Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
J'ai été accusé, et condamné par un jugement
qui viole de façon flagrante les articles de loi concernés,
pour avoir écrit que M. Velasco, alors directeur du
Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques
au CNES, était une nullité absolue précisément
dans le domaine des rentrées atmosphériques...
Il ne s'agissait aucunement d'une exagération, puisque CHACUNE
de ses interventions dans ce domaine a révélé chez
lui une totale ignorance des notions les plus élémentaires...
Et si quelqu'un peut montrer que je me trompe en une seule occasion, que M. Velasco
a fait preuve de la moindre connaissance dans le domaine dont il s'est présente
comme expert pendant plus de quinze ans, alors je reconnaîtrai que
le terme de « nullité absolue » était exagéré
et que je méritais d'être condamné (du moins s'il s'agit
d'une intervention antérieure à 1997, date de parution de
l'article
qui m'a valu ces poursuites... Je n'ai pas l'impression que Velasco ait fait
beaucoup de progrès depuis, mais si c'était le cas j'y serais
sans doute pour quelque chose) !
Voici donc une liste chronologique de toutes les déclarations
publiques de M. Velasco en matière de rentrées atmosphériques,
avec la mise en évidence de toutes ses erreurs... Cette liste se
veut exhaustive, et j'ai recherché dans les archives de notre
association I.N.H. Évidence tout ce que j'ai trouvé sur
le sujet... Mais nous n'avons forcément pas tout, surtout s'agissant
d'un personnage qui consacre un tiers de son temps de « travail »
« à ses interventions publiques et médiatiques »
(et autant à l'étude des rentrées atmosphériques,
c'est ce qu'il a dit en 1998). Donc, si vous trouvez des documents qui me
manquent (interviews, articles de presse, passages à la radio ou
à la télévision...) dans lesquels le chef du SEPRA
s'est exprimé au sujet de rentrées atmosphériques ou
de météores, merci de me les faire parvenir, je mettrai à
jour cet article en mentionnant la date des ajouts et la personne qui me
les aura signalés... Et pardon si tout ça est quelquefois un
peu répétitif, mais ça n'est pas ma faute si Velasco
répète imperturbablement les mêmes erreurs pendant des
années !
25 novembre 1988 : Annonce de la création du SEPRA
6 février 1989 : Premier météore, premières hésitations
5 novembre 1990 : Première rentrée atmosphérique... Déjà une de trop !
10 novembre 1990 : Le SEPRA identifie la rentrée atmosphérique
21 novembre 1990 : Photos exclusives de la rentrée
27 novembre 1990 : LE rapport d'expertise du SEPRA
Juillet 1991 : Interview dans Phénomèna
11 mars 1992 : Cette fois, c'était un météore !
Avril 1992 : La plaquette d'information du SEPRA
Avril 1992 : Le SEPRA dans Ciel & Espace
Mai 1992 : Et dans la Revue du Palais de la Découverte
Septembre 92 : Et dans Sciences & Avenir
4 février 1993 : Znamya, une voile solaire en orbite
31 mars 1993 : La rentrée du premier avril ?
Mai 1993 : Le livre censé faire avancer la science
Décembre 1993 : Interview dans Ovni-Présence
Décembre 1993 : On en parle dans Mystères
5 novembre 1996 : Vu sur Arte
13 février 1997 : Encore les photos dans Paris-Match
Mars 1998 : Lettre ouverte dans Science Frontières
1998 : Interview dans Facteur X
Mai 1998 : Article dans Inforespace
Juin 1998 : Interview dans Phénomèna
19 juillet 1998 : Interview dans Nord-Éclair
Juillet 1998 : Le numéro spécial de VSD
8 octobre 1998 : Velasco répond au Cercle zététique
Janvier 1999 : À la maison dans CNES Magazine
8 février 2003 : Un morceau de navette à Tibiran-Jaunac ?
25 novembre 1988 : Annonce de la création du SEPRA
C'est ce jour-là que le CNES a émis
un communiqué annonçant
la création du Service d'expertise des phénomènes de
rentrées atmosphériques, lequel serait chargé :
— du suivi des objets satellisés rentrant dans l'atmosphère;
— du recueil et du pré-traitement des informations concernant les
phénomènes aérospatiaux non identifiés.
Le SEPRA reprenait donc en grande partie les activités du GEPAN (Groupe
d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés)
concernant les ovnis, en y ajoutant l'expertise des rentrées atmosphériques,
dont l'importance était prioritaire comme le nom du nouvel organisme
l'indiquait bien...
Dans ce dernier domaine, les activités du SEPRA devaient être :
— Sélection des objets satellisés et suivi en fonction des
critères définis par la Direction du Centre Spatial de Toulouse
pour la détermination du créneau de rentrée de ces objets.
— Mise en place de procédures de coordination et des moyens lors de
rentrées particulières (type SKYLAB, COSMOS 1900, etc).
J'ignore comment le SEPRA a pu s'acquitter de ces tâches alors que
nous verrons qu'il s'est toujours montré incapable de calculer une
trajectoire de satellite !
6 février 1989 : Premier météore, premières hésitations
On m'a signalé qu'avant la rentrée du 5 novembre 1990, le SEPRA a été
confronté à un phénomène très lumineux observé
par un certain nombre de personnes le soir du 6 février 1989. Les premières informations
et descriptions ont été données dans
la Dépêche du Midi
du 8 février, que je n'ai malheureusement pas. Mais dans celle du 9, Velasco s'exprimait
au sujet de ce phénomène :
« Ces témoignages sont centralisés par le S.e.p.r.a. qui les analyse, les recoupe
et en tire des conclusions très provisoires. » C'est ainsi que M. Velasco,
responsable de ce service, nous a fait part des deux hypothèses les plus vraisemblables :
retombée d'un satellite ou météorite.
En ce qui concerne la première, il faut savoir que sur les dix mille objets satellisés depuis 1957
[c'était plutôt 20000 à l'époque, répertoriés par le NORAD]
,
six mille restent encore sur nos têtes. Ces objets volants sont parfaitement identifiés,
répertoriés et suivis par des organismes spécialisés des États-Unis
dont les observations sont transmises à Toulouse.
14 satellites en chute...
Lundi soir 6 février, on prévoyait la rentrée possible dans l'atmosphère
de quatorze de ces engins. Dans le cas de rentrées, le frottement sur les couches d'air
provoque un échauffement et un phénomène lumineux d'une grande intensité
visible quand « l'intrus » est encore à 80 kilomètres d'altitude
[et même nettement avant, à partir de 120 km]
. La désintégration du matériel
intervient à une hauteur d'environ 50 kilomètres. Dans le cas de fragmentation, des morceaux sont,
très souvent, retrouvés mais la plupart s'enfoncent dans les océans.
S'il s'agit effectivement d'un satellite, ou plutôt d'une partie du dernier étage
[pourquoi une partie ?]
, nous le saurons dans quelques semaines [c'est beaucoup !]
grâce aux informations transmises par les Américains qui tiennent un inventaire permanent
de tout ce qui gravite autour de notre planète.
Si ces services hautement équipés retrouvent leur compte exact, il faudra envisager, alors,
la deuxième hypothèse, celle d'un météorite.
On peut faire quelques commentaires... Lorsqu'il parle de « la rentrée possible de quatorze satellites »,
Velasco se réfère sûrement aux indications du
Spacewarn bulletin,
diffusé mensuellement par la NASA. Ils sont maintenant disponibles sur Internet, mais archivés seulement depuis 1991.
Ces bulletins indiquent entre autres informations spatiales les prévisions de rentrées atmosphériques
(vers la fin) avec les références des objets concernés. Avec ça et le fichier
de paramètres orbitaux du NORAD, auquel le CNES avait accès, trouver si un de ces quatorze objets
passait au bon moment au-dessus de la France prend quelques minutes pour peu qu'on ait un minimum de connaissances en orbitographie...
Et quelques autres pour faire de même avec les derniers objets satellisés, non répertoriés
à l'émission du
Spacewarn Bulletin. Dire qu'il faudra « quelques semaines »
pour avoir la réponse, c'est se foutre du monde !
Notons qu'il n'y a eu qu'une rentrée de petit débris le 6 février, et pas du tout au-dessus de la France...
Il s'agissait donc d'un météore... Je regrette que cet article de presse ne donne pas
de témoignages détaillés, puisqu'il est généralement facile de différencier
une rentrée de satellite d'un météore en fonction de la durée d'observation du phénomène.
5 novembre 1990 : Première rentrée atmosphérique... Déjà une de trop !
Le soir du 5 novembre 1990, c'était la tuile pour le SEPRA : une rentrée
atmosphérique très spectaculaire ! Les rares passionnés
de ce phénomène reconnaissaient immédiatement le phénomène
comme tel, notamment le spécialiste français incontesté Pierre Neirinck
qui
faxait la nuit-même
à ses correspondants, aux journaux et
au SEPRA le communiqué suivant :
L'intrigante procession de lumières multicolores observée
à 19h au-dessus de l'Europe occidentale était caractéristique
de la désintégration d'un satellite artificiel.
[...]
la vitesse angulaire était voisine de celle que j'ai observée
lors de la dizaine de désintégrations suivies depuis 1960,
soit 5 degrés par seconde.
Il est facile de différencier un satellite en désintégration
d'un bolide : le satellite traverse le ciel en un peu plus d'une minute,
le bolide ne met que 2 à 20 sec et a rarement une trajectoire complète.
Les diverses couleurs observées par le public s'expliquent par la
variété des matériaux dont est composé le satellite.
Le lendemain dans
Le Soir,
le journaliste Jean-Claude Bourret déclarait,
sans doute après avoir lu le communiqué de Neirinck :
J'ai eu de nombreux témoignages ce matin. Le phénomène
a été observé par des milliers de gens à travers
l'Europe, en France, en Italie, en Grande-Bretagne...
D'après ce que nous savons il ne fait aucun doute qu'il s'agit des
retombées d'un satellite. Nous avons établi une trajectoire
très précise, la vitesse était uniforme, pas de virage,
pas d'arrêt brusque, autant de constatations qui correspondent en tout
point à l'arrivée dans l'atmosphère d'un satellite ce
qui ne peut être décelé par les radars. C'est spectaculaire
et cela frappe l'imagination des gens.
Qu'allait donc dire, de son côté, l'expert officiel du CNES
en matière de rentrées atmosphériques, lui qui bénéficie
d'informations privilégiées puiqu'il reçoit tous les
procès-verbaux de gendarmerie relatifs à des phénomènes
aériens (et en interdit l'accès aux ufologues aussi bien qu'aux
experts en rentrées atmosphériques tels que Pierre Neirinck)
et a accès en temps réel aux éléments orbitaux
des satellites diffusés par le NORAD (Neirinck les recevait pour sa
part par la poste) ?
Le 6 novembre, il annonçait dans un communiqué repris par
de nombreux journaux du lendemain :
Au stade actuel des premières investigations, il n'est pas
possible de se prononcer sur l'origine exacte de cet événement.
Des vérifications seront effectuées par l'intermédiaire
de la NASA sur les rentrées éventuelles de satellites dans
l'atmosphère ainsi que les retombées naturelles ou autres objets
divers, comme les ballons lancés par le CNES ou météorologiques.
Et il invitait les témoins à lui fournir des indications sur
leurs observations par l'intermédiaire des organismes publics (gendarmerie
nationale, police nationale, services de météorologie, aviations
civile et militaire),
afin d'évaluer la nature de ce phénomène.
Il donnait beaucoup plus d'explications dans le journal de sa région,
La Dépêche du Midi :
Jamais nous n'avions recueilli autant de témoignages depuis que je suis ce type de dossiers.
[...]
Les informations nous parviennent de toute la France, sauf de la région
marseillaise. Dans notre secteur, ils sont essentiellement localisés
au nord de la Garonne [à se rappeler]
.
[...]
En général, les témoignages concordent bien sur la durée :
plusieurs minutes, ce qui est étonnamment long, en tout cas très
inhabituel. Par contre, il nous est plus difficile d'établir la trajectoire
de l'objet, un élément d'enquête essentiel.
Au sujet de l'hypothèse d'une météorite avancée
par l'observatoire de Munich, il déclarait :
À l'heure actuelle, nous ne pouvons privilégier aucune
hypothèse. Mais le trajet parallèle au sol décrit par
les pilotes me paraît bizarre, il ressemble plutôt à celui
d'un ou plusieurs avions ou engins propulsés [la trajectoire d'une
rentrée atmosphérique est pratiquement parallèle au
sol, puisque la perte d'altitude de 100 km se fait en plusieurs milliers
de kilomètres ; en ce qui concerne les météores, cela
dépend de l'angle d'incidence de la rentrée dans l'atmosphère,
qui peut avoir n'importe quelle valeur ; il est donc rare que la trajectoire soit
parallèle au sol, mais cela arrive et on parle alors de « météore lent »)]
.
Nos confrères allemands disposent d'un réseau de caméras
spécial et je regrette encore une fois que la France n'en soit pas
équipée alors qu'elle possède les meilleurs spécialistes
mondiaux des météorites
[de tels réseaux de caméras
n'ont pas pour but d'étudier les météorites, les pierres
tombées du ciel qui parviennent au sol, mais les météores,
les traces de celles qui se consument dans l'atmosphère et qui sont
souvent des débris de comètes]
. En tout cas, j'engage
tous ceux qui ont vu quelque chose, lundi, à 19 h 02, à se
manifester auprès de leur gendarmerie ou de leur commissariat.
Leurs observations seront prises en considération.
Le magazine
Libération
du même jour rapportait de son côté :
Jean-Jacques Velasco n'élimine pour l'instant aucune des hypothèses
habituelles, après ce renre d'observations : « Rentrée
atmosphérique naturelle (une météorite) ou artificielle
(un satellite), traversée par l'espace aérien d'aéronefs,
phénomènes naturels (par exemple atmosphériques) spécifiques
[il faudra que Velasco nous explique à quel « phénomène
naturel atmosphérique spécifique » il pensait, puisqu'il
est maintenant expert en « phénomènes rares atmosphériques »]
... »
Pour cet organisme, le seul du genre en France, l'analyse ne fait que commencer.
Dans
un quotidien
dont je n'ai pas la référence, on trouvait aussi :
Les spécialistes excluent l'hypothèse d'une hallucination collective. Sans
pour autant expliquer le phénomène, « tout à fait
exceptionnel », souligne M. Jean-Jacques Velasco, directeur du
service d'expertise des phénomènes de rentrée atmosphérique
(SEPRA) du Centre national d'études spatiales (CNES). Exceptionnel
par sa durée ? plusieurs minutes, alors que les rentrées
de corps dans l'atmosphère n'excèdent jamais quelques dizaines
de secondes [c'est faux, nous en reparlerons]
, ? mais aussi
par sa nature : les témoignages concordent à décrire
une boule incandescente située à l'intérieur, voire
à l'arrière d'un triangle lumineux, alors que la chute d'objets
célestes se traduit généralement par des points lumineux
situés à l'arrière de la traînée de feu
[l'aspect d'une rentrée est en fait très variable, et l'ensemble
de débris peut s'étendre assez largement en hauteur, et pas
seulement en longueur; dans ce cas particulier, il s'était aussi étendu
en largeur en raison d'une explosion initiale, ce que Velasco n'a jamais
compris]
. Débris de satellites brûlant ? Ballons stratosphériques ?
Explosion d'une météorite ? « A l'heure actuelle,
il n'est pas possible de se prononcer », affirment les spécialistes
français [Pierre Neirinck s'était prononcé 24 h
plus tôt, et il avait trouvé que cette rentrée était
tout à fait caractéristique !]
.
Mais c'est dans
Le Figaro
que Velasco s'est le plus exprimé :
Le très sérieux Service d'expertise pour les retombées
atmosphériques (SEPRA) [ne vous moquez pas de cette traduction fantaisiste
par
Le Figaro, le quotidien ne l'ayant pas inventée : on retrouve exactement la même
sous la signature de Jack Muller, directeur de l'établissement de Toulouse, dans
la lettre
qui sera adressée plus tard aux témoins... Il semble
qu'au CNES, on n'ait jamais vraiment su la signification exacte du sigle,
et ça a encore empiré depuis qu'elle a été changée !]
du Centre national d'études spatiales, basé à Toulouse,
a donc été chargé d'élucider cette affaire, considérée,
par les spécialistes des phénomènes aérospatiaux
inexpliqués, comme une des plus spectaculaires survenues ces dernières
années chez nous : « Aussi bien en raison de l'ampleur des observations
que par la qualité des personnes, pilotes, gendarmes, militaires,
qui ont vu ces objets, et que par la concordance des descriptions, c'est
sans doute l'affaire la plus troublante à laquelle on n'a jamais été
confrontés » [mais lors de l'audience de mon procès en
Appel, son avocat n'a pas hésité à dire au juge que
le phénomène du 5 novembre 1990 n'était qu'un vieux
cas noyé parmi les 2500 étudiés par le SEPRA (Velasco
aurait donc étudié 2500 rentrées atmosphériques
en douze ans ?), que je voulais monter en épingle pour provoquer la
disparition du SEPRA !]
, n'hésite pas à déclarer Jean-Jacques
Velasco, responsable des enquêtes du SEPRA [il était responsable
des enquêtes au GEPAN avant d'en devenir le directeur, et il a toujours
été directeur et surtout unique porte-parole du SEPRA]
, qui
souligne que cette mystérieuse visite ne s'est pas limitée
à la France lundi soir : des ovni ont également été
vus à Londres, ainsi que dans le nord de l'Italie, où les pilotes
d'avions appartenant à plusieurs compagnies aériennes (Alitalia,
Swissair et Lufthansa) ont affirmé avoir vu vers 20 heures, soit peu
après les phénomènes observés chez nous
[en fait pratiquement en même temps, et je ne sais pas où
Velasco est allé pêcher ces « 20 h »...]
, d'étranges
lumières sillonnant le ciel d'ouest en est, alors qu'ils étaient
en vol.
De là à conclure formellement qu'une étrange et peut-être
inquiétante formation d'aéronefs a survolé l'Europe
occidentale du nord-ouest au sud-est ce soir-là
[on trouve ici l'origine
de ses déclarations un peu plus bas concernant une « inversion
de trajectoire » : puisque le phénomène a été
observé en Angleterre et en Italie (et censément une heure plus tard !), c'est qu'il se déplaçait
du nord-ouest au sud-est !]
, il n'y a qu'un pas, que Jean-Jacques Velasco,
avec une prudence et une rigueur toute scientifique, se refuse toutefois
à franchir hâtivement [il s'agissait plutôt d'une méconnaissance
totale des phénomènes dont il est censé être expert,
puisque celui du 5 novembre 90 en était un représentant tout
à fait typique reconnu immédiatement comme tel par les véritables
experts qui disposaient pourtant de moins d'informations que lui]
. Pour lui,
avant d'admettre sinon l'existence des extra-terrestres mais du moins d'une
manifestation véritablement inexplicable par les moyens scientifiques
actuels, la procédure d'expertise qui a démarré hier
va prendre du temps : extrêmement minutieuse, elle demandera sans doute
des semaines de travail [à comparer aux quelques heures qui ont suffi
à Pierre Neirinck pour conclure !]
.
Dans un premier temps, le Sepra va collecter l'ensemble des témoignages,
et les faire passer à la « moulinette » constituée
par un ordinateur qui en dégagera infailliblement tous les points
communs que les enquêteurs auraient pu laisser passer. Le « portrait-robot »
ainsi obtenu de l'apparition de lundi soir sera ensuite confronté
aux précédentes affaires dont les données ont été
engrangées dans ce que les spécialistes appellent un « système
expert »
[il faut croire que le niveau d'expertise de ce système
est à la hauteur de celui du directeur du SEPRA !]
: fruit du travail
de compilation mené depuis maintenant plus de dix ans sous l'égide
du Cnes [ils n'ont pas dû travailler beaucoup !]
, il s'agit d'un système
informatisé qui comparera automatiquement les grands traits dégagés
de cette affaire à ceux des précédentes apparitions,
pour tenter de dégager une quelconque similitude qui permettrait d'expliquer
de quoi il s'agissait, ou au moins d'orienter l'enquête [notons que
le trait principal de cette affaire était la multitude de témoignages
simultanés répartis sur une part étendue du territoire... Un phénomène
semblable étudié par le GEPAN s'était produit le 25 décembre 1980
vers 22 h, il y avait effectivement beaucoup de similitudes
avec celui du 5 novembre 1990, et il s'agissait aussi
d'une rentrée atmosphérique, celle de l'étage de fusée
75-62B... Le GEPAN d'avant Velasco avait alors communiqué 53 témoignages
reçus par les gendarmeries à Pierre Neirinck aussi bien qu'à
des ufologues]
.
Avant même le début de ce grand brassage informatique, Jean-Jacques
Velasco se montre circonspect : « L'hypothèse la plus plausible,
qui serait d'attribuer cette affaire à la rentrée d'un satellite
dans l'atmosphère, ou à la chute d'un météorite
sera sans doute difficile à confirmer », annonce-t-il, soulignant
que l'inversion de la trajectoire, d'abord du sud-ouest vers le nord-est,
puis brutalement, du nord-ouest vers le sud-est, ne se prête pas à
ce genre de phénomène
[...]
.
On ne trouve pas trace d'une telle
« inversion de trajectoire » parmi les centaines de témoignages
recueillis par les ufologues : la grande majorité des témoins
indiquent un « cap » compris entre nord-est et est, avec bien sûr
quelques cas « anormaux » s'expliquant pour la plupart par des
erreurs, de moins en moins nombreux à mesure qu'ils s'éloignent
de ce cap moyen : voici une statistique que j'ai établie à
partir de 430 cas recueillis par Franck Marie :
Continuons ce long article du
Figaro :
Les experts attendent maintenant les informations que devraient fournir d'ici
à quelques jours les services de l'US-Spacecom, la commission militaire
américaine dont les services suivent en permanence les satellites
évoluant autour de la Terre, et auxquels la chute de l'un d'eux n'aurait
pas pu échapper.
Des avions « invisibles » ?
Une autre possibilité va être prioritairement examinée
par les équipes du Sepra, même si elle ne paraît pas non
plus satisfaisante. Les ovnis de lundi soir pourraient traduire le passage
d'une patrouille aérienne secrète, du genre de celle qui, selon
certains, aurait déjà été à l'origine
de la vague d'ovnis observés à plusieurs reprises depuis un
an en Belgique : des patrouilles de l'US-Air Force s'entraînant dans
le cadre de l'Otan aux missions de nuit avec des F 117, les fameux chasseurs
« invisibles » conçus pour ne pas réfléchir
les ondes radars.
Là encore, toutefois, le Sepra reste prudent : d'une part, les spécialistes
estiment difficile de croire que l'US-Air Force fasse ainsi voler ses appareils
sur des territoires où elle n'a rien à faire. « En outre,
même invisible, un chasseur furtif fait du bruit. Or comme cela avait
déjà été le cas en Belgique, les témoignages
recueillis lundi soir ne signalent aucune manifestation sonore accompagnant
les lumières observées », assure Jean-Jacques Velasco
[l'absence de bruit n'était certainement pas l'élément
le plus convaincant contre cette hypothèse : il s'agissait plutôt
de l'étendue du territoire couvert pas les témoignages, indiquant
un phénomène à très haute altitude, et leur quasi-simultanéité
(même un avion supersonique volant à Mach 3, quatre fois plus
vite que les F-117, mettrait vingt minutes pour traverser la France)]
.
De son côté, le journaliste scientifique bien connu Pierre Kohler
écrivait dans
La Nouvelle République du Centre-Ouest, après
avoir interrogé Velasco :
Ce phénomène lumineux n'est pas aussi simple qu'on a pu le
penser à première vue. Trois points déroutent les enquêteurs
du CNES :
1) La durée des observations atteint plusieurs minutes et souvent
plus de deux minutes. Or une rentrée atmosphérique (satellite
ou météorite) dure toujours moins d'une minute
[c'est totalement
faux, la rentrée d'un satellite traverse le ciel d'un horizon à
l'autre en plus de quatre minutes, et même les météores
peuvent dans des cas très exceptionnels être observés
pendant plus de deux minutes]
.
2) Les témoignages précis des pilotes professionnels indiquent
une trajectoire non pas descendante, mais montante
[ils indiquaient en fait
généralement une trajectoire pratiquement parallèle
au sol, parfaitement typique d'une rentrée de satellite]
.
3) Le portrait-robot du phénomène se ramène à
des triangles sombres avec un point lumineux au centre, ou positionné
vers l'arrière, ce qui n'est pas sans rappeler les mystérieuses
observations effectuées en Belgique voici un an
[la similitude était
en fait très vague pour la grande majorité des témoignages]
.
Le 7 novembre, Velasco hésitait encore, comme on pouvait lire dans
Le Progrès
du 8 :
Pour l'heure, au SEPRA, on indique « ne pas avoir le droit de livrer
des conclusions en l'état actuel des investigations ». Et deux
axes de travail ont été définis. L'un consistera à
obtenir « un signalement toujours plus précis » de l'OVNI (?)
distingué dans la nuit du 5 novembre ; à déterminer
aussi sa trajectoire. Seconde piste d'investigations, on procédera
à la confrontation de tous les éléments recueillis avec
les informations en possession de l'ensemble des observatoires internationaux.
En attendant, les scientifiques ne cessaient, hier encore, de souligner « la
cohérence » et « l'homogénéité »
de la noria de témoignages enregistrés jusqu'à présent
[« l'inversion de trajectoire » était donc pure invention ?]
.
Le matin du 8 novembre, Velasco recevait de deux sources différentes
(un
télex de la NASA
et un
fax de Pierre Neirinck)
l'identification de l'étage de fusée responsable du phénomène,
avec des indications permettant à n'importe quel amateur de satellites
de calculer la trajectoire au-dessus de la France
(
vérifiez-le par vous-même).
Mais à 13 h, il était invité au journal télévisé
de TF1, où il allait déjà démontrer sa méconnaissance
TOTALE des rentrées atmosphériques... Voici la transcription
précise de son interview :
TF1 : C'est une véritable marée de témoignages qui arrive
au CNES ! Témoignages très sérieux et qui tous concordent ?
JJV : La véritable difficulté, dans ce genre de témoignage
qui nous est rapporté sur des phénomènes de cette nature,
c'est de pouvoir préciser la trajectoire et l'amplitude de ce phénomène.
Un axe semble ressortir ouest-est [en fait, comme vous l'avez vu dans notre
statistique, et comme la trajectoire du phénomène incriminé
le confirme, c'était plutôt ouest-sud-ouest/est-nord-est, si
bien que l'on avait à peu près autant de témoignages
indiquant un cap vers l'est que vers le nord-est]
; il s'agirait d'un axe
qui partirait de la région de Nantes à peu près jusqu'à
l'Alsace [notez bien cette mention de Nantes qui serait suggérée
par les témoignages : Nantes se trouvant à quelque 180 km au
nord de la trajectoire réelle de l'étage de fusée, l'erreur
était pardonnable pour un constat fait moins de deux jours après
la mise en place de l'étude... Mais ça nous éclairera
sur les prochaines indications concernant la trajectoire]
. Mais ce phénomène
a aussi été observé dans le sud-ouest, direction nord-nord-ouest
et cela peut vouloir dire aussi que le phénomène était
en très haute altitude et qu'il était en conséquence,
relativement de très grande dimension [cela ne PEUT PAS VOULOIR DIRE,
cela VEUT DIRE ! L'étendue du territoire d'où provenaient les
témoignages, et sa division très nette en deux parties d'où
les témoins voyaient respectivement l'objet passer au nord et au sud,
indiquaient sans l'ombre d'un doute qu'il s'agissait d'un phénomène
passant à très haute altitude, et donc de très grande
dimension]
.
TF1 : Impossible pour l'instant d'avancer des explications, mais l'ampleur
du phénomène semble écarter une météorite.
Quant à une rentrée de satellite, un télex de la Nasa
est arrivé ce matin ?
JJV : Il semblerait qu'il y ait un satellite qui soit en phase de rentrée,
donc, dans la période qui concerne le temps d'observation, mais nous
ne pouvons pas pour l'instant affirmer quoi que ce soit à ce sujet.
TF1 : Mais un satellite ne suffirait pas à lui tout seul à expliquer le phénomène ?
JJV : Non, il ne pourrait pas à lui seul expliquer le phénomène,
il pourrait tout au plus expliquer pendant quelques secondes, donc, expliquer
une forte lueur, mais il ne pourrait pas expliquer la longue durée
de l'observation, qui a duré plusieurs minutes [c'est donc l'expert
officiel du CNES en matière de rentrées atmosphériques
qui nous dit qu'un tel phénomène ne dure que quelques secondes,
alors que tous ceux qui connaissent un peu ces phénomènes savent
qu'il traverse le ciel en plus de quatre minutes (pour les témoins
qui ont la chance de bénéficier d'un horizon dégagé
des deux côtés) et que cela se calcule de façon élémentaire
(voir notre texte sur
la durée des rentrées atmosphériques)...
Rappelons que Pierre Neirinck précisait dans son télex adressé
notamment à Velasco que la durée d'observation typique d'un
tel phénomène était d'un peu plus d'une minute. Il est
évident qu'il s'agit là d'une des notions les plus basiques
en matière de rentrées atmosphériques, et elle était
totalement ignorée de « l'expert » du CNES !]
.
10 novembre 1990 : Le SEPRA identifie la rentrée atmosphérique
Malgré ce rejet de l'explication par une rentrée atmosphérique
le 8 novembre, le SEPRA annonçait dès le lendemain que le phénomène
était expliqué, dans une dépêche AFP qui allait
être reprise par
tous les journaux
du 10 novembre :
Les phénomènes lumineux observés dans la soirée
du 5 novembre en france ont été identifiés comme la
désintégration de morceaux d'une fusée soviétique
lors de sa rentrée dans l'atmosphère, à partir de données
fournies par l'U.S. Space Com. américain. Les morceaux de cette fusée,
qui avait servi au lancement d'un satellite de télécommunication
Gorizont 21 le 3 octobre [c'était en fait le 3 novembre, et l'erreur
était copiée sur le fax de Pierre Neirinck, qui s'en
était rendu compte après avoir envoyé les premiers exemplaires
et l'avait corrigée immédiatement... Velasco avait donc
bien reçu ce fax !]
et qui portait le numéro 20925.1990094C
[ne connaissant rien à la classification des objets satellisés,
il additionne les deux systèmes qui font double emploi, et qui étaient
tous deux signalés dans le télex de la NASA : le numéro
de classification par le NORAD (20925
e satellite répertorié
par cet organisme), et la désignation internationale (objet "C" du
94
e lancement réussi de l'année 1990)]
, sont entrés
dans l'atmosphère à 18h00 T.U., soit 19h00 heure de Paris [c'était
aussi indiqué en clair dans le fax de Pierre Neirinck]
, selon une
trajectoire allant de Pau à Strasbourg, a indiqué le SEPRA.
Rappelons que dans un premier temps Velasco avait indiqué que les
témoignages suggéraient une trajectoire passant approximativement
par Nantes, à plus de 400 km au nord de Pau ! Et il
avait aussi indiqué que depuis sa région, la plupart des témoignages
provenaient du nord de la Garonne, alors que Pau se trouve très au
sud ! Enfin, Pierre Neirinck avait indiqué dans son télex que
l'engin avait suvolé le Golfe de Gascogne, ce qui est incompatible
avec une trajectoire Pau-Strasbourg... Velasco avait donc bien des raisons
de douter de la trajectoire qu'il annonçait, mais il faut croire qu'il
était parfaitement sûr de son calcul ! Les méthodes permettant
de reconstituer la trajectoire, soit à partir des données du
télex de la NASA, soit à partir de celles du fax de Pierre
Neirinck, sont nombreuses
comme je l'ai montré...
Et vous pouvez aussi vous essayer
au calcul à partir des éléments orbitaux de l'objet,
dont Velasco aurait pu disposer le jour-même de la rentrée s'il
avait eu quelques connaissances dans le domaine des rentrées atmosphériques.
Toutes ces méthodes donnent invariablement une trajectoire approximative
Royan/Strasbourg, qui passe à 250 km au nord de Pau ! Neirinck avait
d'ailleurs ajouté dans la
traduction en anglais
de son fax du 8 novembre la trajectoire en clair : Royan-Nuremberg... Il fallait
penser à le lire !
Le quotidien
la Charente libre
se distinguait en apportant d'autres précisions émanant du
CNES, et commentait ainsi le communiqué du SEPRA :
Le service arrive à une telle précision grâce à
des informations fournies par la Nasa américaine qui concordent avec
la trajectoire et l'heure de passage mentionnées par les milliers
de témoins [quelle précision dans la « concordance », en effet !]
.
Le troisième étage est en effet entré dans les couches
denses atmosphériques à 19h (heure de Paris) et a suivi un
axe sud-ouest nord-est traversant la France entière
[ça correspond bien à la trajectoire Pau-Strasbourg annoncée par le SEPRA, et le quotidien
le Matin
avait d'ailleurs complété quelque peu le communiqué
du SEPRA pour écrire : « ... selon une trajectoire traversant
la France en diagonale, du sud-ouest au nord-est, de Pau à Strasbourg. »]
.
Puis venaient des précisions apportées non pas par Jean-Jacques Velasco,
mais par un certain Thierry Fayard :
« Les rentrées d'objets dans l'atmosphère sont courantes
mais il est très rare qu'elles soient si bien observées par
tant de monde », remarque Thierry Fayard, scientifique du CNES à Toulouse. « Cela
est dû à une météo excellente avec un ciel dégagé
et un brusque refroidissement qui a permis d'avoir une meilleure vision du
phénomène. » [Cela figurait aussi dans la dépêche du SEPRA.]
Selon le SEPRA, le troisième étage de fusée, constitué
d'un moteur et d'un réservoir, d'une hauteur de 10 à 15 m
et pesant quelques tonnes [on retrouvera à peu près
les mêmes indications dans le rapport final du SEPRA]
,
s'est détruit lentement en une minute environ. La plupart des témoins
ont vu la totalité du phénomène [on tretrouve ici
le temps maximum d'une minute attribué par Velasco aux rentrées
atmosphériques, d'autant plus absurde qu'à la vitesse de satellisation,
l'objet devait mettre plus de deux minutes pour traverser la France en diagonale !
La rentrée d'un gros satellite ou étage de fusée dure
généralement de cinq à dix minutes, si bien qu'aucun
témoin ne peut obserrver la totalité du phénomène]
.
Et au sujet de l'impression de proximité ressentie par la plupart des témoins, Thierry Fayard indiquait :
« C'est un problème de psychologie de la perception. Certains
scientifiques du CNES qui ont vu le phénomène ont également
partagé ce sentiment de proximité. Mais la nuit, il est toujours
difficile d'évaluer une distance réelle dans le ciel en l'absence
de tout repère objectif
[en fait, à partir d'une centaine
de mètres, c'est toujours impossible, de nuit comme de jour, et
il
ne s'agit pas d'un « problème de psychologie de la
perception »
mais d'une limite physiologique de la vision humaine ; notons que
Velasco dira pratiquement la même phrase plus tard à
propos de la rentrée atmosphérique du 31 mars 1993 :
« lorsque les gens regardent le ciel, la nuit venue, ils n'ont
plus aucune référence. Ils prennent les kilomètres
pour des mètres, ou inversement »]
. Dans le cas présent,
le phénomène a dû se dérouler à plus de
100 km d'altitude. Mais les morceaux du troisième étage
du lanceur distants de plusieurs kilomètres les uns des autres ont
donné cette impression d'objet proche. » [Velasco parlera
lui aussi plus tard de « morceaux distants de plusieurs kilomètres »...
Il est en fait courant que les débris s'étendent sur une centaine
de kilomètres dans le sens de la trajectoire, et ça devait
être à peu près la dimension atteinte par cette rentrée-là.]
Ainsi, Velasco n'est pas le seul au CNES à avoir dit des sottises,
mais il en a dit beaucoup plus que ce Thierry Fayard dont on ignore la fonction
et le domaine de compétence. On ne sait pas lequel des deux a répété
ce que l'autre lui avait dit, si bien que Velasco n'est peut-être pas
l'inventeur de toutes les âneries des communiqués du SEPRA...
Il se peut aussi qu'il se soit fié aux déclarations d'astronomes
pas très au fait des rentrées atmosphériques (phénomènes
qui ne concernent pas vraiment l'astronomie)... Mais quoi qu'il en soit,
c'était lui qui se présentait comme l'expert « officiel »
dans ce domaine particulier, qui se faisait inviter dans tous les médias
pour en parler, et qui rédigeait tous les communiqués du SEPRA...
C'était donc à lui d'en savoir un minimum et de se renseigner
sérieusement auprès de personnes compétentes.
21 novembre 1990 : Photos exclusives de la rentrée
Deux semaines après le phénomène, le magazine
Paris-Match
publiait ces deux photographies prises à Gennevilliers
le soir de la rentrée par un photographe de l'agence Magnum, Philippe
Ughetto :
L'heure des prises de vue était indiquée à la seconde
près : 18h44'28" pour la première, 18h44'40" pour la seconde
(ce qui excluait déjà qu'il s'agisse de la rentrée atmosphérique,
laquelle passait plus d'un quart d'heure plus tard !)
Le magazine titrait : « Pour nos savants, ces clichés
confirment la thèse de la fusée soviétique », et
publiait le commentaire « éclairé » du chef du SEPRA :
Sur ces photos,
exceptionnel outil d'étude, ajoute Jean-Jacques Velasco,
les couleurs
correspondent aux différences de densité des métaux
et à leur température de fusion. La couleur rouge : 1500 degrés;
la blanche : 3000. Les clignotements viennent du fait que l'épave
de l'espace tournait sur elle-même.
L'explication est du plus haut ridicule : elle suppose que des morceaux
différents de la fusée tournaient à la même vitesse,
et s'échauffaient fugitivement à 3000°C au cours de leur
rotation pour refroidir instantanément ! Du reste, 3000°C
c'est à peine plus que la température du filament des
lampes à incandescence, dont la couleur émise, visible sur les fenêtres
des immeubles éclairées, est franchement jaunâtre (quelques
fenêtres donnent vraiment une lumière blanche, trahissant un
un éclairage par des tubes fluorescents, dont la température équivalente
est proche de celle du Soleil, soit plus de 5000°C). Les lumières
clignotantes blanches apparaissant vraiment blanches sur la deuxième
photo, elles correspondraient à une température de l'ordre
de 5000°C, plus que ne pourrait en supporter n'importe quel matériau.
Quant aux lumières rouges sur la première photo, elles sont
trop vives pour correspondre à un rayonnement calorifique, il ne peut
s'agir que d'une lumière filtrée.
Voici pour information les couleurs correspondant respectivement à 1500, 3000 et 5000 degrés Celsius :
En réalité, tous les astrophotographes amateurs reconnaissaient
dans ces traînées des photographies des lumières fixes
ou clignotantes d'avions avec une pose de quelques secondes ! Nombreux ont
été ceux qui l'ont signalé à Velasco, à
commencer par le sociologue passionné d'ovnis Pierre Lagrange... D'après
ce dernier, le photographe lui-même lui a déclaré au téléphone avoir toujours
été persuadé qu'il s'agissait d'avions, dont un lui
avait simplement paru bizarre.
Et nous verrons que Velasco, qui a interrogé le photographe,
a toujours maintenu (au moins huit ans plus tard !) que ces photos représentaient
bien la rentrée atmosphérique... C'est d'ailleurs lui-même
qui a communiqué ces photos à la presse, à plusieurs
occasions, comme illustrations du phénomène du 5 novembre 90 !
Pierre Neirinck m'a aimablement fait parvenir cette photo (extrait) de lumières
clignotantes d'un avion (à droite, pas très visibles et espacées : l'avion volait haut et
vite) qui s'était « invité » alors qu'il photographiait la station spatiale Mir
(la traînée à gauche).
Le commentaire suivant l'accompagnait, concernant les photos « authentifiées » par Velasco :
« Confondre la traînée photographique d'un avion clignotant
avec une fusée qui se désintègre est un peu gros. Ne
pas reconnaître cette erreur n'est pas le fait d'un scientifique. »
Voici pour terminer un extrait d'une vidéo de la rentrée atmosphérique
prise à Colmar, qui a aussi été envoyée à
Velasco et qui montre l'aspect (tout à fait typique) de cette rentrée
atmosphérique : il faut avoir beaucoup d'imagination pour penser que
les photos parues dans
Paris-Match représentaient le même phénomène !
27 novembre 1990 : LE rapport d'expertise du SEPRA
Trois semaines après l'événement, Velasco envoyait à
la presse et aux témoins son rapport final de cinq pages sur cette
rentrée atmosphérique, sous forme de questions/réponses... Il s'agit là du seul document
pouvant par sa longueur être qualifié « d'expertise »
qu'ait jamais fourni le
Service d'expertise des phénomènes
de rentrées atmosphériques en douze ans « d'activité »...
Et nous allons voir qu'il s'agit aussi du pire tissu d'inepties que Velasco ait jamais
écrit ! En voici donc la transcription intégrale, accompagnée
du pointage de toutes les erreurs (c'est un peu long... à cause des
erreurs !) :
LES RETOMBÉES DU 5 NOVEMBRE 1990
- Pourquoi s'agit-il d'une retombée d'objet satellisé -
Les caractéristiques de rentrées sont connues par des éléments
tels que la vitesse angulaire voisine de 5°/seconde
[c'est le cas lors du passage au zénith et à 90 km d'altitude;
en général la vitesse lors du passage au plus près sera
un peu inférieure (témoin pouvant être loin de la trajectoire
de survol, altitude supérieure sur une grande partie de la trajectoire);
Velasco aurait pu indiquer aussi bien 3°/seconde, mais il s'est
contenté de recopier Pierre Neirinck, qui avait écrit dans
son
premier fax :
la vitesse angulaire était voisine de celle que j'ai observée lors de
la dizaine de désintégrations suivies depuis 1960, soit 5 degrés
par seconde]
.
À titre d'exemple une météorite rentre à des
vélocités près de 10 fois supérieures [ça,
c'est un ajout de son cru, c'est donc une sottise : la
vitesse d'un satellite est de 28 000 km/h, et celle d'un météore
est comprise entre 59 000 (voire même un peu moins) et 260 000 km/h
(voir pour les explications
mon texte
sur la durée des rentrées
atmosphériques et des météores), soit entre deux et
neuf fois plus vite. Et le rapport peut être encore diminué
concernant la vitesse angulaire, du fait que les météores deviennent
visibles à plus haute altitude et que leur trajectoire peut être
très inclinée (si elle est dirigée vers l'observateur, la vitesse angulaire est nulle !)]
.
La durée du phénomène lumineux qui est très courte
pour les bolides, de l'ordre de quelques secondes à 20 secondes au
maximum, est plus importante pour les satellites qui traversent le ciel en
à peu près une minute [il reprend sa copie du texte de Neirinck :
Il est facile de différencier un satellite en désintégration
d'un bolide : Le satellite traverse le ciel en un peu plus d'une minute,
le bolide ne met que 2 à 20 sec et a rarement une trajectoire complète.
Il a juste remplacé pour que le plagiat ne soit pas trop flagrant « un
peu plus d'une minute » par « à peu près une minute »,
introduisant ainsi une nouvelle erreur ! À la vitesse de 28 000 km/h
et à une altitude de 100 km, il est facile de calculer qu'une
rentrée atmosphérique traverse le ciel d'un horizon à
l'autre en plus de quatre minutes, mais du fait que les témoins sont
rarement placés dans des conditions idéales le temps moyen d'observation
est compris entre une et deux minutes (c'est de cela que parlait Neirinck, qui avait d'ailleurs joint à
son deuxième fax
un tableau sur lequel on voyait l'heure d'apparition et de disparition
du phénomène à l'horizon depuis le site de
Wittenheim : respectivement 17h59,0 et 18h03,4 TU, soit une
durée possible d'observation de 4'20")...
Et après avoir ainsi réduit le temps d'observation pour
apporter
quelques variations aux indications de Neirinck, Velasco a fini par se
persuader
qu'il s'agissait de la durée maximale d'observation, comme il
l'a
dit à Pierre Kohler ! Quant à la durée
maximale
des météores, fixée à 20 secondes, il
ne s'agit pas vraiment d'un temps maximum puisqu'il n'est pas
impossible qu'un météore soit observé pendant plus
de deux minutes, mais il est rarissime que cette durée de
20 s soit dépassée... Velasco aurait pu aussi bien
fixer cette limite générale à 15 ou
30 secondes,
mais il s'est encore contenté de recopier le texte de Pierre
Neirinck]
.
Les diverses couleurs observées s'expliquent par le degré d'échauffement
et la variété des matériaux qui composent la structure
de l'objet satellisé, au moment du frottement [suite du plagiat de
Neirinck, qui écrivait :
Les diverses couleurs observées par
le public s'expliquent par la variété des matériaux
dont est composé le satellite]
. Un rouge est une couleur d'un corps
relativement froid, alors qu'un blanc indiquera une couleur supérieure
à 2000 degrés.
Cette dernière phrase a été rajoutée par
Velasco, et montre encore son manque de connaissances en
matière de « température de couleur » ; voici la couleur
correspondant à 2000 degrés, qu'il considère comme « blanche » :
Ainsi, dans chacune des rares modifications qu'il a introduites aux premières
indications de Pierre Neirinck, qu'il avait commencé par rejeter avant de les recopier presque mot pour mot,
Velasco s'est débrouillé pour introduire des erreurs !
Continuons :
Les phases de destruction des objets satellisés s'expliquent par un
brutal ralentissement de la vitesse de 30.000 km/h à 2.000 km/h entre
120 km et 60 km d'altitude [la vitesse initiale est exacte, mais elle ne
diminue pratiquement pas jusqu'à une altitude de 60 km, et c'est au-dessous
de 30 km qu'elle descend à 2000 km/h... On peut se référer
pour cela au livre
Mécanique spatiale en deux volumes édité par... le
CNES ! Notons aussi que puisque Velasco sait qu'un satellite en phase de
rentrée se déplace à la vitesse de 30 000 km/h, soit
500 km/mn, à une altitude d'environ 100 km, on ne comprend pas qu'il
soit incapable de calculer la durée de la rentrée d'un horizon
à l'autre : c'est pourtant de la géométrie élémentaire
de calculer qu'à 100 km d'altitude, un objet est visible à
plus de mille kilomètres ; 1000 km d'un côté et 1000 km
de l'autre, ça donne un parcours visible de 2000 km pour un témoin
privilégié, et pour la durée d'observation il suffit
de diviser : 2000 km à la vitesse de 500 km/mn, ça donne bien
quatre minutes et non « tout au plus une minute » ou pire « quelques
secondes » !]
. Cet effet de ralentissement provoque un échauffement
puis une explosion des structures qui se dispersent ne laissant au sol que
quelques débris de très petites dimensions [les débris
peuvent atteindre plusieurs tonnes dans le cas d'un très gros satellite ;
même dans le cas d'un étage de fusée, les tuyères
résistent généralement à la rentrée, et
il s'agit de genres de « saladiers » en céramique d'une cinquantaine
de centimètres de diamètre : ça n'est pas ce que j'appellerais
de « très petites dimensions » !]
.
Le lancement s'effectue généralement de l'Ouest vers l'Est,
ce qui permet de bénéficier de l'effet de vitesse de rotation
de la terre, alors que les météores, les phénomènes
lumineux des météorites, peuvent rentrer dans n'importe quelle
direction [ça n'est pas tout à fait exact : beaucoup de satellites
sont lancés vers le nord ou le sud pour pouvoir survoler la totalité
de la surface terrestre, et même un peu vers l'ouest pour que leur
orbite reste alignée avec le Soleil... Au niveau de la France, cela
se traduit par des survols suivant un cap compris entre nord-ouest et sud-ouest...
Il n'y a donc que les trajectoires allant franchement vers l'ouest (à
45° près) qui excluent presque certainement une rentrée de satellite].
- Peut-on reconstituer la trajectoire d'un objet satellisé en phase
de rentrée et suivre celui-ci jusqu'au dernier moment ?
Les objets satellisés répondent aux lois de la mécanique
spatiale, ils tournent autour de la terre en permanence. S'ils ne sont pas
maintenus en altitude, ils vont redescendre plus ou moins rapidement
[si les satellites redescendent plus ou moins rapidement, ça n'est pas
en raison des « lois de la mécanique spatiale » (lesquelles
les maintiendraient éternellement en orbite), mais en raison du frottement
sur l'atmosphère (il n'y a pas de limite franche à l'atmosphère
terrestre, dont la densité diminue simplement avec l'altitude pour
devenir en pratique négligeable au-delà de quelques centaines
de kilomètres)]
.
Dans le cas des fusées qui comportent plusieurs étages, ceux-ci
retombent immédiatement pour les premiers et seconds étages,
pour le 3ème voire le 4ème, ceux-ci étant satellisés,
ils accompagnent le satellite sur son orbite et ils retombent ensuite quelques
jours après [ça dépend : certains n'accompagnent pas
le satellite sur son orbite mais restent sur une orbite intermédiaire,
de transfert, et ceux qui accompagnent le satellite sur une orbite haute
ne retombent jamais (c'est le cas notamment du quatrième étage
de cette même fusée ayant lancé Gorizont 21) ; et selon
le lanceur ça peut être le deuxième étage qui
accompagne le satellite sur une orbite basse, nous en verrons un exemple plus loin]
.
Les satellites sont identifiés et suivis par des système de
radar et des télescopes optiques qui les repèrent et déterminent
leur position en permanence autour de la terre [pas en permanence : à
intervalles plus ou moins rapprochés, de quelques heures à
quelques jours selon notamment le danger qu'ils peuvent représenter
pour les autres satellites]
.
- Dans le cas présent pourquoi ce phénomène de rentrée,
est-il devenu un phénomène aussi exceptionnel ?
À l'heure de la rentrée - 19h/heure locale - à la tombée
de la nuit, le ciel est très sombre. On aperçoit les astres
sans difficulté.
La clarté et la transparence de l'atmosphère sont remarquables
sur une grande partie du territoire français
[c'était vrai, Velasco est tout de même capable de consulter la météo]
- il n'y a aucun nuage [disons qu'il y en avait peu, il ne faut pas exagérer !]
et la température est très froide dans les hautes couches de l'atmosphère.
Le processus de désintégration commencé probablement
au-dessus de l'Espagne a suivi une trajectoire qui a traversé le territoire
français suivant une ligne allant vraisemblablement du Golfe de Gascogne
jusqu'à la frontière allemande [vrai également, pour
la simple raison que c'est copié sur le
télex de Pierre Neirinck du 8 novembre :
Ceci suppose une altitude de 110 km sur le golfe de
Gascogne et des morceaux de céramique à trouver en Allemagne]
.
L'ensemble du 3ème étage s'est alors complètement désintégré
[c'est peu probable, simplement on n'a pas retrouvé les tuyères
en céramique qui ont dû tomber en Pologne ou en Tchécoslovaquie,
sans attirer l'attention]
.
Il n'y avait aucun bruit entendu, ce qui est tout à fait normal compte-tenu
de l'altitude élevée de la rentrée proche de 100 km
[c'est vrai au-dessus de la France ; le bruit d'une rentrée peut être
entendu lorsque l'altitude devient inférieure à 50 km]
.
- Pourquoi cette géométrie particulière des points qui
précédaient une forme allongée blanche ?
Plusieurs objets se sont détachés de la structure principale
au moment du décrochage de l'orbite
[à croire qu'un satellite est retenu par une ficelle qui provoque une brusque secousse lorsqu'elle
casse ! C'est au cours de la rentrée et en raison de l'échauffement
par l'atmosphère que l'objet se fragmente, et dans ce cas particulier
il a même explosé au-dessus du golfe de Gascogne du fait qu'il
restait des propergols dans les réservoirs ; cet aspect particulier du phénomène,
attesté par de nombreux témoins sur la côte atlantique,
a complètement échappé à Velasco]
.
Ils avaient la même vitesse, et par conséquent, ils sont rentrés
dans les hautes couches de l'atmosphère selon la même trajectoire.
Cependant ces corps secondaires avaient une forme et des matériaux
différents, ils tournaient sur eux-mêmes (effets d'éclats),
expliquant par là-même les couleurs orangées et rouges
aperçues du sol [très
peu de témoins mentionnaient des lumières rouges...
Velasco cherche visiblement encore à expliquer les
lumières clignotantes des
photos de Gennevilliers !]
.
La traînée blanche aperçue à l'arrière
de la grosse boule
[il y avait plusieurs « grosses boules avec une traînée »
sur une grande partie du parcours, ça n'est que dans l'est de la France
qu'une seule subsistait]
était probablement la désintégration
des matériaux qui composaient le corps principal de cet étage,
faisant penser à l'échappement d'un moteur d'avion.
- Pourquoi des témoins ont-ils observé le phénomène sous les nuages ?
Probablement à cause d'un effet d'optique dû à l'éloignement
ainsi qu'à des nuages en basse ou moyenne altitude relativement proches
des témoins [je croyais qu'il n'y avait aucun nuage !]
.
En effet, les passagers du "Jean Bart", situé dans le golfe de Gascogne,
ont fort bien pu observer la rentrée sous les nuages, cet effet étant
accentué par la rotondité de la terre.
[L'explication est sûrement bonne, mais pourquoi Velasco mentionne-t-il
800 km alors que le Jean Bart se trouvait à moins de 300 km
de la trajectoire de l'étage de fusée (et à 400 km de
la fausse trajectoire annoncée par le SEPRA), donnant aux ufologues une nouvelle raison de douter ?]
Les caractéristiques de l'objet :
Probablement un objet cylindrique de 5 ou 6 mètres de diamètre,
d'une longueur supérieure à 10 mètres et pesant plusieurs
tonnes à vide
[précisément 4,2 m de diamètre,
6,5 m de longueur et une masse de 4,2 tonnes à vide]
. Celui-ci devait
être accompagné par des éléments annexes genre
jupe inter-étage, équipements divers
[il croit encore aux « éléments annexes » qui se
sépareraient au « décrochage de l'orbite » ! Soit
il y a plusieurs éléments séparés en orbite qui
seront catalogués séparément et ne rentreront pas au
même moment du fait qu'ils seront plus ou moins sensibles à l'atmosphère
(il y avait bien un « élément inter-étages »,
90-094B, qui était rentré la veille), soit il y a un seul bloc
qui ne sera segmenté qu'au cours de la rentrée dans l'atmosphère]
.
Cet étage ainsi que la fusée ont été lancés
le 3 Novembre 1990. Les 3èmes étages retombent toujours quelques
jours après [c'est vrai avec ce type de fusée particulier,
pas avec d'autres]
.
Les dernières données sur les orbites donnaient une fenêtre
de rentrée 5 novembre 1990 à 18h06 Z
[en bon français on dit T.U.]
(19h06 locale). Le point de chute théorique évalué
a 49,0 degrés Nord/7.30 degrés Est, au Nord-Est de la France
entre Metz et Strasbourg
[l'heure et le point de chute sont sensiblement erronés (ou plutôt
l'heure est juste mais concerne le point de chute en Pologne ou Tchécoslovaquie ;
en France l'heure de survol était comprise entre 18h59 et 19h02),
mais il s'agit cette fois d'une erreur de la NASA, minime et ne concernant
que les données au-dessus de la France... Voir
notre texte
pour le détail de cette erreur, laquelle
n'explique en rien celles, beaucoup plus importantes, de Velasco]
. L'inclinaison
par rapport à l'équateur était de 51°7 degré
[c'est juste, c'était écrit dans le télex de la NASA
et dans le fax de Neirinck]
.
Les radars de poursuite du réseau USSPACECOM ont fourni les données
suivantes sur la dernière orbite [ces données étaient
exactes, et permettaient de calculer la trajectoire au-dessus de la France,
sans aucune difficulté pour quiconque aurait un minimum de connaissances
en matière de rentrées atmosphériques ou même
simplement de géométrie]
.
Temps 16h52 17h06 17h21 17h36 17h51
Latitude 30°.0 -17°.8 -51°.5 -25°.2 22°.8
Longitude 115°.9 153°.7 217°.2 289°.7 327°.0
Par ailleurs des informations communiquées par d'autres sources nous
donnent les mêmes indications avec deux éléments supplémentaires,
le 3ème étage est rentré à 110 km d'altitude
environ sur la France et est ressorti à 83 km d'altitude au-dessus
de l'Allemagne [il s'agit précisément les altitudes indiquées
par Pierre Neirinck, qui est donc ces « autres sources » pillées
mais pas remerciées !]
pour probablement se disperser dans la région
de Francfort [Neirinck n'a par contre jamais parlé de Francfort, puisqu'il
indiquait une trajectoire Royan/Nevers/St-dié/Nuremberg]
.
Comme vous pouvez le constater sur la carte suivante, Pau n'est pas Royan et Francfort
n'est pas Nuremberg !
Mais cette mention de Francfort m'a fait comprendre comment Velasco avait
« calculé » sa trajectoire : le seul point de la trajectoire
au-dessus de la France indiqué dans le télex de la NASA est
le « point de chute théorique » (49°N, 7°30'E),
sensiblement faux comme nous l'avons vu... Malheureusement, un point ne suffit
pas pour retracer une trajectoire... Une autre indication du télex
est l'inclinaison de l'orbite : 51,7°. Les deux indications étaient
d'ailleurs associées par Velasco un peu plus haut :
Le point de chute
théorique évalué à 49,0 degrés Nord/7.30 degrés
Est, au Nord-Est de la France entre Metz et Strasbourg. L'inclinaison par
rapport à l'équateur était de 51°7 degré.
Or, en traçant depuis le « point de chute théorique »
une droite inclinée de 51,7° par rapport à l'axe ouest-est,
on passe après un parcours de 158 km très exactement à
50,107°N et 8,673°E... À moins d'un kilomètre du centre
de Francfort (50,1°N et 8,68°E d'après mon atlas)... Il peut
difficilement s'agir d'une coïncidence !
Et en prolongeant cette ligne dans l'autre sens, on passe non loin de Pau
(pas tout à fait, Velasco ayant sans doute prudemment repoussé
vers l'ouest l'origine de sa trajectoire, se rendant compte qu'elle ne passait
pas par le golfe de Gascogne comme l'indiquait Neirinck et qu'elle s'accordait
bien mal avec les témoignages !)
Voici donc avec quelles notions d'orbitographie Monsieur Velasco exerce sa
profession d'expert en rentrées atmosphériques : il considère
que si un satellite suit une orbite inclinée à 51,7° par
rapport à l'équateur, elle sera inclinée d'autant par
rapport à tous les parallèles survolés ! En prolongeant
une telle « orbite » (que les marins connaissent bien sous le nom
de « loxodromie »), on obtient une spirale décrivant un
nombre de tours infini en se rapprochant des pôles !
Si l'on admet une trajectoire équivalente Pau/Strasbourg [vous constatez
donc qu'il maintenait dans son rapport d'expertise final sa « trajectoire
Pau-Strasbourg » jamais démentie, amplifiant même l'erreur
en lui ajoutant Francfort !]
, cela donne à peu près 1000 km
pour une très faible perte d'altitude de près de 30 km soit
1°17' qui explique très bien la trajectoire horizontale observée
notamment par les pilotes qui considéraient qu'ils avaient une formation
d'aéronefs en face d'eux en post-combustion [la remarque est juste,
mais d'après ma calculette une perte d'altitude de 30 km sur un parcours
de 1000 ça fait une pente de 1°43']
.
La probabilité de récupération au sol en France d'un
objet spatial est très faible, celle-ci est d'un objet en 20 ans
[ça doit être à peu près vrai]
. Seules les parties denses,
c'est à dire de propulsion, moteurs, etc... peuvent parfois être
retrouvées [c'est assez fréquent dans le cas d'un étage de fusée,
et ç'aurait sûrement été le cas si la rentrée
s'était achevée en Allemagne, où le phénomène
a été aussi très remarqué]
.
En conclusion, le caractère exceptionnel de cette affaire de rentrée,
a été la perception par plusieurs milliers d'observateurs d'un
processus complet de désintégration au-dessus de la France
[non, le processus complet a débuté au-dessus de l'Espagne
pour s'achever en Tchécoslovaquie ou plus loin encore, après
un parcours d'à peu près 4000 km]
par une soirée où
les conditions météorologiques étaient très favorables
à cette observation.
Voilà qui fait tout de même beaucoup d'erreurs pour l'unique rapport
d'expertise présenté par le chef du SEPRA en douze ans d'exercice !
Juillet 1991 : Interview dans Phénomèna
Dans le numéro 4 de cette revue de la défunte association
SOS-OVNI, Velasco répondait à quelques questions sur la création
du SEPRA :
Je pense que c'était dû au fait que le GEPAN, de par sa vocation,
ne correspondait pas totalement aux activités du CNES. Il y avait
peut-être un peu une connotation trop liée aux aspects « soucoupe
volante » ou à ce que les gens imaginent en général
au travers de ces activités, à savoir une imagerie populaire,
alors que le travail effectué permettait de mesurer ce qu'étaient
les phénomènes aérospatiaux non identifiés dans
leur généralité. Mais plus précisément,
c'est vrai qu'on avait un accroissement de témoignages ayant trait
aux problèmes de rentrées atmosphériques. Le CNES a
donc voulu, à travers ça, essayer de comprendre davantage les
problèmes de rentrées atmosphériques [quel résultat !]
.
À la question de savoir s'il était plus facile d'être
directeur du SEPRA que du GEPAN, il répondait :
C'est relativement difficile quand vous créez l'organisme [il
parle de ses deux prédécesseurs]
, ça l'est sans doute
un peu moins quand vous mettez en place une approche rigoureuse et scientifique
[il parle, vous l'aurez compris, de lui !]
.
11 mars 1992 : Cette fois, c'était un météore !
Le 11 mars 1992 peu après 7 h, de nombreux témoins observaient
un objet dans le ciel du sud-ouest, la région de Jean-Jacques Velasco.
C'est d'ailleurs son service qui a signalé les premières observations
mentionnées dans une dépêche reprise par une bonne partie
de
la presse du lendemain :
Des phénomènes lumineux ont été aperçus
mercredi matin dans le ciel girondin, au-dessus de Cestas, près de
Bordeaux, par au moins deux témoins dignes de foi.
L'un de ces deux témoins, un retraité de l'armée de
l'air, a observé entre 7h05 et 7h10 un phénomène lumineux
ressemblant à une étoile filante, mais moins rapide, de couleur
jaune orangée.
L'objet avait un foyer lumineux de couleur verte et se dirigeait d'est en
ouest à plusieurs fois la vitesse du son. Son altitude n'a cependant
pas pu être déterminée avec précision.
Un phénomène semblable a été constaté
à la même heure par deux autres témoins en Charente-maritime,
à La Rochelle et Vérines. Ces deux personnes ont affirmé
à Radio-France La Rochelle avoir vu pendant une trentaine de secondes
une boule de feu de la taille d'un ballon de rugby avec un cône de
flammes.
Il s'agissait donc d'un objet unique, une boule de feu suivie d'une traînée,
se déplaçant d'est en ouest et observé pendant une trentaine
de secondes d'après des témoins.
Ces caractéristiques principales étaient confirmées
par d'autres témoignages recueillis par la presse :
« M. René Cherprenet a été bien surpris hier matin
en ouvrant ses volets ! Cet habitant de Buxerolles dont les fenêtres
donnent vers le Sud a vu, face à lui, ce qu'il est convenu d'appeler
un objet volant non identifié. « C'était gros comme un
ballon de football, très lumineux, avec des couleurs jaunes, vertes,
bleues, cela a duré dix à quinze secondes, et c'est parti vers
l'Ouest », raconte-t-il. « J'ai aussitôt regardé l'heure
: il était 7 h 08. J'ai pensé à une météorite. » »
(
Centre-Presse du 12/03/92)
« Mercredi, à 7 h 07 très exactement, il a été
vu au-dessus du bourg de Coulon, une boule de feu dans le ciel. Il faisait
presque jour, quand a traversé le ciel d'est en ouest, une boule de
feu de couleur bleu-vert suivie par une traînée d'un dégradé
de jaune vers le blanc.
L'observation n'a duré environ que cinq secondes, temps largement
suffisant pour bien observer un tel phénomène. »
(
Courrier de l'Ouest du 13/03/92)
« Plusieurs personnes ont observé mercredi matin un phénomène
curieux en baie de La Baule. Entre 7 h et 7 h 10 une sorte d'objet lumineux
suivi d'une traînée vert pâle a traversé le ciel
d'est en ouest avant de mourir à l'horizon. L'un des gardiens du Port
de Pornichet a observé cette « boule blanche et sa traînée
verte ». Le même phénomène a été observé
en Vendée ainsi que dans la région bordelaise. »
(
Presse-Océan du 15/03/92)
Tous les témoins s'accordaient donc sur la trajectoire est-ouest,
et les temps d'observation variaient de 5 à 30 secondes.
C'était parfaitement typique d'un météore lent (c'est-à-dire
un gros « caillou » venu du ciel et frappant l'atmosphère
presque tangentiellement, ce qui explique une durée inhabituelle).
La durée de trente secondes était assez exceptionnelle
si elle n'était pas exagérée (mais pas pour autant rarissime
puisqu'on a enregistré des météores ayant duré
jusqu'à deux minutes), mais elle était trop courte pour décrire
une rentrée de satellite (à part pour les petits objets qui
peuvent se consumer entièrement et ne donnent pas lieu à une
rentrée spectaculaire, la rentrée d'un satellite dure toujours
plusieurs minutes, et peut être généralement suivie pendant
une à deux minutes par des témoins correctement situés).
Le fait que l'objet ne se soit pas fragmenté exclut aussi presque certainement un satellite.
Et surtout, la trajectoire est-ouest mentionnée unanimement par les
témoins excluait totalement cette hypothèse : AUCUN satellite
ne survole la France en orbite basse suivant une trajectoire est-ouest, avec une marge de
plus de 45°.
Cela n'empêchait pas Velasco d'annoncer fièrement dans la dépêche
reprise par toute la presse régionale, au non du
« SEPRA (Service
d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques),
dépendant du CNES » :
Ces phénomènes ont été observés
à haute altitude pendant une durée assez longue, ce qui me
fait pencher en faveur de l'hypothèse d'une rentrée atmosphérique
d'un objet spatial en excluant l'hypothèse d'une météorite.
Cela n'a jamais été démenti... J'imagine la réaction
du responsable du NORAD qui aura reçu du représentant très
officiel du CNES en matière de rentrées atmosphériques
la demande d'identification du satellite ayant effectué sa rentrée
d'est en ouest au-dessus de la France !
Depuis qu'il a lu chez Pierre Neirinck « qu'il est facile de différencier
un satellite en désintégration d'un bolide : le satellite
traverse le ciel en un peu plus d'une minute, le bolide ne met que 2 à
20 sec et a rarement une trajectoire complète », Velasco
va affirmer systématiquement que tout objet traversant le ciel selon
une durée estimée à plus de 20 secondes sera la
rentrée d'un satellite ! Diable, puisque Neirinck (dont il a fini
par comprendre la fiabilité) a dit que c'était le principal
moyen de faire la distinction entre météore et satellite, et
qu'en plus c'est « facile », il applique la règle sans se
poser de questions !
Avril 1992 : La plaquette d'information du SEPRA
Il s'agit plutôt d'une plaquette de promotion, racontant l'histoire
du GEPAN puis du SEPRA illustrée par quelques enquêtes choisies.
Les rentrées atmosphériques occupent à peu près
la moitié de la place, comme elles occupent à peu près
la moitié du temps de travail de Velasco selon ses dires. Vous pouvez
trouver cette plaquette sur le site de
Marc Angee,
nous ne nous occuperons que de ce qui a trait aux rentrées atmosphériques.
Page 5,
au sujet de la transformation du GEPAN en SEPRA :
L'objectif du SEPRA aujourd'hui n'est plus d'engager lui-même des études
scientifiques. En revanche, il prend en compte officiellement le suivi des
objets satellisés rentrant dans l'atmosphère. Il continue à
collecter et gérer des informations, à les expertiser et à
organiser des enquêtes approfondies. Le résultat de ces travaux
fait l'objet d'une synthèse transmise au Comité des Programmes
Scientifiques du CNES. Ce comité est chargé, entre autres missions,
de décider de l'engagement de recherches spécifiques.
Page 12,
consacrée aux débris spatiaux et... à la rentrée du 5 novembre 90 :
Près de 11 000 satellites ont été lancés depuis
octobre 1957, date de lancement du premier spoutnik soviétique.
On estime à environ 7 000 les objets encore présents dans l'espace.
Les grandes puissances spatiales, Etats-Unis et Union Soviétique,
ont mis en oeuvre des moyens considérables pour observer et suivre
en permanence les milliers de corps qui se déplacent dans l'espace.
Aux Etats-Unis, un organisme militaire, le US Space Command, est chargé
de cette mission et dispose pour cela de plusieurs dizaines de stations de
détection radar et optique. Ces stations poursuivent, localisent et
mesurent les orbites des objets de taille supérieure à 10 cm
situés au-delà de 150 km d'altitude (hormis les corps de fusée)
[Jusque là, ça allait et le NORAD diffuse largement ces indications,
mais les corps de fusée ne font pas l'objet d'un traitement particulier !]
.
Le US Space Command édite un répertoire des données
orbitales de chaque débris. Ce répertoire parvient au Centre
d'Orbitographie du CNES via la NASA, et est utilisé par le SEPRA pour
les prévisions et le suivi des rentrées atmosphériques
[si le SEPRA avait su utiliser ce répertoire, il n'aurait pas dû
attendre l'identification des objets ayant effectué leur rentrée
au-dessus de la France par la NASA ou par Pierre Neirinck, et surtout il
aurait été capable de retracer correctement une trajectoire
avec ces données... Comme l'a fait d'ailleurs Neirinck qui recevait
ce répertoire par la poste (maintenant il y accède par Internet,
comme tout le monde) !]
.
Exemples :
COSMOS 1900 (1988)
SOLARMAX (1989)
PROTON (1990)
SALIOUT-7 (1991)
[La fusée Proton de 1990, seul de ces exemples a être rentré
au-dessus de la France, est précisément celle du 5 novembre
1990... Comme exemple du suivi des rentrées atmosphériques
par le SEPRA, on fait mieux... Ou plutôt non, le problème est
justement que le SEPRA n'a rien fait de mieux que cette « expertise »
truffée d'erreurs !]
Suit justement un compte-rendu de cette expertise du phénomène du 5 novembre 1990 :
QUAND LES DEBRIS SPATIAUX S'EN MELENT [et quand le SEPRA s'emmêle !]
Le 5 novembre 1990 à 19h00, les services de sécurité
du CNES recevaient de nombreux appels téléphoniques en provenance
de plusieurs brigades de gendarmerie. Le 6 novembre 1990 au matin, le SEPRA
déclenchait la procédure d'enquête sur un phénomène
lumineux triangulaire ayant été observé par des centaines
de témoins.
L'enquête
La collecte d'informations débute par une demande d'information à
Météo-France (pour déterminer les conditions atmosphériques
des régions françaises concernées) et aux services de
navigation aérienne civile et militaire (pour vérifier l'hypothèse
d'une manoeuvre aérienne d'envergure).
Durant plusieurs jours des centaines de témoignages affluent.
Le jeudi 8 novembre 1990, la NASA communique au SEPRA les coordonnées
précises d'un objet satellisé rentré dans l'atmosphère
le 5 novembre 1990. Il s'agissait du troisième étage d'une
fusée soviétique PROTON, ayant servi à la mise à
poste du satellite de télécommunication GORIZON 21.
Le Centre d'Orbitographie Opérationnelle du CNES fournira au SEPRA
les paramètres précis de l'orbite de rentrée
[si c'est le Centre d'orbitographie du CNES qui a fourni une trajectoire Pau/Strasbourg
pour un objet suivant une orbite inclinée de 52° sur l'équateur,
il vaut mieux que le CNES ne s'occupe plus de satellites !]
.
La trace de l'orbite de rentrée passait à la hauteur du golfe
de Gascogne et traversait la France de part en part
[c'est Pierre Neirinck qui avait indiqué fort justement un passage au-dessus du golfe de
Gascogne et une entrée au-dessus du territoire Français tout
près de Royan... Par, contre, la trajectoire Pau/Strasbourg annoncée
et jamais démentie par le SEPRA ne passait pas par le golfe de Gascogne !]
.
Les Résultats
Il suffisait alors de comparer la trajectoire suivie par l'objet avec la
simulation de trajectoire effectuée par le SEPRA, après l'analyse
statistique de la répartition géographique des témoignages,
pour confirmer l'hypothèse de cette rentrée comme réponse
au phénomène du 5 novembre [il suffisait de faire cela pour
se rendre compte que la trajectoire Pau/Strasbourg/Francfort « calculée »
et annoncée fièrement à la presse était complètement
fausse ! Le SEPRA n'a donc JAMAIS fait ces analyses dont il se vante !]
.
Conclusion
Ce cas de rentrée dans l'atmosphère d'un objet satellisé
a pris une ampleur et des dimensions exceptionnelles. Il est survenu dans
des conditions météorologiques favorables à son observation
(nébulosité minimum) le soir à 19h00, et toute la désintégration
entre 100 et 80 km d'altitude s'est déroulée au-dessus du territoire
français sur près de 1000 km. Il a pu ainsi être observé
par d'innombrables témoins fascinés par ce spectacle insolite.
La
page 13
reproduit un tableau des objets en orbite autour de la Terre recopié
sur le NORAD, et pour illustrer les rentrées d'objets naturels un
schéma du système solaire comprenant quelques comètes
représentées par des sphères enflammées (rappelons
que la queue d'une comète est constituée de gaz s'évaporant
et de poussières, repoussés par la pression de radiation (la lumière) du Soleil... Ça
n'a vraiment rien à voir avec des flammes) !
Page 14 :
PEUT-ON CRAINDRE DES RETOMBEES DE DEBRIS SPATIAUX SUR DES ZONES HABITEES ?
Les zones habitées du globe, recouvrant une dix-millième partie
de sa surface, les risques de retombée d'un débris sur une
zone habitée sont minimes.
Ces risques, aussi faibles soient-ils, sont pris en compte par les autorités.
Le SEPRA, chargé du suivi des rentrées atmosphériques
d'objets satellisés, procède systématiquement à
une simulation de trajectoire (à l'aide des données orbitales
transmises par le Centre d'Orbitographie Opérationnelle du CNES).
En cas de risque de retombée d'un objet au dessus du territoire français,
le SEPRA donne l'alerte et une cellule de surveillance quotidienne est mise
en place au Centre Spatial de Toulouse.
[Vous pouvez donc dormir tranquilles, le SEPRA veille sur vous, avec
ses méthodes exclusives de calcul de trajectoire des objets dangereux !]
Suit un petit graphique sur lequel il est dit que le SEPRA procède
à une
« étude systématique des objets pouvant rentrer »
[pourquoi alors s'avère-t-il incapable d'identifier lui-même
un objet qui EST rentré ?] et qu'en cas d'alerte concernant un objet
particulier c'est une
« Cellule de rentrée atmosphérique »
qui prend la relève.
Il prend l'exemple de la rentrée de Saliout-7, avec sa trajectoire
retracée sur plusieurs orbites par un logiciel d'orbitographie...
Détail amusant, Saliout, comme bon nombre de satellites soviétiques,
avait la même inclinaison orbitale que l'étage de fusée
du 5 novembre 1990, et il suffisait de décaler en longitude la trajectoire
du premier pour obtenir celle du second, à partir d'un seul point
de survol (celui donné par la NASA, même s'il était un
peu faux, aurait donné un résultat très convenable)...
Avril 1992 : Le SEPRA dans Ciel & Espace
Dans un dossier consacré à « ces astronomes qui croient
aux ovnis », Pierre Kohler présentait les travaux de Velasco...
Mais bizarrement il n'y avait rien sur les rentrées atmosphériques !
Les rédacteurs de cette revue d'astronomie, sachant reconnaître
les lumières clignotantes d'avions qui parasitent régulièrement
leurs clichés, ont-il eu des doutes sur les capacités d'expert
de Velasco lorsque ce dernier leur a présenté ses « photos
de la rentrée du 5 novembre 1990 » qu'il essaie de placer
partout ?
Mai 1992 : Et dans la Revue du Palais de la Découverte
Velasco y présentait un résumé de ses activités
sous le titre
Ces OVNI qui nous entourent. Le cas du 5 novembre 1990 y était
abordé :
Le 5 novembre 1990, la France entière était témoin du
survol de son territoire par un immense et étrange triangle lumineux
se déplaçant silencieusement. Aussitôt certains médias
comparaient hâtivement cet événement à la vague
d'observations de triangles ayant survolé la Belgique depuis quelques
mois [on a vu effectivement que ce rapprochement avait été fait dans
la Nouvelle République du Centre-Ouest
du 7 novembre : « Le portrait-robot du phénomène se
ramène à
des triangles sombres avec un point lumineux au centre, ou
positionné
vers l'arrière, ce qui n'est pas sans rappeler les
mystérieuses
observations effectuées en Belgique voici un an. »
L'article était signé par Pierre Kohler, qui mentionnait
cela après avoir interrogé Velasco comme un des points
qui « déroutent les enquêteurs du CNES » !]
.
Alerté par les organismes publics (gendarmerie nationale, aviation
civile et militaire), le SEPRA engageait une enquête. De nombreux témoignages
affluaient de toutes parts du territoire français.
Dans un premier temps, nous avons considéré l'hypothèse
d'un phénomène de rentrée atmosphérique
[pour la rejeter parce que la rentrée d'un satellite ne pouvait expliquer
« qu'une forte lueur pendant quelques secondes » !]
. La question
se posait alors de savoir s'il s'agissait d'une grosse météorite
ou bien d'un objet satellisé. Le doute subsistait d'autant que l'observatoire
de Munich affirmait l'origine naturelle du phénomène.
48 heures après, grâce à des informations en provenance
de la NASA, nous avions les éléments techniques nous permettant
de restituer la trajectoire et la trace au sol de l'OVNI [c'est vrai, « ils »
avaient les éléments techniques... Mais pas les connaissances
pour les exploiter, et après encore 48 heures « ils » tiraient
de ces éléments techniques une trajectoire complètement
fausse !]
. Il s'agissait bien de la rentrée atmosphérique d'un
objet satellisé, plus précisément de celle du troisième
étage d'une fusée soviétique Proton, qui avait servi
au lancement d'un satellite de télécommunication de type GORIZON 21
[le type c'est Gorizon, 21 c'est le rang, et Gorizon 21 c'est le satellite]
.
Nous pouvions alors donner une réponse aux 875 témoins qui avaient relaté
aux autorités leurs observations [précisons,
pour ceux qui auraient du mal à comprendre comment il passe de 250
procès-verbaux de gendarmerie et quelques autres sources à
875 témoignages, qu'il compte séparément tous les témoins
multiples, même s'ils n'avaient pas tous témoigné...
Par exemple, si quelqu'un rapportait à la gendarmerie qu'il était
avec sa femme, son fils et trois amis, il comptait pour six témoins]
.
Le SEPRA avait rempli sa mission et démontrait ainsi l'intérêt
d'une structure qui permettait d'éviter les débordements médiatiques
sur un thème où le public a des attentes et de fortes croyances
[le SEPRA, par son incompétence, a surtout élargi le fossé
entre les ufologues qui constataient que bien des choses clochaient dans
l'explication fournie par les « experts du CNES », et les scientifiques
qui ont accepté l'explication sans vérifier si les données
indiquées, notamment sur la trajectoire, étaient conformes
aux témoignages : les premiers étaient confortés dans
leur opinion « qu'on » nous cache des choses et que les scientifiques
sont tous complices, et les seconds dans celle que les ufologues sont des
imbéciles incapables d'accepter les démonstrations scientifiques rigoureuses]
.
Septembre 92 : Et dans Sciences & Avenir
Et encore un article encenseur sur Jean-Jacques Velasco, qui avait décidément
le vent en poupe depuis sa magnifique expertise du 5 novembre 1990 !
Cette rentrée est bien sûr évoquée :
Avec cet expert du ciel, l'impressionnant peut devenir banal. Comme
cet énorme triangle lumineux, observé le 5 novembre 1990 et
décrit par 875 témoins, qui n'était rien d'autre que
la rentrée dans l'atmosphère du troisième étage
d'une fusée soviétique Proton. Cette identification a pu se
faire grâce aux services permanents de la NASA qui transmet au SEPRA
les données sur les 7 000 objets en orbite actuellement répertoriés
et numérotés [la
NASA a surtout identifié elle-même l'objet et en a
informé le SEPRA, qui n'a eu ainsi qu'à recopier la seule indication
correcte de son analyse !]
.
Un peu plus loin, Velasco s'exprime lui-même :
Les gens ont plus besoin de rêve que du troisième étage
d'une fusée en désintégration ! On préfère
écouter Alain Delon affirmer qu'il croit à des manifestations
surnaturelles que nos expertises [notons que « l'expertise »
à laquelle il fait allusion est bien celle relative au 5 novembre
1990, dont il a discuté à l'émission « 7 sur 7 »
en présence d'Alain Delon (je n'ai pas l'enregistrement de cette émission
et ne peux donc pas en parler ici, mais si quelqu'un le possède je
serais heureux de rendre compte de ce que Velasco y disait)]
.
Et encore plus loin :
Quand on est confronté à quelque chose d'inconnu, il
y a comme une surenchère, une escalade des hypothèses. D'abord
on cherche coûte que coûte à relier ce que l'on voit à
du "déjà vu". Si cette identification bute, c'est l'imaginaire
qui prend la relève.
Le journaliste continue, résumant ce que lui a dit Velasco :
Résultat : les gens très formés ne sont pas les
meilleurs témoins. On ne s'étonnera pas que Jean-Pierre Haigneré,
pilote et doublure de l'astronaute Michel Tognini, ait vu dans la combustion
d'un étage de fusée, en novembre 1990, les manoeuvres d'approche
d'un Boeing 747 [Nous reparlerons de cette observation de Haigneré,
qui met plus en évidence la méconnaissance qu'avait Velasco
de l'aspect d'une rentrée atmosphérique que les capacités
d'observation d'un futur astronaute du CNES ! (Du reste, Haigneré a vite
compris qu'il ne s'agissait pas d'un avion, alors que Velasco lui-même,
qui contrairement à Haigneré se déclare expert en rentrées
atmosphériques, n'a pas été capable de faire la différence
entre un tel phénomène et les lumières clignotantes
d'avions photographiés de nuit, et cela pendant au moins huit ans)]
!
Et pour conclure ces commentaires sur la perception, le journaliste écrit :
Le SEPRA sert ici les sciences humaines. Des psychologues, comme Manuel
Jimenez, du Laboratoire de recherche cognitive et expérimentale de
Montpellier, exploitent ces divers témoignages pour tenter de saisir
la psychologie de la perception
[malheureusement, le psychologue
Manuel Jimenez, qui comparait les descriptions des témoins de
rentrées
atmosphériques aux « caractéristiques des
phénomènes
connus après expertise », à celles « qu'on
aurait
dû normalement percevoir », s'appuyait sur les indications
totalement
fausses que lui donnait le prétendu expert du CNES sur ces
phénomènes... C'est dire de quelle manière
le SEPRA a « servi les sciences humaines » !]
.
L'article de
Sciences & Avenir était illustré par cette photo
où l'on voit Velasco poser fièrement avec un débris
de rentrée atmosphérique, avec pour légende :
L'objet tenu par J.-J. Velasco est un morceau de tôle calciné
provenant d'un réservoir de fusée soviétique retrouvé
dans le Berry.
Nous aurons à reparler de ce débris...
4 février 1993 : Znamya, une voile solaire en orbite
Le 27 octobre 1992, les Russes ont lancé le satellite Znamya-2, porteur d'une petite voile solaire
destinée à tester les possibilités d'éclairer les régions arctiques la nuit...
Ce petit test était couplé à un ravitaillement de la station Mir par un vaisseau Progress.
Ce test a été un échec, la voile n'ayant pas pu être déployée
(peu avant, il y avait eu un autre essai, réussi celui-là, avec Znamya-1).
Quoi qu'il en soit, cette mission a connu un certain succès médiatique, et le SEPRA a voulu,
à l'occasion du passage du satellite au-dessus de Toulouse le 4 février,
tester la fiabilité des témoins, qui devaient voir à une heure précise
deux points lumineux se suivant passer dans le ciel... Le plus lumineux était le satellite Mir,
que l'on pouvait observer plusieurs fois par mois, mais si la voile Znamya avait été déployée
la lumière aurait atteint celle de la Lune pour les chanceux qui se seraient trouvés
dans la direction de la réflexion du soleil (ce qui était assez aléatoire).
Laissons parler Velasco dans
la Dépêche du Midi
du 5 février :
« Nous n'étions pas directement concernés, mais nous nous sommes tout de même
intéressés à cette expérience », explique Jean-Jacques Vélasco,
responsable du Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques, au CNES.
Le SEPRA a pour mission de surveiller et de prévoir la rentrée dans l'atmosphère des satellites
[voir l'équipée folle de Salyout, en février 1991], et de débusquer les ovni.
Cette expérience originale, avec son côté spectaculaire, puisque lumineux,
pouvait générer un éventuel ovni.
« Nous nous sommes donc proposé de regarder tout cela de près, poursuit Jean-Jacques Vélasco.
Nous avons donc fait des calculs pour anticiper le mouvement de cet objet, et nous avons voulu vérifier
si les mesures de calcul d'orbite pouvaient être validées par des témoignages au sol.
C'est pourquoi nous avions fait appel, par voie de presse, à d'éventuels observateurs ».
Jean-Jacques Velasco n'a pas été déçu. Dès hier matin, le CNES a reçu
des dizaines d'appels. Le phénomène a été observé aux environs de 6 h 22.
« Tous les témoignages concordent. Il n'y a pas eu de farfelus.
Et les observations ont parfaitement corrélé nos calculs ».
[...]
Pour les toulousains, il sera difficile d'observer à nouveau la grande voile céleste.
Elle ne passera plus sur la Garonne avant longtemps. Ce matin, les Parisiens lève-tôt
auront pu l'apercevoir, entre 7 heures et 7 h 05.
Tout ça, c'était quelque chose de prévu, préparé, tout comme dans le cas
de la rentrée de Salyout qui est évoquée (et pas celle du 5 novembre 1990
qui a beaucoup plus concerné le SEPRA !) Dans un tel cas, c'est le centre d'orbitographie du CNES
qui fait les calculs, qui sont du reste élémentaires, il n'y a pas de problème...
C'est quand il y a une rentrée imprévue que le SEPRA dérape, et ça n'allait pas tarder
à se produire... On va voir que moins de deux mois après s'être montré capable d'annoncer
très précisément la trajectoire de ce satellite Znamya, Velasco ne savait pas qu'on procédait
exactement de la même manière pour identifier une rentrée atmosphérique !
31 mars 1993 : La rentrée du premier avril ?
Ce jour-là vers 2 h du matin, une nouvelle rentrée d'un étage de fusée
soviétique au-dessus de la France a été largement commentée
dans la presse...
Dans
Le Soir
du premier avril, le SEPRA expliquait :
Il n'y avait aucune prévision de rentrée de gros objets
dans l'atmosphère, il s'agit peut-être du troisième étage
d'une fusée. Nous attendons des informations de la NASA
[Velasco
était donc toujours incapable de rechercher lui-même les
objets
susceptibles d'être entrés dans le catalogue de
données
satellitaires du NORAD, auquel il a pourtant accès comme il l'a
précisé
dans la plaquette d'informations du SEPRA et diverses
déclarations à la presse ; c'est pourtant une chose
très élémentaire]
.
Il s'exprimait beaucoup plus longuement dans
Sud-Ouest :
Tant que nous n'avons pas recueilli tous les témoignages, il nous
est difficile d'expliquer précisément le phénomène.
Compte tenu, toutefois, des éléments dont nous disposons, nous
pouvons affirmer que ce n'est pas une météorite. Une météorite
n'est visible que quatre-cinq secondes dans le ciel [il est très fréquent
qu'un gros météore dure bien plus que cela, et Velasco lui-même
avait écrit en recopiant Pierre Neirinck que la durée d'un
météore pouvait être visible pendant vingt secondes...
Velasco oublie décidément très vite le peu qu'il apprend
dans son domaine « d'expertise » !]
alors qu'ici, le phénomène
a été vu durant trente secondes au moins [ça serait
juste exceptionnel pour un météore, mais pas impossible puisque
certains ont duré jusqu'à deux minutes]
. À partir de
là, et toujours si l'on se réfère aux détails
donnés par les témoins - un gros cigare, des lumières
vives autour ou derrière - il y a tout lieu de croire qu'il s'agit
d'un objet satellisé. L'étage d'une fusée, par exemple.
Un troisième étage notamment, un étage qui, une fois
libéré, se met automatiquement en orbite [une fois libéré,
il ne fait plus rien du tout : s'il était en orbite, il reste en orbite;
s'il ne l'était pas il retombe tout de suite !]
et finit, plus ou
moins vite, et en raison de la force de gravité de la Terre [il n'a
toujours pas compris que c'est le frottement de l'atmosphère, et non
l'attraction terrestre, qui cause les rentrées des satellites]
par
traverser l'atmosphère à 8-10 kilomètres-seconde
[7,8 km/s : c'est la vitesse de satellisation au ras de l'atmosphère
et c'est la vitesse initiale de toutes les rentrées non provoquées
(les rentrées provoquées peuvent aller un peu plus vite si
elles concernent des satellites en orbite haute, mais si on est capable de
provoquer la rentrée on s'arrange pour qu'elle se passe au-dessus
d'une zone peu habitée)]
avant d'exploser [il y a rarement explosion, même si ç'avait
été le cas le 5 novembre 1990, mais plutôt dislocation]
et de retomber en mini-morceaux [les quelques morceaux qui retombent pèsent
tout de même en général quelques kilogrammes].
Velasco termine en expliquant qu'il ne serait pas surpris d'apprendre qu'il s'agit d'une fusée russe :
Les Russes en envoient au moins une par semaine sans rien dire à personne [l'agence Tass avait pourtant annoncé le 30 mars :
Le
satellite Cosmos-2238 a été lancé ce jour à 16 h 00
heure de Moscou depuis le cosmodrome de Baïkonour par un lanceur "Tsyklon-M"...
Et le lendemain matin, une autre dépêche indiquait les caractéristiques
orbitales (le NORAD avait bien sûr de son côté enregistré
le satellite et l'étage du lanceur et diffusé leurs paramètres
orbitaux), ce qui suffisait à calculer que le deuxième étage
de la fusée (eh oui, il s'agissait cette fois d'un deuxième
étage) passait au-dessus de la France à la bonne heure et dans
la bonne direction]
. Surtout dans l'axe relevé,
un axe où l'on retrouve énormément de satellites d'observation
et de télécommunications.
Le 2 avril, le journal
Sud-Ouest
résumait les indications qu'il avait obtenu du SEPRA :
Les services de la NASA ont beau être en pointe dans le domaine
spatial, ils ne semblent pas très pressés de répondre
aux questions qu'on leur pose. Hier après-midi, ainsi, ils n'avaient
toujours pas donné suite au télex transmis mercredi par le
Centre national d'études spatiales de Toulouse, télex leur
demandant le recensement de tous les mouvements de fusées, satellites
ou objets satellisés et toutes les rentrées dans l'atmosphère
ces derniers jours
[peut-être que les services de la NASA n'ont pas l'habitude qu'une
grande agence spatiale soit incapable d'exploiter elle-même les paramètres
orbitaux qu'ils diffusent pour identifier elle-même une rentrée,
comme savent le faire tous les amateurs de satellites... Et puis, si le SEPRA
a vraiment demandé un « recensement de tous les mouvements de
fusées, satellites ou objets satellisés » des derniers
jours, la NASA n'a peut-être pas bien compris ce qu'il voulait, parce
qu'une telle demande relève de l'absurde !]
.
Ce recensement est indispensable pour éclaircir le mystère
de l'ovni aperçu dans le ciel de France au cours de la nuit de mardi
à mercredi (voir « Sud-Ouest » d'hier). « Les Américains
sont les seuls au monde à pouvoir détecter tous les mouvements
dans l'atmosphère et au-delà [c'est vrai, mais les paramètres
orbitaux qu'ils tirent de ces repérages sont largement diffusées,
et disponibles immédiatement au CNES]
. Les appareils dont ils disposent
leur permettent de repérer le moindre objet qui circule, même
des morceaux métalliques de 10 centimètres de diamètre »,
précisaient hier les spécialistes du CNES
[les spécialistes de la recopie des télex de la NASA incapables de rien faire par eux-mêmes ?]
.
Le document de la NASA confirmera à la seconde près [c'est un peu exagéré]
le
passage de l'objet remarqué par des dizaines et des dizaines de personnes
en France, dans l'axe nord-est/sud-ouest. Ensuite, il apportera des informations
précieuses sur tous les mouvements enregistrés avant, pendant
et après, ce qui permettra d'identifier et retrouver l'origine de
l'ovni
[c'est du délire : lorsqu'un étage de fusée retombe,
il y a bien longtemps qu'il a été identifié et catalogué
et que l'on a mesuré ses paramètres orbitaux, et si on sait
qu'un objet satellisé est passé au bon endroit et au bon moment,
on sait aussi de quel objet il s'agit... « Les Américains »
ne procèdent pas comme a l'air de le croire Velasco en disant « on
a repéré un "mouvement" au-dessus de la France à telle
heure et suivant telle trajectoire, on va maintenant rechercher ce que c'était »,
mais « on sait que tel objet que nous avons dans notre catalogue passait
au-dessus de la France, en phase de rentrée imminente, à telle
heure et suivant telle trajectoire »]
.
S'il s'agit du troisième étage d'une fusée, par exemple,
on saura d'où venait l'engin spatial, le but qu'il avait, le moment
où il s'est mis en orbite [tout ça, il suffisait de consulter les annonces
de l'agence TASS dans le domaine spatial pour le savoir]
,
l'heure à laquelle il n'a plus réussi à résister à l'attraction terrestre
[encore la même ineptie, il n'y a décidément aucun doute
sur l'identité du « spécialiste du CNES » interrogé !]
et a pénétré dans l'atmosphère et l'endroit
où ont chuté les morceaux ou poussières à l'issue
de l'explosion finale [il n'y a pas d'explosion finale : s'il y a explosion,
c'est au début de la rentrée qu'elle se produit]
.
Et si ce n'est pas une fusée ou un satellite ? « Le passage de
l'objet sera signalé de la même manière », répondent
les employés du CNES
[non : le NORAD ne repère que les satellites, pas les météores...
Velasco croit vraiment que les militaires américains voient en permanence
tout ce qui passe au-dessus de la France et du monde entier, il n'a vraiment
rien compris à la façon dont on repère les satellites !
Il lui aurait pourtant suffi de s'intéresser un peu, juste un peu,
à l'orbitographie, pour savoir qu'il n'est pas nécessaire d'avoir
repéré quoi que ce soit pour être capable d'identifier
une rentrée atmosphérique, même avec des données
datant de plusieurs jours]
.
Ces derniers semblent convaincus toutefois qu'il s'agit d'un engin en perdition.
« Tous les témoignages que nous avons reçus décrivent
la même chose et tendent à le démontrer : une forme allongée
avec une lumière rouge ou orangée à l'avant et deux
ou plusieurs boules lumineuses à l'arrière ». La lumière
orangée pourrait être le nez de l'engin en fusion [depuis quand les étages de fusée ont-ils un nez ?]
au contact de l'atmosphère, la forme sombre le corps de l'appareil
[on ne distingue pas le corps d'un appareil distant d'au moins 100 km !
La forme sombre que certains témoins « croient distinguer »
(c'est généralement le genre d'expression qu'ils emploient)
entre les différentes lumières est purement imaginaire ; du
reste, les gendarmes de Vif en Isère qui ont fourni au SEPRA la première
description détaillée ne parlaient pas d'une « forme
sombre » mais d'un « objet lumineux pratiquement transparent »
(voir les premiers
articles de presse)]
et les jets de lumière arrière, d'autres morceaux en fusion. Des
témoins affirment effectivement avoir vu un objet « exploser »
dans le ciel avec « plein de lumières autour comme celles d'un
feu d'artifice ».
Dans les témoignages, une seule chose diffère : la hauteur
à laquelle évoluait l'engin. Certains pensent l'avoir vu passer
juste au-dessus de leur tête, d'autres très haut. « Normal,
dit Jean-Jacques Velasco, du Service d'expertise des phénomènes
de rentrées atmosphériques [c'était donc bien lui,
« les spécialistes du CNES » !]
.
Lorsque les gens regardent le ciel, la nuit venue, ils n'ont plus aucune
référence. Ils prennent les kilomètres pour des mètres,
ou inversement [ça n'est pas spécifique à la nuit]
.
Dans le cas présent, l'engin est vraisemblablement passé à
une bonne centaine de kilomètres. »
Le 2 avril, le SEPRA recevait enfin le télex de ces fainéants
d'Américains, et rédigeait une dépêche qui serait
largement reprise par la presse les jours suivants :
L'ovni observé en France et au Portugal dans la nuit du 31 mars au 1er avril
[c'était dans la nuit du 30 au 31 mars; cette erreur avait d'ailleurs
été corrigée par la plupart des journaux, mais elle
figurait bien dans le communiqué original]
n'en était pas un. Il a été identifié
par le CNES, l'agence spatiale française, comme le 3e étage
d'une fusée russe
[avec Velasco, les choses sont simples : lors de la seule rentrée
atmosphérique qu'il avait étudiée jusqu'alors, c'était
un troisième étage qui était retombé, et on lui
avait appris que les premier et second n'étaient pas satellisés
et retombaient immédiatement... Et donc, maintenant, à chaque
fois qu'un étage de fusée retombera, il dira que c'était
un troisième étage, sans même imaginer qu'il puisse en
être autrement pour d'autres types de lanceurs... En l'occurrence,
il s'agissait du deuxième étage !]
, Cyclone-M, ayant mis sur orbite, la veille, le
satellite Cosmos-2238, et qui se désintégrait en brûlant
dans les couches denses de l'atmosphère. C'est sur les indications
fournies par la NASA et l'organisation de défense américaine
(NORAD) que le Service d'expertise des phénomènes de rentrée
atmosphérique (SEPRA) du CNES a pu calculer, par vérification
orbitographique, que la trajectoire du lanceur correspondait exactement au
phénomène signalé en France par de nombreux témoins
(gendarmes, aviation civile, observatoires...) le 1er avril
[encore cette erreur de date, ça n'était donc pas un simple
lapsus : on avait tellement cru que cet « ovni » annoncé
dans la presse le premier avril était un poisson d'avril qu'il a fini
par se persuader que le phénomène avait eu lieu le premier
avril !]
entre 02 h 10
et 02 h 14 [s'il a procédé
à une telle « vérification orbitographique », pourquoi
ne donne-t-il pas l'heure de passage précise (puisqu'elle est censée
être connue à la seconde près !) de l'objet au-dessus
de la France ?]
.
C'est tout ce que le SEPRA a fait concernant cette nouvelle rentrée
très spectaculaire : recopier l'identification reçue de la
NASA, en se débrouillant tout de même pour y ajouter deux erreurs...
Certes, il nous dit que la trajectoire a
été calculée « par vérification orbitographique »,
mais il disait la même chose pour la rentrée du 5 novembre (avec
quel résultat !), et cette fois cette fameuse trajectoire n'a
jamais été annoncée... C'était pourtant le moins
que l'on pouvait attendre de la part d'un service d'expertise !
Il faut dire que cette fois, le pauvre Velasco n'avait pas pu piller le travail
de Pierre Neirinck... Ce dernier avait bien identifié l'objet le matin
du quatre mars (toujours le temps que la poste lui fasse parvenir le catalogue
d'éléments orbitaux distribué par la NASA), et donné
sa trajectoire, mais dans
son fax
adressé à des journalistes il écrivait :
« Lors de la dernière désintégration de ce genre,
le SEPRA avait nié mes conclusions avant de les reprendre à
son compte en recopiant mon texte, y compris un lapsus. Donc
PRIÈRE
de ne pas lui communiquer ceci avant un moment. Merci. »
Voilà comment on perd l'assistance désintéressée d'un authentique expert...
Pour les ufologues qui attendraient toujours la trajectoire de l'étage
de fusée afin de vérifier si les témoignages qu'ils
ont recueillis lui sont conformes, voici cette trajectoire (ça m'a
bien demandé une demi-heure de travail, mais il est vrai que je ne
suis pas un expert) :
Enfin, le 3 avril, le journal
Sud-Ouest
(je n'ai pas les articles de
la Dépêche du Midi,
l'autre journal de sa région, mais Velasco y a sûrement dit
autant de sottises) faisait part des projets d'étude de Velasco sur
les témoignages (c'était juste avant l'identification de l'objet) :
Une collecte si importante que le Service d'expertise des phénomènes
de rentrées atmosphériques du CNES de Toulouse nous confiait
cette fin de semaine qu'il allait vraisemblablement profiter de cette occasion (rare)
pour effectuer une analyse des témoignages : « pour voir comment
les gens réagissent, observent et décrivent un phénomène
absolument identique ». Car il ne fait aucun doute, aujourd'hui, que
c'est le même OVNI que les gens ont aperçu à 2 h 10 (jusqu'à
2 h 15 suivant le réglage des montres et réveils) : un objet
volant qui allait du nord au sud et qui présentait plusieurs parties
très lumineuses.
Un « phénomène absolument identique » : on croirait
entendre le psychologue collaborateur du SEPRA, Manuel Jimenez, expliquant
par la « psychologie de la perception » les divergences entre des
témoignages décrivant un même phénomène
de rentrée atmosphérique (celui du 5 novembre 1990), alors que ces divergences reflétaient
en fait l'évolution du phénomène au cours de son survol
de la France... Le SEPRA aura décidément autant apporté
à la psychologie de la perception qu'à l'orbitographie !
Au sujet de témoins qui avaient vu deux objets distincts, Velasco expliquait :
« Lorsque un engin spatial rentre dans l'atmosphère, il se
disloque complètement et des morceaux plus ou moins gros se détachent
et sont généralement en fusion, donc excessivement lumineux
et très visibles » [c'est à peu près juste,
si ce n'est que des morceaux qui ne fondent pas, notamment en céramique, sont
tout aussi lumineux (simplement, ils ne sont pas suivis d'une traînée)]
.
Mai 1993 : Le livre censé faire avancer la science
Cette année-là, Velasco a fait paraître son livre, intitulé
sans honte
Ovnis, la Science avance et écrit en « collaboration »
avec Jean-Claude Bourret. En réalité, il s'agissait bien du
livre de Velasco, lequel ne le cache pas comme nous le verrons, Bourret étant
juste un moteur promotionnel (il en a tout de même écrit l'introduction
et le premier chapitre, soit un peu plus de vingt pages).
Velasco, donc, consacre huit pages (40 à 48) à la rentrée du 5 novembre 90.
Après avoir raconté comment les témoignages ont commencé
à arriver, il explique pour la journée du 6 novembre :
Nous voulions tenter de reconstituer la trajectoire et les caractéristiques
du phénomène. Nous disposions d'innombrables témoignages,
des récits et des rapports de nombreux observateurs professionnels
(pilotes civils et militaires, astronomes et ingénieurs). Au centre
d'essais d'Aire-sur-l'Adour du CNES, des techniciens arrêtèrent
une procédure de lancement de ballon pour observer le phénomène.
Ces témoins pouvaient par leur professionnalisme nous mettre sur la
voie d'une éventuelle identification quelques heures seulement après
l'observation. Cette affirmation doit être nuancée.
Et à l'appui de cette dernière phrase mettant en doute les
capacités d'observation des « professionnels », il cite
deux de ces témoins :
Le premier, un pilote d'Air France (il s'agit du commandant Loiseau) ayant
observé le phénomène alors qu'il effectuait un vol à
destination de Barcelone, qui expliquait lors d'une émission radio :
« Cet objet était de forme trapézoïdale avec entre
dix et quinze lumières très distinctes allant du vert au jaune
en passant par l'orange, et surtout une grosse lumière plus importante
derrière laquelle il y avait une traînée de condensation
très importante. Il est impossible que ce soit un satellite puisque
ce phénomène a duré trois à quatre minutes. On
a vu distinctement ces lumières, et j'ai déjà eu l'occasion
de voir trois ou quatre rentrées d'engins qui brûlent dans l'atmosphère.
Ce sont des genres de grosses comètes. [...] »
Le deuxième était le futur astronaute Jean-Pierre Haigneré,
dont l'observation est résumée ainsi par Velasco :
Celui-ci nous déclara qu'il avait observé un phénomène
dans la région parisienne et qu'il était très étonné
par son étrangeté. Il affirma par ailleurs qu'il ne pouvait
pas s'agir d'une rentrée atmosphérique.
Et Velasco ajoute :
Or les observateurs, nous allons le voir, commettaient des erreurs.
Je dois préciser ici que je ne crois guère, par espérience,
à l'infaillibilité des observateurs « qualifiés ».
Ainsi donc, d'après Velasco, un astronaute du CNES serait incapable
de rapporter de façon fiable une observation ! En réalité,
si Jean-Pierre Haigneré et le commandant Loiseau n'ont pas identifié
une rentrée atmosphérique, simplement parce qu'ils n'en ont
jamais observé et que personne ne leur a expliqué à
quoi ça ressemblait (lorsque Loiseau dit en avoir observé trois
ou quatre, il confond visiblement avec de gros météores), il
ont très bien décrit ce qu'ils ont observé. En particulier,
la durée de trois à quatre minutes invoquée par Loiseau
pour éliminer l'idée d'une rentrée atmosphérique
est parfaitement normale pour un tel phénomène (les témoins
au sol l'observent rarement aussi longtemps parce qu'il est rare que leur
horizon soit parfaitement dégagé, mais pour un pilote d'avion
volant à dix kilomètres d'altitude il en va tout autrement !)
De même, les dimensions apparentes n'avaient rien d'exceptionnel,
et l'aspect était tout à fait typique. Là où
le « professionnalisme » a fait défaut, c'est lorsque l'expert
en rentrées atmosphériques du CNES n'a pas su reconnaître
d'après ces descriptions parfaitement correctes une rentrée
atmosphérique typique... Et il ne faut pas s'en étonner
puisque lui-même était alors persuadé que la rentrée
d'un satellite ne pouvait qu'être responsable « d'une forte lueur
pendant quelques secondes » ! Et c'est ainsi que le colonel Loiseau
continue à croire qu'il a observé un gigantesque vaisseau spatial
ce 5 novembre 1990 (il l'a encore dit en 2003 sur la radio Ici et Maintenant),
simplement parce que le prétendu expert du CNES qu'il a rencontré
ignorait autant que lui-même à quoi ressemblait une rentrée
atmosphérique !
Continuons :
Devant l'ampleur que prenaient les événements, nous souhaitions
rapidement pouvoir donner des informations au public. C'est alors qu'une
dépêche tomba sur le téléscripteur. Elle précisait
que l'observatoire de Munich, en Allemagne, affirmait qu'il s'agissait de
la rentrée dans l'atmosphère d'un gros bolide (météorite)
qui se serait désintégré au-dessus de l'Europe. Nous
étions surpris et perplexes, car, d'après l'ensemble des témoignages
recueillis, ni la trajectoire ni la durée d'observation et encore
moins la dimension apparente des lumières ne semblaient correspondre
à la chute d'une très grosse météorite... [C'est vrai pour la durée et la dimension (encore qu'un météore
puisse se fragmenter et atteindre ainsi une grande dimension), par contre
la trajectoire était tout à fait compatible avec celle d'un
météore lent... L'observatoire de Munich a juste eu le tort
de faire une annonce un peu précipitée (moins de 24 h après
l'événement, quand le SEPRA envisageait encore toutes les hypothèses
comme une patrouille d'avions furtifs ou un « phénomène
atmosphérique naturel spécifique ») alors qu'il ne disposait
pas d'autant de témoignages que le SEPRA, et ne mérite pas
la critique que lui fait notre « service d'expertise » en disant
avec condescendance que cet « observatoire » n'était « qu'une
association d'astronomes amateurs » : les astronomes amateurs connaissent
souvent leur sujet aussi bien que les professionnels (et bien mieux que Velasco),
et le réseau de caméras que cette « association d'amateurs »
a mis en place a fourni des informations précieuses sur les météores.]
Nous avions envisagé cette hypothèse, mais nous pensions en
priorité à la rentrée dans l'atmosphère d'un
objet artificiel [alors, pourquoi avoir déclaré deux jours
plus tard en direct à la télévision que la rentrée
d'un satellite « ne pouvait pas expliquer la longue durée de
l'observation, qui a duré plusieurs minutes » ?]
!
Continuons avec la journée du 7 :
L'heure du début de l'observation coïncidait avec les
premiers témoignages au sud-ouest, c'est-à-dire aux alentours
de 19 h 01, alors que les témoignages issus de la région
nord-est étaient centrés autour de 19 h 03. Ces éléments
nous permettaient déjà de considérer qu'il pouvait s'agir
d'un phénomène unique évoluant à très haute
altitude, selon une trajectoire rectiligne qui partait du golfe de Gascogne
pour s'achever au-delà de la frontière allemande [en
réalité, nous avons vu que le 8, il trouvait encore une trajectoire
générale ouest-est (proche de Nantes-Strasbourg) ! Cette « trajectoire
allant du golfe de Gascogne jusqu'au-delà de la frontière allemande »,
il « l'emprunte » à Pierre Neirinck qui, dès le matin
du 8, avait calculé et annoncé la trajectoire de l'étage
de fusée]
.
Ensuite, Velasco rend compte de la réception du télex de la NASA, et conclut :
À partir de ces données le centre d'orbitographie opérationnelle
du CNES réalisa un tracé au sol de l'orbite reconstituant la
trajectoire de la rentrée [ça n'est heureusement pas le Centre
d'orbitographie du CNES qui a retracé cette trajectoire délirante,
mais Velasco lui-même qui a utilisé une méthode de calcul
d'orbite toute personnelle pour exploiter les indications de la NASA !]
.
Velasco conclut ce résumé très personnel de l'affaire
du 5 novembre 1990 en rendant un vibrant hommage à Pierre Neirinck
(sans le nommer toutefois), sans doute pour essayer de se faire pardonner
ses indélicatesses à son égard :
Ainsi s'achevait officiellement une folle semaine qui avait relancé le débat des ovnis dans notre pays.
Pendant ce temps, dans une modeste maison d'une station balnéaire
du nord de la France, un petit homme savoure avec délectation, une
nouvelle fois, la confirmation de ses quarante années d'expérience
dans le suivi et la prédiction des rentrées de satellite.
Revenons en effet à la date du 5 novembre : notre homme, qui vient
d'apprendre la nouvelle concernant l'ovni, s'installe devant l'un de ses
micro-ordinateurs dans sa cuisine, et commence alors un travail de recherche.
Il faut savoir qu'il y a plus de 7000 objets satellisés (fusées,
satellites, débris), et que ceux-ci sont répertoriés
et catalogués par l'USSPACECOM (organisme officiel qui est chargé
de la surveillance de l'espace américain). Ces informations sont ensuite
transmises à la NASA qui se charge de les redistribuer aux agences
nationales comme le CNES.
Le petit homme n'y a évidemment pas accès [en
réalité, il y avait accès, mais par courrier, donc avec
quelques jours de retard, et il a juste pu constater ce soir-là que
l'objet responsable ne figurait pas encore dans le catalogue datant de quelques
jours]
. En particulier, il ignore, comme tout le monde, que l'URSS vient de lancer
quelques jours auparavant un nouveau satellite. Seul chez lui au milieu de
ses livres, de ses cartes du ciel, de ses ordinateurs, cet homme extraordinaire
va être plus performant que des organismes employant ingénieurs
et techniciens qui poursuivent tous les satellites de jour comme de nuit.
Et dès le 5 novembre au soir, il nous communique le résultat
exact [en fait tout ce qu'il avait communiqué ce soir-là c'était
que le phénomène était une rentrée atmosphérique
typique, avec la description très précise d'un de ses amis
passionné aussi par les rentrées atmosphériques et des
indications sur la façon de différencier une rentrée
de satellite d'un météore, que Velasco a rejetées
avant de les recopier !]
.
Velasco explique alors comment ce
« génial traqueur de satellites »
avait dû s'exiler en Angleterre [recruté « pour cause d'infaillibilité »
par le service de suivi des satellites mis en place par la Royal Society,
ça lui donnait tout de même une certaine crédibilité
en matière de rentrées atmosphériques, et Velasco était
sûrement le seul « expert » de ce domaine à ne pas
connaître sa réputation !] parce qu'un
« mandarin appartenant à un
laboratoire d'astronomie [...]
ne voulut pas reconnaître ses mérites
et refusa qu'il développe sa méthode de poursuite des satellites
dans son service [il s'agissait du service satellites de l'observatoire de
Meudon, dirigé par Paul Muller]
».
Laissons parler Velasco :
Après avoir calculé la prévision de rentrée
d'un satellite, il se rend sur les lieux présumés de sa chute
pour assister à celle-ci. Il a même récupéré
plusieurs débris arrivés au sol. Quand on pense que nous n'avons
retrouvé qu'un seul morceau de réservoir de fusée en
près de vingt ans... [Il faut dire que Velasco n'a pas fait
beaucoup d'efforts pour récupérer ce débris,
qui lui est en quelque sorte « tombé du ciel » !]
Velasco nous expose ensuite la façon dont Pierre Neirinck calcule
l'altitude des satellites en phase de rentrée avec des moyens rudimentaires
(
une vielle paire de jumelles, un chronomètre et une batterie
d'ordinateurs technologiquement dépassés), en chronométrant
précisément la durée et la position de leur parcours
entre deux étoiles, dont il connaît un grand nombre par coeur.
L'admiration de Velasco est tout à fait justifiée, et personne
ne lui demandait d'être aussi performant que Neirinck pour mériter
son titre d'expert...
Mais lorsqu'il ajoute que
c'est ainsi qu'il procéda en cette
fameuse soirée du 5 novembre 1990,
il s'égare complètement... C'est ce qu'il en a retenu parce
que c'est facile à comprendre (mais pas à mettre en pratique,
et ça explique un peu que le « mandarin » de Meudon n'ait
pas voulu d'une méthode que seul Neirinck serait capable d'exploiter !),
alors que pour ce qui est de l'utilisation des logiciels d'orbitographie
il faut quand même avoir quelques notions de mécanique orbitale... Neirinck ne
pouvait pas calculer avec ses méthodes d'observation la trajectoire
de l'étage de fusée pour la bonne raison qu'il ignorait son
existence avant sa retombée, et qu'après il était difficile
de le voir passer devant les étoiles ! Pour cette rentrée-là,
il a simplement attendu de recevoir (le 8 novembre, par la poste) la
liste récente des paramètres orbitaux de satellites diffusés
par la NASA, parmi lesquels il a trouvé le satellite incriminé,
et il a reconstitué la trajectoire à l'aide de
son logiciel d'orbitographie personnel... L'observation extrêmement
précise de son ami Daniel Karcher lui permettait alors de connaître
l'altitude en Alsace, pour l'extrapoler à l'ouest de la France...
Tout ça était à la portée de n'importe quel amateur
de satellites disposant des mêmes informations (un autre que Pierre
Neirinck aurait juste donné des indications un peu moins exactes),
et c'est ce que le SEPRA, qui avait accès à ces informations
en ligne, aurait pu faire dès le lendemain de la rentrée s'il
avait été dirigé par quelqu'un ayant un minimum de compétence.
Et Velasco écrit pour terminer cet hommage tout à fait mérité à Pierre Neirinck :
Moins d'une heure après cette rentrée il communiquait le résultat
de ses calculs aux médias [en fait, les calculs sont venus après
plus de deux jours, le temps que les paramètres orbitaux incluant
le satellite arrivent par la poste]
. Ceux-ci ne voulurent pas le prendre
au sérieux [et Velasco non plus, dont les médias attendaient
religieusement les conclusions puisque « l'homme de la situation »,
comme l'a écrit Nicolas Maillard, c'était censé être
lui !]
. Ils avaient tort [effectivement, ils avaient le tort de compter sur
l'expert en rentrées atmosphériques m'as-tu-vu et incompétent
du CNES plutôt que sur l'authentique mais trop discret spécialiste passionné]
.
Page 63, Velasco nous parle d'un autre cas qu'il a soupçonné
un temps d'être lié à une rentrée atmosphérique :
la chute d'un objet cylindrique d'une cinquantaine de centimètres
de long dans un champ de la région de Royan, le 25 février
1985 à 16 h 03. Il écrit :
Autre axe de recherche : la chute d'un objet en provenance de l'espace. Nous
avons alors adressé un télex à la NASA, demandant pour
la journée du 25 février la liste des rentrées d'objets
spatiaux sur le territoire français. La NASA nous répondra
quelques jours plus tard. Il y a eu une rentrée du troisième
étage du Cosmos 1629 lancé le 21 février 1985 et incliné
à 51,6 degrés. L'enquête aurait pu s'arrêter là.
Nous avions un bon ensemble d'indices convergeant vers l'hypothèse
spatiale :
- plusieurs témoins crédibles observant la chute,
- la récupération d'un fragment,
- la concordance avec les éléments fournis par la NASA.
Vérifions donc cette « concordance »... D'après
le catalogue de la NASA, il n'y a eu aucune rentrée atmosphérique
le 25 février 1985, et ce troisième étage était
rentré le 24 février ! Les derniers paramètres
orbitaux, peu avant la rentrée au vu du périgée, indiquent
effectivement le 24 février à 18 h 30 TU.
Il était tout à fait impossible qu'il survive encore 24 h,
et l'eût-il fait, il serait passé au-dessus de la France à
16 h 20 (plus d'un quart d'heure après l'heure précisée
à la minute près par les témoins) et à 140 km
au nord-est de Royan (mais il est vrai qu'avec ses méthodes exclusives
de tracé de trajectoires, Velasco obtenait peut-être un passage
au bon endroit !)
Continuons le compte-rendu de cette enquête par Velasco :
Mais, en appliquant rigoureusement notre méthode d'enquête,
nous allions aboutir à une étonnante vérité...
L'étonnante vérité était que cet engin portait
des marques allemandes, et qu'il s'agissait d'un missile fumigène datant
de la seconde guerre mondiale, qui s'était autoamorcé !
Si l'on en croit toujours Velasco dans son livre, cette réponse lui
a été fournie après un mois par le laboratoire central
de l'armement (ETCA), qui précisait :
Les inscriptions d'origine allemande, la marque et le lieu géographique
de la récupération permettent de supposer qu'il peut s'agir
d'une partie d'élément propulsif ancien qui était encore
active avant sa récupération. L'objet, probablement enfoui
sous la terre et abandonné pendant la guerre, a pu s'auto-amorcer.
Curieusement, on trouvait aussi un compte-rendu de cette enquête,
avec les mêmes conclusions pratiquement mot pour mot (Velasco les a
visiblement juste un peu résumées pour son livre), en
page 9
de la brochure de présentation du SEPRA :
Certaines inscriptions sont d'origine allemande. Cette remarque et
le lieu géographique de la récupération, permettent
de supposer qu'il peut s'agir d'une partie d'élément propulsif
ou d'une charge propulsive ancienne qui était encore active avant
sa récupération. A un instant précis où les conditions
d'environnement ont pu être favorables, l'objet, probablement enfoui
sous la terre abandonné pendant la guerre, a pu s'autoamorcer.
Mais cette fois, ce rapport d'expertise est attribuée au CREA
- Centre de Recherche et d'Études d'Arcueil - et date de
mai 89, soit quatre ans après l'observation ! Et il ne s'agit
pas d'une erreur de date, puisque cette brochure mentionne aussi un dernier
rapport d'expertise reçu en janvier 1990.
Est-ce à dire que pendant ces quatre ans (même un mois, ça
serait beaucoup trop !), Velasco a considéré que cet objet
était un morceau du lanceur de Cosmos 1629, alors que cette explication
pouvait être exclue immédiatement et catégoriquement
par une vérification orbitographique élémentaire ?
Décembre 1993 : Interview dans Ovni-Présence
Cette interview était faite justement à l'occasion de la sortie de son livre.
Au sujet de la participation de Jean-Claude Bourret, il était on ne peut plus clair :
Pour sortir ce livre, j'ai demandé l'autorisation et proposé
le manuscrit à ma direction, qui a accepté que je sorte cet
ouvrage. Cet ouvrage a l'aval de mon établissement et en plus, si
certains pensent que J.-C. Bourret s'approprie cet ouvrage, les gens ne sont
pas dupes, quant à savoir qui l'a écrit. Ils se rendent bien
compte, comme l'a dit un journaliste du Provençal je crois, qu'il
est le vecteur médiatique pour le bouquin.
Voilà c'est tout et pas autre chose
[.../...]
J'avais envie d'écrire un bouquin depuis longtemps, je savais aussi
que Bourret avait fait toute cette série d'ouvrages qui a quand même
été en France, qu'on le veuille ou non, quelque chose qui a
marqué son temps. Par ailleurs, si j'avais sorti le bouquin moi-même
avec mon nom, je crois qu'il aurait fait comme d'autres livres sur les ovnis : un tout petit tirage !
Voilà pour ceux qui auraient des doutes sur l'auteur des âneries
de ce livre et sur le rôle de Jean-Claude Bourret dans l'affaire (nous
avons vu d'ailleurs que Bourret, contrairement à Velasco, avait reconnu
tout de suite une rentrée de satellite dans le phénomène
du 5 novembre 1990 ; un simple journaliste peut apparemment être plus
compétent, ou en tout cas mieux inspiré, qu'un expert du CNES) ;
continuons maintenant l'interview avec ce qui concerne le 5 novembre
1990 :
JJV : [...]
Ça [le remplacement du GEPAN par le SEPRA]
tombe
aussi à une époque où le nombre de phénomènes
rapportés par les témoins sont souvent en relation avec les
rentrées atmosphériques d'objets naturels ou artificiels. On
est sollicité actuellement, je dirais tous les trois ou quatre mois,
par une rentrée relativement importante. Donc, ces phénomènes
qui sont pour nous très ordinaires au niveau des événements,
suscitent quand même des interrogations très vives de la part
de la population. Surtout quand il s'agit de rentrée spectaculaire
comme celle du 5 novembre 1990. Là, non seulement les gens ont
été très surpris de l'ampleur de l'événement,
mais cela a suscité de vives polémiques dans le milieu ufologique,
ça en suscite d'ailleurs toujours.
OP : En effet ! De l'avis de tous les enquêteurs qui ont traité
cette affaire, il semble - pour résumer - qu'il n'y avait pas que la
désintégration de la fusée russe porteuse du satellite
Gorizon 21. Il s'agissait pour les uns d'une vague d'ovnis, pour les autres
du décollage de la chasse. Selon vous, n'y avait-il qu'un seul type
de phénomène ?
JJV :
Libre aux enquêteurs de penser ce qu'ils veulent sur l'événement
du 5 novembre 1990, mais pour le SEPRA il y avait une parfaite cohérence
et concordance entre les témoignages (description des faits et circonstances)
pour superposer la rentrée atmosphérique de cet étage
de fusée avec l'ensemble des centaines d'observations faites en Europe
ce soir-là
[une parfaite cohérence et concordance entre la trajectoire Pau/Strasbourg/Francfort
trouvée par le SEPRA et les témoignages ? C'est soit un
délire schizophrénique, soit un mensonge éhonté]
.
Et plus loin :
Cela me gêne lorsque je vois un certain nombre de gens qui utilisent
des affaires comme le 5 novembre 1990 pour essayer d'étaler ça
sur la place publique en maintenant un caractère étrange et
mystérieux à ces événements alors que l'on a
des réponses et qu'elles sont tout à fait rationnelles. C'est
ça qui est gênant. N'oubliez pas que je suis dans une établissement
public et que, en tant que citoyen, si je n'étais pas à la
place que j'occupe, je serais en droit de demander à mon gouvernement
comment sont utilisés les fonds publics [c'est bien dit... Velasco
reconnaît donc que moi, en tant que citoyen, je suis en droit de demander
des comptes sur la façon dont il dépense les fonds publics
dans ses expertises de rentrées atmosphériques... Il ne lui
reste plus qu'à mettre en application ces belles phrases en répondant
aux questions précises que je lui pose dans ma
« Lettre ouverte »,
au lieu de chercher à me mettre sur la paille pour me faire taire
avec un procès qu'il truque avec l'appui de ses relations]
.
Dans cette même interview, Velasco vante ses connaissances en matière de météorites :
Quand je vois par exemple la nuit des étoiles filantes, un objet ayant
été récupéré par un témoin, voilà
aujourd'hui l'objet en question [il est photographié, c'est une sorte
de caillou poreux]
! Évidemment, pour M. Tout-le-Monde, cet objet
pourrait très bien être une météorite. Il faut
un certain oeil averti pour se rendre compte que ce n'en est pas une [et
c'est ce même « oeil averti » qui ne fait pas la différence
entre les lumières clignotantes d'un avion et une rentrée atmosphérique !]
.
Décembre 1993 : On en parle dans Mystères
Ce magazine, sous-produit de l'émission télévisée
du même nom, publiait alors un dossier sur la « vague » du
5 novembre 1990. Le journaliste Nicolas Maillard (le principal enquêteur
pour cette émission, très sérieux et malheureusement
décédé) avait interrogé Velasco à deux
reprises :
Lors d'un premier entretien téléphonique, Velasco, ne
manquant pas de me préciser que cette affaire était depuis
longtemps élucidée, me confirma qu'il disposait d'informations
de la NASA, provenant du NORAD (North Americain Aerospace Defense Command).
Lors d'un deuxième entretien, Velasco me dit qu'effectivement
[Maillard fait ici référence à la réponse que
le NORAD avait faite à une association française, disant qu'il
ne disposait pas de renseignements sur la trajectoire de l'engin... En fait,
le NORAD avait répondu qu'il ne conservait pas d'archives sur les
rentrées atmosphériques; mais quand une rentrée survient,
il est évident qu'il a la trajectoire !]
, la trajectoire n'avait pas été fournie par
les Américains, mais qu'il l'avait calculée
[C'est donc bien Velasco lui-même, comme on s'en doutait bien, qui a
calculé la trajectoire fantaisiste jamais démentie à
partir des données fournies par « les Américains »
(lesquelles, à part une erreur minime, étaient correctes et
bien suffisantes pour calculer la vraie trajectoire)]
.
5 novembre 1996 : Vu sur Arte
Cette chaîne avait donc choisi la date anniversaire de la
« vague » du 5 novembre 1990 pour diffuser une émission
globalement très intéressante sur les ovnis. Pour marquer son
caractère culturel, elle n'avait invité que des
scientifiques s'intéressant aux ovnis, et pas des « ufologues »
sans diplômes mais qui auraient eu des choses intéressantes
à dire. Velasco était évidemment invité (malgré
son manque de diplômes réels), pour s'y glorifier une fois de
plus de sa brillante « expertise » du phénomène :
Nous avons recueilli de façon officielle de l'ordre de 250 procès-verbaux
de gendarmerie, et une vingtaine de témoignages de pilotes de l'armée
de l'air et civils qui ont observé directement le phénomène,
ainsi que deux documents, un document photographique [il s'agit toujours
des photos de Gennevilliers ; six ans après, il n'avait toujours pas
compris qu'il s'agissait de photos d'avions !]
et un document vidéo
[celui de Colmar]
, qui nous ont permis de pouvoir valider le contenu de l'information.
Le commentateur ajoute que « cette rentrée se serait effectuée
sur un axe Pau-Strasbourg », et l'illustre par la carte suivante :
Il faudra décidément que Velasco entre dans l'histoire de l'orbitographie
pour avoir découvert les orbites loxodromiques !
13 février 1997 : Encore les photos dans Paris-Match
Ce magazine consacrait plusieurs pages au SEPRA, et republiait à cette
occasion la principale photographie des lumières clignotantes d'un
avion que Velasco continuait à faire passer pour celles d'une rentrée
atmosphérique :
Le titre était :
ATTENTION, CETTE FUSEE RUSSE QUI SE DESINTEGRE N'EST PAS UN OVNI
Et le texte accompagnant la photo apportait quelques éclaircissements :
Le 5 novembre 1990, Philippe Ughetto photographie un quartier abandonné
de Gennevilliers. Soudain, une rampe lumineuse traverse le ciel. Jean-Jacques
Velasco, responsable du Service d'expertise des phénomènes
de rentrée atmosphérique (Sepra), rattaché au Cnes,
reçoit bientôt la photo prise par Ughetto [C'est donc Velasco
qui a reçu cette photo, et qui l'a transmise à
Paris-Match
en la faisant passer pour la rentrée atmosphérique !]
. Quatre
jours plus tard, il rend son verdict. L'engin mystérieux est une fusée
soviétique qui s'est désagrégée au-dessus de
la France... [Suit le commentaire original de Velasco sur cette photo,
déjà vu.]
Mars 1998 : Lettre ouverte dans Science Frontières
Cette « Lettre ouverte aux sceptiques », que l'on peut trouver
sur plusieurs sites (notamment
Les ovnis vus de près),
était en grande partie inspirée par la rencontre de Pocantico, à
laquelle Velasco venait de participer. Concernant les rentrées atmosphériques,
on y trouve ceci :
En 1988 le GEPAN était transformé en
SEPRA,
car le CNES et le conseil scientifique tout en souhaitant la poursuite de ses activités
de collecte de données et d'expertise, arrêtaient celles liées
aux études et recherches plus fondamentales qui ne répondaient
pas à la vocation de l'établissement. Curieusement durant cette
période, peu d'événements se produisirent, les rares
phénomènes d'ampleur correspondaient la plupart du temps à
des rentrées atmosphériques, à des bolides comme les
météorites ou bien aux objets satellisés artificiels,
corps de fusées, satellites, ces exemples s'inscrivant tout à
fait dans l'activité d'expertise du CNES en matière de surveillance
de l'espace et des débris spatiaux. De spectaculaires cas allaient
par ailleurs parfaitement justifier le choix de cette transformation [effectivement, on
peut dire que le SEPRA a eu son lot de rentrées atmosphériques...
Pour ce qui est d'avoir eu raison de prétendre les expertiser, c'est
une tout autre histoire !]
.
Ce qui s'est passé dans la soirée du 5 novembre 1990 restera
sans doute à jamais gravé dans la mémoire de ceux ayant
assisté à cet insolite et mystérieux événement.
Pour les uns ce fut un immense triangle lumineux et silencieux qui traversa
durant 2 minutes le ciel de France d'Ouest en Est, pour d'autres un drôle
d'avion qui survola la capitale [il veut sans doute parler du photographe
qui a pris les photos publiées dans
Paris-Match,
et qui était
effectivement persuadé d'avoir photographié un
« drôle
d'avion » là où l'expert du CNES a déduit
grâce
à ses compétences qu'il s'agissait de la rentrée
atmosphérique... Il n'est pourtant pas nécessaire
d'être expert pour se rendre compte que le photographe avait
raison]
!
Bref ce sont des milliers d'observateurs qui restèrent ébahis
par cet étrange spectacle. Ce sont plus de 250 procès verbaux
de gendarmerie et de police, représentant plusieurs centaines de témoignages
ainsi que de nombreux rapports de pilotes civils et militaires en vol, qui
assistèrent à la réalité de cet événement.
L'enquête immédiatement déclenchée [le lendemain]
nous permit quelques heures après [quatre jours]
, grâce au recoupement
effectué entre les témoignages et les données reçues
de la NASA
[recoupement jamais fait, sans quoi il aurait vu que les
témoignages ne s'accordaient pas avec la trajectoire trouvée],
de déterminer avec précision [250 km d'erreur, ça c'est
de la précision !]
qu'il s'agissait, sans aucune équivoque [!]
,
de la rentrée dans l'atmosphère d'un corps de fusée
qui avait placé sur orbite quelques temps auparavant un satellite
de télécommunication soviétique Gorizont 21.
1998 : Interview dans Facteur X
La date précise ne figure pas sur la couverture, le numéro est 41... Velasco
n'y dit rien sur les rentrées atmosphériques, si ce n'est une
intéressante indication sur la façon dont le GEPAN est devenu
SEPRA :
En 1983, je suis devenu le nouveau responsable de cette structure,
après Alain Esterle qui avait succédé à Claude
Poher. Lorsque le GEPAN a été transformé en SEPRA, on
lui a soustrait les missions d'étude et de recherche. En revanche,
il a conservé sa mission de collecte et d'expertise des cas. J'ai
proposé que nous prenions en charge une partie qui apparaissait souvent
dans les témoignages : les « rentrées atmosphériques »,
à savoir les météores ou les rentrées d'objets
satellisés.
Ainsi donc, c'est lui-même qui a suggéré que le service
qu'il dirigeait s'occupe des rentrées atmosphériques... C'est
dire qu'il avait confiance dans ses capacités d'expert !
Mai 1998 : Article dans Inforespace
Cette revue de la Sobeps (l'association qui s'est illustrée lors de
la « vague belge ») consacrait alors un numéro spécial
(96) à la vague du 5 novembre 1990, et Velasco y contribuait par un
article de 5 pages, dont je cite les extraits les plus représentatifs
du travail du SEPRA :
Chaque fois que j'ai parlé du cas du 5 novembre 1990, ce n'était
plus que pour évoquer le problème du phénomène
unique observé par des témoins multiples et montrer ce que
représente un cas remarquable d'étude de la psychologie de
la perception [il faut savoir que de son côté, le psychologue
Manuel Jimenez, ami de Velasco et collaborateur depuis longtemps du SEPRA,
a écrit le livre sur la psychologie de la perception de la collection
Dominos dans lequel il se sert des témoignages du 5 novembre 1990,
auxquels Velasco lui a permis d'accéder, pour montrer par quels mécanisme
les témoins d'un même « stimulus fugace et vague »
(la rentrée atmosphérique), en arrivent à des descriptions
très variables, « souvent très différentes de celles
des phénomènes connus après expertise »... Jimenez
s'appuie pour cela sur les caractéristiques que Velasco croyait être
celles des rentrées atmosphériques (des phénomènes
peu étendus et durant quelques secondes à peine), et Velasco
utilise ensuite les explications fumeuses de Jimenez pour expliquer pourquoi
les témoins décrivaient autre chose que « ce qu'ils auraient
dû normalement percevoir », alors qu'en réalité
leur description du phénomène était plutôt bonne !]
.
[...]
Peut-être cette affaire n'aurait-elle pas eu l'écho qu'elle
reçut si certaines associations n'avaient voulu s'en prendre directement
au SEPRA - le service officiel - en l'accusant de vouloir dissimuler la vérité
[et peut-être que lesdites associations n'auraient rien pensé
de tel si le SEPRA n'avait pas accumulé autant de déclarations
contradictoires, fourni des indications (notamment sur la trajectoire) totalement
incompatibles avec les témoignages, et refusé (par ignorance,
on le sait maintenant) de répondre aux questions tout à fait
pertinentes qu'on lui posait !]
.
[...]
Dès les premiers témoignages recueillis, nous pouvions déjà
avoir une description assez précise des caractéristiques du
phénomène, en particulier sur la trajectoire suivie et la durée
d'observation, qui sont deux paramètres essentiels pour la détermination
d'un éventuel phénomène naturel ou artificiel se déplaçant
dans la haute atmosphère
[effectivement, ce sont deux paramètres essentiels, et c'est bien
pourquoi le fait que Velasco a commis des erreurs grossières sur CES
DEUX PARAMETRES a entraîné une immense confusion, laquelle continue
à diviser les ufologues !]
. Nous savions en effet que les premières
observations concernaient la côte ouest de la France [alors pourquoi
avoir annoncé sans sourciller, et sans jamais aucun démenti,
une trajectoire Pau/Strasbourg qui NE PASSAIT pas par la côte atlantique ?]
et que le phénomène se déplaçait vers le nord-est
avant de disparaître au dessus de l'Allemagne. La trajectoire était
rectiligne [pas celle annoncée dans le rapport final d'expertise,
où elle était censée, après avoir survolé
Pau puis Strasbourg, avoir viré à gauche pour passer par Francfort !]
et la durée d'observation comprise entre 30 secondes et 1 minute
[on voit que Velasco était toujours persuadé en 1998 que la
durée d'observation d'une rentrée atmosphérique ne
peut pas dépasser une minute, alors qu'elle peut en réalité
dépasser quatre minutes pour des observateurs privilégiés.
La durée moyenne d'observation établie sur les 435 cas répertoriés
par Franck Marie est d'une minute quarante secondes... Comment le SEPRA,
disposant d'un échantillon à peu près aussi important,
aurait-il pu obtenir une durée moyenne comprise entre 30 s et 1 mn ?
Voila bien la preuve que contrairement à ce qu'il prétend,
il n'a pas fait la moindre étude statistique des témoignages,
pas même pour déterminer une durée moyenne d'observation...
En sciences, mentionner ainsi des résultats d'études fictives,
cela s'appelle de la fraude... Mais tout le monde se fiche que le CNES soutienne
des fraudes scientifiques relatives à des rentrées atmosphériques,
puisque ce sujet n'intéresse personne]
.
[...]
À la lecture de ces premiers témoignages [...]
nous pouvions
raisonnablement envisager un événement se déroulant
dans la haute atmosphère qui semblait en accord soit avec le passage
d'avions en formation [jamais des avions volant dans la haute atmosphère,
aussi nombreux fussent-ils, n'auraient pu susciter des observations aussi
spectaculaires !]
ou celle d'une rentrée d'un objet naturel ou artificiel
dans l'atmosphère.
48 heures après notre demande d'informations nous recevions de la
NASA la confirmation qu'il s'agissait bien de la retombée d'un corps
artificiel de l'espace. [...]
[...] [on trouve ici la recopie des premières indications du télex de la NASA.]
Les indications fournies par ailleurs par les radars de l'USSPACECOM confirment
en tout point le passage aux heures indiquées de l'objet [il parle
ici des cinq points de passage indiqués dans le télex pour
la dernière orbite, dont les coordonnées (qu'il recopie) sont
très loin de la France ! Certes, on pouvait à partir de ces
indications reconstituer la trajectoire au-dessus de la France, mais Velasco
en a été incapable !]
.
[...]
La question qui se posait alors était de comprendre pourquoi il y
avait eu autant de bruit et de polémique autour d'une banale rentrée
d'un corps de fusée dans l'atmosphère [la réponse, c'est
que cette polémique n'aurait pas eu lieu si le service d'expertise
dont tout le monde attendait les explications n'avait pas accumulé
les contradictions et les erreurs grossières... Des rentrées
atmosphériques tout aussi spectaculaires ne suscitaient pas autant
de polémiques au temps où de vrais professionnels de l'observatoire
de Meudon (malgré leur refus d'intégrer Pierre Neirinck à
leur équipe, ils faisaient un travail plutôt bon) s'occupaient
d'en rendre compte au public !]
? [...]
l'objet principal - le corps de la
fusée - accompagné d'autres éléments distants
de quelques kilomètres [en fait j'ai déjà précisé
qu'il s'agissait d'un objet unique qui s'était fragmenté, et
les dimensions de l'ensemble de débris atteignaient sans doute de
l'ordre de 100 km en longueur, sur une quinzaine en hauteur et une vingtaine
en largeur peu après l'explosion; on est loin de « quelques kilomètres »,
et il s'agit de dimensions tout à fait courantes pour une rentrée
atmosphérique]
, se déplaçant à la même
vitesse, traversèrent la France à l'instant précis où
les effets de frottement et d'échauffement des matériaux sont
les plus importants [en
fait, c'est vers 60 km d'altitude que ces effets sont les plus
importants, et l'objet se trouvait alors au-dessus de l'Allemagne, et
si le phénomène était moins spectaculaire c'est
parce que l'objet avait perdu la plus grande partie de sa masse
auparavant]
, provoquant ces lueurs vives de couleur jaune et blanche
indiquant une température de plus de 10000° centigrade.
Passons sur le fait que l'on apprend à l'école que le terme « degré
centigrade » est impropre et qu'aucun scientifique ne l'utilise, mais
en outre une température de 10000° Celsius correspond à
une lumière franchement bleutée :
Décidément, Velasco, qui se prétend ingénieur
en optique, semble avoir aussi des lacunes dans ce domaine ! Notons
en outre que la température n'atteint jamais une telle valeur, aucune
matière ne pouvant y résister : la température est limitée
par la fusion des matériaux.
Continuons :
[...]
Par ailleurs, les agences de presse diffusèrent des communiqués
tous plus contradictoires les uns que les autres qui entretinrent le doute
sur l'origine du phénomène.
Rappelons ses propres déclarations dans les médias :
-
« L'hypothèse la plus plausible, qui serait d'attribuer cette
affaire à la rentrée d'un satellite dans l'atmosphère,
ou à la chute d'un météorite sera sans doute difficile
à confirmer », annonce-t-il, soulignant que l'inversion de la
trajectoire [...]
ne se prête pas à ce genre de phénomène.
-
Le trajet parallèle au sol décrit par les pilotes me paraît
bizarre, il ressemble plutôt à celui d'un ou plusieurs avions
ou engins propulsés.
- [Un satellite]
pourrait tout au plus expliquer une forte lueur pendant
quelques secondes, mais il ne pourrait pas expliquer la longue durée
de l'observation, qui a duré plusieurs minutes.
-
La durée des observations atteint plusieurs minutes et souvent plus
de deux minutes. Or une rentrée atmosphérique (satellite ou
météorite) dure toujours moins d'une minute.
-
Un axe semble ressortir ouest-est ; il s'agirait d'un axe qui partirait
de la région de Nantes à peu près jusqu'à l'Alsace.
-
Les morceaux de cette fusée [...]
sont entrés dans l'atmosphère
[...]
selon une trajectoire allant de Pau à Strasbourg.
Et il se permet de fustiger les « communiqués de presse contradictoires » ?
À côté de ça, le communiqué prématuré
de « l'observatoire de Munich » assimilant le phénomène
à un météore, que Velasco voudrait rendre responsable
de la confusion, a été très vite oublié !
Continuons :
[...]
De même certaines radios et chaînes de télévision
rajoutèrent une confusion supplémentaire en interviewant des
pilotes comme Jean GRELE [Jean-Gabriel Greslé]
qui affirma que ce
qui avait été observé était incompatible avec
la trajectoire fournie par la NASA [La NASA n'avait pas fourni de trajectoire,
et les témoignages étaient vraiment incompatibles, de loin,
avec la trajectoire fantaisiste calculée par Velasco, et annoncée
dans toute la presse, à partir des informations de la NASA... Velasco
a décidément l'art d'utiliser ses propres erreurs pour discréditer
les autres !]
.
[...]
La polémique s'amplifia encore avec l'attitude de certains groupements
ufologiques français qui contestaient la version de la rentrée
atmosphérique, ce qui était leur droit de plus élémentaire
à condition qu'ils apportent la preuve de leurs affirmations sur l'origine
du phénomène incriminé [lesdits groupements avaient
apporté bien des preuves que les observations étaient incompatibles
avec la version donnée par Velasco, et ils ne pouvaient même
pas imaginer que celui que le CNES présentait comme son expert officiel
en matière de rentrées atmosphériques ait pu commettre des
erreurs aussi grossières précisément dans son domaine
d'expertise !]
.
Un autre facteur supplémentaire a peut-être jeté la confusion :
c'est le fait que cet événement coïncidait avec la période
de tension internationale précédant la guerre du Golfe. En
effet, des manoeuvres militaires étaient en cours un peu partout dans
le monde, ce qui a sans doute troublé les esprits, à commencer
par les pilotes civils et militaires. Une majorité d'entre eux rapportaient
que l'interprétation qu'ils faisaient du phénomène était
la formation d'avions de combat en post-combustion [et l'explication fournie
par l'expert du CNES n'a pas mis fin à
cette agitation, alors que la trajectoire de l'étage de fusée
annoncée était en contradiction totale avec les indications
de nombreux militaires en service ayant observé le phénomène
(pensons par exemple à ceux de la base d'essais de missiles de Biscarosse,
dans les Landes, qui ont vu un phénomène traverser le ciel
de gauche à droite et culminer au nord à 60° de hauteur
angulaire, à qui l'on expliquait qu'ils avaient observé un
étage de fusée qui d'après la trajectoire annoncée
avait depuis leur point de vue traversé le ciel de droite à
gauche, culminant au sud-est à 45° au-dessus de l'horizon)...
Effectivement, les militaires sont restés très agités
APRES l'explication du SEPRA, et il me semble que jouer ainsi avec les nerfs
des militaires en période de grande tension internationale est assez
risqué !]
.
Juin 1998 : Interview dans Phénomèna
Dans le « Chapeau » de cette interview parue dans le numéro 39,
le journaliste (probablement Perry Petrakis) notait :
Le chef
du SEPRA a beau consacrer 60% de son temps aux ovnis et le reste à
la trajectographie « pour laquelle on dépend entièrement
des Américains », il n'en ressort rien - ou si peu.
Je note cela parce que cette affirmation « qu'on dépend entièrement
des Américains » (déjà rencontrée dans les
déclarations à la presse) faisait aussi partie des nombreux
mensonges soutenus par l'avocat de Velasco lors de l'audience en appel du
procès qu'il me fait... Il voudrait ainsi rejeter sur « les Américains »
la débâcle totale du SEPRA dans le domaine des rentrées
atmosphériques... Or, s'il est vrai que la France ne dispose pas des
moyens de suivi de satellites des Américains, ces derniers diffusent
largement les paramètres orbitaux des satellites qu'ils calculent
ainsi, et ces données sont fiables, sauf bien sûr lorsqu'elles concernent
certains de leurs satellites militaires (lesquels n'ont jamais été
responsables d'une rentrée atmosphérique en France). Si le
SEPRA est incapable d'exploiter ces données, comme savent le faire
tous les amateurs de satellites et tous les radio-amateurs, ça n'est
pas la faute des Américains ! Velasco voudrait sans doute que
ces « Américains » sur qui il veut rejeter toutes ses fautes
ne se contentent pas de diffuser gratuitement toutes les données orbitales
qu'ils acquièrent par leurs installations militaires, mais qu'en plus
ils fassent gracieusement, et de préférence sans même
demander de remerciements, tout le travail d'expertise d'une rentrée
atmosphérique au-dessus de la France : calcul de la trajectoire,
confrontation aux témoignages... Bref tout le travail qui devait être
celui du SEPRA, et que ce dernier n'a jamais fait... Velasco toucherait de son côté
son salaire d'expert en rentrées atmosphériques pour recopier
les conclusions de ces braves Américains et s'en attribuer tout le
mérite, et il serait parfaitement heureux... Ça ne se passe
malheureusement pas ainsi, alors il se console en essayant de soutirer de
l'argent, par des procès complètement truqués, à
ceux qui dénoncent sa totale incompétence et font des efforts
bénévoles pour combler les lacunes du SEPRA en matière
d'information sur les rentrées atmosphériques.
Il n'y a rien qui concerne les rentrées atmosphériques dans
l'interview, mais une intervention intéressante de Velasco, se plaignant
du fait que Perry Petrakis, le président de l'association SOS-OVNI
qui éditait la revue, ait pu obtenir directement des informations
dans une base militaire :
[...]
s'il n'y avait pas en France la structure qui existe depuis un
peu plus de 20 ans, on serait dans la même situation qu'aux États-Unis.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y aurait plus aucun élément
de crédibilité sur le sujet. Nous n'aurions que des gens qui
diffuseraient sur toute la France leurs idées sur les EBE et les Petits
Gris et tout ce que vous voudrez, tandis que la Défense se replierait
sur elle-même et ne communiquerait plus à quiconque aucune observation
y compris à une organisme comme le CNES. C'est la raison pour laquelle
les militaires se doivent à veiller à ce que l'information
circule par le canal que l'on connaît. Ce n'est pas pour interdire
à des associations comme SOS OVNI d'avoir ces informations, mais c'est
simplement pour éviter de se retrouver un jour dans une situation
identique à celle des États-Unis.
Velasco est donc le garant de la crédibilité de l'étude
des ovnis... Comme sans doute de celle des rentrées atmosphériques ?
Le fait est que Pierre Neirinck, pas mieux traité que les ufologues
bien que son sérieux et sa compétence ne puissent être mis
en doute, n'a pas non plus eu accès aux sources d'informations de
Velasco... Ce dernier a juste daigné lui envoyer une poignée
de rapports de gendarmerie sur lesquels ne figuraient ni les noms des témoins,
ni les lieux d'observation !
19 juillet 1998 : Interview dans Nord-Éclair
Ce quotidien du Nord
donnait la parole
à la fois à Joël
Duquesnoy, président-fondateur du GERU (Groupement d'études
et de recherches ufologiques, dans le Nord), et à l'inévitable
Jean-Jacques Velasco...
Rien dans cet article ne concernait les rentrées atmosphériques,
si ce n'est la place qu'elles occupent dans son travail :
Je consacre un tiers de mon temps à la surveillance des rentrées
atmosphériques, un tiers à faire des interventions publiques
et médiatiques et un tiers à l'étude des cas d'OVNI.
Je laisse à chacun le soin d'évaluer ses performances dans
les trois domaines !
Juillet 1998 : Le numéro spécial de VSD
Dans ce premier numéro spécial OVNI intitulé « OVNI,
les preuves scientifiques », il était évidemment beaucoup
question de Velasco. On n'y trouve pas grand-chose sur les rentrées
atmosphériques, sinon une savoureuse phrase d'André Lebeau,
ancien directeur du CNES (il l'était au moment de la création
du SEPRA), répondant au journaliste qui lui demandait si les enquêtes
sur les ovnis étaient conduites sérieusement :
« Il ne faut pas oublier que le Sepra fait partie du Cnes et que cet
organisme s'est acquis une réputation mondiale dans le domaine des
rentrées atmosphériques d'objets spatiaux. »
Il faut croire qu'aucun scientifique n'a cherché à vérifier
les « expertises » de Velasco (que ce soit dans le domaine des
rentrées atmosphériques ou dans celui des ovnis, d'ailleurs)...
On lui a fait confiance aveuglément, parce qu'il était présenté
par le CNES.
Ce numéro spécial republiait encore une fois les deux photos
de Gennevilliers, toujours présentées comme des photos de la
rentrée atmosphérique... Curieusement, une autre photo du même
genre (un autre avion ou hélicoptère !) prise le même
soir par le même photographe était publiée pour la première
fois :
Puisque ces photos avaient été reçues initialement par
le directeur du SEPRA, c'est sûrement lui qui les a fournies à
VSD, avec la nouvelle... Et donc, en 1998, il était encore persuadé
qu'il s'agissait de la rentrée atmosphérique !
8 octobre 1998 : Velasco répond au Cercle zététique
La preuve nous viendra de la réaction d'un site de zététique
(c'est-à-dire de sceptiques), dans lequel Éric Maillot (zététicien
s'intéressant particulièrement aux ovnis... Un peu excessif
parfois mais qui a souvent raison)
critiquait le numéro spécial
de
VSD, et se moquait en particulier de l'explication
que donnait Velasco de ces photos « de la rentrée atmosphérique ».
Et pour une fois,
Velasco a répondu,
le 8 octobre 1998 :
Sur les photographies du 5 novembre 1990. Sans utiliser de moyen d'analyse
ni examen du cliché il [Éric Maillot]
affirme qu'il s'agit
d'un avion [il n'est vraiment pas besoin d'analyse pour reconnaître ces traces
caractéristiques que tous les astrophotographes maudissent ! Mais
donc, Velasco laisse entendre qu'il aurait procédé à
un examen approfondi du cliché pour conclure qu'il s'agissait de la
rentrée atmosphérique !]
! Il n'a même pas pris le soin
de vérifier la concordance de l'heure de la rentrée du corps
de fusée avec le cliché pris par le photographe
[notons qu'outre le fait que, comme le remarque Maillot avec humour, « si
l'on voit un bus passer à 21 h 30 et que l'on photographie
un avion à 21 h 30, cela ne change rien au fait qu'il y
a bien un avion sur la photo et pas un bus », l'heure de prise de la
photographie était précisément de 18 h 44
d'après le photographe, alors que la rentrée atmosphérique
passait à 19 h 01... Velasco a décidément
des tolérances très larges sur les « concordances » !]
.
Dans la même critique de ce numéro spécial de
VSD, Maillot
notait aussi, sûrement avec raison, que l'observation d'un « ovni »
par un pilote militaire en vol près de Poitiers s'expliquait vraisemblablement
par un météore lié à un essaim majeur (la date
et la direction concordaient, et la description évoquait vraiment
un gros météore). Velasco lui répond :
Je n'ai jamais entendu un pilote confondre un essaim de micro-météorites,
car c'est de cela qu'il s'agit, avec le phénomène observé.
Rappelons donc, ou plutôt apprenons, à ce Monsieur qui est
censé expertiser « les rentrées de météorites
ou de satellites » que les essaims de météores, résultant
du passage de la Terre dans l'orbite d'une comète, donnent lieu à
des météores de toutes luminosités (par contre, ils
ne sont jamais liés aux chutes de météorites, c'est-à-dire
de débris atteignant le sol, parce que les comètes sont formées
de matériaux très fragiles ; il y a peut-être une exception
avec l'essaim des Géminides, qui n'est justement pas lié à
une comète mais à un astéroïde). Quant aux « micro-météorites »,
c'est le nom que l'on donne aux poussières météoritiques
trop petites pour donner lieu à des étoiles filantes visibles.
Apparemment, si Velasco a proposé lui-même que son service
prenne en charge
une partie qui apparaissait souvent
dans les témoignages : les « rentrées atmosphériques »,
à savoir les météores ou les rentrées d'objets
satellisés, il ne connaissait pas mieux les uns que les autres !
Janvier 1999 : À la maison dans CNES Magazine
Dans deux pages (26-27) de ce
numéro 4
consacré aux débris spatiaux,
Velasco parlait des rentrées atmosphériques à risques,
et de la façon dont le CNES et son service s'en occupaient. Il explique :
Il y a deux sortes d'objets satellisés potentiellement dangereux
lors d'une rentrée dans l'atmosphère : ceux dont la masse est
généralement supérieure à 5 tonnes, qui ne seront
que partiellement détruits (moteurs, noeuds de liaison, sphères
et réservoirs, etc)
[il ne s'agit pas là des objets, mais des parties des objets résistant
à la rentrée... Et les moteurs et réservoirs des étages
de fusées ne sont pas considérés comme « potentiellement
dangereux », sans quoi on serait en alerte permanente !]
au moment de la désintégration
dans les hautes couches de l'atmosphère, et ceux équipés
de générateurs électronucléaires (Cosmos 954)
dont les débris arrivant au sol pourront provoquer une contamination
radioactive sur Terre. La multiplication du nombre des objets satellisés,
l'augmentation de la masse des charges utiles en orbite basse, de celle des
étages supérieurs et l'accroissement des incidents ont rendu
plus fréquentes les retombées de cette catégorie.
Je le répète, les étages supérieurs des fusées
n'ont jamais été considérés comme des objets
à risque, même s'ils pourraient occasionner de gros dégâts
si par malchance ils tombaient sur une habitation... Il n'y a guère
que les stations orbitales et les satellites porteurs de matières
radioactives qui ont été considérés comme
tels (et aussi quelques rares gros satellites dont on savait que des débris
importants atteindraient le sol). Ceci dit, si Velasco tient absolument à
prétendre que la rentrée d'un troisième étage
de lanceur Proton (un des plus gros qui existe) fait courir un risque
à la population, et que le CNES a donc fait preuve d'une dangereuse
négligence en se montrant incapable d'avoir prévenu la population
concernée AVANT la rentrée d'un tel
étage le 5 novembre 1990 (et en se montrant en outre incapable même
après trois semaines de retracer correctement sa trajectoire !), je
lui laisse la responsabilité de cette affirmation.
Malgré ces quelques réserves, cet article est incontestablement
ce que Velasco a écrit de plus professionnel dans le domaine des rentrées
atmosphériques (dans la revue du CNES, il ne pouvait pas se permettre
d'écrire n'importe quoi)... Il y décrit quelques exemples de
ces « rentrées à risque », et les procédures
mises en place par le CNES pour les gérer. Par contre, il ne donne
aucune information sur les travaux accomplis par le SEPRA dans ce domaine,
puisque justement il nous explique que le SEPRA ne s'occupait pas des rentrées
atmosphériques à risque :
Pour assurer cette mission, le CNES a mis en place une organisation
à deux niveaux : une structure permanente de surveillance des objets
et débris spatiaux en phase de routine, le Sepra (Service d'Expertise
des Phénomènes de Rentrées Atmosphériques) ainsi
qu'une cellule spécialisée de rentrée atmosphérique
pour les objets à risque en phase finale de retombée.
Donc, le SEPRA n'était pas du tout concerné par tous les exemples
qu'il nous donne dans son texte le plus sérieux dans le domaine... Et, comble
de malchance, on allait même retirer au SEPRA, moins d'un an plus tard,
toute activité dans le domaine des rentrées atmosphériques,
en
renommant le service !
L'article était illustré par une photo sur laquelle Velasco
exhibe fièrement « son » débris de rentrée
atmosphérique, le même que celui qu'il montrait quelques années
plus tôt dans
Sciences & Avenir :
Mais la légende est tout autre : « Débris retombé sur Terre le 13 février 1989 du
satellite russe Cosmos 1984 et retrouvé en France », alors que dans
Sciences & Avenir le même objet était
décrit comme un morceau de réservoir de fusée retombé
sur le Berry ! Que penser de cela ?
Vérification faite, Cosmos 1984 est bien rentré le 13 février
1989 (ça figure dans le catalogue des rentrées atmosphérique
de la NASA) en fin de journée (il était encore en orbite à
17 h TU, date des dernières données orbitales fournies par la
NASA)... Et il était passé au-dessus de la France ce soir-là
à 21 h 35 TU (soit 22 h 35), mais pas au-dessus du Berry :
De plus, il s'agissait d'un satellite-espion soviétique contenant des films photographiques
que l'Union Soviétique était supposée récupérer.
La rentrée des satellites de ce type était donc contrôlée
pour s'effectuer sur le territoire soviétique, et effectivement ses
dernières données orbitales nous indiquent qu'il orbitait à
trop haute altitude pour que sa rentrée se produise naturellement...
Bref, ce morceau de tôle n'appartient certainement pas au satellite
Cosmos 1984... Peut-être au deuxième étage de la fusée
Soyouz qui l'a lancé ? C'est bien possible : cet objet passait au-dessus
de la France, en phase de rentrée imminente (moins de deux heures
après les derniers paramètres orbitaux enregistrés)
et au-dessus du Berry, le 21 décembre 1988 à 0 h 52 :
Mais alors, cette rentrée n'a pas eu lieu le 13 février
1989... On attendrait dans tous les cas que Velasco fasse preuve d'un peu
plus de rigueur en rapportant la rentrée de l'unique débris
de satellite que son service ait récupéré en douze ans
d'exercice (je n'ai trouvé aucune autre relation de l'incident) !
8 février 2003 : Un morceau de navette à Tibiran-Jaunac ?
Je ne résiste pas enfin au plaisir de relater sa dernière,
euh, je ne sais pas quel mot employer sans risquer d'être poursuivi
pour injure, dans le domaine des rentrées atmosphériques.
Ce jour-là, un morceau de matière ressemblant à de la
mousse d'isolation brûlée tombait du ciel sur ce village des
Hautes Pyrénées, et puisque c'était sa région Velasco était
invité à donner son avis... Ce qu'il a fait le 12 février
dans
la Dépêche du Midi :
Le responsable du Centre régional d'étude des phénomènes
rares aérospatiaux (Cepra au CNES) n'écarte aucune hypothèse.
Tout ce qui tombe du ciel peut avoir des origines diverses, y compris à
caractère aéronautique (aviation) voire aérospatial
(satellite et autres appareils). Évidemment, l'hypothèse de
la trouvaille d'un échantillon de la navette Columbia, qui s'est tragiquement
désintégrée le 1er février faisant sept morts,
est jugée plausible par le scientifique qui espère obtenir
de l'objet de nombreuses informations. Le centre d'orbitographie, en liaison
avec la NASA, rappelle Jean-Jacques Velasco, sera rapidement consulté.
Il n'y a plus qu'à attendre les analyses.
Il n'était pas encore convaincu de l'inanité de cette hypothèse
trois semaines plus tard, puis qu'il déclarait le 3 mars, toujours
dans
la Dépêche du Midi :
« Apparemment, il s'agit d'une sorte de mousse, de polymère,
de type cellophane, probablement un matériau qui sert à isoler
quelque chose, indique le responsable du Cepra. Maintenant, sur sa provenance,
nous ne savons pas encore. On reste sur une interrogation quant à
l'origine de cette affaire. Mais les analyses peuvent être davantage
poussées par d'autres laboratoires, par exemple le CEAT (centre d'essai
aéronautique) ou même par la NASA s'il le faut. » L'hypothèse
d'un débris de la navette Columbia, qui s'est tragiquement désintégrée
avec sept astronautes à bord, le samedi 1er février, semble
toujours plausible aux yeux de Jean-Jacques Vélasco qui ne veut négliger
aucune piste.
Imaginer ne serait-ce qu'une seconde qu'un objet en mousse puisse résister
à une rentrée atmosphérique, ça dépasse
la « prudence scientifique » pour tomber dans l'incompétence...
Et pour ce qui est de la navette Columbia, elle suivait une orbite inclinée
de 39° sur l'équateur, et il était donc impossible qu'aucun
de ses débris tombe à une latitude plus élevée
(Tibiran-Jaunac se trouve à 43 degrés de latitude)... Une simple
consultation des paramètres orbitaux de la navette, que l'on trouve
non seulement dans le catalogue du NORAD mais un peu partout sur Internet,
suffisait pour éliminer formellement cette hypothèse.
Mais ça n'est que le 15 mars que Velasco a donné sa conclusion définitive dans
Le Figaro.
D'après les dernières analyses, ces mystérieux objets,
longtemps non identifiés, dont certains pensaient qu'ils pouvaient
provenir de la navette Columbia [qui donc a pu imaginer pareille absurdité ?]
,
ne sont en fait que des blocs de mousse qui se sont envolés d'un
feu sous l'effet de la chaleur.
Jean-Jacques Velasco, responsable du Service d'expertise des phénomènes
rares aérospatiaux (Sepra) au Centre national d'études spatiales
(Cnes) à Toulouse, a constaté que les cinq fragments tombés
au sol étaient tous semblables : de même texture, légers,
et présentant un aspect brûlé. Leur composition et l'absence
de cratère au point d'impact éliminent l'hypothèse de
météorites qui se seraient consumées dans l'atmosphère
[son « oeil averti » ne lui suffisait donc plus pour faire cette
déduction ? Concernant l'absence de cratère, on n'en trouve
que pour les météorites très massives (plusieurs dizaines
de kilogrammes au moins) ; les autres perdent presque toute leur vitesse avant
d'atteindre le sol]
.
« En tombant, les objets étaient relativement mous et chauds,
indique Jean-Jacques Velasco, car des brindilles et des petits cailloux
sont presque inclus au matériau qui était face au sol. Ils
ont dû s'envoler d'un feu. Gorgés d'air chaud comme une montgolfière,
ils ont dû monter très haut, permettant ensuite au vent de les
pousser sur plus de 25 km de distance. »
Notons qu'ne montgolfière ne fonctionne que parce que son
enveloppe
a une masse très inférieure à celle de l'air
qu'elle
contient, et même les mousses d'isolation sont bien loin
d'être
aussi légères (on a fabriqué tout récemment
une mousse presque aussi légère que l'air, qui a
d'ailleurs été utilisée sur un satellite pour
recueillir les poussières de l'espace, mais elle ne
résiste pas du tout au feu)... Aussi, qu'elles soient
gorgées d'air chaud ou d'air froid ne changerait pas
grand-chose...
Si ces morceaux provenaient d'aussi loin que Velasco le dit (ce dont je
doute fortement parce qu'ils auraient eu le temps de refroidir), c'est en
ayant été portés à haute altitude par les courants
ascendants d'un violent incendie, et non par un invraisemblable « effet
montgolfière ».
Il est vrai que depuis 2000, Velasco ne se présente plus comme responsable
du Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques,
mais comme on l'a vu du Service d'expertise des phénomènes
rares aérospatiaux (ou quelque chose d'approchant,
ça varie un peu)...
Mais puisque le CNES n'a jamais renié ses douze années d'expertise
de rentrées atmosphérique et n'a même pas annoncé
publiquement le changement, on doit considérer qu'il est toujours
expert dans ce domaine... Il ne s'est par contre jamais présenté
comme expert en montgolgières... Encore que les seuls éléments
qu'il ait apportés au cours du procès qui nous oppose pour
prouver ses compétences en matière de rentrées atmosphériques
ont été des articles de presse relatant son enquête portant
sur un « ovni » expliqué par un ballon de baudruche (cas
bien connu de Voreppe) !
Robert Alessandri
Ce texte a été lu
fois depuis le 05/10/2003