Nous avons donc un « expert en rentrées atmosphériques »
au CNES (l'expert officiel, même) qui, lorsqu'il a été
confronté à sa première rentrée atmosphérique
(la seule à laquelle il ait consacré un semblant d'étude,
il a dû comprendre ensuite qu'il aurait mieux fait de se taire),
a fait preuve de l'incompétence la plus invraisemblable : annonce
d'une trajectoire complètement fausse obtenue à partir de données
correctes par des méthodes d'une absurdité hallucinante, méconnaissance
des caractères les plus élémentaires d'une rentrée
atmosphérique typique, notamment sa durée maximale d'observation,
incapacité de faire la différence entre une photo de rentrée
atmosphérique et celle des lumières clignotantes d'un avion...
pour ne citer que ses erreurs les plus grossières !
Et non seulement il n'a jamais reconnu ses erreurs (voir ma
lettre ouverte
restée sans réponse), mais il s'en est servi pour discréditer
les ufologues « amateurs » qui trouvaient la trajectoire annoncée
par lui totalement incompatible avec les témoignages, et se mettre
lui-même en valeur : loin de toutes ces sottises, il avait annoncé
« par une méthodologie rigoureuse » l'identification de
l'objet (en plagiant les informations gracieusement fournies par un authentique
passionné de satellites) et trouvait au contraire une « parfaite
concordance » entre la trajectoire complètement fausse qu'il
en avait tirée et une « analyse statistique de la répartition
géographique des témoignages » qu'il se vantait d'avoir
menée (mensonge éhonté, puisque s'il l'avait fait il
aurait compris que sa trajectoire était fausse).
Et voilà que quelques années plus tard, un de ces amateurs
empêcheurs de tourner en rond découvre la supercherie et la révèle
dans une revue bénévole tirée à mille exemplaires,
en des termes certes déplaisants mais appuyés par une argumentation
solide... Après avoir fait bénévolement le travail que
tout le monde était en droit d'attendre de lui, pour lequel il était
grassement payé en qualité d'expert de stature internationale,
je n'allais tout de même pas le ménager !
Et donc, peu après avoir publié cet article de quatorze pages
faisant la lumière sur un phénomène que le SEPRA avait
noyé dans la confusion la plus totale, je recevais d'un brave clerc
de l'huissier Plaisant (c'est son nom !), le 29 décembre 1997 (joyeuses
fêtes !)
l'assignation en justice
que vous pouvez lire intégralement
si vous ne faites pas confiance à mon résumé...
À peu près en même temps, je recevais
une lettre
à en-tête du CNES, émanant du directeur de l'Établissement
de Toulouse et datée du 24 décembre, me menaçant de
poursuites du CNES « en cas de récidive ». Bien entendu,
ce personnage ne faisait aucune mention des arguments techniques très
précis que j'avais développés dans mon article, arguant
que « le caractère outrancier de mes écrits suffit à
jeter le discrédit sur ma publication ». Je reconnais volontiers
que mon article, s'il venait à s'ébruiter, porterait une « atteinte
intolérable à l'image de marque du CNES » (à qui
la faute ?), et je comprends qu'on ait voulu m'empêcher de « récidiver »...
Malheureusement pour le CNES et son protégé, les tentatives
d'intimidation ont plutôt tendance à me mettre en colère.
Monsieur Trempat avait-il seulement lu les quatorze pages d'argumentation,
dont le but manifeste était d'apporter les réponses que le
public et les ufologues n'avaient jamais obtenues de l'expert du CNES, ou
s'était-il contenté de lire les quelques extraits relevés
par ce dernier ? La réponse est évidente lorsqu'on lit cette
phrase de sa lettre : « Il est constant que ces allégations ont indéniablement
un caractère diffamatoire et injurieux et nécessitent une rectification
de votre part ».
Comparez avec cette phrase extraite de l'assignation : « Il est constant que
cet article contient des imputations diffamatoires et des expressions injurieuses
que le requérant est en droit de relever pour en demander réparation... »
Ce qui est constant, c'est que M. Trempat n'avait rien lu d'autre que
le texte de l'assignation rédigé par l'avocat avec ce vocabulaire
très particulier... Je me suis donc empressé de lui envoyer
un exemplaire de ma revue, afin qu'il puisse constater par lui-même
que l'article n'était pas une attaque personnelle dirigée
contre Monsieur Velasco et que toutes mes critiques étaient attestées
par une solide argumentation... Et pour faire bonne mesure, j'en envoyais
un autre au siège parisien du CNES. Depuis, j'ai toujours envoyé
les textes de mes nombreuses « récidives » à M. Trempat
et au siège parisien, et je n'ai jamais reçu la moindre réponse...
Il semble que le CNES ait renoncé à mettre ses menaces à
exécution !
Mais revenons à l'assignation...
Ce que j'avais écrit de pire était
sans doute que M. Velasco était « une nullité absolue
dans le domaine des rentrées atmosphériques », et un « fumiste »
du fait que cela figurait en gros caractères. Mais je n'aurais pas
écrit cela si je n'avais démontré de façon inattaquable
qu'il ignorait les notions les plus élémentaires dans ce domaine
très précis et limité alors même qu'il s'y présentait
en expert de niveau international depuis neuf ans (il est allé jusqu'à
douze, et même quinze maintenant, puisque si son service n'est plus
censé s'occuper des rentrées atmosphériques lui-même
n'a jamais démenti sa parfaite qualification dans ce domaine !)
M. Velasco a choisi de m'attaquer selon l'article 1382 du Code Civil
sur la « réparation de préjudice »... Un article
extrêmement vague qui s'applique à tous les cas où on aurait
fait subir injustement à quelqu'un un préjudice, de quelque
nature qu'il soit.
Outre le fait que rien de ce que j'ai écrit puisse être qualifié
d'injurieux (ça serait une diffamation si c'était faux ou excessif,
et ça ne l'était pas, mais certainement pas une injure), je
ne vois vraiment pas quel préjudice il aurait pu subir du fait d'un
article paru dans une revue tirée à 1000 exemplaires et guère
lue que dans le milieu très fermé des passionnés d'un
« sujet marginal largement rattrapé par l'ésotérisme »,
comme le dirait plus tard un juge ! Je doute fort que quiconque en aurait
entendu parler au CNES si Velasco n'avait voulu y répondre par
des poursuites judiciaires, et lui-même en aurait sûrement ignoré
l'existence si je ne lui en avais envoyé un exemplaire afin qu'il
puisse répondre à mes accusations (six ans plus tard, il ne
l'a toujours pas fait).
Et n'allez pas croire que M. Velasco aurait surestimé la diffusion
de cette revue, puisque son tirage de mille exemplaire était clairement
précisé dans « l'ours » (l'encadré obligatoire
contenant les informations légales) en première page, l'endroit
même où il avait trouvé que j'étais directeur
de publication et rédacteur en chef ! Il était aussi écrit
dans l'éditorial de cette même première page que cette
revue était « réalisée de façon entièrement
bénévole sur un vieil ordinateur équipé de quatre
méga-octets de mémoire » (mon vieil ordinateur Atari,
sur lequel je travaillais encore il y a moins d'un an).
Quant à dire que « cet article tend à dénigrer
Monsieur VELASCO tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel »,
c'est un pur mensonge, puisque toutes mes attaques portaient exclusivement
sur ses compétences professionnelles en matière de rentrées
atmosphériques... À moins bien sûr que M. Velasco n'ait
séduit sa femme et conquis ses amis en fanfaronnant sur ses qualités
d'expert en rentrées atmosphériques !
On notera aussi cette phrase savoureuse :
le préjudice [...]
est
d'autant plus marqué que le requérant est responsable au CNES
du service mis en cause et qu'à ce titre il est amené à
s'exprimer publiquement. Doit-on conclure que l'on force ce pauvre homme
à donner aux médias des avis d'expert, présentés
comme tels, dans des domaines qu'il ne connaît pas ?
Bref, j'étais conscient que mes écrits ne plairaient
pas au chef du SEPRA et parfaitement préparé
à me justifier si l'envie lui prenait de vouloir « faire un exemple »
avec un obscur ufologue sans moyens afin de dissuader les critiques... Ce
que je n'avais pas prévu, c'était l'obligation qui m'était
faite de « constituer avocat dans le délai de quinzaine ».
M'étant immédiatement rendu au Palais de Justice, j'ai appris
qu'en effet on n'a pas le droit de se défendre soi-même au Tribunal
de Grande Instance : on a l'obligation d'y être représenté
par un avocat.
Notons que la diffamation ou l'injure dans la presse relève normalement
de la loi du 29 juillet 1881 du Code Pénal portant sur la liberté
de la Presse (nous verrons d'ailleurs que c'est la loi par laquelle j'ai finalement
été condamné en appel, alors que l'affaire avait été
traitée de bout en bout, jusqu'à l'audience, suivant une procédure
civile qui lui est totalement étrangère !), et j'aurais
dû alors être jugé devant un Tribunal correctionnel, où
j'aurais eu le droit de me défendre seul (ce que j'ai toujours souhaité).
En outre, selon l'importance de l'affaire en matière civile, elle
est portée soit devant un Tribunal d'Instance, où on a aussi
le droit de se défendre soi-même, soit devant un Tribunal de
Grande Instance, où le recours à un avocat est imposé.
Mais, direz-vous, comment estime-t-on l'importance de l'affaire ? Uniquement
d'après la somme réclamée par le requérant, qui
est donc libre de choisir le Tribunal qui lui convient le mieux ! De fait,
si M. Velasco avait réclamé moins de vingt-cinq mille francs
de dommages en réparation du préjudice que lui a fait subir
cet article paru dans une revue tirée à mille exemplaires,
plutôt que cent mille francs, j'aurais encore eu le droit de me défendre !
On croirait presque qu'il a fait exprès de m'imposer le recours à
un avocat, sachant qu'avec ma situation financière précaire
cela me causerait des difficultés, par ces deux choix délibérés
dont le jugement en appel démontrera le caractère abusif (l'application
du Code Civil pour cette affaire a été clairement déclarée
inadéquate, et bien que l'on m'ait donné entièrement tort — en usant, vous
le constaterez, de mensonges flagrants — le montant de ma condamnation a
été ramené à 10 000 F).
Quoi qu'il en soit, en principe, même quand on n'a pas les moyens de
payer un avocat, on peut tout de même en avoir un. Pas un « commis
d'office », ça c'est dans les films ! Dans la réalité,
vous devez demander « l'aide juridictionnelle », et une commission
décidera si vous y avez droit, auquel cas un avocat de votre choix
et acceptant de travailler dans ces conditions sera rétribué
(très mal) par ce service, et si vous n'en connaissez pas on en désignera
un.
Je me suis donc rendu au Bureau d'aide juridictionnelle du Tribunal
de Grande Instance de Marseille, où une employée m'a affirmé
d'emblée, après avoir lu l'assignation, que je n'avais
pas droit à cette aide, du fait que j'étais attaqué
aussi bien à titre personnel qu'en tant que « directeur de publication »
et responsable d'une association, et que les associations n'ont pas droit
à l'aide juridictionnelle. Devant mon insistance (puisque j'étais
AUSSI attaqué à titre personnel), l'employée à
téléphoné à son supérieur (sa supérieure
plutôt), qui a confirmé que je n'avais pas droit à cette
aide. Et j'ajoute qu'après le jugement, lorsque je me suis présenté
au même bureau pour demander à tout hasard cette aide en appel,
un autre employé m'a aussi affirmé que les associations n'ont
pas droit à l'aide juridictionnelle... J'insiste bien là-dessus
parce que j'ai appris plus tard que c'est totalement mensonger : les associations
ONT DROIT, au titre de personnes morales, à l'aide juridictionnelle
si leur situation financière le justifie !
Je l'ai appris bien trop tard dans le cadre de ce jugement, mais cela pourra
servir à d'autres : NE CROYEZ PAS ce qu'on vous dit au Bureau d'aide
juridictionnelle, et RECLAMEZ les formulaires de demande, ou allez voir un
avocat pas trop cupide en lui demandant de faire lui-même la demande
(c'est ce que m'a conseillé mon avocat en appel). Lorsque trois personnes
différentes du même bureau affirment avec insistance le même
mensonge, il ne peut pas s'agir d'une erreur, mais d'une CONSIGNE. Il semble
donc qu'au moins au Tribunal de Marseille et en 1998, les employés
du Bureau d'aide juridictionnelle n'étaient pas là pour renseigner
les plus démunis sur leur droit à une aide juridique, mais
pour en dissuader le maximum de faire la demande en leur mentant délibérément !
Bref, je suis reparti persuadé que je n'avais pas droit à un
avocat, et il m'était interdit de me défendre sans... L'affaire
s'annonçait mal !
Le 25 mars 1998, l'huissier Plaisant me faisait parvenir
les « conclusions » de l'accusation,
sans rien de nouveau si ce n'est qu'il était
précisé : « Affaire Velasco/Alessandri — Tribunal de
grande
instance de Marseille — 1ère Chambre — M. Guichard — R.G. n°980049
— C.P. du 05.05.1998 à 9 h 30 ».
J'ignore toujours ce qu'est un « C.P. », mais puisque la date était
indiquée je m'y suis rendu, espérant au moins que je pourrais
exposer mon cas... Je suis donc arrivé comme un cheveu sur la soupe
dans une réunion où un greffier passait en revue les affaires
à juger, où les avocats des différentes parties faisaient
part d'éventuels problèmes de procédures justifiant
un report, et où le juge, M. Guichard donc, décidait
de la date des audiences... Ce dernier a bien voulu interrompre la réunion
quelques minutes pour m'écouter, et m'a confirmé que je ne
pourrais pas me défendre sans être représenté
par un avocat : même si je lui apportais des documents pour ma défense,
m'a-t-il dit, il n'aurait pas le droit de les lire ! Il « comprenait
mon désarroi » (un bien grand mot), mais « il ne pouvait
refaire les lois pour moi », et il m'a finalement conseillé d'organiser
une quête pour pouvoir payer un avocat ! Tout cela était dit
le plus naturellement du monde devant une bonne dizaine d'avocats réunis
(il y avait sans doute parmi eux la représentante de Velasco, Maître
Christine Bernardot) !
Je n'avais aucune intention de faire une quête, estimant que si on
doit avoir de l'argent pour être simplement autorisé à
exposer son point de vue il n'y a là rien qui mérite le nom
de « justice ». Enfin, le juge aurait au moins été
informé de ma situation.
Le 22 juin, mon coursier habituel m'apportait de nouvelles conclusions,
dans lesquelles il était juste écrit :
Monsieur ALESSANDRI persiste dans son comportement fautif à l'égard du concluant.
En effet, dans le dernier bulletin de liaison de l'Association I.N.H. Évidence
dénommé INH Contact, il renouvelle ses dires diffamatoires
et injurieux, écrivant notamment : "... Alors, dire que Monsieur Velasco
est un fumiste, ça n'a rien d'outrancier, tout au contraire, c'est
un euphémisme ! Comment appeler autrement quelqu'un qui se présente
comme expert, représentant d'une prestigieuse agence scientifique
française, dans des domaines auxquels il ne connaît absolument
rien ?"
Vous pouvez vérifier
en consultant mon texte
que cette phrase est présentée de manière fallacieuse,
extraite de son contexte, puisqu'elle suivait la définition modérée
que les dictionnaires donnent au mot « fumiste » : « Personne
peu sérieuse, sur qui on ne peut compter » !
Ces conclusions étaient accompagnées d'une
lettre de M. Trempat
assurant M. Velasco de l'entier soutien du CNES, et des photocopies faxées
de mon article, totalement illisibles... Je n'exagère pas, voici un
extrait fidèlement reproduit de ces copies :
Certes, on arrive à lire le mot « fumistes » !
De plus, ces quatorze pages étaient agrafées dans un ordre curieux :
20-19-18-17-16-21-22-23-24-28-27-25-24-26-29 !
Bien sûr, je sais très bien ce que j'ai écrit, mais
normalement ces copies étaient identiques à celles que le
juge aurait à étudier : c'est dire sur quoi il allait
fonder son jugement ! Mais bien sûr, ça n'était
pas à l'accusation de fournir des pièces utiles à la
défense... J'aurais volontiers donné au juge un exemplaire
de ma revue, puisqu'il m'en reste quelques centaines, mais il m'avait clairement
dit qu'il n'aurai pas le droit de le lire !
Je ne pouvais donc qu'attendre la suite des événements... Je
pensais que je serais au moins entendu un jour ou l'autre, et que j'aurais
le droit d'assister à mon procès... C'était bien mal
connaître la « justice » française !
N'ayant plus aucune nouvelle, je me suis rendu au Greffe du Tribunal
au mois d'octobre, pour apprendre... que l'audience avait déjà
eu lieu, le 17 septembre ! Et devant mon étonnement de ne pas
en avoir été informé, on m'a assuré que c'était
parfaitement normal : seuls les avocats ont avertis de ce genre de
détails... Que dire, puisque tout était normal ? Il s'agissait
d'une audience publique, tout le monde pouvait y venir, mais l'accusé
n'était pas convié ! Certes, je n'aurais pas eu le droit de
me défendre, mais il me semble que ça serait une simple
question de courtoisie... On nous demande d'avoir le plus grand respect
envers les représentants de la justice, en donnant du « votre
honneur » par-ci, du « maître » par-là, on aurait
peut-être droit à un peu de considération en retour...
Mais non, la considération on ne l'a que si on peut payer un avocat !
Mais enfin, on m'avait informé ce jour-là que je recevrais
le jugement en temps voulu... J'étais rassuré, pendant un moment
j'avais presque cru être tombé dans un monde virtuel !
Notons pour l'anecdote que 1998 marquait le cinquantenaire de la
Déclaration universelle des droits de l'homme aux Nations-Unies, que notre pays s'enorgueillit d'avoir initiée. L'article 10 est ainsi rédigé :
« Toute personne a droit, en pleine égalité, à
ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un
tribunal indépendant et impartial qui décidera, soit de ses
droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle. »
Bref, j'ai bien reçu du gentil émissaire de Monsieur Plaisant
ma déclaration de mise à mort, pardon
mon jugement
(il y est bien précisé en toutes lettres que j'ai « succombé » !),
le 5 janvier 1999, bien lisible et avec les pages dans l'ordre...
Il y est écrit que les débats ont effectivement eu lieu à
l'audience publique du 17 septembre 1998, sous la présidence de Mme Dumon
(ainsi, le juge avait changé entre-temps, et ignorait donc les
vaines démarches que j'avais faites pour être autorisé
à me défendre... Bien entendu, je n'avais pas été
informé de ce changement), à laquelle j'étais « défaillant »
(en l'occurrence, c'est plutôt la justice qui me semble avoir été
défaillante) !
D'ailleurs, précise-t-on, « Le défendeur, Robert Alessandri,
quoique régulièrement assigné à personne [tout
est normal, vous dis-je], n'a pas constitué avocat. »
Après deux fautes aussi graves (ne pas m'être présenté
à une audience dont on n'avait pas jugé utile de m'informer,
et ne pas m'être privé de manger pour pouvoir payer un avocat
avec mon R.M.I.), je ne pouvais qu'être reconnu coupable, et lourdement
condamné !
Détail comique : la date du délibéré avait été
fixée au... 5 novembre 1998 ! Peut-être que Monsieur Velasco
a eu peur que cette date lui porte malchance, puisqu'elle a finalement été
repoussée au 26 novembre !
Le jugement mentionne donc sans le moindre commentaire toutes les phrases
relevées dans l'assignation, puisque de toute évidence mon
article n'avait pas été lu (et ne pouvait pas l'être,
vu la qualité des photocopies fournies !), et ne tient aucun
compte du faible tirage de la revue puisqu'il n'avait été mentionné
nulle part (ça me semble pourtant un élément essentiel
pour apprécier le préjudice causé par un texte !)
La juge a quand même dû estimer que puisqu'elle n'avait pas entendu
parler de ma revue, elle ne devait pas être tout à fait autant
diffusée qu'
Ici-Paris
ou
Voici, et m'a condamné à un montant un peu inférieur aux habituelles condamnations en matière
de diffamation dans la grande presse : 30 000 F de dommages et intérêts,
plus 6 000 F de compensation des frais.
Trente-six mille francs, c'est le double de ce que la revue avait coûté
(impression et expédition, tout le reste étant bénévole),
et le quadruple de ce qu'elle avait rapporté, puisqu'elle était
loin d'avoir été amortie.
Détail amusant alors que l'aide juridique m'avait été
refusée parce que j'étais responsable de l'association éditant
la revue : la revue, et donc l'association, serait en droit de me réclamer
les frais d'insertion dans le prochain numéro d'extraits du jugement...
Mais sans toutefois que « le coût de cette insertion puisse excéder
la somme de 5000 F »... À ce prix-là, s'il y avait eu
un numéro trois, on pouvait reproduire trois fois l'intégralité
du jugement !
Monsieur Velasco sera en tout cas heureux de constater que je me serai au
moins acquitté de cette partie de ma condamnation, au-delà
même de toutes ses espérances : le jugement, de première
instance et d'appel, est intégralement publié sur ce site
qui prend le relais de la revue, et il y trouvera certainement une diffusion
bien plus large !
Pour le jugement en appel, qui n'est pas moins folklorique que celui-ci, voyez
la suite...
Robert Alessandri
Ce texte a été lu
fois depuis le 16/03/2003