champs et s'éclairait
avec un faisceau lumineux. Nous étions assez étonnés car ce
n'était ni un avion, ni un hélicoptère, et nous ne pouvions pas avoir
de doute là-dessus puisqu'il était à 40 ou 50 m de nous.
Je ne me souviens plus si cela faisait du bruit car c'était il y a
17 ans ! Je ne me souviens plus de sa taille !
Ma fille s'est rapprochée de moi pour mieux regarder et nous ne
comprenions pas ce que c'était. Nous étions comme
« hypnotisés » par cette vision qui ne ressemblait à
rien ! Nous avons échangé quelques mots dans le genre :
« regarde... qu'est ce que c'est... tu as vu la lumière...
pourquoi ça vole à notre hauteur... à la même vitesse que nous... mais
ce n'est pas un hélicoptère... ni un avion... il n'y a pas
d'ailes ! .... »
Nous ne comprenions pas pourquoi cet « engin » restait à
notre hauteur, peut-être pour nous observer, nous accompagner ?
Cette « présence »... cette « vision »... a duré quelques
dizaines de secondes. Nous sommes arrivés à l'embranchement
de Vert-le-Grand pour rentrer dans le village et quitter cette route
qui devient la « déviation » de Vert-le-Grand.
Nous avons ralenti pour continuer à suivre des yeux cet
« engin ».
Si vous venez sur place, vous verrez qu'à la suite du champ se trouve
un bois devant la décharge de Brazeux, avec des arbres assez hauts. « L'engin »
a donc accéléré et pris un peu de hauteur pour éviter les arbres
afin de les survoler. Nous l'avons vu continuer à voler à une
altitude un peu plus élévée... peut-être 50 m ou 100 m...
et quelques secondes après s'envoler très haut en direction de
Vert-le-Petit dans le ciel à une vitesse vertigineuse. Vert-le-Petit
est un peu au sud d'Echarcon.
Nous étions sur la route (d'entrée nord de Vert-le-Grand) 200 m
après l'embranchement, un peu avant le maraîcher qui est situé entre
notre route et la déviation. Nous voyions tous les deux, ma fille et
moi parfaitement bien par le pare-brise de notre voiture.
Deux minutes plus tard nous étions arrivés à la maison et avons
raconté à ma femme et mes autres enfants ce qu'on venait de voir. Nous
étions tout excités. Après avoir raconté cette curieuse vision à toute
la famille plusieurs fois en long en large et en travers nous avons
dîné. Nous avons pris la décision de ne pas trop en parler autour de
nous car on nous aurait pris pour des dingues ! On voit bien que
toutes les personnes qui voient des objets volants... ne sont pas
prises au sérieux. On en a parlé à quelques amis et personnes de la
famille mais sans plus. Nous ne sommes pas allés à la gendarmerie de
Ballancourt qui est responsable du secteur de peur d'être pris pour
des rigolos !
La configuration des lieux a un peu changé. Il y a maintenant un
« round about » c'est à dire un carrefour où il faut
tourner autour d'un terre-plein central rond à l'entrée de Vert le
Grand quand on quitte la route qui vient de Bondoufle et qu'on appelle
la « déviation » de Vert-le-Grand. Le champ est toujours là
ainsi que le bois et les pylones à haute-tension après qui mènent au
transformateur de Saint-Vrain.
J'en reviens à internet et à ma recherche d'hier soir.
Quelle n'a pas été ma stupéfaction de voir que le phénomène
que j'avais observé avait été vu par d'autres personnes fort
nombreuses ce même jour. Je suppose le même jour car je
n'ai pas noté la date exacte sur un agenda mais le phénomène décrit
par une dame qui se trouvait à quelques centaines de mètres de moi au
niveau du chemin d'Écharcon... est le même... dans la continuité de ce
que nous avions vu, ma fille et moi. Nous n'avions donc pas eu la
berlue ! Peut-être y a-t-il eu des articles de journaux à
l'époque. Je ne m'en souviens pas parce que je n'achète pas le journal
régulièrement. Il faudrait peut-être que je fasse des recherches dans
les archives du Parisien et du Républicain qui
paraissent dans l'Essonne.
J'aurais bien aimé rencontrer d'autres personnes qui ont vu ce
« phénomène » s'ils habitent pas loin de Vert-le-Grand. Nous
n'en avons jamais parlé à la Mairie, à la Police municipale, à la
Gendarmerie ou à des journalistes.
Le fait de savoir depuis hier que nous n'avons pas été seuls à voir
cela me fait sortir de ma réserve... et me donne envie d'en savoir
plus !
Voilà ce que j'avais envie de vous confier. Cela fait 17 ans que
je garde cette observation confidentielle... dans mes souvenirs. Si
cela peut aider quelqu'un, une association, un chercheur... je suis
à sa disposition ... mais mes souvenirs sont bien faibles
par rapport à l'époque !
Jean-Yves POUTIERS (57 ans)
J'étais un peu en phase de sommeil (ufologique uniquement) lorsque j'ai
reçu ce mail, mais j'ai répondu à M. Poutier récemment... Voici le
contenu de mon mail, avec les commentaires qu'il y a joints en
réponse :
Bonjour Monsieur...
Je réponds très tardivement à votre message de 2007, mais s'agissant
d'un événement qui s'est passé il y a plus de 20 ans nous n'en
sommes pas à quelques années près !
— Il vaut mieux tard que jamais. C'était il y a
7 ans. J'ai maintenant 64 ans et ma fille Blandine a
34 ans et demi. Elle habite au sud de Bordeaux. Son fils Noa
est champion d'Aquitaine de Tennis de table (catégorie enfants de
7 ans) comme quoi il y a une continuité.
Passionné depuis longtemps par les ovnis et par l'espace, ouvert à la
présence d'extraterrestres sur notre planète mais pas très convaincu
par les témoignages, j'ai pas mal étudié la « vague
d'ovnis » du 5 novembre 1990 dont vous êtes un témoin parmi
beaucoup d'autres... Ma position est que l'explication
« officielle » par la rentrée atmosphérique explique la très
grande majorité des témoignages, mais qu'il reste bien sûr un très
petit résidu d'observations qui ne s'expliquent pas ainsi, sans
forcément impliquer des vaisseaux extraterrestres !
— Je n'ai pas vu de rentrée atmosphérique, j'ai vu très
clairement un objet volant (de quelques mètres, sans aile, sans
bruit car ma fille me l'a confirmé, avec une lumière à
l'avant) à quelques dizaines de mètres de mon véhicule sur la gauche
m'accompagnant à la même vitesse pendant plusieurs centaines de
mètres, évoluant à 2 mètres au-dessus d'un champ et qui a
grimpé à une vitesse surprenante à l'approche des arbres...
J'ai longtemps cru que l'observation de la dame qui se trouvait très
près de votre position (et qui se prénomme curieusement
Blandine !)
— Incroyable... le même prénom que ma fille qui était à
côté de moi et avait 11 ans à l'époque !
ne pouvait pas se rapporter à la rentrée atmosphérique, et je me
demandais dans l'article que vous avez lu et qui a suscité votre
courrier s'il ne pouvait pas s'agir d'un hélicoptère.
— Absolument pas... car il n'y avait aucun bruit !
J'ai depuis révisé mon jugement, et je pense qu'elle avait elle aussi
observé la rentrée atmosphérique... Vous pouvez voir mes commentaires
sur ce cas sur
http://univers-ovni.com/ufologie/5novembre40cas.html#vert_le_grand"
(cliquer sur « dérouler »).
Dans votre cas j'ai aussi tendance à penser que vous avez observé
cette fameuse rentrée,
— Pas du tout j'ai juste vu cet engin pendant 400 à
500 mètres au-dessus du champ et sa montée extrêmement rapide
en altitude.
mais je n'ai pas du tout l'intention de chercher à vous en convaincre,
— vous n'arriveriez pas à me convaincre car ce n'était
pas un hélicoptère... et il en passait souvent près du CEV de
Brétigny sur Orge.
juste essayer d'y voir un peu plus clair.
L'aspect de la rentrée atmosphérique dans votre région, vous en avez
une petite idée dans mon article... Il s'agissait de quelque chose de
vraiment impressionnant, ayant la dimension apparente de la Grande
ourse mais en beaucoup plus lumineux, avec deux traînées lumineuses
donnant l'impression de faisceaux concentrés et de longueur
constante...
Le phénomène apparaissait au sud-ouest et disparaissait à l'ouest
après 2 à 3 minutes de visibilité, passant à quelque 30° de
hauteur angulaire dans la direction dans laquelle vous vous dirigiez.
Là, il y a un problème avec votre témoignage, puisque vous dites
l'avoir observé tout le temps à votre gauche. J'ai d'abord pensé qu'il
y avait ici une incohérence du fait qu'avant le bois auquel vous
faites allusion vers la décharge, il y a une rangée d'arbres sur la
gauche qui masque le champ au-dessus duquel vous pensiez que
« l'engin » se trouvait...
— Je l'ai vu exactement juste après la rangée de
peupliers qui masque la décharge de Brazeux !
Mais j'ai cherché à savoir si le terrain n'avait pas changé depuis
1990... C'est très facile maintenant avec Internet, on peut consulter
les photos aériennes de toutes les années sur Géoportail... Et donc,
la rangée d'arbres n'a pas changé, mais par contre il n'y avait pas le
parc de Tréville ni le rond-point qui y mène...
— C'est à droite de la route. Cela n'existait pas à
l'époque. J'ai vu l'engin à gauche.
Je suis donc tenté de penser que votre observation a débuté depuis le
grand rond-point ovale qui se trouve à la sortie de Bondoufle, et que
le champ auquel vous faites allusion est celui qui se trouve à gauche
immédiatement après ce rond-point.
— Pas du tout. Ma fille et moi avons vu uniquement cet
engin au-dessus du champ après la rangée de peupliers jusqu'à
l'entrée de la route qui mène au village de Vert le Grand.
Il reste à expliquer pourquoi vous n'auriez pas vu la rentrée
atmosphérique avant, alors qu'elle passait au plus près, mais cela
dépend de la direction de laquelle vous veniez avant le rond-point.
— Je venais effectivement de Viry-Châtillon où ma fille
avait un entraînement de Tennis de Table, et ensuite du sud de
Bondoufle où il y avait l'imprimerie nationale au grand Carrefour
qui précède celui du Parc de Tréville. J'étais sur la
départementale 31 qui va de Bonfloufle vers St Vrain etc.
(On l'appelle plus loin la déviation de Vert le Grand)
Le fait que l'objet ait semblé vous accompagner est normal dans le cas
d'un objet lointain que l'on croit proche, et qu'on se déplace... La
lune donne la même impression lorsqu'elle est proche de l'horizon.
— Pas du tout lointain, il était à quelques dizaines de
mètres à peine à 2 mètres du sol ! Avez vous déjà vu la
lune au dessus d'un champ entre une voiture et un bois évoluant à la
même vitesse qu'une voiture qui ralentit pour l'observer et montant
en altitude à une vitesse vertigineuse sans faire de bruit à
l'approche des arbres ?
L'impression d'un départ « à une vitesse vertigineuse » à la
fin se retrouve dans d'autres témoignages, et peut être dû à une
baisse rapide d'intensité des lumières à l'horizon, soit en raison
d'un peu de brume soit parce que les débris de la rentrée étaient
presque entièrement consumés...
— Ce n'était pas un engin en flammes, mais un engin
volant à environ 80 KM/H grand maximum car j'ai ralenti pour
l'observer et l'engin a ralenti aussi, comme si ses occupants (que
nous n'avons pas vus) nous observaient aussi.
Il ne s'agit là bien sûr que de suppositions de ma part, et peut-être
après tout avez-vous observé autre chose que la rentrée
atmosphérique... Je serais intéressé de savoir ce que vous en pensez.
Merci en tout cas d'avoir apporté votre témoignage.
Je compte d'autre part mettre à jour cet article sur les observations
« anormales » du 5 novembre 90, et je serais intéressé d'y
ajouter votre témoignage et le cas échéant votre réponse, si vous m'y
autorisez.
— Bien sûr, car tout est resté gravé dans ma mémoire
comme si c'était hier, tellement c'était incroyable et
inexplicable !
— J'aimerais bien rencontrer la fameuse Blandine qui a observé
l'engin le même jour que nous quelques centaines de mètres plus
loin. Avez-vous son adresse ?
— Bien à vous
— Jean-Yves Poutiers
— Toujours la même adresse et le même téléphone.
Cordialement,
Robert Alessandri, à Marseille
Cette réponse permet de clarifier certains points. Le trajet durant
lequel il a fait son observation doit être approximativement celui-ci,
retracé sur une photo aérienne de l'époque :
Le trajet dure environ 800 m, à la vitesse de 80 à 90 km/h au
début et un peu moins à la fin il a été parouru en 45 s environ, en
bon accord avec ce qu'indique le témoin. L'objet était vu à sa gauche et
bas sur l'horizon : distance estimée à 40 à 50 m et altitude à
quelques mètres au-dessus du champ, voire seulement deux mètres dans son
deuxième mail. S'il s'agissait de la rentrée atmosphérique, elle a été
vue alors qu'elle s'éloignait vers l'est-sud-est puis l'est. La
description d'un « engin qui s'éclairait avec un faisceau
lumineux » est assez compatible avec la rentrée dont une seule
traînée lumineuse était visible lorsqu'elle s'éloignait. Il reste à
expliquer pourquoi le témoin n'a pas vu l'objet plus tôt, puisqu'il
devait lui passer devant. On peut encore invoquer la présence de nuages,
puisqu'en région parisienne ils couvraient environ les 3/8e
du ciel. Mais il se peut aussi simplement que l'objet était trop haut
dans le ciel pour être visible dans le pare-brise : la rentrée
passait au plus près à 30° de hauteur angulaire, et le champ de
visibilité dans une automobile ne dépasse souvent pas 20° au-dessus de
l'horizon, voire nettement moins si les pare-soleil sont rabattus.
Avant l'observation, la route suivait la même direction sur 1,5 km,
parcourus en une minute, et encore avant le témoin venait de
Viry-Châtillon, du nord-ouest par une route bordée à sa droite par des
bâtiments et de la végétation. Il est donc très possible que la rentrée
n'ait pas été vue car trop haute.
L'impression que la rentrée gagnait en altitude pour passer au-dessus
des arbres peut résulter du fait que la route s'éloignait peu à peu des
arbres à la fin de l'observation. On voit sur le plan qu'après la
bifurcation et sur une centaine de mètres la route se dirige vers
l'ouest-sud-ouest, l'objet se situait donc pratiquement dans le dos des
témoins qui ne pouvaient pas l'observer dans de bonnes conditions, et
après un deuxième virage la route reprend sa direction initiale, et les
arbres dont parle le témoin se trouvent à une centaine de mètres sur la
gauche. Leur hauteur doit être d'une dizaine de mètres, ils doivent donc
culminer à environ 6° de hauteur angulaire. Mais la route s'éloigne peu
à peu de ces arbres dont la hauteur angulaire diminue donc peu à peu, ça
peut très bien donner l'impression que la rentrée atmosphérique prenait
un peu de hauteur.
On a vu que M. Poutier ne croit pas qu'il ait observé cette rentrée
essentiellement parce qu'il est persuadé, comme tant d'autres témoins,
que l'objet qu'il a observé était très proche. Mais on sait qu'il est
impossible de connaître la distance d'un objet inconnu dans le ciel, et
sa description de l'objet qui accompagne son automobile, ralentit
lorsqu'il ralentit, est assez typique des « boules suiveuses »
résultant d'une confusion avec la lune ou un autre objet astronomique.
La direction de départ de l'objet est aussi un peu anormale, puisque le
témoin indique la direction de Vert-le-Petit qui se trouve pratiquement
au sud de sa position... Mais il indique aussi que cette ville se
situe « un peu au sud d'Echarcon » alors qu'elle se
trouve au sud-ouest, Echarcon se trouvant elle-même à l'est-sud-est de
la position du témoin. Un peu au sud, ça serait donc le sud-est, pas
très loin de la direction où la rentrée disparaissait à l'est.
En bref, il me semble que ce cas a de bonnes chances de s'expliquer par
la rentrée atmosphérique. Il y a quelques anomalies, mais compte tenu du
délai écoulé avant le témoignage on ne peut guère s'en étonner. Le
témoin indiquait d'ailleurs dans son premier mail : « mes
souvenirs sont bien faibles par rapport à l'époque », « Je ne
me souviens plus si cela faisait du bruit car c'était il y a
17 ans ! Je ne me souviens plus de sa taille ! »
(concernant le bruit c'est sa fille qui se rappelait qu'il n'y avait
aucun bruit). Il était moins prudent dans le deuxième, comme s'il avait
envie de garder ses convictions : « Tout est resté gravé dans
ma mémoire comme si c'était hier, tellement c'était incroyable et
inexplicable ! »
Il reste un élément qui troublera les amateurs de coïncidences, c'est la
comparaison avec l'autre observation de Vert-le-Grand : dans les
deux cas, l'objet était vu tout le temps au-dessus d'un champ à gauche
de la route, alors que la rentrée passait devant les témoins, et dans
les deux cas il y avait une Blandine dans la voiture !
Ce doublé d'observations à Vert-le-Grand cumule décidément les
bizarreries, et il est sans doute le cas le plus étrange de cette soirée. Mais
est-ce vraiment anormal sur un ensemble de plusieurs centaines ? À
chacun d'en juger.
Que reste-t-il donc des six « cas béton » initialement
sélectionnés par Joël Mesnard parmi les centaines dont il avait
connaissance ?
Trois cas (Colmar, Neuilly-sur-Marne et Gretz-Armainvilliers) qui
décrivent à l'évidence la rentrée atmosphérique et rien d'autre, un cas
(Villavard) associant plusieurs observations dont la plus spectaculaire
s'explique encore par la rentrée atmosphérique et les autres sans doute
par des engins bien terrestres, un cas (Bruxelles) dont les détails
étranges ont sans doute été inventés, et un cas enfin (Vert-le-Grand) plus
problématique mais qui pourrait correspondre à la petite frange
d'observations très déformées de la rentrée atmosphérique...
Et nous avons vu, et verrons encore, que la trentaine de cas que Mesnard a
rajoutés à sa sélection ne valent pas mieux !
L'ufologie en crise, à qui la faute ?
Passons rapidement sur les remarques de Mesnard concernant l'ufologie qui
aurait été « décimée » par une « action en
profondeur » d'une vaste conspiration de sceptiques ayant « des
moyens incomparablement supérieurs aux nôtres »... C'est vrai que
l'ufologie a été largement décrédibilisée, mais il suffit de lire la
teneur des « enquêtes » proposées par Joël Mesnard dans ce
dossier pour comprendre pourquoi ! Si les seuls à être capables de
faire des enquêtes sérieuses, en général sans plus de moyens que les
« croyants », sont des sceptiques purs et durs, à qui la
faute ? Comment peut-on prendre au sérieux une
« discipline » dans laquelle on ne sait pas faire la différence
entre la rentrée d'un étage de fusée et une fantastique vague
d'ovnis ?
Vergt-de-Biron (Dordogne) :
Objet complexe, épais ; face inférieure concave, grise,
portant comme des plaques métalliques ; long tube lumineux
cylindrique accroché à une sorte de « derrick inversé ». Une bonne description de la rentrée, hormis des
« structures » qu'un seul des deux témoins a « cru
distinguer ».
Joël Mesnard ne rappelle pratiquement
aucun détail sur ce cas, en dehors de la légende sur la carte recopiée
ci-dessus, et se contente de critiquer Franck Marie qui, dans son livre
OVNI Contact, ne connaissant pas le lieu exact des observations
mais sachant par Lumières dans la nuit qu'il s'agisait d'un
village entre Bergerac et Cahors, a désigné un village à égale distance
de ces deux villes, à savoir Saint-Cernin de l'Hern... Ce qui l'amenait
à une dizaine de kilomètres d'erreur sur la position, ça n'était quand
même pas énorme !
Relisons donc les témoignages tels qu'ils étaient exposés dans LDLN
n°310. Les noms des témoins n'y étaient pas mentionnés, de même que le
nom du village, par souci d'anomymat, mais comme le remarque Joël
Mesnard ils figuraient dans un article de presse (Sud-Ouest du
7 novembre, que je n'ai pas dans mes archives) : il s'agit du
maire de Vergt-de-Biron Jean-Pierre Fleurat et du conseiller général de
Monpazier Marc Mattera ; je les ai replacés dans le texte :
Vers 19 h, dans le sud de la Dordogne
Voici maintenant, un peu plus au sud (entre Bergerac et Cahors) un
double témoignage, qui est assez extraordinaire. C'est M. Pierre
Bosc qui a réalisé l'enquête.
Les témoins, qui souhaitent rester anonymes, et que nous appellerons
MM. A. et B. se trouvaient dans une localité du département de la
Dordogne, située à une vingtaine de kilomètres de
Villefranche-de-Périgord. Le ciel était clair, les étoiles visibles.
Il n'y avait pas de vent, mais il faisait froid.
Témoignage de M. Mattera :
« Je conversais avec M. Fleurat devant son habitation, assis
dans ma voiture dont le moteur tournait.
« Soudain M. Fleurat attire mon attention sur une formation
lumineuse en provenance de la direction 266° ouest. C'est d'abord une
ligne de lumières blanches, quelques-unes jaunes, dont l'intensité
lumineuse fluctue. Cette formation progresse en silence, à basse
altitude, semble-t-il, sans qu'il me soit possible d'apporter plus de
précisions. L'apparence de cette formation prend, au fur et à mesure
qu'elle avance, la forme d'un triangle aux coins arrondis, dont les
côtés portent des lumières blanches et jaunes, d'intensité variable
les unes par rapport aux autres. L'intérieur de ce triangle est
opaque, puisqu'il cache les étoiles, qui restent cependant visibles
tout autour de la formation lumineuse.
La forme de l'ovni se précise, au fur et à
mesure qu'il se rapproche : on ne voit d'abord que des
lumières en ligne droite, puis elles forment une courbe de plus en
plus prononcée. Le dessous, opaque, masque les étoiles.
« Voulant m'assurer d'un bruit éventuel, je coupe le contact de
ma voiture : silence ! La chose évolue à si basse altitude
que, persuadé qu'elle va s'écraser non loin de là, en direction 80°
est, je reprends le volant, non sans avoir remarqué, à l'arrière de
l'engin, un rayon lumineux situé légèrement à droite du milieu du
côté. Ce rayon lumineux présente le caractère remarquable
suivant : sa lumière ne diffuse pas sur les côtés. Elle est
nette, comme coupée à son extrémité, où elle a le même diamètre qu'à
sa source.
« Peut-on la comparer à un « tube lumineux », à un tube
néon ? »
L'ovni vient de passer, presque à la verticale
des témoins, et s'éloigne. Des lumières sont visibles sur les
côtés. À l'arrière, légèrement décalé sur la droite, on voit un
impressionnant tube de « lumière non diffuse », dont le
diamètre est le même aux deux extrémités.
Prié d'estimer la taille de la formation lumineuse lorsqu'elle était
au plus près, M. Mattera tend les bras, et tient ainsi les mains
écartées à 50 cm l'une de l'autre. Quant à la durée de
l'observation, il l'évalue à 15 secondes.
Témoignage de M. Fleurat :
« Je conversais avec M. Mattera, qui était assis au volant
de sa voiture, dont le moteur tournait au ralenti. J'étais appuyé
contre la portière ouverte, lorsque mon attention fut soudain attirée
par le spectacle suivant : à l'horizon, en direction 266° ouest,
venait d'apparaître, se dirigeant vers nous, une ligne de lumières
disposées horizontalement.
« — Tiens, dis-je à M. Mattera, voilà l'armée qui fait
des manoeuvres !
« M. Mattera sortit de sa voiture, et ensemble, nous pûmes
assister à la scène suivante :
« Les lumières, d'abord disposées horizontalement selon une ligne
droite, l'étaient maintenant (et de plus en plus au fur et à mesure
qu'elles s'approchaient) selon une ligne courbe. À l'instant où elles
passèrent à notre hauteur, presque au-dessus de nous, elles
délimitaient une forme énorme, arrondie à l'avant.
« Déjà, voyant la direction que prenait ce phénomène (qui passait
à si basse altitude qu'il semblait devoir s'écraser à quelque distance
de là), M. Mattera était remonté dans sa voiture, et avait
démarré à toute allure sur la route menant à son domicile.
« Resté seul, je continuai à observer le phénomène. Le dessous de
la chose était gris, concave, me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de
quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques.
« Le plus étonnant était, à la partie inférieure, une armature
métallique située sous la chose, et qui me fit immédiatement, de par
son apparence, évoquer un derrick. Du bas de cet assemblage, dirigé
vers l'arrière, émanait un « tube » de lumière rose-orangé,
très intense, lumière nette qui ne diffusait pas, et gardait, jusqu'à
son extrémité, le même diamètre. Grâce à elle, je pouvais distinguer
les pieds de vigne, et tous les éléments de la nature, dans le champ
voisin.
« La chose, qui maintenant s'éloignait et devait disparaître à
l'horizon opposé (80° est) ne présentait pas de lumières à l'arrière
comme elle en possédait à l'avant. Seules étaient encore visibles les
lumières des côtés, ainsi que celles du dessous, et surtout,
continuait à me fasciner cet étrange tube de lumière parfaitement net
et cylindrique.
« J'estime la durée de mon observation à 1 minute et quelque
5 secondes. Quant aux dimensions de la chose, elles étaient
énormes : si elle était tombée, elle aurait recouvert en largeur
l'ensemble des bâtiments qui figurent sur la photo. L'évolution de
« la chose » était accompagnée d'un bruit comparable à celui
d'un vol de palombes : un froufroutement, un déplacement d'air
léger. »
Commentaire de l'enquêteur
Quelques légères différences existent entre les témoignages de
MM. Mattera et Fleurat.
M. Fleurat a assisté à l'évolution du phénomène, du début
jusqu'à la fin, alors que M. Mattera ne l'a observé que du
moment 4 au moment 6.
M. Fleurat a ainsi pu noter, aux moments 5 et 6, la
couleur grise du dessous de l'ovni, alors que l'autre témoin ne
peut apporter de précisions à ce sujet. Même chose pour
l'assemblage de plaques métalliques que M. Fleurat a cru
distinguer.
Pour M. Mattera, le « tube de lumière »
émanait de la tranche arrière de l'ovni, tandis que pour
M. Fleurat, il partait du bas d'une structure métallique
rappelant un derrick.
M. Fleurat est catégorique quant à ce qu'il a cru
distinguer au-dessous de l'ovni, à savoir la couleur grise et
l'assemblage de plaques, mais il ne peut préciser l'emplacement
des sources lumineuses qui lui ont permis cette observation.
Les deux témoins s'accordent pour attribuer une taille
gigantesque à l'ovni.
Cet ovni évoluait à basse altitude, puisqu'il a permis à
M. Fleurat de distinguer structure et plaques assemblées
d'apparence métallique.
Ce détail est très troublant. En effet, une enquête actuellement en
cours concerne deux autres témoins (que nous appellerons MM. C.
et D.) qui le même jour, à la même heure, ont assisté à un
phénomène absolument semblable quant aux détails relatés, à
savoir : dimensions énormes, couleur du dessous : grise, et
surtout, assemblage de plaques métalliques.
MM. Mattera et Fleurat d'une part, C. et D. d'autre part, étaient
séparés au même moment par une distance de 29 km en ligne droite.
Note : ce deuxième cas similaire est celui de
Pescadoires, examiné juste après celui-ci.
Il y a encore tout lieu de penser que ces observations se rapportent à
la rentrée atmosphérique... Comme d'habitude Mesnard n'indique pas quand
les témoins ont été interrogés, la revue étant parue en mai 1992 ça peut
être plus d'un an après l'observation, un délai largement suffisant pour
que les souvenirs soient quelque peu « embellis », mais en
l'occurrence les détails anormaux sont assez mineurs...
Il se trouve que M. Fleurat a aussi témoigné à la gendarmerie dès
le 7 novembre, on trouve son récit dans le rapport répertorié au GEIPAN
sous le n°
90307281 :
Avant-hier soir, 5 novembre 1990, vers 19 heures 00, je me
trouvais devant la porte de mon domicile, en compagnie de
Mr Mattera, Maire de la ?? , et Conseiller Général du canton
de Monpazier.
Nous étions en train de discuter, quand soudain nous avons remarqué
des lumières étranges circuler dans le ciel. Au début, nous avons vu
une ligne horizontale, composée de plusieurs lumières blanchâtres.
Cette ligne qui devait être d'une longueur de quarante mètres environ,
venait du côté du parc des Landes, donc de l'ouest. Cette ligne se
dirigeait vers nous.
Au bout de peut-être trois ou quatre secondes, ce phénomène s'est
trouvé au-dessus de notre tête. À ce moment-là, nous avons pu
remarquer certains détails :
La ligne blanche que nous avions vue à l'horizon, était en fait un
genre de coupole, donc circulaire, d'un diamètre d'environ
soixante-dix mètres. Tout le tour de cette coupole était illuminé
par des lumières blanches distantes d'environ dix mètres, l'une de
l'autre. Au-dessous de cette coupole, se trouvait une armature
apparemment métallique soutenant un cylindre de couleur rouge-orangé,
d'où sortait un faisceau lumineux de forte intensité, et de couleur
blanche. Ce faisceau était d'une longueur d'au moins cent mètres. Le
diamètre de ce faisceau était le même à la sortie du cylindre qu'à son
extrémité, à savoir cinquante ou soixante centimètres.
Nous avons pu observer cet étrange phénomène pendant au moins une
dizaine de secondes. L'ensemble s'est dirigé vers la commune de
?? , donc il circulait dans le sens ouest/est.
Je pense que cet engin volait à basse altitude. Pour moi, il devait
être à deux cents ou trois cents mètres, pas plus. Ce qui me fait dire
cela, c'est que j'ai pu remarquer certains détails, notamment des
assemblages apparemment métalliques. Je précise que l'ensemble se
déplaçait sans bruit. Je percevais à peine le bruit d'un déplacement
d'air.
Je tiens à rajouter que Mr Mattera est parti à bord de sa voiture
en direction de Biron, dès que cet engin s'est trouvé au-dessus de nos
têtes, pensant que celui-ci allait s'écraser, c'est dire s'il se
déplaçait à basse altitude. Je vous remets le croquis que je viens de
faire, lequel sera beaucoup plus explicite.
Le témoin est resté assez constant dans son récit, on note juste que la
durée estimée a nettement augmenté, et qu'il n'apparaissait pas évident
dans le rapport initial que le léger « bruit d'un déplacement
d'air » ait eu un rapport avec le phénomène.
Dans leur témoignage à LDLN, les deux témoins indiquent un
azimut précis de 266° (plein ouest) pour l'origine du phénomène,
signifiant sans doute qu'ils ont pu la déduire d'un repère précis, et la
rentrée atmosphérique se trouvait bien dans cette direction à
18 h 59, à une hauteur de 14° sur l'horizon... Par contre,
elle a disparu à un azimut d'environ 50°, et non 80 comme l'indiquent
les témoins ; l'erreur est minime et cette fois le chiffre rond
indique sans doute une estimation...
La durée d'observation a dû être de l'ordre de deux minutes, très
supérieure à celle estimée par M. Mattera et M. Fleurat dans
son témoignage à la gendarmerie (de l'ordre de 15 secondes) ;
par contre, M. Fleurat s'en rapproche dans son témoignage tardif
pour LDLN, en indiquant plus d'une minute. Il s'agit dans tous
les cas d'une estimation purement subjective, généralement très peu
fiable.
La dimension apparente est estimée à 50 cm à bout de bras par
M. Mattera, et dans son témoignage à la gendarmerie M. Fleurat
estime la dimension de l'objet à 80 m sans la traînée pour une
distance de 200 à 300 m, soit une vingtaine de centimètres à bout
de bras. Cette dernière estimation est sans doute très proche de la
dimension apparente de la rentrée atmosphérique qui passait à un peu
moins de 200 km au plus près.
Enfin, le phénomène serait passé « presque au-dessus » des
témoins d'après M. Fleurat, alors que la rentrée ne dépassait pas
32° de hauteur sur l'horizon lorsqu'elle passait au plus près, mais il
s'agit encore d'une exagération très habituelle, et l'objet passait en
tout cas dans le bon sens de la gauche vers la droite... Il était vu du
reste de profil (et même vu d'en haut !) plutôt que de dessous
d'après les dessins faits par M. Fleurat puis par l'enquêteur
Pierre Bosc d'après son témoignage.
La description serait aussi très représentative de la rentrée
atmosphérique s'il n'y avait la forte impression d'une
« structure », mais elle ne semble pas très sûre :
M. Mattera n'a pas distingué de forme ni de couleur à la
« plate-forme », il indique juste que les étoiles étaient
masquées au passage de l'objet mais on sait qu'il s'agit là d'une
illusion tout à fait courante pour la vision nocturne... C'est encore
Monsieur Fleurat qui précise : « Le dessous de la chose était
gris, concave me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de quelque source
lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques. »
« Me sembla-t-il », « je crus distinguer », autant
d'expressions qui jettent un doute sur la réalité de ces
« structures » et que Mesnard omet bien entendu dans le résumé
de l'observation ! L'enquêteur Pierre Bosc nous gratifie quant à
lui d'un savoureux commentaire : « M. Fleurat est
catégorique quant à ce qu'il a cru distinguer » !
Pierre Bosc ne note pas non plus la contradiction quand il écrit :
M. Fleurat a assisté à l'évolution du phénomène, du début
jusqu'à la fin, alors que M. Mattera ne l'a observé que du moment
4 au moment 6.
M. Fleurat a ainsi pu noter, aux moments 5 et 6, la couleur
grise du dessous de l'ovni, alors que l'autre témoin ne peut apporter
de précisions à ce sujet. Même chose pour l'assemblage de plaques
métalliques que M. Fleurat a cru distinguer.
Il est dit ailleurs que M. Mattera est parti en automobile juste après que l'objet soit
passé au plus près, il était donc bien présent lorsque M. Fleurat a « cru
distinguer » tous ces détails, mais lui n'a rien vu de tout ça !
Et c'est bien sûr toujours M. Fleurat qui a vu une structure
métallique qui lui « fit immédiatement évoquer un derrick » à
l'origine du « tube de lumière » parfaitement représentatif de
la rentrée... Mais dans son dessin à la gendarmerie fait peu après son
observation, cette même structure ressemblait plus à un portique qu'à un
derrick, une forme très différente qui laisse supposer que cette
structure était plus devinée que vue. M. Matterra a été tout aussi
intrigué par le tube de lumière qu'il décrit parfaitement, il a observé
l'objet aussi bien que son ami alors qu'il passait au plus près, mais
lui n'a vu aucune structure...
Bref il me semble clair que ces « structures », seuls détails
qui semblent écarter l'explication par la rentrée atmosphérique, sont
illusoires, et qu'un des deux témoins est juste un peu plus imaginatif
que l'autre : c'est lui qui a vu les structures, qui a vu l'objet
« presque à leur verticale » tout en le dessinant complètement
de profil et même vu d'en haut, lui encore qui a entendu un léger bruit...
Voici maintenant comment Joël Mesnard a relaté cette observation pour
l'émission « Bob vous dit toute la vérité » du 5 novembre
2013 :
À Vergt-de-Biron, c'est en Dordogne, une des observations les plus
formidables, c'est une des trente les plus formidables. Il y avait là
aux environs de 19 heures deux messieurs qui sont le maire de la
commune et le Conseiller général du coin. L'un d'eux venait de rendre
visite à l'autre et s'apprêtait à repartir. Il était soit sur le point
de rentrer dans sa voiture, soit déjà assis dans sa voiture, l'autre
étant sur le trottoir, et ils continuaient à discuter, et ils ont vu
passer devant eux, de leur gauche vers leur droite, quelque chose dont
je vais essayer de vous transmettre la description... Imaginez une
portion de Vache qui rit qui n'est pas sortie de son emballage
d'aluminium, il y a deux côtés qui sont rectilignes et il y a un côté
qui est arrondi... Bon vous triturez un petit peu tout ça pour que les
trois côtés soient arrondis. Bon vous voyez ça un petit peu de dessous
et de derrière, et vous enfoncez du pouce la face inférieure de la
Vache qui rit pour que la face inférieure soit concave, c'est-à-dire
bombée mais vers le haut, vers l'intérieur de la chose. Alors ça c'est
pas la totalité du truc c'est simplement un élément, l'élément
principal. Les 2 témoins voient des lignes de tôle, ils voient la
structure de quelque chose qui ressemble à une construction
métallique, ils voient comme des lignes de tôle, ce sont les termes
qu'ils ont employé. Si vous regardez un avion de près, surtout si
c'est pas un avion trop moderne, vous voyez la limite entre les tôles,
et si l'avion est un petit peu vieux vous voyez bien
la limite entre les tôles. Bon ben là les deux témoins voyaient ça, et
c'est précisément cette présence de séparations entre les tôles,
appelons ça comme ça, qui leur a permis de dire que la face intérieure
était ou semblait être incurvée vers le haut. Tout autour de la Vache
qui rit, sur le flanc de la vache qui rit — j'ai oublié de
préciser qu'il faut l'imaginer dans un plan horizontal, cette
chose —, mais sur les flancs il y a des gros spots lumineux, il y
en a peut-être une vingtaine. À l'arrière de la Vache qui rit, et sous
l'arrière, il y a quelque chose qui ressemble à un derrick pétrolier.
Comme une structure genre échafaudage, mais échafaudage pointu vers le
bas, d'où la comparaison avec un derrick pétrolier, et il y a ce truc-là
qui donc pend, la partie inférieure étant en bas, et de l'extrémité
inférieure de ce derrick part un tube blanc lumineux, très lumineux,
parallèle à la direction de déplacement de l'ensemble mais partant
vers l'arrière. Je ne sais pas si vous imaginez le bazar : une
immense portion de Vache qui rit, sur laquelle on voit des détails de
structure, on voit des lumières sur la périphérie, il y a un derrick
pétrolier accroché sous le bazar, et derrière ça traîne un tube
lumineux — alors, que les témoins ont comparé à un tube
fluorescent, mais alors un méga tube fluorescent — qui pouvait
avoir peut-être cent mètres — c'est un ordre de grandeur
hein —. Un petit détail que je voulais souligner, c'est à propos
du méga tube fluorescent accroché sous l'extrémité inférieure du
derrick de forage. On retrouve la mention de ce tube lumineux ou de
deux tubes lumineux, on retrouve ça dans une observation très bien
décrite faite à Brétigny-sur-Orge, rue de l'Orge, observation très
précise, j'espère que j'aurai le temps de vous en dire un mot, et
aussi dans une observation faite à Gretz-Armainvilliers par des
témoins multiples dont un commandant de bord sur 747 à Air France,
excusez du peu.
Ou comment amplifier peu à peu les témoignages... Non seulement on
oublie les « j'ai cru distinguer » et « me
sembla-t-il » du témoin concernant la structure métallique concave,
mais maintenant Mesnard prétend que ce sont les deux témoins qui ont vu,
et qui ont même « parfaitement distingué » cette structure,
avec même des « lignes de tôle », encore un mensonge... Le
seul de ces détails que le deuxième témoin confirme, c'est la présence
du « méga tube fluorescent », vu aussi à Gretz-Armainvilliers,
à Brétigny-sur-Orge et à bien d'autres endroits, puisque cela c'était
tout à fait caractéristique de la rentrée atmophérique !
Pescadoires (Lot) :
Le dessous de cette forme, couleur gris acier, est comme constitué
d'un assemblage de tôles (cas non retenu par Joël Mesnard). Un clone du cas précédent, dans la même région et par le même
enquêteur... Bizarre, mais il est clair que dans les deux cas c'est la
rentrée qui a été observée.
Un cas très similaire au précédent,
enquêté également par Pierre Bosc... Contrairement à celui de
Vergt-de-Biron il ne figurait pas dans le numéro 310, mais il est
fait allusion à cette « enquête en cours »... Ça signifie
vraisemblablement que l'enquêteur n'avait pas encore rencontré les
témoins à la rédaction de ce numéro au début 1992.
Nous avons ici encore deux témoins, situés dans la même région que ceux
de Vergt-de-Biron, et qui décrivent très certainement la rentrée
atmosphérique : un ensemble de lumières blanches délimitant une
forme ovale, accompagnées par deux faisceaux lumineux
cylindriques ; la trajectoire suivie est celle de la rentrée, la
distance au plus près est estimée à 1 km pour une altitude de
200 m au-dessus de la crête des collines soit quelque 350 m
plus haut que les témoins, ça correspondrait à un angle d'une vingtaine
de degrés au-dessus de l'horizon, très proche de celui de la rentrée
(28°) et dans la même direction... La taille, estimée à celle d'un
terrain de football (environ 100 mètres de longueur) correspond
assez bien pour cette distance aux dimensions apparentes de la rentrée
(de l'ordre de 50 km de longueur pour une distance de 200 km).
La durée estimée à une minute est vraisemblable...
Bref tout colle, les seules anomalies sont qu'un des témoins voit que
« le dessous de cette forme, couleur gris acier, est comme
constitué d'un assemblable de tôles » et perçoit lors du passage au
plus près « un bruit très léger, semblable à un souffle, à un
déplacement d'air. »
Devant la similitude de la description, jusque dans les mots employés,
avec celle du témoin de Vergt-de-Biron (cas précédent) pour qui le
dessous de la chose était gris, concave, me sembla-t-il, et à la lueur
diffuse de quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques
métalliques et qui a entendu un bruit comparable à celui d'un
vol de palombes : un froufroutement, un déplacement d'air léger,
on se demanderait presque si le témoin n'aurait pas été un peu
influencé, soit par un article de presse décrivant le témoignage de
Vergt-de-Biron, soit par l'enquêteur... Ceci dit, il est très possible
aussi que ces similitudes relèvent de la coïncidence, et que
l'impression d'une « forme grise » que l'on retrouve dans
plusieurs témoignages de la région soit due à l'aspect particulier de la
rentrée à ce niveau de la trajectoire, en raison de traînées évoquant de
la fumée plutôt que les traînées lumineuses d'air ionisé qui seront
seules visibles plus loin.
Quoi qu'il en soit, tout comme dans le cas de Vergt-de-Biron, le
deuxième témoin semble n'avoir vu aucun détail curieux (je dis semble
parce que son témoignage, on ne le cite bien entendu pas
beaucoup !)
Joël Mesnard rapproche aussi ces deux cas de celui de l'autoroute près de
Bayonne, remarquant que « curieusement, la forme décrite à
Vergt-de-Biron est intermédiaire entre le triangle de la A 63 et la
forme ovale de Pescadoires ! », mais on peut faire toutes sortes
de rapprochements factices surtout lorsqu'on privilégie pour chaque cas le
témoignage qui convient le mieux !
En fait les similitudes entres ces trois cas résultent simplement du fait
qu'ils décrivent la même rentrée atmosphérique vue à peu près dans les
mêmes conditions, et les dissemblances sont dans la moyenne de ce que l'on
observe chez les groupes de témoins d'un même phénomène.
Rubrique « réactions »
C'est le titre donné au complément paru dans le numéro 361.
Dans ce numéro, Joël Mesnard commence par nous parler des observations à
l'étranger : La presse des jours qui ont suivi le 5 novembre
signale de telles observations, notamment dans le Sud de l'Angleterre,
en Allemagne, en Suisse et en ltalie, mais sans fournir de précisions.
Il y en aurait eu également dans le Sud de la Pologne, et la presse
espagnole a parlé d'observations jusqu'en Autriche et en Yougoslavie.
Toutefois, nous n'avons jamais eu la chance de recueillir beaucoup de
données précises concernant ce qui a été vu dans ces pays. En fait, nous
(LDLN) ne connaissons guère (et assez superficiellement) que
trois cas hors de France ce soir-là : deux en Allemagne et un en
Suisse.
Curieusement, Mesnard oublie un pays dans lequel un certain nombre de cas
ont été connus et convenablement étudiés grâce à la présence d'une
association très connue : la Belgique, où la SOBEPS (Société belge
d'étude des phénomènes spatiaux), « boostée » depuis près d'un
an par une vague d'ovnis d'ampleur exceptionnelle, a reçu plus de 170
témoignages relatifs à cette soirée... 74 d'entre eux ont fait l'objet
d'une étude détaillée parue en mai 1998 : Phénomènes spatiaux
numéro 96, un numéro de 72 pages entièrement consacré à la vague
du 5 novembre 90, avec pour compléter l'étude de la SOBEPS un article
de Jean-Jacques Velasco (Revenir au 5 novembre 90) et
pour la partie « croyants » un de Jean Sider (Autopsie d'un
phénomène polymorphe et ubiquiste).
Et si la SOBEPS est ainsi « oubliée » par Mesnard, c'est
parce qu'elle a conclu que la « vague » du 5 novembre 1990
s'expliquait, au moins pour la grande majorité des cas, par la rentrée
atmosphérique ! Les témoignages enregistrés décrivent dans l'ensemble
assez bien le phénomène, et l'étude statistique démontre sans aucun doute
possible que la majorité d'entre eux se rapportent à la rentrée.
Oublions donc ces plus de 70 cas étudiés par la SOBEPS qui concernent
de façon évidente la rentrée atmosphérique, puisque telle est la volonté
de Mesnard, et intéressons-nous aux trois cas à l'étranger qu'il connaît
« assez superficiellement », les seuls qui comptent à ses
yeux !
Kelkheim (Allemagne) :
Un objet opaque, de forme triangulaire, vu entre 17 h 25
et 17 h 30. Sûrement pas la rentrée, c'est bien moins spectaculaire, peut-être un
avion un peu étrange.
Joël Mesnard décidera à la fin de son
dossier d'admettre ce cas parmi sa sélection de preuves qu'il y a eu
autre chose qu'une rentrée atmosphérique... Et si l'on s'en tient à
cette stricte définition il a sûrement raison : l'objet observé n'a
certainement rien à voir avec la rentrée atmosphérique qui passait une
heure et demie plus tard... et qui était autrement plus
spectaculaire !
Voici le croquis de l'objet observé, tel qu'il est représenté dans le
livre Interdisciplinary UFO Research édité en 1993 par le
MUFON-CES :
La longueur apparente de l'objet est estimée à un quart de degré, soit
la moitié du diamètre de la lune... Rappelons que la rentrée
atmosphérique apparaissait généralement sous un angle de vingt ou trente
degrés, soit une centaine de fois plus, ça n'a effectivement rien de
comparable !
Le livre cité en référence est un livre de spéculations scientifiques
autour des ovnis (je ne l'ai pas lu, mais ça ne semble pas manquer
d'intérêt), et cite le cas simplement à titre d'illustration sans que la
moindre enquête ait été effectuée... On ne sait rien de la date du
témoignage, on nous dit qu'il y avait deux témoins mais on ne sait pas
qui a témoigné et fait le croquis...
Bref cette observation n'a rien à voir avec la rentrée atmosphérique,
mais en l'état elle présente des niveaux de crédibilité aussi bien que
d'étrangeté à peu près nuls... Un « objet opaque
triangulaire » ça peut évoquer une multitude d'avions, il n'y a
rien dans le déplacement de l'objet qui présente une quelconque
anomalie, le seul détail curieux serait le nombre de réacteurs, huit sur
le schéma, mais vu la faible dimension angulaire de l'objet et l'absence
de toute indication de la part des témoins on ne sait pas quelle
confiance on peut accorder à ce détail.
Notons qu'un avion qui évoquerait assez le schéma serait le prototype
XB-70 Valkyrie, qui a volé de 1965 à 1969 :
Un avion qui ne vole donc plus depuis longtemps, abandonné après que son
deuxième exemplaire a été victime d'un accident lors de sa présentation
publique, mais qui aurait pu influencer des témoins passionnés d'avions
secrets...
Quoi qu'il en soit, cette observation n'apporte rien, et on a
l'impression que Mesnard veut juste montrer qu'à LDLN on lit des
livres d'ufologie très pointus écrits par des physiciens !
Autoroute entre Halle et Leipzig
(Allemagne) :
Un groupe de boules de feu, de couleur orange, laissant derrière
elles des traînées très longues et fines (cas non retenu par
Joël Mesnard). Un seul détail étrange dans cette bonne description de la rentrée.
Ce second cas allemand se rapporte par
contre très certainement à la rentrée atmosphérique. Le témoin se
trouvait à quelque 200 km au nord de la trajectoire de la rentrée,
il roulait vers le sud, il a vu l'objet passer de sa droite vers sa
gauche, donc se dirigeant vers l'est, et pas très haut sur l'horizon
puisque visible à travers le pare-brise en conduisant, la description
évoque bigrement la rentrée...
Seul détail anormal : une des traînées n'était pas parallèle aux
autres... Ça n'est pas très convaincant pour une observation faite en
conduisant, l'impression peut résulter de deux traînées en partie
confondues... Mais en fait, on sait qu'à ce niveau de la trajectoire
seule une longue traînée était vraiment visible, on peut donc plutôt
penser que celles des autres points lumineux relevaient de la
persistance rétinienne ou d'une diffusion sur un pare-brise sale, et il
n'est alors pas surprenant qu'elles n'aient pas eu la même orientation
que la seule traînée réelle.
Morges (Suisse) :
Les éléments dont nous disposons sont non seulement imprécis, mais
même contradictoires sur l'essentiel (cas non retenu par Joël
Mesnard). Exemple parfait de la déformation d'un témoignage au cours du temps, il
y en a bien d'autres que Mesnard ne veut pas voir !
La façon dont Mesnard présente ce cas est
intéressante : Le cas suisse est le moins bien documenté des
trois : les éléments dont nous disposons sont non seulement
imprécis, mais même contradictoires sur l'essentiel : les données
géométriques concernant la trajectoire apparente.
En réalité, il apparaît que tout au contraire ce cas est
largement le plus documenté et précis des trois ! Il y a
même eu une enquête avec reconstitution, que faut-il donc à
Mesnard ?
Le seul problème donc, c'est que cette enquête menée en 1992, deux ans
après l'observation, est totalement contradictoire avec la description
initiale d'un témoin : comme le remarque Mesnard, cette première
description d'un objet qui se dirigeait de gauche à droite, dans une
direction semblant parallèle au sens de déplacement de la voiture, de
l'ouest-sud-ouest à l'est-nord-est, est compatible avec la rentrée
atmosphérique, et la description de l'objet, trois points lumineux plus
une « queue » lumineuse cylindrique, évoque parfaitement ce
phénomène...
Mais dans la reconstitution deux ans après l'observation, l'objet est
dessiné dans la direction opposée, de la droite vers la gauche, et la
trajectoire serait plutôt sud-est/nord-ouest, totalement incompatible
avec celle de la rentrée.
Cela montre simplement à quel point on doit se méfier des témoignages
recueillis plusieurs années après l'observation, même pour des données
aussi élémentaires que le sens de déplacement ! Et justement nous
avons vu parmi les « plus de trente exemples flagrants » de
Mesnard qu'il y avait un certain nombre de témoignages tardifs dont les
détails « anormaux » étaient contredits de la même manière par
les dépositions initiales des témoins (soit des rapports de gendarmerie,
soit dans des courriers adressés à une autre source que LDLN).
La seule différence, c'est que cette fois, Mesnard daigne prendre en
compte ce témoignage initial, au lieu de se contenter des déclarations
dans l'enquête tardive !
La rentrée du 18 juillet 1967
Mesnard commente ensuite une lettre reçue d'un lecteur évoquant une
observation étonnante liée à une autre « vague » expliquée par
une rentrée atmosphérique, en 1967.
Il s'agit de la rentrée du troisième étage de la fusée ayant lancé le
satellite Cosmos 1969, qui s'est produite dans la nuit du 17 au 18
juillet 1967 à 1 h 15, traversant la France de
l'ouest-nord-ouest à l'est-sud-est.
Le cas a notamment fait l'objet d'une étude très complète dans Phénomènes
Spatiaux n°15 (1er trimestre 1968), où une centaine
d'observations ont été reportées sur une carte... Il apparaît évident que
la grande majorité des observations concernent la rentrée atmosphérique,
et si l'auteur de l'article émet quelques doutes sur certains cas ils
reflètent surtout son manque de connaissances en la matière : il
trouve en particulier anormal que le phénomène se présente sous la forme
d'un ensemble de lumières gardant sensiblement les mêmes positions
relatives et espacées par des distances angulaires considérables, alors
qu'il s'agit là d'un caractère tout à fait typique des rentrées
atmosphériques.
On y apprend aussi que le directeur de l'observatoire de Meudon qui a fait
l'annonce « officielle » de l'identification du phénomène avait
été soupçonné par certains ufologues d'alors d'avoir obéi à des
consignes... Décidément rien de nouveau sous le soleil !
Joël Mesnard écrit à propos de ce phénomène :
Les événements de cette nuit du 18 juillet 1967 présentent, c'est
évident, une ressemblance profonde avec ceux du 5 novembre 1990. On
retrouve, par exemple, le léger étalement de la vague dans le
temps : au Buisson-de-Cadouin, le phénomène a été observé à
exactement 2 h du matin, trois quarts d'heure après les autres
apparitions. Et d'autres ont été signalées nettement avant
1 h 15 ! Tout cela suggère évidemment la manifestation
d'une intelligence ayant non seulement le désir de se montrer en se
faisant passer pour autre chose, en semant la confusion, mais ayant
également la connaissance préalable du fait que la rentrée
allait avoir lieu. Cette idée, bien qu'elle découle très
directement de témoignages nombreux, précis, convergents, donc
parfaitement respectables, ne séduit pas tout le monde, comme on a pu le
constater après la parution de notre numéro 306.
Il semble donc qu'il y ait des personnes sensées parmi les lecteurs de LDLN !
Il y a effectivement une ressemblance profonde entre les événements du 18
juillet 1967 et ceux du 5 novembre 1990, due au fait qu'ils s'expliquent
par une rentrée atmosphérique et qu'ils ont été largement médiatisés... On
retrouve dans les deux cas une grande majorité d'observations décrivant
très convenablement la rentrée, quelques rapports concernant aussi très
vraisemblablement la rentrée mais dont la description est assez déformée,
et quelques cas se rapportant sans doute à autre chose mais qui n'est pas
forcément très mystérieux.
Pour cette « vague » de 1967, Joël Mesnard retient dans ce
numéro 306 de LDLN consacré au « parasitage des rentrées
atmosphériques » huit cas qui lui semblent exclure totalement
l'explication par une rentrée... Mais là encore, il faut tenir compte du
fait que ces huit cas sont sélectionnés parmi une bonne centaine d'autres,
et représentent vraisemblablement la marge de témoignages peu fiables,
quand ce ne sont pas les enquêteurs qui montent en épingle des détails peu
significatifs... Sur ces huit cas, personnellement, je n'en vois guère
qu'un qui présente réellement quelques détails un peu étranges.
Dans le présent dossier sur le 5 novembre 90, Mesnard rappelle simplement
deux observations de cette « vague » de 1967, situées toutes
deux à Nice... La seconde n'a vraiment rien qui soit incompatible avec la
rentrée atmosphérique... Quant à la première, il s'agit de l'observation
de Mme Pariset, et il est intéressant de citer ses deux témoignages successifs...
Le premier se trouve dans LDLN n° 90 paru en octobre 1967,
donc peu après cette vague d'observations, et il s'agit du compte-rendu d'une intervention télévisée,
qui a sûrement eu lieu après seulement quelques jours :
Nous avons rencontré une personne de Nice qui a parfaitement vu l'objet qui survola notre ville.
Il s'agit de Mme P... (Qui désire garder l'anonymat). Elle se trouvait à son balcon vers 1 h 15,
attendant ses enfants. Son attention fut alors attirée par un objet de forme « fusiforme »
qui venait de l'ouest (colline de Pessicart), à très faible vitesse. Cet engin, d'une luminosité merveilleuse,
portait à son avant un feu de couleur rouge, et de nombreux « réacteurs »
semblaient cracher des jets de flammes bleues sur le côté. Le « cigare » changea de cap
et Mme P... put alors distinguer un des « réacteurs » du côté opposé.
Le corps du « M.O.C. » était, lui, irradié de points lumineux rouges.
Cet objet resta immobile un instant et repartit en direction de l'est, après avoir décrit une courbe.
À ce moment précis, l'appareil qui était à très faible altitude
(300 mètres environ) fit clignoter son feu rouge avant, suivant un rythme qui rappelait
celui de l'alphabet morse. Mme P... ne fut nullement troublée par cette apparition
et sa déclaration devant les caméras de la Télévision de Monte-Carlo
était empreinte d'une grande sincérité.
(De notre correspondant Guy TARADE)
Il n'y a là pas grand-chose qui ne soit pas courant pour une rentrée atmosphérique,
les seuls détails anormaux sont que l'engin serait « resté immobile un instant »
et serait reparti « en direction de l'est, après avoir décrit une courbe »...
On ne sait pas de quelle amplitude était cette courbe apparente, mais le fait est que l'objet venait de l'ouest
comme la rentrée atmosphérique, et s'éloignait vers l'est comme la rentrée atmosphérique,
à l'heure précise où passait la rentrée atmosphérique...
La deuxième version de ce témoignage est un courrier écrit par le témoin et paru dans
LDLN Contact Lecteurs de novembre 1971,
accompagné d'un croquis qu'elle avait fait dès le lendemain de son observation :
Rien de très surprenant dans ce croquis, qui recoupe assez bien d'autres descriptions de la rentrée,
mais par contre le témoignage est devenu assez surprenant :
J'attendais le retour de ma fille, au balcon de mon appartement, au 5e étage d'un immeuble,
rue du Soleil. Le ciel était très pur, et j'apercevais distinctement les collines au NE et au NO de Nice.
Du NO je vis apparaître ce que je pris au premier regard pour un avion commercial, bien qu'il ne soit pas
sur une ligne aérienne. L'objet me semblait très proche, et je n'entendais aucun bruit.
Il s'arrêta soudain face à ma fenêtre, en direction d'une grue d'un chantier voisin, et je
réalisais qu'il ne s'agissait pas d'un avion du tout.
L'engin était apparemment plus long que le bras de la grue, et se tenait absolument immobile.
Sur le côté de cet engin en forme de fuselage (nous dirions un cigare), je distinguais
cinq hublots rougeâtres également espacés, situés vers l'avant. Sous l'engin,
il y avait une sorte de grille rouge, comme un grille-pain incandescent. Au-dessus de cette « fusée »,
un projecteur tournait et lançait de brillants éclairs lumineux.
L'engin est resté au moins dix secondes au-dessus du sol, immobile, et s'est remis en route
en direction du NE très lentement. À la hauteur du Mont Vinaigrier, il a effectué
un virage en direction du sud.
Assez effrayée, je suis rentrée dans l'appartement et j'ai fait un croquis de ce que j'avais vu.
On voit que par rapport au témoignage initial, « l'instant d'immobilité »
est devenu dix secondes d'immobilité absolue, et la courbe avec un départ en direction de l'est,
celle de la rentrée, est devenue un virage en direction du sud ! On ne sait pas de quand date le courrier
de ce témoin, mais LDLN Contact Lecteurs paraissait alors régulièrement,
ça devait donc être peu avant la parution de ce numéro en novembre 1971,
et donc quatre ans après l'observation... Bref on voit encore une fois combien les témoignages
peuvent être déformés après plusieurs années... Et je vous laisse deviner
sur quelle version s'appuie Joël Mesnard dans son dossier...
Bref, effectivement les deux vagues présentent bien des similitudes,
jusque dans la façon dont elles sont abordées par Mesnard ! Il écrit
encore au sujet de cette « vague » de 1967 : On ne me
fera jamais croire que les observations de Nice (et d'ailleurs),
juste à la même heure, se rapportent à cette rentrée. Eh bien,
chacun est libre de vouloir mourir idiot !
La loi du silence
C'est le titre provocateur choisi par Joël Mesnard pour cette quatrième et
dernière partie de son dossier, parue dans LDLN n°362.
Mesnard commence par indiquer qu'il considère que quatre cas auraient dû
être ajoutés aux « trente exemples flagrants » initialement
considérés : celui de Melun,
celui de Noisy-sur-École
qui sera abordé plus loin (et qu'il a depuis à nouveau exclu de sa liste
« d'exemples flagrants »), celui de Kelkheim,
en Allemagne, dont nous avons parlé un peu plus haut, et le cas suisse
dont nous allons parler maintenant.
Vésenaz (Suisse) :
Le phénomène passe de la gauche vers la droite de la route. Tout comme la rentrée, par ailleurs très bien décrite !
Un récit plus détaillé de ce cas se
trouve sur
le site du Grepi, sous le titre « Genève — route de
Thonon ». Cette association a produit quelques autres enquêtes sur
des observations du 5 novembre 90, mais il est clair qu'elles se
rapportent toutes à la rentrée atmosphérique plutôt bien décrite, même
si les habituelles « formes noires sur fond noir » peuvent
laisser croire le contraire sur les magnifiques reconstitutions
3D !
Le cas de Vésenaz n'y échappe pas, même si le témoin Nathalie Stotzer
est un des membres-fondateurs de l'association (avec Daniel Benaroya et
Alain Stauffer). L'objet est décrit comme un ensemble de petites
lumières rouges essentiellement regroupées à l'avant, avec à l'arrière
un faisceau de lumière tronqué... Cela rappelle tout à fait la rentrée
atmosphérique, et pour ce qui est donc de la « forme noire »
voici ce que dit le témoin : Il m'est impossible d'en préciser
la taille, mais il m'a donné une impression d'immensité. En tous cas
il avait de la « présence ». Sa forme n'était pas
précisément définie, mais il s'agissait certainement d'une structure
solide, puisqu'il occultait les étoiles derrière lui. Bref la
classique forme noire dont les contours ne sont pas visibles dans
l'obscurité mais qui occulte les étoiles.
Seule la trajectoire de l'objet est un peu anormale, puisque le témoin
indique un axe ouest/est, et en outre l'enquête du Grepi n'est pas
claire à ce sujet : dans le texte, c'est une direction
nord-est/sud-ouest qui est mentionnée, ce qui serait vraiment
surprenant, mais il s'agit manifestement d'une erreur... L'enquêteur a
probablement voulu dire nord-ouest/sud-est pour une direction
perpendiculaire à la route, mais sur une carte reconstituant le
témoignage le déplacement indiqué est ouest/est... La route à cet
endroit est du reste orientée vers le nord-nord-est et non le nord-est
comme indiqué dans cette enquête.
Et c'est bien la direction qui paraît remarquable à Joël Mesnard : Insistons
sur le fait que les éléments concluants, dans ce cas, sont la
direction d'observation (connue avec une excellente précision), la
direction du mouvement, et surtout le fait que l'objet a traversé la
route : Nathalie a vu la chose à droite de celle-ci, alors que la
rentrée est censée s'être toujours trouvée loin sur sa gauche.
Mais cela est simplement faux ! La route, très correctement située
par Mesnard, suit un cap de 25° (nord-nord-est)... Quant à la rentrée,
elle culminait à l'azimut 335° à quelque 25° de hauteur sur l'horizon,
et disparaissait à l'horizon à l'azimut 54°, bien à droite de la route
donc et pas loin de la direction « est » indiquée par le
témoin, qui serait d'ailleurs plutôt « est-nord-est » ou 67°
en tenant compte de son erreur sur l'orientation de la route. Lorsqu'elle passait d'un côté
à l'autre de la route, elle se trouvait encore à une hauteur angulaire de 15°.
Quant à la date du témoignage, elle n'est comme d'habitude pas précisée
ni dans LDLN ni sur le site du Grepi, mais j'ai appris
récemment, après avoir rédigé ce dossier, que le compte-rendu a été fait
après seulement quelques jours.
C'est en réaction à mon texte que Daniel Benaroya, enquêteur au Grepi,
m'a apporté des détails et la réponse du témoin Nathalie Stotzer, sur la
liste de diffusion Magonie.
Cette dame précise donc dans sa réponse qu'elle a rapporté son
témoignage dès le lendemain de son observation à M. Benaroya
lui-même « devant son indignation devant les reconstitutions des
journaux, qui présentaient toutes la rentrée atmosphérique »... En
fait, les journaux n'ont présenté l'explication par la rentrée
atmosphérique que le dix novembre, c'est donc probablement après
quelques jours qu'elle a témoigné, mais en tout cas rapidement.
Elle explique aussi qu'elle est habituée à l'observation du ciel et
qu'elle a observé un certain nombre de rentrées de météorites, mais
justement une rentrée de satellite n'a rien de comparable, et
particulièrement celle-ci, du fait de sa lenteur et de la grande
dispersion des débris.
Et elle précise que le meilleur argument contre l'hypothèse de la
rentrée est l'étrange faisceau de « lumière solide »
accompagnant l'ensemble de lumières, faisceau également décrit
par un pilote d'avion (même article sur le site du Grepi, cas du
« vol Swissair Zurich-Genève »).
J'ai répondu très poliment à M. Benaroya, et indirectement à son
témoin, que ce faisceau de « lumière solide » était justement
une caractéristique de cette rentrée atmosphérique, particulièrement
dans l'est de la France et donc au niveau de la Suisse, en lui montrant
comme exemple une photo extraite de la vidéo de Colmar.
Il m'a répondu ironiquement que sur cette photo le faisceau était dirigé
vers le haut, et que Mme Stotzer devait donc faire le poirier pour
l'avoir vu vers le bas... Je lui ai donc expliqué très aimablement que
cette traînée d'air ionisé était dirigée vers l'arrière, et que donc
elle était vue vers le bas lorsque l'objet était en approche, et vers le
haut lorsqu'il s'éloignait comme c'était le cas dans la vidéo de Patrick
Depin qui a dû aller chercher sa caméra dans le coffre de son automobile
avant de pouvoir filmer... M. Benaroya n'a plus répondu.
Au sujet du témoignage du pilote, que le témoin lui-même trouve
confirmer remarquablement le sien, il s'agit cette fois d'un témoignage
recueilli après plusieurs années, et l'enquêteur note que le commandant
(le témoignage vient du copilote) a décrit l'observation assez
différemment dans un rapport officiel adressé au centre de contrôle du
trafic aérien. On a là une parfaite illustration de la variabilité des
témoignages d'une même observation, ou des déformations avec le temps,
mais quoi qu'il en soit les deux décrivent assez correctement la rentrée
atmosphérique avec son long faisceau lumineux. Il est du reste précisé
qu'il y a eu pendant l'observation des discussions radio au sujet du
phénomène entre plusieurs avions et la tour de contrôle, si bien qu'il
n'y a pas le moindre doute sur le fait que c'est bien la rentrée qui a
été observée.
Et il n'y a de même guère de doute sur le fait que c'est la même chose
qui a été observée par Mme Stotzer... Le seul détail un peu
surprenant est qu'elle indique que le fameux faisceau de « lumière
solide » était incliné (d'une quarantaine de degrés d'après les
différentes illustrations) par rapport à la direction du déplacement, ce
qui ne me paraît pas très convaincant en particulier pour une
observation faite depuis une automobile en marche...
J'ai ajouté à l'intention de M. Benaroya :
On a l'impression que vous découvrez maintenant qu'il y a eu une
rentrée atmosphérique que vous n'évoquez jamais dans votre article,
que des milliers de témoins l'ont vue en France, qu'elle a même été
filmée, que la Sobeps a de son côté recueilli une bonne centaine de
témoignages en Belgique qui sont aussi tout à fait caractéristiques de
cette rentrée, mais que vous pensez que personne en Suisse ne l'a
observée et que tous les témoignages que vous avez recueillis sont
relatifs à d'authentiques ovnis !
Peut-être que je l'ai vexé, si c'est le cas j'en suis désolé, mais c'est
quand même un peu gros que dans sa série d'enquêtes il n'évoque même pas
l'explication par la rentrée atmosphérique !
Le cas suivant est mentionné par Joël Mesnard bien qu'il ne le considère
pas comme tout à fait convainquant.
Saint-Nabord (Vosges) :
Si un poteau vertical, infiniment haut, s'était trouvé à côté du
témoin, l'objet serait passé au sud-est de ce poteau (et non au
nord-est) (cas non retenu comme probant par Joël Mesnard). Des imprécisions mineures pour un témoignage manifestement tardif, mais
la rentrée atmosphérique est plutôt bien décrite.
Joël Mesnard range ce cas parmi ceux qu'on
serait tenté de considérer comme concluants, mais pour lesquels peut
subsister, malgré tout, une part de doute, aussi légère soit-elle.
Voyons ce que disait le témoin dans l'article de presse initial :
J'ai entendu comme un ronflement dans le ciel. J'ai levé les yeux.
C'était énorme. Une quinzaine de petits points lumineux de couleur
orange, rouge et blanche, se déplaçant à la même vitesse, tous
regroupés dans un losange. Ça a duré quinze secondes, mais c'était
cinquante fois plus gros qu'un appareil de ligne.
Et l'article de presse ajoute : Et comme il n'est pas le
seul à avoir observé le phénomène disparaissant au-dessus du
Saint-Mont, le menuisier navoiraud a pu dormir tranquille.
La description du phénomène évoque assez bien la rentrée atmosphérique,
bien qu'il soit étonnant que la traînée lumineuse ne soit pas évoquée.
Le « ronflement » entendu ne paraît pas vraiment probant à
Joël Mesnard, qui explique qu'il ne devrait pas y avoir simultanéité
entre la perception du son et la vision du phénomène, mais « qu'il
se peut que des phénomènes encore mal connus interviennent dans la
propagation des ondes sonores ». Pas impossible, nous en avons
discuté, mais j'aurais plutôt tendance à penser que le bruit était
illusoire ou fortuit et que le témoin a été attiré par la lueur du
phénomène.
Il reste comme élément anormal la dispariton « derrière le
Saint-Mont », qui se trouve à l'est-sud-est de la positon du
témoin, alors que la rentrée disparaissait à l'est-nord-est... Mais un
simple coup d'oeil à la topographie de Saint-Nabord montre qu'il est
entouré de collines, dont les noms ne sont pour la plupart pas connus
des habitants. Le Saint-Mont est très connu parce qu'il s'agit d'un site
historique, mais on trouve une colline plus élevée un peu au nord,
située pratiquement plein est de la position du témoin, et même un peu
vers le nord, donc très proche de la direction de disparition de la
rentrée :
Notons en outre qu'il n'est pas précisé dans le témoignage dans quelle
direction l'objet a disparu, c'est le journaliste qui ajoute que ce
témoin « n'est pas le seul à avoir vu le phénomène disparaissant
au-dessus du Saint-Mont », il est donc très possible que cette
précision ait été donnée par un autre témoin situé ailleurs.
Pour en avoir le coeur net, Mesnard a téléphoné au témoin pour
lui demander si le phénomène observé était passé juste au zénith, et
dans le cas contraire s'il passait au plus près au nord-ouest ou au
sud-est... Et la réponse a donc été sud-est, au contraire de la rentrée
atmosphérique qui passait au nord-ouest, mais à 79° de hauteur angulaire
sur l'horizon, donc très proche du zénith. Ce que Mesnard oublie comme
d'habitude de préciser, c'est QUAND il a demandé cette précision au
témoin... Et je parie que c'était des années après l'observation, auquel
cas une telle erreur apparaît mineure, concernant justement un objet
passé très près du zénith... Lorsque le phénomène passe bas sur
l'horizon, on l'observe essentiellement de profil, et on a tendance à se
remémorer le sens de déplacement même longtemps après : de la
gauche vers la droite ou inversement ; mais lorsqu'il passe très
haut dans le ciel, on le voit approcher de face, et on se retourne pour
le voir de dos, le souvenir de la direction du passage au plus près est
alors beaucoup plus aléatoire...
Il n'y a finalement aucune raison sérieuse de douter que ce témoin ait
observé la rentrée atmosphérique et rien d'autre.
Retombées dans la presse
Mesnard se fend ensuite d'une critique de la presse qui aurait souvent
relaté les événements avec trop de légèreté... Il semble penser que la
presse est là pour mener des investigations sur tout, et présenter des
enquêtes détaillées... En ce qui concerne cette vague d'observations, les
journalistes ont interrogé des astronomes, le SEPRA qui était normalement
l'organisme chargé d'étudier ce genre de phénomènes, quelquefois aussi des
ufologues qui se prétendent spécialistes... Est-ce leur faute si personne
dans tout ce monde ne leur a fourni des informations correctes ?
Mesnard écrit aussi :
Quand on consulte l'ensemble des articles de presse évoquant les
événements du 5, on constate que quatre seulement des trente cas très
probants résumés dans la double page centrale de notre numéro 360 ont
été évoqués dans la presse : Cuhem, Villavard, Neufgrange et
Vergt-de-Biron. Encore ne l'ont-ils été (à la seule exception de Cuhem,
exposé dans l'Indicateur) que très succinctement...
Que fait-il donc du cas de Vouziers, qu'il nous présente pourtant ainsi
dans son dossier : Dans l'article du journal l'Union du
7 novembre, nous trouvons le récit d'un journaliste travaillant
pour ce journal, le photographe de presse Alain Hatat [il a du reste
mal lu puisque ça n'est pas ce photographe qui a fait une observation à
Vouziers] ? Et que fait-il des cas de Thugny-Trugny et de Soissons
(Mesnard précise d'ailleur à propos de ce dernier cas que l'expression
« occupait tout l'espace du ciel » figure en italique et entre
guillemets dans un grand journal !), exposés dans le même numéro de
l'Union des Ardennes qu'il a donc eu en mains ? Et moi qui ne prétends pas
avoir « consulté l'ensemble des articles de presse évoquant les
événements du 5 novembre », j'ai tout de même vu aussi les cas
de Chalonnes-sur-Loire (Ouest-France
du 7 novembre), l'Ile de Groix (journaux Ouest-France et La
liberté) et Capbreton (Ouest-France
du 8 novembre)... Nous en sommes déjà à onze sur trente-trois
sans prétendre à l'exhaustivité, et la plupart des autres cas sélectionnés
par Mesnard n'ayant été signalés que des années après l'observation il eut
été difficile de les trouver mentionnés dans la presse de l'époque !
Quand les Belges racontent une histoire française
Après la presse, c'est aux ufologues belges de la Sobeps que s'en prend
Mesnard.
La Sobeps, Société belge d'étude des phénomènes spatiaux, était confrontée
depuis près d'un an à une vague d'ovnis sans précédent, et la
notoriété acquise ainsi lui a permis de recueillir beaucoup de témoignages
relatifs à la soirée du 5 novembre 90... Nous avons déjà évoqué ses
conclusions. Et dès le mois de septembre 91, la Sobeps publiait son
premier « pavé » sur la « vague belge » (Vague
d'OVNI sur la Belgique, qui a eu une suite en 1994), et consacrait
quelques pages au phénomène du 5 novembre 90, bien visible en Belgique.
On pouvait y lire notamment :
Nous restons stupéfaits devant l'acharnement de certains
« ufologues » d'outre-Quiévrain à croire que la France a été
littéralement envahie par des dizaines, sinon des centaines d'OVNI
quasiment identiques, vers 19 h, ce soir-là. Alors que l'origine du
phénomène ayant provoqué cette avalanche de témoignages est parfaitement
connue depuis longtemps.
Et plus loin, après avoir développé les évidences de la rentrée
atmosphérique :
Malgré toutes ces évidences, certains continuent de prétendre que dans
la soirée du 5 novembre 1990, il y eut, en même temps que la rentrée de
la fusée soviétique, d'authentiques OVNI qui « auraient profité de
l'occasion en se camouflant sous l'aspect d'une rentrée dans
l'atmosphère ». Non, vous ne rêvez pas, la foi bornée conduit
toujours à ce genre d'excès : tantôt ce sont des fidèles fanatiques
qui croient lire le nom de Dieu dans les nuages, tantôt ce sont des
ufologues crédules qui prennent au pied de la lettre le moindre
témoignage pour peu qu'il conforte leur croyance.
On comprend que Mesnard se soit senti visé !
Mais les critiques de la Sobeps étaient tout à fait justifiées :
Dans Inforespace n°8 hors-série, Michel Bougard évoquait une
étude de la SOBEPS consacrée à l'examen de divers témoignages sur la
rentrée d'un satellite militaire au-dessus de nos régions le 25 avril
1975. Comme pour le cas qui nous occupe, on insistait déjà sur la bonne
cohérence des durées et des directions signalées. Un examen sommaire des
données disponibles pour le 5 novembre 1990 (voir tableau ci-contre)
montre clairement que quelle que soit l'origine de l'information, la
valeur des paramètres est tout à fait conforme à ce que l'on attend
d'une répartition statistique. Et on ne pourra jamais empêcher
l'existence des « queues de gaussiennes », comme disent les
mathématiciens, en l'occurrence les témoins qui n'ont pas de montre, ou
qui en ont une qui retarde ou avance, ceux qui confondent l'est et
l'ouest, etc.
Précisons aussi que si les enquêteurs de la Sobeps ont pu rapidement se
faire une idée juste du phénomène, c'est parce qu'ils se sont adressés à
une personne compétente : leur compatriote Pierre Temmerman,
astronome amateur passionné de rentrées atmosphériques, qui leur a très
vite fourni l'identification de la fusée responsable et toutes les
précisions utiles sur le phénomène... Chez nous, il y avait un
« Service d'expertise » officiel sur ces phénomènes, c'est donc
naturellement vers lui que tout le monde s'est tourné, et ce service ayant
accumulé les inepties au sujet du phénomène et des rentrées atmosphériques
en général il y avait de quoi avoir des doutes !
Et c'est ainsi que de nombreux ufologues français connus (Franck Marie,
jean Sider, Didier Gomez...) sont allés jusqu'à nier qu'il y ait eu une
rentrée atmosphérique ! On ne peut guère leur en vouloir, mais le
fait qu'ils persistent dans leurs erreurs jusqu'au ridicule est
affligeant.
Mesnard était de son côté un peu plus prudent, son credo est toujours
resté : « une rentrée atmosphérique, c'est probable ; autre
chose, c'est certain ». Mais le ton employé donnait bien l'impression
que si rentrée atmosphérique il y avait, elle n'expliquait qu'une minorité
de témoignages peu impressionnants, et il n'a fait aucun effort pour faire
connaître ce type de phénomène à ses lecteurs. Le dossier que nous
critiquons ici illustre d'ailleurs parfaitement cette tendance.
L'olibrius persiste et signe
J'ai l'insigne honneur d'être la « tête de turc » suivante de
Mesnard, bien que je ne sois pas nommé :
Les manœuvres visant à étouffer l'affaire du 5 novembre, notamment en
discréditant les témoignages les plus significatifs, allaient se
poursuivre avec l'entrée en scène d'un autre olibrius. En 1995, il
publia un opuscule visant, lui aussi, à occulter le problème du 5
novembre, non plus en ignorant les cas rebelles, mais en délayant le
problème dans une approche statistique bien propre à créer
l'illusion d'une recherche sérieuse, et surtout en proposant, pour trois
de ces cas (Villavard, Vert-le-Grand et Gretz-Armainvilliers), des
explications aussi délirantes qu'artificielles.
Rappelons l'adage « Les chiffres ne mentent jamais, mais il
arrive que les menteurs chiffrent ». On en a ici une démonstration
exemplaire : les données (chiffrées ou non) ne sont prises en
compte que si elles peuvent être interprétées en faveur de la thèse
choisie.
Concernant l'étude statistique, elle montre exactement ce qu'indique la
Sobeps, qui a d'ailleurs aussi fourni une étude semblable pour les cas
belges : les données générales vont toutes dans le sens de la rentrée
atmosphérique, et la minorité de cas qui s'en écartent sont conformes à ce
que l'on peut attendre d'erreurs et d'imprécisons des témoignages.
Concernant les trois cas que j'ai critiqués, vous pouvez vous y référer
dans le dossier, mais voyons juste ici à quoi tiennent les reproches de
Mesnard :
À propos du cas
de Villavard, il suggère que MM. Descy et Davézé aient
triché sur l'heure de leur observation afin de l'accorder à celle de
M. Guion, lequel aurait simplement vu... un avion !
Je n'ai pas dit que Descy et Davézé auraient « triché », juste
qu'ils auraient connu l'heure de manière imprécise et qu'eux ou
l'enquêteur auraient eu tendance à la rapprocher de celle indiquée par
l'autre témoin... Ça serait un mensonge s'ils affirmaient que leur
observation s'est déroulée à 19 h 15 précisément, mais ça n'est
pas le cas. Si on lit l'enquête publiée dans LDLN n°304, il est
écrit : vers 19 h 15 (heure sur laquelle les témoins
des points 1, 2 et 3 sont d'accord)... Est-il vraiment inimaginable
que « vers 19 h 15 » ait pu être 19 h pour Descy
et Davézé, et 19 h 15 pour Guion, sa femme et sa mère ? Si
l'on se réfère aux rapports de gendarmerie, Descy dit « vers
19 h 15 », Guion « aux environs de 19 h ou
19 h 15 », et sa femme « vers
19 h 15 ». Alain Descy a été le premier à témoigner dès le
lendemain matin et c'est par la suite que les gendarmes (ou les ufologues
enquêteurs) ont trouvé les autres témoins, j'ai donc eu tort de penser
qu'il avait pu être influencé au sujet de l'heure, mais il n'empêche que
« vers 19 h 15 » ça n'est pas très précis !
Il est par contre tout à fait clair qu'il a été ensuite influencé pour
faire « coller » son observation aux autres témoignages, et on
en trouve la preuve éclatante dans le dossier même de Mesnard, juste un
peu plus haut, dans un article de presse donné en exemple où Descy,
justement, s'exprime :
Son texte donne l'impression que c'est lui qui a vu l'objet décrire une
boucle autour d'une antenne-relais, alors qu'il faut rappeler que cela
c'est l'autre témoin, M. Guion... Descy et son ami ont vu leur objet,
dont la description diffère considérablement de celle de M. Guion
mais évoque fortement la rentrée atmosphérique, se déplacer en ligne
droite et suivant précisément la trajectoire de la rentrée !
Et l'enquêteur Olivier Rieffel a lui aussi fini par se convaincre que
c'est Descy qui a vu l'objet tourner autour du relais TV, puisqu'il
m'écrivait le 22/11/97 à propos d'Alain Descy :
La polémique à propos du 5 novembre 1990 me fait hurler de rire. Pour
cette seule vague j'ai dû rencontrer sur l'ensemble du territoire
français, une trentaine de témoins, dont Alain Descy et Jacky Davézé.
Votre incroyable toupet doublé d'un aplomb formidable à propos de
Villavard est renversant. À propos d'Alain Descy vous ignorez un fait
fondamental : c'est un artiste peintre et un sculpteur hors pair.
S'il y a un témoin pour cette vague qui possède le compas dans l'œil c'est
lui. Le dessin qu'il m'a fait, gravé dans sa mémoire pour
l'éternité et que nous avons reproduit en couverture de LDLN
n°304 est certainement le croquis le plus justement proportionné de
toute la vague du 5 novembre 90. Son œil d'artiste est un véritable
objectif photo. L'engin passe majestueusement derrière les peupliers,
amorce un virage (les témoins tournent sur eux-mêmes) et effectue un
virage impeccable derrière le relais TV puis, vient planer littéralement
au-dessus de J.-M. Guion qui baisse la tête croyant que l'engin
s'écrase sur lui.
Pour ce qui est des talents d'observateur d'Alain Descy je n'en ai
jamais douté puisqu'il décrit de façon assez exacte la rentrée
atmosphérique, et s'il ne veut pas croire que c'est ce qu'il a observé
c'est pour de mauvaises raisons comme le note Mesnard lui-même : Monsieur
Descy fondait son argumentation sur les dimensions du 3ème
étage de fusée. Nos adversaires auraient beau jeu de répliquer (s'il
leur avait fallu répondre, ce qui n'a pas été le cas [moi je l'ai
fait, mais Mesnard s'est bien gardé d'en informer ses témoins]) que la
plupart des étoiles filantes sont produites par des objets de très
petites dimensions (se chiffrant en millimètres ou en centimètres), ce
qui n'empêche pas de les voir de très loin. Et d'ironiser sur la
confusion entre les dimensions du corps en combustion et celles de la
flamme qui en résulte...
C'est à peu près ce que j'ai répondu à Olivier Rieffel, qui m'a promis que
j'aurais des réponses à toutes mes interrogations dans un livre à
paraître, dans lequel « ils » me consacraient 40 pages...
J'en étais très honoré, mais je n'ai jamais vu ce livre et n'ai jamais
obtenu de critique à mes suppositions concernant Villavard... Je n'ai plus
eu de nouvelles d'Olivier Rieffel depuis que je l'ai informé que j'avais
écrit au témoin, Alain Descy, pour lui donner des informations que
lui-même et toute la clique de Mesnard avaient soigneusement évité de lui
donner.
Et quant à l'idée que M. Guion aurait observé un avion, c'est
lui-même qui l'a pensé dans un premier temps d'après l'enquête dans LDLN,
pour ma part je penche plutôt pour un hélicoptère... Et si Mesnard n'est
pas d'accord ça serait bien qu'il explique pourquoi : pour moi une
masse sombre ovoïde qui vole bas, munie de plusieurs lumières, rouges
notamment dont certaines clignotent, et dont on ne sait pas si ça fait du
bruit ou non (mais l'objet assez similaire observé non loin de là par la
femme et la mère du témoin en faisait, un « fort grondement »),
ça ressemble plus à un hélicoptère qu'à une soucoupe volante !
Quant à Vert-le-Grand,
il propose froidement comme explication « un hélicoptère ou un
autre appareil militaire effectuant des recherches peu après
l'événement observé par des dizaines de milliers de témoins ».
Quel autre « appareil militaire » ? Un
sous-marin ?
Et il nous montre pour expliquer le ridicule de cette supposition une
photo prise à 600 mètres du lieu d'observation montrant une forêt de
pylones de haute tension dans laquelle un pilote d'hélicoptère aurait été
bien imprudent de s'aventurer... Pourquoi à 600 mètres ? Parce
qu'il y en a beaucoup moins sur les lieux-mêmes d'observation, juste une
ligne longeant la route de chaque côté !
Et Mesnard continue dans la dérision :
Or, la même « démonstration » suggère la même
explication pour la multitude de points lumineux (dont un portant un
puissant phare) vus dans le ciel par le témoin, juste avant
l'observation proprement dite. Résumons : une multitude d'avions
(militaires !) poursuivent activement la rentrée atmosphérique
passée par là un quart d'heure plus tôt. L'un d'eux est équipé d'un
puissant phare (pour repérer un phénomène lumineux, c'est ce qu'il y a
de plus pratique, cela revient à chercher un réverbère allumé à l'aide
d'une lampe torche !), tandis qu'un autre — disons un
hélicoptère silencieux (c'est courant) — fouille à l'aide de 3,
4, ou 5 projecteurs sous les lignes à haute tension, pour voir si la
rentrée atmosphérique ne serait pas cachée là afin d'échapper à ses
poursuivants. Voilà, en somme, le scénario suggéré par notre
énergumène.
Au sujet de la « multitude de points lumineux » voici ce qui
était écrit dans l'enquête publiée par Mesnard dans LDLN
n°303 : Lorsqu'elle arrive à la hauteur de Vert-le-Grand, elle
remarque soudain qu'il y a beaucoup d'avions dans le ciel (ce qui n'est
pas rare en cette région). Elle en voit notamment un qui porte un
puissant phare blanc. Pardon si cette description ne m'a pas donné à
penser qu'il y avait quelque chose de vraiment inhabituel avant
l'observation de l'objet principal, et si j'ai été bête d'ignorer que
« beaucoup » signifiait « multitude » !
Et non, je n'ai jamais suggéré que le supposé hélicoptère s'était lancé à
la poursuite d'un phénomène lumineux, mais plutôt à la recherche des
traces d'un éventuel crash (d'avion, de météorite, d'ovni, peu importe),
de nombreux témoins de la rentrée ayant alerté gendarmes, aérodromes,
observatoires, pompiers et autres en estimant que l'engin qu'ils avaient
vu passer devait s'être écrasé un peu plus loin... Et donc, oui je pense
qu'un hélicoptère équipé de puissants projecteurs est ce qui convient le
mieux à la recherche des débris d'un crash la nuit !
Mais voici ce que j'écrivais après avoir suggéré cette explication :
Cette interprétation par un hélicoptère suppose donc de fortes
distorsions du témoignage, mais cela ne me semble pas invraisemblable
compte tenu des très mauvaises conditions d'observation :
.../...
Bien sûr, on peut aussi penser que l'objet vu à Vert-le-Grand tout comme
ceux de Villavard étaient d'authentiques soucoupes volantes, mais ces
cas ne sont guère convaincants : on peut trouver dans la
littérature ufologique des cas de confusions avérées qui semblaient bien
plus extraordinaires, et s'il n'y avait que des cas de ce genre je ne
m'intéresserais pas aux ovnis !
On a du reste l'impression que les ufologues qui ont enquêté sur ces cas
ont surtout voulu mettre en évidence les contradictions avec la thèse
d'une rentrée atmosphérique, sans vraiment chercher s'il pouvait y avoir
une autre explication.
Mais comme je l'ai expliqué ici, je pense que je me suis trompé au sujet
de Vert-le-Grand, en raison d'une mauvaise représentation des lieux par
Joël Mesnard. Je pense plutôt maintenant que cette observation, y compris
celle de la « multitude » de points lumineux au début, se
rapportait à la rentrée atmosphérique, et j'attends avec une grande
impatience les critiques de Mesnard à ce sujet...
La démolition du cas
de Gretz-Armainvilliers est tout aussi rigoureuse et
objective : les témoins ont simplement vu la rentrée
atmosphérique, et « les changements de cap observés ou supposés
s'expliquent assez naturellement ». Quand c'est nécessaire pour
une démonstration, les rentrées atmosphériques avancent désormais en
zigzags. Quand un détail est gênant, il devient « supposé ».
C'est surprenant que Joël Mesnard me reproche d'écrire que certains
changements de caps ont pu être « supposés » alors même que des
deux changements de caps allégués sur ce cas, il y en a un qui a
mystérieusement disparu entre l'enquête initiale publiée dans LDLN n°306
et le dossier dont il est question ici, publié dix ans plus
tard ! Le témoin ayant inspiré ce détail a d'ailleurs aussi disparu,
et comme ça faisait désordre Mesnard en a rajouté deux autres qui
traînaient non loin de là... Il n'est donc plus question d'un deuxième
virage, mais par contre reste toujours la mention d'une
« remontée » finale que seul ce témoin oublié a
mentionnée ! Quant au premier virage, il n'est aussi mentionné que
par un seul témoin, j'ai expliqué comment il avait pu imaginer ce virage
en se trompant sur la direction du phénomène pendant les premières
secondes de son observation, erreur banale qui explique aussi les
« faisceaux tronqués » verticaux qui constituent la seconde et
dernière « anomalie » de cette observation qui en dehors de cela
décrit avec une précision remarquable la rentrée atmosphérique... Si
Mesnard trouve cette possibilité d'erreur invraisemblable, qu'il explique
donc pourquoi, et qu'il nous explique aussi où se trouvait la rentrée
pendant que les témoins observaient leur immense ovni qui l'évoque
parfaitement dans la direction et à l'heure précise où elle passait !
Mesnard s'en prend ensuite au Général Norlain, président du groupe
Cometa :
Il a fait allusion (mais hélas sans donner de date) à un cas où on
avait cru avoir affaire à des ovnis, et où finalement on s'est aperçu
qu'il s'agissait d'une rentrée atmosphérique. De quelle affaire
s'agit-il, si ce n'est celle du 5 novembre ?
Et si c'est bien du 5 novembre qu'il s'agit (ce qui ne fait guère
de doute), cette manière de résumer le dossier a de quoi surprendre,
venant d'un groupe censé oeuvrer pour la levée du secret. Certains
diront qu'il est des levées de secret qui doivent être lentes et
progressives. En l'occurrence, si levée il y a, on bat ici des records
de lenteur et de progressivité .
Tout porte donc à croire que, depuis les premières heures du 6 novembre
1990, on a estimé « en haut lieu » que la révélation de
certains aspects des événements du 5 n'était pas souhaitable. Et qu'il
fallait recruter les « experts » capables de maintenir le
peuple à un niveau convenable d'ignorance. C'est certainement pour notre
plus grand bien, n'en doutons pas un seul instant !
Ce qui est comique, c'est que les seuls « experts » payés dans
cette affaire étaient tout au contraire ceux qui discréditaient
l'explication par la rentrée atmosphérique en accumulant les fausses
affirmations à son sujet (« trajectoire Pau-Strasbourg »,
« ne dure que quelques secondes », « corps de la fusée
accompagné d'autres éléments distants de quelques kilomètres »,
interprétation loufoque de photographies parues dans Paris-Match
ne représentant rien d'autre que des avions, etc). Si vous voulez en
savoir plus et apprécier quelle a été l'influence des
« experts », lisez donc ceci.
Et dire que de mon côté j'ai perdu un procès pour avoir dénoncé les
erreurs commises par ces « experts », personne ne m'avait dit
que j'aurais pu au contraire être payé pour montrer que la plupart des
témoignages décrivaient très bien cette rentrée, comme je le fais
maintenant mieux que tout autre et sans rien y gagner !
Quand on a des témoignages précis, c'est la rentrée !
Mesnard cite ensuite deux témoignages qui lui paraissent remarquables par
la richesse des détails mentionnés :
Pour conclure, voici deux comptes-rendus exemplaires d'observations du
5 novembre : ce sont des modèles de précision quant aux
trajectoires apparentes. Si davantage d'observations avaient été
rapportées avec autant de soin, la situation serait plus claire, et la
désinformation moins aisée.
Ces deux observations ne concernent pas nécessairement le phénomène qui
a « parasité » la rentrée de l'engin soviétique : il se
peut qu'elles se rapportent à cette rentrée elle-même ; peu
importe : la trajectoire sur fond de voûte céleste est, dans chacun
de ces deux cas, décrite avec une rare précision.
Le « peu importe » me paraît un peu étonnant : s'il s'avère
que plus les témoignages sont précis, et plus ils évoquent la réalité de
la rentrée atmosphérique, Mesnard devrait tout de même se poser quelques
questions ! Et comment peut-il dire qu'on y verrait plus clair s'il y
avait plus de témoignages tels que ceux-ci, si lui-même, après dix ans
d'enquête et une trentaine d'années d'expérience, n'est pas capable devant
un témoignage particulièrement précis de dire « c'est la
rentrée » ou « c'est autre chose » ?
Saint-Marc-sur-Mer
(Loire-Atlantique) :
Le témoin indique non seulement les azimuts et les sites
nécessaires à un bon repérage de la trajectoire apparente, mais aussi
les incertitudes qui entachent nécessairement ces évaluations
(cas non retenu comme exemple probant). On a là effectivement une description très précise de la rentrée
atmosphérique.
Ce témoin situé près de Saint-Nazaire
décrit un phénomène évoquant tout à fait la rentrée
atmosphérique : un ensemble de points lumineux de couleur dominante
rouge, semblant se déplacer « d'un seul bloc ». La dimension
apparente maximale estimée entre 2 et 5° est un peu sous-estimée pour la
rentrée qui devait atteindre ici une dizaine de degrés, mais précisons
que le récit a été fait presque deux ans après l'observation, et que ce
témoin habitué des observations astronomiques n'aura pas tendance à
exagérer.
Ce sont surtout les indications sur les directions qui sont
remarquables, le témoin ayant mesuré les angles précis d'après la
monture de son instrument astronomique. Même si l'on peut toujours
émettre quelques doutes sur la précision de ces données en raison de la
tardiveté de cette « reconstitution », on peut faire d'utiles
comparaisons avec la trajectoire de la rentrée.
L'apparition du phénomène est estimée à un azimut de
247° ± 15°, pour une hauteur sur l'horizon de
10° ± 5°.
Ici, l'erreur serait un peu supérieure à l'incertitude indiquée, puisque
la rentrée se trouvait pour une hauteur de 10° à un azimut de 220°... Ça
reste une erreur raisonnable, d'autant plus qu'il est clair qu'il y a de
toute façon une erreur quelque part : le témoin indique aussi que
son azimut de 247° correspond à une direction sud-sud-ouest, alors qu'il
s'agit très exactement de l'ouest-sud-ouest... Je suis tenté de
considérer, du fait qu'il ne parle pas de la formation d'un nuage
correspondant à l'explosion de la rentrée, qu'il a bien trouvé une
direction sud-sud-ouest pour le début de son observation, soit un azimut
d'environ 202°, et qu'il s'est trompé en faisant la conversion en
degrés : il aurait retiré 22° de 270 (ouest) au lieu de les ajouter
à 180 (sud). La rentrée passait précisément à un azimut de 210° et une
hauteur angulaire de 15° à 18 h 59', on est bien cette fois
dans la marge d'incertitude indiquée.
Le passage au plus près est estimé à un azimut de 170° ± 20°, pour
une hauteur angulaire de 30° ± 5°. Cette fois, cela correspond
très bien à la rentrée atmosphérique, qui passait au plus près à un
azimut de 155° et à une hauteur de 28°.
Et la disparition a eu lieu derrière le toit d'une maison, à un azimut
estimé à 120° ± 10° et une hauteur angulaire de
25° ± 5°. La rentrée atmosphérique passait à l'azimut 120° à
une hauteur angulaire de 24°, précisément à 19 h.
Quant à la durée estimée, entre une minute et demie et deux minutes et
demie, elle serait juste un peu exagérée, la rentrée ayant mis une
minute à parcourir cette trajectoire.
On voit que dans ce témoignage précis les erreurs sont mineures, surtout
pour une reconstitution faite après plus d'un an.
Trilport (Seine-et-Marne) :
Pas d'azimuts, pas de hauteurs angulaires, et pourtant, tout y
est ! (cas non retenu comme exemple probant). Et quand tout y est, pas de doute, c'est la rentrée !
Deuxième exemple de témoignage que Joël
Mesnard trouve remarquable de précision...
Voici ce qu'a vu le témoin près de Meaux, en région parisienne :
L'objet observé, avec ses trois lumières blanches en triangle à l'avant,
son long faisceau lumineux cylindrique jaune et un deuxième plus petit,
évoque tout à fait les autres descriptions de la rentrée en région
parisienne.
Le chemin devant ce témoin pointe vers la direction est-sud-est. L'objet
serait apparu dans la direction de Nanteuil, situé au sud-ouest :
c'était la direction de la rentrée lorsqu'elle se trouvait à 8° de
hauteur angulaire. Le passage au plus près de la rentrée se faisait au
sud-sud-est à 26° de hauteur sur l'horizon, ce qui correspond bien avec
sa position sur le dessin. Enfin, les arbres sur la gauche auraient
masqué le phénomène dans la direction est-sud-est ou est, où la rentrée
passait peu après 19 h 01...
Juste après avoir perdu de vue le phénomène, le témoin a entendu sonner
19 h au clocher de l'église... Si c'étaient les 2e coups
(qui sonnent en général 2 ou 3 minutes après l'heure exacte),
l'horloge était bien réglée !
Bref nous avons là effectivement une description très précise de la
rentrée atmosphérique... Mesnard ajoute : Si tous les
comptes-rendus avaient cette précision, que l'ufologie serait
belle ! Oui, ou peut-être qu'elle ne serait plus !
Cas relatés dans d'autres numéros
Parmi les 33 cas que Joël Mesnard retient comme « exemples
flagrants », certains ne sont pas détaillés dans son dossier de 2001
parce qu'ils l'avaient été dans des numéros antérieurs de Lumières
dans la nuit.
Saint-Germain-de-la-Grange
(Yvelines) :
Vers 19 h, un automobiliste observe le passage à basse
altitude, au-dessus de la colline de Neauphle-le-Château, de deux boules
lumineuses de bonne taille, dont la trajectoire semble épouser le
relief. Il réussit à se rapprocher, puis arrive exactement sous le
phénomène, qui semble redescendre après avoir sauté la colline, et
reprend un peu d'altitude à l'approche d'une ligne HT. La seule anomalie de cette bonne description de la rentrée
est le passage au zénith affirmé, mais il est inconciliable avec les
circonstances de l'observation.
Ce cas a été décrit dans le
numéro 310 de Lumières dans la nuit... Et pour une fois, la
date du témoignage est précisée : c'était plus d'un an après
l'observation...
Vers 19 h, Saint-Germain-de-la-Grange (Yvelines)
L'enquête sur ce cas n'a été faite (par Roger Gromik et Joël Mesnard)
que le 29 janvier 1992, mais les souvenirs du témoin, R. P.,
étaient encore très précis. Ce qui est moins précis, dans cette
observation, c'est l'heure : ça s'est passé « vers
19 h », mais il n'est pas possible d'en savoir plus. Trop
occupé à regarder le phénomène, R. P. n'a probablement pas pensé
à regarder sa montre, et s'il l'a fait, il ne s'en souvient plus, près
de quinze mois plus tard.
Ce n'est pas très grave. L'essentiel est que le témoin se souvienne
parfaitement du déroulement de l'observation et surtout de la
direction de son regard. Cette donnée est ici capitale, car
le témoin est formel : il s'agit d'un passage
rigoureusement à la verticale de sa position, et à une altitude
extrêmement basse, de l'ordre de la hauteur d'un grand pylône de
ligne haute tension.
R. P., qui est âgé d'une cinquantaine d'années, était seul dans
sa voiture. Il venait de quitter l'agglomération de
Saint-Germain-de-la-Grange, se dirigeant vers Neauphle-le-Château, au
sud. (Ces deux localités se trouvent à une trentaine de kilomètres à
l'ouest de Paris).
Il se trouvait donc sur une route où l'on a un champ de vision très
dégagé, avec des champs à perte de vue sur les deux côtés, et en face,
à guère plus d'un kilomètre, la colline de Neauphle-le-Château.
C'est là qu'il remarqua, dans le coin droit de son pare-brise, en
direction du sud-ouest, un ensemble de deux lumières, d'un blanc
laiteux, se déplaçant apparemment d'ouest en est, presque au ras des
arbres de la colline. Tout de suite, il pensa à un gros avion volant
anormalement bas. Mais cela ne ressemblait pas aux feux d'un avion.
Les trajectoires de la voiture et du phénomène étaient convergentes,
et la distance d'observation ne cessait de diminuer.
Soudain il n'y eut plus ces deux gros points blancs, mais un seul
(d'un diamètre apparent un peu inférieur à celui de la pleine lune),
suivi de deux longs cônes très pointus, pointe en arrière.
Un instant plus tard, R. P. ne vit plus, derrière la boule (dont
le diamètre apparent avait rapidement doublé), qu'un seul cône, doré,
avec à l'intérieur, comme un scintillement de paillettes blanches.
Cela ressemblait à des « cierges magiques » qui projettent
des étincelles. La longueur apparente de ce cône était alors
considérable, près de 20 cm à bout de bras (et elle ne cessait
d'augmenter).
Parvenu à un carrefour, au pied de la colline, R. P., plutôt que
de tourner à droite pour poursuivre sa route, préféra tourner à
gauche, en direction de Chatron, pour se rapprocher encore de la
chose, qui ne cessait de grossir, de plus en plus haut dans son
pare-brise.
Il roulait donc à flanc de colline, dans un chemin bordé d'arbres, et
devait pencher la tête en avant, sous son pare-brise, pour regarder le
phénomène. Lorsque cela arriva juste au-dessus de sa voiture, il
s'arrêta, et sortit aussitôt afin de mieux voir. Il se trouvait alors
dans le bas de la rue de la Butte (sur la commune de
Saint-Germain-de-la-Grange, à un endroit où l'on a, depuis, construit
une barrière interdisant le chemin à la circulation).
Il vit parfaitement la boule et le cône qui venaient de passer
rigoureusement à la verticale de sa position, et qui commençaient à
s'éloigner, assez lentement et en silence, vers la plaine de Neauphle,
à l'est. La boule n'était pas dans l'axe du cône, mais nettemnt
décalée à gauche. Quant au cône, toujours doré et scintillant, ses
contours n'avaient pas la netteté de ceux de la boule. Cela avait
plutôt l'aspect d'un flux de particules, comme une gigantesque flamme
escortant la boule.
Reconstitution de la trajectoire du phénomène,
de l'endroit où le témoin l'a tout d'abord découvert (en 1).
En 4, le phénomène survole le témoin, qui vient de parcourir
environ 600 m depuis les premiers instants de l'observation.
L'ensemble s'éloignait maintenant en descendant verticalement dans le
champ visuel du témoin, ce qui indique effectivement un passage au
zénith. R. P. affirme que l'altitude de la chose n'était
certainement pas supérieure à 200 m. La boule et le cône, fixes
l'un par rapport à l'autre, étaient-ils liés par une éventuelle
structure, invisible dans l'obscurité ? Le témoin ne saurait le
dire : le ciel était très sombre, et si une telle structure
existait, on n'en distinguait pas les contours.
Ce que R. P. remarqua alors, c'est que le phénomène, qui lui
avait paru escalader la colline, redescendait maintenant dans la
plaine, son altitude par rapport au sol semblant rester constante.
Dernière phase de l'observation, dans le bas de
la rue de la Butte, à Chatron (commune de
St-Germain-de-la-Grange). Le phénomène vient de survoler le
témoin, qui court jusqu'au grillage, d'où il le voit redescendre
dans la plaine, plein est (à 10° près), puis remonter
légèrement et disparaître.
Lors des derniers instants de l'observation, R. P. vit le
phénomène qui reprenait un peu de hauteur avant de disparaître dans le
lointain. Il se demande si ce n'était pas pour sauter la ligne à haute
tension toute proche, ou peut-être les immeubles de Plaisir, à
2 km de là.
La chose s'éloignait en direction de Versailles, et de Paris, ce qui
suggère une comparaison avec l'observation de la gare de Saint-Cloud (LDLN 306,
p. 15). Les descriptions ne sont pas identiques, mais présentent
bien des points communs.
Quoi qu'il en soit, cettte observation de Saint-Germain-de-la-Grange
est de toute évidence à compter parmi celles qui contredisent
absolument la thèse de la fusée soviétique. La précision des données
géométriques fournies par le témoin ne laisse rigoureusement aucun
doute à ce sujet. Et ce qui a été vu là n'est certainement
pas ce qu'ont observé les pilotes du
« Brasilia », à Limoges. Il n'y avait pas, à ce moment-là,
un phénomène unique dans le ciel, mais plusieurs. Non seulemment
l'ensemble des témoignages ne converge pas vers une trajectoire
unique, avec des descriptions concordantes, mais il est
difficile de trouver deux récits susceptibles de se rapporter au
même phénomène !
Pour l'essentiel, on trouve pourtant une bonne description de la rentrée
atmosphérique... Les deux cônes de lumière très allongés, dont un s'est
estompé, évoquent parfaitement les deux traînées lumineuses du
phénomène... Mesnard note d'ailleurs les similitudes de cette
observation et de celle de Saint-Cloud, qu'il considère comme relevant
probablement de la rentrée... L'azimut du début et de la fin de la
trajectoire, du sud-ouest jusqu'à l'est (à 10° près) correspondent
parfaitement à la rentrée, qui passait au sud-ouest à 7° de hauteur sur
l'horizon, et disparaissait à l'est également à 7° de hauteur.
L'impression de « suivi de relief » est assez douteuse compte
tenu d'un relief justement très peu marqué et qu'une bonne partie de
l'observation a été faite depuis une automobile en marche. Et
l'impression finale que l'objet prenait un peu d'altitude à la fin peut
tout à fait s'expliquer par une baisse de luminosité de l'objet à
l'approche de l'horizon, nous en avons vu d'autres exemples... Le témoin
se demande si ça n'est pas pour sauter la ligne à haute tension toute
proche, ou les immeubles de Plaisir qui se trouve 2 km à l'est de
sa position, mais il s'agit là d'une simple interprétation,
et le fait qu'il hésite entre un obstacle proche ou lointain montre bien
qu'il n'a aucune idée de la position réelle des « cônes »
par rapport au relief qu'ils sont censés suivre !
Notons d'ailleurs que contrairement à ce que dit Mesnard au début, le
témoin ne dit pas que l'altitude de l'objet était de l'ordre de la
hauteur d'un grand pylone de ligne haute tension, il dit qu'elle
« n'était certainement pas supérieure à 200 m », ce qui
est tout de même beaucoup plus qu'un pylone, et bien au-delà des
possibilités d'estimation de notre vision.
La seule grosse anomalie de cette observation est donc l'affirmation
d'un passage rigoureusement au zénith, alors que la rentrée passait au
plus près à seulement 24° de hauteur angulaire...
Ça paraît gros comme erreur, mais on peut remarquer justement à ce sujet
une certaine incohérence... Si l'on en croit le témoin, il est resté
dans sa voiture et a pu suivre le phénomène, en devant juste se pencher
en avant, jusqu'à ce qu'il passe rigoureusement à sa verticale... Mais
il est facile de constater que lorsqu'on est au volant de sa voiture,
même en se penchant en avant, l'angle de visibilité en hauteur est très
loin de 90° :
Le phénomène arrivait de la droite, il ne pouvait donc pas être vu très
haut non plus dans la vitre latérale la plus éloignée du conducteur...
Et la conclusion qui s'impose c'est que contrairement à ce qu'indique le
témoin, pendant tout le temps où il est resté au volant, le phénomène
est resté très bas sur l'horizon... À moins d'être petit, on doit se
pencher en avant pour voir au volant d'une automobile un objet qui passe
à 25° de hauteur angulaire, et à presque 90° c'est strictement
impossible tout en continuant à conduire !
Du reste, on se demande comment le témoin aurait pu voir à la fin de son
observation l'objet « suivre le relief » s'il était descendu à
la verticale sur l'horizon !
On peut remarquer enfin que la « boule » lumineuse qui
devançait le « cône » est restée dans la phase finale à gauche
de ce cône, ce qui est tout à fait normal dans le cas où l'ensemble se
déplaçait toujours de droite à gauche et non de haut en bas.
Le passage à la verticale affirmé est donc impossible dans les
conditions décrites. Il trahit simplement, comme dans d'autres cas, la
certitude que l'objet passait très près du témoin, impression amplifiée
par le temps écoulé avant le témoignage.
Le reste étant tout à fait représentatif de la rentrée atmosphérique, on
ne peut avoir aucun doute sur le fait que c'est bien ce phénomène qui a
été observé.
Mesnard, de son côté, n'a aucun doute sur le fait que ça n'est pas la
rentrée qui a été obervée... Voici comment il a relaté le cas récemment
dans l'émission de « Bob vous dit toute la vérité » du
5 novembre 2013 :
Vous avez des objets aussi qui épousent le relief du terrain, c'est
le cas à Saint-Germain-de-la-Grange dans le 78 près de
Neauphle-le-Château... Alors là ça se passe vers 19 heures, un
automobiliste qui roule grosso modo vers le sud voit, assez
bas au-dessus du relief, des lumières qui rasent le relief, et il se
dit « oh la la ça c'est un avion qui va se casser la
gueule », et donc il ralentit, il regarde, et il voit deux
grosses lumières qui continuent à raser le relief. Il accélère
— la chose va quand même assez lentement —, donc il
accélère, après un carrefour il rentre dans
Saint-Germain-de-la-Grange, il continue à s'approcher de ces deux
grosses lumières rondes qu'il voit de plus en plus près, il s'arrête
dans le haut d'une petite côte pratiquement sous le phénomène, là il
se rend compte que « ouf c'est pas un avion », c'est deux
grosses lumière rondes, et il voit ça plonger dans une petite vallée
si on peut dire en épousant le relief... Ça rase le terrain et ça
disparaît.
Mesnard n'est toujours pas surpris que le témoin dise qu'alors qu'il
roulait au volant de sa voiture il a suivi le phénomène jusqu'à ce qu'il
soit pratiquement au-dessus de sa tête !
L'Isle-Adam (Val-d'Oise) :
Un objet triangulaire sombre, émettant vers l'avant deux faisceaux
lumineux, est vu pendant un premier virage. Il survole une petite
avenue, puis, à une distance du témoin estimée à 50 m, bascule pour
virer de 120°, puis accélère de façon foudroyante et disparaît vers
l'est. Dans ce témoignage tardif, les changements de cap affirmés
s'expliquent vraisemblablement par une erreur d'appréciation du sens de
déplacement de la rentrée atmosphérique.
Ce cas a été exposé dans le numéro 318
de LDLN. Ici encore, chose rare, nous avons la date du
témoignage : deux ans et demi après l'observation... C'est tout de
même curieux que les témoignages les plus extraordinaires soient toujours
très tardifs !
Un virage de 300°, à 50 m du témoin et une accélération
foudroyante
De tous les témoignages sur le 5 novembre que j'ai pu recueillir,
celui-ci est l'un de ceux qui m'ont le plus frappé. Il est
certainement à ranger parmi les plus solides et les plus
significatifs.
Il y a un seul témoin dans cette affaire : c'est une jeune femme,
Claire Depeuille, qui m'a raconté son expérience le 29 mai 1993, sur
les lieux-mêmes où elle l'avait vécue, deux ans et demi plus tôt.
C'est une femme active et dynamique, que sa profession amène à
beaucoup voyager, parfois dans des pays lointains.
Ses deux filles, alors âgées de 6 et 8 ans, se trouvaient en sa
compagnie, ce soir du 5 novembre : elles étaient assises sur le
siège arrière de la voiture, mais n'ont pas observé le phénomène.
Claire Depeuille circulait dans l'Isle-Adam (Val-d'Oise), suivie de la
voiture d'une amie. Celle-ci s'étant trouvée bloquée à un feu rouge,
Claire Depeuille décida de s'arrêter pour permettre à son amie de la
rejoindre. C'est ainsi qu'après avoir traversé un second carrefour,
elle tourna à gauche dans l'avenue des Bonshommes, et s'arrêta
aussitôt.
Son regard était alors tourné vers le sud-est. Elle vit tout d'abord,
dans l'axe de l'avenue, ce qu'elle prit pour une étoile filante, puis,
l'instant d'après, deux projecteurs horizontaux, parallèles, se
déplaçant approximativement du sud vers le nord.
Presqu'aussitôt, ces deux projecteurs (portés par une masse sombre
dont elle distinguait mal les contours dans la nuit) tournèrent pour
se mettre dans l'axe de l'avenue.
La chose remonta donc l'avenue des Bonshommes, se rapprochant
rapidement de la voiture à l'arrêt.
Le carrefour, vu vers le sud-est. La voiture
était stationnée en A. De là, on ne distinguait pas les extrémités
droite et gauche de l'objet, masquées par le sommet des arbres.
Premier virage, observé à 300 m de distance.
L'objet s'approche, dans l'axe de l'avenue.
À 50 m du témoin, ou guère plus, il
bascule sur sa droite.
Il disparaît vers l'est, à très grande vitesse.
La masse sombre, aux contours assez indistincts, pouvait avoir la
forme d'un triangle isocèle rectangle (un demi-carré), le grand côté
en avant. Ses extrémités droite et gauche étaient masquées par les
arbres bordant l'avenue.
Le premier virage avait été pris à environ 300 m du carrefour, et
soudain, alors que l'énorme objet ne se trouvait plus qu'à une
cinquantaine de mètres de la voiture, il bascula sur sa droite,
prenant sur place un virage d'environ 300°, accéléra de façon
foudroyante, et disparut en direction approximative de l'est.
Vous aurez noté qu'entre l'enquête initiale et le dossier de 2001 le
virage final « à 300° » s'est transformé en un virage « à
120° »... Joël Mesnard, ancien prof de maths, a dû se rappeler
entre-temps qu'un virage à 300° ça serait presque un tour complet, et
que presque un demi-tour c'est 120° et c'est bien cela que le témoin
décrit... Par contre on ne sait pas trop si l'objet a fait demi-tour ou
s'il est reparti en marche arrière, avec donc les faisceaux dirigés vers
l'arrière... La dernière phrase du témoignage à ce sujet est assez
ambigüe : « basculer » sur la droite, ça veut dire
quoi ?
Ce qui est surprenant dans ce cas, c'est qu'outre les changements de cap
on a un objet qui ressemble beaucoup à la rentrée atmosphérique, mais à
l'envers : le triangle est pointe à l'arrière (il s'agit d'un
triangle sombre, mais vu que ses contours ne se distinguaient pas dans
la nuit il devait bien y avoir des lumières pour définir la forme), et
les faisceaux lumineux sont dirigés vers l'avant ! On peut se
demander si tout cela n'est pas lié... Nous avons déjà vu que dans le
cas de Gretz-Armainvilliers,
un autre de ces cas très exceptionnels de trajectoire brisée, le virage
observé par le premier témoin s'expliquait sans doute par une mauvaise
appréciation du sens de déplacement de l'objet pendant les premières
secondes de son observation, erreur qui lui avait aussi fait prendre les
traînées lumineuses à l'arrière pour des faisceaux à l'avant... Cela se
rapproche beaucoup du présent cas !
Voyons ce qui a pu se passer... La rentrée atmosphérique qui s'éloignait
devait être visible à peu près sous cette forme (la photo de la rue est
dérivée de Google Street View), dans l'axe de la rue :
On voit que ça n'est finalement pas très éloigné de la reconstitution
faite deux ans et demi après l'observation avec les enquêteurs de LDLN...
Ce que l'on peut donc supposer, c'est que Mme Depeuille a vu
apparaître les lumières de la rentrée vers la droite à une hauteur
angulaire inférieure à vingt degrés. Lorsque les traînées lumineuses
sont apparues, elle les a prises pour des phares à l'avant parce que
c'est plutôt cela qu'on s'attend à voir, et en les voyant sortir de
derrière les arbres elle a pensé que l'objet pivotait, puis elle a cru
pendant quelques secondes qu'il allait vers elle parce qu'elle restait
persuadée que ces « phares » qui s'allongeaient peu à peu
étaient à l'avant, alors qu'en fait le phénomène s'éloignait
lentement... Enfin, lorsqu'elle a inconsciemment remis les choses dans
le bon sens, elle a cru que l'objet repartait vers l'est en marche
arrière, pour disparaître derrière les arbres à gauche.
Tout rentre alors dans l'ordre, et il ne reste qu'une erreur de
perception assez minime, sûrement exagérée par le témoignage tardif
(l'objet qui se serait approché jusqu'à une cinquantaine de mètres).
Une autre possibilité serait qu'elle aurait été un peu effrayé et fait
momentanément une marche arrière, ayant alors l'impression que l'objet
la suivait dans son mouvement et avançait vers elle... Une réaction bien
compréhensible mais que l'on peut vouloir oublier ou taire.
Merci à Patrice, l'administrateur de Ufo
scepticisme de m'avoir envoyé les scans des revues qui me manquaient
pour les deux cas suivants, j'aurais regretté de les avoir manqués,
surtout le premier !
Montreuil-Juigné
(Maine-et-Loire) :
Vers 19 h, vision d'un ensemble complexe de lumières qui
remplissent presque tout le champ visuel du témoin, lequel tourne le dos
à la trajectoire de la rentrée atmosphérique. Un témoignage très tardif, et les incompatibilités de
trajectoire avec la rentrée atmosphérique reposent sur des repères
géographiques faux.
Voici comment le cas était exposé dans
LDLN n°350, avec le texte et les dessins des enquêteurs de
l'A.E.I.O.U. et une introduction et un encadré de Joël Mesnard :
Rappelons, pour les personnes qui n'ont abordé l'ufologie que
récemment, que les événements de la soirée du lundi 5 novembre 1990
constituent la troisième grande vague d'apparitions d'ovnis en
France, et que si les deux premières (second semestre 1954 et milieu
des années soixante-dix) ont duré, respectivement, quelques semaines
et plusieurs années, celle-ci s'est déroulée en moins d'une
demi-heure, au cours de laquelle des centaines et des centaines de
personnes, en France et dans plusieurs pays voisins, ont assisté à
des spectacles invraisemblables, comme si d'immenses constructions
ornées de lumières avaient défilé dans le ciel à basse altitude.
Nous avons déjà longuement évoqué ces observations stupéfiantes,
dans nos numéros 303 à 306, 309, 310, 313, 318 et 338, et la
documentation sur les événements du 5 novembre 1990 ne cesse de
s'enrichir.
L'AEIOU (1), qui déploie son activité dans la région d'Angers et de
Nantes, nous expose ici un exemple qui vient confirmer tout ce que
nous avons déjà dit, dès le début, et qui contredit manifestement la
« vérité » officielle sur le 5 novembre.
1 : Association des Enquêteurs d'Investigation des Observations
Ufologiques [n'existe plus], 4 square Roland Dorgelès,
49100 Angers.
Lundi 5 novembre 1990, aux environs de 19 h ; il fait nuit,
le ciel est sans nuage. Une dame (qui nous a demandé de ne révéler ni
son nom, ni même ses initiales) promène son chien dans les rues du
centre de Montreuil-Juigné, une localité de 6 000 habitants, au
nord-ouest de l'agglomération d'Angers.
Venant de la rue des Déportés, elle traverse le boulevard Georges
Clemenceau. Elle est seule dans la rue.
Arrivant sur le trottoir opposé, en face du salon de coiffure Marie,
cette dame remarque qu'un halo lumineux, d'une couleur
« rouge-blanche » très douce, provenant d'au-dessus d'elle,
l'éclaire ainsi que les alentours. Elle lève la tête et voit,
recouvrant tout le ciel, un ensemble lumineux imposant, « aussi
grand qu'une ville ». Le centre du phénomène est visible à
l'ouest, à l'azimut 275°, et l'ensemble se déplace d'une manière
régulière, en direction du nord.
Le phénomène est décrit comme composé de deux zones. Une zone
centrale, qui semble métallique, est parsemée, d'une manière plus ou
moins régulière, de points lumineux de diverses couleurs : jaune,
blanc, bleu, vert, rouge. Là où les lumières sont moins denses, la
partie « métallique » est plus sombre, même noire par
endroits. La dame n'arrive pas à distinguer les limites exactes de
cette zone centrale. Elle compare les petites lumières aux
« fenêtres des bâtiments d'une ville éclairée, la nuit ».
Dans une zone périphérique se trouvent des lumières rondes et de plus
grandes tailles, de couleur rouge ou jaune, très douce. Elles sont
réparties de manière symétrique autour de la zone centrale, et
dessinent entre elles un certain nombre de triangles. Les jaunes sont
plus nombreuses que les rouges.
La dame ne distingue plus le ciel ! Si elle discerne mal les
contours du phénomène, à cause de sa taille et de la nuit, elle
précise qu'il s'agit d'un ensemble massif, du moins dans sa partie
périphérique. Elle parle d'un « vaisseau ».
Cette dame est émerveillée, elle se sent euphorique à la vue de ce
phénomène. Son chien alors âgé de 2 ou 3 ans, ne semble pas
réagir, il se comporte normalement.
Le phénomène se déplace vers le nord, à vitesse régulière, passant
au-dessus de la vallée de la Mayenne, que Montreuil-Juigné domine
d'une quarantaine de mètres. En s'éloignant, les lumières s'estompent
et disparaissent progressivement. À la fin, le témoin ne distingue
plus que trois des lumières rouges périphériques. Ces lumières forment
un triangle.
Le phénomène disparaît à l'azimut 30° (vers le nord-nord-est, à une
vingtaine de degrés au-dessus de l'horizon. L'observation a duré une
ou deux minutes. Il faut noter que la dame a plus de mal à se
remémorer la fin de l'observation, que son début.
Zone centrale :
partie A : points lumineux denses,
encadrés par des parties « métalliques »
noires ; couleurs de ces points : jaune,
blanc, vert, bleu et rouge (ces derniers étant peu
nombreux). La lumière est douce, elle n'aveugle pas.
partie B : semblable à la
précédente, mais il n'y a plus qu'une couleur,
jaune, qui tend à devenir blanche en s'éloignant de
la partie A vers la partie E.
partie C : comme la partie A,
mais les points lumineux, jaunes, sont plus espacés.
partie D : comme la partie C.
partie E : sombre, voire noire, sans
points lumineux. Couleur dominante : gris
métal.
La zone centrale, selon le témoin, n'était pas
lisse, mais donnait l'impression de « bâtiments
avec des fenêtres éclairées », d'où la comparaison
avec une ville vue de nuit.
Zone périphérique :
Cette zone se compose de points lumineux ronds, de
grande taille de couleurs jaune (tirant sur le blanc) et
rouge. Elles sont disposées symétriquement autour de la
zone centrale, et suggèrent des triangles de tailles
diverses s'entremêlant.
Ensemble du phénomène :
La forme générale est plutôt allongée. Les lumières,
quoique vives, ne sont pas aveuglantes, mais
« douces ». Le témoin n'a pas réussi à
distinguer les contours exacts de « la
masse », de même que la limite précise séparant les
zones centrales et périphérique.
Il est à noter que, lorsque les enquêteurs de l'AEIOU
lui demandèrent d'indiquer la taille apparente du
phénomène, la dame écarta les bras en croix pour
indiquer que cela remplissait quasiment tout son champ
visuel. C'est un détail qui ne plaide pas précisément en
faveur de la « réalité matérielle » de la
chose, et que l'on retouve dans de nombreuses
observations faites ce soir-là.
Ci-dessous : aspect du phénomène, alors qu'il était
sur le point de disparaître, en direction du
nord-nord-est.
Le phénomène à peine disparu, la dame voit deux jeunes à cyclomoteur,
qui remontent le boulevard d'où elle est venue, mais elle n'ose pas
les arrêter pour leur demander s'ils ont observé le spectacle. Elle
poursuit donc son chemin, et en remontant le boulevard Clemenceau,
devant l'entrée du collège Jean Zay, elle s'arrête pour voir si elle
peut encore distinguer quelque chose. Mais elle ne voit rien. Un
couple de personnes âgées, venant de la rue où elle avait fait son
observation, remonte la rue. Elle se dirige vers eux pour leur
demander s'ils ont aperçu quelque chose. Ces gens ayant l'air surpris
par cette démarche, elle n'insiste pas...
Elle reprend son chemin, contourne le collège, et s'engage dans la rue
David d'Angers. Ayant dépassé le collège, elle entend un bruit sourd,
comme celui d'un avion, mais plus fort. Ce bruit semble se rapprocher,
puis s'éloigne tout aussi rapidement. Elle lève les yeux, et observe
alors ce qu'elle nomme « des vrilles », comme les traînées
laissées par un avion. Ces vrilles se défont, s'allongent, et enfin
s'évaporent. Elles sont blanches, parallèles au sol, et suivent une
direction sud-nord. Elles ont été observées vers l'azimut 350°
(nord-nord-ouest), à une quarantaine de degrés au-dessus de l'horizon.
La dame estime que du début de la première observation jusqu'à la fin
de la seconde, il s'est écoulé entre 10 et 15 minutes.
Cette dame est âgée de 42 ans. Elle est opératrice en
électronique, divorcée. À l'époque des faits, elle était mariée. Elle
est timide, semble plutôt réservée, et est venue accompagnée de son
fils. Elle ne s'intéressait pas au phénomène OVNI avant cette
expérience.
Elle a entendu dire, par des amis, que d'autres personnes avaient
observé le phénomène, le même soir, à la même heure, au-dessus de
Montreuil-Juigné et notamment d'un établissement militaire,
l'E.T.A.S., situé à 1 km environ à l'ouest et au sud-ouest de
l'emplacement occupé par le témoin.
Frédéric Brochard et Xavier Banchereau
(A.E.I.O.U.)
Voilà apparemment un cas extrêmement convaincant, avec deux phénomènes
différents vus à une dizaine de minutes d'intervalle, le deuxième
bruyant, et des directions d'observation totalement incompatibles avec
la rentrée atmosphérique et appuyées sur des repères géographiques très
précis !
Avec un bémol, c'est qu'on ne nous dit pas comme d'habitude quand cette
dame a rapporté son observation : aussi bien les enquêteurs que
Joël Mesnard sont complètement muets à ce sujet. Le numéro 350 de LDLN
est paru en 1998, et on a de bonnes raisons de supposer que l'enquête a
été faite peu avant, en tout cas un certain nombre d'années après
l'observation... Et ce cas va encore nous fournir une parfaite
illustration du peu de crédit que l'on peut accorder à un témoignage
aussi tardif !
Commençons par la description de l'engin : une multitude de
lumières multicolores regroupées en un ensemble allongé, avec au milieu
une masse noire dont comme d'habitude on ne distingue pas les contours,
ça évoque assez bien la rentrée atmosphérique vue plutôt au début de sa
trajectoire au-dessus de la France... L'impression que cela couvrait
presque tout l'espace du ciel peut être une exagération banale pour un
témoignage aussi tardif, et pas extrême dans la mesure où la rentrée qui
passait au plus près à une distance de 200 km devait occuper un
angle d'une quinzaine de degrés en longueur hors traînées, et un peu
moins en hauteur.
Ce qui manque dans la description, ce sont justement les traînées,
multiples à ce niveau de la trajectoire... Mais on pense à ces
« vrilles » ressemblant aux traînées des avions, blanches et
horizontales, allongées et qui finissent par s'évaporer... Ça évoque
furieusement les traînées de la rentrée, si ce n'est qu'elles ont été
observées d'après le témoin une dizaine de minutes après que l'ensemble
de lumières eut disparu !
Les hauteurs angulaires sont tout à fait conformes à la rentrée
atmosphérique, qui passait au plus près à 32° au-dessus de l'horizon...
Le témoin indique que l'ensemble de lumières a disparu à 20° au-dessus
de l'horizon, et que les « vrilles » de la deuxième
observation ont été observées à une quarantaine de degrés au-dessus de
l'horizon.
La durée de la première observation, estimée entre une et deux minutes,
serait aussi conforme à l'observation de la rentrée atmosphérique.
Par contre, tout se gâte avec les directions d'observation : la
rentrée atmosphérique apparaissait au sud-sud-ouest, culminait au
sud-sud-est et disparaissait à l'est, alors que le phénomène
apparaissait à l'ouest-nord-ouest et disparaissait au nord-nord-est,
soit dans une direction pratiquement opposée, de même que le sens de
déplacement ! Et ça n'est pas mieux avec les « vrilles »,
qui se déplaçaient du sud au nord et de gauche à droite, encore dans le
sens opposé à la rentrée...
Mais on peut déjà se poser quelques questions au sujet de ces
vrilles : si on suit le témoignage, elles ont été vues pratiquement
plein nord (azimut 350°) à une hauteur angulaire de 40°, elles se
déplaçaient du sud au nord et étaient vues parallèles au sol ;
normalement, quelque chose qui se déplace du sud au nord et qui est vu
en direction du nord doit plutôt se déplacer perpendiculairement au
sol ! En outre, cette dame marchait alors vers le sud, on ne voit
pas comment elle aurait pu avoir son regard attiré par un objet visible
vers le nord, donc dans son dos, à une hauteur
angulaire de 40° !
Voilà déjà qui sème un léger doute sur la fiabilité de toutes les
indications géométriques du témoignage... Histoire de voir si on peut
enfoncer le clou, essayons de vérifier les indications géographiques en
retraçant le déplacement du témoin... Il est vrai que c'est plus facile
de nos jours avec Google Maps et Street View, mais les enquêteurs de
leur côté se trouvaient sur place (le siège de l'association AEIOU était
à Angers, à une dizaine de kilomètres du lieu d'observation) :
Sur cette carte, le point A est à peu près le point de départ de la
promenade du témoin, le point B est le lieu de la première observation,
et le point F est le lieu de la deuxième observation, celle des
« vrilles »... Les autres, on va en reparler.
Donc, si on suit le témoignage, la dame arrive de la rue des Déportés,
traverse le boulevard Georges Clemenceau, et fait son observation en
arrivant sur le trottoir opposé, en face du salon de coiffure Marie...
Sauf que sur le plan de l'enquête, ce qui est appelé boulevard Georges
Clemenceau est en fait la rue Emile Zola ! Et le témoin aurait fait
son observation en arrivant de la rue (et non boulevard) Georges
Clemenceau...
Quant au salon de coiffure Marie, il ne se trouve ni dans la rue
Clemenceau ni dans la rue Zola, mais dans la rue David d'Angers
(point E), précisément où le témoin est supposé avoir fait sa
deuxième observation ! Bien sûr, on peut toujours imaginer que
depuis plus de vingt ans il a changé d'adresse : pour en avoir le
coeur net j'ai téléphoné, et non, il existe depuis 22 ans (donc
depuis 1989) et l'adresse n'a pas changé...
Déjà, si on suppose que le témoin a fait son observation depuis la rue
David d'Angers, sur le trottoir face au salon de coiffure, la rentrée
atmosphérique a pu apparaître à sa droite au-dessus du toit de la maison
que l'on voit au centre de la photo.
Mais continuons la promenade de cette dame... Elle continue à suivre le
boulevard Clemenceau, qui est donc en fait la rue Emile Zola, et
s'arrête devant l'entrée du collège Jean Zay pour voir si elle peut
encore distinguer quelque chose... En suivant le chemin avec Street
View, on voit qu'il y a bien une entrée donnant accès au collège rue
Emile Zola (point C) :
Mais ça n'est visiblement qu'une entrée secondaire utilisée par quelques
privilégiés habitant sur place, alors que l'entrée principale se
trouve aussi dans la rue David d'Angers, juste en face du salon de
coiffure Marie !
Ça ressemble plus à ce qu'on appelle une « entrée d'un
collège », et décidément il semble que tout ait tendance à se
regrouper en un même lieu ! En tout cas c'est bien dans la rue
David d'Angers, après avoir dépassé le collège, que la dame aurait
observé les « vrilles ». On peut donc se demander si cette
séparation en deux observations différentes ne serait pas liée à l'idée
fausse que l'observation aurait débuté dans la rue Georges Clemenceau, à
quelque 300 m du lieu de l'observation des « vrilles »...
À une allure de promenade canine, une dizaine de minutes serait
effectivement plausible... Par contre, si l'observation a débuté en face
du salon de coiffure, c'est à une vingtaine de mètres du lieu supposé de
la deuxième observation.
Ce que l'on peut imaginer, c'est que la dame a vu apparaître les
lumières de tête au-dessus de la maison attenante au salon de coiffure,
et qu'après avoir avancé quelques secondes, ayant passé l'entrée du
collège, sa vue s'est dégagée vers la droite et elle a alors pu voir les
traînées qui suivaient. Ensuite, en huit ans et avec la confusion des
repères géographiques, elle aurait dissocié les deux phénomènes, et
inversé le sens du déplacement.
Ce qui est certain en tout cas, c'est qu'il y a beaucoup trop d'erreurs
géographiques pour que les indications de ce témoignage puissent être
prises au sérieux. Et il est patent aussi que l'enquête a été bâclée,
pour que les enquêteurs n'aient pas remarqué toutes ces erreurs !
Pourtant, Joël Mesnard continue à présenter ce cas en exemple, comme il
l'a fait le 5 novembre 2013 dans l'émission « Bob vous dit toute la
vérité » :
À Montreuil-Juigné, c'est la banlieue nord d'Angers, vous imaginez un
octogone un petit peu plus large que haut rempli de droites verticales
et horizontales, qui forment plein de cases farcies de lumières, de
petites lumières, et autour de ça une trentaine de grosses lumières
réparties elles-mêmes sur un contour octogonal qui entoure le grand
octogone... Ce qui est intéressant dans le cas de Montreuil-Juigné,
c'est que le témoin qui promène son chien connaît bien les lieux,
puisque quand on promène son chien en général on n'est pas loin de
chez soi et on sait où est le nord. Le témoin qui a été survolé par
cette chose qui est passée à son zénith a affirmé que la chose était
sur une trajectoire sud-nord, autrement dit cette personne tournait le
dos à la trajectoire de la rentrée atmosphérique, elle se trouvait
bien à 200 ou 250 km de la trajectoire de rentrée, elle
lui tournait le dos et elle a vu la chose partir vers le nord.
Alors à moins que les gens confondent le nord et le sud il y peu de
chance que ce soit la rentrée atmosphérique quand même, il faut être
sérieux!
Eh bien oui, cette dame confondait tout et il suffisait d'aller sur
Google Maps ou de consulter un plan pour s'en rendre compte, et pour ça
il aurait fallu être sérieux... C'est dire le niveau des
« enquêtes » sur ces observations que Mesnard présente comme
des évidences qu'il y a eu autre chose que la rentrée
atmosphérique !
Note : j'ai appris au moment de mettre à jour ce dossier qu'il y
avait eu un correctif dans le numéro suivant de LDLN, le
numéro 351... Y aurait-il eu des vérifications sur la disposition
des lieux ? Non, ne rêvons pas, voici le texte concerné :
Toujours au sujet du 5 novembre, plusieurs lecteurs font observer
qu'au-delà de la manipulation, et de la difficulté qu'il y a à en
comprendre les mécanismes et l'intention, les faits parlent
d'eux-mêmes : plusieurs dizaines de témoignages que nous
avons publiés au cours de ces huit années (et notamment celui de
Montreuil-Juigné) montrent, de façon surabondante qu'autre chose
qu'une rentrée de satellite (ou de plate-forme) s'est manifesté ce
soir-là, parallèlement à la rentrée. Ce n'est pas autre chose que ce
que nous annoncions sur la couverture de notre numéro 303, dès
novembree 1990.
À propos de Montreuil-Juigné, plusieurs lecteurs ont remarqué que les
lettres-repères citées dans la légende de la page 31 sont
absentes sur le dessin. Il s'agit d'un oubli, et voici le dessin avec
ces lettres.
Ce correctif concerne le dessin de l'objet principal, auquel il manquait
à la fois les lettres-repères et le petit commentaire sur la couleur des
lumières. Je les ai donc ajoutées sur le dessin.
Noisy-sur-École (Seine-et-Marne) :
Un gigantesque boomerang, de couleur fuchsia, qui glissait
silencieusement dans le ciel. Sa taille était colossale.
(Joël Mesnard a éliminé ce cas des « exemples probants »). Un boomerang rose aux contours pour une fois nets, c'est surprenant,
mais le témoignage est tardif et la trajectoire est celle de la
rentrée...
Voici comment ce cas était présenté dans
le numéro 313 de LDLN :
Ce soir-là, à 19 h (à quelques minutes près),
Mme Patricia L. sortit son chien. C'est alors que, regardant
vers le sud, elle vit quelque chose d'extraordinaire : un
gigantesque boomerang, de couleur fuchsia, qui glissait
silencieusement dans le ciel. Sa taille était colossale. Mme L.
crut un instant qu'il s'agissait d'un avion (aussi gros qu'un B-52),
volant très bas, si bien qu'elle s'en inquiéta.
Elle ne vit la chose que pendant quelques instants. Le
« boomerang », aux contours nets, portait des lumières
(notamment vers ses extrémités), et laissait plusieurs traînées
derrière lui. La chose disparut derrière un arbre, et Mme L. se
précipita pour contourner cet arbre, qui ne se trouvait qu'à quelques
mètres d'elle. Trop tard : il n'y avait plus rien. Le phénomène
avait disparu, de façon incompréhensible, comme s'il se fût volatilisé
sur place.
Le mouvement apparent était dirigé de la droite vers la gauche du
témoin, c'est-à-dire approximativement de l'ouest vers l'est. Nous
retrouvons là une caractéristique surprenante de presque toutes ces
obervations « fortes » du 5 novembre (Vert-le-Grand étant
l'exception la plus remarquable) : les descriptions ne
ressemblent pas à celles d'une rentrée atmosphérique. Elles ne se
ressemblent pas non plus entre elles (et il s'en faut de
beaucoup !) Mais la direction d'observation et le sens
du mouvement sont à peu près ceux qui correspondraient à la vision
de la rentrée atmosphérique !
S'il y a, comme nous n'avons cessé de le supposer, quelque chose comme
un mimétisme, un parasitage de la rentée atmosphérique, une
constatation s'impose d'ores et déjà : ce mimétisme porte sur les
directions (d'observation et de déplacement), ainsi que, bien entendu,
sur l'heure, mais il ne porte nullement sur l'apparence du phénomène.
Comme le dit Mesnard, la trajectoire et l'heure sont conformes à la
rentrée atmosphérique, qui passait au plus près à une distance de
174 km et une hauteur sur l'horizon de 33°.
C'est dans la description du phénomène que se situe l'anomalie : il
y a bien les lumières et les traînées qui évoquent la rentrée
atmosphérique, mais ces lumières sont ici censées être portées par un
boomerang aux contours nets et de couleur rose, c'est moins banal que
les classiques masses noires dont on ne distingue pas les contours dans
l'obscurité !
Mais comme d'habitude la date de recueil du témoignage n'est pas
indiquée, et ça pourrait être près de deux ans après l'observation, ce
numéro de LDLN étant paru fin 1992. S'il s'agit d'un témoignage
tardif, il est naturel que la « masse porteuse » illusoire ait
pris de la substance avec le temps... Et que cette masse ait été vue de
couleur rose n'est après tout pas très surprenant : il n'est pas
dit que l'objet en lui-même était lumineux, et la nuit tous les
boomerangs sont gris ! Les multiples lumières formant la rentrée
atmosphérique étant généralement décrites par les témoins comme blanches
et rouges, ces couleurs portées par une multitude de lumières ont bien
pu se « diluer » dans la masse avec le temps et les
altérations de la mémoire... ou encore la myopie !
Les cas ajoutés récemment :
Voici les cas que Joël Mesnard a ajoutés à sa liste des sites
d'observations du 5 novembre 1990, parmi les plus révélatrices du
« parasitage » de la rentrée atmosphérique par... autre chose.
La plupart de ces cas ont été relatés dans le numéro 388 (décembre
2007) de Lumières dans la nuit. La carte récapitulative a été
présentée dans le numéro 415 (décembre 2013).
Élancourt (Yvelines) :
L'objet vient de l'est-sud-est, passe rigoureusement à la
verticale des témoins, et repart vers le sud-est. Deux témoins mais comme d'habitude un seul témoignage, et extrêmement
tardif comme toujours lorsqu'il y a des détails aussi aberrants.
Cette observation a été relatée dans LDLN
n° 388 de décembre 2007 :
Nous devons ce témoignage à Luc Chastan, qui le tient de
M. Hervé Voquer.
Vers 19 h, une jeune fille prénommée Laétitia promenait son chien
, en compagnie d'une amie. Elle perçut soudain « une sensation de
lourdeur au-dessus de sa tête » et « sentit une
ombre ». Un gros objet triangulaire, noir, arrivait au-dessus
d'elle, venant de l'est-sud-est. Il se trouvait à peu près à la
hauteur d'un immeuble de 6 étages, et ne faisait aucun bruit. Un phare
blanc était visible à chacune de ses extrémités, ainsi qu'un gros
phare rouge, de deux à trois mètres de large, au-dessous. Chaque côté
du triangle pouvait mesurer entre 20 et 30 mètres.
Cette chose s'immobilisa au-dessus des deux adolescentes, et resta
stationnaire pendant plus d'une minute.
D'un seul coup, elle repartit, cette fois vers le sud-est. À
l'arrivée comme au départ, le triangle avançait avec une pointe en
avant, mais l'objet n'a pas pivoté sur lui-même, et la pointe située à
l'avant, à l'arrivée, n'est pas celle qui se trouvait à l'avant au
départ.
On trouve un autre compte-rendu de ce témoin dans la Base
Ovni France :
Aujourd'hui encore des personnes qui a l'époque n'avaient rien dit
témoignent. En voici l'un d'entre eux qui correspond à une observation
au fort caractère d'étrangeté.
Le témoin à l'époque est adolescente. En cette soirée, elle promène
son chien en compagnie d'une amie. Il est aux alentours de dix-neuf
heures quand elle perçoit une sensation de lourdeur et ressent une
ombre au-dessus de sa tête. Elle observe alors un objet en forme de
triangle évoluant à basse altitude, à peu près une hauteur équivalente
à un immeuble de six étages. La longueur des côtés est estimée par le
témoin de 20 à 30 mètres. Un phare blanc est visible à chacune
des extrémités et un grand phare rouge est visible au-dessous
d'environ deux à trois mètres de large. L'objet venait de
l'est-sud-est. L'objet s'est alors immobilisé au-dessus de la tête des
deux jeunes filles, puis il est reparti vers le sud-est d'un seul
coup. Il n'y a pas eu de pivotement de l'objet. En venant vers les
jeunes filles l'objet avançait avec une pointe du triangle en avant,
il s'est arrêté, puis est reparti avec une autre pointe en avant. Le
témoin compare un peu cette façon de faire comme s'il y avait eu deux
postes de pilotages.
Ici, on a bien évidemment une trajectoire très anormale, de même que le
changement de direction sans que l'objet pivote... Mais il s'agit encore
manifestement d'un cas signalé très longtemps après l'observation, sans
doute une quinzaine d'années après, et ce n'est qu'une des deux jeunes
filles qui a relaté son observation. Alors, entre les inévitables
déformations et exagérations qui surviennent après autant de temps et
les diverses causes possibles de méprises concernant la trajectoire d'un
objet lointain au déplacement assez lent, je ne serais pas surpris qu'il
s'agisse encore d'une observation de la rentrée atmosphérique.
Notons que si la rentrée atmosphérique, qui se déplace à 27 000 km/h
et à 100 km d'altitude, est prise pour un objet proche à 15 m
d'altitude, celui-ci paraîtra se déplacer à la vitesse de 4 km/h,
soit à peu près la vitesse d'un homme au pas. Et donc, si on se déplace
à cette vitesse en sens inverse, l'objet paraîtra stationnaire... Si on
va un peu plus vite et dans une direction un peu différente, on peut
très bien l'imaginer en déplacement très lent et dans une direction
quelconque... Et si on s'arrête, l'objet semble partir en accélérant et
dans sa direction réelle, laquelle diffère de seulement 90° de celle de
la rentrée atmosphérique. Après un tel délai, de telles erreurs de
jugement n'ont rien de surprenant.
Rive-de-Gier (Loire) :
À une centaine de mètres, une forme triangulaire avec plein de
lumières, immobile pendant au moins deux minutes. Encore un témoignage très tardif, qui évoque plutôt bien la rentrée en
dehors du temps d'immobilité.
Dans LDLN n° 388 de
décembre 2007, Joël Mesnard expose le témoignage de Christophe Dieu,
recueilli en octobre 2005 :
Vers 19 h ou 19 h 15, j'arrive devant la petite cité
HLM où j'habitais alors. Je descends de voiture. Il n'y a personne
dehors.
Et là, je vois cette chose, à une centaine de mètres de moi, de
l'autre côté de l'autoroute. Elle est à 10 m, au maximum,
au-dessus du pré, très près du chemin goudronné qui borde l'autoroute,
de l'autre côté.
C'est une masse noire, triangulaire, aux bords pas très nets. Elle
porte de nombreuses lumières : blanches, bleues, jaunes...
impossible, quinze ans après, de préciser leurs positions exactes.
C'étaient pratiquement ces lumières qui dessinaient la forme
triangulaire.
Cela a duré peut-être trois minutes, l'objet restant immobile au moins
deux minutes. Mais parfois, j'ai l'impression que ça a duré beaucoup,
beaucoup plus longtemps.
Ensuite, il est parti lentement, à peine plus vite qu'un homme au pas,
en direction de Lyon. Il est entré dans un nuage de brouillard, et je
ne l'ai pas vu ressortir. Ce nuage était à peine plus grand que
l'objet lui-même.
Je n'arrive pas à me rappeler ce que j'ai fait, après avoir vu l'objet
disparaître. À un moment, ça m'embêtait d'être tout seul dehors, à
deux mètres de mon immeuble. Je me suis retourné, et j'ai crié :
« Y a quelqu'un ? » Je n'ai vu personne...
Après qu'il soit rentré dans cette espèce de nuage, j'ai plus ou moins
un trou de mémoire. La logique aurait voulu que j'aille voir. je me
rappelle que j'étais énervé parce que je ne pouvais pas y aller. La
passerelle la plus proche est à environ 150 mètres. Je suis
seulement allé au bout du grillage...
Plus tard, dans la nuit (j'étais excité comme une puce), j'étais chez
moi... Je ne sais pas pourquoi, j'étais persuadé que ça n'était pas
fini...
Il devait être aux environs de 2 h du matin. J'étais chez moi,
dans le noir, j'avais ouvert la fenêtre et je regardais, à peu de
chose près, dans la direction du « nuage ». C'est à ce
moment-là que j'ai vu... le 2ème ovni ; ça a été très
bref : environ 10 secondes... Une sorte de vaisseau spatial,
avec toutes sortes de détails, que je ne peux pas dessiner... Forme
plutôt allongée, rectangulaire, épais. C'était en mouvement. Aucune
lumière. C'était une masse avec différents tons de gris, et beaucoup
de détails, beaucoup de choses...
Il a disparu dans un nuage au sol, comme le premier. Mêmes
dimensions : une trentaine de mètres. Mais il était beaucoup plus
éloigné, et en mouvement. À un moment, j'ai vu le dessous...
Plus tard dans la nuit, troisième ovni ! Mais pas du tout au même
endroit. J'étais à la même fenêtre, j'avais passé la tête dehors.
Comme pour les deux premiers, j'ai été obligé de tourner la tête (vers
le haut). Deux secondes après, un grand disque a surgi du haut de la
tour, sombre, avec seulement une lumière vert fluo, mais pas
aveuglante, au centre ; ça a disparu derrière les nuages. (De
vrais nuages)... »
Joël Mesnard a résumé ce cas dans l'émission « Bob vous dit toute
la vérité » du 5 novembre 2013, en ajoutant :
Je ne crois pas qu'il ait vu la rentrée du satellite, ou alors il a
vraiment une notion du temps qui est à revoir, hein, parce qu'on ne
pouvait pas voir la rentrée de satellite pendant 2 minutes
immobile ; elle n'était immobile à aucun moment, et surtout pas
pendant deux minutes. Et il dit aussi « parfois j'ai l'impression
que ça a duré beaucoup, beaucoup plus longtemps ». Bon finalement
le triangle repart lentement en direction de Lyon, c'est-à-dire là
encore en direction du nord-est... C'est un trait commun, pas à la
totalité, mais à un très grand nombre d'observations de ce soir-là. Et
puis aussi commun à la rentrée du satellite : comme si le
spectacle qui s'offre aux témoins prenait certains aspects de la
réalité dont il profite.
Bon, alors Christophe Dieu voit ça, tout bouleversé il rentre chez
lui, il dit « j'étais excité comme une puce », et il
n'arrive pas à dormir finalement. Vers deux heures du matin il refait
une observation, et puis il en fait une troisième plus tard dans la
nuit. Vous pouvez m'expliquer ça ? J'y comprends rien.
Moi ce que je ne comprends toujours pas c'est comment Mesnard, qui a
parfaitement expliqué dans cette même émission que dans les meilleures
conditions on est incapable d'évaluer une distance au-delà d'une
soixantaine de mètres, insiste sur le fait que ce témoin estimait la
distance de l'objet à une centaine de mètres ! La description
évoque tout à fait la rentrée atmosphérique, ça suivait la direction de
la rentrée atmosphérique à l'heure approximative de son passage, la
masse noire aux bords indistincts portant de nombreuses lumières est
tout à fait typique... La hauteur sur l'horizon est un peu sous-estimée,
puisque 10 m du sol à une distance d'une centaine de mètres ça ne
fait que 6° au-dessus de l'horizon alors que la rentrée passait à 25° au
plus près. Le seul détail vraiment anormal c'est la mention d'une
immobilité durant deux minutes, mais pour un témoignage fait quinze ans
après l'observation par un témoin assez impressionné il ne faut pas trop
s'en étonner...
Et il y a aussi les deux autres « observations »...
Résumons : ce témoin observe quelque chose de très impressionnant à
19 h, il rentre chez lui « excité comme une puce » au
point qu'il n'arrive pas à trouver le sommeil, et il passe apparemment
une bonne partie de la nuit à observer le ciel (est-ce qu'il en a
l'habitude, on ne sait pas)... Et là, il fait deux autres
« observations »... La première, d'un objet similaire, de
« mêmes dimensions, mais beaucoup plus éloigné »... Donc d'une
dimension apparente beaucoup plus faible... Avion, hélicoptère ? Et
la seconde, juste une lumière verte au centre d'un « disque
sombre » vu pendant quelques secondes... Une étoile filante ?
La durée est tout à fait typique, la couleur verte est assez courante...
Bref j'ai l'impression que ce témoin tout excité après avoir vu ce qu'il
pensait être un énorme vaisseau près du sol pouvait prendre n'importe
quoi qu'il n'avait pas l'habitude d'observer la nuit (météore,
satellite, avion...) pour un objet mystérieux. Et si en plus il raconte
tout ça après quinze ans, il n'est guère douteux qu'il y ait une bonne
dose de déformations dans le récit des trois observations successives.
Mais c'est évidemment moins vraisemblable comme explication qu'une
soucoupe volante qui vient imiter la rentrée atmosphérique qui passait
au même moment mais que le témoin ne voit pas, en restant stationnaire
pendant deux minutes pour tout de même marquer la différence et
« signer son forfait », et qui revient ensuite deux fois dans
la nuit à l'intention de ce seul témoin qui ne racontera son histoire
qu'après quinze ans.
Saint-Raphaël (Var) :
Une « escadrille » de boules lumineuses en formation triangulaire,
sur un axe nord-sud. Et encore un témoignage très tardif, vu le manque d'informations il
pourrait s'agir aussi bien de la rentrée que d'un météore.
Un autre cas décrit ainsi dans le
numéro 388 (décembre 2007) de Lumières dans la nuit :
Dans le témoignage que voici, la position géographique du témoin, la
direction de son regard et le sens de défilement du phénomène
suffisent à prouver qu'il a vu tout autre chose que la rentrée
atmosphérique. D'ailleurs, si la chose avait défilé en sens inverse,
le résultat aurait été le même. M. G. M. nos raconte son
expérience :
... J'ai été le seul témoin. Le 5 novembre 1990, vers 19 h,
Saint-Raphaël a (aussi) été survolé par une « escadrille »
de boules lumineuses en formation triangulaire. Je n'ai pu compter le
nombre exact de boules, surpris par l'apparition et tant la vitesse
était extrêmement rapide, vitesse que je compare à celle d'un chasseur
à réaction à très basse altitude. L'observation a donc été de très
courte durée (cinq secondes environ), sur une trajectoire nord-sud. La
taille était légèrement plus grande qu'une grosse étoile brillante,
ainsi que la couleur. J'estime une altitude assez basse, car la
perspective de cette formation s'est modifiée par son éloignement.
Avant de disparaître, ces boules ont quitté la formation de triangle
pour onduler entre elles en créant une sorte de mouvement de vagues,
et bien entendu sans aucun bruit !
Je suis un passionné d'aviation, et mes connaissances dans ce domaine
font que je confirme que ces objets n'étaient pas des aéronefs de type
conventionnel (...). Il se pourrait que ces lumières soient solidaires
d'un seul et même objet de forme triangulaire, bien que je n'aie pas
distingué de structure, et que ce mouvement ondulatoire ait été un
pivotement de l'objet sur lui-même tout en continuant sa rapide
trajectoire.
J'ai utilisé une boussole afin de vérifier la trajectoire avec plus de
précision, et je confirme qu'elle se situait bien sur un axe nord-sud.
Notons d'abord que je ne vois pas où serait l'anomalie dans le sens
de défilement : l'objet va du nord au sud et passe à l'est de
Saint-Raphaël, il défile donc de la gauche vers la droite tout comme la
rentrée !
Ce qui fait douter que le témoin ait observé la rentrée atmosphérique,
c'est plutôt le fait que l'observation ait duré seulement quelques
secondes, que l'objet se déplaçait à grande vitesse et que sa dimension
et sa luminosité étaient faibles : « une taille légèrement
plus grande qu'une étoile brillante ». La rentrée atmosphérique
était bien plus spectaculaire que cela, même depuis Saint-Raphaël !
Toutefois, il manque dans ce témoignage une information capitale :
on ne sait pas si le témoin était immobile ou s'il se déplaçait en
automobile ! Dans ce dernier cas, les circonstances pourraient
expliquer toutes les anomalies... S'il se déplaçait vers l'est, il
pouvait voir la rentrée qui s'éloignait, donc peu spectaculaire, et un
virage pouvait lui faire penser que l'objet qu'il croyait proche se
déplaçait rapidement.
Si le témoin était immobile, la rentrée serait sans doute à écarter,
mais l'objet n'était pas très spectaculaire... Peut-être un météore qui
s'est fragmenté...
Paris boulevard Saint-Marcel :
Notre témoin tourne le dos à ce qui sera, quelques minutes plus
tard, la trajectoire de rentrée de l'engin soviétique Et encore un témoignage très tardif, qui pourrait bien effectivement ne
pas concerner la rentrée atmosphérique, mais un objet pas très étrange.
Ce cas est relaté dans le
numéro 388 (décembre 2007) de Lumières dans la nuit :
Dans le cas que nous venons de voir, l'idée que le témoin ait pu voir
la rentrée (qui, rappelons-le, allait grosso modo de Royan vers
Strasbourg) est évidemment insoutenable, et nous rappelle, entre
autres, le cas de Montreuil-Juigné : là-bas aussi, le témoin
tournait franchement le dos à la trajectoire de rentrée. On retrouve
ce même type de circonstances dans le témoignage d'une dame que nous
appellerons simplement par son prénom : Michèle [c'est cette même
personne qui a vécu la petite aventure relatée dans LDLN 373,
p. 44, sous le titre « histoire vraie »].
Vers 18 h 45 ou 50, cette dame roule en voiture rue Jeanne
d'Arc, dans le 13ème arrondissement, dans le sens
sud-est/nord-ouest. Elle se rend à la faculté Censier, toute proche,
où elle doit être à 19 h, et si possible, un peu avant. Arrivant
au carrefour du boulevard Saint-Marcel (où se trouve une statue de
Jeanne d'Arc), elle doit s'arrêter à un feu rouge, et là, son moteur
cale. Au même moment, elle voit face à elle, au-dessus de la rue
Geoffroy Saint-Hilaire (qu'elle doit prendre), une forme triangulaire
de bonnes dimensions, portant trois feux de couleurs : un rouge à
gauche, un vert à droite, et un bleu au fond, au-dessus de la rue
Geoffroy Saint-Hilaire. La nuit est déjà tombée depuis un moment, et
elle a du mal à comprendre à quoi elle a affaire. S'agit-il de feux,
qui signaleraient des grues ? Mais il n'y a pas de grues.. Elle
pense alors : « On dirait une ville flottante ».
Derrière elle, quelqu'un klaxonne. Le feu est redevenu vert, et elle
ne s'en est pas aperçue. Or, elle a calé. Elle essaie de remettre en
marche, mais n'y arrive pas tout de suite, et quand enfin ça repart,
le feu est de nouveau au rouge ! Derrière elle, les gens
s'impatientent...
Elle repart enfin, et poursuit son chemin, sans plus regarder cette
chose bizarre qui est la cause de l'incident.
Il faut noter que dans cette histoire, notre témoin tourne le dos à ce
qui sera, quelques minutes plus tard, la trajectoire de rentrée de
l'engin soviétique. Et la distance qui l'en sépare est de l'ordre de
200 km. Que faut-il comprendre ?
À qui douterait de l'heure de l'incident, et imaginerait que Michèle
était tout simplement en retard, on ne peut que répéter que la
trajectoire de rentrée se trouvait nettement au sud-est de Paris. Pas
au nord-ouest ! Quant à ceux qui refuseraient de prendre ce
témoignage en considération, sous prétexte que la chose n'a été vue ni
au bon moment, ni dans la direction voulue par la thèse officielle, il
faut rappeler, par exemple, l'observation de François Ellul, sur le
plateau d'Avron : là aussi, ce n'était ni l'endroit, ni le bon
moment : une heure environ avant les autres ! Et les
exemples d'observations faites ce soir-là, nettement avant ou après le
créneau 19 h — 19 h 05, ne manquent pas [on trouve en
p. 56 du rapport n° 11 (1993) du MUFON-CES (ouvrage en
langue allemande) la brève mention d'une observation faite à
« Kelkheim » (en fait, très probablement Kehlheim), vers
17 h 25 ou 17 h 30, donc une heure et demie avant
le gros de la vague. De plus, nous avons publié (LDLN 360,
p. 26) une observation faite sur le périphérique, entre
0 h 30 et 1 h du matin, dans la nuit du 5 au 6
novembre, six heures après le pic d'observations]. En voici d'ailleurs
une autre, faite à Paris, deux heures et demie après le pic de la
vague.
On peut s'amuser de toutes ces références à d'autres observations, qui
ont pour point commun d'avoir toutes été rapportées des années après les
faits... Pourtant les témoignages déposés après quelques jours ou
quelques semaines ne manquent pas, mais ils rapportent dans leur grande
majorité des observations très correctes de la rentrée
atmosphérique ! Mesnard nous ressort tout le temps l'observation de
Montreuil-Juigné comme exemple d'observation faite « le dos tourné
au passage de la rentrée », mais nous avons vu que pour ce cas
toutes les indications géographiques étaient fausses !
L'observation de François Ellul, c'est celle de Villemomble, où l'heure
est très incertaine, celle de Kelkheim concerne un objet qui n'a rien à
voir avec la rentrée mais qui est complètement insignifiant, et celle
faite sur le périphérique (cas de Paris-porte de Gentilly) est
extrêmement fugitive. Bref tout ce que cela nous montre c'est que les
cas qui comportent vraiment des détails incompatibles avec la rentrée
atmosphérique sont aussi les moins crédibles ou les moins étranges.
Dans le cas présent, nous avons des détails qui semblent sûrs,
concernant la direction d'observation : la dame se rappelle
parfaitement son trajet et les péripéties qui l'ont ponctué. On pourrait
imaginer que l'observation a été faite plus loin alors qu'elle tournait
vers l'ouest dans la rue Censier, mais il n'y a pas de feu rouge.
Il me semble plus vraisemblable que cette dame ait effectivement observé
autre chose que la rentrée. La description de seulement trois lumières
de couleurs différentes est d'ailleurs assez surprenante pour la rentrée
atmosphérique. Les lumières rouge et verte évoquent plutôt un avion. La
bleue non, elle devrait plutôt être blanche, mais la vision des couleurs
la nuit peut être faussée en fonction de l'ambiance lumineuse, et le
bleu peut être facilement confondu avec du blanc. Je ne serais donc pas
surpris que cette dame ait observé les lumières d'un avion ou d'un
hélicoptère, et simplement exagéré les dimensions : elle nous parle
d'abord d'une « forme triangulaire de bonnes dimensions », et
plus loin d'une « ville flottante », ça paraît un peu
contradictoire !
Mon impression est qu'elle a observé quelque chose qui l'a surprise mais
qui n'était pas particulièrement extraordinaire, elle est d'ailleurs
repartie tranquillement pour son rendez-vous sans chercher à l'observer
plus longtemps ou à trouver d'autres témoins... Et c'est en apprenant
plus tard qu'un phénomène étrange a été observé un peu partout quelques
minutes plus tard qu'elle aurait fait le rapprochement et quelque peu
« amélioré » son observation. Dans tous les cas, c'est un
récit fait après une quinzaine d'années, et nous avons vu dans maints
exemples à quel point ils peuvent être déformés.
Paris rue Melingue :
Deux heures et demie après l'afflux massif des observations, une
étrange sphère lumineuse. Sûrement rien à voir avec la rentrée atmosphérique, et sans doute rien
à voir non plus avec cette soirée du 5 novembre.
Cas exposé dans Lumières dans
la nuit n° 388, de décembre 2007 :
C'est vers 21 h 30, donc deux heures et demie après
l'afflux massif d'observations, que M. Papin (et, dans une
moindre mesure, peut-être, son épouse) furent témoins d'un étrange
phénomène.
Étendant du linge sur son balcon qui donne vers l'ouest, au 5ème
étage d'un immeuble au 29 rue Mélingue, Mme Papin remarqua une
« étoile » qui grossissait, grossissait... Elle prit peur,
rentra dans l'appartement, et appela son mari, qui accourut aussitôt.
Près du coin d'un immeuble (n° 14, 16, 18, rue Clavel), un point
lumineux grossissait en effet, de façon inquiétante, en perdant de
l'altitude. M. Papin pensa à une grosse météorite qui allait
s'écraser. Mais la chose s'arrêta sur place, et se transforma en une
sphère blanche, parfaitement délimitée, non éblouissante, en partie
cachée par une cheminée, à l'extrémité du toit. M. Papin se
déplaça de quelques mètres sur son balcon, afin que la cheminée cesse
de lui masquer une partie de la chose.
Il estime que, dans ses deux positions successives, il se trouvait
respectivement à 110 m et à 113 m de cette cheminée. Il
pense que la boule (ou le disque) se trouvait à 10 ou 15 mètres
derrière la cheminée, et à 35 mètres du sol, au-dessus de la rue
Clavel. Quant à la boule de lumière, elle pouvait avoir 6 ou 7 m
de diamètre.
L'immeuble était silencieux. Apparemment, il n'y avait personne aux
fenêtres dans l'immeuble voisin. Au bout d'un certain temps
(impossible à préciser, en 2003, 13 ans après l'incident :
peut-être 5 minutes, peut-être une demi-heure), la boule décrivit une
trajectoire d'abord en demi-cercle, tandis que sa taille apparente
diminuait (voir dessin en haut de la p. 35). Parvenue au sommet
de cette trajectoire semi-circulaire, elle continua à se déplacer vers
la gauche, tout en se rapprochant de l'immeuble du témoin, et
finalement disparut, masquée par le dernier étage.
M. Papin envisagea un instant de descendre dans la rue, pour
tenter de revoir la boule, mais finalement, il n'en fit rien. Il
constata que son épouse dormait, ainsi que leurs deux enfants âgés de
12 et 5 ans. Il se coucha, et s'endormit.
Le lendemain, 6 novembre, ni lui, ni son épouse n'évoquèrent
l'incident. Tout se passa comme s'ils l'avaient complètement
oublié ! Ce n'est qu'un an ou deux plus tard que
M. Papin se souvint de cette soirée du 5 novembre. Il en a
aujourd'hui, comme on vient de le voir, un souvenir étonnamment
précis.
Étrangement, son épouse, elle, ne se souvient absolument pas de cette
histoire...
Cette observation n'a vraisemblablement rien à voir avec la rentrée
atmosphérique, mais on peut douter qu'elle ait même quelque chose à voir
avec la « vague »... Si on suit le témoin, il n'a pas parlé de
son observation avec sa femme le lendemain ni dans les jours qui sont
suivi, il l'aurait complètement oubliée, et sa femme ne s'en souvient
toujours pas... Et ça n'est qu'un ou deux ans plus tard qu'il s'en est
souvenu... Comment dans ce cas peut-il se souvenir de la date
précise ? Mon impression est qu'en entendant parler de la
« vague » après plus d'un an, ce témoin s'est souvenu avoir vu
quelque chose de bizarre à cette époque et a fait le rapprochement sans
la moindre certitude.
Joël Mesnard trouve que ce témoin, après avoir oublié cette observation
pendant plus d'un an, « en a aujourd'hui un souvenir étonnamment
précis »... Oui, c'est ce qu'on appelle la « reconstruction
des souvenirs » : les souvenirs ne sont pas des
enregistrements objectifs de la réalité, ils sont imprécis et on a
tendance à combler les lacunes en fonction de ses attentes et
convictions. Et bien sûr, plus le temps passe, et plus le souvenir est
déformé. Ici, c'est après treize ans que le témoin décrit son
observation qui ne l'avait pas du tout marqué sur le moment. Quant à sa
femme, elle ne s'en souvient pas du tout, n'ayant assisté qu'au début et
étant tranquillement allée se coucher pendant que son mari continuait
d'observer... C'est dire à quel point l'événement était marquant !
Pour ce qui est de l'explication possible, compte tenu des distorsions
et exagérations inévitables, je serais tenté d'envisager un avion ou un
hélicoptère avec son feu d'atterrissage allumé. Il est fréquent qu'une
lumière quasi-ponctuelle mais de forte intensité soit interprétée comme
une « boule de lumière », et ici on a des raisons de mettre en
doute la dimension estimée de cette « boule » : si elle
avait fait 6 ou 7 mètres de diamètre et se trouvait juste derrière
la cheminée, cette dernière n'en aurait caché qu'une très petite partie
et on ne voit pas pourquoi le témoin aurait jugé utile de se déplacer
pour mieux la voir ; en outre, si cette boule avait été juste à
quelques mètres derrière la cheminée assez éloignée, un déplacement du
témoin de quelques mètres n'aurait rien changé à la perspective.
Bref, sans doute une observation d'ovni très banale (j'entends par là
que des observations comme ça il y en a des quantités tous les jours, et
avec un témoin unique et un récit fait des années après l'événement il
n'y a rien à en tirer), et dont le rapprochement avec la
« vague » du 5 novembre 1990 apparaît totalement artificiel.
Müllheim (Allemagne) :
La descritpion fournie par le témoin contredit l'explication par
la rentrée de satellite. Pas tant que ça pour un témoignage aussi tardif, et contrairement à ce
que Joël Mesnard espérait la trajectoire correspond tout à fait !
Joël Mesnard a d'abord résumé ce cas
dans LDLN n° 388 (décembre 2007) :
Müllheim se trouve à 5 km seulement de la frontière française, à
hauteur de Chalampé (au nord-est de Mulhouse). Le MUFON-CES a
recueilli le témoignage de M. Markus Jäger, âgé de 31 ans au
moment des faits, qui travaille dans le commerce de gros.
Il a illustré par les dessins ci-dessous l'objet qu'il a observé à
19 h 05, c'est-à-dire au moment où, en France, les
observations se comptaient par centaines.
Ces dessins sont suffisamment éloquents pour qu'il ne soit pas
nécessaire de les commenter longuement : ce n'est probablement
pas la rentrée de l'engin spatial qui a été observée (de près, si on
en juge par la vue en perspective) à Müllheim.
Mais il y est revenu dans le numéro 394 (juin 2009), en raison d'une
autre anomalie apparente de l'observation :
Le dessin de synthèse, probablement réalisé par un enquêteur, indique
clairement que le cas n'est pas sans intérêt, c'est le moins qu'on
puisse dire !
Les deux autres croquis sont dus au témoin lui-même, M. Markus
Jäger. Celui du bas, avec les deux gros disques lumineux (Energiekreisen,
littéralement : cercles d'énergie) représente, sans discussion
possible, la face arrière de la chose, puisqu'il est
légendé Ansicht von hinten (vue de derrière).
Si on se reporte au joli dessin de synthèse, il n'y a donc aucun doute
possible : le témoin a vu la chose se déplacer de sa
droite vers sa gauche. Or Müllheim se situe à 20 km
seulement de Mulhouse, donc nettement à droite de la
trajectoire de rentrée de l'engin soviétique. Conclusion : le
témoin de Müllheim a observé quelque chose qui se déplaçait en
sens inverse de la rentrée atmosphérique. Nous avions là un
exemple (un de plus !), qui prouvait l'inanité de la thèse
officielle, du moins en tant qu'explication globale et unique des
observations du 5 novembre.
Et donc, pour confirmer cette nouvelle preuve de l'inanité de la thèse
officielle, Joël Mesnard a voulu approfondir l'enquête, et a téléphoné
au témoin... Il nous explique que ça n'a pas été très concluant du fait
qu'il comprend très mal l'allemand et que le témoin ne parle ni français
ni anglais, mais qu'il a tout de même compris que le phénomène observé
se déplaçait en fait de la gauche vers la droite, conformément à la
rentrée atmosphérique. Mesnard voulait en avoir le coeur net, et la
situation s'est débloquée lorsqu'il a rencontré un Alsacien qui parle
couramment l'allemand, Christian Valentin... C'est ce dernier qui a
rencontré le témoin, et qui explique :
J'ai rencontré M. Jäger une première fois le 17 juin 2008. Il
m'a raconté son observation, puis nous nous sommes rendus sur les
lieux, où il m'a confirmé le sens de déplacement de l'engin : de
sa gauche vers sa droite, alors qu'il regardait en direction du nord.
À la question que vous posiez, de savoir pourquoi le dessin en
perspective ne semble pas conforme au descriptif de son observation,
M. Jäger a visiblement été surpris, reconnaissant effectivement
sur la copie que je lui montrai (...) que l'orientation ne
correspondait pas à ce qu'il avait vu. M. Jäger ne comprenait pas
comment il avait pu réaliser ce dessin, jusqu'à ce que nous nous
rendions compte que sa copie qu'il avait faite de l'exemplaire envoyé
au MUFON-CES (...) ne comportait pas ce croquis ! En d'autres
termes, il n'a réalisé et envoyé au MUFON-CES que les deux croquis
côté droit et arrière. (...)
À toutes fins utiles, voici un résumé de son observation, basé sur le
courrier qu'il a adressé au MUFON-CES (plus de 8 ans) après les
faits, le 17 février 1999, et sur nos échanges du 17 juin 2008 et du 5
janvier 2009.
Lundi 5 novembre 1990, vers 19 heures, M. M. Jäger
revenait de son cours de musique, et garait son véhicule près de son
domicile, Hügelheimer Strasse, à Müllheim. Alors qu'il s'apprêtait à
saisir son instrument de musique sur le siège passager, quelque chose
d'étincelant attira son attention dans le ciel. Une chose inhabituelle
et étrange avait éveillé son attention. N'ayant pas une bonne
visibilité au-dessus des bâtiments à travers les buissons et les
arbres, il est sorti de son véhicule pour remonter la rue jusqu'au
parking et bénéficier d'un meilleur champ de vision.
C'est à ce moment-là qu'il aperçut distinctement, à une distance qu'il
estime à 100 ou 150 m de lui, et à une hauteur de 50 mètres
environ, quelque chose d'énorme qui planait très lentement dans les
airs, et traversait, de gauche à droite, la Hügelheimer Str. Il
faisait déjà sombre à l'extérieur, et bien que l'objet lui-même fût de
couleur sombre, c'était visiblement immense. M. Jäger a indiqué
que sa taille approchait celle d'un terrain de football.
L'objet, qui se déplaçait à l'horizontale et sans le moindre bruit,
avait dans sa partie inférieure une rangée de hublots non éclairés.
Après que l'objet eut traversé la rue, M. Jäger continua à
remonter celle-ci, jusqu'au delà du croisement avec la Bismarck
Strasse, et put ainsi examiner l'arrière de l'objet, avant qu'il ne
disparût derrière les bâtiments vers les massifs de la proche Forêt
Noire. Sur cette face arrière étaient disposés, au même niveau à
gauche et à droite, deux très gros « ronds de tuyères »
lumineux, comparables à ceux des chasseurs à réaction, mais sans
échappement de feu de combustion.
M. Markus Jäger est un homme sérieux et posé, sûr de ce qu'il a
vu. Et il est pour lui évident qu'il ne peut en aucun cas s'agir de ce
qui a été décrit dans un périodique du Bade Wurtemberg comme une
rentrée atmosphérique d'un étage de fusée, malgré l'heure et l'axe de
déplacement plus ou moins concordants.
Et Joël Mesnard conclut par :
Il est donc facile de résumer l'affaire : 1°) La personne
qui a fait le joli dessin en perspective n'a tenu aucun compte des
positions relatives de la direction du regard et de la direction du
déplacement. 2°) La descrition fournie par le témoin contredit
l'explication par la rentrée de satellite.
Ou comment se raccrocher à ce qu'on peut pour rejeter une observation
évidente de la rentrée !
Essayons plutôt de comparer le témoignage avec la réalité de la rentrée
atmosphérique... Voyons pour cela sur ce plan Google Maps le déroulement
de l'observation :
En 1, le lieu où le témoin était garé, près de son lieu d'habitation, et
où il a vu l'objet vers la gauche. Il a avancé jusqu'en 2, pour avoir
une vue dégagée, et c'est là qu'il a vu l'objet passer au-dessus de la
rue. On peut considérer d'après le témoignage que la trajectoire de
l'objet était sensiblement celle que j'ai indiquée en bleu,
perpendiculaire à l'axe de la rue ; c'est tout à fait conforme à la
rentrée atmosphérique.
Le témoin nous dit qu'il estimait la distance à ce moment-là à 100 à
150 mètres, pour une altitude de 50 m. Cela correspondrait à
une hauteur sur l'horizon de 22°, mais le témoignage donne l'impression
que ça passait assez haut dans le ciel, sûrement plus que cela. La
rentrée atmosphérique passait au plus près à 50°, on n'est dans tous les
cas pas très loin.
La dimension est estimée à un peu moins que la longueur d'un stade de
football (environ 100 m), ce qui à cette distance correspondrait à
une dimension angulaire d'environ 35°. La rentrée atmosphérique devait
plutôt occuper 20°, l'exagération est minime.
Le témoin ne dit rien sur la durée de l'observation, mais il explique
qu'il a continué à remonter la rue jusqu'à la position 3, d'où il a
vu l'objet disparaître derrière des bâtiments. La distance totale
parcourue est d'environ 250 m, qu'on parcourt en deux minutes en
marchant d'un pas rapide... Une durée tout à fait plausible pour
l'observtion de la rentrée atmosphérique sans bénéficier d'un horizon
parfaitement dégagé.
Avec l'heure d'observation estimée à environ 19 h 05, tout
colle décidément très bien au passage de la rentrée atmosphérique...
Reste donc la description, le seul élément qui reste à Mesnard pour
rejeter cette explication.
Il est vrai que le témoin fournit le schéma d'un objet extrêmement
structuré et régulier, mais il dit aussi : Il faisait déjà
sombre à l'extérieur, et bien que l'objet lui-même fût de couleur
sombre, c'était visiblement immense. Ça donne l'impression qu'il
ne distinguait pas du tout la forme de l'objet, la classique
« forme noire sur fond noir »... D'ailleurs, sur son schéma,
l'avant de l'objet est dessiné en pointillés. Bref, comme d'habitude on
ne doit tenir compte que des lumières.
Müllheim étant assez proche de Colmar, où a été filmée la seule vidéo de
la rentrée atmosphérique, on a une assez bonne idée de la disposition de
ces lumières :
On sait d'autre part qu'il y avait en fait deux grosses lumières, à peu
près confondues sur la vidéo, qui laissaient une traînée lumineuse... Ça
évoque assez bien les deux « ronds de tuyères » ou
« cercles d'énergie » décrits par le témoin à l'arrière
lorsque l'objet s'éloignait. On ne voit pas trop par contre ce qui peut
faire penser à une rangée de hublots, mais le témoin dit que ces hublots
étaient « non éclairés », ils pouvaient donc être aussi
imaginaires que la « forme noire » ! Peut-être que les
deux lumières alignées horizontalement à l'avant lui ont fait imaginer
qu'il s'agissait de deux hublots un peu éclairés parmi toute une rangée
qu'il ne pouvait pas distinguer.
Bref, cette description ne me paraît pas aussi incompatible avec la
rentrée atmosphérique que Mesnard le prétend, surtout en tenant compte
du fait qu'elle a été faite plus de huit ans après l'observation !
Encore une fois, on a après plusieurs années une description plutôt
correcte de la rentrée, et ce sont bien les ufologues qui fantasment,
plutôt que les témoins !
Épernon (Eure-et-Loir) :
Quelque chose de très grand, très noir et triangulaire, masque une
grande partie du ciel. L'inévitable forme noire sur fond noir, plus quelques exagérations dues
à un témoignage très tardif.
Encore une observation relatée dans le
numéro 388 (décembre 2007) de Lumières dans la nuit :
Voici le récit de M. Louis Brault. Il a nettement vu, lui aussi,
ainsi que son épouse, un grand triangle noir qui masquait les étoiles
sur son passage.
« Je rentrais de mon travail vers 19 h. Le temps était froid
et sec, le ciel étoilé. L'éclairage du lotissement où j'habite devait
être en panne. Je lève machinalement les yeux au-dessus de la maison,
mais bizarrement, il n'y avait pas d'étoiles à cet endroit-là. Le ciel
était obscurci par quelque chose qui masquait les étoiles. Intrigué,
je regarde plus précisément, et constate que quelque chose de très
grand, très noir et triangulaire, masque une grande partie du ciel. Je
remarque deux phares à l'arrière du triangle, et peut-être un qui
semble fouiller à l'avant.
J'appelle ma femme. Elle vient rapidement, et constate la même chose
que moi. Cet objet semble avancer très lentement. Il semble mettre
plusieurs minutes à survoler le lotissement, sur une distance
d'environ 800 m.
Le lendemain, la radio et les journaux parlaient de la rentrée d'une
fusée russe dans l'atmosphère, ce qui n'a évidemment rien à voir avec
l'observation. »
Le regard de M. Brault était dirigé vers le sud, et le mouvement
de la chose se faisait de la droite vers la gauche, donc vers l'est.
(C'est là un élément propre à favoriser l'explication par la rentrée.
Mais ce grand triangle noir masquant les étoiles — comme à
Gouvieux et dans bien d'autres endroits, au même moment — laisse
évidemment peu de place à cette hypothèse.
Mme Brault ne confirme pas la présence du phare à l'avant, mais
se souvient bien des deux autres.
En bref, la seule raison qu'a Mesnard de douter qu'il s'agisse de la
rentrée atmosphérique est la description d'un triangle noir qui masquait
les étoiles ! Peut-être comprendra-t-il que les témoins peuvent
voir un triangle ou toute autre forme noire là où il n'y a que des
lumières, quand il arrêtera de dessiner un triangle noir en noir et un
ciel noir en blanc !
Bien sûr, il reste le fait que ce triangle masquait les étoiles, mais
on a vu que c'était tout à fait explicable même pas pas une
« illusion d'optique », mais par la physiologie de
l'oeil : la concentration de capteurs peu sensibles à la lumière au
centre du champ de vision.
Et il y a aussi la dimension du triangle, censé masquer « une
grande partie du ciel », mais il n'y a sans doute là rien d'autre
qu'une exagération banale surtout pour un récit fait après des années
(ça n'est bien évidemment pas précisé, mais c'est le cas de toutes les
observations ajoutées tardivement par Mesnard à sa sélection de
« preuves »), et malgré tout minime en regard des grandes
dimensions de la rentrée atmosphérique.
La seule grosse anomalie est finalement le faisceau à l'avant : les
deux à l'arrière évoquent tout à fait les deux grosses traînées
lumineuses de la rentrée visibles en région parisienne, mais celui à
l'avant et dirigé vers l'avant est tout à fait inexplicable... Mais le
témoin nous éclaire à ce sujet : Je remarque deux phares à
l'arrière du triangle, et peut-être un qui semble fouiller à l'avant.
Et Mesnard précise : Mme Brault ne confirme pas la
présence du phare à l'avant, mais se souvient bien des deux autres.
Ces précisions méritent d'ailleurs qu'on s'y attarde : le témoin
n'est pas sûr qu'il y avait un phare à l'avant, mais s'il y était il
« semblait fouiller » ! Imaginez que l'on ait eu un
témoin un peu moins prudent dans ses affirmations, et sans sa femme pour
les confirmer ou infirmer... Ce « phare semblant fouiller à
l'avant » (que l'on retrouve d'ailleurs dans quelques rares
cas !) serait devenu LA preuve que ce témoin n'avait pas observé la
rentrée atmosphérique !
Montsoreau (Maine-et-Loire) :
La « fusée » se trompe de sens ! Encore un témoignage très tardif, et il y a des incohérences dans le
témoignage concernant justement le sens de déplacement de l'objet.
Ce cas a été exposé dans le numéro
389 de Lumières dans la nuit, sous le titre évocateur : Montsoreau,
5 novembre 1990 : La « fusée » se trompe de
sens !
L'enquête est signée Jean-Michel Farneau :
Mme Martine D. a rapporté son témoignage lors d'une réunion entre
personnes échangeant de la documentation ufologique. Son identité
m'est connue, mais elle souhaite être appelée « Madame
Martine D. » dans le rapport d'observation.
Le 5 novembre 1990 (date probable), vers 18 h 15 ou
18 h 30, elle quitte son travail à Saumur (Maine-et-Loire)
pour rentrer chez elle. Vingt minutes plus tard, elle se trouve à la
sortie de Montsoreau, rue des Abbesses, sur la D 947 qui mène à
Fontevraud-l'Abbaye. Elle est seule dans sa voiture démunie
d'auto-radio. Aucun autre véhicule ne circule à ce moment-là, et elle
n'aperçoit personne d'autre dans les parages. Le temps est
calme : pas de pluie, ni de vent. L'attention de Mme D. est
soudain attirée par une masse sombre, à gauche de son pare-brise, et
elle s'arrête à l'entrée d'une petite route à droite (allées Émile
Joulain). Sortant la tête par la vitre ouverte, elle voit une sorte de
triangle, et remarque sur les côtés des lumières fixes, blanches et
vertes, de faible puissance. La chose passe, sans changer de
direction, au-dessus de la voiture, et continue à droite du témoin, en
direction du sud-ouest (azimut 230°).
Mme D. est impressionnée par cette énorme masse noire, dont elle
estime la longueur apparente à... 60 ou 70 cm à bout de
bras ! Cette masse se meut lentement, à basse altitude, sans
faire le moindre bruit.
Elle ne sait plus, aujourd'hui, si elle avait arrêté le moteur de sa
voiture, mais elle est persuadée que, s'il s'était agi d'un avion,
elle aurait entendu le bruit du moteur ou du réacteur.
L'objet finit par disparaître à sa vue, au bout de quelques instants.
L'observation avait pu durer deux ou trois minutes.
Une fois rentrée chez elle, Mme Martine D. raconte à ses
proches ce qu'elle vient de voir, puis entend sur la radio que de
nombreuses personnes ont signalé des lumières insolites dans le ciel,
à la même heure.
Le témoin indique avec sa main droite la direction (nord-est)
d'où venait l'objet, et avec l'autre main, celle dans laquelle il
s'est éloigné.
Il faut préciser que Mme Martine D. ne peut pas confirmer
la date du 5 novembre, ni même l'année 1990. Le 15 septembre 2007,
elle situait son observation « une vingtaine d'années » plus
tôt. Mais, du fait que le soir-même, la radio a signalé des appels de
personnes ayant aperçu des lumières insolites dans le ciel, et que le
lendemain la radio en a parlé abondamment, la date du 5 novembre 1990
ne fait pratiquement aucun doute.
Remarquons aussi que l'objet est passé à quelques centaines de mètres,
à vol d'oiseau, du lieu du double atterrissage d'une boule rouge le 28
juillet 1966, au hameau de la Momonière (cas signalé initialement dans
Phénomènes Spatiaux n° 9 (3ème trimestre 1966),
p. 33.
Bon, apparemment la trajectoire indiquée est bien inverse de celle de la
rentrée atmosphérique... Mais relisons le témoignage, pour le début de
l'observation : L'attention de Mme D. est soudain attirée
par une masse sombre, à gauche de son pare-brise. Il est
clairement indiqué que Mme D. roule de Saumur vers
Fontevreau-l'Abbaye, donc du nord-est vers le sud-ouest, dans la même
direction que l'objet qu'elle observe... Dans ce cas, comment celui-ci
peut-il apparaître à gauche de son pare-brise ? En toute logique,
il devrait arriver dans son dos ! Serait-il apparu après avoir
dépassé la voiture ? Non, c'est plus tard que la chose passe,
sans changer de direction, au-dessus de la voiture.
Comment l'enquêteur, qui est allé avec le témoin sur les lieux de
l'observation, et Joël Mesnard qui dit avoir soumis les observations
qu'il a retenues dans son dossier à « une sélection extrêmement
rigoureuse », ont pu passer à côté de cette énorme
contradiction ?
On se demande aussi pourquoi l'enquêteur a pris la photo du témoin sur
les lieux de son observation, tourné face au nord-est, alors qu'il
regardait dans la direction opposée en sortant la tête par la vitre de
son automobile... Même si les indications de la légende de cette photo
sont conformes à la direction indiquée de déplacement de l'objet, on a
l'impression qu'il y a au moins une grosse incertitude à ce sujet.
Pour le reste, il n'y a pas de grosse incompatibilité avec la rentrée
atmosphérique. Le témoin dit que l'objet est passé au-dessus de son
automobile, mais je ne vois pas comment elle aurait pu observer un objet
par la vitre de sa voiture donnant vers le sud-est, si l'objet n'était
pas passé dans cette direction à une hauteur assez basse, bien loin du
zénith... La rentrée passait bien dans cette direction à une hauteur
angulaire d'environ 40°.
La dimension apparente, estimée à 60 à 70 cm à bout de bras, est un
peu exagérée, la rentrée devait occuper une vingtaine de centimètres à
bout de bras.
La description évoque assez bien la rentrée, si on excepte ce sens de
déplacement inversé.
La durée d'observation estimée à deux ou trois minutes est aussi
parfaitement représentative de la rentrée.
Bref, malgré cette grosse anomalie sur la direction suivie par le
phénomène, qui présente justement des incohérences, j'ai l'impression
que cette observation concerne bien la rentrée atmosphérique, et que
pour une observation relatée après 17 ans il n'est pas surprenant
de trouver ce genre d'anomalie dans quelques témoignages.
Parthenay (Deux-Sèvres) :
Le témoin ... a donc été survolé, pratiquement à la verticale, à
l'endroit où la chose infléchissait sa route vers la droite. Beaucoup de détails incertains ou contradictoires dans ce récit fait
20 ans après l'observation, mais beaucoup d'éléments évoquent la
rentrée atmosphérique.
Ce cas a été exposé dans le numéro 399
de Lumières dans la nuit (juillet 2010). Joël Mesnard
l'introduit ainsi :
Presque vingt ans après les faits, nous continuons à récolter des
témoignages sur ce qui fut certainement la plus extraordinaire
méga-observation d'ovni en France. Le rapport que voici présente un
intérêt particulier, car son auteur, dessinateur industriel, a
représenté sur ordinateur ce qu'il avait vu. Nous avons ainsi deux
images d'une qualité exceptionnelle, qui sont à rapprocher de beaucoup
d'autres témoignages simultanés, par exemple de Sauzet.
Ainsi, pour Joël Mesnard, peu importe que le témoignage ait été fait
après vingt ans (et nous allons voir à quel point les souvenirs de ce
témoin apparaissent flous), l'important pour la crédibilité de
l'observation c'est que le témoin soit capable de générer de belles
images sur un ordinateur !
Voici ces deux images :
Deux vues du spectacle, reconstituées sur ordinateur par le témoin
de Parthenay. La plupart des « petites étoiles » sous la chose
sont blanches ou teintées en rose. Quelques-unes, plus grosses,
sont bleues ou vertes.
Ces reproductions sont des scans de LDLN. Je n'ai pas retrouvé les
images d'origine, en couleurs et encore plus artistiques, le site
internet du témoin ayant disparu... On apprend par ailleurs que l'image
du haut est la vue de l'arrière, et celle du bas la vue de l'avant.
Notons que comme le remarque Mesnard cette représentation évoque
beaucoup celle du cas de Sauzet :
Le problème est qu'il semble bien que pour Sauzet le dessin ne soit pas
dû au témoin, mais à l'enquêteur qui a tenté de reconstituer tant bien
que mal les données assez confuses concernant plusieurs phases du
témoignage !
Passons à l'observation, faite par le témoin à l'âge de 18 ans et
qu'il décrit ainsi vingt ans plus tard, en 2010 :
Le 5 novembre 1990 vers 19 h 00, je me baladais dans les
rues de Parthenay. (Je me trouvais dans la rue des Grippeaux lorsque)
j'aperçus plusieurs halos lointains, accompagnés d'une multitude de
traînées de fumée. Il y avait également un brouillard englobant
pratiquement toute cette masse. Ceci à une distance, à vue d'oeil,
d'un kilomètre.
Cette masse s'était rapprochée doucement, sans doute avec un bruit
sourd. Plus je la contemplais, plus elle grossissait. (J'étais resté
sur place pour observer ce phénomène).
Cet ovni est arrivé pratiquement à moins de 100 mètres
d'altitude. Il ressemblait vraiment à une ville flottante : une
multitude de lumières, certaines rouges et clignotantes. Mais cette
masse était vraiment gigantesque et magnifique.
Cet ovni a continué sa route, à vitesse lente, et a disparu au loin.
Je me suis dit alors que les télévisions allaient faire un vrai
carton. Eh bien, finalement, non, mais plutôt une campagne de
désinformation : rentrée atmosphérique de météorites, de moins de
quelques minutes, ou bien rentrée atmosphérique d'une fusée russe,
etc. Enfin, n'importe quoi.
L'observation avait duré 15 minutes environ. Leurs explications
officielles ne tenaient vraiment pas la route. Mon opinion personnelle
est que tout cela n'avait vraiment rien de terrestre.
Dans Lumières dans la nuit, ce récit est accompagné du plan
suivant :
La trajectoire du phénomène, sur le plan des lieux. Le témoin se
trouvait à l'intersection de cette trajectoire et de la rue des
Grippeaux. Il a donc été survolé, pratiquement à la verticale, à
l'endroit où la chose infléchissait sa course vers la droite.
Le contexte est de première importance, si l'on veut apprécier ce
témoignage à sa juste valeur : le même soir, à la même heure,
des centaines de témoins observaient des spectacles tout aussi
ahurissants. Nous avons relaté des dizaines de témoignages dans
les numéros suivants : 303, 304, 305, 306, 308, 309, 310,
313, 318, 338, 350, 351, 359, 360, 362, 388, 389, 394...
Pas suffisant pour ébranler la thèse officielle !
J'ignore si ce plan a été fait par le témoin, je ne l'ai trouvé nulle
part ailleurs, mais la légende est manifestement de Joël Mesnard, qui
conclut ce cas par :
Choqué (on le serait à moins !) par cette vision, le témoin a
fini par construire un site Internet (www.orp5.com) pour tenter d'en
savoir plus et de rompre le mur du silence.
Notons que ce site Internet n'existe plus, le témoin expliquant qu'il a
été piraté... Il en a créé un autre, www.5novembre1990.com, mais
celui-ci a aussi disparu, et on ne trouve pas le témoignage d'origine en
archive.
Mais ce témoin a aussi participé à divers forums, et on peut y trouver
certains compléments intéressants, outre son témoignage originel (le
même que dans LDLN, mais dans un français épouvantable... Mais
bon, ça n'en fait pas forcément un mauvais témoin !) : des
réponses à un questionnaire sur le forum les
Mystères des ovnis, d'autres interventions intéressantes de ce
témoin inscrit sous le pseudonyme mulder02 dans un
autre fil de discussion du même forum, et d'autres encore sous le
pseudonyme jean_5nov dans le forum Nous
ne sommes pas seuls.
Comparons un peu toutes ces informations... Concernant l'heure de
l'observation, il est dit partout que c'était environ 19 h comme la
plupart des autres observations de la soirée, mais dans le
questionnaire :
Date de l'observation (jour, mois, année, heure, jour de la
semaine) : 5 novembre 1990 vers 20H00.
Bizarre...
La durée, « plus de 10 minutes » ou « de 10 à
15 min environ », dépasse nettement celle de la visibilité de
la rentrée atmosphérique, qui ne dépassait sûrement pas trois minutes,
mais elle est manifestement tout à fait subjective et indiquée une
vingtaine d'années après l'observation.
Concernant la trajectoire, qu'en est-il du virage dessiné sur le plan de
LDLN, autre détail anormal ?
Avez-vous perçu un mouvement de rotation, oscillation, vibration,
basculement... non la masse s'est avancée doucement et lentement à
l'horizontale
En cas de déplacement, la trajectoire était-elle : rectiligne,
courbe, zigzagante, irrégulière, saccadée, horizontale, verticale,
montante, descendante... rectiligne
Aucune mention non plus d'un quelconque virage dans le témoignage, alors
d'où il sort ce virage ?
Quant à la direction, venant du sud toujours d'après le plan de LDLN :
Dans quelle direction générale regardiez-vous : vers l'est, le
nord-ouest, etc. Dans la direction de quelle ville, région, etc. je me souviens plus tellement, mais arrivait du côté gauche de
cette rue donc l'ouest sûrement (photo ci-contre)
Direction générale du déplacement : du nord-est vers le
sud-ouest, etc., ou à défaut de telle ville, région, vers telle autre vers l'est donc côté droit de la rue
Pas de virage donc, et un cap conforme à la rentrée atmosphérique, mais
par contre si c'était la rentrée atmosphérique qui était observée le
témoin devait être plus haut dans la rue et regarder vers le sud-est,
contrairement à ses indications. Compte tenu de son incertitude
(« je me souvient plus tellement »), ça reste assez peu
convaincant. Notons qu'il a joint plusieurs photos prises sur place pour
préciser les choses, en indiquant que ses souvenirs lui revenaient quand
il est retourné dans cette rue... Difficile dans ce cas de savoir s'il
s'agit de vrais souvenirs ou d'une reconstruction peu fiable, quoi qu'il
en soit les photos ont été effacées du site d'archivage.
D'autre part, le phénomène est censé lui être passé pratiquement
au-dessus, mais :
A quelle hauteur sur l'horizon : midi (zénith), 1h, 2h, 3h (ras
du sol) 3h ras du sol
Peut-être n'a-t-il pas compris la question... La rentrée atmosphérique
passait à environ 40° de hauteur angulaire au plus près.
Il dit d'autre part dans l'autre fil du même forum :
Comme toi j'ai vu ce phénomène je me souviens que l'ovni avait
ralenti à sa rentrée atmosphérique, ensuite une rentrée de satellite
c'est se foutre du monde.
Je ne fais pas de publicité pour mon site, j'aimerais juste vous
informer que les menteurs professionnels ou les raclures médiatiques
sont prêts à manipuler les informations pour cacher la vérité,
d'ailleurs pas qu'en ufologie.
Un ralentissement ? Il n'en était nullement question dans son
témoignage, pas plus que dans le questionnaire :
Y a-t-il eu des variations de vitesse : description non la vitesse était rectiligne et stable
On trouve peut-être l'explication plus loin :
Mais le fait important c'est qu'au loin je voyais de mini-trainées de
fumée comme un échauffement de rentrée atmosphérique, qui au passage
ont littéralement disparu, ralentissement ?
Et encore plus loin :
Je me souviens parfaitement qu'il y avait eu de fines traînées de
fumée au loin, qui ont totalement disparu quand cet ovni m'est arrivé
au-dessus. Donc je pense qu'il y a eu un ralentissement de cette masse
(de la taille d'un terrain de foot), gigantesque.
C'est donc la disparition des traînées qui lui a fait penser à un
ralentissement, alors que le déplacement de l'objet semblait stable. À
noter que les observations dans l'ouest de la France mentionnent un
certain nombre de traînées semblables à de la fumée, alors qu'en région
parisienne et plus loin il n'y a plus que deux traînées lumineuses de
longueur constante. Parthenay se trouve entre les deux, il semble donc
que ce témoin a assisté à cette transformation graduelle de deux
traînées et la disparition des autres.
Un autre détail intéressant est le bruit mentionné dans son
témoignage :
Cette masse s'est rapprochée doucement avec sans doute un bruit sourd,
mais je ne m'en souviens plus tellement
Il est plus affirmatif dans le questionnaire :
Avez-vous perçu du bruit en provenance du phénomène :
ronronnement, vrombissement, sifflement, explosion, crépitement,
grincement, bruit de réacteur d'avion, bruit de moteur (voiture ou
électrique), autre... Oui bruit sourd, comme un réacteur
Mais dans Nous ne sommes pas seuls :
Non aucune odeur particulière, il est parti lentement comme il est
arrivé lentement, ensuite je ne me souviens plus du bruit, il me semble
que non.
Bref encore une grosse incertitude... Quant à la
« masse » :
Apparence: métallique, brillante, mate, transparente, floue, nette,
incandescente, lumineuse, sombre, claire, etc. Dans la nuit pas visible, sauf la masse et les multitudes de
lumières
Comme d'habitude pas très visible, cette « masse noire dans une
nuit noire » !
Et d'ailleurs, concernant l'aspect du phénomène en général :
J'ai dessiné comme j'ai pu et suivant mes souvenirs, pas simple mais
quand je suis revenu sur Parthenay et dans cette rue, des souvenirs
reviennent.
Et dans l'autre fil, au sujet de sa représentation 3D :
Ce n'est pas une représentation exacte à 100% mais par rapport à mes
souvenirs il y a 20 ans tout de même.
Le témoin est donc bien conscient que ses souvenirs d'un événement
remontant à 20 ans ne sont pas très fiables... Dommage que joël
Mesnard n'ait pas la même lucidité ! Quoi qu'il en soit, compte
tenu de ces incertitudes multiples, et du nombre de détails qui évoquent
tout de même beaucoup la rentrée atmosphérique, je ne vois guère de
raisons de penser que ce témoin ait observé autre chose que ce
phénomène, comme des milliers d'autres à la même heure !
Coppet (Suisse) :
Drôle de rentrée atmosphérique ! Non, juste des déformations banales après vingt ans.
Un deuxième cas Suisse que Joël Mesnard
considère convaincant, à côté du lac Léman comme celui de Vésenaz. Dans
LDLN n° 404, il a recopié l'enquête publiée sur
le site du Grepi (Groupe de recherche et d'étude des phénomènes
insolites), en l'introduisant par :
Une rentrée atmosphérique, le 5 novembre 1990 ? Vraiment ?
Drôle de rentrée atmosphérique, alors ! Le GREPI a réalisé
l'enquête sur ce cas le 24 avril 2009. Il remercie Nicolas, nouveau
collaborateur, pour les reconstitutions qu'on peut trouver sur
ovni.ch.
Le témoin est donc un mécanicien de locomotives qui se trouvait dans son
train à l'arrêt à Coppet, au bord du lac Léman, ce soir du
5 novembre 1990. L'heure n'est pas précisée, mais il est clair qu'à
l'époque le témoin a associé son observation aux autres de la même
soirée, et du reste on va voir qu'il observait l'objet en même temps
qu'un pilote d'avion en vol.
Le témoin a son attention attirée vers la gauche, à ses 9 heures,
donc un azimut d'environ 290° (son train se dirigeant vers le
nord-nord-est), par un ensemble de lumières qui se trouve juste
au-dessus d'un avion qui vient de décoller de l'aéroport de
Genève-Cointrin et qui se dirige vers Lausanne. Le Grepi a fait cette
reconstitution :
Il est précisé que le disque sombre n'était que suggéré par la
disposition des lumières... Cet ensemble de lumières avec une grosse
traînée évoque bien la rentrée atmosphérique, si on excepte cette
disposition parfaite qui peut relever d'une certaine idéalisation de
l'observation dans des souvenirs remontant à près de vingt ans. Il en
est sans doute de même du fait que l'avion était « éclairé
violemment » par ces lumières au-dessus de lui : la rentrée
atmosphérique était certes très lumineuse, mais pas au point d'éclairer
de manière sensible l'avion. Notons que la Lune n'était pas encore
levée, mais il s'en fallait de peu et elle pouvait déjà éclairer un
avion en altitude.
Vérifions donc s'il est possible qu'un avion ayant décollé depuis Genève
ait suivi pendant un moment la même trajectoire que la rentrée. Si
l'avion suivait une ligne droite de l'aéroport de Genève à Lausanne, il
serait passé au sud du témoin, donc à sa droite et de droite à gauche,
en contradiction avec le témoignage et la reconstitution... Mais une
carte retraçant les principales trajectoires suivies par les avions
décollant de Genève peut nous éclairer (source :
site de l'aéroport de Genève) :
On voit que selon la piste de laquelle il décolle, l'avion peut être
amené à faire demi-tour et passe alors de gauche à droite au nord-ouest
du témoin, conformément à ses dires. Sur la carte concernée, j'ai ajouté
une croix bleue pour indiquer la position du témoin, ainsi que
l'échelle.
On voit que certaines trajectoires passent exactement au-dessus du
témoin, ce qui serait aussi conforme à son témoignage mais inconciliable
avec la rentrée atmosphérique qui ne dépassait pas 27° au-dessus de
l'horizon. Mais on peut se demander si ce « passage au
zénith » n'est pas une exagération courante résultant de
l'impression que l'objet était très proche, et amplifiée avec le temps.
Sur la reconstitution, l'avion n'est pas vu de dessous, mais assez
incliné, précisément comme il serait vu s'il passait à une hauteur
angulaire de l'ordre de 25° ! Et du reste le champ de vision dans
le poste de pilotage d'une locomotive doit être assez limité en hauteur,
plus encore que dans une automobile, le témoin ne pouvait donc
certainement pas observer l'objet s'il passait réellement au-dessus de
lui.
Supposons maintenant que l'avion ait suivi la trajectoire de la majeure
partie des avions, qui passe au plus près au nord-ouest à environ
4 km du témoin. Il a parcouru une quinzaine de kilomètres depuis le
virage, les avions s'élèvent au décollage selon un angle compris entre 3
et 10°, si on retient 6 comme moyenne et déjà une petite prise
d'altitude pendant le virage on trouve une altitude de l'ordre de
2 km, et une hauteur sur l'horizon de 26°. On peut aussi calculer
sa vitesse angulaire... À moins de 10 000 pieds d'altitude, la
vitesse est limitée à 460 km/h, ce qui correspond à la distance
considérée à un déplacement de 1,6°/s.
Comparons maintenant avec la rentrée atmosphérique... Elle passait au
nord-ouest à 19 h 00' 45'', à une hauteur sur l'horizon
de 25°, suivait un angle d'élévation apparent de l'ordre de 6°, et se
déplaçait à 2,1°/s... On n'est pas loin ! En fait, il serait très
possible en jouant sur la distance et la vitesse ascensionnelle de
l'avion de trouver une trajectoire vraisemblable et épousant
parfaitement pendant plusieurs dizaines de secondes celle de la rentrée
atmosphérique, mais ça relèverait d'une coïncidence très improbable...
Compte tenu de la grande dimension angulaire de la rentrée, même une
similitude de trajectoire très approximative devait donner l'impression
qu'elle accompagnait l'avion.
On peut maintenant essayer d'intégrer l'avion à notre représentation
approximative de la rentrée atmosphérique, à l'échelle :
J'ai dessiné l'avion en rouge... Ça n'est pas très éloigné de la
reconstitution du Grepi, hormis le fait que l'avion apparaît vraiment
tout petit... Pourtant, à 4,5 km de distance, il devait avoir une
longueur apparente un peu supérieure au diamètre lunaire, ce qui le
rendait bien visible, mais c'est minuscule par rapport à l'immensité de
l'espace occupé par les débris de la rentrée ! Notons tout de même
que les taches lumineuses dans cette représentation sont un peu trop
étalées, il s'agissait en fait plutôt de lumières quasi-ponctuelles en
dehors de celles qui étaient à l'origine des grosses traînées, et les
divers feux de l'avion ne devaient pas être beaucoup moins lumineux que
la plupart des lumières de la rentrée.
En voyant cet avion surplombé par de multiples lumières, le mécanicien a
branché sa radio sur la tour de contrôle de l'aéroport, et a pu entendre
le pilote du vol British Airways « décrire la présence de lumières
étranges autour de son appareil » et demander si le radar de
l'aéroport détectait quelque chose et s'il y avait des manoeuvres
militaires dans le secteur. Réponse négative aux deux questions. Il est
difficile de croire que cette conversation se rapportait à autre chose
que la rentrée atmosphérique, vue ce soir-là par des dizaines de pilotes
en vol et ayant suscité un peu partout des échanges similaires !
Ensuite, le phénomène s'est éloigné de l'avion pour descendre vers le
lac Léman... C'est tout à fait conforme à la rentrée atmosphérique qui a
dépassé l'avion et dont la trajectoire est peu après devenue
descendante, alors qu'elle passait au nord devant le témoin.
Vers la fin de l'observation, le témoin a pu voir pendant quelques
secondes le reflet de l'objet sur le lac Léman, peu avant qu'il ne
disparaisse dans la direction d'Yvoire en s'élevant verticalement à une
vitesse fulgurante. Voyons sur la carte des lieux comment se serait
déroulée cette fin d'observation :
La flèche rouge courte marque le lieu approximatif où l'objet se
trouvait lorsque le témoin l'a vu se refléter sur la surface du lac, à
un azimut de 58°. La longue correspond à la direction dans laquelle le
phénomène aurait disparu dans une « ascension fulgurante », à
un azimut de 62°...
La rentrée atmosphérique disparaissait en fait à l'horizon à un azimut
de 55° (ligne verte), un peu inférieur donc aux estimations du témoin,
mais pour un témoignage recueilli après 18 ans 7° d'erreur ça n'est
pas si mauvais ! On peut vérifier s'il est possible que la rentrée
atmosphérique se soit reflétée sur le lac. Pour cela, il faut savoir
quelle était la hauteur angulaire précise à laquelle elle disparaissait.
En prolongeant la ligne verte, on trouve que de l'autre côté du lac, les
montagnes les plus élevées sont distantes de 45 km et dominent la
position du témoin d'environ 450 m. Cela correspond à un horizon à
0,37° de hauteur angulaire par rapport à l'horizontale, en tenant compte
de la rotondité de la Terre. Le reflet sur le lac devrait donc se
trouver par symétrie à 0,37° sous l'horizontale. Le lac a une altitude
de 372 m, et la ligne de chemin de fer se trouve un peu avant la
ligne des 400 m. Le témoin devait donc surplomber le lac d'environ
25 m... Et dans ce cas, le reflet lors de la disparition se
trouverait à une distance de 3,9 km, que j'ai indiquée par un
cercle vert. On est bien sur le lac, et suffisamment loin du rivage pour
que les arbres et bâtiments n'aient pas gêné la vue. En fait, sous
réserve d'une vue dégagée, le reflet dans le lac pouvait être visible
pendant plus de cinq secondes avant la disparition de la rentrée.
Il reste à vérifier si la vue était bien dégagée dans cette direction,
ce qui n'est pas évident sur Google Maps puisqu'il y a un groupe de
bâtiments au bord de la voie ferrée qui sont sûrement plus hauts que la
locomotive ! Mais on peut trouver sur Géoportail des photos
aériennes d'époque (début 1991) qui montrent que ces bâtiments
n'existaient pas et que la vue était parfaitement dégagée (penser qu'il
y a un dénivelé de 25 mètres entre la voie ferrée et la
rive) :
Il reste une dernière anomalie, la « disparition verticale à
vitesse fulgurante ». Mais cela, toute personne habituée des
enquêtes sur les ovnis sait que c'est une interprétation courante d'une
extinction brusque... On trouve souvent de telles descriptions par
exemple avec des observations de la station spatiale, qui disparaît
brusquement lorsqu'elle passe dans l'ombre de la Terre, des lanternes
thaïlandaises lorsqu'elles s'éteignent, ou des avions lorsque leur feu
d'atterrissage n'est plus dans la direction du témoin. Ici, le témoin
croit avoir affaire à un engin beaucoup plus proche que les montagnes de
l'autre côté du lac, distantes de 45 km, et lorsqu'il disparaît en
passant derrière ces montagnes, son éclat diminuant rapidement, il croit
qu'il s'est éloigné à une vitesse fulgurante, et en gagnant de
l'altitude puisque sinon il n'aurait pas passé les montagnes ! Et
l'exagération aidant, cela devient après 18 ans une
« élévation verticale ».
On peut aussi parler de la durée de l'observation.. Nous avons vu que la
rentrée atmosphérique avait pu être observée pendant un peu plus de deux
minutes entre son apparition peu avant le passage au plus près et sa
disparition à l'horizon. Le témoin ne donne aucune indication de durée,
mais on sait que passé l'effet de surprise il a eu le temps de brancher
sa radio sur la fréquence de la tour de contrôle et de suivre la
conversation entre un pilote et la tour... Tout ça serait assez cohérent
avec une durée de l'ordre de deux minutes.
Si on résume, la trajectoire de la rentrée suivait à peu près celle de
beaucoup d'avions ayant décollé de Genève, elle se reflétait dans le lac
peu avant sa disparition, tout cela en parfaite conformité avec le
témoignage, la description de l'ensemble de lumières évoque assez bien
cette rentrée, et la conversation entre le pilote d'avion et la tour de
contrôle ne laisse guère de doute sur le fait que l'observation concerne
ce que des dizaines d'autres pilotes d'avions observaient le même
soir... Quant aux anomalies, elles correspondent à des
mésinterprétations très courantes dans les cas de méprises :
exagération de la dimension angulaire de l'avion, et disparition
verticale à une vitesse fulgurante. J'ai donc du mal à comprendre que l'on
puise douter que ce témoignage reçu après presque vingt ans concerne la
rentrée atmosphérique, et pire que l'on puisse le considérer comme une des
meilleures preuves qu'il y avait ce soir-là tout autre chose qu'une
rentrée dans le ciel !
Le plus aberrant, c'est que Joël Mesnard aussi bien que les enquêteurs
du Grepi admettent que la rentrée n'est pas une invention, mais refusent
obstinément de la prendre en compte lorsqu'ils étudient les
témoignages ! On sait qu'il y avait une rentrée atmosphérique très
spectaculaire, dont on connaît précisément la trajectoire et assez bien
les autres caractéristiques (aspect, dimensions), on a des témoins qui
font des observations à l'heure où passait cette rentrée, et on rapporte
leurs témoignages sans chercher à savoir où se trouvait la rentrée au
même moment !
Joël Mesnard ajoute à l'enquête du Grepi un petit schéma de la
trajectoire suivie par l'objet :
Avec ce commentaire : Sur le plan des lieux, l'orientation de la
trajectoire rappelle fortement l'observation faite, au même moment, à
Vésenaz par Nathalie Stotzer (LDLN 362, p. 35). S'agit-il du même
objet vu de 2 endroits distincts ? Cela paraît probable.
Bien évidemment que c'est le même objet vu de deux endroits distincts,
et vu aussi d'une multitude d'autres endroits !
Grez-sur-Loing (Seine-et-Marne) :
Quand le témoin observait l'éloignement du phénomène, il tournait
le dos à la trajectoire de la rentrée. Comme d'habitude on oublie ce qu'il écrivait le soir-même, pour ne
retenir que ce qu'il a dit vingt ans plus tard !
Joël Mesnard mentionne ce cas dans le
numéro 407 de Lumières dans la Nuit, avec le commentaire
suivant :
5 NOVEMBRE 1990, 19 HEURES
Au début de février 2012, Denis Porcher a découvert, sur un site
principalement consacré à la voile, un témoignage de plus sur le 5
novembre. Le témoin a « fait le ménage » sur son site, le 22
février 2012, et actuellement, on ne peut plus accéder à ce témoignage
en ligne. Heureusement, Denis Porcher avait dupliqué les documents
avant qu'ils ne soient retirés du site. Ouf !
Ce témoignage est à compter parmi les plus instructifs sur cette
mémorable soirée, la trajectoire étant
ce qui ne correspond absolument pas à l'explication officielle :
quand le témoin observait l'éloignement du phénomène, il tournait le
dos à la trajectoire de la rentrée, aussi nettement que dans le cas de
Montreuil-Juigné ! (voir LDLN 350, pp. 30 à 32, et 351,
p. 42).
J'aime bien déjà la méthode consistant à comparer l'éloignement du
phénomène avec le passage au plus près de la rentrée... Si vous regardez
le schéma au lieu de vous fier à ce qui est écrit, vous remarquerez que
la trajectoire du phénomène lorsqu'il passait au plus près ne diffère
que de 60° de celle de la rentrée atmosphérique, on est bien loin d'une
direction opposée !
Le mensonge était d'ailleurs amplifié dans le résumé de ce numéro de LDLN
figurant dans le blog de la revue [n'existe plus] :
Une observation de la soirée du 5 novembre 1990, illustrée d'un plan
précis qui montre que le témoin a tourné le dos à la trajectoire de la
rentrée atmosphérique pendant presque toute son observation. Cela
rappelle, entre autres, le cas de Montreuil-Juigné, que nous avons
publié il y a treize ans : là aussi, la direction du regard du
témoin était révélatrice de la validité de l'explication officielle.
Le témoin « a tourné le dos à la trajectoire de la rentrée
atmosphérique pendant presque toute l'observation » ? Allons
donc, c'est juste tout à la fin de l'observation que le témoin est censé
regarder dans une direction différant de guère plus de 90° de celle de
la rentrée ! Notons que j'ai posté sur le blog un commentaire
indiquant que dans le cas de Montreuil-Juigné toutes les indications
géographiques étaient fausses, et que bien d'autres cas présentés comme
des évidences d'une vague d'ovnis exceptionnelle ne résistaient pas à
l'examen... Mon commentaire a bien été publié, mais il n'a suscité
aucune réaction, et Joël Mesnard continue à présenter ce cas comme un
exemple d'incompatibilité avec la rentrée atmosphérique.
Mais ce qui est intéressant, c'est que le témoin avait aussi publié sur
son site une note manuscrite qu'il avait rédigée une demi-heure
seulement après son observation... Et comme d'habitude Mesnard occulte
totalement ce témoignage immédiat pour se fier aveuglément au récit que
fait le témoin vingt ans plus tard !
Il se trouve que j'ai échangé avec ce témoin, « Philippe77 »,
sur le forum les
Mystères des Ovnis, au sujet de son observation :
philippe77 : Tiens, je reviens sur ce fil en découvrant tous les messages de RA et
des autres.
Et mon témoignage alors ? J'adore ça, quelqu'un va sans doute
tenter de m'expliquer que j'ai vu un satellite qui tombait, pourtant
ce que j'ai vu, je le répète, c'était LOCAL, AU-DESSUS DU VILLAGE, ça
VOLAIT à l'HORIZONTALE, à 500 m maxi d'altitude (et encore, je
pense avoir surestimé ce chiffre).
Oui oui, je le répète et le confirme : À L'HORIZONTALE !!!
Et je peux vous assurer que si vous aviez vu ce que j'ai vu, là où
j'étais, vous en seriez resté comme 2 ronds de flan.
Heureusement que je ne suis pas là pour tenter de convaincre qui que
ce soit, mais je sais ce que j'ai vu, les autres ne savent PAS ce que
j'ai vu.
Sauf d'autres éventuels témoins de la région de Grez-sur-Loing, avec
lesquels j'aimerais bien discuter du sujet. Reste plus qu'à attendre
d'en rencontrer, pas possible que je sois le seul.
RA a écrit:
Je suis effectivement très sceptique au sujet de cette vague du 5
novembre 90 parce que contrairement à d'autres j'ai cherché à savoir
à quoi ressemblait la rentrée atmosphérique, et j'ai constaté que la
très grande majorité des témoignages s'accordait plutôt bien avec ce
phénomène... D'autres moins bien mais il me semble normal que parmi
des centaines de témoins il y en ait quelques-uns qui ne soient pas
très fiables (depuis trente ans que j'étudie les ovnis, j'ai lu dans
tous les livres consacrés au phénomène, qu'ils aient été écrits par
des convaincus ou des sceptiques, que les descriptions de témoins
uniques ne valent pas grand-chose, mais avec cette vague il faudrait
croire que tous ces témoins isolés sont parfaitement fiables !
Et quand il y a plusieurs témoins, comme à Gretz-Armainvillers, le
mystère s'envole, ce qu'ils décrivent c'est la rentrée atmosphérique
et rien d'autre)
Voui voui voui...
Je le savais bien que j'aurais dû arrêter ces foutues bagnoles qui
passaient à côté de moi ce jour-là. Moi je n'étudie pas les ovnis
depuis 30 ans, mais depuis 20 ans j'ai une image gravée dans
ma tête qui m'oblige à ne pas être sceptique. Quand bien même je le
voudrais que je ne pourrais pas, ce ne serait que se voiler la face.
La rentrée atmosphérique était une chose, j'en ai vu une autre.
Ah oui peut-être que mon témoignage n'est pas « très
fiable » non plus, hein. Personnellement, je m'en fiche
royalement, en le publiant sur le web, j'en laisse simplement une
trace ailleurs que dans le fond d'un vieux classeur tout abîmé !
Ce qui me réjouit, c'est que jamais personne ne m'enlèvera l'image de
ma tête, à part la mort ou Alzheimer...
RA : Bonjour Philippe... Je n'étais pas à votre place, mais tout ce que je
peux vous dire c'est que la conviction dont vous nous faites part que
ce que vous avez observé n'était pas une rentrée atmosphérique repose
sur une méconnaissance d'un tel phénomène... Et ça n'est pas un
reproche, c'est plutôt au service qui était censé donner des
explications correctes qu'il faudrait en faire...
Une rentrée atmosphérique vole bien à l'horizontale, elle commence à
être visible à environ 120 km d'altitude et elle se déplace sur
quelque 2000 km avant de perdre une cinquantaine de kilomètres
d'altitude. Dans le cas qui nous occupe, l'altitude était de
110 km lors de l'explosion au-dessus du golfe de Gascogne, et
80 km à l'autre bout de la France vers Strasbourg.
Et comme je l'ai déjà expliqué au sujet de la distance à moins d'être
doté de capacités physiologiques surhumaines vous ne POUVEZ pas faire
la différence entre un phénomène de 100 m de longueur qui passe à
une altitude de 500 m et un phénomène de 20 km de longueur
qui passe à une altitude de 100 km.
À part ça vous avez peut-être observé autre chose que la rentrée
atmosphérique, je n'en sais rien tout ce que je peux vous dire c'est
que les raisons que vous avez de le penser sont mauvaises.
philippe77 : Je ne suis pas là pour tenter de convaincre un sceptique borné, ça ne
sert à rien, ce serait comme essayer de couper un arbre en deux avec
une part de flan.
Si une rentrée atmosphérique d'un satellite s'amuse à voler à
l'horizontale au-dessus d'une ville à la vitesse d'une mobylette
rouillée juste pour faire croire que c'est un ovni, c'est vraiment pas
sympa de sa part, je lui en toucherai 2 mots.
Les « raisons que j'ai de le penser », ce sont mes yeux et
mon intelligence légèrement supérieure à celle d'un animal.
Quant à mes capacités à évaluer si un objet se trouve juste au dessus
de moi et du patelin ou bien à 100 bornes plus haut, il n'y a pas
besoin de capacité surhumaines, ça s'appelle juste avoir un minimum de
santé mentale et de capacité d'analyse, et ne pas avoir ingéré de
substances illicites durant la journée.
Alors affirmer « vous ne POUVEZ pas... » c'est du grand
n'importe quoi. Désolé.
RA : Pour ce qui est de votre observation, vous comprendrez que je ne me
fie pas beaucoup au fait que vous soyez persuadé que vous ne pouvez
pas avoir confondu la rentrée atmosphérique avec un objet passant
juste au dessus de vous, simplement parce pratiquement TOUS les
témoins du 5 novembre 90 diraient la même chose et que je suis
tout à fait sûr que la grande majorité d'entre eux ont observé la
rentrée atmosphérique !
Parlons du reste de votre observation, je ne cherche pas moi non plus
à vous convaincre de quoi que ce soit, je vous dis juste franchement
ce que je pense a priori...
Vous comprendrez que j'aie tendance à me fier plus à ce que vous
écriviez dans votre lettre du soir-même plutôt qu'à votre mémoire
concernant un événement datant de 20 ans... Vous avez vu une
dizaine de lumières avançant dans un mouvement coordonné, sans autre
précision, ça peut tout à fait évoquer la rentrée atmosphérique... Ce
qui manque c'est la (ou les deux) traînée lumineuse, bien visible par
tous dans la région où vous vous trouviez... Sur le petit dessin que
vous avez fait d'un « objet sombre de forme cubique », il y
a une excroissance en haut à droite, je me demande si ça ne pourrait
pas être ça, c'est dans la bonne direction mais la traînée était
plutôt en bas. Le rapport de la longueur que vous attribuez à
« l'engin » (300 m) par rapport à son altitude (400 ou
500 m) est assez conforme à la rentrée atmosphérique. Vous ne
donnez pas d'évaluation de la distance ou de la hauteur angulaire,
celle de la rentrée était à peu près de 33° au plus près. Si on se fie
à votre schéma récent l'objet que vous estimiez à 300 m de
longueur passait à quelque 300 m de vous (un peu plus ou un peu
moins selon que l'on se fie à la dimension de l'objet dessiné ou à
l'échelle du plan), ce qui pour une altitude de 450 m donnerait
une hauteur angulaire d'environ 55°.
La vitesse, celle d'un avion en approche d'atterrissage à 1 km
d'altitude, est assez conforme à celle de la rentrée :
28000 km/h à 100 km d'altitude, ça équivaut à 280 km/h
à 1 km d'altitude.
La durée d'observation d'une minute est tout à fait normale pour peu
que vous ayez eu un horizon assez dégagé (ça semble le cas).
Il est dommage que vous n'ayez pas tracé la trajectoire de l'objet sur
le schéma, on doit ici se fier à votre mémoire d'il y a 20 ans...
Et sur le schéma la trajectoire va nettement trop vers le nord, la
rentrée atmosphérique aurait coupé votre route pour disparaître plutôt
en direction de Montigny-sur-Loing...
Et le virage à presque 90° est bien entendu incompatible avec la
rentrée atmosphérique, mais dans votre compte-rendu initial vous
écriviez juste : on aurait dit qu'elle avait légèrement tourné
car à ce moment-là il n'y avait plus qu'une seule lumière de visible.
Voilà, dans l'ensemble j'ai tendance à penser que vous avez vu la
rentrée atmosphérique, mais je ne chercherai pas à en convaincre
quiconque et surtout pas vous...
philippe77 : Concernant la trajectoire que je retranscris 20 ans plus tard,
je peux dire que j'en suis certain à 100%, je n'ai pas le moindre
doute sur celle-ci. Je connais l'endroit depuis mon adolescence. Il
longeait la RN7 en fait, et ça mais c'est du sûr à 500%. L'ovni a
tourné ensuite vers sa gauche à peu près au niveau de la gare de
Bourron-Marlotte. Désolé si il a fait un virage à environ 90° du côté
opposé à celui qui vous arrange pour votre vaine tentative
d'explication de ce que j'ai vu.
Mais peu importe, quand un objet me survole quasiment (300 m de
moi, je pense que c'est moins, il faut dire que le bestiau était assez
large et mon dessin sur la carte pas forcément précis dans sa taille,
ni dans sa distance par rapport à la N7, j'ai fait ça vite fait), je
ne peux pas le confondre avec une rentrée atmosphérique. Vous vous
basez sur mes écrits et c'est normal, sauf qu'ils ne traduisent que
partiellement ce que mes yeux ont vu. Ils ne traduisent peut-être pas
assez bien le fait que l'engin m'a quasiment survolé, là, quasiment
juste au-dessus de ma tête. Vous n'étiez pas là et ne pourrez jamais
comprendre une telle image tant que vous n'en verrez pas une vous-même
de vos propres yeux. Mais c'est normal, ça paraît tellement dingue
comme truc. C'est pour ça que je ne peux pas vous en vouloir ni tenter
de vous convaincre, ce serait idiot.
Puissiez-vous avoir la même chance un jour, et là nous en
reparlerons...
Et plus tard, en revenant sur son observation, il a ajouté :
Mon cher RA, ce genre de propos me fait doucement rigoler, moi le
témoin qui ai vu de mes yeux un truc qui ne ressemblait en rien à une
rentrée atmosphérique.
Par ailleurs, mon témoignage sur papier daté de ce jour est loin de
refléter ce que j'ai vu. Ce sont des mots écrits sur le coup de
l'émotion 39 mn plus tard, avec des mots d'un gamin de
22 ans. Et en le relisant, je me rends compte depuis longtemps
qu'il n'est pas le reflet exact du passage de l'ovni au-dessus de moi,
puisqu'ici des gens analysent ces mots et n'en déduisent qu'une
rentrée atmosphérique.
Enfin pas grave tout ça, vous resterez à jamais engoncé dans vos
certitudes anti-ovni. Rien de ce que pourrait vous dire, même un
témoin oculaire, ne pourra vous convaincre, vous analysez tous les
textes, tous les témoignages et tous les propos en les retournant
toujours pour les faire rentrer dans votre case « rentrée
atmosphérique ». Normal, c'est votre truc, ça, la rentrée
atmosphérique. Il n'y a rien d'autre au monde sans doute.
Mon cher Nathanael, bon courage pour la suite de cette discussion,
t'es pas sorti de l'auberge si tu veux essayer de le faire changer
d'avis, cela me semble totalement et irrémédiablement impossible.
Enfin, heureusement que vos dialogues sont intéressants, c'est déjà
ça. Confrontations d'idées et d'appréciations, qui ne se rejoignent
pas et ne se rejoindront jamais, mais pas grave ça nous fait de la
lecture.
Mais je n'en veux pas à RA, comment pourrait-on faire croire à
quelqu'un que des vaisseaux spatiaux de 300 m de long ont survolé
la France en 1990, c'est tellement délirant, rien que de l'écrire là
ça semble trop fou. J'aurais du mal à le croire moi-même si je ne
l'avais pas vu de mes yeux. Seulement voilà, je l'ai vu, et bien vu.
C'est tellement dingue quand j'y repense !
Je précise pour ceux qui ne voudraient pas lire l'intégralité de la
longue discussion sur le site Les Mystères des Ovnis que
Nathanaël, un modérateur d'alors qui était mon principal contradicteur,
est devenu à la suite de cela un sceptique endurci qui s'est acharné
ensuite à discréditer ses anciens amis croyants du forum (je ne sais pas
s'il s'est ensuite désintéressé de l'ufologie ou s'il a continué sous un
autre nom) ! À noter pour ceux qui liraient tout que Nathanaël
aussi bien que moi-même avons demandé à être désinscrits du forum, si
bien que nos messages apparaissent tous sous le nom « invité », mais il
est assez facile de nous différencier au contenu !
Je n'ai malheureusement pas enregistré la note manuscrite d'époque de
« philippe77 », qui ne se trouve donc plus sur son site. Ayant
été banni du forum, je ne peux pas le contacter, mais si quelqu'un veut
le faire et lui indiquer par la même occasion que j'ai parlé de son
observation ici, au cas où il voudrait y réagir, ça m'intéresse.
On connaît tout de même à travers cet échange l'essentiel du contenu de
cette note. La trajectoire ni les directions n'y étaient pas indiquées,
et c'est donc vingt ans plus tard qu'il a reporté cette trajectoire,
selon ses souvenirs, sur cette carte :
Ce que l'on sait en tout cas, c'est qu'il écrivait dans cette lettre,
concernant la fin de l'observation : on aurait dit qu'elle
avait légèrement tourné car à ce moment-là il n'y avait plus qu'une
seule lumière de visible. Je suis désolé pour Philippe, mais si
un « gamin de 22 ans » voit un objet fantastique effectuer un
virage franc à 90°, il ne va pas écrire qu'on « aurait dit que ça
avait légèrement tourné » ! On a là encore un magnifique
exemple des distorsions et exagérations de la mémoire après vingt ans.
Quant à la trajectoire, on peut s'étonner qu'il insiste sur le fait que
l'objet paraissait très proche et « au dessus du village »
(c'est même là qu'il le dessine), s'il était passé encore beaucoup plus
près de lui. Mais la rentrée atmosphérique semblait bien se trouver
au-dessus du village de Grez-sur-Loing lorsqu'elle passait au plus
près ! Alors, il suffirait qu'après vingt ans il ait cru que la
rentrée se dirigeait vers Bourron-Marlotte au lieu de Montigny-sur-Loing
et qu'elle suivait une trajectoire parallèle à la Nationale 7 (ou
D607) au lieu de sembler suivre la route de Montigny pour que tout
rentre dans l'ordre.
Concernant la hauteur au-dessus de l'horizon, il n'en parle pas mais il
indiquait dans sa note que l'objet semblait à une altitude de 400 à
500 m, et sur ce point il n'a pas varié. Le village se trouvant à
1,2 km de son point d'observation, l'objet devait paraître à une
hauteur angulaire d'environ 20° lorsqu'il semblait survoler le village,
alors que la rentrée passait au plus près à une hauteur de 33°, on n'est
vraiment pas loin !
La description de la chose était dans cette note « une dizaine de
lumières avançant dans un mouvement coordonné », c'est encore tout
à fait correct... Ces lumières semblaient portées par un objet qu'il
décrivait comme un « objet sombre de forme cubique » et qu'il
dessinait à peu près comme ça si ma mémoire est bonne (ceci dit je ne
suis pas non plus à l'abri des faux souvenirs) :
L'habituelle forme noire devinée entre les lumières, on s'étonne juste
de l'excroissance en haut, alors que si elle avait été en bas elle
aurait bien évoqué la longue traînée.
La dimension était évaluée à 300 mètres, ce qui rapporté à l'altitude de
la rentrée atosphérique correspondrait à une longueur de 70 km pour
l'ensemble de débris, tout à fait correcte également.
Quant à la vitesse, comparée toujours dans la note rédigée tout de suite
à celle d'un avion en approche d'atterrissage à 1 km d'altitude,
elle serait aussi correcte... Les avions ne doivent pas dépasser
460 km/h à moins de 3 km d'altitude, et en général ils
décrochent à un peu plus de 200 km/h... Donc 280 km/h,
correspondant à la vitesse apparente de la rentrée, c'est un bon
compromis !
En bref, toutes les indications mentionnées immédiatement
après l'observation sont parfaitement conformes à l'observation de la
rentrée atmosphérique, mais ce sont les détails apparus vingt ans plus
tard qui retiennent l'attention de Joël Mesnard, qui trouve en outre le
moyen de les exagérer !
Mauriac (Cantal) :
Le phénomène est passé au sud de Mauriac, alors que la
trajectoire supposée passe loin au nord. Mesnard a juste oublié qu'il y avait eu un correctif dans le numéro
suivant de sa revue, et tout rentrait dans l'ordre !
Voici comment l'enquêteur Christian
Caudy exposait ce cas dans Lumières dans la Nuit n°304 :
Les deux témoins sont Mme Françoise Besson, 45 ans, agent
hospitalier, et M. Justin Joncoux, 33 ans, artisan. Ces deux
personnes se trouvaient dans un atelier, près de la gare de Mauriac.
Vers 19 h, M. Joncoux sortit dans la cour, et aperçut dans
le ciel nocturne une chose très étrange, qui avançait, au-dessus des
maisons, de l'autre côté de la route. Très impressionné, il appela
Mme Besson, qui sortit aussitôt. Le phénomène se composait, à
l'avant, de deux rangées de lumières formant un V. C'étaient comme des
rampes d'éclairage. Au bout de chaque rangée, il y avait une sorte de
projecteur blanc, suivi d'une traînée de fumée, semble-t-il. À
l'arrière, les témoins ont remarqué également de nombreuses lumières.
L'ensemble ne se déformait pas. Les lumières ne clignotaient pas.
Quant aux couleurs, Mme Besson en a vu quatre : du rouge, du
jaune, du bleu et du vert (M. Joncoux est daltonien).
Le phénomène était haut dans le ciel, et presque à la verticale des
témoins, qui l'ont donc observé de dessous, et non de profil. Il se
dirigeait sur une trajectoire horizontale, du sud-ouest vers le
nord-est. L'observation a duré deux minutes environ. Tout-à-coup, la
chose a disparu sur place : il n'y avait plus rien.
Mme Besson a cru entendre un grondement, au début, pendant
quelques secondes. M. Joncoux n'a rien entendu. Cette chose
mesurait 40 cm de long et 20 de large (tout cela mesuré avec un
mètre dépliant tenu à bout de bras). Les deux témoins n'ont pas vu de
structure métallique, seulement ces lumières formant un ensemble
géométrique parfait. Ils s'accordent pour dire que c'était immense et
que c'était un magnifique spectacle.
Le ciel étant couvert, ces lumières ne se confondaient pas avec
les étoiles, et l'ensemble était très net.
Joël Mesnard ajoute :
La taille apparente gigantesque, l'aspect même du phénomène, sa
brusque extinction sur place, tout cela est bien peu compatible avec
l'hypothèse d'une rentrée atmosphérique sur l'axe La
Rochelle-Strasbourg. Le passage presque à la verticale des témoins ne
l'est pas davantage : de Mauriac, la hauteur angulaire aurait dû
être d'une petite trentaine de degrés. Mais surtout, le sens du
mouvement nous apporte une information capitale : les témoins ont
vu passer la chose de leur droite vers leur gauche. L'orientation de
la trajectoire étant connue, la conclusion s'impose : le
phénomène est passé au sud de Mauriac, alors que la
trajectoire supposée passe loin au nord. Donc, l'objet vu à Mauriac
n'est pas celui qu'ont observé les témoins de Saint-Isidore et de
Noirmoutier. Et si c'est la rentrée atmosphérique qui a été vue à
Mauriac, alors, qu'est-ce qui a franchi la côte atlantique à
hauteur du Marais Poitevin ?
Mais en ressortant ce cas maintenant il a juste oublié que dans le
numéro suivant de sa revue, le 305, il publiait le rectificatif
suivant :
Mauriac : erreur !
LDLN 304 était déjà imprimé, quand Christian Caudy nous a signalé que,
vérification faite, les témoins de Mauriac ont vu le phénomène défiler
de gauche à droite.
L'argumentation développée p. 18 (n°304), en haut de la 2e
colonne, s'écroule donc.
Et après ça, les autres arguments ne résistent guère... Si les témoins
ont rectifié leur erreur, c'est que l'objet ne passait pas vraiment
au-dessus d'eux comme ils l'ont dit. La hauteur angulaire de la rentrée
n'était pas d'une « petite trentaine de degrés », mais
précisément de 31 degrés au plus près, ce qui est tout de même pas mal.
Et pour que les deux témoins aient commis la même erreur en dessinant
l'objet dans la même direction fausse, il faut qu'ils se soient
grandement influencés. Ne nous étonnons pas dès lors qu'ils aient fait
des dessins presque identiques, et trouvé les mêmes dimensions
angulaires !
La description évoque d'ailleurs assez bien la rentrée atmosphérique à
ce niveau de la trajectoire, juste un peu idéalisée, et les dimensions
ne sont pas si exagérées que cela : la rentrée atmosphérique
distante d'un peu moins de 200 km au plus près devait s'étendre sur
au moins 25° en longueur et 15 en hauteur, c'est plus de la moitié de
l'estimation des témoins.
La durée de deux minutes est tout à fait plausible, et quant à la
« disparition sur place » il faudrait en savoir un peu plus
sur les circonstances... On connaît pas mal de cas où un témoin croyant
l'objet proche n'imagine pas qu'il ait pu disparaître derrière
l'horizon, ou même derrière un nuage.
Tarnos (Landes) :
Cet objet d'une forme géométrique bien particulière est resté
rigoureusement immobile pendant une minute à une minute et demie. La classique structure noire sur fond noir, et une immobilité affirmée
dans un témoignage très tardif qui s'explique bien par le déplacement du
témoin en automobile.
Voici comment Joël Mesnard expose ce cas,
pour l'émission « Bob vous dit toute la vérité » du 5 novembre
2013 :
Un beau cas de hublots à vous raconter. Là encore il s'agit d'une
observation assez rapprochée, mais le témoin ne m'a pas fait
d'estimation de distance entre lui et la chose pour l'instant, disons
que c'est quelques dizaines de mètres, peut-être une centaine de
mètres.
Alors ça s'est passé à Tarnos... Tarnos c'est quasiment Biarritz,
c'est vraiment dans le coin sud-ouest de la France. Il y a là deux
messieurs qui roulent en voiture dans cette petite ville, et qui vont
visiter un appartement. Tout à coup ils se voient survolés par un gros
machin qui passe au-dessus de leur voiture, quasiment, alors le
passager de la voiture, M. Casabonne, dit à son beau-frère qui
lui conduit : « arrête-toi, arrête toi » ! Il
descend de la voiture et il voit un énorme machin qui reste en
position stationnaire pendant une minute ou une minute et demie,
au-dessus des bâtiments qui sont devant lui — je crois que c'est
au-dessus du quartier de la poste de Tarnos —.
Alors cet objet il a une forme géométrique bien particulière, mais
c'est pas facile à décrire par téléphone. Imaginez si vous voulez un
Mirage IV, mais attention c'est pas un Mirage IV, c'est pas
ça que je suis en train de dire, mais c'est quelque chose qui vu de
dessus doit avoir une forme triangulaire — Monsieur Casabonne a
fait deux belles illustrations de la chose —, et vous imaginez un
Mirage IV qui si j'ose dire aurait mangé trop de pommes de terre
et de haricots, et qui aurait grossi, grossi, grossi grossi, et qui
serait très très très épais : vu de dessus et vu de dessous il
doit avoir une forme triangulaire, vu de derrière ça doit être un
trapèze avec un prolongement rectangulaire vers le bas. Bon, ces
messieurs voient la chose par l'arrière droit et bien entendu d'en
dessous, et là ils voient quatre hublots lumineux sur le prolongement
inférieur de la chose, la dérive du Mirage IV si vous voulez mais
monstrueusement épaissie. Bon il y a quatre hublots lumineux là-dessus
et ils voient — évidemment ils sont étonnés, inutile de le
dire —, ils voient cette chose pendant une minute à une minute et
demie, rigoureusement immobile...
Alors ça c'est un des cas d'immobilité, il y en a d'autres, alors
évidemment il y a des gros malins qui vont toujours chercher des
explications tordues, qui sont prêts à tout pour dénigrer les
témoignages...
Bien ne dénigrons pas, mais voyons comment cette observation a été
exposée dans un
courrier au Geipan. Le témoin, Georges Casabonne a en effet rédigé
un courrier le 27 août 1997, mais à l'époque on lui avait demandé de
répondre à un questionnaire et ne l'ayant pas fait il n'avait pas eu de
réponse. Il a donc renvoyé ce texte en le joignant à un mail en 2008, le
voici (j'ai restitué les noms effacés par le Geipan puisque
M. Casabonne les a mentionnés ailleurs) :
Messieurs,
Je vous fais parvenir par la présente, le compte-rendu de
l'observation qu'il m'a été donné de faire un lundi soir du début de
Novembre 1990, en présence de mon beau-frère Monsieur René Lasseron
avec lequel je me rendais en voiture à un rendez-vous afin de visiter
un appartement situé à Ondres, village voisin de Tarnos et distant de
3 kilomètres.
Lieu de l'observation : Rue de la Palibe à hauteur de la place
attenante au bureau de poste.
Jour de l'observation : (je n'ai pas noté la date exacte).
Heure de l'observation : l'heure entre 18 h 30 et
18 h 45 (nuit tombée).
Condition de positionnement : environ trois-quarts arrière et en
dessous de l'objet.
Nature de l'observation : se détachant du fond du ciel légèrement
nuageux, un objet dont la plus grande partie de forme delta longue et
large, épaisse dans sa partie centrale, s'amincissant vers les bords
était de couleur sombre, sous la partie delta j'ai pu discerner un
deuxième élément, qui d'où j'étais m'a paru être de forme
rectangulaire sur la face de laquelle apparaissaient 4 hublots
par lesquels l'on pouvait voir que l'intérieur était éclairé, les
dimensions et le volume important m'ont surpris.
Cet objet quand mon beau-frère l'a aperçu et me l'a fait remarquer,
finissait d'avancer, puis s'est tenu en position stationnaire à
quelques dizaines de mètres au-dessus et en avant de nous (angle
approximatif 60 degrés), au-dessus de la RN 10 à hauteur du
bureau de poste de Tarnos.
J'ai demandé à mon beau-frère de s'arrêter sur le côté de la route et
je suis descendu du véhicule, pour pouvoir continuer à observer
l'objet dans de meilleures conditions.
Sorti de la voiture j'ai constaté :
— que de la surface extérieure de l'objet se détachaient des
étincelles (électricité statique, ou refroidissement ou échange des
matériaux avec l'atmosphère), nombreuses au départ, le phénomene s'est
estompé petit à petit au fur et à mesure que le temps d'observation
passait.
Étant dehors j'ai constaté en plus :
— qu'aucun bruit de moteur supérieur à celui de la circulation,
n'était audible ;
— qu'il n'y avait aucune trace de combustion émanant de
l'objet ;
— qu'il n'y avait aucune odeur suspecte ;
— qu'aucun souffle ne venait troubler l'air.
Après quelques instants d'observation, l'objet a commencé à se
déplacer lentement toujours à la même altitude en prenant la direction
du nord-est, je l'ai suivi du regard tant que j'ai pu, avant qu'il ne
disparaisse à ma vue sur la ligne d'horizon.
Au cours de cette observation, je n'ai rien ressenti de particulier,
tant sur le plan physique, que mental ou psychologique, j'ai regardé
l'objet sans aucune crainte, mais surpris et heureux d'avoir eu la
chance de voir quelque chose qui sorte du commun.
Je serai curieux de rencontrer les êtres capables d'avoir mis au point
un tel appareil, leur niveau de connaissance et leur intelligence
doivent être très supérieurs à celui de nos plus grands savants.
Je me permets de dire sortant du commun, car à ma connaissance seul
l'avion de combat anglais Harrier est capable de faire du stationnaire
au décollage et à l'atterrissage, mais l'objet que nous avons vu avait
des dimensions sans communes mesures avec un avion de chasse.
D'autre part hormis cet avion seuls les hélicoptères sont capables
d'effectuer du vol stationnaire. Mais dans les deux cas le bruit soit
des réacteurs ou celui des turbomoteurs et rotors aurait été à cette
altitude parfaitement perceptible et audible.
Notre attitude initiale a été de ne pas en parler.
Puis moi je m'en suis ouvert à mon cercle intime.
Et plus tard au cours de réunions familiales.
Pour ma part, je voulais savoir :
— si cette observation avait pu être faite par d'autres personnes
et en d'autre lieux, cela me fut confirmé par différents témoins
oculaires de ma connaissance résidant dans le département limitrophe
des Pyrénées-Atlantiques, mais dans cette zone l'objet a été vu par
ces personnes, en mouvement, ils ont fait remarquer que les dimensions
étaient impressionnantes ;
— quelle serait la version des autorités et de leurs
représentants.
Le lendemain matin j'ai écouté attentivement les différents bulletins
d'information, la version officielle divulguée m'a plutôt laissé
pantois, d'après le journaliste qui faisait le compte-rendu de
l'événement : « les autorités déclaraient qu'il s'agissait
des restes d'une fusée soviétique rentrant dans l'atmosphère et ayant
dû se désintégrer avant d'arriver au sol ».
Bien que mon compte-rendu ne soit pas d'une précision scientifique,
hyper rigoureuse et détaillée, il est malgré tout sincère et véritable
et retrace ce que j'ai gardé en mémoire de mon observation.
Et si j'avais un souhait à formuler encore aujourd'hui, pouvoir avoir
un vrai contact avec ces autres intelligences.
Fin
du compte rendu de l'événement.
Découvertes d'informations et réflexions personnelles le temps
passant.
Par la suite j'ai été interpellé par différents événements concernant
notre observation :
— quelques années après, regardant par hasard une émission sur la
chaîne de télévision TF1, animée par Jacques PRADEL, j'ai entendu des
personnes d'origines professionnelles et culturelles différentes
témoigner de l'observation dans la même période d'un objet volant non
identifié.
— d'entendre M. Philippe GILDAS sur CANAL + donner un
numéro de téléphone « SOS OVNI
04 42 20 18 19 ».
J'ai donc essayé de joindre cet abonné, j'ai eu un répondeur qui m'a
donné un second numéro « 0442123059 ».
À ce numéro j'ai eu comme interlocuteur une dame qui m'a demandé
d'adresser un courrier, ce que j'ai fait, je n'ai jamais eu de retour.
En ce qui me concerne, la question que je me pose depuis le jour de
cette observation, est la suivante :
— avons-nous vraiment à craindre d'une intelligence supérieure et
extraterrestre ? pour ma part j'en doute !
(vu le nombre de risques que nous font courir les mégalomanes
ambitieux, financiers, industriels, religieux, arrivistes, et
intégristes de tous poils et malades mentaux qui gouvernent ou qui
veulent gouverner le monde)
S'ils sont plus intelligents, il leur suffira d'attendre que nous
fassions le pas de trop nous-mêmes.
— ces êtres ou ces intelligences ne seraient-ils pas arrivés à un
niveau d'évolution leur faisant préférer le rapport d'intelligence, au
rapport de force (tare que nous traînons depuis nos origines), avec
pour justification, la loi de la nature : le plus fort, le plus
malin ou le plus riche dispose à son gré du plus faible, on a peu
évolué en terme comportemental, mais nous nous sommes créé l'excuse
suprême, c'est la volonté ou cela doit être fait au nom de Dieu, Yhwh,
Allah, etc, etc...
Un autre texte était joint au mail de 2008 :
Dessin effectué sur word. Réalisé par M. Casabonne
17 ans après l'observation de cet appareil, en novembre 1990, un lundi
soir entre 18 h 30 et 18 h 45.
Cette observation a été faite en présence d'un témoin, mon beau-frère.
Dimensions principales estimées de la forme supérieure delta :
environ longueur 30 mètres, largeur 20 mètres.
Lieu d'observation : à 20 mètres du croisement de la rue de
la Palibe et de la route nationale 10.
J'étais positionné aux trois-quarts arrière de l'appareil et quelque
dizaines de mètres en dessous.
Positionnement de l'appareil : au-dessus de la route
nationale 10 à Tarnos en face de la poste.
L'appareil était de couleur très foncée et quatre hublots circulaires
situés à la partie inférieure permettaient de voir qu'à l'intérieur,
il y avait une source de lumière.
Le Geipan, en la personne de Jacques Patenet, a répondu le 27 juin
2008 :
Bonjour Monsieur,
Nous essayons de ne pas être impolis nous sommes simplement débordés
et traitons en priorité les cas urgents. Pour ce qui vous concerne,
les éléments que vous nous donnez indiquent que vous avez été témoin
de la célèbre rentrée dans l'atmosphère du 5 novembre 1990 d'un
élément de fusée russe qui a été observée par plus de 800 témoins. Je
vous invite donc à consulter notre site qui décrit cette rentrée.
Cordialement
Jacques PATENET
Responsable du GEIPAN
À quoi le témoin, visiblement mécontent, a répondu le 29 juin :
Cher Monsieur PATENET,
Si vous avez pris le temps de lire mon document, force est constater
que si c'est un élément de fusée Russe rentrant dans l'atmosphère, ce
dernier a pris le temps de faire une pose en stationnaire au dessus de
la route nationale 10 à Tarnos, peut-être était-il en train de
calculer sa zone d'atterrissage, cela ne lui a pas pris plus d'une
minute.
De plus, il a démarré très lentement, ce peut-être parce qu'il
souhaitait profiter avant la rencontre avec le sol, de l'ambiance
maritime et du paysage.
Merci d'avoir daigné me répondre aussi sérieusement, c'est vraiment
digne d'un représentant de l'élite aéronautique et spatiale que votre
statut laisse présager.
Avec vous nous sommes en de très bonnes mains.
Salutations
Et le 12 août 2008, apprenant que le responsable du Geipan avait changé,
il a envoyé un complément au compte-rendu de son observation :
Monsieur ??
Objet : complément de mon compte-rendu d'observation d'OVNI de
novembre 1990
Monsieur,
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint le complément de mon
compte-rendu d'observation d'ovni du mois de novembre 1990.
Vous trouverez joint à la présente :
— une photo avec collage d'un dessin à main levée de l'engin
qu'il m'a été donné d'observer,
— un relevé cadastral de la zone, sur lequel je me suis permis de
reporter les éléments de son positionnement par rapport aux axes
terrestres.
J'espère que vous en ferez bonne réception et qu'en retour vous me
ferez part de vos commentaires,
Restant votre obligé, je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression
de mes meilleures salutations.
P.S. : je vous joins aussi une copie du mail de Monsieur PATENET
et la réponse que je lui ai adressée personnellement.
Depuis, Monsieur Casabonne répète partout son témoignage : sites
Internet, revues... On le trouve par exemple au « courrier des
lecteurs » de la revue Nexus n°97 de mars-avril 2015.
Ce ne sont que des extraits de ses courriers au Geipan, mais il y a un
peu plus dans le numéro 415 de Lumières dans la nuit (décembre
2013).
Joël Mesnard introduit ce témoignage ainsi :
Grâce à une excellente initiative de M. François Ellul, le
témoin de Villemomble (LDLN 360, p. 21), M. Georges
Casabonne nous a spontanément adressé le témoignage qui va suivre.
Mais tout d'abord, une petite remarque paraît utile :
Nous avons vu (LDLN 360, p. 20) que les observations de
cette soirée extraordinaire n'ont pas été rigoureusement simultanées.
Si la plupart ont été faites entre 18 h 45 et
19 h 15, une quinzaine se sont produites bien avant
(Kelkheim, Villemomble, Paris bd St Marcel...), d'autres plus tard
dans la soirée (Paris 19e), même après minuit (périphérique
sud entre les Portes d'Italie et d'Orléans), et jusque dans la matinée
du 6 (Noirmoutier). M. Casabonne situe la sienne « entre
18 h 30 et 18 h 45 », donc un peu avant le
pic d'intensité de la vague.
C'est amusant de voir Joël Mesnard accorder une foi absolue aux témoins
en ce qui concerne l'heure, même lorsqu'ils témoignent tellement tard
qu'ils ne se rappellent pas de la date, comme M. Casabonne ou
le témoin de Villemomble !
Le témoignage qui suit reprend très exactement le texte transmis au
Geipan, juste un peu réorganisé, sauf sur un passage particulier, où il
était écrit en 1997 :
Après quelques instants d'observation, l'objet a commencé à se
déplacer lentement toujours à la même altitude en prenant la direction
du nord-est, je l'ai suivi du regard tant que j'ai pu, avant qu'il ne
disparaisse à ma vue sur la ligne d'horizon.
Et donc en 2013 c'est devenu :
Après une minute ou une minute et demie d'observation, l'objet a
commencé à se déplacer lentement, toujours à la même altitude, en
prenant la direction du nord-est. Je l'ai suivi du regard autant que
j'ai pu, jusqu'à ce qu'il disparaisse à ma vue sur la ligne d'horizon.
C'est mot pour mot la même phrase, sauf que les « quelques
instants » d'immobilité de l'engin sont devenus « une minute à
une minute et demie » ! Notons qu'il était déjà indiqué sur le
schéma envoyé au Geipan en 2008 que cette durée d'observation de l'objet
immobile était d'une minute... Bref, en 1997 c'était quelques instants,
en 2008 c'est devenu une minute, et en 2013 ça monte à une minute à une
minute et demie, et le témoin conscient qu'il s'agit d'un point faible
de son témoignage initial en modifie le texte ! Et bien sûr comme
d'habitude Joël Mesnard ne retient que la description la plus tardive
pour son entreprise de fabrication d'ovnis.
Parlons un peu de la description de l'objet. C'est vrai que sur les
dessins donnés par M. Casabonne, ces formes géométriques parfaites
évoquent bien peu une rentrée atmosphérique ! Et Joël Mesnard en
rajoute en rehaussant encore les contrastes :
Photo-montage de M. Casabonne (sur lequel nous avons noirci
les surfaces inférieures de la chose)
Mais si on veut restituer les conditions de l'observation, c'est plutôt
le ciel qu'il faut noircir ! L'objet était « très
sombre », il faisait nuit noire et la lune n'était pas encore
levée, alors voilà plutôt comment se serait présenté un tel objet sombre
dans l'obscurité de la nuit :
Bref, l'habituelle « forme noire sur fond noir » a autant de
matérialité que d'habitude... Et il est vrai aussi que quatre lumières
alignées, ça ne ressemble pas beaucoup non plus à la rentrée
atmosphérique, mais le témoin dit aussi : De la surface
extérieure de l'objet se détachaient des étincelles, nombreuses au
début. Elles se sont progressivement estompées, au fur et à mesure que
l'observation se prolongeait.
Si on ajoute aux quatre grosses lumières une multitude
« d'étincelles », ça évoque beaucoup plus la rentrée, formée
d'une multitude de lumières au début de sa trajectoire et de moins en
moins à mesure de l'avancement.
Passons à la trajectoire, qui est bien sûr l'élément le plus étonnant du
récit... Revoyons comment le témoin lui-même l'a décrite en 2008 :
On remarque que l'objet a suivi une trajectoire tout à fait
conforme à la rentrée à la fin de l'observation, quand les témoins
étaient immobiles à l'extérieur de leur voiture, et une trajectoire très
différente lorsqu'ils roulaient en automobile... Et lorsqu'on se
déplace, on peut se tromper complètement sur la trajectoire d'un objet
dont on ne connaît pas la distance. En fait, à la vitesse apparente de
l'objet lorsqu'on est immobile, on doit ajouter sa propre vitesse de
déplacement. C'est ainsi que la Lune, qui est à peu près immobile dans
le ciel, devient couramment lorsqu'on la prend pour un objet proche une
« boule suiveuse » qui calque le déplacement de la voiture.
Voyons sur le schéma suivant ce qui a pu se passer :
Au début de l'observation, l'automobile se trouve au point A... Si on
respecte la direction d'observation indiquée par le témoin, il s'agit
d'un azimut 294°. La rentrée s'y trouvait à
18 h 59' 06'', à une hauteur sur l'horizon de 26°, et à
une distance de 269 km. On remarque d'ailleurs sur la carte
pourquoi l'objet n'a pas été vu plus tôt : avant cette position, il
était masqué par des arbres (déjà présents en 1990, on le voit sur des
photos aériennes d'époque). Ça explique d'ailleurs pourquoi le
beau-frère de M. Casabonne, qui étant le conducteur se trouvait à
gauche, a été le premier à voir l'objet.
Ne connaissant pas la distance de l'objet, le témoin a supposé qu'il se
trouvait au-dessus da la nationale, à une distance de 142 m. Ça lui
donnait des dimensions comparables à un avion, le genre d'engin qu'on a
l'habitude de voir dans le ciel : l'objet étant donc supposé 2000
fois plus proche que la rentrée atmosphérique, sa dimension doit être
réduite d'autant. En début de trajectoire, la rentrée était beaucoup
moins étendue que lorsqu'elle passait près de la région parisienne... On
peut estimer que cet ensemble de débris couvrait une surface d'environ
20 km sur 15 hors traînées, ce qui correspondrait à une dimension
apparente pour l'objet vu par le témoin de 10 m sur 7,5. Il estime
pour sa part la dimension de l'objet à 20 m sur 10, l'exagération
est minime ! Et il en va de même pour la hauteur angulaire, que le
témoin estime à 60° alors que la rentrée culminait à 31° au-dessus de
l'horizon... On a vu qu'une telle surestimation est courante, et du
reste il est généralement impossible d'observer depuis une automobile à
plus de 45° de l'horizon, même en se penchant en avant !
Passons à la position B : toujours en se fiant au schéma du témoin,
l'azimut de l'objet est de 336°. La rentrée s'y trouvait alors qu'elle
passait presque au plus près, à 18 h 59' 27'', à une hauteur
angulaire de 31° et à une distance de 224 km. Le témoin devait donc
avoir l'impression que l'objet se trouvait alors à 142×224/269, soit
113 m, les rapports de distance devant être respectés. Et,
étonnamment, cela replace l'objet au-dessus de la nationale ! Il
n'y a aucun arrangement de ma part, il s'agit d'une réalité
géométrique : en se fiant aux indications de M. Casabonne, sur
les positions respectives de l'automobile et les directions
d'observation, on trouve que si c'est la rentrée atmosphérique qu'il
observait, il devait avoir l'impression que sa trajectoire suivait la
route nationale ! Ça suppose aussi que l'automobile s'est déplacée
du point A au point B en 21 secondes, soit une vitesse de
16 km/h... C'est faible, mais pas invraisemblable pour des témoins
absorbés par leur observation. Si la vitesse était plus importante, la
trajectoire apparente serait encore plus déviée par rapport à la
trajectoire réelle de la rentrée, ou bien il faudrait que l'objet soit
supposé plus loin que la nationale (auquel cas les estimations de sa
dimension seraient encore plus correctes).
Si on voulait être rigoureux, il faudrait aussi tenir compte du fait que
la dimension du nuage de débris augmentait, donnant l'impression que
l'objet se rapprochait. Les trajectoires apparentes s'en trouveraient un
peu déviées vers la droite, se rapprochant encore des indications du
plan du témoin. Et c'est vraiment ce qu'on observe avec la rentrée
atmosphérique, je l'ai mis en évidence de façon statistique sur
l'ensemble des observations enregistrées par Franck Marie : les
témoins situés au sud de la trajectoire donnent une estimation moyenne
du cap du phénomène observé dévié d'une dizaine de degrés vers la doite
par rapport à ceux situés au nord :
Un autre détail intéressant est que la rue suivie fait au milieu du
parcours un virage d'environ 13° vers la droite. La rentrée se déplaçait
dans le ciel à la vitesse d'1,9°/s, et donc si ce virage a été fait en
septs secondes le témoin devait avoir l'impression que l'objet s'était
immobilisé pendant ce temps ! À la vitesse de 16 km/h, on
parcourt 30 m en 7 secondes, c'est assez cohérent. Voilà qui
pourrait expliquer les « quelques instants »
d'immobilité ! En dehors de cela, l'objet paraissait se déplacer à
la vitesse de 14 km/h, ce qui n'est de toute façon pas beaucoup
pour un objet que l'on compare à un Mirage IV !
En bref, le témoin a décrit plutôt objectivement son observation de la
rentrée atmosphérique, avec juste quelques distorsions peu étonnantes
pour un récit fait après tant d'années : c'est au milieu du
parcours en voiture que le phénomène a semblé s'immobiliser pendant
quelques secondes, et pas lorsque les témoins sont sortis, et la durée
d'une minute à une minute et demie correspondrait à la totalité de
l'observation, avant que le phénomène ne disparaisse derrière les arbres
au nord-est. Et comme d'habitude on n'a qu'un témoignage pour deux
témoins, et celui qui a témoigné ne supporte pas qu'on mette en doute le
fait qu'il ait observé un engin extraterrestre...
Eygalières (Bouches-du-Rhône) :
Le témoin donne comme estimation de distance 10 à 15 mètres. Outre que ça n'est pas évident, pour le reste ça évoque parfaitement la
rentrée atmosphérique.
Encore un cas nouvellement ajouté à
la liste des exemples flagrants. Voici comment il était exposé dans
l'émission « Bob vous dit toute la vérité » le 5 novembre
2013 :
À Eygalières, dans les Bouches-du-Rhône, une dame qui rentrait de son
travail longeait en voiture les arbustes qui bordent le terrain de la
maison dont elle était locataire ; elle a été accompagnée sur sa
gauche par quelque chose qu'elle a interprété dans un premier temps
comme un deltaplane qui venait se poser dans son terrain. Bon en gros
c'est quelque chose qui avait une forme triangulaire, mais avec une
pointe très émoussée, bon c'était plutôt un trapèze, portant des
lumières, alors elle s'est dit « tiens c'est bizarre, il y a des
feux de position — qui n'étaient pas d'ailleurs des feux
réglementaires — sur un deltaplane », et sa pensée ç'a été
« ah il va se poser à côté de la maison, comment on va faire pour
le ramener au terrain » — il y a un petit terrain d'aéroclub
qui est à 4 km 500 de là — ! elle s'est dit
« ah la la il va falloir une camionnette pour transporter
ça », bon et puis finalement ça disparaît derrière une rangée de
pyracanthas — je ne savais pas ce qu'étaient les pyracanthas,
mais grâce à Mme Thébault maintenant je le sais —. Bon elle
voit la chose disparaître derrière la rangée de pyracanthas, elle se
dit « bon c'est pas tout, faut qu'on aille récupérer le pilote et
puis qu'on le ramène avec son engin ». Elle s'arrête et son
compagnon à ce moment-là lui dit « t'as vu, t'as vu ? »
Elle lui dit « oui oui j'ai vu ». Alors lui il était dans la
maison, il a vu des lumières dans le jardin, enfin dans la grande
pelouse. Donc il est sorti pour voir ce qui se passait, lui il a pensé
qu'il y avait une voiture qui était entrée sur le terrain en voyant
ces lumières. Donc il s'est précipité dehors, il est arrivé sur une
terrasse, et là il a vu la chose qui redémarrait rapidement, qui est
passée au-dessus de lui et qui a disparu au-dessus du toit de la
maison.
J'ai eu une conversation il y a quelques jours avec quelqu'un à qui
j'ai raconté ça et qui m'a dit « ah oui mais bon finalement elle
est pas sûre de la distance », oui parce que j'ai oublié de vous
dire le principal, Mme Thébault donne comme estimation de
distance 10 à 15 m. J'ai calculé en regardant où se trouve
Eygalières sur la carte que pour que Mme Thébault ait pris pour
un objet situé à dix mètres d'elle la rentrée atmosphérique, il aurait
fallu qu'elle sous-estime la distance d'un facteur 42500. Alors il est
courant d'avoir des sous-estimations de distance, ça c'est très
courant, et même des sous-estimations importantes, voire immenses dans
le cas d'une confusion avec Vénus par exemple. Mais enfin pour un
objet qui se présentait sous cette forme dont elle a fait un schéma
assez clair, avoir une sous-estimation de la distance d'un facteur
42500, moi j'arrive pas à y croire, hein... Je veux bien croire à la
réalité de Schtroupfs, je veux bien croire au Père-Noël, à tout ce que
vous voulez, mais quelqu'un comme cette dame avec qui j'ai eu de
longues conversations téléphoniques, de longues longues conversations
téléphoniques, je ne la crois pas capable de commettre ce genre
d'erreur. [...] Je vous parlais tout à l'heure de
Mme Thébault qui a vu ça à 10 ou peut-être 15 mètres d'elle,
ainsi que son homme avec qui elle vivait à l'époque, et qui était à
425 kilomètres de la trajectoire de la rentrée. Alors je ne sais
pas si ça vous est déjà arrivé à vous de voir un truc qui est à
425 km de vous et de vous imaginer que c'est à 10 mètres,
mais même si la nuit est en train de tomber — parce que la nuit
était en train de tomber, Mme Thébault pour elle la nuit n'était
pas tombée ; je pense qu'elle son témoignage doit se situer dans
le début de la fourchette, parce qu'elle m'a toujours dit « la
nuit tombait », elle dit pas que la nuit était
tombée — ...
Peu après, il était exposé plus longuement dans LDLN 315 de
décembre 2013 :
Eygalières (Bouches du Rhône)
Le cas de Mme Martine Thébault se présente différemment. Lorsqu'elle a
contacté LDLN, cet été, elle ne se souvenait pas bien de la
date ; elle savait seulement que c'était fin 1990, à l'heure où
elle rentrait du bureau. Heureusement, elle se souvenait parfaitement
que TF1 avait beaucoup parlé, le soir même, de multiples observations
faites en même temps que la sienne. Il n'y a donc aucun doute à avoir
sur la date.
Son témoignage est important, d'une part parce qu'elle n'a pas été
seule à voir la chose, et surtout parce que, parmi tous les
témoignages sur le 5 novembre, elle bat tous les records de proximité.
Nous avions eu « 50 mètres » avec le cas de l'Ile-Adam, mais
Mme Thébault parle de 10 à 15 mètres. Pour qu'elle et son
ami aient, en fait, observé la rentrée de l'engin soviétique (à une
centaine de km au-dessus d'une droite Royan-Strasbourg), il faudrait
que dans leur estimation de la distance, ils se soient trompés d'un
facteur 42500... Voici son récit :
Cette photo des lieux, qui date de 1993, montre qu'il y avait en
effet la place pour poser un deltaplane.
« Je rentrais du bureau, la nuit commençait à tomber. En arrivant
devant chez moi, j'ai vu une forme triangulaire avec trois lumières,
comme des spots, qui flottait sans bruit au-dessus des pins, face à la
terrasse. J'ai pensé que c'était un deltaplane qui allait se poser
chez nous. En rentrant chez moi, mon compagnon m'a demandé si j'avais
vu quelque chose. J'ai dit que oui. Il m'a raconté qu'il avait été
étonné par les lumières dans le jardin : il croyait qu'une
voiture était entrée sur le terrain. Il a vu le triangle comme moi,
mais au moment où il est sorti sur la terrasse, la chose s'est envolée
à toute vitesse, sans faire le moindre bruit, s'élevant devant lui
pour passer au-dessus du toit et accélérer en direction du nord-est.
Le quartier d'Eygalières théâtre de l'apparition. La proximité
d'un terrain d'aéroclub (celui de Romarin), à 4,5 km à
l'ouest, explique que Mme Thébault ait tout d'abord pensé à
un deltaplane. Elle se souvient que, voyant la chose descendre
presque jusqu'au sol, sur sa gauche, elle s'est demandé comment on
allait pouvoir rapporter l'engin au terrain de Romarin.
« Au journal de 20 heures, le même soir, il y a eu un appel
à témoignages de quiconque aurait vu des objets volants traversant le
ciel. Il y avait un numéro de téléphone, j'ai appelé. La personne m'a
affirmé que le standard explosait sous les appels, que ces objets
venaient de l'Espagne, et avaient traversé toute la France en
direction du nord-est. J'ai demandé si nous allions être mis au
courant de cela au journal de 20 heures, le lendemain. Il m'a
répondu que oui. Le lendemain, rien au journal ! J'ai essayé de
rappeler au même numéro : il n'était plus attribué.
« Mon ami n'a plus jamais voulu en reparler. »
Schéma de l'incident, par Mme Thébault. Elle a vu cette
chose, sur sa gauche, pendant peut-être une vingtaine de secondes,
puis il a disparu à sa vue, caché par la haie de pyracanthas. Elle
estime qu'il a pu descendre jusqu'à un mètre du sol environ. Au
même moment, son compagnon, alerté par les lumières, sortait sur
la terrasse, pour voir l'objet reprendre de l'altitude en
accélérant.
On notera que sur son croquis (réalisé en septembre 2013),
Mme Thébault a dessiné non pas un triangle portant trois
lumières, mais plutôt un trapèze, qui en porte six. Il n'est pas
étonnant que les détails soient un peu flous dans la mémoire, près de
23 ans après la vision de la chose, vision qui n'a duré que
quelques instants (une vingtaine de secondes ?) Elle voyait
surtout des lumières, et ne distinguait qu'à peine la structure, qu'on
ne saurait qualifier de « masse noire ».
Il est à noter que Mme Thébault a vécu, depuis son année de
CE 1 jusqu'à une époque récente, une douzaine d'événements
remarquables, dont certains (comme une NDE trois mois plus tôt, en
août 1990, à l'occasion de la naissance de sa fille) semblent
révélateurs de capacités parapsychiques. Ces expériences sont-elles
sans lien avec les ovnis ?
Cette dame avait aussi peu avant posté un témoignage sur le forum Les
Mystères des ovnis, le 31 mai 2013 :
Prénom ou pseudo : alpilles Ville : EYGALIERES Département : Bouches-du-Rhône (dép.13) Région : Provence-Alpes-Cote d'Azur Pays : France Date : /12/1990 Heure du début de l'observation : 18H45 Durée de l'observation : 1'
Conditions météo : NUIT Nombre de témoins : 2 Type de phénomène : Engin triangulaire volant Signalement officiel : Non
Récit complet de l'observation :
J'étais en voiture sur le chemin de terre qui longe ma maison (isolée
en campagne). J'ai vu une forme triangulaire sur laquelle étaient 4
lumières. Je pensais que c'était un deltaplane et que la personne
avait installé des spots (il y a un terrain de vol à voile pas très
loin). Je me suis dit qu'il avait eu un problème et qu'il atterrissait
dans mon jardin car il était à environ 2 ou 3 mètres du sol. Le
temps de me garer et de rentrer chez moi, il était reparti. Mon
conjoint était sorti sur la terrasse car il pensait que c'était une
voiture qui était entrée sur le terrain.
Aux informations de 20 heures un numéro a été donné pour
témoigner. Ce que j'ai fait. La personne au bout du fil m'a dit que
beaucoup de témoins appelaient et que cela arrivait de l'Espagne et
avait été vu jusque vers Strasbourg. Le lendemain il n'y a eu aucun
communiqué aux infos et quand j'ai composé de nouveau le numéro de
téléphone, il n'était plus attribué.
Description précise : Couleur : Taille du phénomène : 3 mètres Comportement : Descente lente Trajectoire : non précisé Bruit spécifique : Non Odeur spécifique : non précisé Direction de l'objet en fonction du vent : non
précisé Présence d'installations : non précisé Photo semblable : non précisé Tableau : non précisé
Loreline a écrit :
Bonjour alpilles
Très intéressant témoignage et la première chose que je vais vous
demander, — étant donné qu'il vous a semblé être à 2/3 m
du sol — c'est s'il y a des traces quelconques.
De plus votre conjoint a pensé qu'une voiture était entrée dans
votre terrain : il était donc vraiment proche du sol.
Bonsoir,
Oui l'engin était presque sur le sol, il était presque stationnaire.
Il y a 3 petits pins plantés sur le terrain et l'engin était à leur
hauteur. Donc environ à 2 mètres du sol.
Je n'ai pas pensé à regarder le sol, j'ai juste téléphoné au numéro
communiqué par le journal du 20 h.
C'est en regardant l'émission sur W9 dernièrement que je me suis
décidée à témoigner.
Cordialement,
Pat41 a écrit :
Bonjour Alpilles
Etes vous sûre que c'était en décembre 1990 ? Je vous demande ça
par rapport à l'appel à témoins télévisé car en novembre 90 il
y a eu une rentrée atmosphérique due à la désintégration d'une fusée
russe. Il semble évident que ce que vous avez vu n'a rien à voir
avec ce phénomène mais c'est pour cerner au mieux la date.
Bonsoir,
Non je ne suis pas sûre de la date. Je sais que c'était en hiver car à
l'heure où je rentre du bureau, il ne fait nuit qu'en fin d'année, et
c'était avant les fêtes de Noël.
Je n'ai pas cherché à retrouver précisément cette date.
Vous devez avoir raison sur le mois de novembre.
Effectivement ce que nous avons vu n'a rien à voir avec la fusée russe
Pour ma part il me semble que ça a au contraire tout à voir avec la
fusée russe ! Résumons, un ensemble vaguement triangulaire de
lumières qui descend lentement, visible pendant à peu près une minute,
ça évoque tout à fait la rentrée... Il n'y a que l'impression de
proximité qui est un peu surprenante, mais les proportions sont
respectées : un objet qui vole à 2 ou 3 mètres du sol et
distant de 10 à 15 mètres sera sensiblement à la même hauteur
angulaire qu'un objet à 100 km d'altitude et 400 km de
distance ; et la rentrée dont la dimension devait être de l'ordre
de 60 km à ce niveau avait la même dimension apparente qu'un
deltaplane ou une automobile vu à 25 mètres, on n'est pas loin des
dimensions estimées.
Pour ce qui est de l'invraisemblance du « facteur d'erreur »
mis en avant par Mesnard c'est tout simplement ridicule... L'être humain
n'est pas équipé pour faire la différence entre 60 m et l'infini,
et curieusement Mesnard l'explique très bien dans la même émission Bob
vous dit toute la vérité ! Ici on est nettement en dessous,
mais il est bien évident que cette limite n'est valable que dans de
bonnes conditions de visibilité, pour quelqu'un dont l'acuité visuelle
est parfaite, qui perçoit correctement le relief (on fait des tests de
perception du relief à l'armée pour recruter dans l'artillerie, et le
nombre de recalés pour avoir échoué à ces tests est assez important), et
qui évalue correctement les distances. Ici la visibilité est mauvaise du
simple fait qu'il faisait nuit, et pour le reste on n'en sait rien, à
moins bien sûr que Mme Thébault ait fait profession dans
l'artillerie. Du reste on ne sait pas quand Mme Thébault a parlé de
10 à 15 mètres. Dans la partie du témoignage citée, elle dit que l'objet
planait au-dessus des pins, et ces pins se trouvent à 35 mètres de
la route.
Concernant l'heure de l'observation, elle n'est pas précisée dans le
témoignage à LDLN, et Joël Mesnard insiste beaucoup sur le fait
que la nuit était seulement « en train de tomber », qu'il ne
faisait pas tout à fait nuit, et donc que le témoignage devait se situer
au début de la « fourchette » des observations de la soirée.
Mais pourtant, dans le témoignage au forum fait un peu avant,
Mme Thébault indique clairement « NUIT » dans les
conditions météo, indique comme heure 18 h 45 qui doit
correspondre à l'heure où elle rentrait du travail, et précise
même : Non je ne suis pas sûre de la date. Je sais que c'était
en hiver car à l'heure où je rentre du bureau, il ne fait nuit qu'en
fin d'année, et c'était avant les fêtes de Noël. Et le 5 novembre,
qu'il soit 18 h 45 ou 19 h, il fait vraiment nuit (du
reste Mme Thébault pensait que l'observation se situait plutôt en
décembre, où la nuit est encore plus avancée à cette heure).
Et bien sûr il y a aussi les inévitables déformations du témoignage au
cours du temps... Parce que là encore Mesnard ne l'indique pas, mais on
apprend par ses réponses sur le forum que cette dame a témoigné à la
suite de l'émission Spécial OVNI du 1er mai 2013
sur W9... Donc plus de vingt ans après son observation ! On sait
d'ailleurs qu'il y a des inexactitudes, notamment le fait qu'elle aurait
entenu parler du phénomène le soir-même aux infos de 20 h... On
sait qu'aucune chaîne de télévision n'a diffusé d'informations avant le
lendemain.
Intéressons-nous aussi au témoignage de son compagnon...
Malheureusement, on ne le connaît pas, puisque Mme Thébault nous
dit qu'après l'observation « son ami n'a plus jamais voulu en
reparler » ! Tout ce qu'on a c'est donc le récit que nous fait
Mme Thébault, après plus de vingt ans, de ce que lui aurait dit son
ami... C'est dire la tromperie qu'il y a à prétendre comme le fait
Mesnard que « son témoignage est important, d'une part parce
qu'elle n'a pas été seule à voir la chose »... Et il est d'ailleurs
coutumier de cela, prétendre que deux témoins ont fait telle description
quand il n'a que le témoignage de l'un d'eux, ou pire quand le second ne
confirme pas du tout ces dires !
Sur le plan dessiné par Joël Mesnard, on voit l'objet qui passe entre
les deux témoins... Voilà qui est surprenant : si l'homme avait dit
qu'il avait observé l'objet dans la direction opposée à celle de sa
compagne, Mesnard n'aurait pas manqué de le signaler, au lieu de se
contenter de s'étonner que les deux se soient « trompés d'un
facteur 42 500 » sur la distance ! Et les témoins
eux-mêmes n'auraient pas manqué de se rappeler de ce détail tellement
incompatible avec l'observation par une multitude de témoins d'un objet
unique qui « arrivait de l'Espagne et avait été vu jusque vers
Strasbourg », comme Mme Thébault se souvenait l'avoir appris
en appelant le soir-même (que ç'ait été plutôt le lendemain ou plus tard
encore importe peu) un numéro donné aux infos télévisées !
Il apparaît donc très vraisemblable que le compagnon de
Mme Thébault ait vu l'objet dans la même direction qu'elle-même,
vers le nord-ouest donc. Or, si on se fie à sa position sur le plan, au
nord-ouest la maison obstruait complètement sa vue, d'autant que d'après
le témoignage il se trouvait sur la terrasse (couverte d'après la photo
de la maison) et non dans le jardin. Mais on voit aussi sur la photo que
cette terrasse longe toute la façade sud de la maison, et qu'il y a des
marches tout à gauche pour accéder au jardin. Si on suppose plutôt qu'il
était à cette position, à l'angle gauche de la terrasse, on voit qu'il
avait un angle de vision dégagé de l'ouest jusqu'au au nord.
Par contre, il est dit aussi qu'il a eu son attention attirée par des
lumières alors qu'il se trouvait à l'intérieur de la maison, et il était
impossible qu'il voie la rentrée arriver depuis les fenêtres donnant sur
la terrasse, orientées pratiquement vers le sud. C'est là qu'on aimerait
avoir vraiment son témoignage direct, et si possible d'époque, pour
savoir par quelle fenêtre il a vu l'objet initialement. Si c'est une
fenêtre donnant vers l'ouest, tout colle !
Il a pu avoir son attention attirée dès que l'étage de fusée a explosé,
au-dessus du golfe de Gascogne. La rentrée se trouvait alors à un azimut
de 275°, pratiquement plein ouest, à 5° de hauteur sur l'horizon, et
déjà très spectaculaire malgré une distance de l'ordre de 800 km.
Une minute et demi plus tard, elle culminait au nord-nord-ouest, à 12°
au-dessus de l'horizon, et à une distance de 415 km... Et pour ce
témoin, elle devait disparaître peu après, en passant au nord, cachée
par le mur de la maison.
Il reste à vérifier si la vue était dégagée dans ces directions, surtout
vers l'ouest où la rentrée passait très bas... Ça n'est pas vraiment
évident actuellement (image d'Apple Plans) :
Même si les arbres à gauche ne sont pas hauts (des oliviers ?), ils
devaient limiter la vue au ras de l'horizon ! Mais on est rassuré
en consultant sur Géoportail une photo aérienne d'époque (1989) :
J'ai indiqué les positions des témoins par des croix bleues. On constate que
la vue depuis la maison était parfaitement dégagée vers l'ouest, et la
haie et les arbres assez proches au nord-ouest ne devaient pas gêner la
vue de la rentrée alors qu'elle était au plus haut... On voit bien aussi
sur cette photo les trois petits pins dont parle Mme Thébault, qui
ont bien grandi depuis !
Bref, malgré quelques imprécisions et exagérations inévitables après
autant de temps, tout indique que c'est bien la rentrée atmosphérique
qu'a observée ce couple.
Montgeron (Essonne) :
Une durée attestée de 18 minutes, par le témoin Claude Lavat
ufologue assez connu. Et comme d'habitude lorsqu'il y a un détail franchement contradictoire
avec la rentrée atmosphérique, il y a des incohérences concernant
justement ce détail particulier.
Joël Mesnard a évoqué cette
observation dans l'émission « Bob vous dit toute la vérité »
du 5 novembre 2013, en ces termes :
Chaque observation dure en moyenne pas très longtemps... Il y a une
exception remarquable, j'en ai dit deux mots tout à l'heure, c'est
celle de Montgeron. Donc Claude Lavat, ingénieur à l'aéroport de
Paris, voit la chose pendant vingt minutes. Or je connais bien Claude,
c'est un ami je le connais comme s'il était un frère, et je peux vous
dire que s'il parle de 20 minutes, bon c'est peut-être 18, mais
c'est pas 30 secondes ! D'autant qu'il n'était pas seul.
Le témoin Claude Lavat n'est en effet pas un inconnu dans le monde
ufologique. Il est notamment cosignataire d'une « lettre
ouverte au Président de la République » adressée en 2008 à
Nicolas Sarkozy, insistant sur la nécessité d'une étude approfondie des
ovnis dans l'éventualité d'une intrusion extraterrestre.
En 2010, il a publié « Ovnis : l'hypothèse extraterrestre
généralisée », aux éditions
ABM. On y découvre qu'il s'intéresse aux ovnis depuis très
longtemps, et qu'il est tout à fait convaincu qu'il s'agit de la
manifestation d'une intelligence extraterrestre. On peut trouver sur
Internet le
manuscrit de ce livre, pas tout à fait finalisé et sans les
illustrations et annexes.
Voici comment il raconte son observation :
Ce lundi 05 novembre 1990, mon épouse Elyette, ma fille cadette Katell
et moi-même sommes réunis au 1er étage de notre domicile
situé à Montgeron dans l'Essonne. Position GPS :
lat N : 48°42'22",5 — long. E : 2°26'44",5.
Soudain, Katell et moi-même nous nous précipitons sans raison connue
vers la porte-fenêtre donnant sur le sud.
Quelque part dans la pièce, une radio fait retentir le carillon de
19 heures sur Europe 1.
Nous voyons alors émerger au-dessus du toit d'une maison voisine (au
sud-ouest de notre position), une formation lumineuse composée d'un
ensemble de points dont la silhouette globale me fait évoquer dans un
premier temps, la partie antérieure d'un Boeing 747, vu depuis la
gauche et se déplaçant vers l'est. Mais rapidement, je rejette cette
explication : la disposition et la couleur des points lumineux ne
correspondent absolument pas aux feux de navigation d'un 747 ou de
tout autre avion.
En une trentaine de secondes environ, l'ensemble du phénomène lumineux
sera arrivé à notre plein sud. Je commence alors à faire des relevés
angulaires, à l'aide d'une règle graduée tenue à bout de bras. Pendant
ce temps, à ma demande, Elyette recherche un caméscope ou un appareil
photographique que nous ne réussirons pas à trouver pendant toute la
durée de l'observation. L'ensemble du phénomène continue son évolution
vers l'est, et apparaît très nettement formé d'une vingtaine de points
lumineux couleur jaune sodium (comparaison faite avec la lumière issue
d'un lampadaire proche), ensemble d'où partent des traînées lumineuses
horizontales et verticales (voir dessin joint).
La dimension angulaire horizontale de la formation est de
15° ± 0,5°. Un objet (au sens optique du terme) central de
forme circulaire et plus lumineux que les autres a une dimension
angulaire de 1° ± 0,5°. À ce moment
(19 heures 05), l'ensemble du phénomène a l'aspect d'une
ville éclairée, survolée de nuit à haute altitude (les points lumineux
représentant l'éclairage public).
Nous remarquons tous l'extrême « rigidité » apparente de
l'ensemble des objets qui semblent appartenir à un même
« engin » : les positions relatives sont constantes,
les trajectoires sont horizontales, rectilignes, ne laissant
apparaître aucune courbure.
Nous sortons alors sur le balcon afin de mieux observer ce phénomène.
Des faisceaux lumineux dirigés vers le sol sont visibles.
Je continue à faire des relevés angulaires. Le site de l'objet
principal est mesuré à 40° ± 1°. Pendant ce temps, nous
entendons le journaliste d'Europe 1 citer des auditeurs témoignant
observer en ce moment-même des phénomènes lumineux ressemblant à ce
que nous voyons actuellement, et ce dans la région de Bourges (voir
aussi annexes A5, A6 et A7).
Excepté nos commentaires et le son de la radio, le silence est total
et « impressionnant », presque solennel.
À 19 heures 18 minutes ± 1 minute, le phénomène
continuant sa progression vers l'est, disparaît de notre vue, masqué
par des immeubles.
La durée totale de l'observation a été de
18 minutes ± 2 minutes (l'incertitude des mesures
de temps peut s'estimer à 1 minute pour le carillon
d'Europe 1 et à 1 minute pour ma montre). Je vérifierai par
la suite la valeur de ces incertitudes.
COMMENTAIRES
* critique interne : la précision dans la chronologie des
faits et l'aspect du phénomène sont confirmés par 3 témoignages
identiques. À cette époque, ma vue était excellente, et j'étais
habitué à observer le ciel de nuit, en tant qu'astronome amateur
depuis 35 ans et du fait de mes activités professionnelles et
autres. Je n'aurai pas le réflexe contrairement à ce qui s'était passé
lors de l'observation du 14 juillet 1984, de rechercher d'éventuelles
perturbations radioélectriques, absorbé que j'étais par mes relevés et
aussi la beauté du spectacle, ni même à écouter le trafic aérien local
et régional (j'ai toujours à « portée de la main » un
émetteur-récepteur VHF portatif, couvrant les fréquences
aéronautiques).
À noter aussi que ma fille Katell, a par contre eu le réflexe de faire
le dessin ci-joint.
Observation du 5 novembre 1990
* critique externe : à défaut de déterminer la nature du
phénomène, on peut établir ce qu'il ne pouvait être :
Certainement pas une rentrée de satellite ou de tout autre objet
balistique faisant une entrée atmosphérique et ce pour les raisons
suivantes :
a : la durée du phénomène de
18 minutes ± 2 minutes en totale incompatibilité
avec l'application des lois de KEPLER. Je sais par la théorie et
l'expérimentation (pratique des communications radioélectriques par
satellites défilants) que cela est impossible : la durée maximum
d'évolution d'un satellite à l'intérieur de l'horizon visuel ou
radioélectrique UHF est de 8,5 minutes à une altitude de
150 kms ;
b : l'aspect visuel du phénomène : les trajectoires
rectilignes et horizontales sur un parcours de 90° d'ouverture sont
incompatibles avec celles d'un objet balistique, qui de surcroît
serait en phase de freinage atmosphérique intense. Et surtout la
présence de faisceaux lumineux dirigés vers le sol.
Ayant pratiqué l'observation astronomique depuis l'âge de 14 ans,
j'ai assisté de nombreuses fois à la rentrée atmosphérique de
satellites artificiels et de bolides naturels, et en 1990, ma vue
était encore particulièrement bonne et exercée...
« Il faut terroriser les terroristes » (Charles PASQUA).
Faudra t-il « déboulonner les déboulonneurs » ?
OVNIS : L'ÉVIDENCE
Le caractère ovnien du phénomène s'est imposé à moi
« immédiatement » sinon pourquoi aurais-je fait des relevés
chronométriques et angulaires ? Survint juste après
l'observation, et issu directement d'une logique
« basique » : une remarque silencieuse :
« ils sont gonflés ! » : « ils »
désignant nos visiteurs : ce qui était évident pour moi devait
l'être aussi pour bien d'autres en violant ainsi le principe de non
ingérence que j'avais en « stock » quelque part dans ma
mémoire. C'est à ce moment précis, pendant l'observation, que surgit
le concept de la « tactique du faufilement » sous son
expression anglaise de « slip in behaviour ».
L'explication donnée précipitamment par le SEPRA « urbi et
orbi » dès le 07 novembre 1990 d'un satellite GORIZONT faisant sa
rentrée atmosphérique ne tient pas.
Ayant par ailleurs recueilli le témoignage d'observations du phénomène
faites par des membres de ma famille se trouvant près de Gien
(CHATILLON-COLIGNY) et ayant vu ce phénomène passer à leur verticale,
j'ai extrapolé les observations angulaires pour en déduire des données
linéaires (en supposant qu'il s'agit bien du même phénomène). (À
150 km environ de Montgeron).
Cela donne :
Dimension horizontale de la formation :
15 kms ± 0,5 km.
Diamètre de l'objet central :
1,5 km ± 0,5 km.
Altitude de la formation : 125 kms ± 15 kms.
Par ailleurs, je crois savoir que le commandant GRESLÉ, alors pilote à
AIR France, a observé un phénomène similaire non loin de là, depuis le
département de La Seine-et-Marne.
À noter aussi : les 400 témoignages enregistrés dans toute
la France par la Gendarmerie Nationale qui seraient maintenant au
nombre de 600 (échange téléphonique avec J.-J. VELASCO).
Donc, en ce qui concerne l'explication « officielle » donnée
par le SEPRA, il ne peut y avoir que deux raisons possibles que chacun
aura évidemment devinées, par un raisonnement élémentaire s'appuyant
sur la logique du tiers exclu qui fait que toute proposition est vraie
ou fausse. La conclusion du syllogisme constitue un élément-clé dans
la question de la perception du phénomène ovnien dans la société.
Enfin, on peut indiquer le fait que Katell et moi-même avons été
impérativement « attirés » sans motif connu vers la fenêtre
côté Sud, offrant une vue sur le phénomène. À noter également,
l'impression d'assister à une démonstration ostentatoire, et même
provocatrice.
Franck MARIE remarquera dans son remarquable ouvrage consacré à ce
phénomène du 05 novembre 1990, la fréquence élevée de ces deux aspects
rapportés par beaucoup des 400 témoins connus à l'époque, de même que
le nombre élevé de coïncidences de toutes sortes caractérisant ce
phénomène.
Ma dernière remarque concerne la coïncidence chronologique du
phénomène avec une rentrée de satellite, mais ailleurs (avons-nous
affaire à une tactique de camouflage par mimétisme souvent observée
dans les manifestations du phénomène ovnien, voir aussi paragraphe
4.3 : La tactique du faufilement).
Suit la recopie des délires de Franck Marie sur des
« coïncidences » concernant les noms et les lieux
d'observations, qui démontraient juste la méconnaissance totale de ce
dernier en probabilités et même en géométrie élémentaire (il trouvait
par exemple des alignements horizontaux de points modulés par
intervalles de 5 centigrades de latitude, alors qu'il était
incapable de convertir correctement les degrés en grades !)
En annexe, Claude Lavat reproduit deux courriers qu'il a adressés en
2005 et 2006 à ce sujet... Le premier, à Jean-Jacques Velasco du Sepra
(ça n'était pas encore le Geipan) :
Monsieur,
Suite à notre trop court entretien lors de notre rencontre le 23 avril
à CHARTRES, je vous transmets ci-joint un extrait de mon livre en
préparation : « HIC SUNT LEONES OU L'HYPOTHÈSE
EXTRATERRESTRE GÉNÉRALISÉE », extrait dans lequel je relate mon
observation du 05 novembre 1990.
La question que je pose et que je me pose à la fin de ce paragraphe de
mon futur livre concernant le rôle du SEPRA, résulte des faits
suivants :
1 — Concernant les observations, le CNES/SEPRA ne donne pas
à ma connaissance d'explication cohérente et compatible avec nos
connaissances scientifiques et les observations faites de ce qui s'est
réellement passé le 05 novembre 1990.
Il y a trop de témoignages bien documentés et dignes de foi qui font
remettre en cause l'explication officielle d'une rentrée atmosphérique
d'un objet balistique.
... Suivent des considérations générales et la mention d'une autre
observation qu'il a faite le 14 juillet 1984.
Le second courrier est adressée à Europe 1 :
Monsieur le Secrétaire Général,
Je termine actuellement l'écriture d'un livre intitulé « HIC SUNT
LEONES OU L'HYPOTHÈSE EXTRATERRESTRE GÉNÉRALISÉE », exposant une
thèse scientifique relative à la nature du phénomène ovni.
Dans un chapitre de ce livre, je démontre que le phénomène aérien qui
s'est déroulé dans le ciel français le soir du 05 novembre 1990, ne
peut être expliqué par une rentrée atmosphérique d'un satellite comme
cela l'a été fait précipitamment par le SEPRA, organisme rattaché au
CNES et chargé de collecter via la Gendarmerie Nationale, les
témoignages d'observations de phénomènes aériens non identifiés, mais
très probablement par un phénomène de type ovnien.
Ma démonstration s'appuie sur une observation personnelle de ce
phénomène (observation d'autant mieux documentée que j'étais à
l'époque ingénieur à Aéroports de Paris). Ce phénomène s'est donc
déroulé le 05 novembre 1990, à partir de 19 heures et ce,
jusqu'à 19 heures 45. Pendant toute cette période, de
nombreux témoignages d'auditeurs observant ce phénomène ont été reçus
et diffusés sur votre antenne pendant le journal de 19 heures.
Afin de compléter mon argumentation, il me serait très utile de
pouvoir disposer d'un enregistrement de cette édition du journal
parlé.
Il va de soi que :
1 — Je n'ai pas l'intention par respect de la tranquillité
de vos auditeurs, d'importuner ceux d'entre eux qui auraient donné
leur identité au cours de leur appel téléphonique,
2 — Je prendrai à ma charge les frais de duplication d'un
tel enregistrement ainsi que ceux de son expédition.
Sauf avis contraire de votre part, je citerai dans mon ouvrage en
préparation, l'aide qu'aura pu m'apporter votre station dans l'exposé
de ma thèse.
Dans l'attente de vous lire,
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l'expression de mes
sentiments distingués.
Il n'a reçu aucune réponse à ces courriers.
Examinons le témoignage. Il est très intéressant par la précision des
détails, mais on peut se demander quand il a été rédigé. À ma
connaissance, Claude Lavat ni personne d'autre n'a parlé publiquement de
son témoignage avant les années 2000, soit plus de dix ans après
l'observation. Bien que Joël Mesnard soit un ami intime, il n'a lui-même
apparemment pas connu ce témoignage avant, sans quoi il n'aurait pas
manqué de le rapporter.
On peut aussi s'étonner que Claude Lavat, passionné depuis longtemps par
les ovnis (il dit avoir travaillé vingt ans avec Aimé Michel), qui a eu
la présence d'esprit d'aller chercher une règle pour prendre des mesures
angulaires, n'ait par contre pas pensé à rédiger un rapport tout de
suite et à demander à sa femme et sa fille de faire de même
indépendamment, ce qui aurait assurément crédibilisé l'observation. Pas
de rapport à la gendarmerie non plus, alors qu'il défend l'utilité du
Geipan. Il dit avoir tout de suite été persuadé d'avoir été témoin d'une
manifestation de force des « visiteurs », mais il a gardé
cela pour lui pendant quinze ans ! Tout cela est bien regrettable,
et du coup son témoignage reste peu convainquant, car trop tardif et
relevant d'une personne unique.
Comparons maintenant l'observation avec la réalité de la rentrée
atmosphérique. La direction de passage est bien celle de la rentrée (de
l'ouest à l'est d'après le récit de Claude Lavat, du sud-ouest au
nord-est d'après le dessin fait par sa fille, la rentrée c'était juste
entre les deux), la mention du carillon de 19 h entendu à la radio
au début de l'observation est tout à fait correcte, la rentrée se
trouvait bien au sud-ouest (azimut 210°) à 19 h précises. On
peut trouver sur Google maps la position des témoins, et celle de
la maison au-dessus de laquelle le phénomène est apparu (les coordonnées
géographiques données dans le livre sont fausses, elles donnent en plein
dans des arbres et sans aucune habitation à proximité ayant un balcon
dirigé vers le sud, mais Claude Lavat est dans l'annuaire) :
Et sur Street View, on a une vue à peu près latérale des deux maisons
dans l'axe de l'observation à un azimut de 210° :
Le toit dans cette direction se trouvait donc à une hauteur angulaire
d'environ 14°, et la rentrée atmosphérique se trouvait alors à une
hauteur angulaire de 17°... Elle apparaissait donc au-dessus de ce toit
quelques secondes avant 19 h... Et elle passait au sud précisément
30 secondes plus tard (à 19 h 00' 26") comme c'est
dit dans le témoignage !
La rentrée disparaissait ensuite vers l'est, masquée par les toits
d'autres maisons, environ une minute après le passage au plus près,
après avoir parcouru donc un angle de 120° dans le ciel sur une durée de
une minute et demie. Hormis la durée dont nous allons reparler, c'est
assez en accord avec le témoignage.
En fait, s'ils regardaient sur leur balcon à partir de 19 heures
précises comme Claude Lavat l'affirme, ces trois témoins ne pouvaient
pas la rater.
La hauteur sur l'horizon est juste un peu exagérée, estimée par Claude
Lavat à 40° alors que la rentrée culminait à 28°. Il est vrai qu'il
indique l'avoir mesurée avec une précision de 1°, et il affirme
d'ailleurs une précision extrême pour toutes ses données, mais
bizarrement il s'agit toujours de chiffres « ronds ». J'ai
donc tendance à penser qu'il surestime un peu la précision de ses
mesures, et qu'une erreur de 12° sur la hauteur angulaire c'est déjà un
bon résultat... La dimension, évaluée à 15° (plus ou moins un
demi-degré !) est quant à elle plutôt sous-estimée en comparaison
avec d'autres témoignages précis en région parisienne (c'était plutôt
25° hors traînées), mais ça reste aussi très correct.
La description évoque aussi tout à fait la rentrée, si ce n'est la
mention de traînées lumineuses « horizontales et verticales »,
alors que celles de la rentrée étaient bien sûr uniquement horizontales.
Mais remarquons que sur le dessin fait par la fille, il y a une seule
traînée verticale (plutôt un faisceau dirigé vers le sol), et toutes les
autres sont horizontales et suivent certains points lumineux... Hormis
ce faisceau, le dessin évoque parfaitement la rentrée atmosphérique,
avec le triangle de lumière de tête et la grosse lumière centrale. C'est
là qu'on aimerait avoir trois témoignages rédigés peu après
l'observation pour savoir quel crédit on peut accorder à ce détail, le
seul qui soit contraire à l'explication par la rentrée atmosphérique,
outre bien sûr la durée d'observation affirmée de 18 minutes !
Voyons donc cette deuxième anomalie, absolument unique dans tous
les témoignages du 5 novembre 1990. C'est encore sur le dessin de
la fille de Claude Lavat que la durée de 18 minutes est mentionnée.
Ça semble corroborer le témoignage tardif, mais il faudrait être sûr que
ça n'est pas justement en relisant ces commentaires de sa fille que
Claude Lavat a annoncé cette durée peu compatible avec le reste du
témoignage : si on lit attentivement, l'objet se serait déplacé
d'un angle de 90° dans le ciel ; il serait apparu au sud-ouest
précisément à 19 h et serait passé au sud trente secondes plus
tard, ce qui est on l'a vu précisément le cas de la rentrée
atmosphérique ; et il aurait disparu à
19 h 18 minutes à la montre du témoin. Cet objet aurait
donc parcouru 45° en trente secondes, puis les 45° suivants en
17 minutes et trente secondes, soit trente-cinq fois plus
lentement ! On s'étonne donc qu'il ne soit pas du tout question
dans le témoignage d'un ralentissement quelconque ! Et on peut
aussi être surpris que durant ces 18 minutes, les témoins n'aient
pas réussi à mettre la main sur un caméscope ou un appareil photo qu'ils
ont pourtant cherché, et aussi qu'ils n'aient pas alerté des voisins
alors qu'ils étaient persuadés d'assister à quelque chose de fabuleux...
C'est long 18 minutes ! Je suis tenté de penser que ces 18
minutes mentionnées sur le dessin correspondent à la durée pendant
laquelle la station de radio a diffusé des témoignages d'auditeurs,
donnant l'impression que le passage du phénomène était étalé dans le
temps.
Bref on peut avoir de gros doutes sur cette durée extrême, et en dehors
de cela nous avons une description très précise de la rentrée
atmosphérique.
Notons que Claude Lavat a estimé une altitude assez correcte pour le
phénomène (125 km alors que celle de la rentrée était de l'ordre de
90 km), en recoupant son témoignage avec celui des membres
de sa famille qui ont vu passer le phénomène au zénith à Gien, un peu au
nord de sa position. La rentrée ne passait pas vraiment au zénith
là-bas, puisqu'elle culminait à 54° de hauteur sur l'horizon, mais il
trouve tout de même un résultat assez proche de l'altitude réelle de la
rentrée (il se trompe par contre en calculant la dimension du phénomène,
qui serait de 50 km, et non 15, à la distance calculée, pour une
dimension angulaire de 15°). Claude Lavat a donc bien compris que le
phénomène passait à très haute altitude, de l'ordre de celle de la
rentrée atmosphérique, il est donc assez incompréhensible qu'il rejette
l'explication. Il nous dit que c'est en raison de la trajectoire
« non balistique » du phénomène, ce qui relève d'un manque de
connaissances sur les rentrées atmosphériques puisque celles-ci suivent
des trajectoires pratiquement horizontales comme ce qu'il a observé, et
bien sûr de la durée... Mais s'étant quelque peu renseigné sur les
autres témoignages, il aurait peut-être dû justement s'étonner d'être le
seul à avoir fait son obervation sur une durée aussi extrême !
Bref malgré ces quelques anomalies il n'est guère douteux que Lavat ait
observé la rentrée atmosphérique.
Conclusion : Une vague sans ovnis
Il est temps de faire le bilan de ces 52 observations que Joël Mesnard
considère comme des preuves qu'il y a eu le 5 novembre 1990 une vague de
phénomènes mystérieux d'ampleur exceptionnelle, outre une rentrée
atmosphérique d'étage de fusée. Sur ce total de 52 cas résultant d'un
« tri extrêmement sévère », nous trouvons :
3 cas qui se rapportent à la rentrée atmosphérique plus autre chose
n'ayant rien de très mystérieux (respectivement une étoile, la lune et
un hélicoptère) : Sauzet,
Neufgrange,
Villavard.
2 cas qui se rapportent à la rentrée atmosphérique plus peut-être
autre chose de non identifié mais peu spectaculaire : Périgueux,
Bourg-en-Bresse.
39 de ces témoignages ont sûrement été rapportés très tard (ça n'est
précisé que dans 15 de ces cas, ce qui dénote un total manque de sérieux
du dossier), après au moins six mois et souvent plusieurs années,
quelquefois vingt ! Dans 9 de ces cas, il y a une version beaucoup moins
tardive du témoignage dont Mesnard ne tient pas compte et qui est beaucoup
plus conforme à la rentrée atmosphérique.
Intéressons-nous aussi au nombre de témoins :
24 cas impliquent un seul témoin.
Dans 14 cas (Cuhem, Oléron, Suresnes, Neufgrange, Paris-Porte de
Gentilly, Melun, Chalonnes-sur-Loire, Montignac, Bétheny, Verzenay,
Élancourt, Tarnos, Eygalières, Montgeron), il y avait plusieurs
témoins, mais un seul a témoigné.
Dans 6 cas (Linas, Gretz-Armainvilliers, Vergt-de-Biron, Mulhouse,
Paris rue Melingue, Épernon), plusieurs témoins ont rapporté leur
observation, mais un seul mentionne quelque chose d'étrange.
Dans 2 cas (Brétigny-sur-Orge, Vieux-Condé), on n'a pas de
témoignages séparés pour les détails anormaux.
Dans 4 cas (Périgueux, Bourg-en-Bresse, Mansac, Villavard), il y a
plusieurs observations indépendantes, et les seules qui présentent des
détails anormaux relèvent d'un unique témoin.
Dans 1 cas (Mauriac), la principale anomalie, qui était pourtant
attestée par les deux témoins, relevait d'une erreur.
Et enfin dans le cas de Thugny-Trugny, deux des trois témoins ont
fait une déposition à la gendarmerie décrivant tout à fait
correctement la rentrée atmosphérique, et c'est dans un témoignage
fait dix ans plus tard par l'un d'eux que les principales
« anomalies » apparaissent !
Donc, sur ces 52 cas résultant d'un « tri sévère » des
observations les plus convaincantes, et dont la moitié impliquent
plusieurs témoins, aucun où des anomalies par rapport à
la rentrée seraient mentionnées par plusieurs témoins d'un groupe !
Dans tout cela, je ne vois guère que six cas qui pourraient s'avérer
intéressants : celui de Vert-le-Grand se détache parmi ceux qui
s'expliquent sans doute par la rentrée atmosphérique, ceux de
Bourg-en-Bresse, Élancourt, Montsoreau et Saint-Raphaël pour la direction
anormale, et celui de Montgeron pour la durée affirmée... Mais ils ne sont
tout de même pas très convaincants compte tenu du faible niveau de
l'enquête, et quoi qu'il en soit six cas ne font pas une vague !
La question est donc de savoir s'il y a suffisamment de cas inexpliqués
pour que l'on puisse considérer que « l'activité ufologique »
a été supérieure à la moyenne ce jour-là, qu'il y a eu une véritable
« vague du 5 novembre »... A-t-on recueilli des cas qui
prouvent que d'authentiques ovnis ont « parasité » une rentrée
atmosphérique ? C'est une idée qui me plaît beaucoup, mais pour
l'instant ma seule conviction est que l'on n'aura pas la réponse à ces
questions tant que les enquêteurs refuseront obstinément d'admettre la
réalité de la rentrée atmosphérique et d'y confronter leurs
témoignages !
Aujourd'hui, après avoir réaxaminé bon nombre de cas présentés par les
défenseurs de cette « vague » comme des « évidences »,
je dirais que non, il n'y a manifestement pas eu de vague d'observations
inexpliquées le 5 novembre 1990, et les notions de
« parasitage » et de « mimétisme » sont à ranger parmi
les fantasmes de l'ufologie... Dommage, c'était une belle idée, mais
l'étude des ovnis n'en garde pas moins tout son intérêt.
Joël Mesnard en rajoute une couche
Depuis la parution de son dossier en 2000, Joël Mesnard a encore beaucoup
parlé de la vague de 1990... Nous avons vu qu'il a présenté un certain
nombre d'observations nouvellement parvenues à sa connaissance dans le
numéro 388 de LDLN, paru en décembre 2007. Il notait aussi dans ce
numéro :
Dix-sept ans après les faits, il n'est sans doute pas trop tard pour
vérifier aux sources une bonne partie des témoignages qui indiquent la
présence, ce soir-là, d'autre chose que la rentrée atmosphérique. Nous
ignorons pourquoi ce travail n'a pas été fait, alors que la France était
dotée, pendant toutes ces années, d'un organisme officiellement chargé
d'étudier les ovnis. LDLN n'a à aucun moment été sollicitée pour fournir
le moindre renseignement destiné à faciliter une contre-enquête. Au
contraire, chaque fois que nous avons tenté d'attirer l'attention sur le
problème, l'explication officielle est la seule réponse que nous ayons
obtenue.
J'ai moi-même beaucoup critiqué le « service officiel » dans sa
gestion de l'affaire, mais on doit aussi lui reconnaître certaines actions
intéressantes... Mesnard oublie de mentionner que depuis que ce service a
été renommé Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes
aérospatiaux non identifiés (Geipan), il s'est attaché à rendre publics
les rapports de gendarmerie engrangés depuis sa création, parmi lesquels
on trouve ceux du 5 novembre 1990... Et nous avons vu que dans un certain
nombre de cas que Mesnard continue à considérer comme des
« évidences », ces témoignages souvent faits quelques jours
après l'observation apportent un éclairage nouveau qui va en général dans
le sens de l'explication par la rentrée atmosphérique... Voir les cas de
l'île d'Oléron, Thugny-Trugny, Vergt-de-Biron, Gretz-Armainvilliers,
Villavard. Et autant que je sache Joël Mesnard n'a pas mentionné un seul
de ces rapports de gendarmerie, c'est donc plutôt lui qui ne cherche
jamais à faire la moindre vérification « aux sources », aux plus
orignelles en tout cas...
Dans ce même numéro et le suivant, il parle aussi de la vague très
similaire qui a eu lieu dans la nuit du 30 au 31 mars 1993, et qui est
encore considérée par un certain nombre d'ufologues en France comme en
Angleterre comme un autre exemple flagrant de « parasitage »
d'une rentrée atmosphérique... Je ne reprendrai pas les arguments en
détail parce qu'il s'agit d'une sorte de réplique du 5 novembre 1990 mais
à moindre échelle, du fait que la rentrée impliquée a eu lieu cette fois à
deux heures du matin.
L'article reproduit dans LDLN est celui de Luc Chastan de Base
OVNi France, qu'on trouve aussi sur
son site (dont on peut du reste saluer le travail). Disons que comme
dans le cas du 5 novembre 1990, il y a une grande majorité des témoignages
qui décrivent plutôt bien la rentrée atmosphérique, quelques-uns qui sont
un peu fantaisistes, quelques-uns aussi qui concernent autre chose pas
forcément très mystérieux... Et on trouve aussi la même carence en
indications concernant la date des témoignages, le nombre de personnes qui
ont témoigné lors des observations en groupe, etc. Luc Chastan s'étonne
aussi qu'on ne trouve aucun témoignage relatif à cette nuit sur le site du
Geipan, alors que du fait de l'heure tardive un certain nombre de témoins
étaient des gendarmes. C'est effectivement regrettable, et on ne peut
qu'espérer que ça sera corrigé et que ça permettra d'y voir plus clair
dans cette autre affaire de rentrée prétendument
« parasitée »...
Pour en revenir à la vague de 90, Joël Mesnard écrivait dans le numéro 394
de LDLN, de juin 2009 :
Avec le cas de Kehlheim (comme avec celui de Neuilly-Plaisance), il
devenait évident que le « gros de la vague » avait été précédé
de quelques apparitions qu'on peut qualifier d'annonciatrices. Les
événements du 5 novembre présentaient donc la structure caractéristique
d'une vague d'ovnis, avec une montée dans le temps, un fort pic
d'activité, et une retombée progressive.
Pour moi le fait qu'il n'ait pas trouvé « d'évidences » plus
convaincantes que ces deux cas montre bien au contraire qu'il n'y a pas eu
de « vague d'ovnis » ce soir-là : une observation
(Neuilly-Plaisance qui est probablement le cas de Villemomble,
tout près) où le témoin qui parle des années après son observation ne se
rappelle pas du tout de la date mais est censé connaître parfaitement
l'heure parce qu'il se souvenait que la nuit n'était pas tombée, et une
observation (à Kelkheim,
ou Kelheim d'après les numéos récents, une autre ville allemande dans une
toute autre région, mais ça n'a pas une grande importance puisque de toute
façon cette observation n'a vraiment rien à voir avec la
« vague ») d'un objet insignifiant par rapport aux autres
observations de la soirée. Des observations d'ovnis, il y en a tous les
jours qui sont signalées en France et plus encore en Europe, et bien sûr
on en signale encore plus lorsqu'il y a une vague d'observations très
médiatisée... Alors bien sûr on a pour cette soirée des observations de
météores, d'avions, de la lune, ou d'autres objets triviaux que les
témoins n'ont pas reconnus, et il y a toutes les raisons de penser que le
cas de Kelkheim compte parmi ces méprises banales. Et même s'il s'agissait
d'une authentique soucoupe extraterrestre, ça ne validerait pas la réalité
de la « vague » !
Aucune réaction à mon texte initial depuis sa parution en 2011, que j'ai
bien sûr signalé à LDLN... On continue par exemple
imperturbablement à présenter le cas de Montreuil-Juigné comme un exemple
de ceux où la rentrée passait dans le dos du témoin, alors que toutes les
indications géographiques sont fausses !
Outre ses textes dans LDLN, Joël Mesnard est intervenu
régulièrement dans des webradios. Le 24 mai 2013, il était interviewé par la
chaîne internet ODHTV... Voici ce qu'il y disait sur la vague du 5 novembre 1990 :
Bien sûr il y a l'exemple du 5 novembre 90 qui est l'exemple qui vient
tout de suite à l'esprit, puisque c'est un événement formidable,
colossal, avec un nombre considérable de témoins qui ne demandaient, et
dont certains ne demandent encore, qu'à raconter ce qu'ils ont vu, mais
il y a eu d'autres cas que ce 5 novembre 90. D'abord pour le 5 novembre
chacun sait qu'il a fait l'objet de dénégations véhémentes : on est
prié de croire qu'il s'agissait d'une rentrée de satellite ! Alors
il y a un certain nombre de dizaines de témoins qui peuvent aujourd'hui
encore expliquer l'aspect que présentait cette rentrée de satellite,
hein... C'est-à-dire, vous avez à Villavard quelque chose qui plonge sur
le témoin, le témoin croit que ça va lui tomber dessus, la chose vient
du sud-ouest en descendant et en s'approchant très rapidement. Alors le
témoin croit qu'il est mort, il se dit « ça y est, ma dernière
heure est arrivée », et puis comme rien ne se passe il regarde et
il voit que la chose est partie sur le plateau derrière lui, passe
derrière un relais de télécommunication, revient devant lui, et
s'éloigne vers le sud-est... C'est une rentrée de satellite, ça ?
J'ai pas l'impression ! Or le même soir à la même heure, des cas
aussi formidables que ça, j'en ai publié dans LDLN pas loin de
50 maintenant. Ça comporte également un cas de trajectoire avec deux
angles très marqués, ce qui n'est pas vraiment cractéristique d'une
rentrée de satellite, si j'ai bien compris. Et ça comporte des cas dans
lesquels les gens voient le phénomène sous un angle monumental : à
Soissons, ce soir-là, soir du 5 novembre 90 vers 19 heures, il y a un
témoin, monsieur Katz, qui explique qu'il voyait défiler des lumières
dans le ciel, sur une trajectoire grosso modo
sud-ouest/nord-est, et que ça continuait à apparaître sur sa droite
alors que les premières disparaissaient à l'horizon nord-est... Pas à
l'horizon nord-est, derrière des immeubles, puiqu'il était au centre
ville. Mais ça remplissait tout son champ visuel. Et il y a des gens qui
ont vu des structures qui remplissaient tout leur champ visuel. Et des
cas comme ça, des cas pour lesquels l'explication officielle est
risible, hautement risible, hilarante, il y en a à ma connaissance une
cinquantaine. Disons au bas mot 45.
Rien de nouveau, les observations à Villavard et Soissons, on en a parlé,
et le cas de « trajectoire avec deux angles très marqués »
aussi, il y en a même trois, tous aussi peu convaincants :
Gretz-Armainvilliers, Linas et l'Isle-Adam.
Plus récemment encore, les 5
et 7
novembre 2013, Joël Mesnard a consacré trois heures à la vague de 1990 sur
la Webradio « Bob vous dit toute la vérité »... Lorsque j'ai
fait cette mise à jour, ces émissions étaient facturées 1 € chacune,
ça n'avait rien d'excessif... Depuis « Bob » a changé sa
politique et demande un abonnement d'un an à raison de 10 € par mois
pour avoir accès aux anciennes émissions. Donc vous devez payer 120 €
même s'il n'y a qu'une ou deux émissions qui vous intéressent, autant dire
que je ne parlerai plus des émissions de « Bob vous dit toute la
vérité » !
Dans la première émission, Mesnard commence par expliquer que la grande
majorité des observations de cette « vague » ont eu lieu entre
18 h 45 et 19 h 15, et cite quelques exceptions :
— À Kelkheim, en
Allemagne, où « un objet en forme de triangle isocèle relativement
pointu, sombre, suivi de traînées », a été observé à
17 h 30. Il oublie juste de préciser que cet objet qui n'avait
effectivement rien à voir avec la rentrée atmosphérique avait une
dimension angulaire estimée à un quart de degrés, c'est-à-dire minuscule.
— À Villemomble,
où « là c'est à 18 heures, on est sûr de l'heure parce que le
témoin [...] était chauffeur de bus à la RATP [...] donc il sait
parfaitement à quelle heure il est arrivé chez lui, parce qu'il avait
l'habitude d'arriver à cette heure-là, et il dit qu'il est rentré à
18 h. » Pourtant dans l'enquête que Joël Mesnard avait publiée
dans LDLN n° 360 il était écrit : « La nuit allait
tomber. On peut donc supposer que c'était aux environs de
18 h. » Et puis il invente une « immobilité absolue pendant
au moins trois minute et demie », confondant sans doute avec le cas
de Neuilly-sur-Marne !
— À Paris
sur le Périphérique intérieur, un cas entre 0 h 30 et 1 h
du matin, donc le 6 novembre, « un nuage triangulaire de petits
tubes lumineux et de points lumineux, les tubes étant rangés dans le sens
du mouvement [...] qui se déplace pointe en avant, de la gauche vers la
droite des témoins, donc grosso modo du sud vers le nord ».
Curieusement, dans le compte-rendu initial (il est difficile de parler
d'enquête concernant une courte conversation téléphonique avec un seul des
deux témoins une dizaine d'années après l'observation), il était écrit que
les « tubes » étaient disposés perpendiculairement à la
direction du mouvement, et que celui-ci se faisait du nord au sud !
Pour ma part j'hésite encore sur le classement de cette observation de
quelques secondes : rentrée atmosphérique décrite de façon très
déformée et grosse erreur sur l'heure, ou autre chose ?
— « Et puis il y a encore des cas le lendemain matin, notamment l'île
de Noirmoutier. »
J'ai expliqué ici qu'il me paraissait vraisemblable que cette observation
évoquant bien la rentrée atmosphérique mais juste 12 h plus tard
résulte d'un malentendu entre l'enfant témoin qui aurait observé la
rentrée à 7 h du soir comme tout le monde, et ses parents qui
auraient cru qu'il avait fait son observation à 7 h du matin. Mesnard
préfère croire à la soucoupe volante mimétique, faites votre choix.
Au sujet de l'observation à Paris, répondant à une question de
« Bob », Mesnard fait un aparté en indiquant « qu'on ne
peut pas évaluer la distance d'un phénomène dont on ne connaît pas la
nature si la distance est supérieure à une soixantaine de mètres »,
et explique cela très clairement en détaillant la façon dont nous
percevons le relief. Il termine par :
Mais si un objet est très éloigné — alors « très
éloigné », à partir de 100 m c'est déjà très éloigné —, à
ce moment-là le cristallin n'a pas besoin de beaucoup accommoder sur
l'objet, il se déforme très peu, donc le cerveau ne se rend compte de
rien, et l'angle formé par les axes de visée de vos deux yeux est
tellement petit que là encore le cerveau n'apprécie pas cet angle, il
peut se rendre compte de quelque chose quand l'angle est relativement
important, mais si la chose est lointaine les axes de visée des deux
yeux sont pratiquement parallèles, donc on ne peut pas apprécier la
distance.
C'est tout à fait clair, et tout le monde comprend bien que nous ne sommes
pas équipés pour faire la différence entre 60 mètres et l'infini...
Mais un peu plus tard le même Joël Mesnard oublie tout ce qu'il a dit et
s'enflamme à propos du cas de l'Isle-Adam :
Il y a deux cas formidables de trajectoires aberrantes, à L'Isle Adam
une trajectoire en forme de Z très marquée, et pour la deuxième pointe
du Z le témoin a indiqué une distance de 50 mètres d'elle. Or la
dame qui a vu ça c'était pas une farfelue capable de confondre 50 m
avec 300 km, ça j'en crois pas un mot, c'était une dame qui
occupait des fonctions assez importantes dans une grande société, j'ai
parlé avec elle tout un après-midi, elle confond pas les choses, hein,
elle a les yeux en face des trous, et elle a parlé d'une distance de
50 mètres.
Et au sujet d'un autre cas à Eygalières,
il trouve inconcevable que le témoin ait commis au sujet de la distance un
« facteur d'erreur » de 40 000, une notion complètement
absurde. Il est vrai qu'à Eygalières le témoin estimait la distance à 10
ou 15 mètres, on est donc bien en deçà des 60 mètres limite
d'estimation de la distance par l'être humain... Mais il va sans dire que
cette limite n'est valable que pour une personne ayant une acuité visuelle
parfaite aux deux yeux, ayant une bonne perception du relief, estimant
correctement les distances (et dans ce cas particulier le témoin disait aussi que l'objet
planait juste au-dessus d'un groupe de trois petits pins, lesquels se trouvaient en réalité
à 35 mètres de sa position) et dans de bonnes conditions d'observation...
Je ne vois pas en quoi les fonctions du témoin dans une grande société
constitueraient une garantie pour tout cela !
Viennent ensuite des exemples montrant que tous les témoins n'ont pas vu
la même chose, parce qu'ils décrivent l'objet fort différemment :
Au sud de l'Ile de Groix :
Je vous ai dit deux mots tout à l'heure d'un chalutier, le Elvis, qui
était au sud de l'île de Groix et à l'ouest de Belle-Ile... Alors les
marins-pêcheurs sur ce bateau ont vu un ensemble de lumières disposées à
la périphérie d'un losange. Notons au passage que « les
marins-pêcheurs sur ce bateau » dormaient, seul le capitaine a vu
quelque chose, et ça évoque vraiment beaucoup la rentrée atmosphérique.
Dans l'île d'Oléron :
Les gens ont vu un ensemble de lumières aussi, disposées en forme de
croix, mais une croix comme la croix du Christ, avec une branche plus
longue que les autres, plus des petits points lumineux autour de cette
croix. « Les gens », ce sont juste un automobiliste et son
fils dont seul le premier a témoigné, et la « croix » très
régulière décrite des années après l'observation l'était beaucoup moins
dans le témoignage à la gendarmerie du même témoin, déposé au lendemain de
son observation : un gigantesque losange composé d'une croix
composée de 6 ou 7 lumières d'une grande intensité puis d'une multitude
de petits points composant le corps et placés anarchiquement
c'est-à-dire sans symétrie. Je n'ai vu aucun contour. Ça ressemble
finalement beaucoup à la description du capitaine de l'Elvis, et à tant
d'autres observations de la rentrée atmosphérique depuis la côte ouest de
la France.
Au nord de Bayonne :
Une forme triangulaire sombre avec les côtés lumineux. Les côtés et les
sommets du triangle sont lumineux, les lumières des sommets sont
clignotantes, et la face inférieure paraît gris ardoise. Cette fois
il y a bien des anomalies, mais ça suivait la trajectoire de la rentrée et
ça passait à l'heure de la rentrée.
Pour Joël Mesnard, s'il y a dix pour cent des témoins qui signalent des
détails anormaux par rapport à la rentrée, ça ne peut pas vouloir dire
qu'il y a dix pour cent des témoins pas très fiables, toujours seuls à
relater leur observation et souvent des années plus tard, non c'est la
preuve du « mimétisme » des ovnis :
Et j'espère qu'on va avoir le temps de mettre l'accent sur le fait
qu'il y a eu ce soir-là une bonne quarantaine d'observations qui de
toute évidence ne se rapportent pas à la rentrée atmosphérique
mais qui sont comme des imitations grossières de la rentrée, ou tout au
moins de certaines caractéristiques de la rentrée.
À quoi peut ressembler un témoignage peu fiable, sinon à une
« imitation grossière de la rentrée » ?
Et il cite encore deux exemples :
Vergt-de-Biron
(j'ai retranscrit dans l'étude du cas la totalité de la description de
Joël Mesnard à « Bob vous dit toute la vérité ») : Les
deux témoins voient des lignes de tôle, ils voient la structure de
quelque chose qui ressemble à une construction métallique, ils voient
comme des lignes de tôle, ce sont les termes qu'ils ont employés. Si
vous regardez un avion de près, surtout si c'est pas un avion trop
moderne, vous voyez la limite entre les tôles, et si l'avion est un
petit peu vieux vous voyez bien la limite entre les
tôles. Bon ben là les deux témoins voyaient ça, et c'est précisément
cette présence de séparations entre les tôles, appelons ça comme ça, qui
leur a permis de dire que la face inférieure était ou semblait être
incurvée vers le haut. [...] et sous l'arrière, il y a quelque
chose qui ressemble à un derrick pétrolier. Comme une structure genre
échafaudage, mais échafaudage pointu vers le bas, d'où la comparaison
avec un derrick pétrolier, et il y a ce truc là qui donc pend, la partie
inférieure étant en bas, et de l'extrémité inférieure de ce derrick part
un tube blanc lumineux, très lumineux, parallèle à la direction de
déplacement de l'ensemble mais partant vers l'arrière. Sauf que
contrairement à ce que prétend Mesnard, il n'y a qu'un des deux témoins
qui a « vu » tous ces détails structurels, ou plutôt selon ses
propres termes qui a « cru les distinguer », et le support du
« tube lumineux » n'avait pas du tout la forme d'un
« derrick pétrolier » dans le rapport à la gendarmerie du même
témoin.
Mesnard souligne ensuite que le « méga tube fluorescent »
accroché sous le « derrick », seul de ces détails qui ait été
décrit par le second témoin mais sans derrick, a été aussi décrit dans les
observations de Brétigny
sur Orge et de Gretz-Armainvilliers...
Bien évidemment, et il a été décrit sous une forme ou une autre par des
quantités d'autres témoins, on le voit bien aussi dans la vidéo tournée à
Colmar, et il s'agissait d'une des traînées d'air ionisé caractéristique
des rentrées atmosphériques et particulièrement de celle-ci !
Montreuil-Juigné :
Vous imaginez un octogone un petit peu plus large que haut rempli des
droites verticales et horizontales, qui forment plein de cases farcies
de lumières, de petites lumières, et autour de ça une trentaine de
grosses lumières réparties elles-mêmes sur un contour octogonal qui
entoure le grand octogone. [...] Le témoin qui a été survolé par
cette chose qui est passée à son zénith a affirmé que la chose était sur
une trajectoire sud-nord, autrement dit cette personne tournait le dos à
la trajectoire de la rentrée atmosphérique. Sauf que nous avons vu
au sujet de ce cas que toutes les indications géographiques indiquées par
ce témoin sont complètement fausses, il semble que Mesnard n'ai pas été
mis au courant ou n'en ait tenu aucun compte.
Bref, c'est vrai qu'on trouve beaucoup de descriptions très différentes
pour cette soirée du 5 novembre 1990, mais encore une fois on peut
comparer cela aux témoignages des 32
élèves officiers de la compagnie de Tulle... Il s'agit de 32
personnes qui apprennent justement à faire des rapports précis, qui ont
toutes observé la même chose dans les mêmes circonstances, qui ont rédigé
leur rapport au lendemain de l'observation, qui ont eu le loisir avant
cela d'en parler entre elles... C'est dire qu'elles devaient être bien
plus précises et cohérentes que les témoins souvent isolés, souvent
interrogés après plusieurs mois, années ou même décennies, ayant observé
le phénomène depuis des lieux très dispersés dans toute la France,
sélectionnés parmi des centaines d'autres en raison justement de
l'étrangeté de leur rapport que Joël Mesnard présente comme preuve du
« parasitage d'une rentrée atmosphérique ». Et pourtant, il y a
trois de ces élèves gendarmes qui décrivent ça comme un hexagone, cinq
comme des triangles ou ailes delta, un une formation en V, deux un
rectangle, un un losange, un un avion gros cargo, un un ensemble de cinq
groupes de lumières. Et le tout était accompagné d'une traînée selon sept
d'entre eux, deux selon onze d'entre eux, trois selon quatre d'entre eux,
« plusieurs » sans précision selon trois d'entre eux, aucune
selon sept d'entre eux, plus pour l'un d'eux un projecteur éclairant le
sol sous l'appareil.
Joël Mesnard cite aussi des cas d'objets dont la trajectoire épouse le
relief du terrain : Thugny-Trugny
qu'il ne détaille pas, et Saint
Germain de la Grange qu'il détaille un peu plus (j'ai ajouté ses
commentaires dans l'étude du cas). Mais il ne s'étonne pas du tout
lorsqu'il précise que le témoin tout en conduisant son automobile aurait
suivi l'objet jusqu'à ce qu'il soit pratiquement à sa verticale... Ce
témoin devait être un sacré contorsionniste pour réaliser cette
prouesse !
Il cite ensuite comme anomalie les cas d'immobilité prolongée, en citant
quelques exemples que nous avons détaillés. Disons qu'étant donné la
faible vitesse angulaire de la rentrée atmosphérique et la fascination que
ce phénomène grandiose pouvait exercer, il n'est pas surprenant qu'un
petit nombre de témoins aient cru qu'elle était immobile un certain
temps... Et cela en particulier lorsque ces témoins se déplaçaient
eux-mêmes, et l'impression a bien sûr tendance à être amplifiée lorsque le
témoignage est tardif (ce que l'on vérifie à chaque fois qu'on trouve une
version antérieure du récit du même témoin).
Et il termine cette première émission par l'observation
« colossale » (il aime bien employer ce genre de mot) de Vert-le-Grand.
J'ai rajouté ses commentaire dans l'étude du cas, le fait est qu'il s'agit
d'un des cas, si ce n'est LE cas, où on doit admettre les plus fortes
distorsions de la part du témoin, mais doit-on s'étonner de trouver un
témoin vraiment pas fiable sur plus de cinq cents ?
La deuxième émission, d'une heure, parle finalement assez peu de la vague
du 5 novembre. Mesnard commence par nous donner quelques autres exemples
qui lui paraissent remarquables de « parasitage » de rentrées
atmosphériques : en France les 18 juillet 1967 et 31 mars 1993, et
aux États-Unis le 12 décembre 1987. Étant donné que ces
« vagues » sont des répliques à moindre échelle de celle du 5
novembre 1990 (cette dernière a été particulièrement marquante du fait que
l'heure était idéale et que le phénomène a pris une ampleur inhabituelle
en raison d'une explosion), nous ne reprendrons pas les quelques cas que
Mesnard expose. Disons simplement qu'ils ne sont pas plus convaincants que
la cinquantaine de cas « aberrants » de la vague de 90 qu'il
revendique, et qu'on retrouve une telle marge d'observations un peu
fantaisistes pour n'importe quel phénomène de rentrée atmosphérique ou du
reste de météore (les « chasseurs de météorites » qui tentent
de retracer précisément la trajectoire d'un météore à partir des
témoignages pourraient en citer des quantités d'exemples !)
Mesnard nous fait part ensuite d'un témoignage particulièrement
intéressant, concernant non pas une observation mais une supposée
détection radar, recueilli par Claude Lavat :
Claude Lavat a été contacté ensuite par un collègue à lui qui était à
la vigie de la tour de contrôle d'Orly. Je vous raconte ça parce que la
dernière fois on a parlé du Mirage qui avait décollé de Creil, alors
écoutez bien l'histoire. Ce monsieur dont je dois pas dire le nom était
chef de quart à la tour de contrôle d'Orly, chef de quart à la vigie de
la tour de contrôle, hein, ça doit vouloir dire qu'il surveillait
l'ensemble de ce qui se passait. Le radar a signalé à 19 h à
quelques minutes ou secondes près un écho à l'azimut 180°, ce qui veut
dire plein sud. Donc ce monsieur et ses collègues se sont précipités
dehors, et ils ont vu effectivement des lumières qu'ils ne
s'expliquaient pas. Cette chose produisait une trace sur l'écran du
radar, et sur l'écran du radar vous avez un rayon qui tourne autour du
centre, et chaque écho fixe ou mobile, quand il est balayé par le rayon
tournant, laisse une trace plus ou moins longue une fois que le rayon
est passé. C'est ce qu'on appelle la rémanence de l'écho, et la longueur
de la trace laissée par l'écho permet d'évaluer la taille de l'objet. Et
là les gens de la vigie à Orly ont estimé que la chose pouvait au
maximum, mais c'est quand même un joli maximum, mesurer 1 km. Alors
ils ont considéré, c'était leur métier de le faire, qu'il y avait un
trafic non signalé, non prévu, ils ont vérifié sur des choses qui
s'appelaient à l'époque des strips qui étaient des bandes de
papier, sur lesquelles figuraient tous les plans de vol. Et ils ont
regardé s'il y avait quelque chose qui devait être là à ce moment-là, il
n'y avait rien. Donc ils ont fait un appel à la radio sur la fréquence
121,5 qui est la fréquence des appels d'urgence pour l'aviation civile.
Ils n'ont pas eu de réponse. Alors dans ce cas-là il y a une procédure,
ils ont appliqué la procédure, ils ont appelé la base aérienne 110 de
Creil, et ils ne connaissent pas la suite des événements. Parce que pour
les gens d'Orly, une fois qu'ils avaient alerté la base de Creil, ils
avaient fait leur boulot. Mais je vous ai dit l'autre jour que dans les
journaux de l'époque on trouve trace d'un décollage d'un Mirage très peu
de temps après le passage d'un phénomène lumineux. Alors là on a
probablement l'explication du décollage de ce Mirage, mais on ne connaît
pas la suite des choses.
C'est très intéressant parce que jusqu'à présent j'ai toujours entendu
dire qu'aucun radar n'avait enregitré le passage de cette rentrée, et
surtout pas à Orly... Cela avait d'ailleurs été annoncé au JT de 20 h
sur TF1 au lendemain du phénomène :
Les contrôleurs aériens d'Orly qui pendant une minute ont aperçu un
phénomène lumineux alors que leurs radars ne montraient rien...
Remarquons que s'il y a eu une détection, il n'y avait pas de raison de le
cacher, surtout dans le cas d'un radar civil et concernant un phénomène
observé par des milliers de témoins. Il n'est a priori
pas impossible qu'un radar détecte une rentrée atmosphérique, l'air ionisé
qu'un tel phénomène engendre pouvant selon la fréquence absorber ou
réfléchir les ondes radar. La gangue d'air ionisé qui entourait l'objet le
plus gros devait du reste bien avoisiner la dimension d'un kilomètre
annoncée. Alors il serait très intéressant d'avoir plus de renseignements,
notamment le type de radar concerné... Mais à défaut d'informations
supplémentaires je suis tenté de considérer que ce témoin anonyme qui
parle après vingt ans a confondu deux événements, et que les radars n'ont
rien détecté comme tout le monde l'a dit à l'époque.
Mais détection radar ou pas, il serait normal que les contrôleurs d'Orly
qui ont observé le phénomène aient immédiatement appelé la base de Creil.
Voilà à peu près tout ce qu'il y a à dire sur l'émission de Joël Mesnard
chez « Bob vous dit beaucoup de bobards » pour un prix
exorbitant. Il y a aussi présenté quelques nouveaux témoignages qu'il a
intégrés à sa liste « d'exemples probants », et que nous avons
examinés en détail. Il s'agit toujours de témoignages déposés très
longtemps après l'observation... Il ne faut guère s'étonner que plus le
temps passe, et plus la description s'écarte de celle de la rentrée,
encore que pour beaucoup de ces cas elle reste tout de même très correcte.
Joël Mesnard a encore été interrogé au sujet de la vague pour le magazine
Nexus de janvier-février 2014.
Il y répète qu'il a enquêté sur une cinquantaine de cas totalement
incompatibles avec la thèse du satellite russe, et qui constituent la
preuve la plus flagrante du parasitage de rentrée atmosphérique. Il
nous dit que trois cas en France ont particulièrement retenu son
attention :
— Celui de Vergt-de-Biron (Dordogne) à 18 h 55, où deux
élus locaux voient un triangle présentant une face inférieure concave,
comme du métal avec des rivets, sous la partie arrière, une sorte de
derrick inversé est visible. C'est un appendice vers le sol, fixé sur
une masse d'où part un tube de lumière. Comme d'habitude il ne
précise pas qu'un seul des deux témoins a donné tous ces détails qu'il a
« cru distinguer », ce sont ses mots, l'autre disant simplement
que les étoiles étaient masquées au passage de l'objet.
— L'Isle-Adam (Val-d'Oise), un objet triangulaire, bas et sombre,
fait un virage de 300° et une accélération foudroyante horizontale à
19 heures. Voilà que le virage fait de nouveau 300°, plutôt que
120 comme on le voit dans la reconstitution ! Bien entendu, il ne
précise pas que le témoignage a été fait après plus de deux ans.
— Enfin, à Vert-le-Grand (Essonne), à 19 h 15, un objet
sombre, allongé, de la taille d'un semi-remorque présente trois à cinq
faisceaux lumineux qui s'en échappent et touchent le sol. Le seul
cas vraiment un peu étrange, on est loin des cinquante !
Et il indique en outre que parmi ces affaires, deux se passent en
Allemagne à 17 h 30 et deux en Suisse. Un des cas
allemands est celui de Kelkheim, qui n'a clairement rien à voir avec la
rentrée mais qui est tout à fait insignifiant, l'autre est celui de
Müllheim qui se rapporte sans aucun doute à la rentrée atmosphérique
plutôt bien décrite et à la bonne heure, tout comme les deux cas suisses de Vésenaz et Coppet
enquêtés par le Grepi.
Autres réactions
Quelques réactions ont eu lieu sur Internet...
Sur le site Ufo-scepticisme,
le texte a été bien sûr très bien accueilli, et a suscité une intéressante
discussion sur la comparaison entre le pourcentage de cas inexpliqués
concernant les ovnis en général et cette vague en particulier.
Sur le blog UFOFU,
c'est un certain Analis qui a principalement apporté une
contestation. En prenant pour exemples en particulier les cas de Sauzet,
l'île de Groix, Thugny-Trugny et Vert-le-Grand, il trouve que je n'apporte
que des interprétations aux témoignages, et qu'on pourrait apporter une
interprétation différente qui irait dans le sens de l'ovni... Il a tout à
fait raison, mais la question n'est pas de savoir si j'ai démontré que
dans chacun des cas étudiés les témoins avaient vu la rentrée
atmosphérique, ça n'est pas possible, mais de savoir si l'on peut
s'attendre dans le cas d'un phénomène vu par des milliers de personnes à
une poignée de témoignages impliquant des déformations aussi importantes
que les cas incriminés. Si c'est le cas, tout ce qu'on peut dire c'est
qu'il est très possible qu'il n'y ait eu rien d'autre qu'une rentrée
atmosphérique et quelques autres cas de méprises banales, qu'il n'y a
aucune anomalie avérée ni même suggérée dans cette « vague ».
Analis poste aussi quelques vidéos de rentrées atmosphériques pour montrer
que ces phénomènes ne peuvent pas être interprétés comme des objets
uniques, en raison du déplacement relatif des différentes lumières, mais
j'ai montré qu'il y en a d'autres pour lesquelles une telle confusion est
tout à fait compréhensible. Toutes les rentrées atmosphériques ne se
ressemblent pas.
Et c'est donc sur la liste Magonie que ce texte a suscité le plus
de réactions. Magonie est la principale liste de diffusion ufologique qui
subsiste en français, elle est intéressante parce qu'on y rencontre bon
nombre d'ufologues connus, mais elle n'est pas très portée sur les débats
contradictoires, les sceptiques étant en règle générale fort mal
accueillis. Cette liste étant par ailleurs privée, je ne donnerai qu'un
résumé des échanges au sujet de la vague du 5 novembre 90.
Il y a eu d'abord la réaction de Christian Comtesse, le nouveau
président des Repas Ufologiques, qui me reprochait de ne pas avoir
rencontré les témoins. C'est vrai que je n'en ai pas rencontré beaucoup,
mais je crois bien que lui non plus en ce qui concerne le 5 novembre,
et je me suis sûrement plus déplacé que lui. Dans tous les cas l'idée que
les sceptiques passent leur temps derrière leur ordinateur est une
légende, j'en connais qui rencontrent beaucoup les témoins, et qui sont
même devenus sceptiques à force de les rencontrer ! Comtesse, lui,
quand il rencontre les témoins, commence par clamer partout qu'il est
impossible qu'ils aient vu un avion pour l'un, un ballon pour l'autre, des
lanternes thaïlandaises pour un troisième... Et puis quand il pousse
l'enquête et se rend compte que c'est pourtant ce qu'ils ont observé, il
se félicite d'avoir résolu l'affaire (et c'est vrai qu'il en a résolu
quelques-unes) mais restera pourtant tout aussi confiant dans les
déclarations des témoins suivants !
Plus tard, Comtesse a dit aussi que bien sûr les ufologues savaient qu'il
y avait eu une rentrée atmosphérique, et qu'elle expliquait une grande
majorité des témoignages... Pourtant, il n'arrêtait pas depuis des années
de clamer que le Geipan avec sa thèse de la rentrée atmosphérique
méprisait des milliers de témoignages... Et puis il est clair que pour
lui, chaque témoin qu'il rencontre a vu autre chose que la rentrée
atmosphérique... Il partage d'ailleurs cela avec bon nombre d'autres
ufologues : ils reconnaissent que beaucoup de témoins ont observé la
rentrée atmosphérique, mais tous les témoins qu'ils rencontrent on vu autre chose, c'est sûr !
Comtesse a enfin mentionné le cas d'un « témoin scientifique,
accompagné de personnes du même niveau, qui a observé l'objet pendant
18 minutes »... Mais quand je lui ai demandé des précisions sur
ce cas il a été incapable de me répondre... Bon, 18 minutes, il
s'agit certainement de l'observation de Lavat... qui est ingénieur et pas
scientifique, et qui était accompagné de sa femme et de sa fille (je ne sais
pas quel est le niveau de leurs études scientifiques, mais je pense que
Comtesse ne le sait pas non plus). Quoi qu'il en soit maintenant on a discuté
de cette observation, et encore une fois il n'est pas douteux qu'elle
concerne la rentrée atmosphérique.
J'ai détaillé et discuté de toutes ses déclarations au sujet du 5
novembre, ainsi que celles de son ex-ami Serje Perronnet, sur
le forum ufo-scepticisme. À noter que leurs noms ne sont pas cités,
du fait que ces gens se sont fait une spécialité de se plaindre à
l'hébergeur des sites dans lesquels ils sont critiqués afin que la mention
de leur nom soit retirée (et je précise que Perronnet ne s'est pas prêté à
ce petit jeu, et il a du reste quitté ses anciens associés des Repas
ufologiques en raison de pratiques qu'il désapprouvait)... Et certains
hébergeurs, pour éviter une avalanche de plaintes auxquelles ils doivent
répondre, demandent aux sites concernés d'obtempérer. Il paraît même que
la CNIL trouve le procédé tout à fait normal... Ainsi, ces gens
n'apparaissent plus dans une recherche Google que dans des évaluations
positives... Un autre de ces ufologues prêts à tout pour une
reconnaissance que leurs qualités d'enquêteur ne leur apportera jamais est
Jean-Luc Lemaire, qui se vante même d'avoir pu acheter son matériel
d'astronomie et vidéo en gagnant des procès contre des gens qui le
critiquaient sur Internet... Et il a ainsi pu gagner une notoriété qui lui
a permis d'être sollicité par le Geipan pour former des enquêteurs et
rendre compte de l'actualité ufologique sur Internet ! Comment
s'étonner que l'ufologie soit tombée aussi bas avec ce genre
d'opportunistes dénués de tout scrupule !
Serje Perronnet, ancien Vice-Président des Repas ufologiques (et
qui ne veut plus que son nom soit associé à celui de Comtesse, c'est
noté), est aussi intervenu, lui qui a parlé de la vague du 5 novembre dans
diverses émissions radio... Il n'a pourtant pas enquêté à l'époque (moi
non plus d'ailleurs), mais c'est presque vingt ans plus tard qu'à force de
présenter des repas ufologiques à Albi et Rodez il a retrouvé quelques
témoins dans sa région (et bien sûr il est persuadé, bien qu'il s'en
défende, qu'aucun d'eux n'a vu la rentrée atmosphérique), avec une
observation qui se détache du lot à Aubin... Il nous explique que l'objet
vu par 200 élèves d'un lycée technique et leurs professeurs a été suivi
pendant plus de quarante minutes, et qu'il se déplaçait dans une direction
perpendiculaire à la rentrée... Bigre, c'est du lourd !
Je ne ferai que résumer ce cas puisque j'en ai déjà parlé sur
Ufo-scepticisme... Il y avait bien deux cents élèves et professeurs de ce
lycée, rassemblés dans la cour pour un appel, qui ont vu passer... la
rentrée atmosphérique ! Et les deux témoins retrouvés par Perronnet
la décrivent plutôt bien compte tenu du temps écoulé : elle a été vue
pendant de l'ordre d'une minute, la direction suivie était bonne et la
description correcte...
En rouge, la direction dans laquelle la rentrée a commencé à être visible
depuis le milieu de la cour d'école, et en bleu celle où elle a disparu
une minute plus tard, dans la direction des anciennes mines de charbon
comme l'on dit les témoins.
Mais un des témoins est un professeur d'art qui prétend avoir revu la chose
plus tard, alors qu'il rentrait chez lui en voiture, et qu'elle l'a suivi
pendant une vingtaine de minutes sur une trajectoire nord-sud... Bref,
contrairement à ce que répète Perroqu... net depuis des années, il y a eu
à Aubin une observation collective décrivant parfaitement la
rentrée atmosphérique, et une observation unique de quelque chose qui n'a
rien à voir... De quoi s'agit-il, je n'en sais rien, mais il est bon
d'ajouter que ce témoin disait aussi qu'après son observation ses cheveux
avaient repris de la couleur, qu'il avait des acouphènes, qu'un de ses
amis de la DST lui avait dit qu'il ne devait surtout pas parler de
l'observation parce qu'on avait torturé des témoins pour moins que ça,
etc...
Perronnet a aussi déclaré : « lorsque j'enquête auprès de
témoins, il va de soi que si le témoin me semble être l'objet d'un délire,
je ne prends pas en compte celui-ci ». On se demande ce qu'il lui
faut pour considérer qu'un témoin délire !
Maintenant, Perronnet nous apprend qu'il a eu connaissance d'un autre
témoin, signalé indirectement, qui a fait une observation dans le même
virage que ce professeur d'art lorsqu'il rentrait chez lui... La dame,
dont l'observation a été rapportée par un Suisse résidant en France,
aurait eu une panne de moteur au moment de son observation, et aurait vu
d'autres véhicules arrêtés... Et donc, pour Perronnet, c'est la
confirmation de cette seconde observation du professeur d'art... Il ne lui
viendrait pas à l'esprit que dans toute la France, et donc aussi dans ce
fameux virage, des milliers de gens ont vu un phénomène spectaculaire dont
la réalité ne fait aucun doute, que beaucoup d'automobilistes ont arrêté
leur véhicule sur le bord de la route pour mieux l'observer, et que
certains ont même calé sous l'effet de la surprise... outre le fait
qu'on peut douter de la réalité de tous les détails rapportés, de deuxième
main et après plus de vingt ans, par un étranger (même s'il était
peut-être originaire de la Suisse francophone, le risque d'un malentendu
sur un point de détail n'est pas négligeable).
Et puis, il y a l'affaire du journal télévisé fantôme, que Perronnet
répétait encore sur Magonie le 2 avril 2014 :
Car pour revenir sur l'affaire du 5 novembre 90, je déjeunais encore en
présence de l'un des témoins du LEP d'AUBIN, ce weekend.
Encore une fois, ce témoignage aura été l'un de ceux qui aura marqué les
mémoires des personnes de l'époque, de jeunes gens qui n'avaient à peine
que 16/17 ans.
Au 20H00, ils se sont précipités dans la salle commune où était
installée la télévision.
Ils étaient ce jour-là quelques 200 jeunes étudiants qui venaient de
vivre un des plus grands moments de leur vie.
Ils sautaient de joie quand ils ont entendu PPDA dire sur l'antenne, en
direct, 1H00 à peine après l'événement, que des radars militaires
venaient de surprendre une « armada » d'objets se déplaçant
par bonds successifs sur leur écran radar, dans TOUTE la France !
Ils étaient heureux parce cela confirmait bien ceci.
Ils n'avaient pas rêvé !
L'un d'eux a au moins rêvé cet épisode du journal télévisé, puisque rien de
tel n'y a été dit... Les ufologues qui se sont intéressés tout de suite à
la vague ont bien entendu collecté toutes les déclarations de la presse
écrite et télévisée, et on n'y trouve rien qui puisse s'approcher de cet
épisode purement imaginaire : le journal du soir de PPDA ne
mentionnait pas du tout les obervations, trop récentes, et celui du
lendemain insistait tout au contraire sur le fait que l'ovni n'avait pas
été repéré par les radars, et ne parlait nullement, pas plus qu'un autre,
« d'objets se déplaçant par bonds successifs ». Christian
Comtesse, après avoir répandu la rumeur que ce JT du 5 novembre avait
disparu des archives et parié qu'on ne le retrouverait jamais, a même
perdu une caisse de vin d'Alsace au profit du sceptique
« Nemrod34 » qui l'a simplement demandé par écrit à l'INA... Et
Perronnet, lui, continue à répandre cette légende ! L'anecdote a par
ailleurs le mérite de montrer à quel point un témoignage rapporté
20 ans après les faits peut être déformé.
Perronnet continue ensuite dans le même message à répéter les délires du
professeur d'art, le seul des témoignages qui n'est pas compatible avec la
rentrée atmosphérique... Encore que l'autre témoin ne soit pas non plus
d'une grande fiabilité, puisque c'est lui qui a mentionné le JT
imaginaire, mais il ne faut guère s'en étonner après autant de temps. Et
il ajoute ensuite :
D'autres témoins, une bonne dizaine environ, m'ont aussi écrit pour me
signaler leur témoignage.
TOUS ont décrit le même phénomène, venant du NORD et allant vers le SUD
(avec souvent, un rayon lumineux balayant le sol par moments).
Plusieurs témoins situés sur la commune d'AUBIN, mais aussi sur d'autres
communes, dont celle de MILLAU (80 km à vol d'oiseau environ),
sont formels. Tous leurs témoignages se recoupent très exactement, sans
aucune ambiguïté !
Mais cela, c'est tout simplement faux ! Les témoins d'Aubin comme les
autres qu'il a interrogés, et comme la très grande majorité de l'ensemble
des témoins de cette soirée, ont autant que je sache tous décrit quand ils
s'en souvenaient un phénomène se déplaçant de l'ouest vers l'est. C'est
notamment le cas du témoin de Millau, dont Perronnet parlait dans
la revue Top Secret n° 49.
Je précise que je n'ai rien contre Serje Perronnet qui est quelqu'un de
plutôt sympathique (ce qui n'est pas forcément le cas de certains de ses
anciens amis !), et qui a de véritables talents de conteur... Mais ce
qui m'intéresse c'est l'ufologie, pas les contes ! Perronnet est
resté un digne représentant de Jimmy Guieu et ses amis, qui ne cherchaient
pas trop à faire la différence entre la science-fiction et la réalité...
Pour eux, il ne serait pas surprenant d'être pris dans un vortex
spatio-temporel ou enlevés dans un vaisseau extraterrestre, alors le
moindre événement bizarre est interprété ainsi ! Et c'est une façon
de penser tout à fait respectable, mais qui n'est pas à encourager si on
veut que l'étude des ovnis soit un jour prise au sérieux ! Alors oui
Perronnet est sympathique, oui c'est un très bon raconteur d'histoires,
mais c'est aussi un grand naïf et un très mauvais enquêteur, et quand on
parle comme ici d'enquêtes ufologiques c'est tout ce qui importe et il faut
le dire.
Plus intéressantes ont été les réactions de Thibaut Canuti.
Bibliothécaire, historien de formation, auteur de Un Fait maudit,
histoire originale et phénoménologique du fait ovni et d'une Histoire
de l'ufologie française en deux volumes, Canuti semble plus sérieux que les
repreneurs des repas ufologiques ! En outre, il a donné des
conférences sur la vague du 5 novembre, on pouvait donc espérer qu'il
avait un peu étudié la question, et de plus il semblait alors ouvert à la
discussion...
Il disait qu'il s'était intéressé aux rentrées atmosphériques et avait lui
aussi beaucoup étudié cette vague du 5 novembre, qu'il considérait que la
rentrée expliquait probablement la plupart des cas recensés et qu'il ne
retenait que quelques dizaines de cas irréductibles...
Malheureusement, il s'est vite avéré que ses « connaissances »
de cette vague se limitaient à avoir lu, sans le vérifier, ce qu'avaient
écrit Franck Marie et Joël Mesnard : il croyait que la rentrée avait
traversé la France à 19 h 06 et non 19 h 01,
considérait comme troublants des témoignages comparant l'objet observé à
une « ville volante » alors que ça correspond bien, en dimension
aussi bien qu'en puissance lumineuse, à la réalité, considérait impossible
que tous ces témoins confondent une « gerbe d'étincelles » à
haute altitude avec un objet proche, était persuadé qu'une rentrée ne
pouvait pas être visible pendant plus de deux minutes voire une minute et
demie, affirmait qu'il y avait bon nombre de cas attestés de durées
supérieure à 10 minutes, « des observations sérieuses à des
heures très distinctes de la rentrée », ou des « passages devant
un obstacle » ou sous la couche nuageuse... Bref un panorama complet
du mythe construit autour de cette vague.
Et puis, Canuti est persuadé que le cas du 5 novembre 1990 est
exceptionnel, que toutes les rentrées atmosphériques ne donnent pas lieu à
de telles « extravagances testimoniales »... Mais si on lui en
donne des exemples, si on lui cite un travail de James Oberg qui a
collecté justement des témoignages « aberrants » très similaires
à ceux du 5 novembre mais pour quantité d'autres cas de rentrées
atmosphériques, il ne veut pas en entendre parler et il continue à répéter
ses sottises... La pire étant da sa part : « les sceptiques
expliquent le 5 novembre par une hallucination collective. »
Et finalement, à force de perdre pied, il écrivait qu'il n'avait jamais
prétendu être spécialiste du 5 novembre 90, ni même un ufologue, et
qu'il n'avait pas le temps d'engager une discussion au cas par cas, mais
que tout ça serait discuté dans son livre, le deuxième volume de son
Histoire de l'ufologie française à paraître...
Tout ça était resté très cordial, je considérais la discussion close en
attendant la parution de son livre, jusqu'à ce qu'il fasse allusion à
cette vague dans un message à propos du Geipan :
...quelques ratés immenses, comme le 5 novembre (n'en déplaise à
quelques-uns, pourtant et censément bien informés, qui ne devraient pas
ignorer que même en étant extrêmement rigoureux, il est impossible de se
débarrasser d'au moins une trentaine de témoignages irréductibles à des
causes conventionnelles, à moins bien sûr d'imaginer comme Maillot et
Rossini des hélicoptères silencieux surgissant providentiellement ou des
psychoses passagères et parfois collectives...
M'étant senti visé, j'ai répondu que j'attendais toujours qu'il
cite un seul de ces « témoignages irréductibles » pour qu'on en
discute, et là le ton a changé :
Je ne doute pas que vous puissiez me prouver qu'un éléphant tient
accroché par la queue du bord d'une falaise, je ne doute donc pas qu'il
vous soit possible de ramener tous les cas « exotiques » du
5 novembre à rien du tout, je ne rentre donc pas dans la polémique,
les données existent, vous les connaissez mais ne les retenez pas comme
substantielles ou simplement comme problématiques, c'est votre droit.
Et quelque temps après il a écrit, au sujet du cas d'Aubin
« enquêté » par Perronnet :
À Aubin nous avons donc une hallucination collective (effectivement
l'observation est courte et peut renvoyer à l'observation de la rentrée)
et puis concomitamment bien sûr, une hallucination tout court puisqu'un
témoin, professeur de son état, va s'efforcer de suivre le phénomène et
l'observera durant plusieurs dizaines de minutes. Je rappelle que la
rentrée atmosphérique du 5 nov ne pouvait etre visible qu'1mn30.
... J'appelle tous les étudiants sérieux du phénomène à ne pas se laisser
intoxiquer par le prêche zététique sur le 5 nov et à prendre
connaissance des témoignages. Sur une autre liste, un sceptique notoire
qui intervient ici et que je ne veux pas citer pour ne pas le
stigmatiser écrit que cette vague a été inventée par Joël Mesnard et
Franck Marie, c'est d'une mauvaise foi invraisemblable.
Si je refuse de pinailler cas par cas c'est qu'à la différence des
ayatollahs de la pensée rationaliste (et je connais des sceptiques
— pragmatiques pour le coup ! — qui ont su rester
d'honnêtes hommes tout en ayant leur conviction que le phénomène ovni
relève de ces causes multiples et composites — et je respecte cette
hypothèse —), je ne sais pas ce que sont les ovnis, ceux du
5 novembre comme les autres. Pour autant, je ne méprise pas les
témoignages, les ufologues qui les collectent en m'arcboutant à une
hypothèse qui explique certes la plupart des observations de cette
soirée mythique, mais pas un résidu substantiel de celles-ci.
Là, nos échanges sont devenus beaucoup moins courtois...
J'avoue ne pas aimer être accusé de mauvaise foi par quelqu'un qui a
systématiquement éludé les réponses, et qui prétend maintenant pousser à
l'étude des témoignages alors que c'est toujours moi qui l'ai fait, en les
citant et en les respectant rigoureusement, alors que lui a
systématiquement déformé tous ceux qu'il évoquait ! C'est bien en
étudiant de près les témoignages que j'ai constaté à quel point Joël
Mesnard ou Franck Marie avaient inventé du mystère là où il n'y en avait
pas.
Et c'est en répétant leurs errances que de son côté Canuti s'est forgé ses
convictions... Il suffit de voir comment il a résumé le cas de
Gretz-Armainvilliers, au sujet d'une vidéo de rentrée atmosphérique :
Prétendre sans rire qu'un type comme Greslé notamment, avec douze de
ses camarades dont certains personnels aériens ait pu confondre cela
avec une ville flottante effectuant un piqué puis un virage (certains
témoignant que le phénomène passait sous
la couche nuageuse) me laisse pour le moins perplexe, mon
ouverture d'esprit ayant des limites...
Ça nous fait tout de même trois affirmations fausses en une seule
phrase : Greslé n'était qu'avec cinq de ses camarades et pas douze,
un seul d'entre eux a vu la « ville flottante » (excellente
description de la rentrée atmosphérique) effectuer « un piqué puis un
virage », et aucun n'a vu l'objet passer sous la couche
nuageuse ! Pour quelqu'un qui appelle pompeusement « tous les
étudiants sérieux ... à prendre connaissance des témoignages », il
devrait donner l'exemple !
On peut certes espérer qu'il fera preuve de plus de rigueur dans son livre
que dans une liste de diffusion où on répond quelquefois sans trop prendre
le temps de chercher, mais ce qui est remarquable c'est que de mémoire
Canuti accumule des erreurs énormes qui vont systématiquement dans le sens
de la « soucoupisation »... Ça nous permet d'émettre quelques
doutes sur l'agnosticisme et la neutralité dont il ne cesse de se réclamer
fièrement !
Le plus remarquable chez lui, c'est qu'après avoir tout de même remis en
question beaucoup de ses convictions sur la vague du 5 novembre, il
continue à dire qu'il connaît « une trentaine de cas »
irréductibles à l'explication par la rentrée atmosphérique... Le nombre
est curieusement inchangé, il semble que ce soit devenu un dogme imposé
par son prophète Mesnard ! Et du reste, puisque Mesnard est passé à
une cinquantaine, Canuti a suivi : Il a expliqué dans une émission de
télévision pour W9 en mai 2013 qu'il y avait « entre 50 et 70
cas » présentant de fortes anomalies.
Sa dernière contribution concernant cette vague :
Quand j'en aurai le temps, je reprendrai les arguments d'Alessandri
pour démonter les cas du 5 novembre, si beaucoup d'arguments
s'entendent, beaucoup d'autres sont de pures pirouettes ou présomptions
de confusions, qui ne répondent en aucun cas à la question de la
densité, qu'est ce qui peut bien expliquer autant de confusions et
autres exagérations, précisément lors de cette rentrée et pas lors des
nombreuses autres qui furent observables et observées dans les décennies
en arrière ?
J'attends donc son livre ou ses explications argumentées quand il aura le
temps, mais je ne m'attends plus à beaucoup d'objectivité de sa
part ! (ajout du 2 mai 2021 : ce livre est finalement sorti en 2019,
j'en
ai fait une critique ici, et c'est bien pire que tout ce qu'on pouvait craindre !)
À la suite de la publication de ce texte, Canuti était très énervé, allant
jusqu'à me menacer d'un procès pour violation de correspondance privée, du
fait que la liste Magonie est une liste privée ! Je lui ai répondu,
gentiment, qu'une liste ouverte à pratiquement tous ceux qui en font la
demande et dont chaque membre n'a aucune idée de l'identité de la plupart
des autres n'est en aucune façon une liste de correspondance privée, et
s'il en doutait qu'il ne se gêne surtout pas pour porter plainte. Les
seules restrictions légales, sur cette liste comme sur toute autre,
concernent la propriété intellectuelle, qui n'interdit pas les résumés et
les courtes citations.
Et outre le point de vue légal, rien n'était indiqué dans les usages de
cette liste interdisant de parler de ce qui s'y passe. Depuis, le
gestionnaire de la liste Richard Nolane a précisé qu'il ne voulait pas que
quelque chose sorte de la liste sans le consentement des auteurs... Ce qui
revient à accepter qu'on parle de ce qui se dit seulement si c'est en
bien, et à mon avis c'est cette attitude de refus de la critique propre
aux ufologues croyants qui les a complètement décrédibilisés... Mais bon,
c'est la liste de Nolane, il la gère comme il veut et je respecterai ses
règles, mais je n'avais aucune raison de le faire tant qu'elles
n'existaient pas !
Mais puisque Canuti semblait surtout contrarié que j'aie publié des
citations de lui (il trouvait ça insultant, je n'ai pas très bien compris
comment on pouvait insulter quelqu'un en citant ses propres dires !),
je lui ai proposé pour lui faire plaisir de supprimer ses citations en les
remplaçant par un résumé, ce qui était un peu dommage parce que d'une part
on pouvait croire que j'aurais déformé ses propos, et d'autre part parce
qu'à défaut d'avoir des arguments factuels il a un style agréable... Ce
que j'ai fait... Ceci dit, compte tenu de ce qui va suivre, j'ai rétabli
dans la dernière mise à jour la version originale de mon texte, avec donc
les citations de Canuti... Ça ne change d'ailleurs pas grand-chose mais
c'est plus clair.
Et d'autre part je lui ai dit qu'il n'y avait aucun problème pour le droit
de réponse qu'il me réclamait, et que je le reproduirais intégralement. Il
y a finalement renoncé et je pensais que l'affaire était oubliée, mais je
me trompais... Nous devions nous retrouver en septembre 2014 autour d'une
« table ronde » consacrée à l'affaire de Phoenix, dans le cadre
de la « Journée ufologique du Razès », à Rennes-le-Château,
organisée par des piliers de la liste Magonie.
En effet, l'affaire des « lumières de Phoenix », qui se
rapproche d'ailleurs beaucoup de celle du 5 novembre 90, avait fait
l'objet d'échanges intenses dans la liste, dans lesquels j'avais joué
comme d'habitude le rôle du sceptique (ça n'est pas un choix, mais c'est
comme ça, quand on creuse un peu les cas considérés comme extraordinaires
par la plupart des ufologues croyants, on se rend compte qu'une bonne
partie de ce qui se raconte est complètement faux, et que les
interprétations sceptiques deviennent alors très vraisemblables). Voyant
cela, Yves Lignon, l'un des organisateurs de cette rencontre, avait insité
pour que je participe à cette table ronde dont il serait l'animateur. Je
m'étais donc encore documenté sur l'affaire, j'avais réservé des billets
de train pour faire une partie du voyage (le reste à vélo), et posé des
jours de congé. Ma présence avait été annoncée sur de nombreux sites
Internet et sur des affiches.
Et voilà que peu avant mon départ, lorsque j'ai envoyé ma demande
d'inscription, j'ai reçu en retour un mail d'Yves Lignon m'indiquant que
je n'avais « peut-être pas reçu ou lu » un précédent mail
m'indiquant qu'il avait décidé de retirer son invitation à la table ronde
du fait de « mon utilisation abusive des écrits de l'un des inscrits
sur la mail-liste Magonie », et que si je venais malgré tout en tant
qu'auditeur il veillerait à ce je ne prenne la parole que pendant la
séance de questions-réponses et sans en abuser ! D'abord, je précise
que je n'ai pas reçu son prétendu mail précédent, alors que je n'ai aucun
filtre antispam (j'aime bien voir ce que re reçois, même s'il s'agit à 95%
de pubs indésirables), et M. Lignon ne m'en a jamais envoyé la copie
que je lui ai demandée à plusieurs reprises... Bref, Lignon est un
menteur, et un parfait malappris pour avoir décidé de retirer son
invitation sans même avoir la politesse de m'en informer, sous un prétexte
tout à fait fallacieux (la véritable raison, c'est que c'est un pote de
Canuti dont l'ego démesuré lui interdit d'accepter la moindre critique).
Bref, dans ces conditions je n'avais pas du tout l'intention d'intervenir,
mais je m'y suis rendu parce que c'était l'occasion d'une belle balade à
vélo à Rennes-le-Château que je ne connaissais pas, et de rencontrer des
gens très sympathiques parce qu'il y en a quelques-uns parmi les
intervenants sur Magonie (et plus encore parmi ceux qui suivent la liste
mais n'interviennent jamais ou presque).
La table ronde a donc eu lieu, menée par Thibaut Canuti qui décidément se
complaît à parler en public de cas qu'il connaît à peine, et n'a été
qu'une suite de contre-vérités et de grosses omissions... On
peut la visionner ici. Les quatre intrervenants ont réussi la
prouesse, en une heure, de ne jamais mentionner l'hypothèse explicative
évidente, que partagent tous les sceptiques et beaucoup de non-sceptiques,
et qui est attestée par de nombreux témoins très crédibles, pilotes
d'avion, astronomes amateurs, tous ceux qui ont observé le phénomène dans
des jumelles voire dans un cas un télescope : il s'agirait d'un
ensemble d'avions en formation avec leurs feux d'atterrissage allumés.
Qu'on puisse malgré tout émettre des doutes dessus, c'est tout à fait
respectable, mais ne pas du tout la mentionner c'est vraiment se foutre du
monde !
Notons qu'à la suite de mes critiques un des intervenants a dit que
pourtant les gens dans la salle étaient satisfaits... Voilà ce qu'est
devenue l'ufologie : on peut raconter les pires inepties, pourvu que
les auditeurs soient contents... Et le pire, c'est que ce sont les mêmes
personnes qui ne cessent de se plaindre que l'ufologie ne soit plus prise
au sérieux, et que les sceptiques soient largement majoritaires dans le
monde universitaire, Wikipédia ou paraît-il le Geipan !
Bref, une table ronde à oublier, mais il est intéressant de mettre en
parallèle la vague d'observations de Phoenix en 1997 avec celle du 5 novembre 1990
en France. Dans les deux cas, le phénomène responsable de la
grande majorité des observations (de façon certaine pour le second, plus
que vraisemblable pour le premier), était un ensemble de lumières passant
à haute altitude et occupant une dimension angulaire impressionnante, et
on retrouve les mêmes erreurs de perception qui constituent l'essentiel
des « anomalies » alléguées par les ufologues :
pratiquement tous les témoins pensent avoir affaire à un objet unique et
proche, un bon nombre, bien que minoritaire dans les deux cas, voient plus
ou moins distinctement une forme noire dans le noir de la nuit, mais dont
la forme varie (dans le cas de Phoenix, il y a en parts à peu près égales
ceux qui voient un triangle et ceux qui voient un chevron, mais tous ou
presque voient des lumières disposées de façon identique, comme une
formation en V), certains voient les étoiles disparaître au passage de
l'objet, sauf quand il passe devant un astre très lumineux auquel cas il
devient « transparent », beaucoup exagèrent les dimensions
angulaires, quelques-uns voient l'objet disparaître « à grande
vitesse », d'autres décrivent un silence impressionnant et presque
surnaturel... Bref le panel complet des illusions les plus courantes, mais
en dehors de cela la grande majorité des témoins décrivent de façon assez
correcte ce qu'ils ont observé. Et par contre on voit comment les
ufologues convaincus construisent le mythe autour de cet événement, en
déformant peu à peu la vérité et la réalité des témoignages... On en a un
parfait exemple dans le cas de Phoenix avec cette « table
ronde », où l'on n'a fait que répéter toutes les informations
invérifiées qu'on trouve le plus facilement sur Internet...
Roch Saüquere, directeur de la revue Top Secret, est pour
sa part monté au créneau en révélant qu'il avait été témoin !
Il se trouve que j'ai vu quelque chose ce fameux jour de novembre,
entre 1h et 2h du matin dans la banlieue de Caen, à très basse altitude,
stationnaire pendant un bon quart d'heure puis se déplaçant très très
lentement d'EST en OUEST, en direction de la base aérienne militaire de
Carpiquet qui se trouvait à environ 4 km de là, et dans l'axe de la
piste principale. Phare blanc très intense mais pas aveuglant, projetant
un rayon lumineux durant quelques secondes, présentant aussi de
nombreuses lumières tournoyantes sur les côtés et à l'arrière...
Cela ressemblait parfaitement à ce qu'ont pu décrire beaucoup de témoins
ce jour-là, parlant d'un objet immense volant à basse altitude.
Je reviens à ce que j'ai vu. Ce n'était sûrement pas la rentrée
atmosphérique dont tu es le spécialiste puisqu'elle n'avait pas encore
eu lieu. L'heure ne convient pas.
Alors j'ai vu un drôle d'avion ?... Mais dans ce cas ce que les
autres témoins similaires ont décrit était aussi un drôle d'avion, et
dans ce cas, ce n'était pas non plus ta rentrée atmosphérique.
C'est amusant car même les ufologues n'aiment pas trop les témoignages
qui sortent du fameux créneau horaire de 19h... On dirait que ça ne les
intéresse pas. Ça tient au fait que l'ufologue aime par-dessus tout la
confrontation. Il pourrait progresser ailleurs avec d'autres pistes,
mais non, il s'enferme, il ne veut pas lâcher son os, dans l'espoir vain
de faire ravaler sa morgue aux sceptiques. Drôle de couple en vérité,
l'ufologue et le sceptique. L'un n'est rien sans l'autre.
Ce sont pourtant ces témoignages qu'il faudrait creuser car ils
pourraient permettre de sortir de l'impasse dans laquelle tout ce beau
monde s'est enfermé depuis 23 ans. Et de ce point de vue, les
ufologues ont leur part de responsabilité.
Depuis le temps ces témoignages, certes plus rares, ont été perdus ou
sont passés à la trappe.
Le plus drôle c'est que si je n'avais rien vu moi-même, je penserais
exactement comme Robert. Si j'avais vu ce que j'ai vu dans le créneau
horaire des 19h, j'aurais un doute aujourd'hui. Tant d'années ont passé.
Il m'arrive même encore de me demander si ce n'était pas un avion. Un
avion stationnaire, immense et silencieux avec tout plein de lumières
tourbillonnantes sur les côtés pour faire joli. Mais pourquoi n'ai-je
plus jamais revu ce genre d'avion dans ma vie ? moi qui regarde
beaucoup le ciel.
Les remarques de Roch sont intéressantes, mais pour ma part je n'ai pas eu
l'impression que les ufologues délaissaient les observations n'ayant pas
eu lieu à 19 h, tout au contraire ! On en trouve bon nombre par
exemple dans le livre de Franck Marie, et pour la plupart très anodines
(des confusions banales avec la lune, des météores, des avions...)
L'horaire décalé est même considéré comme un élément particulièrement
probant pour les défenseurs de la « vague ». Mais contrairement
à ce que pense Roch, ces observations sont rares et pour la plupart peu
convaincantes. Et concernant son observation personnelle, on peut se
demander dans quelle mesure ça n'est pas la publicité faite autour de la
vague d'observations de la soirée qui lui a fait considérer son
observation comme exceptionnelle. L'objet qu'il décrit ne ressemble pas
autant qu'il le croit à ce qu'ont observé la plupart des témoins de la
soirée, en particulier concernant les dimensions apparentes. Lui-même précise
qu'il se demande parfois si ce qu'il a observé, justement dans l'axe de la piste principale
d'un aérodrome militaire tout proche, n'était pas simplement un avion un peu bizarre.
Il est en tout cas regrettable qu'il n'en ait pas parlé plus tôt, puisqu'il n'est
pas plus à l'abri qu'un autre témoin des déformations après autant de
temps... Il a expliqué qu'à l'époque il n'était pas impliqué dans
l'ufologie, qu'il ne connaissait qu'à travers le cinéma et la
science-fiction... C'est dommage...
Gildas Bourdais a lui aussi réagi :
Il se trouve, Robert, que j'ai recueili deux témoignages, l'un à
Courbevoie et l'autre à Suresnes, qui m'ont, à eux seuls, convaincu de
la réalité de cette vague d'ovnis. Témoignages personnels de deux
collègues proches, totalement crédibles à mes yeux. Ces témoins n'ont
pas voulu s'exprimer publiquement, vu le doute qui frappe les témoins, à
cause du scepticisme général dont vous vous faites l'écho sur cette
liste, Robert, une fois de plus.
Ma réponse :
Pour ce qui est de ces deux témoignages qui vous ont convaincu de
« l'exotisme » de la vague du 5 novembre j'aimerais bien en
connaître la teneur et les raisons que vous avez de rejeter
l'explication par la rentrée atmosphérique. Parce que le fait est que
c'est très généralement pour de mauvaises raisons. Si vous avez lu mes
écrits sur le 5 novembre vous aurez pu constater qu'à mes yeux
aussi la grande majorité des témoins sont totalement crédibles (les
ufologues qui défendent cette vague beaucoup moins) et plutôt précis
dans leurs descriptions, même si certains ont fait des erreurs
d'appréciation tout à fait banales.
Sa réponse :
Quant aux deux observations que j'ai eu l'occasion de recueillir sur la
vague du 5 novembre, j'en ai déjà parlé plus d'une fois moi aussi,
et je vous vois déjà en position de tir pour les mettre en doute, et ce
n'est pas la peine de les re-citer. En fait, il s'agit là
essentiellement d'une question de crédibilité des témoins, que vous ne
connaîtrez jamais.
Bon... Pour moi ça me confirme surtout que la principale question porte
sur la crédibilité des ufologues !
Et puis il y a eu l'habituelle kyrielle de personnes qui s'offusquent
quand j'évoque le cas de Gretz-Armainvilliers... En gros, « comment
osez-vous dénigrer comme vous le faites un témoin de la trempe de
Jean-Gabriel Greslé [je n'ai pourtant fait que dire qu'il avait décrit
avec une précision remarquable la rentrée atmosphérique], ça ne va pas se
passer comme ça, je vais lui écrire et on va voir ce qu'on va
voir »... Ça fait des années que je lis ça et je n'ai toujours rien
vu, c'est dommage je serais heureux de savoir ce que Greslé pense de mon
interprétation ! S'ajoute maintenant celle de son autre rentrée
atmosphérique prise pour un ovni !
Et je ne doute pas qu'après cette mise à jour on va trouver les mêmes
réactions au sujet de Claude Lavat !