Thibaut Canuti :
Histoire de l'ufologie française 2,
le Temps des officiels


Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :

Thibaut Canuti, historien de formation et conservateur des bibliothèques, avait publié en 2011 une « Histoire de l'ufologie Française, le Temps des soucoupistes » consacrée comme son nom l'indique aux premiers ufologues et aux temps héroïques des associations et bulletins. Elle devait être complétée par un second volume intitulé « le Temps des officiels », consacré à la création et au fonctionnement du Geipan, et à l'étude des ovnis par des militaires et scientifiques. Cette suite très attendue vient donc de paraître en octobre 2019... et ne vaut pas mieux que le premier volume ! Il y a pas mal de documentation, laquelle pourrait être intéressante si elle n'était totalement biaisée par la vision complotiste de Canuti, et beaucoup de désinformation aussi, outre le fait que Canuti, dont l'ego démesuré lui interdit d'accepter toute critique, use des pires procédés pour tenter d'occulter voire museler ses contradicteurs.

Couverture du livre

Quand on détourne la Cnil de ses fonctions

Je commencerai par cela, sans rapport direct avec ce livre (du moins tant que l'auteur n'aura pas usé de ses habituelles pressions pour tenter de faire disparaître ce texte !), parce qu'il me semble nécessaire de défendre le droit à la critique, en ufologie comme dans tous les domaines.

La Cnil, Commission nationale informatiques et libertés, considère apparemment (c'est ce qui a été répondu par écrit à des personnes en ayant fait la demande) que quiconque peut exiger que toute mention de son nom soit effacée d'une page internet, sous prétexte qu'il s'agit d'une information privée.

Imaginez donc qu'un politicien très contesté exige le retrait de son nom et de toute information permettant de l'identifier de tous les sites internet qui le critiquent, pour n'autoriser que les textes élogieux... C'est apparemment pour la Cnil une revendication parfaitement licite !

Et bien sûr, des ufologues peu scrupuleux (je ne sais pas si cela se pratique dans d'autres milieux) n'ont pas hésité à user et abuser de cette interprétation abusive de textes destinés à protéger la vie privée pour menacer les hébergeurs de sites internet de porter plainte... Les plus connus sont Jean-Luc Lemaire et Christian Comtesse. Et donc Thibaut Canuti s'y est aussi essayé, notamment à propos de deux textes de Dominique Caudron critiquant son précédent livre Un fait maudit, histoire originale et phénoménologique du fait OVNI.

Ces textes se trouvent sur le forum ufo-scepticisme :

Les Belles Histoires de Thibaut Canuti
Les Horribles et Espouvantables Histoires de Thibaut Canuti, historien et conservateur des bibliothèques

Caudron y montre que Canuti, diplômé d'histoire, se contente au sujet d'observations anciennes « d'ovnis » de recopier ce que d'autres auteurs ont recopié sur d'autres, en y ajoutant chacun ses propres déformations, sans jamais remonter aux sources originales qu'il cite pourtant en référence !

Diable, qu'un simple blogueur se permette de donner des leçons d'histoire à lui, Canuti, historien et conservateur des bibliothèques, c'est un scandale, il fallait absolument le faire taire !

Et donc, Canuti a envoyé cette plainte à l'hébergeur d'Ufo Scepticisme :

Madame, Monsieur,

Des informations me concernant sont actuellement diffusées sur votre site internet sur les pages suivantes :

— http://ufo-scepticisme.forumactif.com/t4851-les-belles-histoires-de-thibaut-canuti
— http://ufo-scepticisme.forumactif.com/t4942-les-horribles-et-espouvantables-histoires-de-thibaut-canuti-historien-et-conservateur-des-bibliotheques

Aussi, conformément à l'article 38 de la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, je vous remercie de supprimer les pages concernées.

Je souhaite que ces informations soient supprimées car elles relèvent des qualifications pénales de diffamation et d'injures publiques et nuisent à ma réputation.

Je vous remercie de faire également le nécessaire pour que ces pages ne soient plus référencées par les moteurs de recherche.

Je vous rappelle que vous disposez d'un délai maximal de deux mois suivant la réception de ce courrier pour répondre à ma demande (article 94 du décret du 20 octobre 2005 pris pour l'application de la loi du 6 janvier 1978 modifiée).

À l'issue de ce délai et faute de réponse favorable de votre part, je serais au regret de déposer une plainte à la CNIL puis le cas échéant auprès des autorités compétentes.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

T. CANUTI.


Notons que la Cnil ne s'occupe pas du tout de diffamation ou d'injures publiques, lesquelles relèvent des lois sur la presse, outre que chacun peut constater qu'il n'y a ni l'une ni l'autre dans les textes de Caudron. Et on doit aussi remarquer que Dominique Caudron, bien que n'ayant aucune formation d'historien, a fait un travail monumental de documentation historique au sujet des « prodiges célestes », à la disposition de tous gratuitement sur son site... Les ufologues-historiens (Canuti n'est pas le seul) devraient en prendre de la graine, au lieu d'essayer de le faire taire !

Bref il serait temps que l'on remette la Cnil à sa place, qui est de protéger la vie privée des citoyens et non d'interdire le droit à la critique portant sur des écrits publics.

Et temps aussi que les personnes qui écrivent des livres et donnent des conférences publiques, qui aiment qu'on parle d'eux dans les journaux et les radios, acceptent d'avoir aussi des critiques négatives, et n'essaient pas par tous les moyens de les faire disparaître !

Si vous voulez lutter contre ces pratiques, n'hésitez pas à partager ce texte.

Les débuts de l'intérêt militaire

Venons-en maintenant à ce nouveau livre de Canuti.

La première partie, « les Prémices de l'intérêt de l'État » retrace les débuts de l'intérêt porté aux ovnis par les militaires français, notamment lors de la vague de 1954 qui a popularisé les « atterrissages ». Canuti indique que les militaires s'étaient intéressés aux ovnis dès 1951, et parle abondamment de la théorie du lieutenant Jean Plantier sur la propulsion des soucoupes volantes par un  « champ de force » agissant comme la gravité sur toutes les molécules d'un corps. L'article de Plantier est paru en 1953 dans « Forces aériennes françaises », la revue de l'armée de l'Air, il a donc eu un certain impact.

Rien à dire sur tout cela, ni sur la création de la Semoc (Section d'étude des mystérieux objets célestes) durant la vague de 1954. Mais c'est au troisième chapitre que l'auteur commence à verser dans le complotisme le plus absurde :

Sans doute les militaires ont-ils été également renseignés dès 1947 de la controverse naissante au sujet des soucoupes volantes et des supposés artefacts extraterrestres récupérés par les autorités américaines.

Même aux Etats-Unis et malgré les milliers de pages de documents déclassifiés, on n'a pas trouvé la moindre trace d'une telle chose, surtout dès 1947. C'est en 1949 que les histoires de crashes de soucoupes volantes ont commencé à se répandre, avec un article puis un livre de Franck Scully qui s'était fié à deux escrocs dénoncés plus tard.

Mais Canuti veut pour preuve de cette information les révélations du Soviétique Valery Pavlovitch Bourdakov, qui était alors adjoint de Sergueï Korolev, l'homme qui a mené la course à la Lune en U.R.S.S. Ce dernier aurait été convoqué au Kremlin en 1948 afin d'étudier les rapports collectés par le K.G.B. sur le sol américain, selon lesquels il y aurait eu récupération d'épaves et de corps d'extraterrestres.

C'était du moins ce que Bourdakov disait en 1995 dans l'Odyssée de l'étrange, l'émission de Jacques Pradel consacrée ce soir-là à la fameuse « autopsie de Roswell ».

Mais dans ses premiers interviews à ce sujet, parus dans plusieurs revues soviétiques et aussi en anglais en 1991, sous le titre « Staline avait-il peur des ovnis ? », il était question de l'incident de Roswell avec les articles des journaux américains d'époque, mais aucunement de la découverte de corps. Bref, il semble bien établi que Staline a convoqué un panel de scientifiques soviétiques, dont Korolev, lorsque les États-Unis ont connu la vague de « soucoupes volantes », mais tout ce que ces scientifiques ont vu c'était les articles de journaux américains de l'époque, où il était dit que les militaires avaient récupéré un « disque volant » (qui n'était nullement associé alors à un vaisseau extraterrestre) et immédiatement après qu'il s'agissait en fait d'un ballon-sonde !

On arrive alors aux années 70, avec les rapports de gendarmerie qui sont donnés au G.E.P.A. en 1970 et à Claude Poher en 1973, la gendarmerie qui est officiellement mandatée pour recueillir les observations d'ovnis, et en 1977 l'Association des anciens cadres et auditeurs de l'I.H.E.D.N. qui émet un « rapport sur les phénomènes aériens non identifiés »... C'est aussi le moment où Jean-Claude Bourret popularise le sujet dans le grand public avec ses émissions de radio très suivies et ses premiers livres, avec notamment une interview retentissante du ministre des Armées Robert Galley le 21 février 1974.

On arrive ainsi avec le chapitre 5 à la création du Geipan en 1977... Canuti trouve naïf de croire que tous les dossiers militaires relatifs aux ovnis ont été remis à cet organisme à sa création, et en cite pour preuve trois cas...

Le premier est ce qu'a raconté Edmond Campagnac, polytechnicien et président du G.E.P.A. depuis 1971, sur un dossier de gendarmerie qu'il a lu en 1965 à l'occasion de sa visite du service qui les compilait :

Un dimanche matin en 1954, deux motocyclistes dans la région de Colmar, font leur petite balade à moto. Ils arrivent à un endroit, un carrefour, et sur les quatre branches du carrefour, une file de bagnoles à n'en plus finir, et, au milieu, ils voient une espèce de truc, alors ils s'approchent et ils voient quelque chose qui a la forme d'une soucoupe. Alors ils veulent s'approcher, ils laissent leur moto, et, là, phénomène qui a été observé par la suite, à partir d'un certain seuil, on dirait qu'il y a un mur qui les empêche d'avancer. Alors là-dessus, les engins décollent. Ils ont arrêté tout le monde, ils ont demandé à tous leurs passeports, contrôlé leur identité. Ils ont pris toutes les photos qui avaient été faites. Ensuite, ils sont allés dans tous les villages et villes interroger les édiles pour savoir si on avait affaire à des gens honnêtes. Vous voyez jusqu'où c'est allé.

Ah le rapport il faisait au moins un mètre de haut (...) !

Une fois il y a eu une émission des Dossiers de l'écran, j'ai voulu parler de cette observation qui était formidable. Il y a un capitaine qui m'a téléphoné, « attention, Monsieur, Secret-Défense » !

Le récit est impressionnant, mais le problème est que cette observation n'a été relatée qu'en 2001 lors d'un débat télévisé, soit 36 ans après la visite de M. Campagnac à ces archives, et que ce dernier n'en a à ma connaissance jamais parlé auparavant (ni après). Il nous dit bien qu'il a voulu en parler pour l'émission les Dossiers de l'écran en 1967, mais qu'on l'en aurait empêché sous prétexte de « secret-défense »... Mais c'est encore 34 ans plus tard qu'il le révèle ! Dans cette émission, il n'a parlé que de son observation à Tananarive, en 1954 aussi, en ajoutant le détail absent de son rapport original que les lumières des magasins s'éteignaient à mesure que l'objet avançait... Canuti en parlait dans le volume I de son « histoire de l'ufologie », avec bien sûr la version édulcorée de l'observation. Encore une observation en apparence extraordinaire mais qui s'expliquait vraisemblablement par un gros météore dont la trajectoire bien linéaire a été déformée dans le souvenir de Campagnac par une mauvaise mémorisation des repères géographiques et la volonté de vouloir accorder des témoignages disparates et en apparence contradictoires. C'est ce qui arrive bien souvent lorsqu'on raconte un événement remontant à 14 ans, même si on est polytechnicien, alors on imagine quand ça remonte à 36 ans, et à une émission de télévision plutôt que par écrit après réflexion ! Et on se demande aussi à propos de cette observation près de Colmar pourquoi Campagnac nous parle juste de deux motocyclistes alors qu'il y avait d'après son récit un grand nombre de témoins dont certains avaient pris des photos ! Bref on peut avoir de gros doutes sur la fiabilité de ce récit, comme pour tout récit rapporté après autant de temps, et le moins que l'on puisse dire est que Campagnac n'a pas fait preuve de beaucoup de rigueur dans d'autres cas.

Le second témoignage dont parle Canuti est celui de Jean-Pierre Chapel, alors chroniqueur scientifique pour la télévision, qui a raconté à Jean-Claude Bourret (témoignage rapporté dans son livre le Nouveau défi des OVNI paru en 1977), avoir été lui-même témoin d'un ovni qui aurait accéléré de 0 à 6000 km/h en trois secondes, filmé au cinéthéodolite en avril 1963 sur la base militaire d'Hammaguir, au Sahara, où il participait avec une équipe de militaires et de techniciens à un exercice de récupération de têtes de fusée.

Ça paraît encore être un cas exceptionnel, mais Jean-Pierre Chapel a encore évoqué cette observation lors d'une émission télévisée sur France 2 en 1998 :

Dans les années 60, au Sahara, pendant une opération de récupération d'une tête de la fusée Diamant, des militaires français ont filmé de 7 ou 8 km de distance un objet semi-circulaire d'apparence métallique réfléchissant la lumière du Soleil sur sa moitié supérieure. Le dessous de l'objet paraissait noir. Il est resté suspendu à environ 600 m au-dessus du sol. Quelques temps après, il est parti subitement vers le haut en passant d'une vitesse de 0 à 8000 km/h en moins de 2 secondes ! Tout ceci fut filmé par un cinéthéodolite, ce qui permit d'estimer la vitesse. Malheureusement, le film fut — officiellement — perdu durant un déménagement à Agadir.

On note sans surprise qu'après toutes ces années l'accélération de l'objet a encore été exagérée, mais ce qui est surtout étonnant c'est que Chapel ne se présente plus comme un témoin direct de l'observation ! Bref il semble qu'il ne s'agisse que d'un témoignage de seconde main, tout comme la confirmation par Jacky Kozan (« Secrétaire perpétuel » de « l'Académie d'ufologie ») :

J'ai travaillé dans le même service que les techniciens qui étaient sur place. Ils m'ont donc raconté ce qui s'est passé ce jour-là. Ce sont eux qui sont partis en observation ce matin-là. Mes collègues étaient sur place pour préparer les équipements de test qui accompagnaient la fusée Diamant.

Non seulement l'objet était bien là, mais il se déplaçait au fur et à mesure des mouvements ou des activités au sol, comme s'il cherchait à tout moment le meilleur angle d'observation. L'événement a duré toute la fin de matinée (plus d'une heure).

Mes amis avaient remarqué le caractère extraordinaire de l'observation, mais sans s'inquiéter en se disant : « Tiens, une puissance étrangère nous surveille ! » (c'était avant le départ de l'objet). Au bout de quelques minutes, constatant que la position de l'objet correspondait toujours à leur activité au sol, les techniciens se sont arrêtés de travailler, non pas par souci de confidentialité, mais parce qu'ils étaient agacés par ce truc qui leur tournait autour.

Et puis l'objet est parti. Le travail a repris et plus personne n'en a parlé. Sauf à quelques collègues de temps en temps.

Bref, quelque chose a été observé ce jour-là à Hammaguir, mais on ne sais pas trop quoi, les détails de l'observation sont sujets à caution, et ça ne semble pas avoir particulièrement affecté les observateurs. Peut-être effectivement « une puissance étrangère qui les surveillait », puisque dans les années 60, les États-Unis commençaient à faire un usage intensif de drones.

Et le troisième événement « caché » dont parle Canuti, c'est encore une observation à Hammaguir, faite cette fois le 16 janvier 1967 par Jean-Pierre Morin, spécialiste de l'espace pour les tests de fusées Véronique. Il a observé avec sept autres personnes, scientifiques et militaires, « une sorte de zeppelin » silencieux, avec des flammèches multicolores, pendant quelque vingt minutes, qui s'est éloigné après avoir changé d'altitude. C'est la Commission Sigma de la prestigieuse 3AF (Association aéronautique astronautique de France) qui a interrogé Jean-Pierre Morin, et a rapporté l'enquête dans la Lettre de la 3AF de mai-juin 2011, reprise ensuite largement dans la littérature ufologique.

Si Canuti avait lu l'article d'origine et pas seulement la copie tronquée sur Nexus, il aurait trouvé un passage intéressant dans un encadré :

En 1977, alors affecté au Centre de Kourou, JPM a fait à nouveau un témoignage à la demande de Claude Poher, cette fois-ci sous hypnose et devant témoins, cette procédure étant censée faire ressortir des détails qui auraient pu être « oubliés » avec le temps. Ce témoignage, transmis au GEPAN, dont la création remonte à cette époque, reste introuvable au Cnes.

Donc, Jean-Pierre Morin fait son observation en 1967, en 1977 il fait son récit sous hypnose à la demande de Claude Poher (lequel ne parlera jamais de cette observation), et en 2009 il raconte à nouveau son observation à la 3AF en « étant très surpris que que le souvenir de cette longue vision nocturne soit resté à ce point vivace dans mon esprit : comme si c'était hier » !

On sait pourtant maintenant combien l'hypnose favorise les faux-souvenirs ! Et bizarrement, la commission Sigma n'a plus parlé de cette fantastique observation depuis... Pas un mot notamment dans son rapport d'avancement en 2015. J'imagine que la docte commission a interrogé d'autres témoins, puisque certains sont toujours vivants (dont l'astronome Maurice Viton, qu'on ne peut guère accuser d'être réfractaire aux ovnis puisqu'il a collaboré aux travaux de Jean-Pierre Petit sur la M.H.D. et a lui-même déclaré avoir observé un ovni), et que le cas s'est dégonflé.

Bref ces trois cas montrent une fois encore qu'il faut se méfier des observations relatées après des dizaines d'années, et prétendre à partir de ça prouver que le gouvernement cacherait des informations cruciales est ridicule. Ceci dit, il est bien évident que certaines observations faites sur des bases militaires, notamment, sont couvertes par le secret défense et ne parviendront donc jamais au public ni au Geipan. Mais croire que ces observations sont plus problématiques que celles qui sont connues du public relève de la foi qui anime un nombre croissant d'ufologues partisans de l'hypothèse extraterrestre : ils voient qu'il n'y a rien de très solide dans les observations actuelles, alors ils se persuadent que les cas les plus extrêmes sont détenus par les militaires et tenus à l'écart du public, mais que la « grande révélation » approche.

Et c'est bien ce que défend Canuti :

Les cas dont ont été témoins Chapel et Morin, à l'instar de celui de Colmar, très documenté et montré fugitivement à Edmond Campagnac, ne figureraient-ils pas parmi les incontournables dont auraient dû disposer le service du CNES et avec lui les chercheurs en ufologie ?

Cela nous aurait évité l'actuelle litanie des directeurs récents du GEIPAN, nous expliquant qu'ils n'ont pas dans leurs dossiers le moindre cas déterminant d'Ovni...

Il cite ensuite un article de Jean-Pierre Troadec, Commandant de gendarmerie et auditeur de l'I.H.E.D.N. et ufologue bien connu. Celui-ci, dans un article sur les ovnis, services secrets et politique, parle d'un ufologue qui semblait très bien renseigné sur les services militaires et gouvernementaux impliqués dans l'étude des ovnis, qu'il nomme sur le pseudonyme de Georges Tranchant. On ne sait pas trop pourquoi il use d'un pseudonyme alors que l'intéressé, François Couten, ne se cachait guère... Connu effectivement pour être très bien introduit dans les milieux militaires et politiques, mais aussi pour voir dans toute activité d'identification d'avions étrangers non autorisés, ou autres, une recherche sur les ovnis !

Tout ceci peut paraître énorme, mais Georges Tranchant ne fait pas qu'affirmer, il montre des documents et synthétise ses travaux sous forme de monographies confidentielles qu'il distille auprès de chercheurs ovnis en vue.

Le clou de ses « découvertes » reste quand même sur un document SGDN où figurent les noms en clair du Secrétaire général, de son Adjoint, de l'Aide de Camp et de l'Administrateur général. Les grades et qualité de ces personnalités sont également en clair.

Quatre Directions sont ensuite décryptées par Georges Tranchant : « Direction Défense Nation, ayant entre autres accès aux rapports ovnis, Direction Affaires Internationales et Stratégiques, incluant l'observatoire de nouvelles menaces dont celle des ovnis, Direction Technologies et Transferts Sensibles incluant les éléments matériels sur la question ovni, et, Direction Économie et Défense ».

Pour savoir si ce document est un faux ou non, les adresses et téléphones directs des responsables étant signalés en clair, ce feuillet est soumis à l'analyse de deux officiers des Renseignements Généraux. Nous sommes en 2002, dans les bureaux des RG d'une grande métropole. Leur avis est formel : « le document est authentique, votre correspondant a sans doute eu accès à un document classé Secret Défense ». Dont acte ! Georges Tranchant mêle soit le faux et le vrai pour brouiller les pistes dans le monde de l'ufologie, soit il a un accès direct à une ou plusieurs sources fiables qui lui font confiance. Dans tous les cas il a mis le doigt sur « quelque chose ».


Voilà la fameuse « note du S.G.D.N. », qui n'est qu'un texte personnel de Couten sur l'interprétation « ufologique » des services du S.G.D.N. En bref, dans la logique de Troadec, puisque Couten connaissait les adresses et téléphones personnels des chefs des différents services du S.G.D.N., c'est qu'il avait eu accès à un document Secret défense !

Canuti ajoute pour sa part prudemment :

Il semble utile de rappeler que notre propos n'est pas d'affirmer que ces témoignages sont la preuve d'un complot gouvernemental, en l'occurrence français, veillant à dissimuler des preuves décisives du phénomène ovni.

...

Il faut cependant en conclure que l'Armée de l'Air française ne semble pas s'être signalée par une politique de communication plus démocratique que son homologue américain.

Il note ensuite que le Cnes dépend fortement de l'Armée, et conclut que le choix n'était pas le plus rationnel pour assurer la mission de communication et de recherche que s'était donnée auprès du public le Gepan.

Ensuite, il parle des ovnis et des sites nucléaires français, citant notamment « l'Opération Rapa-nui » montée en 1985 par Jimmy Guieu pour surveiller le plateau d'Albion, où d'après ses sources des ovnis étaient observés à chaque fois qu'un silo de missile était ouvert.

Canuti ajoute tout de même :

Autant l'affirmer d'emblée, nous n'apportons pas le moindre crédit aux récits débridés de Jimmy Guieu au sujet des « petits gris » kidnappeurs qui hanteraient les sous-sols du Plateau.

En fait, Jimmy Guieu était prêt à croire n'importe qui lui racontant une histoire extraordinaire, et il avait manifestement été victime d'un mythomane (il y en a à l'armée comme partout) dans cette histoire d'ovnis au plateau d'Albion. J'ai moi-même participé à quelques soirées d'observation organisées par Jimmy Guieu et le CEOSE (Commission d'étude Ouranos sud-est) sur le plateau d'Albion, où rien d'étrange n'a jamais été observé. Canuti cite pour sa part le témoignage de Gilbert Attard qui au cours d'une de ces veillées avait observé un nuage bizarre resté stationnaire pendant plus d'une heure, mais ce genre de nuages n'est pas rare dans cette région montagneuse : j'en ai moi-même observé un alors que je participais à une soirée d'astronomie à l'observatoire Sirene, construit sur un ancien silo de missiles à Lagarde d'Apt, qui est resté parfaitement stationnaire et sans changer de forme pendant plus de trois heures.

Canuti note pour cautionner tout de même les informations de Jimmy Guieu que cette histoire venait bien avant que ne soient connues celles des « désactivations » de missiles américains par des ovnis, mais c'est faux : ces histoires américaines ont bien été popularisées à la suite de la publication du livre de Robert Hastings UFOs & NUKEs en 2008, puis de la conférence de presse qu'il a organisée avec de nombreux témoins aviateurs et militaires en 2010, mais le cas de Malmstrom, en particulier, avait été rapporté dès 1973 par Raymond Fowler.

Il mentionne ensuite brièvement deux études statistiques qui semblent montrer un lien entre ovnis et nucléaires :

Celle, américaine, de Donald Johnson, qui compare simplement le nombre d'observations rapporté dans les comtés (une division du pays beaucoup plus petite que les États) possédant des installations nucléaires, et dans le même nombre de comtés équivalents (en population et en localisation géographique) ne possédant pas de telles installations. Le résultat est une nette « préférence » pour les premiers. L'étude est intéressante, mais on lui a reproché de reposer sur le catalogue Ufocat qui de l'avis général contient énormément d'observations bien identifiables. Les résultats pourraient donc indiquer une plus grande facilité à rapporter des observations à proximité d'une installation nucléaire, plutôt qu'une réelle préférence des ovnis pour ces installations.

La seconde, française, est celle de Jean-Jacques Velasco, qui a prétendu prouver dans son livre Ovni : l'évidence une corrélation très significative entre le nombre d'observations radar-optiques d'ovnis et le nombre d'essais nucléaires. J'ai déjà largement exposé les énormes failles de cette étude dans ma critique de ce livre, vous pouvez vous y référer pour les détails mais en résumé on y trouve surtout les preuves que Jean-Jacques Velasco est totalement ignorant en matière de statistiques : il a commis des erreurs énormes, une des courbes est pour une raison mystérieuse décalée d'un an si bien que bon nombre de « pics » d'observations correspondent à des « creux » d'essais nucléaires contrairement à ce qu'il prétend... En fait, tout ce que cette étude met en évidence c'est que l'usage des radars s'est développé en même temps que les essais nucléaires, ce qui est bien normal puisque les deux ont été poussés par la seconde guerre mondiale !

Et toutes ces « évidences » du lien entre ovnis et nucléaire amènent Canuti à la dernière péripétie française dans ce domaine, la vague de survols des centrales nucléaires par de prétendus « drones » que beaucoup d'ufologues préfèrent considérer comme des ovnis.

Drovnis et autres « grands deltas noirs » sur les centrales nucléaires

Je recopie ici ce que j'ai déjà écrit à ce sujet dans mon dossier sur cette vague de survols des centrales.

Le titre même du chapitre, les Drovnis et autres « grands deltas noirs », sent déjà l'arnaque, puisqu'on ne connaît pas un seul témoignage de « grand delta noir » pour cette vague ! Il est vrai qu'on n'a pratiquement aucune description, du fait que toutes les observations ou presque relèvent des services de sécurité des centrales et n'ont pas été publiées... Les seules descriptions que l'on a concernent un classique drone quadrirotors vu par la gendarmerie interne de la centrale de Golfech, et un objet en forme d'avion (et qui en était vraisemblablement un) décrit le même jour par un témoin civil... C'est tout, il n'a autant que je sache jamais été question d'un « triangle » dans toutes les observations rapportées pendant la vague de survols de 2014/2015... D'ailleurs, Canuti en cite pas mal, et vous ne trouverez pas une seule occurrence du mot « triangle » ou « delta » dans toute la partie relative à cette vague. Donc, associer ces « drovnis » aux « deltas noirs » relève déjà du fantasme !

Passons à l'introduction de ce chapitre :

Entre septembre 2014 et février 2015, une vague étrange d'ovnis d'un nouveau genre va se produire en France et n'a toujours pas reçu d'explication conventionnelle à ce jour. Au sens strict du terme, ce sont bien des ovnis qui vont être signalés au-dessus de centrales nucléaires mais aussi au-dessus d'autres sites sensibles comme ceux de la firme Areva ou du CEA (Commissariat aux Énergies Atomique et aux énergies alternatives) à Saclay (Essonne), même si l'irruption des drones grand-public s'imposa naturellement comme l'hypothèse la plus plausible. C'est au contact des différents récits des témoins que va s'opérer un glissement sémantique qui sera à l'origine des mystérieux « drovnis », terme dont l'ufologue Claude Lavat fut l'inventeur lors d'un entretien donné à l'antenne de BTLV en octobre 2014.

Effectivement « l'irruption de drones grand public s'impose naturellement comme l'hypothèse la plus plausible » pour ce qui concerne les véritables aéronefs non identifiés, et c'est clairement ce que tout le monde pense à part une poignée d'ufologues, même si on s'interroge sur l'identité et les motivations des pilotes de ces drones... Quant au « glissement sémantique » vers le terme « drovni », il n'est pas dû aux témoins, que pour la plupart on ne connaît pas, mais à des ufologues qui prennent leurs rêves pour la réalité...

Canuti passe ensuite en revue les survols qui ont eu lieu, en recopiant pour une bonne part les résumés du tableau récapitulatif d'Arcadya du forum les Mystères des Ovnis, sans jamais faire la moindre vérification sur ce qui a été écrit... Ainsi, il reprend la façon plus que fantaisiste dont Yannick Rousselet de Greenpeace a raconté le survol de Flamanville :

À Flamanville, ce sont deux drones qui se signalent durant 45 minutes, non seulement au-dessus de la centrale puis se déplaçant vers l'établissement Areva de la Hague et le centre de stockage de la Manche. Cette observation aurait été documentée en photo et vidéo par des employés de la centrale et des gendarmes sur place. Deux hélicoptères tenteront en vain de prendre en chasse le phénomène.

En réalité il n'y a eu que deux observations brèves à 45 minutes d'intervalle, personne n'a rien vu du côté d'Areva à la Hague, et il n'y a eu aucune poursuite d'hélicoptères, ça fait quand même beaucoup de sottises en quelques lignes !

Il reprend aussi l'information sur le survol supposé à la base d'Istres, où un drone aurait été vu par un fort mistral et où un hélicoptère aurait décollé immédiatement pour l'intercepter, sans succès... Mais il ne précise pas les gros doutes que l'on peut avoir sur ce témoignage unique, alors qu'il y avait des milliers d'employés sur la base dont huit en poste de vigie à la tour de contrôle, et que personne d'autre n'a rien vu...

Et il ne mentionne jamais que bon nombre d'observations ont été plus tard identifiées comme des méprises avec des avions, y compris pour des cas qu'il a cités (Cattenom le 14 octobre et Gravelines le 19).

Il fait grand cas aussi de l'observation du témoin Marc T. à Dunes, près de Golfech, sans préciser bien sûr que ce même témoin a ensuite déclaré avoir tourné deux vidéos d'autres « drovnis » qu'il aurait vus dans les jours qui suivent, et a choisi de disparaître lorsqu'on a commencé à lui poser des questions un peu gênantes dans le forum Mystère des ovnis où il s'était signalé, un forum qui n'est pourtant pas connu pour être un repaire de sceptiques inquisiteurs !

Il critique ensuite le Geipan pour son « refus poli d'enquêter »... Mais le Geipan n'a rien refusé du tout, simplement en l'occurrence il n'avait pas plus d'informations que les ufologues, et lui n'en profite pas pour fantasmer !

Il parle ensuite du cas de l'Île Longue, où il ne s'agit pas d'une centrale nucléaire mais d'un site abritant des sous-marins nucléaires, qui a été signalé à peu près de la même manière que les survols de centrales :

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Détection de drones à proximité d'un site militaire le 29 janvier 2016 à Brest

Au cours de ces derniers jours, des drones ont été détectés à proximité du site de l'Île Longue par les dispositifs et les équipes de protection du site.

Ces détections ont été immédiatement traitées en mobilisant les moyens et les équipes de réaction prévus dans ce cas de figure.

Ces vols de drones n'ont pas présenté de menace caractérisée sur la sûreté des installations.

Tout survol avéré de drone au-dessus d'installations militaires fait l'objet d'une procédure judiciaire pour déterminer la nature et l'origine du survol et poursuivre leurs auteurs, compte tenu de la nature illégale de ces activités.

Le dispositif de surveillance et protection des sites de la Marine permet de garantir leur sécurité et prend bien en compte les potentialités ouvertes par les nouvelles technologies.

Un porte-parole de la marine indiquait en outre que ces vols s'étaient produits dans la nuit du 26 au 27 et le 27, et qu'il ne disposait « d'aucune preuve tangible » dans la mesure où les drones n'ont pas été retrouvés.

Le fait est qu'immédiatement il y a eu une grande agitation aux abords de la base, avec des survols d'hélicoptères et de nombreuses patrouilles à Brest et autour de toute la rade.

Mais comme d'habitude, on ne savait pas trop si les survols s'étaient vraiment produits au-dessus des installations militaires, ou simplement dans la zone interdite qui couvre Brest, toute la rade et la presqu'île de Crozon, et derrière la baie de Douarnenez.

Thibaut Canuti fait état de toute cette agitation en citant l'article de presse du Télégramme du 29 janvier 2015, mais il se garde bien de citer les résultats de l'enquête judiciaire qui a suivi, mentionnés sur FR3 Bretagne le 9 septembre 2016 :

Site nucléaire de l'Ile Longue : survols de drones non avérés

Les suspicions de vols de drones début 2015 à proximité du site nucléaire de l'Ile Longue, dans la rade de Brest, n'ont pas été avérées, a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Quimper.

« Le plus souvent on était sur des objets parfaitement identifiés, des hélicoptères, soit militaires soit civils, ou des vols civils », a indiqué le procureur de la République à Quimper Thierry Lescouarc'h, chargé des différentes enquêtes ouvertes à la suite de ces alertes, une dizaine au total en deux jours.

« Il y a eu un seul vol qui n'a pas été identifié », a-t-il précisé, ajoutant cependant ne pas avoir eu de certitude sur le fait qu'il s'agissait d'un drone et avoir classé le dossier « pour cause d'infraction insuffisamment caractérisée ».

« On n'a pas eu de vol avéré de drone au-dessus de l'Ile Longue », a également assuré le capitaine de frégate Louis-Xavier Renaux, porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique, disant se baser sur les conclusions des analyses techniques internes menées à la suite de ces alertes.

Et voilà, encore une affaire qui s'est largement dégonflée... Un seul vol non identifié, qui pourrait être vraiment lié à un drone civil ayant eu tout le temps de disparaître dans la vaste zone interdite avant que les recherches ne soient déclenchées. Et à ceux qui s'étonneraient que des militaires aient pris des avions et des hélicoptères bien identifiables pour des drones, ça n'a rien d'anormal : quand tout le monde est sur les dents pour rechercher un drone qui a été vu initialement, il est normal que le moindre groupe de lumières clignotantes dans le ciel soit pris pour ce drone ! Et sur un site aussi sensible, les militaires préfèrent avoir dix fausses alertes que laisser passer un incident réel !

Mais bon, on est libre d'imaginer que le Procureur de la République de Quimper est un vendu ou aurait lui-même été abusé pour protéger la population de l'horrible vérité... Par contre, ne pas mentionner cette information tout de même importante dans un livre consacré au phénomène, c'est soit de l'ignorance soit de la mauvaise foi, et dans les deux cas ça n'est pas sérieux de la part de quelqu'un qui se prétend historien !

Plus loin, il cite les âneries de Christian Comtesse sur les performances impossibles de ces supposés drones : ceux qui ont prétendument été vus par des vents de 70 km/h et sous une pluie battante, qui auraient circulé entre Flamanville et la Hague sur 18 km, etc... On a vu que tout cela était simplement imaginaire... Quand un auteur qui ne vérifie jamais rien cite un ufologue qui ne vérifie jamais rien, on est sûr que le mythe va se propager !

Et il conclut sur cette vague de « drovnis » :

Il semble raisonnable d'imaginer que des drones soient à l'origine d'une part non négligeable des observations. Ils ont pu être pilotés par des puissances étrangères quoique l'argument de l'espionnage paraisse pour le moins improbable, les technologies de nos centrales nucléaires étant connues et exploitées par de nombreux pays.

L'État a pu aussi lui-même tester ses défenses stratégiques avec des aéronefs furtifs mais il se serait mis en faute au moindre problème, courant de grands risques et inquiétant inutilement la population pour un bénéfice mineur : observer et évaluer la mise en œuvre par les équipes civiles et militaires des protocoles de sécurité ?

La chose paraît pour le moins improbable.


On ne sait pas comment il est passé en quelques pages des « drones grand public » comme hypothèse la plus plausible à celle de « drones pilotés par des puissances étrangères » ou « d'aéronefs furtifs » contrôlés par l'État, qui sont effectivement beaucoup moins crédibles !

Et plus loin :

Définitivement, certains drovnis ressemblent traits pour traits à d'authentiques ovnis, un phénomène se manifestant dans le cadre d'une vague, immobile ou filant dans le ciel, évoluant par des conditions climatiques incompatibles avec une sortie et les déplacements rapportés par les témoins, des objets dépourvus de bruits et que les hélicoptères militaires ou les équipements de brouillage et de radars ne parviennent pas à contrarier...

Sauf que tout cela est en grande partie imaginaire !

Eu égard au caractère élusif du phénomène et à sa capacité à se jouer des formes et des apparences, on peut raisonnablement envisager un phénomène résiduel constituant une authentique anomalie, opportunément masqué par une non moins authentique campagne de survol de nos centrales par des drones.

Le fameux « phénomène résiduel constituant une authentique anomalie » que Canuti trouvera dans n'importe quelle vague d'observations, en gobant sans aucune vérification toutes les foutaises répandues par ses comparses... Ici, le phénomène n'a pas du tout fait preuve « d'élusivité », puisqu'on sait que bon nombre de photos et vidéos ont été prises, simplement du fait que la plupart des témoins sont soumis au secret défense rien n'a été publié... Quelques informations filtrent maintenant au sujet des instructions judiciaires qui ont été menées, qui vont toutes dans le sens d'une vague de survols largement surestimée, avec beaucoup de confusions avec des avions, mais les ufologues mettent ces informations en doute parce qu'elles ne correspondent pas à leurs attentes !

Avec l'épisode du 5 novembre 90, l'hypothèse est parfaitement recevable.

Bien sûr, puisque pour le 5 novembre 90 dont nous allons reparler il a fait exactement la même chose, voir des « anomalies » dans des faits inventés par des ufologues !

L'avion furtif triangulaire fut le paravent parfait en 1990, là où le drone apparaît comme l'objet idéal des temps présents pour un phénomène ovni caractérisé par sa capacité à interagir en profondeur avec nos consciences, à se dissimuler tout en signalant sa présence.

Euh là il mélange la vague du 5 novembre 90, expliquée par une rentrée atmosphérique, avec la « vague belge » qu'une revue en mal de sensationnel a prétendu expliquer par l'avion furtif F-117... Une hypothèse qu'aucun ufologue ayant étudié la vague n'a pris au sérieux, et qui ne doit sa popularité qu'à celle de la revue qui l'a publiée, Science & Vie.

Ensuite, il rapporte une observation de « grand delta noir » trouvée sur le net parce que ça ferait désordre qu'il n'y en ait pas un seul dans un chapitre sur les « grands deltas noirs » ! Il s'agit du cas du 4 mai 2016 à Challex, à la frontière de la Suisse, enquêté par Daniel Robin, auteur justement d'un livre consacré aux « triangles dans la nuit ». Une observation assez banale d'un immense « triangle noir » se dirigeant comme par hasard vers l'aéroport de Genève, qui pourrait être un peu convaincante s'il ne s'agissait pas d'un témoignage unique (le témoin circulait en voiture avec sa compagne, mais il l'a quittée depuis et on n'a donc pas son témoignage) rapporté après trois ans. Et puis l'observation serait liée au nucléaire puisqu'elle a eu lieu tout près du L.H.C. (Grand collisionneur de hadrons, du CERN)... Notons que ça n'est pas difficile à la frontière Suisse d'être près de cet accélérateur de particules de plus de huit kilomètres de diamètre ! Là, l'observation a eu lieu à 7 km de Meyrin qui abrite les principales installations du L.H.C., c'est à peu près aussi loin que Genève... Et ce cas est donc tout ce que Canuti a trouvé comme lien entre les « grands deltas noirs » et le nucléaire pour justifier le titre de son chapitre !

Il en vient ensuite à l'affaire de Fessenheim, autre cas reposant sur un témoignage unique et en plus cette fois anonyme... C'est après que l'annonce classique d'un survol d'une centrale par un « aéronef » eut été diffusée dans les réseaux sociaux par une association antinucléaire, que Jean-Claude Bourret a reçu via Facebook le récit d'un témoin se présentant comme un gendarme du Peloton de gendarmerie de la centrale, qui aurait avec six autres témoins appartenant au même peloton ou aux services de sécurité assisté à un véritable carnaval d'ovnis de toutes formes (il y avait même dans le tas, pour une fois, un « triangle » !), dont il posséderait une vidéo de huit minutes. Mais bien entendu, lorsque cette formidable observation a été diffusée dans la presse, le « témoin » s'est complètement évaporé, et personne ne l'a jamais retrouvé, pas plus que les autres ou la vidéo. Et Canuti ajoute des inventions de son crû sur le témoin introuvable qui aurait été « assez vite démasqué par sa hiérarchie et promptement muté sur d'autres missions ».

Canuti termine enfin par la vague d'ovnis dans le Loiret qui a eu lieu en 2018 :

En septembre et octobre 2018, plusieurs centaines de témoins vont faire état, dans la région du Loiret et notamment à proximité immédiate de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), de curieux phénomènes observables principalement à l'aube ou à la tombée de la nuit, ayant l'apparence de boules de lumière très intenses et de formes triangulaires, se déplaçant par groupes de 3 ou 4 et perçues comme étant solidaires, « comme si un fil invisible les reliait ».

Ce qu'il ne précise pas, c'est que ces plus de 200 témoins se sont manifestés à la suite de deux appels à témoins parus dans le journal local, la République du Centre, les 11 et 14 octobre 2018... Et comme à chaque fois qu'un tel appel est lancé il en est résulté de nombreux témoignages très disparates où les « grands deltas noirs » ne sont pas majoritaires... Il est clair que beaucoup concernent des lanternes thaïlandaises, et bien peu se situent près de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-les-Eaux... D'ailleurs les deux témoins cités par Canuti se trouvaient à plus de 30 km de la centrale, une distance plutôt moyenne à l'échelle d'un département !

Le journaliste précise, après le récit le plus fantastique : Son témoignage est le seul du genre. Édifiant au point que l'on comprendra aisément que beaucoup ne lui apportent que peu de crédit. Il n'en demeure pas moins que la sincérité de K. transparaissait dans sa voix, ses tremblements et interrogations. Précisons seulement que K. n'est pas la première personne à évoquer un triangle dans la nuit. Les témoignages sont certes rares à l'échelle du Loiret, mais ils existent.

C'est formidable, sur plus de deux cents témoignages, il y en a quelques-uns, « certes rares mais ils existent », qui évoquent des « triangles dans la nuit », quelques autres qui font référence à la centrale nucléaire (essentiellement un qui présente des photos de « boules blanches » au-dessus de la centrale qui ont toutes les chances d'être des trucages), c'est bien la preuve qu'il y a un lien entre les « triangles noirs » et les centrales nucléaires !

Deuxième partie : du Gepan au Geipan

Canuti nous parle ensuite des premiers responsables du Geipan...

D'abord Claude Poher, qui s'est fait connaître par son « étude statistique des rapports d'observations du phénomène ovni » en 1971, et qui a usé de toute son influence politique pour que le Gepan soit créé en 1977. Poher a mis en place beaucoup de choses, et a tenté sans grand succès un rapprochement avec les associations ufologiques. Il a quitté le Gepan après seulement deux ans, officiellement pour un voyage autour du monde et officieusement parce qu'en partisan convaincu de l'hypothèse extraterrestre il aurait voulu que le Gepan se lance notamment dans des recherches sur le mode de propulsion des ovnis, et que tout le monde au Cnes n'était pas prêt à le suivre dans cette voie !

Le second est Alain Esterle, jeune polytechnicien, plus pondéré, qui a affiné les méthodes d'enquête mais n'a pas pour autant abandonné l'idée de recherches scientifiques pluridisciplinaires. C'est du reste en voulant mener des recherches en M.H.D. tout en se passant du concours de jean-Pierre Petit, jugé incontrôlable, qu'Esterle s'est lui-même sabordé dans un échec retentissant... Canuti répète dans ce chapitre l'opinion pas forcément très objective de Petit, que « la fonction du Geipan était de capter les idées et les travaux scientifiques issus du secteur civil, au profit de la recherche militaire ». Canuti considère aussi qu'Esterle avait entamé un tournant du Geipan vers le scepticisme... C'est très exagéré, simplement le mouvement des « nouveaux ufologues » adeptes de l'hypothèse socio-psychologique se répandait depuis les livres de Monnerie puis de Barthel et Brucker, et le Gepan ne pouvait pas les ignorer même si ça dérangeait beaucoup d'ufologues « traditionalistes ».

Et on en arrive donc en 1983 à l'ère longue et cahotique de Jean-Jacques Velasco, qui s'occupait auparavant des enquêtes sur le terrain. Avec des moyens aussi réduits que son bagage scientifique (il n'était que technicien supérieur en optique, promu ingénieur par promotion interne), Velasco a tant bien que mal fait survivre le Gepan en faisant un véritable travail de propagande.

Et c'est ainsi que, pour se donner un peu plus de respectabilité dans le milieu scientifique, le Gepan est devenu le Sepra, Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques. Velasco avait probablement dû choisir comme le note Canuti entre cela ou la fermeture... Le service continuait à s'occuper d'ovnis, mais l'activité était reléguée au second plan après l'étude de phénomènes bien identifiés. Et ça lui a plutôt réussi au début, puisqu'immédiatement après « son » identification de la rentrée du 5 novembre 1990, qui paraissait de prime abord comme une preuve de compétence, le Parlement européen envisageait d'étendre les compétences du Sepra à l'Europe, ce qui tentait bien évidemment Velasco. Canuti s'étend assez longuement sur cet épisode.

La vague du 5 novembre 1990

Il en vient ensuite à cette « vague » qui a fait couler beaucoup d'encre, qui lui tient à cœur puisqu'il a fait des conférences dessus (il aime bien faire des conférences sur des sujets qu'il ne connaît pas). Nous avons eu des discussions animées à ce sujet sur la liste Magonie, que j'ai résumées à la fin de mon dossier sur les quelque 50 observations jugées irréductibles à la rentrée atmosphérique par Joël Mesnard. Ça l'avait du reste beaucoup contrarié, puisqu'il était allé jusqu'à me menacer de procès si je ne retirais pas ce texte et toute mention de son nom de mon site ! Ce que je n'ai bien évidemment pas fait, puisque ce que j'ai fait n'a rien d'illégal (il faut n'avoir rien compris aux listes de diffusion pour croire qu'elles peuvent être assimilées à de la correspondance privée), n'est pas contraire à la « nétiquette » ni aux règles de la liste puisque rien n'était indiqué à ce sujet. Bref, encore un de ces procédés nauséabonds de Canuti pour tenter d'interdire toute critique de ses écrits.

Sachant qu'il préparait le deuxième volume de son livre sur l'histoire de l'ufologie française dans lequel il allait parler de cette vague, je concluais mon résumé par : On peut certes espérer qu'il fera preuve de plus de rigueur dans son livre que dans une liste de diffusion où on répond quelquefois sans trop prendre le temps de chercher, mais ce qui est remarquable c'est que de mémoire Canuti accumule des erreurs énormes qui vont systématiquement dans le sens de la « soucoupisation »... Ça nous permet d'émettre quelques doutes sur l'agnosticisme et la neutralité dont il ne cesse de se réclamer fièrement !

Et donc ça y est, on peut voir le résultat, dans les plus de cinquante pages qu'il consacre à cette vague (un sixième de son livre)... Rien de bien nouveau sur le fond, mais par contre je n'imaginais pas qu'il pourrait aller aussi loin dans la bassesse à mon encontre... Plagiat, mensonges éhontés, absence de toute citation, on va voir que rien ne l'arrête.

Voyons le début ;

On ne saurait que très peu de choses des événements du 5 novembre 1990, malgré des erreurs méthodologiques bien compréhensibles, sans les efforts d'ufologues qui vont refuser de s'en tenir à la thèse officielle, parmi lesquels Franck Marie de l'association Banque Ovni et Joël Mesnard et son réseau de correspondants de la revue LDLN. Cet événement ufologique majeur méritait bien un chapitre, en contrepoids de toute la prose sceptique rationaliste qui aura, constamment dans cette affaire, usé de raccourcis censément hypothético-déductifs, estimant que toute élucubration pour peu qu'elle soit conventionnelle, vaut pour vérité scientifique.

Je trouve assez hallucinant que les erreurs méthodologiques soient qualifiées de « bien compréhensibles » de la part d'un organisme d'état censé expertiser les rentrées de satellites, au sein d'un organisme prestigieux spécialisé dans l'espace ! Et Canuti oublie aussi de préciser que la « prose sceptique rationaliste », la mienne essentiellement, contient les seules informations correctes que l'on trouve dans le monde ufologique sur la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990. Il les reprend d'ailleurs, en recopiant textuellement des parties complètes de mes textes sans avoir la décence de me citer !

De même, pour les cas qu'il détaille, il conclut par une phrase lapidaire et souvent mensongère supposée refléter l'opinion « des sceptiques », en l'occurrence moi puisque je suis à peu près le seul à m'être attelé à une discussion détaillée au cas par cas.

Les faits rapportés au travers des quelques dizaines de cas connus qui résistent à l'explication de la rentrée atmosphérique enregistrée ce soir-là sont exceptionnels, énormes, par leur nature comme souvent par leur dimension même. L'effet qu'ils ont induit sur les hommes comme sur l'environnement, leur étrangeté et la tranquille majesté de ces phénomènes — impression qui sera rapportée par de nombreux témoins — font de cette micro-vague du 5 novembre 90 un événement à haut indice d'étrangeté.

Nous allons tâcher de démontrer, au regard des cas les plus significatifs, que se sont superposées à une authentique rentrée atmosphérique, des observations exotiques qui ne peuvent être expliquées de façon conventionnelle. Qu'une forme d'intelligence ait estimé que cette rentrée atmosphérique serait la « couverture » idéale pour se produire dans les cieux paraît, du reste, être une hypothèse parfaitement recevable et dont on trouve la trace à d'autres époques, comme nous le verrons plus loin.


C'est une hypothèse tout à fait recevable à condition qu'il y ait bien une « anomalie » !

Il nous parle ensuite du contexte de cette vague : juste après la « vague belge » de 1989/1990 qui reste un événement marquant de l'ufologie. Mais la discussion ne se résume pas comme semble le croire Canuti à opposer les défenseurs du « triangle belge » archétypal, se déplaçant lentement ou en sur-place, en silence et à basse altitude, à ses négateurs qui l'identifieraient au F-117, hypothèse unanimement rejetée qui ne doit sa notoriété qu'à la revue qui l'a défendue (Science & Vie).

Et la vague aurait aussi « préfiguré » celle de Phoenix le 13 mars 1997, que Canuti résume ainsi :

5 lumières disposées en un « V » gigantesque, comme suspendues dans le ciel [...] Plusieurs témoins observèrent ces mystérieuses lumières, certains témoignant, comme pour le 5 novembre, du passage à très faible altitude de gigantesques superstructures, des films amateurs sont même tournés. Le gouvernement américain et l'État de l'Arizona soutiendront qu'il s'agissait de torchères lancées par l'Armée.

Un résumé complètement absurde, puisqu'il y a eu deux événements très distincts ce soir-là à Phoenix : un ensemble de lumières en V qui a traversé l'état du nord au sud, en passant au-dessus de Phoenix vers 20 h 30, et deux heures plus tard des lumières alignées qui sont apparues une à une et sont restées stationnaires quelques minutes en direction de l'ouest de la ville. C'est ce deuxième événement qui a fait l'objet de plusieurs vidéos et a été expliqué par des fusées éclairantes militaires, ce que pratiquement personne ne conteste. Quant au premier, l'explication évidente mais pas prouvée, partagée par tous les sceptiques et par bon nombre de non sceptiques, est qu'il s'agissait d'une formation d'avions passant à haute altitude avec leurs feux d'atterrissage allumés. Et il y a effectivement de grosses similitudes avec le 5 novembre, puisque dans les deux cas la plupart des témoins ont cru avoir affaire à un objet unique volant à basse altitude, et qu'une minorité des observateurs ont cru distinguer une « forme noire » (triangulaire pour les uns, en chevron pour les autres) dans le noir de la nuit... Et aussi bien sûr l'habituel « étalement » de la vague, et quelques « anomalies » mentionnées dans une petite minorité de cas.

Et puis, il parle du contexte politique, avec la préparation de la première « guerre du Golfe » qui rendait les militaires très sensibles.

Et il nous résume ce qui s'est passé ce soir-là, pour des milliers de témoins, et comment le Sepra a réagi :

L'hypothèse qui va vite s'imposer, celle de la rentrée atmosphérique d'un troisième étage de fusée russe Proton, visible en France selon un axe Bordeaux à Strasbourg, est en fait parvenue au SEPRA d'une pointure de l'astronomie amateur, Pierre Neirinck.

C'est bien le cas, mais curieusement Canuti ne parle pas de l'énorme erreur du Sepra sur la trajectoire (laquelle ne provenait ni de Pierre Neirinck ni de la Nasa), erreur que le Sepra n'a jamais reconnue (le Geipan l'a fait 25 ans plus tard !) et qui compte pour beaucoup dans les doutes des ufologues (et aussi dans l'agitation des militaires) : il annonçait une trajectoire Pau-Strasbourg, et non Bordeaux-Strasbourg (en réalité Royan-Strasbourg comme l'indiquait Neirinck), soit plus de 200 km d'écart dans l'ouest de la Fance !

Il s'étend par contre sur l'autre erreur grossière de Jean-Jacques Velasco, qui a consisté à prendre des photos des lumières clignotantes d'avions en longue pause pour d'authentiques photos de la rentrée atmosphérique. C'était effectivement un « aveu d'amateurisme » (enfin aveu pas vraiment puisque Velasco semble n'avoir jamais compris qu'il s'était trompé !), mais bien moins révélateur de la méconnaissance en matière de rentrées atmosphérique que l'erreur de trajectoire, qui résultait de la confusion entre inclinaison de l'orbite et inclinaison de la trajectoire lors du survol de la France.

Pour le Cnes, l'affaire est entendue. Les observations du 5 novembre renvoient au survol d'un nuage de débris d'un troisième étage de fusée soviétique Proton à une altitude de 90 à 50 km, à une vitesse décroissante de 7 à 2 km/s (25000 à 7200 km/h). La distance du phénomène n'aurait pas été inférieure à 200 km...

Là c'est un mélange : les 90 à 50 km proviennent de la « nouvelle simulation » faite en 2015 (et encore fausse, mais beaucoup moins que la précédente) : l'altitude réelle, mentionnée dès le début par Pierre Neirinck, était de 110 à 80 km, et le ralentissement très faible sur tout le territoire français ; quant à « la distance du phénomène n'aurait pas été inférieure à 200 km », on ne sait pas d'où il sort cette ânerie, puisque si un phénomène passe à une altitude de 80 km (ou pire 50) il sera à une distance de 80 km d'un témoin situé juste en dessous !

Ce serait sa puissance lumineuse qui l'aurait fait paraître proche aux témoins, illusion classique.

Non, c'est plutôt la dimension angulaire extrême (de l'ordre de 20°, plus ou moins selon la position des témoins) et le déplacement de concert des différentes lumières, les témoins ne pouvant pas imaginer qu'il puisse s'agir d'un « objet » passant à quelque 200 km d'eux en moyenne, ayant donc une dimension d'une centaine de kilomètres !

Le phénomène a survolé la France durant deux minutes environ entre 18 h 59 min 40 secondes et 19 h 01 min 20 secondes et a pu être visible à grande distance, malgré une couverture nuageuse présente sur certaines zones qui a pu raccourcir certaines observations, l'étendue du phénomène dans les hautes couches de l'atmosphère étant significative et la luminosité suscitée par la rentrée se rapprochant d'un dixième de la pleine lune.

Rien à dire là-dessus, puisqu'il s'agit d'informations qu'il a trouvées sur notre site. À ma connaissance je suis le seul à avoir donné une estimation de la luminosité moyenne de cette rentrée, en calculant l'énergie cinétique perdue, et trouvé le dixième de celle de la lune.

La majeure partie des observations concerne la vision de points lumineux, parfois ordonnés en forme de triangle. Il est évident que ces observations renvoient à la rentrée atmosphérique. Mais les cas les plus déterminants sont des observations rapprochées de très grosses structures, encadrées de feux lumineux, parfois dans des directions contraires à la rentrée, à une heure manifestement incompatible ou durant un temps significativement trop long pour être réduits à l'observation de la rentrée atmosphérique.

Ces cas représentent une anomalie irréductible à un phénomène conventionnel.


Le problème, que Canuti préfère ne pas évoquer, c'est que pratiquement TOUS les témoins de cette vague, y compris donc ceux qui auraient assisté à la rentrée atmosphérique, font état « d'observations rapprochées de très grosses structures » ! Et c'est aussi le cas de témoins d'autres rentrées atmosphériques, ou de tout autre phénomène à haute altitude impliquant un ensemble de lumières dont la disposition ne varie pas beaucoup au cours de chaque observation. La vision de « masses noires » semblant porter cet ensemble de lumière ne résulte pas seulement de l'illusion de contour, mais aussi de l'effet physiologique du manque de récepteurs des lumières faibles (les bâtonnets) au centre de notre rétine, qui entraîne la disparition des étoiles de faible luminosité lorsqu'un objet très lumineux que l'on suit du regard passe devant.

Quant aux « heures manifestement incompatibles », il y en a très peu, ou alors elles sont très incertaines (un témoin dit des années après son observation qu'il devait être « vers 19 h 15 ou 19 h 30 », et ça devient pour Canuti et d'autres chantres de cette vague la preuve qu'il ne pouvait pas s'agir de la rentrée atmosphérique qui passait à 19 heures précises !) Idem pour les durées, il n'y a que 6% de témoins qui mentionnent une durée, purement estimée, supérieure aux 4 minutes que pouvait durer la rentrée atmosphérique vue dans des conditions idéales (du début à la fin et avec un horizon dégagé des deux côtés), et la durée moyenne estimée par l'ensemble des témoins, d'environ une minute et demie, est tout à fait vraisemblable.

Canuti en vient donc à la présentation de vingt cas qu'il considère comme particulièrement représentatifs des « anomalies ». Notons que comme bien d'autres, il ne mentionne jamais la date du témoignage, comme s'il considérait qu'un témoignage est aussi fiable quand il est relaté 25 ans après l'observation que le lendemain !

J'ai examiné la plupart des témoignages choisis par Canuti dans mon long article sur « les ovnis fabriqués par les ufologues », j'indique donc un lien vers la partie de cet article consacrée au cas en question si vous voulez approfondir... Vous pourrez donc décider laquelle de la version de Canuti ou la mienne est la plus vraisemblable pour chaque cas. Il n'y a que trois observations qui ne sont pas issues de ce dossier, pour lesquelles je mentionnerai les liens d'origine.

1. Sauzet (Lot)

Le témoignage a été recueilli après cinq ans.

Le témoin commence par observer sur un trajet d'une douzaine de kilomètres, donc pendant une dizaine de minutes en roulant sur une départementale, des lumières lointaines, très bas dans le ciel et peu spectaculaires, qu'il perd de vue sur le dernier kilomètre, donc pendant près d'une minute (Canuti omet de signaler cette « coupure » dans l'observation)... Et c'est ensuite qu'il voit le « phénomène immense » lui passer « au-dessus » quoique bas sur l'horizon d'après le dessin (dessin probablement pas fait par le témoin et que Canuti choisit en introduction de son livre), qui dure entre deux et cinq minutes et s'éloigne dans la direction de la rentrée atmosphérique jusqu'à disparaître.

Il y a donc deux phases très différentes et distinctes dans cette observation, et j'ai supposé que la première phase pouvait se rapporter à la vision d'une étoile très brillante visible bas sur l'horizon précisément dans la direction indiquée, et la seconde phase à la rentrée atmosphérique très déformée après cinq années (l'immensité de la chose, le passage « à la verticale », l'immobilité initiale, les rangées de lumières parfaitement alignées, la disparition subite). La rentrée atmosphérique était bien visible dans les circonstances de l'observation pendant près de deux minutes, et à une hauteur angulaire maximale de 26°.

Canuti conclut pour sa part :

À Sauzet, la hauteur angulaire de l'observation est trop basse, l'observation dure beaucoup trop longtemps, les alignements rectilignes de lumières, le déplacement puis la phase immobile et enfin la disparition subite du phénomène excluent clairement la rentrée atmosphérique, mais les sceptiques y verront tantôt une étoile basse à l'horizon (Arcturus, troisième étoile la plus brillante du ciel à ce moment, se trouvait à 18 h 50 à un azimut 290° (ouest-nord-ouest) et une hauteur angulaire de 8°) ou la rentrée atmosphérique elle-même.

Pas l'une ou l'autre, l'une puis l'autre... Je n'ai pas compris en quoi « à Sauzet, la hauteur angulaire de l'observation est trop basse », et pour le reste oui ça arrive qu'après cinq ans un témoin déforme complètement son observation, et c'est inévitable que l'on en trouve quelques-uns parmi les centaines de témoins du phénomène de cette soirée... Et c'est bien de quelques-uns qu'il s'agit, toujours des témoins uniques et qui parlent pratiquement toujours comme ici après plusieurs années.

2. Au large, à une vingtaine de kilomètres de l'île de Groix (Morbihan)

Observation du capitaine du Chalutier Elvis, José Bal, qui se trouvait à la barre pendant que le reste de l'équipage dormait. Pour une fois, Joël Mesnard indique quand le témoignage a été reçu, trois ans après l'observation, mais Canuti ne recopie pas cette information. Le début évoque tout à fait la rentrée, avec une explosion vue au large dans la direction où l'étage de fusée explosait, « comme si c'était rentré dans l'atmosphère », puis deux boules de lumière qui en sortent et se transforment à mesure qu'elles s'approchent en un ensemble de nombreuses lumières prenant la forme d'un losange... C'est tout à fait typique des observations sur la côte atlantique, mais ensuite, cet immense losange lumineux aurait stationné pendant plus de trois minutes juste au-dessus du bateau, avant de s'éloigner en laissant derrière lui une traînée blanche et de partir « d'un seul coup, d'un mouvement terrible, cap nord-est, à une vitesse incroyable »... Notons tout de même qu'il n'était pas question de la « vitesse incroyable » dans le premier récit du témoin, pour un journal quelques jours après l'observation.

Canuti mentionne aussi, à la suite de Joël Mesnard :

À noter qu'à proximité de Belle-Île, au sud de Quiberon (France), un journaliste nommé Jean-Marie Biette se trouvait à bord de la vedette Elf-Aquitaine, venue prendre en remorque le trimaran Jean Maurel. Biette et ses camarades ont observé ce qu'ils ont décrit comme « un engin passant au-dessus d'Hoedic », d'ouest en est. Les témoins tournaient le dos au phénomène observé par M. Bal.

Ils ont surtout observé un engin précisément dans la direction de la rentrée atmosphérique, au moment où passait cette rentrée et qui avait toutes ses caractéristiques, comme c'est toujours le cas quand il y a plusieurs témoins ! Et ils ne tournaient le dos à l'objet observé au même moment par M. Bal que si cet objet passait bien au-dessus de son bateau, plutôt que bas sur l'horizon dans la direction où il portait son regard, celle de la rentrée atmosphérique, dans la photo prise par l'enquêteur de LDLN pour illustrer l'observation :

M. Bal à l'avant de son bateau regardant vers l'avant bas sur l'horizon

Canuti explique :

L'observation dans son intégralité à duré entre 10 et quinze minutes, dont 5 minutes entre l'explosion initiale et l'arrivée des lumières blanches au-dessus de l'Elvis, et pas moins de trois minutes de stationnement du losange au-dessus du bateau. Le témoin mentionne un départ fulgurant vers le nord-est. Même si l'on fait abstraction de la sensation de masse obstruant les étoiles (illusion de contour), ces caractéristiques ne cadrent pas avec la rentrée atmosphérique.

...

Pour les sceptiques, exagérations et mésinterprétations expliquent le phénomène.


Oui, et de son côté Canuti n'explique pas que le témoin ait dit qu'il avait observé le phénomène depuis la cabine du bateau jusqu'à ce qu'il soit à la verticale du bateau, alors qu'on ne peut guère voir à plus de 20° au-dessus de l'horizon depuis cette cabine, qu'il se soit fait photographier pour illustrer l'observation à l'avant de son bateau en regardant bas sur l'horizon vers l'avant (précisément dans la direction qu'avait la rentrée alors qu'elle passait au plus près) plutôt qu'à la verticale où le phénomène était censé se trouver, pourquoi il n'a pas eu l'idée d'alerter le reste de l'équipage alors qu'il aurait observé pendant dix à quinze minutes (c'est long !) un phénomène immense qui serait resté au moins trois minutes juste au-dessus du bateau, comment il se fait qu'il n'ait pas observé la rentrée atmosphérique alors qu'il était à la barre de son bateau, allant dans la direction où cette rentrée passait au plus près dans un ciel clair...

Alors bien sûr, on peut imaginer un phénomène farceur qui manipule mentalement les témoins, on peut aussi imaginer qu'on vit dans une matrice... Ou alors, on peut imaginer que tous les témoins ne sont pas parfaitement fiables surtout quand ils témoignant après trois ans ! Choisissez l'hypothèse qui vous paraît la plus vraisemblable...

3. Le cas Cyrille T. Angers (Maine-et-Loire)

Cette fois le cas n'était pas dans la liste des cas sélectionnés par Joël Mesnard et je n'en ai donc pas parlé dans mon dossier, mais je l'ai fait à la fin d'un article consacré au documentaire « la Mystérieuse nuit des ovnis » diffusé en 2015 sur la chaîne Numéro 23. J''en avais parlé dans la liste Magonie que suit Thibaut Canuti, il n'ignore donc pas que ce témoignage est très suspect, mais il préfère le passer sous silence.

Le témoin, Cyrille Tavenard, a raconté pour la première fois son extraordinaire observation après 24 ans, le 17 octobre 2014, à l'occasion du lancement des « repas ufologiques de Nantes » dont il est le fondateur.

On trouve parmi les détails extraordinaires de cette observation :

Il y eut une panne de courant au fur et à mesure que l'ombre avançait comme si les lumières dans les habitations, les lampadaires le long de l'allée principale s'éteignaient au même rythme que cette ombre avançait c'est ce qui m'a surpris et c'est pourquoi je n'ai pas tout de suite regardé le ciel.

.../...

Puis il y a eu les chiens du voisinage qui se sont mis à aboyer si agressivement que cela m'a glacé le sang.


Pour qui connaît un peu l'ufologie, cette description des lumières qui s'éteignent à mesure que l'objet avance évoque exclusivement une observation bien connue, celle de Tananarive en 1954, bien que ce détail n'ait été rajouté que dans les versions tardives du récit du témoin Edmond Campagnac (que Canuti avait d'ailleurs repris dans le premier tome de son « Histoire de l'ufologie française »), et pas dans sa première version ni chez les autres témoins entendus plus tard.

Et par une curieuse coïncidence, cette version édulcorée de l'ovni de Tananarive était répétée la veille du témoignage de Cyrille Tavenard sur le groupe Facebook des Repas Ufologiques de Tananarive, auquel il appartient !

Jugez vous-même de la ressemblance :

Plusieurs phénomènes physiques ont été observés : tout d'abord, les témoins dans la ville entière ont pu constater que les éclairages des habitations s'éteignaient au moment où l'engin passait précisément au-dessus d'eux, et se rallumaient aussitôt derrière son passage.

Ensuite les habitants ont vite remarqué que les animaux domestiques, les chiens dans toute la ville notamment, hurlaient à la mort.

Cyrille a raconté son histoire à bien d'autres occasions, plusieurs fois sur la chaîne O.D.H. TV, et même dans l'émission Dites le à Baba de Cyril Hanouna le 22 février 2017, ce qui lui a valu d'être nommé responsable de la communication sur les Repas ufologiques. Et à chaque fois il rajoute à l'étrangeté de son observation. Dans une interview d'O.D.H. TV, ce ne sont pas seulement les lampadaires qui s'éteignent, ce sont les fusibles qui ont sauté de partout, et le lendemain tout le monde dans le quartier était occupé à changer les fusibles ! Ailleurs il dit qu'il a fait une autre observation plus tard, ailleurs encore ça n'est pas lui mais sa mère qui a fait une autre observation... Mais la version la plus extraordinaire est celle que choisit Canuti, l'interview par Daniel Robin sur Ovni-direct en 2016. Mais il oublie tout de même de signaler les affirmations les plus extraordinaires, qui font de Cyrille Tavenard un quasi-contacté :

Pour Cyrille il n'y a pas de doute, il y a eu une interaction psychique entre lui et l'engin. C'est comme si ce dernier avait lu dans ses pensées.

.../...

Au moment où la masse noire triangulaire passe au-dessus des témoins, Cyrille éprouve la nette sensation qu'on lui donne la possibilité de voir à l'intérieur de l'engin. Il interprète ce fait en disant que c'était comme si on lui accordait « une petite récompense ou une faveur particulière ». « C'était peut-être aussi pour me rassurer », avouera-t-il.

Dans l'ovni il « voit » (vision à distance dans la réalité psychophysique) trois entités humanoïdes de petite taille (1,20 mètre environ). Elles ont un corps frêle et une grosse tête. Cependant, il ne distingue pas leur visage et il est incapable de décrire leurs yeux. Deux des entités semblent affairées sur ce qui ressemble à des consoles ou à un tableau de commande du vaisseau. L'une des entités se trouve à l'avant. Les trois êtres sont absorbés par leurs tâches. « Peut-être sont-ils occupés à piloter le vaisseau », remarque Cyrille.

Il est affirmatif : ce n'était pas des « petits gris » comme ceux qui sont décrits habituellement par les personnes dites « enlevées ». Il est d'ailleurs dans l'incapacité de définir avec précision les caractéristiques des entités. Ce détail étrange semble indiquer que ses perceptions ont été volontairement manipulées pour qu'il ne puisse pas tout voir dans le vaisseau. C'est une interprétation possible du flou qui entoure sa « visite » dans le triangle, qui est certes autorisée mais dans certaines limites. En revanche sa sœur n'a pas le souvenir d'avoir vu des entités.

.../...

« Pour moi c'est clair comme de l'eau de roche cette mission. J'ai beaucoup changé depuis mon expérience. J'ai compris que j'avais une mission qui est peut-être aussi une nouvelle orientation de mon existence. C'est comme si j'étais téléguidé vers un objectif. Tout cela n'est pas le fruit du hasard. C'est très sérieux vous savez. Il ne faut pas nier et taire son observation. Derrière ce que j'ai vécu il y a un plan. Pour moi c'est évident. Je l'ai nié jusqu'à présent, mais maintenant c'est certain. Il ne faut pas taire son témoignage, c'est très important de dire ce que l'on a vu », me confiera Cyrille.

Bref il est très rare que je considère qu'un témoin délire complètement ou ment, mais ici c'est le cas (et je penche pour la seconde hypothèse) !

4. Linas (Essonne)

Observation relatée trois ans après l'observation, mais qui évoque tout de même plutôt bien la rentrée atmosphérique, hormis les couleurs : deux faisceaux, un cône blanc, un tronc de cône vert, une cloche rouge, des lumières vertes et rouges, et un globe immense, vert jade, qui pulse... Et une masse en « métal non réverbérant sans contour définissable ».

Canuti note pour sa part :

Sans même s'arrêter sur la forme, la masse noire est ici clairement perçue par le témoin et pourtant dénuée des habituelles lumières clignotantes typiques de la rentrée atmosphérique, ces indications sont incompatibles avec l'hypothèse conventionnelle.

Il lui en faut peu pour trouver des incompatibilités avec l'hypothèse conventionnelle... Les lumières sont vues fixes et pas clignotantes (celles de la rentrée étaient rarement vues clignotantes, on ne les voit pas du tout clignoter dans la vidéo prise près de Colmar, juste quelques variations de luminosité que l'on pourrait rapprocher de la « pulsation » du « globe immense » chez ce témoin de Linas), elles paraissent diversement colorées, et le témoin « perçoit clairement » une masse noire bien qu'il n'en distingue pas les contours !

Les changements de direction de l'objet sont plus étonnants, mais j'ai montré comment ils pouvaient être corrélés aux virages du chemin que les quatre coureurs suivaient, Canuti oublie évidemment de le signaler, se contentant de conclure :

Pour les sceptiques, le fait que les trois autres témoins n'aient pas prêté particulièrement attention au phénomène et fini par admettre l'hypothèse de la rentrée atmosphérique suffit à disqualifier le témoin principal.

Disons que les sceptiques ne choisissent pas comme « témoin principal »  celui qui décrit des choses extraordinaires quand les trois autres ne se souviennent de rien de très remarquable, mais il n'est pas pour autant « disqualifié ».

Voici comment je concluais pour ma part :

Bref nous avons là encore une observation évidente de la rentrée atmosphérique, que les joggers ne pouvaient d'ailleurs pas manquer, et un des témoins a fait une erreur d'orientation tout à fait naturelle alors qu'il courait sur une route sinueuse... Tout le reste n'est que fantasmes.

Et je précise bien que ces fantasmes sont essentiellement dans la tête des ufologues, pas dans celle des témoins qui ne font pour la plupart que de petites erreurs de perception ou de mémoire banales, surtout pour des récits aussi tardifs !

5. Cuhem (pas de Calais)

Pour une fois, c'est un témoignage recueilli seulement deux jours après l'observation pour l'hebdomadaire l'Indicateur des Flandres.

Suivons ce qu'en dit Canuti :

Une lumière qui scrute et éclaire le sol comme en plein jour alors que la luminosité générée par la rentrée était de l'ordre d'un dixième de la pleine lune seulement...

Oui, la lumière qui éclaire les alentours comme en plein jour, le vaisseau extraterrestre qui va à la vitesse de la lumière, et « les voitures qui déboulent de tous les chemins pour essayer de mieux voir » sur cette route pratiquement déserte, pour Canuti ça ne donne pas l'impression que ce sympathique boucher-charcutier a une certaine tendance à l'exagération.

... la forme nette en triangle isocèle...

Je ne vois pas où il est dit que la forme était nette... Il est dit qu'il s'agissait « d'un gigantesque triangle isocèle qui se promenait dans le ciel, presque bleu, éclairé par un 3/4 de pleine lune »... Mais à 18 h 45 c'était une heure et demie après le coucher du soleil, en pleine campagne il faisait nuit noire et le ciel n'était donc pas bleu, et la lune ne se levait qu'à 19 h 05... Encore de quoi douter de la fiabilité absolue de ce témoignage !

... l'heure de l'observation bien antérieure au passage de la rentrée...

Bien sûr, « aux environs de 18 h 45 » c'est « bien antérieur à 19 h » et c'est d'une précision extrême ! S'il avait fait son observation à 18 h 45, le témoin serait arrivé chez lui, à seulement 7 km de là, avant que la lune se lève... Si par contre il avait observé la rentrée à 19 h, il aurait eu le temps de voir la lune avant d'arriver chez lui, ce qui expliquerait qu'il la mentionne avec une phase correcte.

... des observateurs multiples puisque le témoin principal est accompagné de son fils de 20 ans et de sa fille de 7 ans...

Ah, et où sont donc leurs témoignages ? On a vu dans le cas précédent ce qui se passait quand on pouvait interroger les autres témoins d'une « observation multiple », et c'est très généralement le cas pour les observations du 5 novembre 1990 : ces autres témoins ne confirment jamais les détails anormaux du témoin « principal ».

... une observation beaucoup trop longue...

J'ai constaté sur place, en suivant cette route à vélo, qu'il n'y a pratiquement aucun relief et aucun obstacle à l'horizon, il est probable que la « lumière très forte qui a attiré son attention » sur la droite du témoin était l'explosion de l'étage de fusée au-dessus du golfe de Gascogne, la rentrée a alors pu être suivie pendant plus de quatre minutes, l'exagération est donc assez minime (dix minutes estimées de façon purement subjective).

... et le départ foudroyant du phénomène en altitude...

Outre les exagérations systématiques de ce témoin, il est fréquent qu'on interprète comme une accélération et prise d'altitude rapide une baisse de luminosité (soit à l'approche de l'horizon, soit parce que la rentrée perdait réellement en intensité lumineuse à mesure qu'elle s'éloignait), n'imaginant pas que l'objet se trouvait à une distance de près de 1000 km.

... ce cas est également irréductible à une hypothèse conventionnelle, nonobstant les constructions intellectuelles zététiciennes.

Mouais, il faut surtout ne jamais avoir fait d'enquête, ou même lu beaucoup d'enquêtes, pour trouver ces détails convaincants.

6. L'Isle-Adam (Val d'Oise)

Cette observation a été recueillie deux ans et demi après les faits. Il s'agit d'un des trois cas, sur les centaines collectés par Joël Mesnard, de changements brusques de direction. L'objet, une masse sombre triangulaire dont on ne distinguait pas les contours, portait deux grands projecteurs. Le témoin l'a vu arriver de la droite de l'avenue, puis il s'est dirigé pendant quelques secondes vers sa voiture, s'approchant d'après son estimation de 300 à 50 m, avant de « basculer » sur la droite et s'éloigner en accélérant en direction de l'est.

Le commentaire de Canuti :

Bien sûr les sceptiques privilégient ici une erreur de perception et invoquent la peur du témoin pour expliquer les trajectoires incompatibles avec l'observation de la rentrée.

Ce que je constate, c'est que l'objet se trouvait dans la direction de la rentrée atmosphérique, et que sa description évoque assez bien la rentrée mais inversée (le « triangle sombre » avait sa pointe à l'arrière et les deux projecteurs étaient dirigés vers l'avant, donc vers le témoin). J'ai donc supposé que ce témoin avait pu pendant quelques secondes se méprendre sur le sens de déplacement de l'objet, en prenant les deux traînées lumineuses de la rentrée, qui s'allongeaient à mesure que l'objet sortait de derrière les arbres, pour des phares à l'avant et un objet en approche. Cela plus une certaine exagération de l'impression de rapprochement après plus de deux ans, et on se retrouve avec une simple observation de la rentrée.

Notons que j'ai suggéré une erreur similaire sur le sens de déplacement dans une autre observation bien connue de cette soirée, celle de Gretz-Armainvilliers... Sauf que là il y avait six témoins et un seul qui a commis cette erreur dans les premières secondes d'observation, alors que les autres décrivent parfaitement la rentrée atmosphérique (heure précise, trajectoire, hauteur angulaire, aspect, dimensions apparentes). Canuti ne cite pas ce cas parmi ses « preuves », aurait-il admis que l'explication est plausible ? Et si oui pourquoi ne le serait-elle pas dans le cas de l'Isle-Adam ? Ce qui fait la différence dans ce dernier cas c'est qu'il n'y a qu'un seul témoin et que le récit est beaucoup plus tardif, ça n'a pas tendance à le rendre plus crédible !

7. Vergt-de-Biron (Dordogne)

On a ici deux témoins qui décrivent très bien la rentrée atmosphérique, qu'il s'agisse de l'heure, de la trajectoire, de la dimension du phénomène et de son aspect général, avec une multitude de lumières et un gros « tube lumineux » à l'arrière. Mais un des deux témoins dit qu'il a « cru distinguer des plaques métalliques » sur le dessous gris de l'objet, ainsi qu'une structure métallique lui évoquant immédiatement un derrick qui portait le projecteur à l'origine du « tube de lumière », c'est la seule raison de transformer une observation très bien décrite de la rentrée atmosphérique en une fantastique observation d'un engin exotique immense. On ne sait pas quand les témoins ont été interrogés mais l'enquête a été publiée un an et demi après l'observation.

Canuti commente :

Seul M. Fleurat apporte des précisions sur ce qu'il a observé de la face inférieure du phénomène mais il est catégorique dans ses propos, spécialement concernant la couleur grise de l'ovni, les plaques métalliques — même s'il ne peut préciser l'emplacement des sources lumineuses qui lui ont permis cette observation — et les deux témoins s'accordent sur le gigantisme de l'observation et le passage à basse altitude du phénomène, confirmés par les détails observés par M. Fleurat.

M. Fleurat catégorique concernant les plaques métalliques ? Je le cite : « Le dessous de la chose était gris, concave me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques ».

À part cela, le « gigantisme de l'observation » était tout à fait conforme à la rentrée atmosphérique (dimension de l'objet estimée par M. Fleurat à 80 m pour une distance de 200 à 300 m, alors que le nuage de débris de la rentrée à ce niveau devait s'étendre sur une cinquantaine de kilomètres et passait à 200 km des témoins), et l'altitude estimée du phénomène correspondait à celle de l'ensemble des témoignages dont Canuti ne doute pas qu'ils décrivaient la rentrée atmosphérique.

Les sceptiques n'ont plus qu'à se convaincre que le témoin donnant le plus de détails est imaginatif et l'on écarte ainsi un des cas les plus étranges de la vague du 5 novembre 1990.

Les sceptiques remarquent surtout que le seul témoin donnant des détails étranges est celui qui dit que le phénomène est passé « presque au-dessus d'eux » mais le dessine vu complètement de profil et même un peu d'en haut, qui parle d'une structure qui lui a évoqué immédiatement un derrick mais qu'il dessinait de façon bien différente dans son témoignage à la gendarmerie deux jours seulement après l'observation :

L'objet vu de profil avec une sorte de portique portant un projecteur

Canuti signale aussi un second témoignage recueilli plus tard et à proximité par le même enquêteur, le cas de Pescadoires, et qui ressemble étrangement à celui de Vergt-de-Biron : là aussi il y a deux témoins qui décrivent assez bien la rentrée atmosphérique, mais un des deux décrit en outre des détails étranges :

Le dessous de cette forme, couleur gris acier, est comme constitué d'un assemblage de tôles. [...] Lorsqu'elles passent au plus près de nous (subjectivement : 1 km), nous entendons un bruit très léger, semblable à un souffle, un déplacement d'air.

À comparer avec le témoignage du témoin de Vergt-le-Biron :

Le dessous de la chose était gris, concave, me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques. [...] L'évolution de « la chose » était accompagnée d'un bruit comparable à celui d'un vol de palombes : un froufroutement, un déplacement d'air léger.

Devant la similitude des descriptions jusque dans les mots employés, je suis tenté de penser que ce témoin de Pescadoires a été influencé d'une façon ou d'une autre par le témoignage de Vergt-de-Biron (dont on a parlé brièvement dans un journal, mais il n'y était pas question d'un quelconque bruit ni de plaques métalliques, juste de ce que le témoin assimilera plus tard à une sorte de derrick : une « espèce d'armature d'où se dégageait une lumière très forte qui dessinait une queue »). Et curieusement, Joël Mesnard ne fait plus jamais référence à l'observation de Pescadoires, qu'il n'a pas retenue comme exemple probant, lorsqu'il parle de celle de Vergt-de-Biron qu'elle confirme pourtant si bien... À croire qu'il a aussi quelques doutes à son sujet, au contraire de Thibaut Canuti qui lui ne doute jamais.

8. Melun (Seine et Marne)

Canuti relate ici deux cas bien différents, commençant par l'observation d'un pilote d'avion de tourisme qui se trouvait en vol au-dessus de Melun et s'apprêtait à atterrir à l'aéroport d'Orly. C'est Gérard Lebat qui a relaté cette observation en juin 2009 dans la lettre d'information des Repas ufologiques, d'après des informations transmises par Serje Perronnet. Donc un témoignage rapporté plus de dix-huit ans après l'observation...

Celle-ci a débuté à 19 h 00 à 2 ou 3 minutes près, et a duré environ 5 minutes... C'est précisément l'heure de la rentrée atmosphérique, visible pendant plus de quatre minutes puisque depuis un avion on a forcément un horizon dégagé (sauf nuages, mais il y en avait peu et même pas du tout selon le témoin). Il est donc difficile de douter que ce pilote, comme d'autres à la même heure, ait observé autre chose que la rentrée qu'il ne pouvait d'ailleurs pas rater ! La trajectoire suivie est aussi compatible avec la rentrée, se dirigeant de l'ouest à l'est (à l'inverse de l'avion qui se dirigeait au cap 290 d'après le témoin, soit vers l'ouest-nord-ouest) et passant au plus près au sud.

Les anomalies, c'est que le témoin ne parle pas d'autres lumières que les « phares » dans la masse sombre mal définie en forme de zeppelin masquant les étoiles, et que ces phares « éclairaient dans le sens de la trajectoire », ce qui semble signifier vers l'avant plutôt que l'arrière. Compte tenu de l'extrême tardiveté du témoignage, ces détails ne me paraissent pas vraiment probants, d'autant qu'encore une fois si l'objet observé n'était pas la rentrée atmosphérique comment le témoin a-t-il pu la louper ?

Le témoin précise d'ailleurs :

Arrivé sur le tarmac d'Orly, le superviseur du vol en charge de nous remettre les documents pour la préparation du vol retour nous demande si par hasard nous n'avons pas rencontré d'ovni en vol car l'équipage du vol le Puy / Paris parqué à côté de nous lui a parlé de phénomène observé durant son vol.

Thibaut Canuti n'est bien entendu pas d'accord :

Le témoin ne fera aucun rapport officiel, le phénomène ayant trouvé une explication conventionnelle qui le laisse pourtant dubitatif. Il y a de quoi, au vu de la présence énigmatique de deux « phares » éclairant les cieux dans le sens du déplacement et la trajectoire finale orientée vers le sud-est, ce qui est incompatible avec le sens de la rentrée atmosphérique.

Il n'est pas dit que la trajectoire finale était orientée vers le sud-est, tout au contraire cette trajectoire est toujours restée rectiligne et orientée d'ouest en est... Ce qui est dit, c'est qu'à la fin de l'observation l'objet a continué sa route vers l'est-sud-est, ce qui veut sans doute dire que les pilotes l'ont perdu de vue dans cette direction puisqu'il passait alors à l'arrière de l'avion (ce qui suppose que la durée d'observation a été plutôt de trois minutes, mais les cinq minutes indiquées ne sont qu'une estimation subjective) !

Quant à l'observation des quatre témoins au sol à Melun, il s'agit sans doute encore d'un témoignage tardif (la date n'était pas indiquée dans l'enquête de Joël Mesnard), mais j'ai bien montré qu'elle décrivait malgré tout avec beaucoup d'exactitude la rentrée atmosphérique.

Canuti indique pour sa part :

Au même moment et toujours à Melun, quatre témoins vont faire une observation qui va les ébranler profondément. Le phénomène se déplace d'est vers l'ouest, en totale contradiction avec la direction de la rentrée atmosphérique.

Décidément il ne sait pas lire, puisqu'il est dit tout au contraire que la direction initiale de l'observation se situe précisément à 260° (direction des antennes de Sainte-Assise), pratiquement plein ouest, et qu'à la fin l'objet s'éloigne vers l'est !

9. Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour moi, cette observation constitue une des meilleurs descriptions de la rentrée atmosphérique... Au lieu de demander à Canuti de citer les témoignages qui selon lui s'écartent le plus de la description de la rentrée, on devrait plutôt lui demander de trouver ceux qui s'en rapprochent le plus, parce qu'à sa façon de compter pour probants les moindres détails un peu insolites je crains qu'il n'en trouve aucun qui lui convienne, lui qui admet pourtant que la plupart des témoins de cette vague ont observé la rentrée !

Voyons ce qu'il dit à propos de ce cas :

Dessinateur-Projeteur, le témoin présente donc indubitablement quelques qualifications pour estimer les déplacements du phénomène dans l'espace. Tant par sa physionomie, que par sa durée ou de par son virage ou son ascension, ce témoignage ne cadre pas avec la rentrée atmosphérique.

Pour les sceptiques, le témoin a tout simplement mal interprété tout ce qu'il a vu, de l'étendue du phénomène, jusqu'à sa durée et son déplacement. Argument implacable pour les zélotes du fondamentalisme sceptique.


L'étendue du phénomène était au contraire tout à fait comparable à celle de la rentrée atmosphérique dans la lettre à Franck Marie rédigée trois jours après l'observation, avec une longueur d'une centaine de mètres pour une distance de 300 mètres et une altitude de 200 mètres... Mais il est vrai que dans l'enquête effectuée pour LDLN six mois plus tard, la dimension était la même mais distance et altitude étaient divisées par cinq ! Ça semble montrer que la profession de dessinateur-projeteur donne bien une certaine capacité à évaluer correctement les dimensions angulaires, mais ne met pas à l'abri des déformations de la mémoire (Canuti n'a pas de chance que ce témoin ait envoyé une lettre à Franck Marie, pour une fois on peut se rendre compte de ces déformations !) La direction suivie et la hauteur angulaire sont précisément celles de la rentrée atmosphérique. Si on fait abstraction de l'inévitable « masse noire dont la forme est indéfinissable », la « physionomie » de l'objet, avec cinq lumières dont une très puissante qui laissait une traînée de fumée éblouissante avec des particules argentées, évoque de façon parfaite la rentrée atmosphérique telle qu'elle apparaît sur l'unique vidéo que l'on possède du phénomène. La durée est effectivement divisée par trois par rapport à celle de la rentrée atmosphérique vue dans ces conditions... Canuti devrait essayer de faire une action quelconque devant un panel de personnes et de leur demander ensuite combien a duré cette action, il verra si une telle erreur d'estimation est inhabituelle. Et quant au « virage et à l'ascension », il faut préciser qu'il s'agit d'une légère courbe s'écartant de la direction initiale d'environ 24° associée à une « légère pente ascendante »... C'est sans doute effectivement ce que décrit un dessinateur-projeteur pour un objet lointain, mais qu'il croit proche, dont les lumières faiblissent à l'approche de l'horizon, là où quelques témoins moins qualifiés pourront évoquer une « ascension fulgurante » !

10. Capbreton (Landes)

Ici on a pour une fois un témoignage assez « frais », recueilli le 23 novembre 1990.

Les remarques de Thibaut Canuti à propos de ce cas :

Même si on ne tient pas compte de l'heure précise relevée par les témoins (19 h 10), ce cas présente au moins deux anomalies notables. L'objet se présente sous la forme d'un triangle parfait, ses trois côtés étant marqués par des traits de lumière de type néon et trois lumières rouges fixes à chacune des extrémités. Enfin le témoin perçoit clairement un bruit de moteur synchrone avec les bouffées de fumée des trois points lumineux.

Concernant l'heure, ça n'est qu'un des témoins qui a regardé l'heure à la fin de l'observation et il n'est pas dit qu'elle est précise, les témoins sont montés sur leur terrasse pour observer l'objet s'éloigner, s'il s'agissait de la rentrée ils ont pu l'observer sans doute jusqu'à 19 h 02, la différence est assez minime. Pour ce qui est du « triangle parfait », il est notable que pour la majorité des témoins de la côte atlantique, la rentrée atmosphérique se présentait sous la forme d'une multitude de lumières formant un triangle ou un losange bien dessinés, avec de nombreuses traînées à l'arrière. Une forme triangulaire qui s'explique assez bien par l'action de l'atmosphère sur la multitude de débris issus de l'explosion. Il est regrettable qu'on n'ait aucun film du phénomène à ce niveau, le seul qui existe se situant à l'autre bout de la trajectoire au-dessus de la France, mais cette forme triangulaire bien dessinée est un portrait-robot assez constant dans les témoignages. Les quelques cas (trois à ma connaissance) de « triangles équilatéraux aux cotés délimités par un tube lumineux » ressemblent bien à une idéalisation de cette forme triangulaire, et ne s'écartent pas vraiment de la multitude de descriptions différentes de l'ensemble de lumières. Et pour ce qui est du bruit synchrone avec les bouffées de fumée, ça peut facilement être fantasmé aussi. Joël Mesnard remarque justement que cette « synchronicité » est bizarre alors que l'après l'estimation de l'altitude par les témoins le bruit devrait parvenir après une vingtaine de secondes.

Notons que l'observation avait été mentionnée dans le journal Sud-Ouest du 8 novembre, en ces termes : Mme Renée Fonsegrive, à Capbreton : Avec mon fils, nous avons distingué les contours de cette chose. Ils brillaient. Nous avons aussi entendu du bruit. Comme des crachotements. Un son proche de celui d'une mobylette.

Ça n'est pas tout à fait la forme en triangle parfait avec des contours de type « tubes de néon » qui seront décrits quinze jours plus tard, et il n'y a aucune allusion à des bouffées de fumée qui auraient été synchrones avec le bruit entendu.

Faute de meilleurs contre-arguments, la littérature sceptique enterre ce cas en qualifiant le témoin « d'imaginatif ».

« Juste un peu imaginatif », oui, puisque ces deux détails qui ne figuraient pas dans le témoignage le plus immédiat ne relèvent pas d'une déformation ou mésinterprétation extrême, et qu'en dehors de ça la trajectoire est bien celle de la rentrée, que les témoins pouvaient difficilement avoir manquée puisqu'ils étaient occupés depuis quelque temps dans leur jardin, et que la dimension est très correctement estimée (comparée à celle de la Grande Ourse, alors que la rentrée passait justement un peu au-dessus de cette constellation).

Et les sceptiques constatent aussi que comme d'habitude il y a trois témoins mais un seul témoignage... Si les deux autres avaient confirmé les « anomalies » mentionnées par le premier, le cas serait très solide, et il est regrettable que l'enquête n'ait pas été un peu approfondie. Mais de tels témoignages on n'en a jamais, alors que pourtant des cas où plusieurs témoins ont été interrogés on en connaît un bon nombre, mais alors ils ne s'accordent jamais sur les détails « anormaux ». Tous les ufologues s'accordent à dire qu'un témoin unique ne vaut pas grand-chose, mais on voudrait qu'il en aille autrement juste pour la vague du 5 novembre 1990, où on prétend prouver la présence d'engins « exotiques » à partir de quelques dizaines de témoignages uniques rapportant quelques anomalies dans une description générale évoquant assez bien la rentrée, sur les centaines recueillis et n'ayant rien de remarquable !

11. Bourg-en-Bresse (Ain)

Un témoin qui décrit quelque chose évoquant tout à fait la rentrée atmosphérique (quelques points lumineux suivis de traînées), vue à une heure peu précise (entre 19 h et 19 h 30), mais qui allait dans la direction opposée à la rentrée, le témoin semblant sûr de ses repères.

Mais on ne sait pas qui a interrogé ce témoin, ni quand, la revue étant parue plus de dix ans après la vague d'observations.

Je connais au moins trois témoins qui décrivaient une trajectoire franchement à l'opposé de celle de la rentrée atmosphérique, dont ils étaient sûrs, mais qui après enquête et consultation de cartes ont admis s'être trompés.

Exemple avec le cas de Soumaille relaté dans LDLN n° 306, commenté ainsi par l'enquêteur Joël Martinez :

Qui donc, quelques jours après une observation faite à quelques dizaines de mètres de son domicile, dessinerait une trajectoire sur une carte d'État-Major, en se trompant de 90° dans l'orientation ?

Mais dans le numéro 310, un rectificatif indiquait :

Joël Martinez nous précise que dans l'affaire de Soumaille, les indications fournies par le témoin sur l'orientation de la trajectoire sont totalement fausses. En fait, le déplacement de l'objet serait parfaitement compatible avec celui qu'indiquent les autres témoignages de Corrèze.


(Et il s'agit bien sûr de la trajectoire de la rentrée).

Et dans le numéro 304, pour le cas de Mauriac, ce sont DEUX TÉMOINS qui ont dessiné un objet se déplaçant de la droite vers la gauche, mais dans le numéro suivant l'enquêteur précisait que vérification faite, l'objet défilait en réalité de la gauche vers la droite comme la rentrée atmosphérique !

Des témoins qui se trompent ainsi, il y en a toujours quelques-uns sur un total de plusieurs centaines, alors considérer un de ces témoignages, recueilli sûrement après des années et sur lequel on n'a aucun renseignement, comme une preuve d'une « anomalie », c'est simplement risible.

12. Entre Mulhouse (Haut-Rhin) et Bâle (Suisse)

Une « masse sombre » munie de multiples lumières observée pendant une dizaine de secondes en roulant sur une autoroute à un endroit où elle fait un virage à 90°, et Canuti s'étonne de la « disparition à vitesse fulgurante » !

Il oublie en outre de préciser qu'un seul des trois témoins (le père, accompagné de sa femme et de leur jeune fils) a décrit cela, la femme ayant totalement oublié l'événement.

Bien entendu, ni lui ni Mesnard ne disent de quand date le témoignage, publié dix ans après l'observation, mais on nous dit que lors de l'enquête le témoin a été troublé par la ressemblance de son objet avec un dessin publié dans LDLN n° 310 en mai 1992 (dessin de M. Mattera dans le cas de Vergt-de-Biron), c'était donc au moins un an et demi après l'observation, et peut-être dix.

13. Entre Roth et Neufgrange (Moselle)

C'est un des cas rarissimes d'observation de deux phénomènes distincts : une « sphère sombre couverte de nombreux hublots carrés éclairés » d'un côté, et « 6 ou 7 boules lumineuses suivies d'une traînée » de l'autre.

On est frappé par les petites améliorations que Canuti ajoute en rapportant l'enquête de Robert Fisher... Ainsi, lorsque ce dernier mentionnait :

Une boule plus sombre que le ciel environnant ... Mme Clouet et son fils voient l'engin, qui était précédemment immobile, se mouvoir lentement d'ouet en est ... Le trajet a duré dix minutes, dont trois ont été consacrées à l'observation proprement dite.

Canuti transforme en :

Une sphère sombre se détachant distinctement sur le ciel nocturne ... Mme Clouet et son fils aperçoivent distinctement le phénomène passer de l'immobilité à un survol en direction de l'est ... Sur ce trajet de dix minutes, le témoin estime que le phénomène a été visible trois minutes au moins.

Des « distinctement » qui sont ajoutés là où ils n'y étaient pas, et le « au moins » qui est ajouté à la durée de trois minutes... Ça n'est certes pas très important, mais ça nous donne une idée de la partialité du personnage. Et il est intéressant de noter que ces trois minutes estimées ne concernent que l'observation de la « sphère couverte de hublots » (la lune ne pouvait pas être vue plus longtemps, puisque deux minutes avant la rentrée atmosphérique elle n'était pas du tout levée !), les « boules lumineuses suivies d'une traînée » n'étant apparues que plus tard et disparues avant la sphère. Notons aussi qu'on n'a jamais eu le témoignage du fils, âgé de 7 ans lors de l'observation.

Commentaires de Canuti :

Durée, angle d'observation et anatomie du phénomène sont peu compatibles avec la rentrée atmosphérique, mais les sceptiques n'en affirment pas moins avec une confondante certitude, que le phénomène observé ne peut être que la Lune, observation déformée par un faux souvenir induit ultérieurement par l'enquêteur.

Ce que « les sceptiques », moi en l'occurrence, affirment avec une tranquille certitude, c'est que la « sphère couverte de hublots » était la lune, et les « boules lumineuses suivies d'une traînée » étaient la rentrée atmosphérique, puisque contrairement à ce que prétend Canuti tout correspond parfaitement :

La description du phénomène de droite évoque en tout point la rentrée vue dans l'est de la France (et on a pour ça rien moins qu'une vidéo, montrant bien 6 « boules lumineuses » dont la plus grosse était suivie d'une traînée lumineuse), la direction et la trajectoire suivie correspondent parfaitement, la hauteur sur l'horizon aussi, ainsi que la durée d'observation (ce « deuxième phénomène » n'ayant été vu qu'après un moment d'observation de la « boule », et suivi pendant que le témoin parcourait 500 m en automobile à vitesse modérée, donc sans doute pendant pas plus d'une minute).

Quant à la Lune, elle se trouvait exactement dans la direction indiquée pour la « sphère couverte de hublots », pas totalement levée sur l'horizon, au moment précis où la rentrée atmosphérique passait ! Quelques minutes avant la rentrée, elle n'aurait pas été levée, et quelques minutes plus tard, le témoin l'aurait vue pendant les dix minutes de son trajet et pas seulement pendant les trois dernières minutes, et il l'aurait sans doute identifiée en n'étant pas troublé par l'impressionnant phénomène vu de l'autre côté de la route.

Et pour ce qui est du « faux souvenir induit par l'enquêteur », c'est un fait que dans son témoignage initial dans un journal le témoin a décrit une « sphère sombre couverte de hublots carrés », que Franck Marie sans autre information que cet article de presse a dessiné en illustration une sphère sombre coupée par une unique rangée horizontale de hublots carrés, et que par la suite le témoin a toujours décrit une boule conforme à ce dessin de Franck Marie !

14. Arcizans-Avant (Hautes Pyrénées)

Il ne s'agit pas cette fois d'un cas sélectionné par Joël Mesnard, mais d'un cas publié dans Paris-Match vingt-cinq ans après l'observation... Et compte tenu de ce délai (le témoin avait quinze ans au moment de son observation, quarante lorsqu'il l'a rapportée) je trouve qu'il évoque plutôt bien la rentrée atmosphérique : ça allait dans la direction de la rentrée (d'ouest en est et de la gauche vers la droite, à une hauteur angulaire assez faible), la durée d'observation de deux à trois minutes est tout à fait plausible, l'heure était celle de la rentrée atmosphérique, seule la description de l'objet ne correspond pas bien, avec un faisceau lumineux dirigé vers le sol et non vers l'arrière, et une sorte de diadème de lumières à l'arrière... Une autre anomalie est que « le faisceau rouge s'est arrêté lorsque l'objet a atteint la vallée », mais l'étendue et la luminosité du faisceau (ou plutôt de l'ensemble des faisceaux)  ont sûrement beaucoup varié pendant son parcours, ce que seul un témoin éloigné pouvait remarquer.

Canuti note pour sa part :

Ce témoignage écorne une fois de plus l'hypothèse de la rentrée atmosphérique, l'objet énorme masquant clairement sur son passage la voûte étoilée et changeant de direction.

On voit encore une fois que ce sont rarement les témoins qui hallucinent, mais plutôt les ufologues, puisqu'il n'y a absolument rien dans le témoignage qui évoque un changement de direction ! Et le témoin n'a pas distingué la forme de l'objet, mais précise « je me doute qu'il était énorme car le ciel était étoilé et j'ai pu voir qu'il a masqué pas mal d'étoiles à son passage d'une lenteur extraordinaire ! »

La lenteur était bien typique de la rentrée atmosphérique, contrairement aux météores, et pour ce qui est des étoiles masquées c'est encore quelque chose de très banal dû au manque de capteurs très sensibles au centre de la rétine : lorsqu'un objet assez lumineux passe devant des étoiles de faibles luminosité, celles-ci semblent s'éteindre.

15. Villavard (Loir-et-Cher)

J'ai largement développé ce cas relatif à quatre observations indépendantes (et même cinq, mais la cinquième a été occultée pour on ne sait quelle raison), que les enquêteurs ont rendues exceptionnelles en les associant...

Ici, on a un témoin, agriculteur,  qui labourait son champ sur son tracteur lorsqu'il a observé un objet de forme ovale, muni de plusieurs lumières clignotantes, rouges notamment, qui lui est passé au-dessus à basse altitude, avant d'effectuer une boucle autour d'une antenne-relais et de revenir dans sa direction... La femme de ce témoin se trouvait à quelques kilomètres de là lorsqu'elle a observé à la même heure, vers 19 h 15, un « objet lumineux ovale » muni d'un feu rouge clignotant, et qui émettait « un fort grondement ».

Il est évident que ces deux observations ne concernent pas la rentrée atmosphérique, mais pour moi la description, assez similaire chez les deux témoins, évoque plutôt un hélicoptère : une forme noire munie de lumières clignotantes rouges notamment, et émettant un fort grondement (l'agriculteur n'a pas entendu de bruit, mais il était sur son tracteur en marche et avec la radio allumée), ça me semble assez évocateur, et les estimations de dimensions et de vitesses sont aussi compatibles avec ce genre d'appareil.

Les ufologues ont trop tendance à croire que ce soir-là il ne pouvait y avoir dans le ciel qu'une rentrée atmosphérique et d'authentiques ovnis... Eh bien non, il pouvait aussi y avoir des avions, des hélicoptères, la lune, des étoiles filantes... Et il y a manifestement quelques témoins qui se sont mépris avec ces objets-là plutôt qu'avec la rentrée...

Mais il n'empêche que cette rentrée était aussi là et bien là, et qu'il n'y a pas de raison qu'à Villavard personne le l'ait vue !

Et donc les autres témoins, dont les deux automobilistes qui ont vu un « immense boomerang » muni de nombreuses lumières et de quatre longues traînées... Ça évoque plutôt bien la rentrée atmosphérique à ce niveau de la trajectoire, ça suivait précisément la trajectoire de la rentrée atmosphérique, et l'heure « environ 19 h 15 » n'est pas très éloignée de celle de la rentrée... Ça n'évoque par contre pas du tout ce qu'ont vu l'agriculteur et sa femme, mais les enquêteurs ont malgré tout voulu associer ces différentes observations pour faire décrire à « l'immense boomerang » une trajectoire... de boomerang.

Et Canuti ne démord pas à la règle :

Cette série d'observations est intéressante. L'heure d''observation, la forme de l'objet et ses dimensions sont peu en rapport avec la rentrée.

Il veut se persuader comme les autres qu'il n'y avait qu'un seul objet à l'origine de toutes ces observations, et que personne à Villavard n'a pu voir la rentrée que des milliers de témoins voyaient dans toute la France !

Et son commentaire sur « les sceptiques »:

Mais les sceptiques ne se démontent pas et invoquent, pour enterrer ce cas, une erreur d'un quart d'heure sur l'heure d'observation et des observations assez banales d'un hélicoptère, explorant sans doute le terrain un quart d'heure après que divers témoins aient signalé ce qui leur a semblé être un crash d'avion.

Comme toujours des demi-vérités chez Canuti (et donc des demi-mensonges), puisque pour moi il y a deux témoins qui ont observé un hélicoptère et qui ne se sont sans doute pas trompés sur l'heure (19 h 15), et trois témoins qui ont observé la rentrée assez correctement décrite et ont fait une petite erreur sur l'heure, estimée à « environ 19 h 15 » pour les deux automobilistes, et « entre 18 h 30 et 18 h 45 » pour le dernier témoin dont je n'ai pas parlé mais dont l'observation est assez peu remarquable.

L'hélicoptère est définitivement l'ami des ultra-rationalistes en ufologie et les témoins, des âmes simples, systématiquement abusées par tout ce qui sort de l'ordinaire.

Disons que pour les sceptiques les hélicoptères existent et sont quelquefois responsables de méprises comme tout ce que l'on peut trouver dans le ciel (avions, satellites, lune, étoiles, ballons-sondes, lanternes thaï, drones...) Et seul Canuti considère que cela fait des témoins des « âmes simples », lui qui considère que TOUS les témoins de cette vague SAUF les quelques dizaines qui auraient vu une authentique « soucoupe volante mimétique » sont des « âmes simples » (en clair, des imbéciles), puisque pratiquement aucun n'a reconnu une rentrée atmosphérique et qu'ils ont unanimement pensé avoir affaire à un objet proche volant à basse altitude.

On ne répétera jamais assez que ce sont les ufologues « exoticiens », et non les sceptiques, qui prennent la majorité des témoins pour des idiots !

16. Vert-le-Grand

Le cas de Vert-le-Grand est un des rares cas avancés par les défenseurs de cette vague où le témoignage a été recueilli seulement quelques jours après l'observation. Et c'est aussi un de ceux qui impliquent le plus de distorsions par rapport à la rentrée atmosphérique, au point que j'ai d'abord pensé qu'elle ne pouvait pas être en cause... Et pourtant, la position de l'objet correspond bien à celle de la rentrée, et la trajectoire apparente inverse s'explique bien par le déplacement du témoin en automobile et le fait qu'elle croit l'objet proche : c'est la classique illusion de la « boule suiveuse ». Il reste la description, avec la « forme noire » pas très bien définie mais ne portant pas de lumières en dehors de trois faisceaux dirigés vers le sol et « découpant des ronds dans l'herbe ». Les faisceaux sont assimilables aux traînées de la rentrée, mais il n'y a qu'au début de l'observation qu'ils étaient dirigés vers le sol (sans le toucher), alors qu'ensuite ils devenaient horizontaux et même à la fin dirigés plutôt vers le haut.

Ces anomalies sont surprenantes, mais on sait que le témoin était quelque peu effrayée, qu'elle n'a pas cessé de rouler sur une route où il y avait d'après elle pas mal de circulation, elle n'a donc pu observer l'objet que du coin de l'œil et pendant de l'ordre d'une minute, et elle n'a pas vraiment cherché à mémoriser les détails de son observation puisqu'elle n'est même pas sûre du nombre de faisceaux. Je suis donc tenté de penser qu'il s'agit simplement du cas parmi les quelque 500 récoltés par Joël Mesnard qui inclut le plus de déformations de la part du témoin.

Et puis, il y a l'observation toute proche d'un témoin qui s'est signalé à moi 17 ans après l'observation (ce qui oblige Canuti à citer mon nom, la seule fois dans tout son livre, mais sans tout de même citer la source), étonnamment semblable au premier témoignage. Toutefois, il y a moins de détails incompatibles avec la rentrée, le témoignage étant très tardif on ne peut pas s'attendre à une description précise, et l'heure correspond à celle de la rentrée.

Voyons ce qu'en dit Thibaut Canuti :

Vert-le-Grand est archétypal de ces cas du 5 novembre qui ne correspondent en rien à une rentrée atmosphérique. L'heure d'observation est trop distante de l'heure du passage de la rentrée atmosphérique, la description de l'objet qui a l'éclat de l'aluminium et notamment des faisceaux lumineux éclairant le champ et frappant directement le sol de cercles lumineux, la trajectoire suivie vers le sud/sud-ouest, tout concourt à écarter l'hypothèse de la rentrée.

Pour enterrer ce cas décidément trop problématique, les sceptiques vont d'abord invoquer le traditionnel hélicoptère puis la confusion, d'heure et de lieu. En remettant arbitrairement en cause l'ensemble des données d'un témoignage, il n'est pas difficile de le réduire à néant.


Le « traditionnel hélicoptère » je ne l'ai invoqué que deux fois (il ne reste donc plus que l'autre, pour une partie des observations de Villavard) pour l'ensemble des observations de la soirée. Et je n'ai pas invoqué une confusion de lieu, tout au contraire c'est quand j'ai compris que Joël Mesnard, et non le témoin, avait mal situé le lieu de l'observation qu'il m'est apparu que la rentrée pouvait être l'explication. En effet, il est bien expliqué dans le témoignage que l'observation s'est faite sur la portion de route entre le virage et le carrefour, et non comme l'indiquait Mesnard avant le virage, et dans ce cas la trajectoire de la rentrée atmosphérique correspond très bien à la position de l'objet. Pour ce qui est de l'heure, il est patent que celle indiquée par le témoin est incompatible avec celle de son retour avec son mari, il y en a donc une des deux qui est fausse et si c'est la première ça colle plutôt bien avec l'heure de la rentrée (outre que nous avons vu que c'est celle indiquée par l'autre témoignage, que Canuti associe au premier). Il reste donc la description, je l'ai dit, mais ça n'est qu'autour de la source du principal faisceau lumineux que l'objet semblait avoir « l'éclat de l'aluminium », et cela correspond assez bien à la traînée lumineuse de la rentrée atmosphérique sortant d'un « cercle » plus large et lumineux.

Image de la vidéo tournée à Colmar

17. Brive-la-Gaillarde (Corrèze)

Canuti commente ce cas ainsi :

Les sceptiques restent interdits face à ce cas. C'est qu'il faut pour le réduire, réussir à démontrer que le contrôleur aérien s'est ici concomitamment trompé d'heure et de trajectoire tout en finissant par fantasmer un objet immense dans le ciel.

C'est surtout lui qui fantasme sur la pensée « des sceptiques » au lieu de lire ce qu'ils écrivent, puisque rien de tout cela n'est vrai : je n'ai jamais supposé que ce contrôleur aérien s'est trompé sur l'heure et sur la trajectoire suivie, puisque ce qu'il a vu dans le ciel n'était pas du tout immense et n'avait donc rien à voir avec la rentrée ! Ce qu'il a vu, c'est un objet qu'il a estimé grand comme un immeuble (comme un immeuble de quatre étages est-il précisé ailleurs) et distant de plus de 400 mètres ; à cette distance, c'est la tour Montparnasse qui aurait présenté la dimension angulaire de la rentrée ! Et un immeuble de quatre étages, c'est une dimension plutôt habituelle pour un avion ou un hélicoptère, alors en l'absence de la moindre description de l'objet vu par ce contrôleur je suis tenté de penser que c'est cela qu'il a vu.

Canuti ajoute « qu'une patrouille de gendarmerie devait être témoin du phénomène et allait tenter de le suivre sur la N89 », mais on ne sait pas si ces gendarmes ont vraiment suivi l'objet vu par ce témoin plutôt que la rentrée vue par des milliers de personnes dans toute la France trois quarts d'heure plus tôt. On trouve dans les archives du Geipan plusieurs cas de patrouilles de gendarmes qui se sont lancés à la poursuite du phénomène observé (sans jamais le rattraper on s'en doute), et c'était à chaque fois à l'heure du passage de la rentrée.

18. Villemomble (Seine-Saint-Denis)

Encore un témoignage vraisemblablement recueilli après des années, même si la date n'est pas précisée... Le témoin avait déménagé entre-temps, et c'est dix ans après l'observation que LDLN en a parlé. Ses souvenirs sont assez vagues, et pourtant on lui accorde une foi absolue lorsqu'il dit qu'il ne faisait pas tout à fait nuit, que le ciel était d'un bleu profond, et donc qu'il devait être aux environs de 18 heures ou même avant.

C'est la seule anomalie du témoignage en dehors d'une description très idéalisée mais qui ne s'écarte finalement pas tant que ça de la rentrée atmosphérique : deux disques de taille différente portant chacun un feu blanc au centre et « des sortes de projecteurs en veilleuse » tout autour ; rappelons que dans la région parisienne la rentrée se présentait sous la forme de deux grosses lumières de taille différente laissant chacune une longue traînée lumineuse, plus une multitude d'autres lumières plus petites.

Joël Mesnard faisait remarquer que la trajectoire, avec une apparition au sud et une disparition à l'est, était conforme à la rentrée atmosphérique.

Canuti conclut pour sa part :

L'heure de l'observation, bien antérieure à celle de la rentrée et l'aspect discoïdal des deux ovnis et de leurs rangées symétriques de lumières sur leurs pourtours, semble empêcher de réduire ce cas à l'explication triviale de la rentrée atmosphérique. Les sceptiques en manque d'inspiration reprennent l'hypothèse de la confusion avec la lune et du faux-souvenir, comme pour le cas de Neufgrange.

Le seul faux souvenir que je vois est chez Thibaut Canuti, puisque je n'ai jamais suspecté la lune d'avoir eu la moindre influence sur ce cas. Je ne vois pas du tout ce qu'elle viendrait faire ici, puisqu'elle se levait en région parisienne à 19 h 07, donc bien après le passage de la rentrée et plus encore après l'heure supposée de l'observation ! Tout au plus pourrait-on suspecter que les lueurs de la lune presque pleine et qui allait se lever pouvaient avoir été prises pour les lueurs du crépuscule, mais je ne l'ai jamais suggéré et il me semble que les lueurs de la ville sont suffisantes pour cela (on est à une dizaine de kilomètres du centre de Paris, distinguer la nuit du crépuscule avancé n'est pas évident dans ces conditions ; il serait du reste intéressant de savoir si c'est à la campagne que le témoin a déménagé, puisqu'il aurait alors découvert ce qu'est un ciel noir !) Donc effectivement pas besoin d'être très inspiré pour imaginer qu'après dix ans le témoin a tiré une mauvaise déduction d'un ciel pas très noir dans son souvenir, et a quelque peu « soucoupisé » son observation !

19. Tarnos (Landes)

Un témoignage donné sept ans après l'observation, par un témoin accompagné de son beau-frère et qui a commencé à suivre l'objet dans son automobile en marche puis immobile en étant sorti de sa voiture... Le déplacement était conforme à la rentrée atmosphérique lors de cette deuxième phase, il était par contre d'une direction différente et avec « quelques instants » de vol stationnaire auparavant, et j'ai montré que le déplacement de l'automobile expliquait parfaitement ces anomalies.

Canuti conclut pour sa part :

Il faut, pour évacuer ce cas, que les témoins, pourtant formels, se soient trompés sur l'heure d'observation de 15 à 30 minutes et qu'ils aient aussi imaginé la station sur place et le redémarrage du phénomène d'abord à vitesse très lente.

« Les témoins » quant on a un seul témoignage rédigé après sept ans, « pourtant formels » quand il donne une heure imprécise « entre 18 h 30 et 18 h 45 », ne dit nulle part qu'il en est sûr et n'est même pas sûr de la date ! Et pour ce qui est de la « station sur place suivie d'un redémarrage », Canuti n'a pas remarqué que dans le témoignage initial (sept ans après tout de même) le témoin écrivait « après quelques instants d'observation, l'objet a commencé à se déplacer lentement... », et qu'en le recopiant intégralement encore seize ans plus tard il a juste modifié ça en « après une minute ou une minute et demie d'observation, l'objet a commencé à se déplacer lentement... » Ça en dit long sur la crédibilité que l'on peut accorder à ce témoin très fâché qu'on ose penser qu'il a observé une simple rentrée atmosphérique !

20. Paris, Porte de Gentilly

Canuti ne fait pas de commentaire sur cette dernière observation qu'il choisit pour illustrer les horaires anormaux... En effet, en dehors de l'heure qui était près de six heures après la vague d'observations, ce cas n'a rien de très enthousiasmant : un objet vu pendant cinq ou six secondes depuis une automobile en marche sur une route sinueuse, et pour toute enquête une courte conversation téléphonique avec un seul des deux témoins, sans doute près de dix ans après l'observation (la date du témoignage n'est comme d'habitude pas précisée, mais il n'a été signalé que dans le dossier préparé par Joël Mesnard pour le dixième anniversaire de la « vague »). Du fait que l'objet est formé de points et de lignes lumineux et que les lignes sont orientées dans le sens de la rentrée, je suis tout de même tenté de penser qu'il s'agit de ce phénomène et que le témoin s'est fortement trompé sur l'heure de son observation après toutes ces années, mais il pourrait aussi bien s'agir d'autre chose.


Après ces vingt témoignages choisis, Canuti recopie le courrier reçu par LDLN à propos d'une autre rentrée atmosphérique qui aurait été « parasitée » par des ovnis, en 1967, et les commentaires de Joël Mesnard à ce sujet.

Il s'agit de la rentrée du 18 juillet 1967 à 1 h 15 du satellite Cosmos 169, très comparable à celle du 5 novembre 1990.

Mesnard cite ainsi le témoignage de Mme Pariset, à Nice, paru en novembre 1971 dans Contact lecteurs, donc quatre ans après l'observation, en « oubliant » que le même témoin avait relaté son observation très rapidement dans LDLN n° 90 paru en novembre 1967... avec bien sûr beaucoup moins de détails incompatibles avec la rentrée atmosphérique : c'est ainsi qu'un « instant d'immobilité » est devenu « dix secondes d'immobilité absolue », et qu'une courbe finale avec un « départ vers l'est » (la direction prise par la rentrée atmosphérique) est devenue un virage en direction du sud.

Les événements de cette nuit du 18 juillet 1967 présentent, c'est évident, une ressemblance profonde avec ceux du 5 novembre 1990. On retrouve, par exemple, le léger étalement de la vague dans le temps : au Buisson-de-Cadouin, le phénomène a été observé à exactement 2 h du matin, trois quarts d'heure après les autres apparitions. Et d'autres ont été signalées nettement avant 1 h 15 ! Tout cela suggère évidemment la manifestation d'une intelligence ayant non seulement le désir de se montrer en se faisant passer pour autre chose, en semant la confusion, mais ayant également la connaissance préalable du fait que la rentrée allait avoir lieu. Cette idée, bien qu'elle découle très directement de témoignages nombreux, précis, convergents, donc parfaitement respectables, ne séduit pas tout le monde, comme on a pu le constater après la parution de notre numéro 306.

Mesnard et tous ses suiveurs, Canuti le premier, ne comprendront jamais que pour n'importe quel événement vu par un grand nombre de témoins, on en trouvera toujours quelques-uns qui se tromperont d'heure, et quelques autres qui auront vu tout autre chose qu'ils associeront à l'événement en question en raison de la publicité faite sur celui-ci... Le « léger étalement de la vague dans le temps », c'est une caractéristique commune à n'importe quel événement rapporté par de nombreux témoins.

Canuti donne ensuite quelques explications sur les rentrées atmosphériques :

Lorsqu'un bolide pénètre dans l'atmosphère, il dispose d'une vitesse très importante, de l'ordre de 8 km/s en orbite basse. Cette vitesse crée une boule de feu plasmoïde qui illumine très fortement l'atmosphère et peut parfois donner l'impression d'une clarté diurne en pleine nuit. Ce plasma donne souvent l'impression que le bolide est bien plus énorme qu'il n'est, et permet surtout de le voir à des distances considérables, de l'ordre de plusieurs centaines de kilomètres. Ce phénomène démarre à l'altitude d'environ 100 km, sous l'effet d'érosion créé par la chaleur et les frottements avec l'atmosphère, le bolide se fragilise et se fragmente, dans un processus qui peut se répéter une ou plusieurs fois. À la fin de sa trajectoire, quand les débris ont une vitesse inférieure à 3 km/s, ils rentrent généralement dans une phase sombre où ils n'éclairent plus. De nuit, le bolide n'est alors généralement plus visible.

Là il mélange allègrement la rentrée atmosphérique d'un satellite avec celle d'un bolide, c'est-à-dire un petit astéroïde qui pénètre dans l'atmosphère terrestre (une grosse étoile filante). La vitesse d'un bolide ne peut pas être inférieure à 11 km/s (vitesse de libération terrestre), et peut aller jusqu'à 73 km/s... Et du fait de cette vitesse souvent très supérieure, c'est à une altitude supérieure, jusqu'à 180 km, qu'il devient visible. Les rentrées de satellites ça commence plutôt à 130 km.

L'aspect d'une rentrée peut être très variable. Dans le cas d'un satellite compact, cela prendra la forme d'un gros météore lent, une boule de feu suivie d'une « queue » lumineuse et d'une traînée. Si le satellite se désagrège en plusieurs fragments, ce qui se produit systématiquement dans le cas d'un étage de fusée, les différents fragments seront plus ou moins freinés selon leur forme et leur masse, et ces différentes trajectoires vont entraîner un phénomène lumineux pouvant s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres.

Le cas le plus spectaculaire se produit lorsqu'il reste une certaine quantité de propergols dans un étage de fusée, ce qui est fréquent. L'objet explose alors en des centaines de fragments qui paraissent sortir d'un « nuage » issu de l'explosion et qui s'étendent peu à peu sur plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions entraînant des dimensions apparentes importantes du phénomène observé, lequel est caractérisé par des formes triangulaires et des lumières clignotantes, de couleurs différentes.

Ça c'est nettement plus correct, pour la simple raison que c'est la copie (sans me citer bien entendu, en clair c'est du plagiat) de ce que j'écrivais en 1997 dans le Culte du 5 novembre 1990 :

L'aspect d'une rentrée peut être très variable. Dans le cas d'un satellite compact, cela prendra la forme d'une gros météore lent, une boule de feu suivie d'une « queue » lumineuse et d'une traînée. Si le satellite se désagrège en plusieurs fragments (il arrive qu'on le fasse exploser volontairement pour qu'aucun gros débris ne puisse atteindre le sol), ce qui se produit systématiquement dans le cas d'un étage de fusée qui n'est qu'une sorte de grosse citerne vide, les différents fragments seront plus ou moins freinés selon leur forme et leur masse, et peu à peu la rentrée prendra l'aspect d'un chapelet de lumières qui pourra s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres en fin de trajectoire.

Le cas le plus spectaculaire se produit lorsqu'il reste une certaine quantité de propergols dans un étage de fusée, ce qui est fréquent. L'objet explose alors en des centaines de fragments qui paraissent sortir d'un « nuage » issu de l'explosion et qui s'étendent peu à peu sur plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions. Là encore, il ne s'agit pas d'une simple hypothèse, un tel phénomène atteindra NÉCESSAIREMENT ces dimensions gigantesques : la vitesse d'expansion des gaz d'une explosion est de l'ordre de 15 000 km/h, et le souffle d'une explosion importante peut propulser de gros fragments à bien plus de 1000 km/h, soit le trentième de la vitesse initiale de l'objet ; il en résulte que le rayon du « nuage de dispersion » dépassera le trentième de la distance parcourue, laquelle peut atteindre deux mille kilomètres. D'autre part, cela ne prendra pas l'aspect d'une dispersion évoquant une fusée de feu d'artifice, du fait que la vitesse de déplacement de l'objet reste très supérieure à celle de la dispersion : les fragments s'écartent les uns des autres en conservant sensiblement leurs positions relatives, et cela donne plutôt l'aspect d'un ensemble de lumières liées à un objet unique, dont l'augmentation de taille sera perçue comme un rapprochement. Enfin, en raison de considérations aérodynamiques, cet ensemble de lumières prend d'abord l'aspect général d'une formation en triangle : les fragments les plus gros ne sont pas trop affectés par l'explosion ni par le freinage atmosphérique, alors que les plus petits sont expulsés à grande vitesse et sont freinés plus rapidement ; il en résulte que l'ensemble prend une forme générale conique (en fait triangulaire, le développement vertical étant limité par les variations de densité de l'atmosphère avec l'altitude), avec les fragments les plus importants en tête.

Les différentes lumières des débris peuvent prendre des couleurs différentes selon leur matière, et clignoter sous l'effet de leur rotation. Les plus grosses peuvent être suivies d'une traînée lumineuse qui prend fin à une certaine distance, donnant l'impression d'un faisceau de lumière tronqué dirigé vers l'arrière.


Canuti a juste voulu résumer la dernière partie en une phrase, devenue de ce fait très lourde et peu compréhensible ! Et puis, il a ainsi évacué les traînées d'air ionisé qui donnent l'impression d'un « faisceau de lumière tronqué », parce que ça évoque trop les témoignages qu'il veut faire passer pour autre chose qu'une rentrée atmosphérique !

Et si j'ai dit que c'était « nettement plus correct » c'est parce qu'il s'agissait de ma première incursion dans le domaine des rentrées atmosphériques, et j'avais donc commis quelques erreurs... D'abord, j'ai appris qu'il est plutôt rare qu'un étage de fusée contienne encore des propergols lors de sa rentrée : en règle générale, ils sont vidangés immédiatement après usage afin d'éviter justement une explosion qui peut disperser des débris dangereux pour les autres satellites ; quoi qu'il en soit, dans le cas qui nous occupe il est clair que cette vidange n'a pas été faite, et que l'étage de fusée a réellement explosé, un grand nombre de témoignages sur la côte atlantique l'attestent. Et puis, la dispersion des fragments du satellite atteint en général une centaine de kilomètres en longueur, et pas plusieurs.

Canuti décrit ensuite quelles sont les « caractéristiques manifestement incongrues au regard de la thèse officielle ».

Pour la plupart des cas problématiques, les arguments des sceptiques sont de pures hypothèses, souvent échevelées, qui ne démontent en rien l'anomalie du contenu de ces observations simultanées. De vrais arguments venant à l'encontre de la théorie de la rentrée atmosphérique existent et demeurent.

Voyons quels sont ces « vrais arguments »...

La rentrée a pu être observée entre 18 h 59 et 19 h 01 environ. Or, de nombreux cas se situent très largement hors de ce créneau horaire, avant ou après.

Sur les 20 observations signalées par Canuti, et sélectionnées parmi des centaines pour leur étrangeté, il y en a trois qui « se situent très largement hors de ce créneau horaire » : Brive-la-Gaillarde où il est clair que ce qui a été observé n'a rien à voir avec la rentrée atmosphérique (mais l'étrangeté de l'observation est à peu près nulle), Villemomble où le témoin interrogé des années après son observation indique qu'il devait être 18 h ou même avant parce qu'il se souvient qu'il ne faisait pas tout à fait nuit, le ciel étant bleu foncé (mais habitant alors en pleine région parisienne, il ne pouvait jamais voir le ciel vraiment noir !), et Paris porte de Gentilly où l'heure indiquée est près de six heures après la rentrée atmosphérique, mais il s'agit d'un témoignage fait au téléphone une dizaine d'années après l'observation d'un phénomène vu pendant quelques secondes en roulant en voiture. Tout ça n'est pas très convaincant !

Il reproduit ensuite mot pour mot le texte qu'il avait déjà publié dans la liste Magonie le 7 novembre 2011, et auquel j'avais répondu point par point... On voit qu'il n'a tenu absolument aucun compte de mes réponses, il ne s'agit donc plus d'erreurs mais purement de mensonges ! J'ai intégré mes réponses déjà données à son texte, et ajouté entre crochets quelques commentaires nouveaux :

L'altitude des débris, selon le CNES, se situait à 110 km à une vitesse conséquente (30 000 km/h environ). Il est tout de même étonnant, quoique les rentrées atmosphériques de ce type sur le territoire français soient finalement assez rares, qu'autant de personnes, dont certaines dotées de solides compétences en aéronautique et dans l'observation du ciel (notamment du ciel nocturne), aient pu confondre un phénomène de haute altitude, avec la vision rapprochée d'objets massifs et apparemment solides.

Alors vous devez nier qu'il y ait eu une rentrée atmosphérique, ou même des rentrées atmosphériques en général, parce que pratiquement TOUS LES TEMOINS d'un tel phénomène, sauf quelques rares exceptions qui ont su ce que c'était, disent que c'était à basse altitude.

[Concernant les « objets massifs », vision de formes noires ou structures, elles sont mentionnées par environ 15% des témoins de ce soir-là, et on peut constater le peu de conviction des témoins pour les 20 cas sélectionnés par Canuti : il est trop près du monstre pour bien en percevoir la forme (Sauzet) ; on avait l'impression de matière, mais dans le centre, est-ce que c'était une masse ? ... On ne voyait que du noir, mais plus noir que le ciel. (Ile de Groix) ; une masse noire comme un trou noir, plus noir que la nuit qui était déjà tombée (Angers) ; coque : métal non réverbérant... pas de contour définissable (Linas) ; la masse sombre, aux contours assez indistincts, pouvait avoir la forme d'un triangle isocèle rectangle (un demi-carré), le grand côté en avant (l'Isle-Adam) ; le dessous de la chose était gris, concave, me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques (Vergt-de-Biron, où le second témoin n'a rien vu de cela) ; les bords de la « masse noire » sont indistincts (Melun) ; une masse noire qui se détache sur le fond de la nuit, mais dont la forme est indéfinissable (Suresnes) ; avec mon fils, nous avons distingué les contours de cette chose. Ils brillaient (Capbreton) ; une immense masse sombre qui se détachait de la nuit par sa noirceur extrêmement prononcée (Mulhouse) ; l'objet paraissait immense mais il faisait tellement sombre que je ne pouvais pas distinguer sa forme exacte (Arcizans-Avant) ; une énorme masse sombre, de forme allongée, à l'extrémité arrière moins bien observée (Vert-le-Grand) ; le témoin a distingué les contours de deux disques, de taille différente, qui se détachaient sur le ciel du crépuscule (Villemomble) ; se détachant du fond du ciel légèrement nuageux, un objet dont la plus grande partie de forme delta longue et large (Tarnos). Il n'y a guère dans tout ça de mentions de contours bien distingués « d'objets massifs et apparemment solides »...]

Les angles de vision rapportés sont souvent incompatibles avec les observations se situant à plusieurs centaines de kilomètres de la trajectoire.

Des exemples ?

[C'est vrai que bon nombre de témoins indiquent un « passage à la verticale » alors que la rentrée passait assez bas sur l'horizon, mais il s'agit là d'erreurs et exagérations courantes, signifiant que le témoin pense avoir affaire à un objet très proche, et ces passages à la verticale sont souvent incompatibles avec les circonstances de l'observation... Dans le cas de l'Ile de Groix le témoin dit qu'il a observé l'objet depuis la cabine de son bateau jusqu'à ce qu'il soit à la verticale du bateau, alors que depuis la cabine on ne peut guère voir à plus de 20° au-dessus de l'horizon ; et à Vergt-de-Biron un des deux témoins affirme que l'objet est passé « presque au-dessus de nous », mais le dessine complètement de profil et même vu un peu d'en haut !]

Une rentrée atmosphérique est visible environ une ou deux minutes au maximum, selon la NASA et le CNES eux-mêmes.

[la Nasa n'a jamais rien dit de tel ; et le Sepra non plus, puisqu'après avoir dit en direct à la télévision qu'une rentrée ne pouvait expliquer « qu'une forte lueur pendant quelques secondes » il a expliqué dans son rapport final de cinq pages, trois semaines après l'observation, qu'une rentrée de satellite « traverse le ciel en à peu près une minute »... Mais Canuti sait bien qu'on ne peut pas s'y fier puisqu'il écrit plus loin : « du point de vue du suivi des satellites artificiels, en confiant cette mission à un profane, le CNES est totalement décrédibilisé ».]

Une rentrée atmosphérique est visible d'un horizon à l'autre plus de quatre minutes pour peu qu'on ait un horizon dégagé, c'est tout à fait élémentaire à calculer.

Si vous voulez une référence et pas un argument d'autorité il y a le télex de Pierre Neirinck ici, avec la trajectoire du satellite visible depuis Wittenheim entre 18h59,0' et 19h03,4'.

Or, toujours selon les statistiques recueillies à partir des cas investigués par Franck Marie, 37% des témoins estiment la durée de leur observation à plus de deux minutes, 20% estiment la durée comme étant supérieure à 3 minutes, 10% comme supérieurs à 4 minutes.

Vous pourcentages correspondent à « deux minutes ou plus » et pas à « plus de deux minutes », et pareil pour 3 et 4 minutes, et ça n'est pas du tout la même chose pour des durées qui sont généralement arrondies ! Donc seulement 6% supérieurs à 4', [et 21% supérieurs à 2', 11% supérieurs à 3', pour une durée moyenne de 100 secondes tout à fait vraisemblable] et pour ces cas-là c'est toujours une simple estimation subjective. Où sont donc les cas où les témoins auraient « soigneusement minuté leur observation » et qui dépasserait 4 minutes (ou même 2) ?

[Ils ne sont pas en tout cas dans les trois de durée anormale sélectionnés par Canuti :

— Sauzet : une quinzaine de minutes au total, avec une première observation durant une dizaine de minutes qui n'avait sans doute rien à voir avec la rentrée atmosphérique, puis après une minute sans rien l'observation rapprochée pendant 2 à 5 minutes de ce qui a toutes les chances d'être la rentrée qui pouvait être suivie pendant deux minutes ;

— Ile de Groix : temps d'approche estimé à 5 minutes, puis 3 ou 4 minutes de station au-dessus du bateau, soit 8 ou 9 minutes au total alors que la rentrée n'était observable que pendant quatre minutes ;

— Cuhem : dix minutes estimées, alors que la rentrée pouvait être suivie pendant quatre minutes depuis le lieu d'observation.]

Enfin les ovnis observés présentaient des caractéristiques manifestement incongrues au regard de la thèse officielle.

- Descentes rapides du ciel ou ascensions parfois fulgurantes.

J'ai déjà évoqué les quelques cas (une dizaine chez Franck Marie) d'ascensions qui ne sont « fulgurantes » que dans une version édulcorée d'un témoignage journalistique dont on trouve ailleurs le témoignage originel, et chez un témoin dont chaque phrase trahit sa tendance à l'exagération... Et ces impressions d'accélérations avec remontée s'expliquent très naturellement lorsque la luminosité de l'objet faiblit à l'approche de l'horizon, on trouve même chez un de ces témoins la description du rougissement des lumières qui valide tout à fait cette interprétation.

Les « descentes rapides », qui sont un peu plus nombreuses, trouvent aussi une interprétation simple du fait que les fragments de l'étage de fusée s'écartaient les uns des autres... Dans le cas idéal où on aurait un ensemble de points qui s'écarteraient linéairement les uns des autres tout en suivant une trajectoire rectiligne horizontale, l'impression si on l'assimile à un objet unique de dimension constante est qu'il suit une trajectoire linéaire descendante avec une vitesse qui diminue de façon hyperbolique, infinie à l'origine de l'explosion tout comme la distance... C'est un problème élémentaire de géométrie. Bien sûr, la situation n'était pas aussi simple et il y avait des contradictions entre l'écart entre les différents points lumineux et leur luminosité... Il y a en tout cas beaucoup d'effets qui peuvent expliquer des impressions de descentes, accélérations, décélérations ou déviations de cap, surtout alors que beaucoup de témoins faisaient leur observation en roulant dans une automobile ! Ces petites distorsions sont bien connues du reste de tous ceux qui s'intéressent aux météores et notamment les chasseurs de météorites qui ont besoin de retrouver une trajectoire précise d'après des témoignages tout aussi variables et quelquefois anormaux que ceux que vous évoquez pour cette rentrée atmosphérique. Il y a des forums consacrés à ces recherches, je vous invite à vérifier par vous-même...

[Il y a quatre cas de « démarrages fulgurants » dans sa sélection : d'un seul coup, c'est parti, d'un mouvement terrible, cap nord-est, à une vitesse incroyable (Ile de Groix) ; puis plus rapide qu'un éclair la forme s'est éloignée à une trentaine de kilomètres d'un coup (Angers) ; l'engin est parti comme une flèche en altitude, à une vitesse incroyable, comme un éclair (Cuhem) ; l'observation dura une dizaine de secondes, avant qu'il ne disparaisse à une vitesse fulgurante (Mulhouse)... Soit un cas où cette disparitiion « à vitesse fulgurante » était absente du premier rapport, un cas plus que douteux, un où chaque phrase du témoin trahit une forte tendance à l'exagération, et une observation depuis une automobile en marche sur une autoroute là où il y a un virage !]

- Changements brusques de caps.

Et pour ce qui est de changements brusques de cap, je n'en connais que trois dont j'ai largement parlé, ce qui est remarquable c'est que sur les trois il y en a deux qui concernent des témoignages multiples (Gretz-Armainvilliers et Linas), et dans les deux cas il y a un seul des témoins du groupe qui a vu ces changements de cap... Moi, ça m'incite à penser que le témoin s'est trompé et je cherche ce qui a pu causer cette erreur, et si je trouve quelque chose de vraisemblable je me dis qu'il y a des chances que je sois dans le vrai, si de votre part vous trouvez l'interprétation invraisemblable je suis tout prêt à en discuter.

[Deux cas de changements de cap dans la sélection, à Linas où ces changements sont corrélés avec les virages du chemin suivi par le témoin qui courait, et à L'isle-Adam où le témoin pourrait s'être trompé pendant quelques secondes sur le sens de déplacement de l'objet, comme à Gretz-Armainvilliers où un seul témoin sur six a commis cette erreur pendant quelques secondes et où il n'est pas douteux que c'est la rentrée qui a été observée.]

- Signaux lumineux suggérant des vols en formation géométrique.

Déjà évoqués, qu'il y ait quelques témoins qui voient des « signaux » dans le moindre changement de luminosité ou des formes géométriques dans une formation de points lumineux assez aléatoires, ça ne me paraît pas particulièrement étonnant.

- Vols lents ou stationnaires, suivis de redémarrages.

Ne trouvez-vous pas assez naturel de qualifier de « lent » le vol d'un « objet » qui se présente sous les dimensions apparentes d'un Boeing 747 qui se déplacerait à la vitesse d'une bicyclette ? Parce que la rentrée atmosphérique, c'était ça ! Et il n'est alors guère étonnant non plus que sept des plus de 500 témoins recensés par Franck Marie aient même eu l'impression d'un sur-place (uniquement des témoins isolés bien entendu, et qui tout en affirmant ce sur-place distinguaient parfaitement un « arrière » et un « avant » en plaçant ce qui ressemblait à des « phares » à l'arrière !)

[Deux cas seulement d'objets stationnaires parmi ceux choisis par Canuti : c'est resté stable bien cinq minutes au-dessus de nous, à faire du sur-place (Ile de Groix) ; cet objet quand mon beau-frère l'a aperçu et me l'a fait remarquer, finissait d'avancer, puis s'est tenu en position stationnaire ... après quelques instants d'observation, l'objet a commencé à se déplacer lentement... (Tarnos).]

- Passage en dessous de l'horizon ou devant le relief.

Dans vos rêves uniquement ! Franck Marie qui a consacré un chapitre à ces « passages sous l'horizon visible » a dû se résoudre devant l'absence de ces cas à le remplir avec des cas de « vols suivant le relief », ce qui vous en conviendrez n'est pas du tout la même chose et beaucoup moins probant (surtout lorsque le relief en question est peu marqué et lorsque les témoins roulent en automobile !) Les deux seuls « passages sous l'horizon » réels qu'il trouve dans ce chapitre sont un passage de l'objet devant un mont qui de l'aveu même de Franck Marie n'était pas visible depuis le lieu d'observation, et un cas d'extinction des lumières de l'objet au passage devant un mont, avec « réallumage » après le passage ! Quant à Joël Mesnard, le seul cas qu'il a trouvé, et classé parmi ses premières « évidences », est le passage de l'objet devant une tour à Bruxelles, mais il a ensuite éliminé ce cas pour lequel il n'avait « pas pu obtenir la moindre confirmation ».

[Et de fait Canuti n'a trouvé aucun cas pour illustrer cette anomalie, mais il continuera à prétendre qu'il y en a !]

- Projecteurs situés sur la surface inférieure des ovnis avec émission de faisceaux lumineux ou de type lasers, longs parfois d'environ 300 mètres.

On voit très bien dans le film de Colmar, dont plus personne ne doute qu'il représente la rentrée atmosphérique, comment une traînée ionisée de longueur sensiblement constante peut être prise pour un faisceau lumineux de genre laser, « tube néon », ou autres descriptions fréquentes... L'anomalie, c'est quand ces « faisceaux » ne sont pas dirigés vers l'arrière, et de tels cas sont rarissimes.

- Faisceaux lumineux observés balayant le sol par les témoins.

Cas rarissimes que voilà, trois autant que je sache, pour l'un d'eux (Vert-Saint-Denis) par chance on a plusieurs témoins, mais bêtement l'enquêteur n'a pas pensé à recueillir les témoignages séparés pour qu'on ait une idée de la fiabilité du détail, et le témoignage est assorti d'un dessin saisissant dont on ne sait pas par qui il a été fait (je parie pour l'enquêteur « à partir des témoignages »). Ce qui est sûr c'est que si ce rapport est correctement enquêté cette observation mérite largement de figurer parmi les plus incompatibles avec la rentrée atmosphérique, mais Mesnard qui l'a rapportée l'exclut de sa liste « d'évidences »... Demandez-lui pourquoi.

[Deux parmi les cas sélectionnés : à chaque pointe du triangle, trois faisceaux d'une intensité extraordinaire éclairaient tous les alentours, comme en plein jour... Les faisceaux semblaient scruter le sol (Cuhem) ; plusieurs faisceaux lumineux blancs (au moins trois) qui découpent des ronds de lumière dans l'herbe du champ, à 5 ou 6 mètres du bord de la route (Vert-le-Grand).]

- Extinction simultanée des lumières.

Encore un détail qu'on ne retrouve que dans quelques témoignages, et jamais chez deux observateurs d'un même groupe lorsqu'il y en a plusieurs, ce qui arrive quelquefois.

[Un seul cas, celui de Sauzet : puis brusquement tout s'éteint. Tout a disparu.]

- Des effets électromagnétiques ont été enregistrés dans certains cas, brouillant les ondes TV par exemple ou éteignant l'éclairage public.

Un unique cas d'extinction de l'éclairage public (et on peut se demander si une rentrée atmosphérique ne peut pas en être la cause dans certaines circonstances), et une dizaine d'autres cas de perturbations ou pannes de radio ou télévision dont la simultanéité avec l'observation est souvent douteuse, c'est peu...

[Sur la sélection de Canuti, on ne trouve que le cas de Cyrille Tavenard à Angers, avec une extinction des lampadaires à mesure que l'objet avance, pompée sur l'observation romancée de Tananarive en 1954.]

Il est intéressant de voir comment Franck Marie a rapporté ces « effets physiques » dans une émission radio (sur « Radio Ici et Maintenant ») :

Pour un certain nombre de cas le témoin était sur la route, sur sa lancée il passe au milieu du faisceau lumineux et instantanément la radio est déprogrammée, y a plus de batterie y a plus rien, et la personne reste en carafe au milieu de la route avec l'objet qui s'éloigne.

Comme le dit le commentateur on croirait entendre David Vincent !

Maintenant si on recherche dans son livre d'où il tire ce fantastique récit, on se rend compte qu'il s'agit de l'amalgame de deux cas, et voici la réalité des témoignages :

Cas de Messon (Aube) :

Des faisceaux lumineux extrêmement lumineux, comme provenant d'une lampe halogène, partaient de quelques-uns des spots orangés. Ces faisceaux lumineux balayaient la route comme quand on cherche quelque chose avec une lampe. Mon autoradio, à partir de ce moment, n'a plus émis. Mais sur le moment, je n'ai pas fait le rapprochement. Il faut dire que chez nous, avec les collines, la réception se fait souvent mal. Ce n'est qu'une fois arrivée chez moi que j'ai réalisé qu'en fait toutes les mémoires de mon autoradio (les programmations) étaient effacées.

Et cas de St Estèphe (Gironde) :

Lorsque la masse est passée au-dessus de la voiture, celle-ci a calé tous voyants allumés et pas besoin de remettre le contact pour redémarrer, mais j'ai tellement eu peur que je ne pourrai certifier si cela provient du phénomène ou de ma peur.

C'est tout, aucune batterie en panne, personne n'est « resté en carafe », les témoins eux-mêmes des rares cas « d'effets électromagnétiques » ne sont pas sûrs de la relation avec le phénomène, et voilà comment on fabrique une affaire à la David Vincent, et bien sûr si on dénonce ce genre d'affabulations on n'est qu'un vil debunker...


Voilà donc ce qu'il en est de vos « anomalies » : certaines sont purement imaginaires, d'autres ne sont considérées comme anomalies que par un refus de voir la réalité de la rentrée atmosphérique, ce qui reste ne concerne à chaque fois que quelques témoignages sur plus de cinq cents, dont bien peu présentent simultanément plusieurs de ces « anomalies », ne concernent toujours qu'un témoin unique même lorsque d'autres étaient présents, et qui en dehors de cela ne se distinguent pas de l'ensemble des témoignages relatifs à la rentrée atmosphérique.

Canuti conclut ce chapitre sur l'idée que le Sepra a doublement fait faillite : il s'est décrédibilisé par ses erreurs et approximations, et les ufologues lui reprochent de n'avoir pas enquêté sur les « quelques cas emblématiques du dossier ».

Il semble croire que tous les ufologues sont persuadés qu'il y a eu un événement extraordinaire ce soir-là, ce qui est loin d'être le cas ! Comme pour Roswell, Phoenix ou d'autres cas « emblématiques » de l'ufologie, il y a bien des ufologues, et pas seulement ceux à tendance sceptique, qui ne considèrent pas ces cas comme mystérieux. Concernant le 5 novembre 90, la Sobeps notamment a parfaitement compris, après avoir elle-même collecté une centaine d'observations en Belgique, qu'il n'y avait rien d'autre qu'une rentrée atmosphérique et se gaussait des « ufologues » français persuadés que « la France a été littéralement envahie par des dizaines, sinon des centaines d'OVNI quasiment identiques, vers 19 h, ce soir-là. Alors que l'origine du phénomène ayant provoqué cette avalanche de témoignages est parfaitement connue depuis longtemps. »

C'est bien dans le domaine des rentrées de satellites que le Sepra a complètement failli, d'autant que c'est en raison de ses erreurs et imprécisions (trajectoire complètement fausse, affirmations fallacieuses sur la durée d'un tel phénomène et sur la façon dont les débris se dispersent) que les ufologues ont rejeté l'explication par la rentrée atmosphérique et n'ont pas pu y confronter les témoignages.

Rappelons que la plupart des défenseurs de cette « vague » (Franck Marie, Jean Sider, Didier Gomez...) ont nié l'existence même d'une rentrée atmosphérique ou son côté spectaculaire, et même Joël Mesnard, bien qu'il soit resté plus prudent, continue à minimiser l'importance de cette rentrée, en indiquant par exemple que depuis un point d'observation donné elle ne pouvait être vue que pendant une dizaine de secondes, ou n'était pas visible à une distance supérieure à 200 km ! Par un tel déni de la réalité, ce sont les ufologues défenseurs de la vague, que Canuti suit aveuglément, qui se sont discrédités, et pas le Sepra !

Quand des militaires français fantasment sur les secrets américains

Canuti consacre ensuite un chapitre au fameux rapport Cometa « remis de manière officieuse par Velasco lui-même au président de la République et au Premier ministre » (en réalité seulement au Premier ministre, et sans avoir été demandé). Il résume assez bien l'accueil — plutôt désastreux dans la presse, mitigé chez les ufologues — qui a été réservé à ce rapport écrit essentiellement par d'anciens militaires de l'I.H.E.D.N. rassemblés en association sans but lucratif, et auquel a participé Jean-Jacques Velasco. Son but était d'alerter les autorités françaises sur les dangers potentiels des ovnis pour la Défense nationale. L'avis général est que l'étude de cas présentée en plaidoyer est très médiocre... Les auteurs croient juste que les pilotes d'avion sont des témoins infaillibles et que les militaires sont de bons enquêteurs !

Mais ce qui intéresse spécialement Canuti, c'est l'opinion très affirmée dans ce rapport que les militaires américains savent depuis le début à qui ils ont affaire et gardent une chape de silence sur cela.

Canuti s'étale donc sur l'affaire Roswell en parlant des livres de Donald Schmitt et Thomas Carey, « unanimement considérés comme les spécialistes les plus informés de l'affaire Roswell dont il n'est plus besoin de dire le caractère fondateur pour l'ufologie. » Mais c'est surtout en France où Gildas Bourdais s'est approprié l'affaire Roswell que Schmitt et Carey sont considérés comme sérieux, surtout depuis leur implication dans les « diapositives de Roswell » où une bande d'ufologues a voulu faire passer les photos facilement identifiables d'une momie amérindienne pour celles d'un extraterrestre ! De leurs deux derniers livres « Witness to Roswell » et » Children of Roswell », le deuxième a été traduit en français, et ce qu'on y lit c'est que si un témoin est devenu alcoolique c'est parce qu'il a été menacé par l'armée, si un témoin a disparu sans laisser d'adresse c'est parce qu'il a été menacé par l'armée, si un témoin s'est suicidé c'est parce qu'il a été menacé par l'armée, si un témoin dit que toutes ces histoires qu'on raconte c'est des conneries c'est parce qu'il a été menacé par l'armée... mais les preuves de ces menaces par l'armée on a du mal à les trouver ! Le mythe de Roswell gonfle à mesure que les décennies passent, mais contrairement à ce que voudrait faire croire Canuti tous les ufologues, même parmi les plus fervents défenseurs de l'hypothèse extra-terrestre, sont bien loin de le considérer comme un « élément fondateur » de l'ufologie !

Canuti nous parle ensuite de Leslie Kean, « journaliste d'investigation » américaine qui contrairement à la plupart de ses confrères français a pris au sérieux le rapport Cometa, qui fut même pour elle « un catalyseur »... Il faut dire que pour Leslie Kean tout ce qui vient de l'armée ou de pilotes est sérieux, et à voir les photographies dans son livre on pourrait croire qu'elle est fétichiste de l'uniforme.

Canuti écrit en conclusion :

Alors, est-il donc si insensé de considérer, avec des dizaines de témoins directs, que les États-Unis ont pu recueillir du matériel et des entités exotiques liées au phénomène ovni et qu'ils en ont peut-être retiré bénéfice d'un point de vue technologique ? Et si le rapport Cometa n'avait eu pour vocation que de faire éclater ce secret de « Polichinelle » dans un contexte général de divulgation ufologique ?

Oui, la divulgation qu'on nous annonce imminente depuis plus de 70 ans, et qui n'avance pas...

Force est de constater que nul n'est décidément prophète en son pays !

Et si le rapport Cometa a été bien accueilli aux États-Unis, c'est parce qu'il y a été présenté par des apôtres dévoués comme Gildas Bourdais et Jean-Jacques Velasco !

La fin du Sepra

Dans le chapitre 4 consacré aux « dernières convulsions », Canuti explique que ce sont les grosses erreurs de Velasco au sujet de la rentrée du 5 novembre 90, puis la parution de son livre Ovnis l'évidence en 2004, où il affirme ouvertement sa conviction de visites extraterrestres et prétend avoir « prouvé » une corrélation entre observations d'ovnis et activités nucléaires, qui ont convaincu le Cnes de mettre fin au service qu'il dirigeait depuis des années.

Cela avait commencé en 1999 par le changement de nom discret du Sepra, passé de Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques à Service d'étude des phénomènes rares atmosphériques, suivi par la demande d'un audit du service, confié à François Louange. L'audit a été naturellement favorable à la poursuite du Sepra et au renforcement de ses effectifs, François Louange étant alors un collaborateur fréquent du Sepra et un ami proche de Velasco !

Mais le Cnes a profité d'une réorganisation de ses services pour mettre fin au Sepra en 2004, sans complètement abandonner la veille concernant l'étude des ovnis, et en juillet 2005 Velasco a été muté au service « culture spatiale ». Canuti nous livre les explications de l'intéressé :

La situation actuelle est plutôt le résultat d'une accumulation de choses... À propos de l'affaire du 5 novembre 1990, chacun voulait que la réponse, fournie par le service « officiel » concorde avec la sienne ! Cette affaire a pris de telles proportions que les limites ont été franchies par des personnes ou des groupes qui s'en sont pris à mon intégrité personnelle... J'ai été profondément choqué, ainsi que mon entourage, par les nombreux dérapages qu'elle provoqua. C'est une des raisons pour laquelle j'ai décidé de quitter cette activité.

Canuti ne le dit pas parce qu'il ne veut surtout pas parler de moi, mais je suis la principale « personne ayant franchi les limites », en montrant que le directeur de ce qui a été nommé pendant treize ans le « Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques » n'avait pas la moindre connaissance et avait dit des tas d'énormités précisément... dans le domaine des rentrées atmosphériques !

Mais bon, le fait est que le Cnes n'a pas voulu abandonner son activité « ovnis », et a recréé son service sous le nom de Geipan, Groupe d'études et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, en ajoutant juste un I pour « Information » à sa première dénomination. C'est ce qu'a expliqué son premier directeur Jacques Patenet, en annonçant (naïvement précise Canuti) que pour concrétiser cette nouvelle activité il rendrait public peu à peu l'ensemble des archives des rapports de gendarmerie qu'il possède, en les anonymisant.

Et c'est bien ce qu'il a commencé à faire en 2007.

Canuti détaille aussi l'autre grande nouveauté mise en place par le Geipan, le recrutement en 2008 d'une centaine « d'Intervenants de premier niveau » (I.P.N.), issus pour la plupart du milieu ufologique et qui acceptaient de jouer le rôle d'enquêteurs bénévoles locaux sans aucun pouvoir de décision au sein de l'organisation et en étant tenus à la discrétion. Le problème était qu'il n'y avait au départ aucun tri ni aucune formation de ces enquêteurs, et lorsque certains un peu trop enthousiastes se sont présentés ouvertement comme « collaborateurs du Geipan » ou pire du Cnes, notamment le très naïf Serje Perronnet qui a voulu forcer la main du Geipan pour réouvrir « l'affaire » du 5 novembre 1990, il y a eu une grosse purge parmi ces I.P.N., qui ne sont maintenant qu'une vingtaine.

Canuti résume ensuite les différentes successions à la tête du Geipan par des membres du Cnes en fin de carrière : après Jacques Patenet, ce seront rapidement Yvan Blanc, Xavier Passot, puis Jean-Paul Aguttes. Canuti y voit un glissement graduel vers le scepticisme, prenant pour exemple le désaveu par la direction du Cnes et une bonne partie des membres du « Comité de pilotage » du Geipan d'un « rapport de situation » rédigé en 2010 qui restait trop favorable à l'hypothèse extraterrestre.

Canuti explique que le Geipan « s'efforce activement au moins depuis la direction de Xavier Passot, de réduire les ovnis à des causes conventionnelles, principalement socio-psychologiques ».

En réalité, il suffit de lire les enquêtes « réouvertes » par le Geipan pour constater qu'il a pour l'essentiel effectué des vérifications de nature astronomique ou géographique qui n'avaient pas été faites du temps du Gepan puis Sepra, lequel se contentait souvent du rapport de gendarmerie pour classer un cas. Il y a bien peu de « socio-psychologie » là-dedans, en dehors de l'usage de « l'entretien cognitif » développé en criminologie pour rendre les témoignages plus fiables !

Et Canuti conclut :

« Mais le scepticisme ultrarationaliste n'est pas une posture scientifique, il s'agit d'une idéologie ».

Cela nous amène au chapitre 5 : Bilan critique du Gepan-Sepra-Geipan

Canuti commence par citer Jean-Michel Abrassard, défenseur pur et dur de l'hypothèse socio-psychologique, expliquant que même si certains ovnis relevaient d'une cause étrange, l'essentiel des observations relèvent de méprises simples et l'hypothèse de visiteurs extraterrestres relève donc au moins en grande partie du mythe.

Ça n'est pas vraiment bien sûr pour faire l'apologie de l'hypothèse socio-psychologique, mais pour suggérer à ses lecteurs que le Geipan a complètement versé dedans !

Et il nous parle de Trans-en-Provence, dont il livre un résumé pour le moins succinct et inexact. Il prétend que les analyses des végétaux par Michel Bounias ont prouvé la réalité d'un effet physique de grande ampleur de l'objet, malgré le manque de réactivité du Gepan qui n'a fait procéder à des prélèvements qu'après trois semaines pour les communiquer à Bounias après trois semaines supplémentaires (tout cela est déjà complètement faux : il y a eu des premiers échantillons prélevés sur la trace par un gendarme dès le lendemain de l'observation, puis des échantillons « témoin », à distance, prélevés huit jours après l'observation, et enfin un ensemble d'échantillons prélevés par le Geipan, à la demande de Bounias, à différentes distances du centre supposé de la trace, quarante jours après l'observation).

Et après avoir mentionné l'hypothèse initiale de Michel Figuet (abandonnée ensuite) d'une bétonnière qui expliquerait à la fois la trace et les effets sur les végétaux par des projections de béton, Canuti indique que les études ultérieures de Bounias démentant l'action de béton sur les végétaux « n'empêcheront pas les ultra-rationalistes Rossoni, Maillot et Déguillaume de reprendre l'argument à leur compte dans leur brûlot sceptique les OVNI du CNES »... Une affirmation encore complètement mensongère puisque dans ce livre où on trouve des informations fiables, la thèse de la bétonnière est signalée en trois lignes, et les auteurs détaillent plutôt pour expliquer cette observation l'idée de Michel Monnerie que le témoin aurait voulu faire une blague à sa voisine passionnée par les ovnis, après avoir trouvé dans son jardin une trace bizarre laissée par un véhicule, et aurait été dépassé par les événements (ça n'est pas lui qui a alerté les gendarmes, mais justement le mari de cette voisine).

Il discute de même du cas de l'Amarante, où le témoin d'un ovni resté 20 minutes dans son petit jardin au milieu d'une grande ville a indiqué que des plants d'amarante situés à proximité de l'endroit où l'ovni avait stationné étaient desséchés. Des prélèvements ont été faits rapidement par des gendarmes, et le Gepan est intervenu et a fait de nouveaux prélèvements 8 jours après l'observation. Canuti indique que cette fois, contrairement aux consignes de Michel Bounias, les plantes prélevées ont été placées dans des sachets plastique et conservées dans le bac à légumes d'un réfrigérateur à 4°, et sont ainsi parvenues « dans un état de décomposition avancée » au laboratoire de biologie de Toulouse qui n'a donc rien pu en tirer. C'est très exagéré... Il indique d'autre part : Le Geipan, une nouvelle fois intervient bien après les délais soit huit jours après l'événement, et bien que le témoin ait entre-temps tondu et taillé son jardin, aucune autre analyse n'est menée sur les végétaux subsistant qui conservaient pourtant la trace de l'événement. Mais là il invente, aucune trace n'a subsisté, et il ne s'étonne pas du fait que le témoin, lui-même biologiste, ait décidé de tailler immédiatement les végétaux censés avoir gardé la trace de cet événement extraordinaire, comme s'il avait voulu effacer toute trace (et ça n'est pas le seul aspect étrange du comportement de ce témoin) !

Ensuite il cite les affirmations totalement gratuites de Jean-Pierre Petit qui est persuadé que l'Armée a fait en secret des analyses de prélèvements bien préservés.

Canuti poursuit :

En bref, beaucoup d'erreurs méthodologiques émaillent l'analyse de ces cas, laissant le champ libre à toutes les remises en cause sceptiques. Il en va de même pour un autre cas emblématique celui du « Vol AF-3632 » en date du 28 janvier 1994 où le pilote de ligne Jean-Charles Duboc et son équipage observent un gigantesque ovni au-dessus de Paris, simultanément détecté par un radar militaire selon le Sepra. Mais la trace radar, se situe en réalité à droite et proche de l'avion du Cdt Duboc alors que l'ovni est censé être lointain et sur sa gauche...

Il ne semble pas se rendre compte que tous ces cas souffrant d'importantes erreurs méthodologiques sont ceux qui ont été tout le temps mis en avant par le Gepan/Sepra du temps de Velasco, et aussi par le rapport Cometa, comme preuves d'un phénomène étrange ! Et pourtant, c'est au Geipan d'après Velasco que Canuti ne cesse ensuite de faire des reproches, d'abord au sujet du recrutement puis de la réduction de l'effectif des « intervenants de premier niveau » :

L'opération se solde par une défiance renouvelée entre le monde ufologique et le Geipan et un rétrécissement drastique des collaborateurs du Geipan à des personnalités impliquées ouvertement dans la mouvance sceptique, les « tenants » ne représentant plus guère au sein du Geipan d'aujourd'hui qu'une très maigre part des effectifs.

Mais cela est simplement mensonger, ce sont toujours largement les sceptiques qui sont minoritaires parmi les enquêteurs encore en fonction au Geipan.

Et cela lui permet de parler du « démantèlement des pan D » :

Il s'agit clairement de réduire significativement la part de cas exotiques portés à la connaissance du Geipan, lesquels représentent encore 13% des témoignages en 2016. Des collaborateurs du Geipan nous ont confié que le classement de certains cas s'effectuait « sur le coin d'une table », dans un sens ultra-sceptique assumé.

Mais pourquoi ne cite-t-il aucun exemple de cas mal enquêtés ou mal reclassés depuis cette nouvelle tendance, alors que toutes les enquêtes sont maintenant en grande partie publiques ? La vérité, c'est que le Geipan, depuis justement qu'il publie ses enquêtes, fait un minimum de recherches et de vérification qui le conduit souvent à proposer une explication convenable, quand le Gepan/Sepra se contentait bien souvent du rapport de gendarmerie pour classer un cas.

Canuti cite ensuite in extenso l'article de Philippe Solal intitulé « une verrue sur le nez du Cnes », disant notamment à propos du Geipan :

Je l'ai vu fonctionner « de l'intérieur » si je puis dire ; d'abord par ma rencontre avec un de ses anciens responsables puis avec certains de ses membres actuels. Tout ce que je pourrais dire désormais de ce service pourrait à la fois me conduire devant les tribunaux, en étant accusé de diffamation par ceux que je mettrais en cause, mais aussi permettrait de créer un scandale sans précédent sur la manière dont le Géipan désinforme, occulte, trompe le grand public, tout en étant rétribué avec notre argent, l'argent public. Les ufologues même les plus sévères à son égard sont loin, très loin de la vérité concernant les gabegies qui sont les siennes et ses hauts faits en matière de désinformation et d'occultation.

Autrement dit, Philippe Solal, philosophe grand défenseur du côté « spirituel » des ovnis, n'ayant jamais fait une enquête, juge le Geipan après avoir rencontré « un de ses anciens responsables puis certains de ses membres actuels », mais sans rien dire de factuel, et c'est parole d'évangile pour Canuti !

On constate la mauvaise foi de Solal à la façon dont il résume le Caipan, la grande rencontre internationale entre ufologues qu'a organisée en 2014 le directeur d'alors du Geipan, Xavier Passot :

À chaque fois qu'on loue ses initiatives comme la réunion nommée Caipan (organisée en juillet 2014 à Paris) j'ai envie de hurler de colère. On se moque des ufologues, on les méprise, et en ce qui concerne les plus récalcitrants, on tente de les séduire, ou de les exclure de ce type de réunions. Le Caipan réunissait à plus de 80% les sceptiques les plus actifs de France et d'ailleurs.

Allons donc, sur plus d'une centaine d'invités, il devait y avoir une dizaine de sceptiques, dont trois ont fait une communication ! Et à côté d'eux il y avait Jean-Luc Lemaire, Stéphane Dier le fondateur du « réseau Suricate », Michaël Vaillant, François Louange et Jean-Pierre Rospars qui comptent parmi les principaux collaborateurs du Geipan et sont bien loin d'être des sceptiques, et pour l'étranger entre autres Jacques Vallée, Ronald Westrum, Richard Haines, Edoardo Russo, Erling Strand et Massimo Teodorani du projet Hessdalen, et d'autres... Et toutes les interventions de ces deux journées très riches ont été publiées, chacun peut donc vérifier que la place du scepticisme y est très minoritaire.

Canuti conclut ce chapitre par le souhait que le Geipan soit confié à un autre organisme que le Cnes, trop proche des militaires à son goût.

Conclusion

Vient le chapitre de conclusion, consacré aux rapports entre ufologie et science...

Canuti y parle d'ufologie en général, plutôt américaine que Française, et cherche à expliquer pourquoi la « science officielle » s'est toujours désintéressée des ovnis.

Beaucoup de contradictions ici... Ainsi, il explique que « le phénomène ovni s'est complexifié jusqu'à l'extrême, de nombreux ufologues au premier rang desquels Jacques Vallée, notant au passage que tout se passait comme si l'intelligence qui se dissimulerait derrière le fait ovni prendrait un malin plaisir à brouiller les cartes », mais indique immédiatement après que « pour les étudiants sérieux du phénomène ovni, il n'est plus question de s'interroger sur la présence de cette altérité, qu'il s'agisse ou non d'une présence extraterrestre au sens strict du terme ». Parce que pour lui, bien évidemment, les « nouveaux ufologues », ceux qui à la suite de Monnerie ont interprété l'absence d'évidence non comme une volonté du « phénomène » de « brouiller les cartes » mais comme l'indice qu'il n'y a justement pas de phénomène réel, sont censés reléguer les ovnis à des hallucinations ou d'hystérie de masse, ce qu'il peut réfuter facilement puisque personne ne l'a jamais soutenu !

Plus loin :

Nous passerons vite sur une des raisons de cette incompréhension, les « abus intellectuels » des ufologues qui auraient présenté le phénomène ovni sous un jour si peu scientifique, qu'ils auraient détourné les savants de cette étude.

Canuti élude cette question en disant que les scientifiques peuvent aussi être très mauvais, que c'est au contraire parce qu'ils ne s'intéressent pas au phénomène qu'il n'est pas pris au sérieux, et qu'il y a eu une volonté officielle de discréditer les ovnis...

Ce qu'il refuse de voir, et qui touche pourtant bien à l'histoire, c'est qu'il y a eu une époque où on pouvait intéresser les scientifiques au phénomène... L'époque, justement, des Hynek ou Mac Donald... Et c'était bien parce que l'ufologie était étudiée avec bien plus de rigueur que maintenant... Aujourd'hui, les défenseurs de l'ufologie ne sont pour la plupart que des fanatiques incapables d'accepter la moindre contradiction, et du reste ne s'intéressent généralement plus aux enquêtes... Ils ne savent que réclamer qu'on leur révèle tous les secrets maintenus sous une chape de plomb par les militaires... Et paradoxalement, les seuls ou presque à faire des enquêtes approfondies restent les sceptiques qui n'ont guère d'espoir (ou de crainte selon certains) de trouver un jour la preuve d'une présence extraterrestre.

Plus loin encore, Canuti se plaint que l'ufologie soit trop souvent associée au conspirationnisme... Et il ajoute aussitôt que « la communauté ufologique dénonce une main-mise militaro-industrielle notamment, puis américaine sur le sujet, qui verrouillerait l'accès au savoir dans ce domaine. [...] C'est une réalité qui est difficilement contestable aujourd'hui pour qui s'est honnêtement documenté sur l'histoire de l'ufologie ou a compulsé les 1600 pages d'archives déclassifiées du FBI relatives aux ovnis... » Si ça n'est pas du conspirationnisme, ça ! Et il cite en référence les livres de Gildas Bourdais ou de François Parmentier, exemples parfaits d'auteurs conspirationnistes qui voient partout de la désinformation, réductrice ou amplifiante selon les besoins ! Ce que toutes les archives déclassifiées nous ont appris, c'est que les ovnis ont toujours intéressé les gouvernements et leurs officines militaires, ce qui est bien normal, mais qu'il n'en est pas sorti grand-chose sinon des opinions variables selon la sensibilité des personnes qui étaient à leur tête !

Tout ça est noyé dans un flot de citations propres à donner l'impression que tout est très objectif, mais on voit bien trop transparaître la pensée complètement orientée de Thibaut Canuti.

Le mot de la fin pour une grande dame

Le livre se termine par une postface de Geneviève Béduneau... Geneviève, décédée avant la parution de ce livre, en 2018, est un personnage que j'avais connu comme contributrice fidèle de la liste de diffusion Magonie, et que je regrette beaucoup... Elle était sûrement la seule dont les contributions étaient appréciées de tous, tant sa tolérance aussi bien que ses connaissances étaient grandes. Elle avait du reste des amis dans tous les courants ufologiques, et sans prétendre en avoir fait partie je pense qu'elle m'appréciait. Dans cette postface rafraîchissante, Geneviève, née comme elle le dit quelques mois avant l'arrivée des soucoupes volantes, donne en quelques pages sa version de l'histoire, qu'elle a vécue de près. Je doute un peu de son interprétation quand elle considère que les groupes ufologiques ont été complètement manipulés, orientés puis discrédités par les autorités militaires, parce qu'il me semble que c'est leur donner une importance qu'ils n'ont jamais eue... Qu'ils aient été infiltrés, observés, c'est certain et normal, tout comme le fait que les ovnis aient toujours suscité l'intérêt des militaires... Mais pour le reste, j'ai bien l'impression que les ufologues n'ont eu besoin de personne pour discréditer complètement l'ufologie !

Je partage par contre son avis que les militaires qui se seraient ainsi accaparé le sujet n'en savent pas plus que nous, parce que comme elle le dit « sinon ça se saurait » ! Ça sera une bonne conclusion... Si les militaires détenaient des secrets formidables sur les ovnis, ça se saurait, et il serait temps que les ufologues qui plongent de plus en plus dans les thèses conspirationnistes s'en rendent compte ! Quand est-ce qu'un ufologue un peu lucide nous présentera une histoire de l'ufologie française qui ne soit pas guidée par les thèses conspirationnistes ? Une vraie histoire de l'ufologie, et pas des fantasmes de certains ufologues...

Robert Alessandri, le 12/03/2020



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