Texte français du reportage télévisé National Geographic
sur l'observation d'ovni par le commandant Guerra
et deux autres pilotes à la base militaire d'Ota, Portugal
On peut trouver le reportage en anglais
sur YouTube, ou en français mais avec
une moins bonne qualité d'image
sur Dailymotion... L'observation de Guerra est
relatée à partir de 2'23.
En 1982, un jeune pilote de chasse effectue une mission de routine dans le centre du Portugal, quand il aperçoit un objet volant se déplacer à vive
allure.
Nick Pope (projet Ovni du ministère de la Défense britannique, 1991-1994) :
Ce type d'observation est pris très au sérieux, parce que le témoin est un pilote, et qui plus est, c'est un militaire.
Mais l'observation n'est pas fugace. Le pilote affirme avoir volé à proximité de l'ovni pendant plus de 25 minutes. Son récit est en outre confirmé par le
témoignage de deux autres pilotes.
Leslie Kean, auteur de Ovnis, des généraux, des pilotes et des officiels parlent :
Certaines observations font date dans l'histoire de l'ufologie. Pour moi, celle-ci en fait partie, par l'intérêt qu'elle
a suscité, et parce que trois pilotes de chasse en sont à l'origine.
Cet épisode constitue un moment important de l'ufologie européenne, en partie en raison de ce qui s'est passé dans les airs ce jour-là, mais surtout par
l'ampleur des investigations qui en ont résulté.
Jose Sottomayor est un ufologue qui a fait partie de l'équipe ayant enquêté à l'époque sur l'événement. Trente ans plus tard, il se demande encore ce qui
s'est réellement passé ce jour-là.
Jose Sottomayor, ufologue, CTEC - université Fernando Pessoa :
Ce qui s'est passé à Ota est particulier. Parce qu'il s'agissait d'une observation de jour, que les conditions météo
étaient excellentes, et que les témoins étaient trois pilotes de chasse portugais, des gens d'une grande intégrité morale.
Base aérienne d'Ota, Portugal, le 2 novembre 1982. Ota est un centre d'entraînement pour les pilotes de l'armée de l'Air portugaise. Parmi eux, se trouve
Júlio Guerra, un instructeur de vol au sens moral irréprochable. Guerra effectue un vol d'exercice aux commandes de son Chipmunk, un appareil
d'entraînement particulièrement adapté pour la voltige. Son allure est stable, son altitude est de 1500 mètres.
Latitude 39 degrés et deux minutes, longitude neuf degrés…
Guerra a depuis pris sa retraite de l'armée de l'Air et hésite à parler de cet incident. Mais en 2009, il a raconté son histoire à la journaliste
Leslie Kean.
Kean :
Júlio Guerra est venu, c'est le principal témoin dans l'affaire. Il a passé 18 ans dans l'armée de l'Air. C'est un
pilote très fiable, intelligent et expérimenté.
10 h 50. Au-dessous de lui, Guerra aperçoit un objet étrange volant à basse altitude. Pour essayer d'avoir une vue claire de l'objet, Guerra tourne son
Chipmunk de 180 degrés. Ce qui arrive ensuite le prend totalement au dépourvu.
Kean :
Après son virage, il regardait cet objet, et tout d'un coup il a gagné rapidement de l'altitude. En dix secondes,
vraiment très très vite, l'objet est parvenu à la même altitude que lui, puis il s'est stabilisé.
Guerra se retrouve nez à nez avec l'ovni.
Mais qu'est-ce que c'est ?
Kean :
Il était fasciné et intrigué. Il n'avait jamais rien vu de tel. Ça ressemblait à un fuselage sans ailes ni moteur. Il ne
semblait y avoir aucun des équipements dont on a normalement besoin pour voler.
Le pilote contacte immédiatement la base par radio pour savoir si un autre appareil est signalé dans son secteur.
Sottomayor :
Bien sûr, la base a répondu qu'il était le seul à voler dans son secteur. Mais d'autres appareils en vol ont intercepté
cet échange, parmi lesquels une escadrille qui s'entraînait non loin de là. De nombreux pilotes ont entendu le message de Guerra.
Guerra signale que l'objet se met à faire des cercles autour de son Chipmunk.
— Appareil à tour de contrôle, appareil à tour de contrôle, répondez.
Mais ses collègues ne prennent pas ses affirmations au sérieux.
Kean :
Naturellement au début tout le monde a ri, comme c'est très souvent le cas lorsqu'on décrit quelque chose de très
inhabituel qui s'apparente à un ovni.
Guerra répète son message à la tour de contrôle.
Sottomayor :
Comme ils ne le croyaient pas, Guerra leur a conseillé de venir voir par eux-mêmes. C'est à ce moment qu'un second Chipmunk
qui volait à proximité a intercepté son message. Il y avait à son bord deux pilotes : Gomes et Garcês, qui ont décidé de se rendre à l'endroit
où se trouvait Guerra.
Carlos Garcês était le copilote de l'avion qui a rejoint celui de Guerra ce jour-là.
Carlos Garcês :
Mon collègue et moi avons voulu en avoir le cœur net. Nous sommes allés jeter un coup d'œil. Chaque appareil connaissait
très précisément la position de tous les autres, donc nous l'avons rejoint.
Guerra attend l'arrivée de ses collègues. Il reste encore seul quinze minutes tandis que le mystérieux aéronef tourne autour de son appareil. Lorsqu'il
est finalement rejoint par le second Chipmunk, ses deux occupants confirment son témoignage.
Garcês :
Imaginez un hamburger volant. Autour de la tranche centrale, il y avait une grille. La surface supérieure était de la
couleur du métal brut, comme cet avion. Le dessous était de couleur rougeâtre, comme le vin rouge. Cet objet volait entre nos deux appareils.
Kean :
Les deux avions se trouvaient de part et d'autre de cet objet. Il faisait de grandes boucles entre eux. Cette proximité
leur a permis d'évaluer sa taille à environ deux ou trois mètres.
Sottomayor :
Ensuite, les pilotes se sont mis à jouer au chat et à la souris avec l'aéronef.
Mais Guerra finit par se lasser de ce petit jeu.
Sottomayor :
C'était un pilote de chasse. Il n'avait pas la patience pour ce genre de simagrée. Finalement, au bout de vingt-cinq
minutes, il a décidé de prendre les choses en main.
Après avoir suivi l'ovni pendant près d'une demi-heure, Guerra décide de tenter sa chance.
Kean :
Il a voulu essayer une approche différente. Il s'est mis sur le passage de l'objet pour le forcer à dévier de sa
trajectoire.
Le jeune pilote tente le tout pour le tout, et dirige son Chipmunk droit vers l'ovni.
Garcês :
Júlio a essayé de lui barrer la route en se lançant dans une manœuvre très périlleuse. Mais juste après, la chose nous a
semés.
Le coup d'audace de Guerra provoque une réaction de l'ovni.
Kean :
La chose est venue se positionner juste au-dessus de son avion, et s'est stabilisée à cet endroit.
Garcês :
Une manœuvre incroyable. Après ça il est parti à toute vitesse, et nous l'avons perdu.
L'objet mystérieux s'en va aussi furtivement qu'il était apparu.
De retour à la base, les trois pilotes rédigent chacun un rapport officiel sur l'événement, agrémenté de croquis décrivant l'objet qu'ils ont vu dans le
ciel. Mais leur témoignage ne suscite tout d'abord aucune réaction.
Kean :
Ils ont remis leur rapport, mais Guerra m'a dit que sa hiérarchie ne l'avait pas interrogé à la suite de cet événement.
Mais les supérieurs de Guerra sont si troublés par son récit qu'ils font appel à l'ufologue Jose Sottomayor. Celui-ci exige d'avoir accès à tous les
documents relatifs à l'incident, y compris les rapports des pilotes.
Sottomayor :
Ma requête a mis beaucoup de temps à être traitée. Elle a été transmise de tel colonel à tel commandant de base, puis de
ce commandant-là à un autre, et ainsi de suite.
La demande d'accès atterrit finalement sur le bureau du général Lemos Ferreira, chef d'état-major de l'armée de l'Air. Sa réponse est surprenante.
Kean :
Celui qui était à la tête de l'armée de l'Air à l'époque, le général Ferreira, a accepté de lever le secret sur les
rapports qu'avaient rédigés les pilotes ce jour-là. Ainsi que sur toutes les informations relatives à l'événement. C'était très inhabituel, car
d'ordinaire les civils ont beaucoup de mal à obtenir ce genre de renseignement. Mais Ferreira a tenu à ce que ce soit rendu public.
Il y a une explication à l'intérêt très personnel que le général Ferreira porte à cette affaire. Vingt-cinq ans auparavant, il a lui aussi été témoin d'un
phénomène inexplicable.
Kean :
Il a joué un rôle important dans cette affaire. Son grade de chef d'état-major a été crucial pour appuyer la demande de
déclassification du dossier. Cela est d'autant plus remarquable qu'il a lui-même été témoin d'une extraordinaire apparition d'ovni.
Novembre 1982. Trois pilotes de chasse portugais vivent un incroyable face-à face avec un ovni. Leur rapport remonte jusqu'au plus haut gradé de l'armée
de l'Air, le général Lemos Ferreira, chef d'état-major.
Sottomayor :
Le chef d'état-major de l'armée de l'Air a décidé d'ouvrir ce dossier à des civils afin qu'ils puissent apporter leur
expertise.
Pour la première fois dans l'histoire du Portugal, des dossiers confidentiels de l'armée sont dévoilés à une équipe d'ufologues civils. Et ce, en raison
de l'étrange expérience que le général Ferreira a vécue dans sa jeunesse.
Kean :
C'était un homme qui prenait le sujet très au sérieux, de par son expérience personnelle. Il a pris le temps de donner
suite à ce rapport. Et c'est un aspect très intéressant de toute cette histoire, que le général qui a levé le secret militaire a aussi été témoin d'une
apparition d'ovni.
4 septembre 1957, base aérienne d'Ota, Portugal.
Lemos Ferreira est un jeune pilote ambitieux, qui ne se doute pas qu'il sera un jour le plus haut gradé de l'armée de l'Air portugaise. Il commande une
escadrille de F-84G basée à Ota, cette même base aérienne d'où décollera Júlio Guerra 25 ans plus tard. Peu après 21 h, Ferreira aperçoit un ovni qui se
détache sur l'horizon.
Kean :
Il regarde attentivement cet objet qui ressemblait à une étoile très lumineuse aux reflets chatoyants. Il y avait
beaucoup de couleurs, du rouge, du vert, du bleu…
Ferreira et les autres pilotes de l'escadrille sont sidérés par ce spectacle.
Kean :
Ce qui les a vraiment mis dans tous leurs états, c'est qu'au bout d'un moment des objets plus petits se sont mis à
sortir du premier, et à tourner autour. Ces satellites étaient environ quinze fois plus petits que l'ovni principal.
Mais après quarante minutes d'observation, Ferreira décide de reconduire son escadrille à la base. Il rédige un rapport qui passe relativement inaperçu
sur le phénomène que lui et ses collègues ont observé.
Kean :
Il a rédigé un rapport suite à cette expérience, mais dans un premier temps il n'y a eu aucune enquête de l'Air Force.
Vingt-cinq ans plus tard, le général Ferreira est chef d'état-major de l'armée de l'Air. Mais le phénomène dont il a été témoin dans sa jeunesse n'a
jamais cessé de le hanter.
Kean :
Cet événement a profondément marqué le général. Il a eu la conviction que ce sujet devait être pris au sérieux, et
méritait d'être étudié dans des universités, car il savait qu'il avait été confronté à quelque chose d'inexplicable. Et je suis sûre que c'est en partie
pour cela qu'il a été si désireux de déclassifier le dossier Guerra.
Des années après sa propre observation, le général décide qu'une autre observation d'ovni ne doit pas passer à la trappe. Il ordonne la divulgation des
dossiers.
Sottomayor :
Nous savions qu'il s'agissait de l'un des principaux cas d'observations d'ovni du pays.
Joaquim Fernandes dirige l'équipe d'ufologues ayant reçu les dossiers du général Ferreira.
Joaquim Fernandes, Historien, université Fernando Pessoa :
Ce qu'ont vu Guerra et ses deux collègues n'est pas anodin, car il s'agit d'observations faites par trois personnes
différentes depuis deux avions distincts et en plein jour. Leur témoignage est très sérieux en termes de visibilité et de durée d'observation.
L'issue de l'enquête repose sur la coopération des trois témoins.
Kean :
Les pilotes sont parfois réticents à confier leurs observations d'ovni, mais dans ce cas précis, on les a encouragés à
partager leur expérience sans les tourner en ridicule.
José Sottomayor est le premier enquêteur à interroger Julio Guerra.
Sottomayor :
Quand j'ai rencontré Guerra, ma première impression a été qu'il avait tout du militaire. Il était très calme, et
toujours sérieux.
Au cours de l'enquête, les pilotes sont invités à rencontrer certains des plus grands scientifiques portugais.
Sottomayor :
Chacun s'exprimait sans le moindre a priori. Les scientifiques participaient activement, ils se montraient curieux et
avides de détails concrets. Leurs questions étaient pragmatiques : quelle était la taille de l'objet, à quelle vitesse allait-il ?
Les pilotes décrivent un ovni de seulement trois mètres de diamètre. Mais le plus surprenant est le comportement erratique de l'aéronef, dont le
déplacement ne ressemble à aucun des appareils que les pilotes aient jamais vus.
Chris Yates, consultant en sécurité aérienne :
Il a très bien pu s'agir d'une sorte de drone. De tels appareils sont capables de changements de trajectoire abrupte
auxquels les appareils conventionnels ne nous ont pas habitués. Ils peuvent aussi faire du sur-place.
Mais les enquêteurs jugent que même un drone de l'armée aurait été incapable d'effectuer les manœuvres décrites par les trois pilotes.
Sottomayor :
Ça défie l'entendement. À ce jour, personne n'est capable de créer un objet de cette taille et de cette forme, sans hélice ni réacteur, sans aucun
équipement. C'est impossible.
Fernandes :
Les descriptions que nous ont données les pilotes des performances de cet appareil correspondent à un appareil dont les
caractéristiques techniques sont prodigieuses. Reproduire une telle technologie représenterait pour nous un défi scientifique considérable.
En recoupant les informations fournies par les pilotes, les enquêteurs calculent que l'ovni a effectué une boucle de 21 kilomètres en tout juste trente
secondes.
Sottomayor :
Nous en avons conclu que l'aéronef pouvait se déplacer à pus de 2500 km/h. C'est incroyable.
Les calculs indiquent que l'ovni a atteint une vitesse égale à plus de deux fois celle du son. Mais un avion qui franchit le mur du son ne passe jamais
inaperçu.
Garcês :
Dans l'atmosphère il se produit un bang supersonique. Mais aucune déflagration n'a été entendue par les gens de la
région.
Quand un objet accélère au-delà de la vitesse du son, cela produit une onde de choc sonore. Mais personne n'a rien entendu de tel.
Alexandre Martins, Centre des sciences et de l'industrie, université de Madère :
Si l'on prend en considération le fait que les pilotes n'ont pas entendu de bang supersonique, un bruit pourtant assourdissant, il faut en conclure que
la forme de l'objet ne crée aucune résistance dans l'atmosphère.
La force de propulsion qui a fait franchir la vitesse du son à l'ovni reste un mystère pour les scientifiques.
Martins :
Un système de propulsion tel que celui-ci devrait exploiter certaines lois physiques que la science ne peut pas
expliquer à l'heure actuelle.
Il reste la possibilité que l'objet n'ait été équipé d'aucun moteur.
Yates :
Il est possible que les pilotes des deux Chipmunks aient vu un ballon météorologique. Ces ballons s'élèvent très vite
dans l'atmosphère et peuvent se stabiliser un certain temps à une altitude donnée.
Mais pour les témoins de l'événement, la théorie du ballon météo semble très improbable.
Garcês :
Ce sont les témoignages de trois pilotes et en plein jour. Nous aurions admis ce que nous avons vu si ça avait été un ballon météo. Cette chose ne
ressemblait à aucun aéronef tels qu'on se les représente.
Kean :
La moindre hypothèse a été étudiée. Toutes les recherches ont été effectuées pour comprendre ce qui se trouvait dans les airs ce jour-là. L'enquête a
fini par conclure qu'il s'agissait d'un objet non identifié.
Malgré l'ampleur de l'enquête, le général Ferreira n'obtient aucune explication satisfaisante sur ce que ces pilotes ont vu ce jour-là.
Kean :
Les scientifiques qui ont mené cette enquête ont exploré toutes les pistes, mais ils ne sont pas parvenus à expliquer la
nature du phénomène. Je suis du même avis qu'eux : il s'agissait d'un objet non identifié. Nous ne savons pas ce que c'était, d'où ça venait ni pourquoi
c'était là.
Mais ces recherches auront au moins eu un effet positif : une plus étroite collaboration entre l'armée de l'Air et les ufologues.
Kean :
Il est très louable de la part du chef d'état-major d'avoir divulgué le dossier afin que les scientifiques et les
militaires travaillent main dans la main. Les militaires ont grandement bénéficié de l'expertise des scientifiques, car l'armée n'avait pas l'équipement
nécessaire pour mener seule une telle enquête.
Fernandes :
Je considère que cette affaire est toujours ouverte. l'objet en question reste à ce jour répertorié comme ovni. Nous ne
parvenons pas à savoir ce qui pourrait correspondre à la description faite par Guerra et les autres pilotes, et ce en dépit des nombreux détails qu'ils
nous ont communiqués à l'époque.
Retour au texte principal