Thibaut Canuti :
Histoire de l'ufologie française 2,
le Temps des officiels
Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
Thibaut Canuti, historien de formation et conservateur des
bibliothèques, avait publié en 2011 une
« Histoire de l'ufologie Française, le Temps des
soucoupistes » consacrée comme son nom l'indique aux
premiers ufologues et aux temps héroïques des associations
et bulletins. Elle devait être complétée par un
second volume intitulé « le Temps des
officiels », consacré à la création et
au fonctionnement du Geipan, et à l'étude des ovnis par
des militaires et scientifiques. Cette suite très attendue
vient donc de paraître en octobre 2019... et ne vaut pas mieux
que le premier volume ! Il y a pas mal de documentation, laquelle
pourrait être intéressante si elle n'était
totalement biaisée par la vision complotiste de Canuti, et
beaucoup de désinformation aussi, outre le fait que Canuti,
dont l'ego démesuré lui interdit d'accepter toute
critique, use des pires procédés pour tenter d'occulter
voire museler ses contradicteurs.
Quand on détourne la Cnil de ses fonctions
Je commencerai par cela, sans rapport direct avec ce livre (du moins
tant que l'auteur n'aura pas usé de ses habituelles pressions
pour tenter de faire disparaître ce texte !), parce qu'il me
semble nécessaire de défendre le droit à la
critique, en ufologie comme dans tous les domaines.
La Cnil, Commission nationale informatiques et libertés,
considère apparemment (c'est ce qui a été
répondu par écrit à des personnes en ayant fait la
demande) que quiconque peut exiger que toute mention de son nom soit
effacée d'une page internet, sous prétexte qu'il s'agit
d'une information privée.
Imaginez donc qu'un politicien très contesté exige le
retrait de son nom et de toute information permettant de l'identifier de
tous les sites internet qui le critiquent, pour n'autoriser que les
textes élogieux... C'est apparemment pour la Cnil une
revendication parfaitement licite !
Et bien sûr, des ufologues peu scrupuleux (je ne sais pas si cela
se pratique dans d'autres milieux) n'ont pas hésité
à user et abuser de cette interprétation abusive de textes
destinés à protéger la vie privée pour
menacer les hébergeurs de sites internet de porter plainte... Les
plus connus sont Jean-Luc Lemaire et Christian Comtesse. Et donc Thibaut
Canuti s'y est aussi essayé, notamment à propos de deux
textes de Dominique Caudron critiquant son précédent livre
Un fait maudit, histoire originale et phénoménologique
du fait OVNI.
Ces textes se trouvent sur le forum ufo-scepticisme :
Caudron y montre que Canuti, diplômé d'histoire, se
contente au sujet d'observations anciennes
« d'ovnis » de recopier ce que d'autres auteurs
ont recopié sur d'autres, en y ajoutant chacun ses propres
déformations, sans jamais remonter aux sources originales qu'il
cite pourtant en référence !
Diable, qu'un simple blogueur se permette de donner des leçons
d'histoire à lui, Canuti, historien et conservateur des
bibliothèques, c'est un scandale, il fallait absolument le faire
taire !
Et donc, Canuti a envoyé cette plainte à
l'hébergeur d'Ufo Scepticisme :
Madame, Monsieur,
Des informations me concernant sont actuellement diffusées sur
votre site internet sur les pages suivantes :
Aussi, conformément à l'article 38 de la loi
« informatique et libertés » du
6 janvier 1978 modifiée, je vous remercie de supprimer les
pages concernées.
Je souhaite que ces informations soient supprimées car elles
relèvent des qualifications pénales de diffamation et
d'injures publiques et nuisent à ma réputation.
Je vous remercie de faire également le nécessaire pour
que ces pages ne soient plus référencées par les
moteurs de recherche.
Je vous rappelle que vous disposez d'un délai maximal de deux
mois suivant la réception de ce courrier pour répondre
à ma demande (article 94 du décret du
20 octobre 2005 pris pour l'application de la loi du
6 janvier 1978 modifiée).
À l'issue de ce délai et faute de réponse favorable de
votre part, je serais au regret de déposer une plainte à
la CNIL puis le cas échéant auprès des
autorités compétentes.
Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes
salutations distinguées.
T. CANUTI.
Notons que la Cnil ne s'occupe pas du tout de diffamation ou d'injures
publiques, lesquelles relèvent des lois sur la presse, outre que
chacun peut constater qu'il n'y a ni l'une ni l'autre dans les textes de
Caudron. Et on doit aussi remarquer que Dominique Caudron, bien que
n'ayant aucune formation d'historien, a fait un travail monumental de
documentation historique au sujet des « prodiges
célestes », à la disposition de tous
gratuitement sur
son site... Les ufologues-historiens (Canuti n'est pas le seul)
devraient en prendre de la graine, au lieu d'essayer de le faire
taire !
Bref il serait temps que l'on remette la Cnil à sa place, qui est
de protéger la vie privée des citoyens et non d'interdire
le droit à la critique portant sur des écrits publics.
Et temps aussi que les personnes qui écrivent des livres et
donnent des conférences publiques, qui aiment qu'on parle d'eux
dans les journaux et les radios, acceptent d'avoir aussi des critiques
négatives, et n'essaient pas par tous les moyens de les faire
disparaître !
Si vous voulez lutter contre ces pratiques, n'hésitez pas
à partager ce texte.
Les débuts de l'intérêt militaire
Venons-en maintenant à ce nouveau livre de Canuti.
La première partie, « les Prémices de
l'intérêt de l'État » retrace les
débuts de l'intérêt porté aux ovnis par les
militaires français, notamment lors de la vague de 1954 qui a
popularisé les « atterrissages ». Canuti
indique que les militaires s'étaient intéressés aux
ovnis dès 1951, et parle abondamment de la théorie du
lieutenant Jean Plantier sur la propulsion des soucoupes volantes par
un « champ de force » agissant comme la
gravité sur toutes les molécules d'un corps. L'article de
Plantier est paru en 1953 dans « Forces aériennes
françaises », la revue de l'armée de l'Air, il
a donc eu un certain impact.
Rien à dire sur tout cela, ni sur la création de la Semoc
(Section d'étude des mystérieux objets célestes)
durant la vague de 1954. Mais c'est au troisième chapitre que
l'auteur commence à verser dans le complotisme le plus
absurde :
Sans doute les militaires ont-ils été également
renseignés dès 1947 de la controverse naissante au sujet
des soucoupes volantes et des supposés artefacts
extraterrestres récupérés par les
autorités américaines.
Même aux Etats-Unis et malgré les milliers de pages de
documents déclassifiés, on n'a pas trouvé la
moindre trace d'une telle chose, surtout dès 1947. C'est en 1949
que les histoires de crashes de soucoupes volantes ont commencé
à se répandre, avec un article puis un livre de Franck
Scully qui s'était fié à deux escrocs
dénoncés plus tard.
Mais Canuti veut pour preuve de cette information les
révélations du Soviétique Valery Pavlovitch
Bourdakov, qui était alors adjoint de Sergueï Korolev,
l'homme qui a mené la course à la Lune en U.R.S.S. Ce
dernier aurait été convoqué au Kremlin en 1948 afin
d'étudier les rapports collectés par le K.G.B. sur le sol
américain, selon lesquels il y aurait eu
récupération d'épaves et de corps
d'extraterrestres.
C'était du moins ce que Bourdakov disait en 1995 dans l'Odyssée
de l'étrange, l'émission de Jacques Pradel
consacrée ce soir-là à la fameuse
« autopsie de Roswell ».
Mais dans ses premiers interviews à ce sujet, parus dans
plusieurs revues soviétiques et aussi en anglais en 1991, sous le
titre « Staline avait-il peur des ovnis ? »,
il était question de l'incident de Roswell avec les articles des
journaux américains d'époque, mais aucunement de la
découverte de corps. Bref, il semble bien établi que
Staline a convoqué un panel de scientifiques soviétiques,
dont Korolev, lorsque les États-Unis ont connu la vague de
« soucoupes volantes », mais tout ce que ces
scientifiques ont vu c'était les articles de journaux
américains de l'époque, où il était dit que
les militaires avaient récupéré un
« disque volant » (qui n'était nullement
associé alors à un vaisseau extraterrestre) et
immédiatement après qu'il s'agissait en fait d'un
ballon-sonde !
On arrive alors aux années 70, avec les rapports de gendarmerie
qui sont donnés au G.E.P.A. en 1970 et à Claude Poher en
1973, la gendarmerie qui est officiellement mandatée pour
recueillir les observations d'ovnis, et en 1977 l'Association des
anciens cadres et auditeurs de l'I.H.E.D.N. qui émet un
« rapport sur les phénomènes aériens non
identifiés »... C'est aussi le moment où
Jean-Claude Bourret popularise le sujet dans le grand public avec ses
émissions de radio très suivies et ses premiers livres,
avec notamment une interview retentissante du ministre des Armées
Robert Galley le 21 février 1974.
On arrive ainsi avec le chapitre 5 à la création du
Geipan en 1977... Canuti trouve naïf de croire que tous les
dossiers militaires relatifs aux ovnis ont été remis
à cet organisme à sa création, et en cite pour
preuve trois cas...
Le premier est ce qu'a raconté Edmond Campagnac, polytechnicien
et président du G.E.P.A. depuis 1971, sur un dossier de
gendarmerie qu'il a lu en 1965 à l'occasion de sa visite du
service qui les compilait :
Un dimanche matin en 1954, deux motocyclistes dans la région
de Colmar, font leur petite balade à moto. Ils arrivent
à un endroit, un carrefour, et sur les quatre branches du
carrefour, une file de bagnoles à n'en plus finir, et, au
milieu, ils voient une espèce de truc, alors ils s'approchent
et ils voient quelque chose qui a la forme d'une soucoupe. Alors ils
veulent s'approcher, ils laissent leur moto, et, là,
phénomène qui a été observé par la
suite, à partir d'un certain seuil, on dirait qu'il y a un mur
qui les empêche d'avancer. Alors là-dessus, les engins
décollent. Ils ont arrêté tout le monde, ils ont
demandé à tous leurs passeports, contrôlé
leur identité. Ils ont pris toutes les photos qui avaient
été faites. Ensuite, ils sont allés dans tous les
villages et villes interroger les édiles pour savoir si on
avait affaire à des gens honnêtes. Vous voyez
jusqu'où c'est allé.
Ah le rapport il faisait au moins un mètre de haut
(...) !
Une fois il y a eu une émission des Dossiers de
l'écran, j'ai voulu parler de cette observation qui
était formidable. Il y a un capitaine qui m'a
téléphoné, « attention, Monsieur,
Secret-Défense » !
Le récit est impressionnant, mais le problème est que
cette observation n'a été relatée qu'en 2001 lors
d'un débat télévisé, soit 36 ans
après la visite de M. Campagnac à ces archives, et
que ce dernier n'en a à ma connaissance jamais parlé
auparavant (ni après). Il nous dit bien qu'il a voulu en parler
pour l'émission les Dossiers de l'écran en 1967, mais
qu'on l'en aurait empêché sous prétexte de
« secret-défense »... Mais c'est encore
34 ans plus tard qu'il le révèle ! Dans cette
émission, il n'a parlé que de son observation à
Tananarive, en 1954 aussi, en ajoutant le détail absent de son
rapport original que les lumières des magasins
s'éteignaient à mesure que l'objet avançait...
Canuti en parlait dans le volume I de son « histoire de
l'ufologie », avec bien sûr la version
édulcorée de l'observation. Encore une observation en
apparence extraordinaire mais qui s'expliquait vraisemblablement par
un gros météore dont la trajectoire bien
linéaire a été déformée dans le
souvenir de Campagnac par une mauvaise mémorisation des
repères géographiques et la volonté de vouloir
accorder des témoignages disparates et en apparence
contradictoires. C'est ce qui arrive bien souvent lorsqu'on raconte un
événement remontant à 14 ans, même si on
est polytechnicien, alors on imagine quand ça remonte à
36 ans, et à une émission de télévision
plutôt que par écrit après réflexion !
Et on se demande aussi à propos de cette observation près
de Colmar pourquoi Campagnac nous parle juste de deux motocyclistes
alors qu'il y avait d'après son récit un grand nombre de
témoins dont certains avaient pris des photos ! Bref on peut
avoir de gros doutes sur la fiabilité de ce récit, comme
pour tout récit rapporté après autant de temps, et
le moins que l'on puisse dire est que Campagnac n'a pas fait preuve de
beaucoup de rigueur dans d'autres cas.
Le second témoignage dont parle Canuti est celui de Jean-Pierre
Chapel, alors chroniqueur scientifique pour la télévision,
qui a raconté à Jean-Claude Bourret (témoignage
rapporté dans son livre le Nouveau défi des OVNI paru en
1977), avoir été lui-même témoin d'un ovni
qui aurait accéléré de 0 à 6000 km/h en
trois secondes, filmé au cinéthéodolite en avril
1963 sur la base militaire d'Hammaguir, au Sahara, où il
participait avec une équipe de militaires et de techniciens
à un exercice de récupération de têtes de
fusée.
Ça paraît encore être un cas exceptionnel, mais
Jean-Pierre Chapel a encore évoqué cette observation lors
d'une émission télévisée sur France 2
en 1998 :
Dans les années 60, au Sahara, pendant une opération de
récupération d'une tête de la fusée
Diamant, des militaires français ont filmé de 7 ou
8 km de distance un objet semi-circulaire d'apparence
métallique réfléchissant la lumière du
Soleil sur sa moitié supérieure. Le dessous de l'objet
paraissait noir. Il est resté suspendu à environ
600 m au-dessus du sol. Quelques temps après, il est parti
subitement vers le haut en passant d'une vitesse de 0 à
8000 km/h en moins de 2 secondes ! Tout ceci fut
filmé par un cinéthéodolite, ce qui permit
d'estimer la vitesse. Malheureusement, le film fut
— officiellement — perdu durant un
déménagement à Agadir.
On note sans surprise qu'après toutes ces années
l'accélération de l'objet a encore été
exagérée, mais ce qui est surtout étonnant c'est
que Chapel ne se présente plus comme un témoin direct de
l'observation ! Bref il semble qu'il ne s'agisse que d'un
témoignage de seconde main, tout comme la confirmation par Jacky
Kozan (« Secrétaire perpétuel » de
« l'Académie d'ufologie ») :
J'ai travaillé dans le même service que les techniciens
qui étaient sur place. Ils m'ont donc raconté ce qui
s'est passé ce jour-là. Ce sont eux qui sont partis en
observation ce matin-là. Mes collègues étaient
sur place pour préparer les équipements de test qui
accompagnaient la fusée Diamant.
Non seulement l'objet était bien là, mais il se
déplaçait au fur et à mesure des mouvements ou
des activités au sol, comme s'il cherchait à tout moment
le meilleur angle d'observation. L'événement a
duré toute la fin de matinée (plus d'une heure).
Mes amis avaient remarqué le caractère extraordinaire
de l'observation, mais sans s'inquiéter en se disant :
« Tiens, une puissance étrangère nous
surveille ! » (c'était avant le départ de
l'objet). Au bout de quelques minutes, constatant que la position de
l'objet correspondait toujours à leur activité au sol,
les techniciens se sont arrêtés de travailler, non pas
par souci de confidentialité, mais parce qu'ils étaient
agacés par ce truc qui leur tournait autour.
Et puis l'objet est parti. Le travail a repris et plus personne n'en
a parlé. Sauf à quelques collègues de temps en
temps.
Bref, quelque chose a été observé ce jour-là
à Hammaguir, mais on ne sais pas trop quoi, les détails de
l'observation sont sujets à caution, et ça ne semble pas
avoir particulièrement affecté les observateurs.
Peut-être effectivement « une puissance
étrangère qui les surveillait », puisque dans
les années 60, les États-Unis commençaient à
faire un usage intensif de drones.
Et le troisième événement
« caché » dont parle Canuti, c'est encore
une observation à Hammaguir, faite cette fois le 16 janvier
1967 par Jean-Pierre Morin, spécialiste de l'espace pour les
tests de fusées Véronique. Il a observé avec sept
autres personnes, scientifiques et militaires, « une sorte de
zeppelin » silencieux, avec des flammèches
multicolores, pendant quelque vingt minutes, qui s'est
éloigné après avoir changé d'altitude. C'est
la Commission Sigma de la prestigieuse 3AF (Association
aéronautique astronautique de France) qui a interrogé
Jean-Pierre Morin, et a rapporté l'enquête dans la
Lettre de la 3AF de mai-juin 2011, reprise ensuite largement dans
la littérature ufologique.
Si Canuti avait lu l'article d'origine et pas seulement la copie
tronquée sur Nexus, il aurait trouvé un passage
intéressant dans un encadré :
En 1977, alors affecté au Centre de Kourou, JPM a fait
à nouveau un témoignage à la demande de Claude
Poher, cette fois-ci sous hypnose et devant témoins, cette
procédure étant censée faire ressortir des
détails qui auraient pu être
« oubliés » avec le temps. Ce
témoignage, transmis au GEPAN, dont la création remonte
à cette époque, reste introuvable au Cnes.
Donc, Jean-Pierre Morin fait son observation en 1967, en 1977 il fait
son récit sous hypnose à la demande de
Claude Poher (lequel ne parlera jamais de cette observation), et en 2009
il raconte à nouveau son observation à la 3AF en
« étant très surpris que que le souvenir de
cette longue vision nocturne soit resté à ce point vivace
dans mon esprit : comme si c'était hier » !
On sait pourtant maintenant combien l'hypnose favorise les
faux-souvenirs ! Et bizarrement, la commission Sigma n'a plus
parlé de cette fantastique observation depuis... Pas un mot
notamment dans son rapport
d'avancement en 2015. J'imagine que la docte commission a
interrogé d'autres témoins, puisque certains sont toujours
vivants (dont l'astronome Maurice Viton, qu'on ne peut guère
accuser d'être réfractaire aux ovnis puisqu'il a
collaboré aux travaux de Jean-Pierre Petit sur la M.H.D. et a
lui-même déclaré avoir observé un ovni), et
que le cas s'est dégonflé.
Bref ces trois cas montrent une fois encore qu'il faut se méfier
des observations relatées après des dizaines
d'années, et prétendre à partir de ça
prouver que le gouvernement cacherait des informations cruciales est
ridicule. Ceci dit, il est bien évident que certaines
observations faites sur des bases militaires, notamment, sont couvertes
par le secret défense et ne parviendront donc jamais au public ni
au Geipan. Mais croire que ces observations sont plus
problématiques que celles qui sont connues du public
relève de la foi qui anime un nombre croissant d'ufologues
partisans de l'hypothèse extraterrestre : ils voient qu'il
n'y a rien de très solide dans les observations actuelles, alors
ils se persuadent que les cas les plus extrêmes sont
détenus par les militaires et tenus à l'écart du
public, mais que la « grande
révélation » approche.
Et c'est bien ce que défend Canuti :
Les cas dont ont été témoins Chapel et Morin,
à l'instar de celui de Colmar, très documenté et
montré fugitivement à Edmond Campagnac, ne
figureraient-ils pas parmi les incontournables dont auraient dû
disposer le service du CNES et avec lui les chercheurs en
ufologie ?
Cela nous aurait évité l'actuelle litanie des
directeurs récents du GEIPAN, nous expliquant qu'ils n'ont pas
dans leurs dossiers le moindre cas déterminant d'Ovni...
Il cite ensuite un article de Jean-Pierre Troadec, Commandant de
gendarmerie et auditeur de l'I.H.E.D.N. et ufologue bien connu.
Celui-ci, dans un article sur les
ovnis, services secrets et politique, parle d'un ufologue qui
semblait très bien renseigné sur les services militaires
et gouvernementaux impliqués dans l'étude des ovnis, qu'il
nomme sur le pseudonyme de Georges Tranchant. On ne sait pas trop
pourquoi il use d'un pseudonyme alors que l'intéressé,
François Couten, ne se cachait guère... Connu
effectivement pour être très bien introduit dans les
milieux militaires et politiques, mais aussi pour voir dans toute
activité d'identification d'avions étrangers non
autorisés, ou autres, une recherche sur les ovnis !
Tout ceci peut paraître énorme, mais Georges Tranchant
ne fait pas qu'affirmer, il montre des documents et synthétise
ses travaux sous forme de monographies confidentielles qu'il distille
auprès de chercheurs ovnis en vue.
Le clou de ses « découvertes » reste
quand même sur un document SGDN où figurent les noms en
clair du Secrétaire général, de son Adjoint, de
l'Aide de Camp et de l'Administrateur général. Les
grades et qualité de ces personnalités sont
également en clair.
Quatre Directions sont ensuite décryptées par Georges
Tranchant : « Direction Défense Nation, ayant
entre autres accès aux rapports ovnis, Direction Affaires
Internationales et Stratégiques, incluant l'observatoire de
nouvelles menaces dont celle des ovnis, Direction Technologies et
Transferts Sensibles incluant les éléments
matériels sur la question ovni, et, Direction Économie
et Défense ».
Pour savoir si ce document est un faux ou non, les adresses et
téléphones directs des responsables étant
signalés en clair, ce feuillet est soumis à l'analyse de
deux officiers des Renseignements Généraux. Nous sommes
en 2002, dans les bureaux des RG d'une grande métropole. Leur
avis est formel : « le document est authentique, votre
correspondant a sans doute eu accès à un document
classé Secret Défense ». Dont acte !
Georges Tranchant mêle soit le faux et le vrai pour brouiller
les pistes dans le monde de l'ufologie, soit il a un accès
direct à une ou plusieurs sources fiables qui lui font
confiance. Dans tous les cas il a mis le doigt sur
« quelque chose ».
Voilà la fameuse « note
du S.G.D.N. », qui n'est qu'un texte personnel de
Couten sur l'interprétation « ufologique »
des services du S.G.D.N. En bref, dans la logique de Troadec, puisque
Couten connaissait les adresses et téléphones personnels
des chefs des différents services du S.G.D.N., c'est qu'il avait
eu accès à un document Secret défense !
Canuti ajoute pour sa part prudemment :
Il semble utile de rappeler que notre propos n'est pas d'affirmer que
ces témoignages sont la preuve d'un complot gouvernemental, en
l'occurrence français, veillant à dissimuler des preuves
décisives du phénomène ovni.
...
Il faut cependant en conclure que l'Armée de l'Air
française ne semble pas s'être signalée par une
politique de communication plus démocratique que son homologue
américain.
Il note ensuite que le Cnes dépend fortement de l'Armée,
et conclut que le choix n'était pas le plus rationnel pour
assurer la mission de communication et de recherche que s'était
donnée auprès du public le Gepan.
Ensuite, il parle des ovnis et des sites nucléaires
français, citant notamment « l'Opération
Rapa-nui » montée en 1985 par Jimmy Guieu pour
surveiller le plateau d'Albion, où d'après ses sources des
ovnis étaient observés à chaque fois qu'un silo de
missile était ouvert.
Canuti ajoute tout de même :
Autant l'affirmer d'emblée, nous n'apportons pas le moindre
crédit aux récits débridés de Jimmy Guieu
au sujet des « petits gris » kidnappeurs qui
hanteraient les sous-sols du Plateau.
En fait, Jimmy Guieu était prêt à croire n'importe
qui lui racontant une histoire extraordinaire, et il avait manifestement
été victime d'un mythomane (il y en a à
l'armée comme partout) dans cette histoire d'ovnis au plateau
d'Albion. J'ai moi-même participé à quelques
soirées d'observation organisées par Jimmy Guieu et le
CEOSE (Commission d'étude Ouranos sud-est) sur le plateau
d'Albion, où rien d'étrange n'a jamais été
observé. Canuti cite pour sa part le témoignage de Gilbert
Attard qui au cours d'une de ces veillées avait observé un
nuage bizarre resté stationnaire pendant plus d'une heure, mais
ce genre de nuages n'est pas rare dans cette région
montagneuse : j'en ai moi-même observé un alors que je
participais à une soirée d'astronomie à
l'observatoire Sirene, construit sur un ancien silo de missiles à
Lagarde d'Apt, qui est resté parfaitement stationnaire et sans
changer de forme pendant plus de trois heures.
Canuti note pour cautionner tout de même les informations de Jimmy
Guieu que cette histoire venait bien avant que ne soient connues celles
des « désactivations » de missiles
américains par des ovnis, mais c'est faux : ces histoires
américaines ont bien été popularisées
à la suite de la publication du livre de Robert Hastings UFOs & NUKEs
en 2008, puis de la conférence de presse qu'il a organisée
avec de nombreux témoins aviateurs et militaires en 2010, mais le
cas de Malmstrom, en particulier, avait été
rapporté dès 1973 par Raymond Fowler.
Il mentionne ensuite brièvement deux études statistiques
qui semblent montrer un lien entre ovnis et nucléaires :
Celle, américaine, de Donald Johnson, qui compare simplement le
nombre d'observations rapporté dans les comtés (une
division du pays beaucoup plus petite que les États)
possédant des installations nucléaires, et dans le
même nombre de comtés équivalents (en population et
en localisation géographique) ne possédant pas de telles
installations. Le résultat est une nette
« préférence » pour les premiers.
L'étude est intéressante, mais on lui a reproché de
reposer sur le catalogue Ufocat qui de l'avis général
contient énormément d'observations bien identifiables. Les
résultats pourraient donc indiquer une plus grande
facilité à rapporter des observations à
proximité d'une installation nucléaire, plutôt
qu'une réelle préférence des ovnis pour ces
installations.
La seconde, française, est celle de Jean-Jacques Velasco, qui a
prétendu prouver dans son livre Ovni : l'évidence
une corrélation très significative entre le nombre
d'observations radar-optiques d'ovnis et le nombre d'essais
nucléaires. J'ai déjà largement exposé les
énormes failles de cette étude dans ma
critique de ce livre, vous pouvez vous y référer
pour les détails mais en résumé on y trouve surtout
les preuves que Jean-Jacques Velasco est totalement ignorant en
matière de statistiques : il a commis des erreurs
énormes, une des courbes est pour une raison mystérieuse
décalée d'un an si bien que bon nombre de
« pics » d'observations correspondent à des
« creux » d'essais nucléaires contrairement
à ce qu'il prétend... En fait, tout ce que cette
étude met en évidence c'est que l'usage des radars s'est
développé en même temps que les essais
nucléaires, ce qui est bien normal puisque les deux ont
été poussés par la seconde guerre mondiale !
Et toutes ces « évidences » du lien entre
ovnis et nucléaire amènent Canuti à la
dernière péripétie française dans ce
domaine, la vague de survols des centrales nucléaires par de
prétendus « drones » que beaucoup
d'ufologues préfèrent considérer comme des ovnis.
Drovnis et autres « grands deltas noirs » sur
les centrales nucléaires
Le titre même du chapitre, les Drovnis et autres
« grands deltas noirs », sent
déjà l'arnaque, puisqu'on ne connaît pas un seul
témoignage de « grand delta noir » pour
cette vague ! Il est vrai qu'on n'a pratiquement aucune
description, du fait que toutes les observations ou presque
relèvent des services de sécurité des centrales
et n'ont pas été publiées... Les seules
descriptions que l'on a concernent un classique drone quadrirotors vu
par la gendarmerie interne de la centrale de Golfech, et un objet en
forme d'avion (et qui en était vraisemblablement un)
décrit le même jour par un témoin civil... C'est
tout, il n'a autant que je sache jamais été question
d'un « triangle » dans toutes les observations
rapportées pendant la vague de survols de 2014/2015...
D'ailleurs, Canuti en cite pas mal, et vous ne trouverez pas une seule
occurrence du mot « triangle » ou
« delta » dans toute la partie relative à
cette vague. Donc, associer ces « drovnis » aux
« deltas noirs » relève
déjà du fantasme !
Passons à l'introduction de ce chapitre :
Entre septembre 2014 et février 2015, une vague
étrange d'ovnis d'un nouveau genre va se produire en France
et n'a toujours pas reçu d'explication conventionnelle
à ce jour. Au sens strict du terme, ce sont bien des ovnis
qui vont être signalés au-dessus de centrales
nucléaires mais aussi au-dessus d'autres sites sensibles
comme ceux de la firme Areva ou du CEA (Commissariat aux
Énergies Atomique et aux énergies alternatives)
à Saclay (Essonne), même si l'irruption des drones
grand-public s'imposa naturellement comme l'hypothèse la plus
plausible. C'est au contact des différents récits des
témoins que va s'opérer un glissement
sémantique qui sera à l'origine des mystérieux
« drovnis », terme dont l'ufologue Claude
Lavat fut l'inventeur lors d'un entretien donné à
l'antenne de BTLV en octobre 2014.
Effectivement « l'irruption de drones grand public s'impose
naturellement comme l'hypothèse la plus plausible »
pour ce qui concerne les véritables aéronefs non
identifiés, et c'est clairement ce que tout le monde pense
à part une poignée d'ufologues, même si on
s'interroge sur l'identité et les motivations des pilotes de
ces drones... Quant au « glissement
sémantique » vers le terme
« drovni », il n'est pas dû aux
témoins, que pour la plupart on ne connaît pas, mais
à des ufologues qui prennent leurs rêves pour la
réalité...
Canuti passe ensuite en revue les survols qui ont eu lieu, en
recopiant pour une bonne part les résumés du tableau
récapitulatif d'Arcadya du forum les Mystères des
Ovnis, sans jamais faire la moindre vérification sur ce qui a
été écrit... Ainsi, il reprend la façon
plus que fantaisiste dont Yannick Rousselet de Greenpeace a
raconté le survol de Flamanville :
À Flamanville, ce sont deux drones qui se signalent durant
45 minutes, non seulement au-dessus de la centrale puis se
déplaçant vers l'établissement Areva de la
Hague et le centre de stockage de la Manche. Cette observation
aurait été documentée en photo et vidéo
par des employés de la centrale et des gendarmes sur place.
Deux hélicoptères tenteront en vain de prendre en
chasse le phénomène.
En réalité il n'y a eu que deux observations
brèves à 45 minutes d'intervalle, personne n'a rien vu
du côté d'Areva à la Hague, et il n'y a eu aucune
poursuite d'hélicoptères, ça fait quand
même beaucoup de sottises en quelques lignes !
Il reprend aussi l'information sur le survol supposé à
la base d'Istres, où un drone aurait été vu par
un fort mistral et où un hélicoptère aurait
décollé immédiatement pour l'intercepter, sans
succès... Mais il ne précise pas les gros doutes que
l'on peut avoir sur ce témoignage unique, alors qu'il y avait
des milliers d'employés sur la base dont huit en poste de vigie
à la tour de contrôle, et que personne d'autre n'a rien
vu...
Et il ne mentionne jamais que bon nombre d'observations ont
été plus tard identifiées comme des
méprises avec des avions, y compris pour des cas qu'il a
cités (Cattenom le 14 octobre et Gravelines le 19).
Il fait grand cas aussi de l'observation du témoin Marc T.
à Dunes, près de Golfech, sans préciser bien
sûr que ce même témoin a ensuite
déclaré avoir tourné deux vidéos d'autres
« drovnis » qu'il aurait vus dans les jours qui
suivent, et a choisi de disparaître lorsqu'on a commencé
à lui poser des questions un peu gênantes dans le forum
Mystère des ovnis où il s'était signalé,
un forum qui n'est pourtant pas connu pour être un repaire de
sceptiques inquisiteurs !
Il critique ensuite le Geipan pour son « refus poli
d'enquêter »... Mais le Geipan n'a rien refusé
du tout, simplement en l'occurrence il n'avait pas plus d'informations
que les ufologues, et lui n'en profite pas pour fantasmer !
Il parle ensuite du cas de l'Île Longue, où il ne s'agit
pas d'une centrale nucléaire mais d'un site abritant des
sous-marins nucléaires, qui a été signalé
à peu près de la même manière que les
survols de centrales :
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Détection de drones à proximité d'un site
militaire le 29 janvier 2016 à Brest
Au cours de ces derniers jours, des drones ont été
détectés à proximité du site de
l'Île Longue par les dispositifs et les équipes de
protection du site.
Ces détections ont été immédiatement
traitées en mobilisant les moyens et les équipes de
réaction prévus dans ce cas de figure.
Ces vols de drones n'ont pas présenté de menace
caractérisée sur la sûreté des
installations.
Tout survol avéré de drone au-dessus d'installations
militaires fait l'objet d'une procédure judiciaire pour
déterminer la nature et l'origine du survol et poursuivre
leurs auteurs, compte tenu de la nature illégale de ces
activités.
Le dispositif de surveillance et protection des sites de la Marine
permet de garantir leur sécurité et prend bien en
compte les potentialités ouvertes par les nouvelles
technologies.
Un porte-parole de la marine indiquait en outre que ces vols
s'étaient produits dans la nuit du 26 au 27 et le 27, et qu'il
ne disposait « d'aucune preuve tangible » dans
la mesure où les drones n'ont pas été
retrouvés.
Le fait est qu'immédiatement il y a eu une grande agitation aux
abords de la base, avec des survols d'hélicoptères et de
nombreuses patrouilles à Brest et autour de toute la rade.
Mais comme d'habitude, on ne savait pas trop si les survols
s'étaient vraiment produits au-dessus des installations
militaires, ou simplement dans la zone interdite qui couvre Brest,
toute la rade et la presqu'île de Crozon, et derrière la
baie de Douarnenez.
Site nucléaire de l'Ile Longue : survols de drones
non avérés
Les suspicions de vols de drones début 2015 à
proximité du site nucléaire de l'Ile Longue, dans la
rade de Brest, n'ont pas été avérées,
a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Quimper.
« Le plus souvent on était sur des objets
parfaitement identifiés, des hélicoptères, soit
militaires soit civils, ou des vols civils », a
indiqué le procureur de la République à Quimper
Thierry Lescouarc'h, chargé des différentes
enquêtes ouvertes à la suite de ces alertes, une dizaine
au total en deux jours.
« Il y a eu un seul vol qui n'a pas été
identifié », a-t-il précisé, ajoutant
cependant ne pas avoir eu de certitude sur le fait qu'il s'agissait
d'un drone et avoir classé le dossier « pour
cause d'infraction insuffisamment caractérisée ».
« On n'a pas eu de vol avéré de drone
au-dessus de l'Ile Longue », a également
assuré le capitaine de frégate Louis-Xavier Renaux,
porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique, disant
se baser sur les conclusions des analyses techniques internes
menées à la suite de ces alertes.
Et voilà, encore une affaire qui s'est largement
dégonflée... Un seul vol non identifié, qui
pourrait être vraiment lié à un drone civil ayant eu
tout le temps de disparaître dans la vaste zone interdite avant
que les recherches ne soient déclenchées. Et à ceux
qui s'étonneraient que des militaires aient pris des avions et
des hélicoptères bien identifiables pour des drones,
ça n'a rien d'anormal : quand tout le monde est sur les
dents pour rechercher un drone qui a été vu initialement,
il est normal que le moindre groupe de lumières clignotantes dans
le ciel soit pris pour ce drone ! Et sur un site aussi sensible,
les militaires préfèrent avoir dix fausses alertes que
laisser passer un incident réel !
Mais bon, on est libre d'imaginer que le Procureur de la
République de Quimper est un vendu ou aurait lui-même
été abusé pour protéger la population de
l'horrible vérité... Par contre, ne pas mentionner cette
information tout de même importante dans un livre consacré
au phénomène, c'est soit de l'ignorance soit de la
mauvaise foi, et dans les deux cas ça n'est pas sérieux de
la part de quelqu'un qui se prétend historien !
Plus loin, il cite les âneries de Christian Comtesse sur les
performances impossibles de ces supposés drones : ceux qui
ont prétendument été vus par des vents de
70 km/h et sous une pluie battante, qui auraient circulé
entre Flamanville et la Hague sur 18 km, etc... On a vu que tout
cela était simplement imaginaire... Quand un auteur qui ne
vérifie jamais rien cite un ufologue qui ne vérifie jamais
rien, on est sûr que le mythe va se propager !
Et il conclut sur cette vague de
« drovnis » :
Il semble raisonnable d'imaginer que des drones soient à
l'origine d'une part non négligeable des observations. Ils ont
pu être pilotés par des puissances
étrangères quoique l'argument de l'espionnage paraisse
pour le moins improbable, les technologies de nos centrales
nucléaires étant connues et exploitées par de
nombreux pays.
L'État a pu aussi lui-même tester ses défenses
stratégiques avec des aéronefs furtifs mais il se serait
mis en faute au moindre problème, courant de grands risques et
inquiétant inutilement la population pour un
bénéfice mineur : observer et évaluer la
mise en œuvre par les équipes civiles et militaires des
protocoles de sécurité ?
La chose paraît pour le moins improbable.
On ne sait pas comment il est passé en quelques pages des
« drones grand public » comme hypothèse la
plus plausible à celle de « drones pilotés par
des puissances étrangères » ou
« d'aéronefs furtifs »
contrôlés par l'État, qui sont effectivement
beaucoup moins crédibles !
Et plus loin :
Définitivement, certains drovnis ressemblent traits pour
traits à d'authentiques ovnis, un phénomène se
manifestant dans le cadre d'une vague, immobile ou filant dans le
ciel, évoluant par des conditions climatiques incompatibles
avec une sortie et les déplacements rapportés par les
témoins, des objets dépourvus de bruits et que les
hélicoptères militaires ou les équipements de
brouillage et de radars ne parviennent pas à contrarier...
Sauf que tout cela est en grande partie imaginaire !
Eu égard au caractère élusif du
phénomène et à sa capacité à se
jouer des formes et des apparences, on peut raisonnablement envisager
un phénomène résiduel constituant une authentique
anomalie, opportunément masqué par une non moins
authentique campagne de survol de nos centrales par des drones.
Le fameux « phénomène résiduel
constituant une authentique anomalie » que Canuti trouvera
dans n'importe quelle vague d'observations, en gobant sans aucune
vérification toutes les foutaises répandues par ses
comparses... Ici, le phénomène n'a pas du tout fait preuve
« d'élusivité », puisqu'on sait que
bon nombre de photos et vidéos ont été prises,
simplement du fait que la plupart des témoins sont soumis au
secret défense rien n'a été publié...
Quelques informations filtrent maintenant au sujet des instructions
judiciaires qui ont été menées, qui vont toutes
dans le sens d'une vague de survols largement surestimée, avec
beaucoup de confusions avec des avions, mais les ufologues mettent ces
informations en doute parce qu'elles ne correspondent pas à leurs
attentes !
Avec l'épisode du 5 novembre 90, l'hypothèse est
parfaitement recevable.
Bien sûr, puisque pour le 5 novembre 90 dont nous allons
reparler il a fait exactement la même chose, voir des
« anomalies » dans des faits inventés par
des ufologues !
L'avion furtif triangulaire fut le paravent parfait en 1990,
là où le drone apparaît comme l'objet idéal
des temps présents pour un phénomène ovni
caractérisé par sa capacité à interagir en
profondeur avec nos consciences, à se dissimuler tout en
signalant sa présence.
Euh là il mélange la vague du 5 novembre 90,
expliquée par une rentrée atmosphérique, avec la
« vague belge » qu'une revue en mal de
sensationnel a prétendu expliquer par l'avion furtif F-117... Une
hypothèse qu'aucun ufologue ayant étudié la vague
n'a pris au sérieux, et qui ne doit sa popularité
qu'à celle de la revue qui l'a publiée, Science & Vie.
Ensuite, il rapporte une observation de « grand delta
noir » trouvée sur le net parce que ça ferait
désordre qu'il n'y en ait pas un seul dans un chapitre sur les
« grands deltas noirs » ! Il s'agit du cas du
4 mai 2016 à Challex, à la frontière de la
Suisse, enquêté
par Daniel Robin, auteur justement d'un
livre consacré aux « triangles dans la
nuit ». Une observation assez banale d'un immense
« triangle noir » se dirigeant comme par hasard
vers l'aéroport de Genève, qui pourrait être un peu
convaincante s'il ne s'agissait pas d'un témoignage unique (le
témoin circulait en voiture avec sa compagne, mais il l'a
quittée depuis et on n'a donc pas son témoignage)
rapporté après trois ans. Et puis l'observation serait
liée au nucléaire puisqu'elle a eu lieu tout près
du L.H.C. (Grand collisionneur de hadrons, du CERN)... Notons que
ça n'est pas difficile à la frontière Suisse
d'être près de cet accélérateur de particules
de plus de huit kilomètres de diamètre ! Là,
l'observation a eu lieu à 7 km de Meyrin qui abrite les
principales installations du L.H.C., c'est à peu près
aussi loin que Genève... Et ce cas est donc tout ce que Canuti a
trouvé comme lien entre les « grands deltas
noirs » et le nucléaire pour justifier le titre de son
chapitre !
Il en vient ensuite à l'affaire de Fessenheim, autre cas reposant
sur un témoignage unique et en plus cette fois anonyme... C'est
après que l'annonce classique d'un survol d'une centrale par un
« aéronef » eut été
diffusée dans les réseaux sociaux par une association
antinucléaire, que Jean-Claude Bourret a reçu via Facebook
le récit d'un témoin se présentant comme un
gendarme du Peloton de gendarmerie de la centrale, qui aurait avec six
autres témoins appartenant au même peloton ou aux services
de sécurité assisté à un véritable
carnaval d'ovnis de toutes formes (il y avait même dans le tas,
pour une fois, un « triangle » !), dont il
posséderait une vidéo de huit minutes. Mais bien entendu,
lorsque cette formidable observation a été diffusée
dans la presse, le « témoin » s'est
complètement évaporé, et personne ne l'a jamais
retrouvé, pas plus que les autres ou la vidéo. Et Canuti
ajoute des inventions de son crû sur le témoin introuvable
qui aurait été « assez vite
démasqué par sa hiérarchie et promptement
muté sur d'autres missions ».
Canuti termine enfin par la vague d'ovnis dans le Loiret qui a eu lieu
en 2018 :
En septembre et octobre 2018, plusieurs centaines de témoins
vont faire état, dans la région du Loiret et notamment
à proximité immédiate de la centrale
nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), de curieux
phénomènes observables principalement à l'aube ou
à la tombée de la nuit, ayant l'apparence de boules de
lumière très intenses et de formes triangulaires, se
déplaçant par groupes de 3 ou 4 et perçues comme
étant solidaires, « comme si un fil invisible les
reliait ».
Ce qu'il ne précise pas, c'est que ces plus de 200 témoins
se sont manifestés à la suite de deux appels à
témoins parus dans
le journal local, la République du Centre, les
11 et 14 octobre 2018... Et comme à chaque fois qu'un tel
appel est lancé il en est résulté de nombreux
témoignages très disparates où les
« grands deltas noirs » ne sont pas
majoritaires... Il est clair que beaucoup concernent des lanternes
thaïlandaises, et bien peu se situent près de la centrale
nucléaire de Saint-Laurent-les-Eaux... D'ailleurs les deux
témoins cités par Canuti se trouvaient à plus de
30 km de la centrale, une distance plutôt moyenne
à l'échelle d'un département !
Le journaliste précise, après le récit le plus
fantastique : Son témoignage est le seul du genre.
Édifiant au point que l'on comprendra aisément que
beaucoup ne lui apportent que peu de crédit. Il n'en demeure
pas moins que la sincérité de K. transparaissait dans sa
voix, ses tremblements et interrogations. Précisons seulement
que K. n'est pas la première personne à évoquer
un triangle dans la nuit. Les témoignages sont certes rares
à l'échelle du Loiret, mais ils existent.
C'est formidable, sur plus de deux cents témoignages, il y en a
quelques-uns, « certes rares mais ils existent »,
qui évoquent des « triangles dans la
nuit », quelques autres qui font référence
à la centrale nucléaire (essentiellement un qui
présente des photos de « boules blanches »
au-dessus de la centrale qui ont toutes les chances d'être des
trucages), c'est bien la preuve qu'il y a un lien entre les
« triangles noirs » et les centrales
nucléaires !
Deuxième partie : du Gepan au Geipan
Canuti nous parle ensuite des premiers responsables du Geipan...
D'abord Claude Poher, qui s'est fait connaître par son
« étude statistique des rapports d'observations du
phénomène ovni » en 1971, et qui a usé
de toute son influence politique pour que le Gepan soit
créé en 1977. Poher a mis en place beaucoup de choses, et
a tenté sans grand succès un rapprochement avec les
associations ufologiques. Il a quitté le Gepan après
seulement deux ans, officiellement pour un voyage autour du monde et
officieusement parce qu'en partisan convaincu de l'hypothèse
extraterrestre il aurait voulu que le Gepan se lance notamment dans des
recherches sur le mode de propulsion des ovnis, et que tout le monde au
Cnes n'était pas prêt à le suivre dans cette
voie !
Le second est Alain Esterle, jeune polytechnicien, plus
pondéré, qui a affiné les méthodes
d'enquête mais n'a pas pour autant abandonné l'idée
de recherches scientifiques pluridisciplinaires. C'est du reste en
voulant mener des recherches en M.H.D. tout en se passant du concours de
jean-Pierre Petit, jugé incontrôlable, qu'Esterle s'est
lui-même sabordé dans un échec retentissant...
Canuti répète dans ce chapitre l'opinion pas
forcément très objective de Petit, que « la
fonction du Geipan était de capter les idées et les
travaux scientifiques issus du secteur civil, au profit de la recherche
militaire ». Canuti considère aussi qu'Esterle avait
entamé un tournant du Geipan vers le scepticisme... C'est
très exagéré, simplement le mouvement des
« nouveaux ufologues » adeptes de
l'hypothèse socio-psychologique se répandait depuis les
livres de Monnerie puis de Barthel et Brucker, et le Gepan ne pouvait
pas les ignorer même si ça dérangeait beaucoup
d'ufologues « traditionalistes ».
Et on en arrive donc en 1983 à l'ère longue et cahotique
de Jean-Jacques Velasco, qui s'occupait auparavant des enquêtes
sur le terrain. Avec des moyens aussi réduits que son bagage
scientifique (il n'était que technicien supérieur en
optique, promu ingénieur par promotion interne), Velasco a tant
bien que mal fait survivre le Gepan en faisant un véritable
travail de propagande.
Et c'est ainsi que, pour se donner un peu plus de respectabilité
dans le milieu scientifique, le Gepan est devenu le Sepra, Service
d'expertise des phénomènes de rentrées
atmosphériques. Velasco avait probablement dû choisir comme
le note Canuti entre cela ou la fermeture... Le service continuait
à s'occuper d'ovnis, mais l'activité était
reléguée au second plan après l'étude de
phénomènes bien identifiés. Et ça lui a
plutôt réussi au début, puisqu'immédiatement
après « son » identification de la
rentrée du 5 novembre 1990, qui paraissait de prime abord
comme une preuve de compétence, le
Parlement européen envisageait d'étendre les
compétences du Sepra à l'Europe, ce qui tentait bien
évidemment Velasco. Canuti s'étend assez longuement sur
cet épisode.
La vague du 5 novembre 1990
Il en vient ensuite à cette « vague » qui a
fait couler beaucoup d'encre, qui lui tient à cœur puisqu'il a
fait des conférences dessus (il aime bien faire des
conférences sur des sujets qu'il ne connaît pas). Nous
avons eu des discussions animées à ce sujet sur la liste
Magonie, que j'ai résumées à
la fin de mon dossier sur les quelque 50 observations
jugées irréductibles à la rentrée
atmosphérique par Joël Mesnard. Ça l'avait du reste
beaucoup contrarié, puisqu'il était allé
jusqu'à me menacer de procès si je ne retirais pas ce
texte et toute mention de son nom de mon site ! Ce que je n'ai bien
évidemment pas fait, puisque ce que j'ai fait n'a rien
d'illégal (il faut n'avoir rien compris aux listes de diffusion
pour croire qu'elles peuvent être assimilées à de la
correspondance privée), n'est pas contraire à la
« nétiquette » ni aux règles de la
liste puisque rien n'était indiqué à ce sujet.
Bref, encore un de ces procédés nauséabonds de
Canuti pour tenter d'interdire toute critique de ses écrits.
Sachant qu'il préparait le deuxième volume de son livre
sur l'histoire de l'ufologie française dans lequel il allait
parler de cette vague, je concluais mon résumé par :
On peut certes espérer qu'il fera preuve de plus de rigueur
dans son livre que dans une liste de diffusion où on
répond quelquefois sans trop prendre le temps de chercher, mais
ce qui est remarquable c'est que de mémoire Canuti accumule des
erreurs énormes qui vont systématiquement dans le sens
de la « soucoupisation »... Ça nous
permet d'émettre quelques doutes sur l'agnosticisme et la
neutralité dont il ne cesse de se réclamer
fièrement !
Et donc ça y est, on peut voir le résultat, dans les plus
de cinquante pages qu'il consacre à cette vague (un
sixième de son livre)... Rien de bien nouveau sur le fond, mais
par contre je n'imaginais pas qu'il pourrait aller aussi loin dans la
bassesse à mon encontre... Plagiat, mensonges
éhontés, absence de toute citation, on va voir que rien ne
l'arrête.
Voyons le début ;
On ne saurait que très peu de choses des
événements du 5 novembre 1990, malgré des
erreurs méthodologiques bien compréhensibles, sans les
efforts d'ufologues qui vont refuser de s'en tenir à la
thèse officielle, parmi lesquels Franck Marie de l'association
Banque Ovni et Joël Mesnard et son réseau de
correspondants de la revue LDLN. Cet événement
ufologique majeur méritait bien un chapitre, en contrepoids de
toute la prose sceptique rationaliste qui aura, constamment dans cette
affaire, usé de raccourcis censément
hypothético-déductifs, estimant que toute
élucubration pour peu qu'elle soit conventionnelle, vaut pour
vérité scientifique.
Je trouve assez hallucinant que les erreurs méthodologiques
soient qualifiées de « bien
compréhensibles » de la part d'un organisme
d'état censé expertiser les rentrées de satellites,
au sein d'un organisme prestigieux spécialisé dans
l'espace ! Et Canuti oublie aussi de préciser que la
« prose sceptique rationaliste », la mienne
essentiellement, contient les seules informations correctes que l'on
trouve dans le monde ufologique sur la rentrée
atmosphérique du 5 novembre 1990. Il les reprend d'ailleurs,
en recopiant textuellement des parties complètes de mes textes
sans avoir la décence de me citer !
De même, pour les cas qu'il détaille, il conclut par une
phrase lapidaire et souvent mensongère supposée
refléter l'opinion « des sceptiques »,
en l'occurrence moi puisque je suis à peu près le seul
à m'être attelé à une discussion
détaillée au cas par cas.
Les faits rapportés au travers des quelques dizaines de cas
connus qui résistent à l'explication de la
rentrée atmosphérique enregistrée ce
soir-là sont exceptionnels, énormes, par leur nature
comme souvent par leur dimension même. L'effet qu'ils ont induit
sur les hommes comme sur l'environnement, leur étrangeté
et la tranquille majesté de ces phénomènes
— impression qui sera rapportée par de nombreux
témoins — font de cette micro-vague du 5 novembre 90
un événement à haut indice
d'étrangeté.
Nous allons tâcher de démontrer, au regard des cas les
plus significatifs, que se sont superposées à une
authentique rentrée atmosphérique, des observations
exotiques qui ne peuvent être expliquées de façon
conventionnelle. Qu'une forme d'intelligence ait estimé que
cette rentrée atmosphérique serait la
« couverture » idéale pour se produire
dans les cieux paraît, du reste, être une hypothèse
parfaitement recevable et dont on trouve la trace à d'autres
époques, comme nous le verrons plus loin.
C'est une hypothèse tout à fait recevable à
condition qu'il y ait bien une « anomalie » !
Il nous parle ensuite du contexte de cette vague : juste
après la « vague belge » de 1989/1990 qui
reste un événement marquant de l'ufologie. Mais la
discussion ne se résume pas comme semble le croire Canuti
à opposer les défenseurs du « triangle
belge » archétypal, se déplaçant
lentement ou en sur-place, en silence et à basse altitude,
à ses négateurs qui l'identifieraient au F-117,
hypothèse unanimement rejetée qui ne doit sa
notoriété qu'à la revue qui l'a défendue (Science & Vie).
Et la vague aurait aussi
« préfiguré » celle de Phoenix le
13 mars 1997, que Canuti résume ainsi :
5 lumières disposées en un « V »
gigantesque, comme suspendues dans le ciel [...] Plusieurs
témoins observèrent ces mystérieuses
lumières, certains témoignant, comme pour le
5 novembre, du passage à très faible altitude de
gigantesques superstructures, des films amateurs sont même
tournés. Le gouvernement américain et l'État de
l'Arizona soutiendront qu'il s'agissait de torchères
lancées par l'Armée.
Un résumé complètement absurde, puisqu'il y a eu
deux événements très distincts ce soir-là
à Phoenix : un ensemble de lumières en V qui a
traversé l'état du nord au sud, en passant au-dessus de
Phoenix vers 20 h 30, et deux heures plus tard des
lumières alignées qui sont apparues une à une et
sont restées stationnaires quelques minutes en direction de
l'ouest de la ville. C'est ce deuxième événement
qui a fait l'objet de plusieurs vidéos et a été
expliqué par des fusées éclairantes militaires, ce
que pratiquement personne ne conteste. Quant au premier, l'explication
évidente mais pas prouvée, partagée par tous les
sceptiques et par bon nombre de non sceptiques, est qu'il s'agissait
d'une formation d'avions passant à haute altitude avec leurs feux
d'atterrissage allumés. Et il y a effectivement de grosses
similitudes avec le 5 novembre, puisque dans les deux cas la
plupart des témoins ont cru avoir affaire à un objet
unique volant à basse altitude, et qu'une minorité des
observateurs ont cru distinguer une « forme
noire » (triangulaire pour les uns, en chevron pour les
autres) dans le noir de la nuit... Et aussi bien sûr l'habituel
« étalement » de la vague, et quelques
« anomalies » mentionnées dans une petite
minorité de cas.
Et puis, il parle du contexte politique, avec la préparation de
la première « guerre du Golfe » qui rendait
les militaires très sensibles.
Et il nous résume ce qui s'est passé ce soir-là,
pour des milliers de témoins, et comment le Sepra a
réagi :
L'hypothèse qui va vite s'imposer, celle de la rentrée
atmosphérique d'un troisième étage de
fusée russe Proton, visible en France selon un axe Bordeaux
à Strasbourg, est en fait parvenue au SEPRA d'une pointure de
l'astronomie amateur, Pierre Neirinck.
C'est bien le cas, mais curieusement Canuti ne parle pas de
l'énorme erreur du Sepra sur la trajectoire (laquelle ne
provenait ni de Pierre Neirinck ni de la Nasa), erreur que le Sepra n'a
jamais reconnue (le Geipan l'a fait 25 ans plus tard !) et qui
compte pour beaucoup dans les doutes des ufologues (et aussi dans
l'agitation des militaires) : il annonçait une trajectoire
Pau-Strasbourg, et non Bordeaux-Strasbourg (en réalité
Royan-Strasbourg comme l'indiquait Neirinck), soit plus de 200 km
d'écart dans l'ouest de la Fance !
Il s'étend par contre sur l'autre erreur grossière de
Jean-Jacques Velasco, qui a consisté à prendre des photos
des lumières clignotantes d'avions en longue pause pour
d'authentiques photos de la rentrée atmosphérique.
C'était effectivement un « aveu
d'amateurisme » (enfin aveu pas vraiment puisque Velasco
semble n'avoir jamais compris qu'il s'était
trompé !), mais bien moins révélateur de la
méconnaissance en matière de rentrées
atmosphérique que l'erreur de trajectoire, qui résultait
de la confusion entre inclinaison de l'orbite et inclinaison de la
trajectoire lors du survol de la France.
Pour le Cnes, l'affaire est entendue. Les observations du 5 novembre
renvoient au survol d'un nuage de débris d'un troisième
étage de fusée soviétique Proton à une
altitude de 90 à 50 km, à une vitesse
décroissante de 7 à 2 km/s (25000 à
7200 km/h). La distance du phénomène n'aurait pas
été inférieure à 200 km...
Là c'est un mélange : les 90 à 50 km
proviennent de la « nouvelle simulation » faite en 2015 (et
encore fausse, mais beaucoup moins que la
précédente) : l'altitude réelle,
mentionnée dès le début par Pierre Neirinck,
était de 110 à 80 km, et le ralentissement
très faible sur tout le territoire français ; quant
à « la distance du phénomène n'aurait
pas été inférieure à
200 km », on ne sait pas d'où il sort cette
ânerie, puisque si un phénomène passe à une
altitude de 80 km (ou pire 50) il sera à une distance de
80 km d'un témoin situé juste en dessous !
Ce serait sa puissance lumineuse qui l'aurait fait paraître
proche aux témoins, illusion classique.
Non, c'est plutôt la dimension angulaire extrême (de l'ordre
de 20°, plus ou moins selon la position des témoins) et le
déplacement de concert des différentes lumières,
les témoins ne pouvant pas imaginer qu'il puisse s'agir d'un
« objet » passant à quelque 200 km
d'eux en moyenne, ayant donc une dimension d'une centaine de
kilomètres !
Le phénomène a survolé la France durant deux
minutes environ entre 18 h 59 min 40 secondes
et 19 h 01 min 20 secondes et a pu être
visible à grande distance, malgré une couverture
nuageuse présente sur certaines zones qui a pu raccourcir
certaines observations, l'étendue du phénomène
dans les hautes couches de l'atmosphère étant
significative et la luminosité suscitée par la
rentrée se rapprochant d'un dixième de la pleine lune.
Rien à dire là-dessus, puisqu'il s'agit d'informations
qu'il a trouvées sur notre site. À ma connaissance je suis
le seul à avoir donné une estimation de la
luminosité moyenne de cette rentrée, en calculant
l'énergie cinétique perdue, et trouvé le
dixième de celle de la lune.
La majeure partie des observations concerne la vision de points
lumineux, parfois ordonnés en forme de triangle. Il est
évident que ces observations renvoient à la
rentrée atmosphérique. Mais les cas les plus
déterminants sont des observations rapprochées de
très grosses structures, encadrées de feux lumineux,
parfois dans des directions contraires à la rentrée,
à une heure manifestement incompatible ou durant un temps
significativement trop long pour être réduits à
l'observation de la rentrée atmosphérique.
Ces cas représentent une anomalie irréductible à
un phénomène conventionnel.
Le problème, que Canuti préfère ne pas
évoquer, c'est que pratiquement TOUS les témoins de cette
vague, y compris donc ceux qui auraient assisté à la
rentrée atmosphérique, font état
« d'observations rapprochées de très grosses
structures » ! Et c'est aussi le cas de témoins
d'autres rentrées atmosphériques, ou de tout autre
phénomène à haute altitude impliquant un ensemble
de lumières dont la disposition ne varie pas beaucoup au cours de
chaque observation. La vision de « masses noires »
semblant porter cet ensemble de lumière ne résulte pas
seulement de l'illusion de contour, mais aussi de l'effet physiologique
du manque de récepteurs des lumières faibles (les
bâtonnets) au centre de notre rétine, qui entraîne la
disparition des étoiles de faible luminosité lorsqu'un
objet très lumineux que l'on suit du regard passe devant.
Quant aux « heures manifestement incompatibles »,
il y en a très peu, ou alors elles sont très incertaines
(un témoin dit des années après son observation
qu'il devait être « vers 19 h 15 ou
19 h 30 », et ça devient pour Canuti et
d'autres chantres de cette vague la preuve qu'il ne pouvait pas s'agir
de la rentrée atmosphérique qui passait à
19 heures précises !) Idem pour les durées, il
n'y a que 6% de témoins qui mentionnent une durée,
purement estimée, supérieure aux 4 minutes que
pouvait durer la rentrée atmosphérique vue dans des
conditions idéales (du début à la fin et avec un
horizon dégagé des deux côtés), et la
durée moyenne estimée par l'ensemble des témoins,
d'environ une minute et demie, est tout à fait vraisemblable.
Canuti en vient donc à la présentation de vingt cas qu'il
considère comme particulièrement représentatifs des
« anomalies ». Notons que comme bien d'autres, il
ne mentionne jamais la date du témoignage, comme s'il
considérait qu'un témoignage est aussi fiable quand il est
relaté 25 ans après l'observation que le
lendemain !
J'ai examiné la plupart des témoignages choisis par Canuti
dans mon long article sur
« les ovnis fabriqués par les ufologues »,
j'indique donc un lien vers la partie de cet article consacrée au
cas en question si vous voulez approfondir... Vous pourrez donc
décider laquelle de la version de Canuti ou la mienne est la plus
vraisemblable pour chaque cas. Il n'y a que trois observations qui ne
sont pas issues de ce dossier, pour lesquelles je mentionnerai les liens
d'origine.
Le témoin commence par observer sur un trajet d'une douzaine de
kilomètres, donc pendant une dizaine de minutes en roulant sur
une départementale, des lumières lointaines, très
bas dans le ciel et peu spectaculaires, qu'il perd de vue sur le dernier
kilomètre, donc pendant près d'une minute (Canuti omet de
signaler cette « coupure » dans l'observation)...
Et c'est ensuite qu'il voit le « phénomène
immense » lui passer « au-dessus »
quoique bas sur l'horizon d'après le dessin (dessin probablement
pas fait par le témoin et que Canuti choisit en introduction de
son livre), qui dure entre deux et cinq minutes et s'éloigne dans
la direction de la rentrée atmosphérique jusqu'à
disparaître.
Il y a donc deux phases très différentes et distinctes
dans cette observation, et j'ai supposé que la première
phase pouvait se rapporter à la vision d'une étoile
très brillante visible bas sur l'horizon
précisément dans la direction indiquée, et la
seconde phase à la rentrée atmosphérique
très déformée après cinq années
(l'immensité de la chose, le passage « à la
verticale », l'immobilité initiale, les rangées
de lumières parfaitement alignées, la disparition subite).
La rentrée atmosphérique était bien visible dans
les circonstances de l'observation pendant près de deux minutes,
et à une hauteur angulaire maximale de 26°.
Canuti conclut pour sa part :
À Sauzet, la hauteur angulaire de l'observation est trop
basse, l'observation dure beaucoup trop longtemps, les alignements
rectilignes de lumières, le déplacement puis la phase
immobile et enfin la disparition subite du phénomène
excluent clairement la rentrée atmosphérique, mais les
sceptiques y verront tantôt une étoile basse à
l'horizon (Arcturus, troisième étoile la plus brillante
du ciel à ce moment, se trouvait à 18 h 50
à un azimut 290° (ouest-nord-ouest) et une hauteur
angulaire de 8°) ou la rentrée atmosphérique
elle-même.
Pas l'une ou l'autre, l'une puis l'autre... Je n'ai pas compris en quoi
« à Sauzet, la hauteur angulaire de l'observation est
trop basse », et pour le reste oui ça arrive
qu'après cinq ans un témoin déforme
complètement son observation, et c'est inévitable que l'on
en trouve quelques-uns parmi les centaines de témoins du
phénomène de cette soirée... Et c'est bien de
quelques-uns qu'il s'agit, toujours des témoins uniques et qui
parlent pratiquement toujours comme ici après plusieurs
années.
Observation du capitaine du Chalutier Elvis, José Bal, qui se
trouvait à la barre pendant que le reste de l'équipage
dormait. Pour une fois, Joël Mesnard indique quand le
témoignage a été reçu, trois ans
après l'observation, mais Canuti ne recopie pas cette
information. Le début évoque tout à fait la
rentrée, avec une explosion vue au large dans la direction
où l'étage de fusée explosait, « comme
si c'était rentré dans l'atmosphère »,
puis deux boules de lumière qui en sortent et se transforment
à mesure qu'elles s'approchent en un ensemble de nombreuses
lumières prenant la forme d'un losange... C'est tout à
fait typique des observations sur la côte atlantique, mais
ensuite, cet immense losange lumineux aurait stationné pendant
plus de trois minutes juste au-dessus du bateau, avant de
s'éloigner en laissant derrière lui une
traînée blanche et de partir « d'un seul coup,
d'un mouvement terrible, cap nord-est, à une vitesse
incroyable »... Notons tout de même qu'il
n'était pas question de la « vitesse
incroyable » dans le premier récit du témoin,
pour un journal quelques jours après l'observation.
Canuti mentionne aussi, à la suite de Joël Mesnard :
À noter qu'à proximité de Belle-Île, au
sud de Quiberon (France), un journaliste nommé Jean-Marie
Biette se trouvait à bord de la vedette Elf-Aquitaine, venue
prendre en remorque le trimaran Jean Maurel. Biette et ses camarades
ont observé ce qu'ils ont décrit comme « un
engin passant au-dessus d'Hoedic », d'ouest en est. Les
témoins tournaient le dos au phénomène
observé par M. Bal.
Ils ont surtout observé un engin précisément dans
la direction de la rentrée atmosphérique, au moment
où passait cette rentrée et qui avait toutes ses
caractéristiques, comme c'est toujours le cas quand il y a
plusieurs témoins ! Et ils ne tournaient le dos à
l'objet observé au même moment par M. Bal que si cet
objet passait bien au-dessus de son bateau, plutôt que bas sur
l'horizon dans la direction où il portait son regard, celle de la
rentrée atmosphérique, dans la photo prise par
l'enquêteur de LDLN pour illustrer l'observation :
Canuti explique :
L'observation dans son intégralité à duré
entre 10 et quinze minutes, dont 5 minutes entre l'explosion
initiale et l'arrivée des lumières blanches au-dessus de
l'Elvis, et pas moins de trois minutes de stationnement du losange
au-dessus du bateau. Le témoin mentionne un départ
fulgurant vers le nord-est. Même si l'on fait abstraction de la
sensation de masse obstruant les étoiles (illusion de contour),
ces caractéristiques ne cadrent pas avec la rentrée
atmosphérique.
...
Pour les sceptiques, exagérations et
mésinterprétations expliquent le
phénomène.
Oui, et de son côté Canuti n'explique pas que le
témoin ait dit qu'il avait observé le
phénomène depuis la cabine du bateau jusqu'à ce
qu'il soit à la verticale du bateau, alors qu'on ne peut
guère voir à plus de 20° au-dessus de l'horizon depuis
cette cabine, qu'il se soit fait photographier pour illustrer
l'observation à l'avant de son bateau en regardant bas sur
l'horizon vers l'avant (précisément dans la direction
qu'avait la rentrée alors qu'elle passait au plus près)
plutôt qu'à la verticale où le
phénomène était censé se trouver, pourquoi
il n'a pas eu l'idée d'alerter le reste de l'équipage
alors qu'il aurait observé pendant dix à quinze minutes
(c'est long !) un phénomène immense qui serait
resté au moins trois minutes juste au-dessus du bateau, comment
il se fait qu'il n'ait pas observé la rentrée
atmosphérique alors qu'il était à la barre de son
bateau, allant dans la direction où cette rentrée passait
au plus près dans un ciel clair...
Alors bien sûr, on peut imaginer un phénomène
farceur qui manipule mentalement les témoins, on peut aussi
imaginer qu'on vit dans une matrice... Ou alors, on peut imaginer que
tous les témoins ne sont pas parfaitement fiables surtout quand
ils témoignant après trois ans ! Choisissez
l'hypothèse qui vous paraît la plus vraisemblable...
3. Le cas Cyrille T. Angers (Maine-et-Loire)
Cette fois le cas n'était pas dans la liste des cas
sélectionnés par Joël Mesnard et je n'en ai donc pas
parlé dans mon dossier, mais je l'ai fait à
la fin d'un article consacré au documentaire
« la Mystérieuse nuit des ovnis »
diffusé en 2015 sur la chaîne Numéro 23.
J''en avais parlé dans la liste Magonie que suit Thibaut Canuti,
il n'ignore donc pas que ce témoignage est très suspect,
mais il préfère le passer sous silence.
Le témoin, Cyrille Tavenard, a raconté pour la
première fois son extraordinaire observation après
24 ans, le 17 octobre 2014, à l'occasion du lancement
des « repas ufologiques de Nantes » dont il est le
fondateur.
On trouve parmi les détails extraordinaires de cette
observation :
Il y eut une panne de courant au fur et à mesure que l'ombre
avançait comme si les lumières dans les habitations, les
lampadaires le long de l'allée principale s'éteignaient
au même rythme que cette ombre avançait c'est ce qui m'a
surpris et c'est pourquoi je n'ai pas tout de suite regardé le
ciel.
.../...
Puis il y a eu les chiens du voisinage qui se sont mis à aboyer
si agressivement que cela m'a glacé le sang.
Pour qui connaît un peu l'ufologie, cette description des
lumières qui s'éteignent à mesure que l'objet
avance évoque exclusivement une observation bien connue, celle
de Tananarive en 1954, bien que ce détail n'ait
été rajouté que dans les versions tardives du
récit du témoin Edmond Campagnac (que Canuti avait
d'ailleurs repris dans le premier tome de son « Histoire de
l'ufologie française »), et pas dans sa
première version ni chez les autres témoins entendus plus
tard.
Et par une curieuse coïncidence, cette version
édulcorée de l'ovni de Tananarive était
répétée la veille du témoignage de Cyrille
Tavenard sur le groupe Facebook des Repas Ufologiques de Tananarive,
auquel il appartient !
Jugez vous-même de la ressemblance :
Plusieurs phénomènes physiques ont été
observés : tout d'abord, les témoins dans la ville
entière ont pu constater que les éclairages des
habitations s'éteignaient au moment où l'engin passait
précisément au-dessus d'eux, et se rallumaient
aussitôt derrière son passage.
Ensuite les habitants ont vite remarqué que les animaux
domestiques, les chiens dans toute la ville notamment, hurlaient
à la mort.
Cyrille a raconté son histoire à bien d'autres occasions,
plusieurs fois sur la chaîne O.D.H. TV, et même dans
l'émission Dites le à Baba de Cyril Hanouna le
22 février 2017, ce qui lui a valu d'être nommé
responsable de la communication sur les Repas ufologiques. Et à
chaque fois il rajoute à l'étrangeté de son
observation. Dans une interview d'O.D.H. TV, ce ne sont pas
seulement les lampadaires qui s'éteignent, ce sont les fusibles
qui ont sauté de partout, et le lendemain tout le monde dans le
quartier était occupé à changer les fusibles !
Ailleurs il dit qu'il a fait une autre observation plus tard, ailleurs
encore ça n'est pas lui mais sa mère qui a fait une autre
observation... Mais la version la plus extraordinaire est celle que
choisit Canuti, l'interview
par Daniel Robin sur Ovni-direct en 2016. Mais il oublie tout de
même de signaler les affirmations les plus extraordinaires, qui
font de Cyrille Tavenard un quasi-contacté :
Pour Cyrille il n'y a pas de doute, il y a eu une interaction
psychique entre lui et l'engin. C'est comme si ce dernier avait lu
dans ses pensées.
.../...
Au moment où la masse noire triangulaire passe au-dessus des
témoins, Cyrille éprouve la nette sensation qu'on lui
donne la possibilité de voir à l'intérieur de
l'engin. Il interprète ce fait en disant que c'était
comme si on lui accordait « une petite récompense ou
une faveur particulière ».
« C'était peut-être aussi pour me
rassurer », avouera-t-il.
Dans l'ovni il « voit » (vision à
distance dans la réalité psychophysique) trois
entités humanoïdes de petite taille
(1,20 mètre environ). Elles ont un corps frêle et
une grosse tête. Cependant, il ne distingue pas leur visage et
il est incapable de décrire leurs yeux. Deux des entités
semblent affairées sur ce qui ressemble à des consoles
ou à un tableau de commande du vaisseau. L'une des
entités se trouve à l'avant. Les trois êtres sont
absorbés par leurs tâches. « Peut-être
sont-ils occupés à piloter le vaisseau »,
remarque Cyrille.
Il est affirmatif : ce n'était pas des « petits
gris » comme ceux qui sont décrits habituellement
par les personnes dites « enlevées ». Il
est d'ailleurs dans l'incapacité de définir avec
précision les caractéristiques des entités. Ce
détail étrange semble indiquer que ses perceptions ont
été volontairement manipulées pour qu'il ne
puisse pas tout voir dans le vaisseau. C'est une interprétation
possible du flou qui entoure sa « visite » dans le
triangle, qui est certes autorisée mais dans certaines limites.
En revanche sa sœur n'a pas le souvenir d'avoir vu des entités.
.../...
« Pour moi c'est clair comme de l'eau de roche cette
mission. J'ai beaucoup changé depuis mon expérience.
J'ai compris que j'avais une mission qui est peut-être aussi une
nouvelle orientation de mon existence. C'est comme si j'étais
téléguidé vers un objectif. Tout cela n'est pas
le fruit du hasard. C'est très sérieux vous savez. Il ne
faut pas nier et taire son observation. Derrière ce que j'ai
vécu il y a un plan. Pour moi c'est évident. Je l'ai
nié jusqu'à présent, mais maintenant c'est
certain. Il ne faut pas taire son témoignage, c'est très
important de dire ce que l'on a vu », me confiera Cyrille.
Bref il est très rare que je considère qu'un témoin
délire complètement ou ment, mais ici c'est le cas (et je
penche pour la seconde hypothèse) !
Observation relatée trois ans après l'observation, mais
qui évoque tout de même plutôt bien la rentrée
atmosphérique, hormis les couleurs : deux faisceaux, un
cône blanc, un tronc de cône vert, une cloche rouge, des
lumières vertes et rouges, et un globe immense, vert jade, qui
pulse... Et une masse en « métal non
réverbérant sans contour définissable ».
Canuti note pour sa part :
Sans même s'arrêter sur la forme, la masse noire est ici
clairement perçue par le témoin et pourtant
dénuée des habituelles lumières clignotantes
typiques de la rentrée atmosphérique, ces indications
sont incompatibles avec l'hypothèse conventionnelle.
Il lui en faut peu pour trouver des incompatibilités avec
l'hypothèse conventionnelle... Les lumières sont vues
fixes et pas clignotantes (celles de la rentrée étaient
rarement vues clignotantes, on ne les voit pas du tout clignoter dans la
vidéo prise près de Colmar, juste quelques variations de
luminosité que l'on pourrait rapprocher de la
« pulsation » du « globe
immense » chez ce témoin de Linas), elles paraissent
diversement colorées, et le témoin
« perçoit clairement » une masse noire bien
qu'il n'en distingue pas les contours !
Les changements de direction de l'objet sont plus étonnants, mais
j'ai montré comment ils pouvaient être
corrélés aux virages du chemin que les quatre coureurs
suivaient, Canuti oublie évidemment de le signaler, se contentant
de conclure :
Pour les sceptiques, le fait que les trois autres témoins
n'aient pas prêté particulièrement attention au
phénomène et fini par admettre l'hypothèse de la
rentrée atmosphérique suffit à disqualifier le
témoin principal.
Disons que les sceptiques ne choisissent pas comme
« témoin principal » celui qui
décrit des choses extraordinaires quand les trois autres ne se
souviennent de rien de très remarquable, mais il n'est pas pour
autant « disqualifié ».
Voici comment je concluais pour ma part :
Bref nous avons là encore une observation évidente de
la rentrée atmosphérique, que les joggers ne pouvaient
d'ailleurs pas manquer, et un des témoins a fait une erreur
d'orientation tout à fait naturelle alors qu'il courait sur une
route sinueuse... Tout le reste n'est que fantasmes.
Et je précise bien que ces fantasmes sont essentiellement dans la
tête des ufologues, pas dans celle des témoins qui ne font
pour la plupart que de petites erreurs de perception ou de
mémoire banales, surtout pour des récits aussi
tardifs !
Pour une fois, c'est un témoignage recueilli seulement deux jours
après l'observation pour l'hebdomadaire l'Indicateur des
Flandres.
Suivons ce qu'en dit Canuti :
Une lumière qui scrute et éclaire le sol comme en plein
jour alors que la luminosité générée par
la rentrée était de l'ordre d'un dixième de la
pleine lune seulement...
Oui, la lumière qui éclaire les alentours comme en plein
jour, le vaisseau extraterrestre qui va à la vitesse de la
lumière, et « les voitures qui déboulent de
tous les chemins pour essayer de mieux voir » sur cette route
pratiquement déserte, pour Canuti ça ne donne pas
l'impression que ce sympathique boucher-charcutier a une certaine
tendance à l'exagération.
... la forme nette en triangle isocèle...
Je ne vois pas où il est dit que la forme était nette...
Il est dit qu'il s'agissait « d'un gigantesque triangle
isocèle qui se promenait dans le ciel, presque bleu,
éclairé par un 3/4 de pleine lune »... Mais
à 18 h 45 c'était une heure et demie
après le coucher du soleil, en pleine campagne il faisait nuit
noire et le ciel n'était donc pas bleu, et la lune ne se levait
qu'à 19 h 05... Encore de quoi douter de la
fiabilité absolue de ce témoignage !
... l'heure de l'observation bien antérieure au passage de la
rentrée...
Bien sûr, « aux environs de
18 h 45 » c'est « bien antérieur
à 19 h » et c'est d'une précision
extrême ! S'il avait fait son observation à
18 h 45, le témoin serait arrivé chez lui,
à seulement 7 km de là, avant que la lune se
lève... Si par contre il avait observé la rentrée
à 19 h, il aurait eu le temps de voir la lune avant
d'arriver chez lui, ce qui expliquerait qu'il la mentionne avec une
phase correcte.
... des observateurs multiples puisque le témoin principal
est accompagné de son fils de 20 ans et de sa fille de
7 ans...
Ah, et où sont donc leurs témoignages ? On a vu dans
le cas précédent ce qui se passait quand on pouvait
interroger les autres témoins d'une « observation
multiple », et c'est très généralement
le cas pour les observations du 5 novembre 1990 : ces autres
témoins ne confirment jamais les détails anormaux du
témoin « principal ».
... une observation beaucoup trop longue...
J'ai constaté sur place, en suivant cette route à
vélo, qu'il n'y a pratiquement aucun relief et aucun obstacle
à l'horizon, il est probable que la « lumière
très forte qui a attiré son attention » sur la
droite du témoin était l'explosion de l'étage de
fusée au-dessus du golfe de Gascogne, la rentrée a alors
pu être suivie pendant plus de quatre minutes,
l'exagération est donc assez minime (dix minutes estimées
de façon purement subjective).
... et le départ foudroyant du phénomène en
altitude...
Outre les exagérations systématiques de ce témoin,
il est fréquent qu'on interprète comme une
accélération et prise d'altitude rapide une baisse de
luminosité (soit à l'approche de l'horizon, soit parce que
la rentrée perdait réellement en intensité
lumineuse à mesure qu'elle s'éloignait), n'imaginant pas
que l'objet se trouvait à une distance de près de
1000 km.
... ce cas est également irréductible à une
hypothèse conventionnelle, nonobstant les constructions
intellectuelles zététiciennes.
Mouais, il faut surtout ne jamais avoir fait d'enquête, ou
même lu beaucoup d'enquêtes, pour trouver ces détails
convaincants.
Cette observation a été recueillie deux ans et demi
après les faits. Il s'agit d'un des trois cas, sur les centaines
collectés par Joël Mesnard, de changements brusques de
direction. L'objet, une masse sombre triangulaire dont on ne distinguait
pas les contours, portait deux grands projecteurs. Le témoin l'a
vu arriver de la droite de l'avenue, puis il s'est dirigé pendant
quelques secondes vers sa voiture, s'approchant d'après son
estimation de 300 à 50 m, avant de
« basculer » sur la droite et s'éloigner en
accélérant en direction de l'est.
Le commentaire de Canuti :
Bien sûr les sceptiques privilégient ici une erreur de
perception et invoquent la peur du témoin pour expliquer les
trajectoires incompatibles avec l'observation de la rentrée.
Ce que je constate, c'est que l'objet se trouvait dans la direction de
la rentrée atmosphérique, et que sa description
évoque assez bien la rentrée mais inversée (le
« triangle sombre » avait sa pointe à
l'arrière et les deux projecteurs étaient dirigés
vers l'avant, donc vers le témoin). J'ai donc supposé que
ce témoin avait pu pendant quelques secondes se méprendre
sur le sens de déplacement de l'objet, en prenant les deux
traînées lumineuses de la rentrée, qui
s'allongeaient à mesure que l'objet sortait de derrière
les arbres, pour des phares à l'avant et un objet en approche.
Cela plus une certaine exagération de l'impression de
rapprochement après plus de deux ans, et on se retrouve avec une
simple observation de la rentrée.
Notons que j'ai suggéré une erreur similaire sur le sens
de déplacement dans une autre observation bien connue de cette
soirée, celle
de Gretz-Armainvilliers... Sauf que là il y avait six
témoins et un seul qui a commis cette erreur dans les
premières secondes d'observation, alors que les autres
décrivent parfaitement la rentrée atmosphérique
(heure précise, trajectoire, hauteur angulaire, aspect,
dimensions apparentes). Canuti ne cite pas ce cas parmi ses
« preuves », aurait-il admis que l'explication est
plausible ? Et si oui pourquoi ne le serait-elle pas dans le cas de
l'Isle-Adam ? Ce qui fait la différence dans ce dernier cas
c'est qu'il n'y a qu'un seul témoin et que le récit est
beaucoup plus tardif, ça n'a pas tendance à le rendre plus
crédible !
On a ici deux témoins qui décrivent très bien la
rentrée atmosphérique, qu'il s'agisse de l'heure, de la
trajectoire, de la dimension du phénomène et de son aspect
général, avec une multitude de lumières et un gros
« tube lumineux » à l'arrière. Mais
un des deux témoins dit qu'il a « cru distinguer des
plaques métalliques » sur le dessous gris de l'objet,
ainsi qu'une structure métallique lui évoquant
immédiatement un derrick qui portait le projecteur à
l'origine du « tube de lumière », c'est la
seule raison de transformer une observation très bien
décrite de la rentrée atmosphérique en une
fantastique observation d'un engin exotique immense. On ne sait pas
quand les témoins ont été interrogés mais
l'enquête a été publiée un an et demi
après l'observation.
Canuti commente :
Seul M. Fleurat apporte des précisions sur ce qu'il a
observé de la face inférieure du phénomène
mais il est catégorique dans ses propos, spécialement
concernant la couleur grise de l'ovni, les plaques métalliques
— même s'il ne peut préciser l'emplacement des
sources lumineuses qui lui ont permis cette observation — et les
deux témoins s'accordent sur le gigantisme de l'observation et
le passage à basse altitude du phénomène,
confirmés par les détails observés par
M. Fleurat.
M. Fleurat catégorique concernant les plaques
métalliques ? Je le cite : « Le dessous de
la chose était gris, concave me sembla-t-il, et à la lueur
diffuse de quelque source lumineuse, je crus distinguer des plaques
métalliques ».
À part cela, le « gigantisme de
l'observation » était tout à fait conforme
à la rentrée atmosphérique (dimension de l'objet
estimée par M. Fleurat à 80 m pour une distance
de 200 à 300 m, alors que le nuage de débris de la
rentrée à ce niveau devait s'étendre sur une
cinquantaine de kilomètres et passait à 200 km des
témoins), et l'altitude estimée du phénomène
correspondait à celle de l'ensemble des témoignages dont
Canuti ne doute pas qu'ils décrivaient la rentrée
atmosphérique.
Les sceptiques n'ont plus qu'à se convaincre que le
témoin donnant le plus de détails est imaginatif et l'on
écarte ainsi un des cas les plus étranges de la vague du
5 novembre 1990.
Les sceptiques remarquent surtout que le seul témoin donnant des
détails étranges est celui qui dit que le
phénomène est passé « presque au-dessus
d'eux » mais le dessine vu complètement de profil et
même un peu d'en haut, qui parle d'une structure qui lui a
évoqué immédiatement un derrick mais qu'il
dessinait de façon bien différente dans son
témoignage à la gendarmerie deux jours seulement
après l'observation :
Canuti signale aussi un second témoignage recueilli plus tard et
à proximité par le même enquêteur, le
cas de Pescadoires, et qui ressemble étrangement à
celui de Vergt-de-Biron : là aussi il y a deux
témoins qui décrivent assez bien la rentrée
atmosphérique, mais un des deux décrit en outre des
détails étranges :
Le dessous de cette forme, couleur gris acier, est comme
constitué d'un assemblage de tôles. [...]
Lorsqu'elles passent au plus près de nous
(subjectivement : 1 km), nous entendons un bruit très
léger, semblable à un souffle, un déplacement
d'air.
À comparer avec le témoignage du témoin de
Vergt-le-Biron :
Le dessous de la chose était gris, concave, me sembla-t-il, et
à la lueur diffuse de quelque source lumineuse, je crus
distinguer des plaques métalliques. [...] L'évolution
de « la chose » était
accompagnée d'un bruit comparable à celui d'un vol de
palombes : un froufroutement, un déplacement d'air
léger.
Devant la similitude des descriptions jusque dans les mots
employés, je suis tenté de penser que ce témoin de
Pescadoires a été influencé d'une façon ou
d'une autre par le témoignage de Vergt-de-Biron (dont on a
parlé brièvement dans un journal, mais il n'y était
pas question d'un quelconque bruit ni de plaques métalliques,
juste de ce que le témoin assimilera plus tard à une sorte
de derrick : une « espèce d'armature d'où
se dégageait une lumière très forte qui dessinait
une queue »). Et curieusement, Joël Mesnard ne fait plus
jamais référence à l'observation de Pescadoires,
qu'il n'a pas retenue comme exemple probant, lorsqu'il parle de celle de
Vergt-de-Biron qu'elle confirme pourtant si bien... À croire
qu'il a aussi quelques doutes à son sujet, au contraire de
Thibaut Canuti qui lui ne doute jamais.
Canuti relate ici deux cas bien différents, commençant par
l'observation d'un pilote d'avion de tourisme qui se trouvait en vol
au-dessus de Melun et s'apprêtait à atterrir à
l'aéroport d'Orly. C'est Gérard Lebat qui a relaté
cette observation en
juin 2009 dans la lettre d'information des Repas ufologiques,
d'après des informations transmises par Serje Perronnet. Donc un
témoignage rapporté plus de dix-huit ans après
l'observation...
Celle-ci a débuté à 19 h 00 à 2 ou
3 minutes près, et a duré environ 5 minutes...
C'est précisément l'heure de la rentrée
atmosphérique, visible pendant plus de quatre minutes puisque
depuis un avion on a forcément un horizon dégagé
(sauf nuages, mais il y en avait peu et même pas du tout selon le
témoin). Il est donc difficile de douter que ce pilote, comme
d'autres à la même heure, ait observé autre chose
que la rentrée qu'il ne pouvait d'ailleurs pas rater ! La
trajectoire suivie est aussi compatible avec la rentrée, se
dirigeant de l'ouest à l'est (à l'inverse de l'avion qui
se dirigeait au cap 290 d'après le témoin, soit vers
l'ouest-nord-ouest) et passant au plus près au sud.
Les anomalies, c'est que le témoin ne parle pas d'autres
lumières que les « phares » dans la masse
sombre mal définie en forme de zeppelin masquant les
étoiles, et que ces phares « éclairaient dans
le sens de la trajectoire », ce qui semble signifier vers
l'avant plutôt que l'arrière. Compte tenu de
l'extrême tardiveté du témoignage, ces
détails ne me paraissent pas vraiment probants, d'autant
qu'encore une fois si l'objet observé n'était pas la
rentrée atmosphérique comment le témoin a-t-il pu
la louper ?
Le témoin précise d'ailleurs :
Arrivé sur le tarmac d'Orly, le superviseur du vol en charge de nous
remettre les documents pour la préparation du vol retour nous demande
si par hasard nous n'avons pas rencontré d'ovni en vol car
l'équipage du vol le Puy / Paris parqué à côté de nous
lui a parlé de phénomène observé durant son vol.
Thibaut Canuti n'est bien entendu pas d'accord :
Le témoin ne fera aucun rapport officiel, le
phénomène ayant trouvé une explication
conventionnelle qui le laisse pourtant dubitatif. Il y a de quoi, au
vu de la présence énigmatique de deux
« phares » éclairant les cieux dans le
sens du déplacement et la trajectoire finale orientée
vers le sud-est, ce qui est incompatible avec le sens de la
rentrée atmosphérique.
Il n'est pas dit que la trajectoire finale était orientée
vers le sud-est, tout au contraire cette trajectoire est toujours
restée rectiligne et orientée d'ouest en est... Ce qui est
dit, c'est qu'à la fin de l'observation l'objet a continué
sa route vers l'est-sud-est, ce qui veut sans doute dire que les pilotes
l'ont perdu de vue dans cette direction puisqu'il passait alors à
l'arrière de l'avion (ce qui suppose que la durée
d'observation a été plutôt de trois minutes, mais
les cinq minutes indiquées ne sont qu'une estimation
subjective) !
Quant à l'observation des quatre témoins au sol à
Melun, il s'agit sans doute encore d'un témoignage tardif (la
date n'était pas indiquée dans l'enquête de
Joël Mesnard), mais j'ai bien montré qu'elle
décrivait malgré tout avec beaucoup d'exactitude la
rentrée atmosphérique.
Canuti indique pour sa part :
Au même moment et toujours à Melun, quatre
témoins vont faire une observation qui va les ébranler
profondément. Le phénomène se déplace
d'est vers l'ouest, en totale contradiction avec la direction de la
rentrée atmosphérique.
Décidément il ne sait pas lire, puisqu'il est dit tout au
contraire que la direction initiale de l'observation se situe
précisément à 260° (direction des antennes de
Sainte-Assise), pratiquement plein ouest, et qu'à la fin l'objet
s'éloigne vers l'est !
Pour moi, cette observation constitue une des meilleurs descriptions de
la rentrée atmosphérique... Au lieu de demander à
Canuti de citer les témoignages qui selon lui s'écartent
le plus de la description de la rentrée, on devrait plutôt
lui demander de trouver ceux qui s'en rapprochent le plus, parce
qu'à sa façon de compter pour probants les moindres
détails un peu insolites je crains qu'il n'en trouve aucun qui
lui convienne, lui qui admet pourtant que la plupart des témoins
de cette vague ont observé la rentrée !
Voyons ce qu'il dit à propos de ce cas :
Dessinateur-Projeteur, le témoin présente donc
indubitablement quelques qualifications pour estimer les
déplacements du phénomène dans l'espace. Tant par
sa physionomie, que par sa durée ou de par son virage ou son
ascension, ce témoignage ne cadre pas avec la rentrée
atmosphérique.
Pour les sceptiques, le témoin a tout simplement mal
interprété tout ce qu'il a vu, de l'étendue du
phénomène, jusqu'à sa durée et son
déplacement. Argument implacable pour les zélotes du
fondamentalisme sceptique.
L'étendue du phénomène était au contraire
tout à fait comparable à celle de la rentrée
atmosphérique dans la lettre à Franck Marie
rédigée trois jours après l'observation, avec une
longueur d'une centaine de mètres pour une distance de
300 mètres et une altitude de 200 mètres... Mais
il est vrai que dans l'enquête effectuée pour LDLN
six mois plus tard, la dimension était la même mais
distance et altitude étaient divisées par cinq !
Ça semble montrer que la profession de dessinateur-projeteur
donne bien une certaine capacité à évaluer
correctement les dimensions angulaires, mais ne met pas à l'abri
des déformations de la mémoire (Canuti n'a pas de chance
que ce témoin ait envoyé une lettre à Franck Marie,
pour une fois on peut se rendre compte de ces
déformations !) La direction suivie et la hauteur angulaire
sont précisément celles de la rentrée
atmosphérique. Si on fait abstraction de l'inévitable
« masse noire dont la forme est
indéfinissable », la
« physionomie » de l'objet, avec cinq
lumières dont une très puissante qui laissait une
traînée de fumée éblouissante avec des
particules argentées, évoque de façon parfaite la
rentrée atmosphérique telle qu'elle apparaît sur
l'unique vidéo que l'on possède du
phénomène. La durée est effectivement
divisée par trois par rapport à celle de la rentrée
atmosphérique vue dans ces conditions... Canuti devrait essayer
de faire une action quelconque devant un panel de personnes et de leur
demander ensuite combien a duré cette action, il verra si une
telle erreur d'estimation est inhabituelle. Et quant au
« virage et à l'ascension », il faut
préciser qu'il s'agit d'une légère courbe
s'écartant de la direction initiale d'environ 24°
associée à une « légère pente
ascendante »... C'est sans doute effectivement ce que
décrit un dessinateur-projeteur pour un objet lointain, mais
qu'il croit proche, dont les lumières faiblissent à
l'approche de l'horizon, là où quelques témoins
moins qualifiés pourront évoquer une
« ascension fulgurante » !
Ici on a pour une fois un témoignage assez « frais »,
recueilli le 23 novembre 1990.
Les remarques de Thibaut Canuti à propos de ce cas :
Même si on ne tient pas compte de l'heure précise
relevée par les témoins (19 h 10), ce cas
présente au moins deux anomalies notables. L'objet se
présente sous la forme d'un triangle parfait, ses trois
côtés étant marqués par des traits de
lumière de type néon et trois lumières rouges
fixes à chacune des extrémités. Enfin le
témoin perçoit clairement un bruit de moteur synchrone
avec les bouffées de fumée des trois points lumineux.
Concernant l'heure, ça n'est qu'un des témoins qui a
regardé l'heure à la fin de l'observation et il n'est pas
dit qu'elle est précise, les témoins sont montés
sur leur terrasse pour observer l'objet s'éloigner, s'il
s'agissait de la rentrée ils ont pu l'observer sans doute
jusqu'à 19 h 02, la différence est assez minime.
Pour ce qui est du « triangle parfait », il est
notable que pour la majorité des témoins de la côte
atlantique, la rentrée atmosphérique se présentait
sous la forme d'une multitude de lumières formant un triangle ou
un losange bien dessinés, avec de nombreuses
traînées à l'arrière. Une forme triangulaire
qui s'explique assez bien par l'action de l'atmosphère sur la
multitude de débris issus de l'explosion. Il est regrettable
qu'on n'ait aucun film du phénomène à ce niveau, le
seul qui existe se situant à l'autre bout de la trajectoire
au-dessus de la France, mais cette forme triangulaire bien
dessinée est un portrait-robot assez constant dans les
témoignages. Les quelques cas (trois à ma connaissance) de
« triangles équilatéraux aux cotés
délimités par un tube lumineux » ressemblent
bien à une idéalisation de cette forme triangulaire, et ne
s'écartent pas vraiment de la multitude de descriptions
différentes de l'ensemble de lumières. Et pour ce qui est
du bruit synchrone avec les bouffées de fumée, ça
peut facilement être fantasmé aussi. Joël Mesnard
remarque justement que cette
« synchronicité » est bizarre alors que
l'après l'estimation de l'altitude par les témoins le
bruit devrait parvenir après une vingtaine de secondes.
Notons que l'observation avait été mentionnée dans
le journal Sud-Ouest du 8 novembre, en ces termes : Mme Renée
Fonsegrive, à Capbreton : Avec mon fils, nous avons
distingué les contours de cette chose. Ils brillaient. Nous
avons aussi entendu du bruit. Comme des crachotements. Un son proche
de celui d'une mobylette.
Ça n'est pas tout à fait la forme en triangle parfait avec
des contours de type « tubes de néon » qui
seront décrits quinze jours plus tard, et il n'y a aucune
allusion à des bouffées de fumée qui auraient
été synchrones avec le bruit entendu.
Faute de meilleurs contre-arguments, la littérature sceptique
enterre ce cas en qualifiant le témoin
« d'imaginatif ».
« Juste un peu imaginatif », oui, puisque ces deux
détails qui ne figuraient pas dans le témoignage le plus
immédiat ne relèvent pas d'une déformation ou
mésinterprétation extrême, et qu'en dehors de
ça la trajectoire est bien celle de la rentrée, que les
témoins pouvaient difficilement avoir manquée puisqu'ils
étaient occupés depuis quelque temps dans leur jardin, et
que la dimension est très correctement estimée
(comparée à celle de la Grande Ourse, alors que la
rentrée passait justement un peu au-dessus de cette
constellation).
Et les sceptiques constatent aussi que comme d'habitude il y a trois
témoins mais un seul témoignage... Si les deux autres
avaient confirmé les « anomalies »
mentionnées par le premier, le cas serait très solide, et
il est regrettable que l'enquête n'ait pas été un
peu approfondie. Mais de tels témoignages on n'en a jamais, alors
que pourtant des cas où plusieurs témoins ont
été interrogés on en connaît un bon nombre,
mais alors ils ne s'accordent jamais sur les détails
« anormaux ». Tous les ufologues s'accordent
à dire qu'un témoin unique ne vaut pas grand-chose, mais
on voudrait qu'il en aille autrement juste pour la vague du
5 novembre 1990, où on prétend prouver la
présence d'engins « exotiques » à
partir de quelques dizaines de témoignages uniques rapportant
quelques anomalies dans une description générale
évoquant assez bien la rentrée, sur les centaines
recueillis et n'ayant rien de remarquable !
Un témoin qui décrit quelque chose évoquant tout
à fait la rentrée atmosphérique (quelques points
lumineux suivis de traînées), vue à une heure peu
précise (entre 19 h et 19 h 30), mais qui allait
dans la direction opposée à la rentrée, le
témoin semblant sûr de ses repères.
Mais on ne sait pas qui a interrogé ce témoin, ni quand,
la revue étant parue plus de dix ans après la vague
d'observations.
Je connais au moins trois témoins qui décrivaient une
trajectoire franchement à l'opposé de celle de la
rentrée atmosphérique, dont ils étaient sûrs,
mais qui après enquête et consultation de cartes ont admis
s'être trompés.
Exemple avec le cas de Soumaille relaté dans LDLN
n° 306, commenté ainsi par l'enquêteur Joël
Martinez :
Qui donc, quelques jours après une observation faite à
quelques dizaines de mètres de son domicile, dessinerait une
trajectoire sur une carte d'État-Major, en se trompant de
90° dans l'orientation ?
Mais dans le numéro 310, un rectificatif indiquait :
Joël Martinez nous précise que dans l'affaire de
Soumaille, les indications fournies par le témoin sur
l'orientation de la trajectoire sont totalement fausses. En fait, le
déplacement de l'objet serait parfaitement compatible avec
celui qu'indiquent les autres témoignages de Corrèze.
(Et il s'agit bien sûr de la trajectoire de la rentrée).
Et dans le numéro 304, pour le cas de Mauriac, ce sont DEUX
TÉMOINS qui ont dessiné un objet se
déplaçant de la droite vers la gauche, mais dans le
numéro suivant l'enquêteur précisait que
vérification faite, l'objet défilait en
réalité de la gauche vers la droite comme la
rentrée atmosphérique !
Des témoins qui se trompent ainsi, il y en a toujours
quelques-uns sur un total de plusieurs centaines, alors
considérer un de ces témoignages, recueilli sûrement
après des années et sur lequel on n'a aucun renseignement,
comme une preuve d'une « anomalie », c'est
simplement risible.
Une « masse sombre » munie de multiples
lumières observée pendant une dizaine de secondes en
roulant sur une autoroute à un endroit où elle fait un
virage à 90°, et Canuti s'étonne de la
« disparition à vitesse fulgurante » !
Il oublie en outre de préciser qu'un seul des trois
témoins (le père, accompagné de sa femme et de leur
jeune fils) a décrit cela, la femme ayant totalement
oublié l'événement.
Bien entendu, ni lui ni Mesnard ne disent de quand date le
témoignage, publié dix ans après l'observation,
mais on nous dit que lors de l'enquête le témoin a
été troublé par la ressemblance de son objet avec
un dessin publié dans LDLN n° 310 en mai 1992
(dessin de M. Mattera dans
le cas de Vergt-de-Biron), c'était donc au moins un an et
demi après l'observation, et peut-être dix.
C'est un des cas rarissimes d'observation de deux
phénomènes distincts : une « sphère
sombre couverte de nombreux hublots carrés
éclairés » d'un côté, et
« 6 ou 7 boules lumineuses suivies d'une
traînée » de l'autre.
On est frappé par les petites améliorations que Canuti
ajoute en rapportant l'enquête de Robert Fisher... Ainsi, lorsque
ce dernier mentionnait :
Une boule plus sombre que le ciel environnant ... Mme Clouet et
son fils voient l'engin, qui était précédemment
immobile, se mouvoir lentement d'ouet en est ... Le trajet a
duré dix minutes, dont trois ont été
consacrées à l'observation proprement dite.
Canuti transforme en :
Une sphère sombre se détachant distinctement sur le
ciel nocturne ... Mme Clouet et son fils aperçoivent
distinctement le phénomène passer de l'immobilité
à un survol en direction de l'est ... Sur ce trajet de dix
minutes, le témoin estime que le phénomène a
été visible trois minutes au moins.
Des « distinctement » qui sont ajoutés
là où ils n'y étaient pas, et le « au
moins » qui est ajouté à la durée de
trois minutes... Ça n'est certes pas très important, mais
ça nous donne une idée de la partialité du
personnage. Et il est intéressant de noter que ces trois minutes
estimées ne concernent que l'observation de la
« sphère couverte de hublots » (la lune ne
pouvait pas être vue plus longtemps, puisque deux minutes avant la
rentrée atmosphérique elle n'était pas du tout
levée !), les « boules lumineuses suivies d'une
traînée » n'étant apparues que plus tard
et disparues avant la sphère. Notons aussi qu'on n'a jamais eu le
témoignage du fils, âgé de 7 ans lors de
l'observation.
Commentaires de Canuti :
Durée, angle d'observation et anatomie du
phénomène sont peu compatibles avec la rentrée
atmosphérique, mais les sceptiques n'en affirment pas moins
avec une confondante certitude, que le phénomène
observé ne peut être que la Lune, observation
déformée par un faux souvenir induit
ultérieurement par l'enquêteur.
Ce que « les sceptiques », moi en l'occurrence,
affirment avec une tranquille certitude, c'est que la
« sphère couverte de hublots » était
la lune, et les « boules lumineuses suivies d'une
traînée » étaient la rentrée
atmosphérique, puisque contrairement à ce que
prétend Canuti tout correspond parfaitement :
La description du phénomène de droite évoque en
tout point la rentrée vue dans l'est de la France (et on a pour
ça rien moins qu'une vidéo, montrant bien 6
« boules lumineuses » dont la plus grosse
était suivie d'une traînée lumineuse), la direction
et la trajectoire suivie correspondent parfaitement, la hauteur sur
l'horizon aussi, ainsi que la durée d'observation (ce
« deuxième phénomène »
n'ayant été vu qu'après un moment d'observation de
la « boule », et suivi pendant que le
témoin parcourait 500 m en automobile à vitesse
modérée, donc sans doute pendant pas plus d'une minute).
Quant à la Lune, elle se trouvait exactement dans la direction
indiquée pour la « sphère couverte de
hublots », pas totalement levée sur l'horizon, au
moment précis où la rentrée atmosphérique
passait ! Quelques minutes avant la rentrée, elle n'aurait
pas été levée, et quelques minutes plus tard, le
témoin l'aurait vue pendant les dix minutes de son trajet et pas
seulement pendant les trois dernières minutes, et il l'aurait
sans doute identifiée en n'étant pas troublé par
l'impressionnant phénomène vu de l'autre côté
de la route.
Et pour ce qui est du « faux souvenir induit par
l'enquêteur », c'est un fait que dans son
témoignage initial dans un journal le témoin a
décrit une « sphère sombre couverte de hublots
carrés », que Franck Marie sans autre information que
cet article de presse a dessiné en illustration une sphère
sombre coupée par une unique rangée horizontale de hublots
carrés, et que par la suite le témoin a toujours
décrit une boule conforme à ce dessin de Franck
Marie !
Il ne s'agit pas cette fois d'un cas sélectionné par
Joël Mesnard, mais d'un cas publié dans Paris-Match
vingt-cinq ans après l'observation... Et compte tenu de ce
délai (le témoin avait quinze ans au moment de son
observation, quarante lorsqu'il l'a rapportée) je trouve qu'il
évoque plutôt bien la rentrée
atmosphérique : ça allait dans la direction de la
rentrée (d'ouest en est et de la gauche vers la droite, à
une hauteur angulaire assez faible), la durée d'observation de
deux à trois minutes est tout à fait plausible, l'heure
était celle de la rentrée atmosphérique, seule la
description de l'objet ne correspond pas bien, avec un faisceau lumineux
dirigé vers le sol et non vers l'arrière, et une sorte de
diadème de lumières à l'arrière... Une autre
anomalie est que « le faisceau rouge s'est
arrêté lorsque l'objet a atteint la
vallée », mais l'étendue et la
luminosité du faisceau (ou plutôt de l'ensemble des
faisceaux) ont sûrement beaucoup varié pendant son
parcours, ce que seul un témoin éloigné pouvait
remarquer.
Canuti note pour sa part :
Ce témoignage écorne une fois de plus
l'hypothèse de la rentrée atmosphérique, l'objet
énorme masquant clairement sur son passage la voûte
étoilée et changeant de direction.
On voit encore une fois que ce sont rarement les témoins qui
hallucinent, mais plutôt les ufologues, puisqu'il n'y a absolument
rien dans le témoignage qui évoque un changement de
direction ! Et le témoin n'a pas distingué la forme
de l'objet, mais précise « je me doute qu'il
était énorme car le ciel était étoilé
et j'ai pu voir qu'il a masqué pas mal d'étoiles à
son passage d'une lenteur extraordinaire ! »
La lenteur était bien typique de la rentrée
atmosphérique, contrairement aux météores, et pour
ce qui est des étoiles masquées c'est encore quelque chose
de très banal dû au manque de capteurs très
sensibles au centre de la rétine : lorsqu'un objet assez
lumineux passe devant des étoiles de faibles luminosité,
celles-ci semblent s'éteindre.
J'ai largement développé ce cas relatif à quatre
observations indépendantes (et même cinq, mais la
cinquième a été occultée pour on ne sait
quelle raison), que les enquêteurs ont rendues exceptionnelles en
les associant...
Ici, on a un témoin, agriculteur, qui labourait son champ
sur son tracteur lorsqu'il a observé un objet de forme ovale,
muni de plusieurs lumières clignotantes, rouges notamment, qui
lui est passé au-dessus à basse altitude, avant
d'effectuer une boucle autour d'une antenne-relais et de revenir dans sa
direction... La femme de ce témoin se trouvait à quelques
kilomètres de là lorsqu'elle a observé à la
même heure, vers 19 h 15, un « objet lumineux
ovale » muni d'un feu rouge clignotant, et qui
émettait « un fort grondement ».
Il est évident que ces deux observations ne concernent pas la
rentrée atmosphérique, mais pour moi la description, assez
similaire chez les deux témoins, évoque plutôt un
hélicoptère : une forme noire munie de
lumières clignotantes rouges notamment, et émettant un
fort grondement (l'agriculteur n'a pas entendu de bruit, mais il
était sur son tracteur en marche et avec la radio
allumée), ça me semble assez évocateur, et les
estimations de dimensions et de vitesses sont aussi compatibles avec ce
genre d'appareil.
Les ufologues ont trop tendance à croire que ce soir-là il
ne pouvait y avoir dans le ciel qu'une rentrée
atmosphérique et d'authentiques ovnis... Eh bien non, il pouvait
aussi y avoir des avions, des hélicoptères, la lune, des
étoiles filantes... Et il y a manifestement quelques
témoins qui se sont mépris avec ces objets-là
plutôt qu'avec la rentrée...
Mais il n'empêche que cette rentrée était aussi
là et bien là, et qu'il n'y a pas de raison qu'à
Villavard personne le l'ait vue !
Et donc les autres témoins, dont les deux automobilistes qui ont
vu un « immense boomerang » muni de nombreuses
lumières et de quatre longues traînées... Ça
évoque plutôt bien la rentrée atmosphérique
à ce niveau de la trajectoire, ça suivait
précisément la trajectoire de la rentrée
atmosphérique, et l'heure « environ
19 h 15 » n'est pas très
éloignée de celle de la rentrée... Ça
n'évoque par contre pas du tout ce qu'ont vu l'agriculteur et sa
femme, mais les enquêteurs ont malgré tout voulu associer
ces différentes observations pour faire décrire à
« l'immense boomerang » une trajectoire... de
boomerang.
Et Canuti ne démord pas à la règle :
Cette série d'observations est intéressante. L'heure
d''observation, la forme de l'objet et ses dimensions sont peu en
rapport avec la rentrée.
Il veut se persuader comme les autres qu'il n'y avait qu'un seul objet
à l'origine de toutes ces observations, et que personne à
Villavard n'a pu voir la rentrée que des milliers de
témoins voyaient dans toute la France !
Et son commentaire sur « les sceptiques »:
Mais les sceptiques ne se démontent pas et invoquent, pour
enterrer ce cas, une erreur d'un quart d'heure sur l'heure
d'observation et des observations assez banales d'un
hélicoptère, explorant sans doute le terrain un quart
d'heure après que divers témoins aient signalé ce
qui leur a semblé être un crash d'avion.
Comme toujours des demi-vérités chez Canuti (et donc des
demi-mensonges), puisque pour moi il y a deux témoins qui ont
observé un hélicoptère et qui ne se sont sans doute
pas trompés sur l'heure (19 h 15), et trois
témoins qui ont observé la rentrée assez
correctement décrite et ont fait une petite erreur sur l'heure,
estimée à « environ
19 h 15 » pour les deux automobilistes, et
« entre 18 h 30 et 18 h 45 »
pour le dernier témoin dont je n'ai pas parlé mais dont
l'observation est assez peu remarquable.
L'hélicoptère est définitivement l'ami des
ultra-rationalistes en ufologie et les témoins, des âmes
simples, systématiquement abusées par tout ce qui sort
de l'ordinaire.
Disons que pour les sceptiques les hélicoptères existent
et sont quelquefois responsables de méprises comme tout ce que
l'on peut trouver dans le ciel (avions, satellites, lune,
étoiles, ballons-sondes, lanternes thaï, drones...) Et seul
Canuti considère que cela fait des témoins des
« âmes simples », lui qui considère
que TOUS les témoins de cette vague SAUF les quelques dizaines
qui auraient vu une authentique « soucoupe volante
mimétique » sont des « âmes
simples » (en clair, des imbéciles), puisque
pratiquement aucun n'a reconnu une rentrée atmosphérique
et qu'ils ont unanimement pensé avoir affaire à un objet
proche volant à basse altitude.
On ne répétera jamais assez que ce sont les ufologues
« exoticiens », et non les sceptiques, qui prennent la
majorité des témoins pour des idiots !
Le cas de Vert-le-Grand est un des rares cas avancés par les
défenseurs de cette vague où le témoignage a
été recueilli seulement quelques jours après
l'observation. Et c'est aussi un de ceux qui impliquent le plus de
distorsions par rapport à la rentrée atmosphérique,
au point que j'ai d'abord pensé qu'elle ne pouvait pas être
en cause... Et pourtant, la position de l'objet correspond bien à
celle de la rentrée, et la trajectoire apparente inverse
s'explique bien par le déplacement du témoin en automobile
et le fait qu'elle croit l'objet proche : c'est la classique
illusion de la « boule suiveuse ». Il reste la
description, avec la « forme noire » pas
très bien définie mais ne portant pas de lumières
en dehors de trois faisceaux dirigés vers le sol et
« découpant des ronds dans l'herbe ». Les
faisceaux sont assimilables aux traînées de la
rentrée, mais il n'y a qu'au début de l'observation qu'ils
étaient dirigés vers le sol (sans le toucher), alors
qu'ensuite ils devenaient horizontaux et même à la fin
dirigés plutôt vers le haut.
Ces anomalies sont surprenantes, mais on sait que le témoin
était quelque peu effrayée, qu'elle n'a pas cessé
de rouler sur une route où il y avait d'après elle pas mal
de circulation, elle n'a donc pu observer l'objet que du coin de l'œil
et pendant de l'ordre d'une minute, et elle n'a pas vraiment
cherché à mémoriser les détails de son
observation puisqu'elle n'est même pas sûre du nombre de
faisceaux. Je suis donc tenté de penser qu'il s'agit simplement
du cas parmi les quelque 500 récoltés par Joël
Mesnard qui inclut le plus de déformations de la part du
témoin.
Et puis, il y a l'observation toute proche d'un témoin qui s'est
signalé à moi 17 ans après l'observation (ce
qui oblige Canuti à citer mon nom, la seule fois dans tout son
livre, mais sans tout de même citer la source), étonnamment
semblable au premier témoignage. Toutefois, il y a moins de
détails incompatibles avec la rentrée, le
témoignage étant très tardif on ne peut pas
s'attendre à une description précise, et l'heure
correspond à celle de la rentrée.
Voyons ce qu'en dit Thibaut Canuti :
Vert-le-Grand est archétypal de ces cas du 5 novembre qui
ne correspondent en rien à une rentrée
atmosphérique. L'heure d'observation est trop distante de
l'heure du passage de la rentrée atmosphérique, la
description de l'objet qui a l'éclat de l'aluminium et
notamment des faisceaux lumineux éclairant le champ et frappant
directement le sol de cercles lumineux, la trajectoire suivie vers le
sud/sud-ouest, tout concourt à écarter
l'hypothèse de la rentrée.
Pour enterrer ce cas décidément trop
problématique, les sceptiques vont d'abord invoquer le
traditionnel hélicoptère puis la confusion, d'heure et
de lieu. En remettant arbitrairement en cause l'ensemble des
données d'un témoignage, il n'est pas difficile de le
réduire à néant.
Le « traditionnel hélicoptère » je
ne l'ai invoqué que deux fois (il ne reste donc plus que l'autre,
pour une partie des observations de Villavard) pour l'ensemble des
observations de la soirée. Et je n'ai pas invoqué une
confusion de lieu, tout au contraire c'est quand j'ai compris que
Joël Mesnard, et non le témoin, avait mal situé le
lieu de l'observation qu'il m'est apparu que la rentrée pouvait
être l'explication. En effet, il est bien expliqué dans le
témoignage que l'observation s'est faite sur la portion de route
entre le virage et le carrefour, et non comme l'indiquait Mesnard avant
le virage, et dans ce cas la trajectoire de la rentrée
atmosphérique correspond très bien à la position de
l'objet. Pour ce qui est de l'heure, il est patent que celle
indiquée par le témoin est incompatible avec celle de son
retour avec son mari, il y en a donc une des deux qui est fausse et si
c'est la première ça colle plutôt bien avec l'heure
de la rentrée (outre que nous avons vu que c'est celle
indiquée par l'autre témoignage, que Canuti associe au
premier). Il reste donc la description, je l'ai dit, mais ça
n'est qu'autour de la source du principal faisceau lumineux que l'objet
semblait avoir « l'éclat de l'aluminium »,
et cela correspond assez bien à la traînée lumineuse
de la rentrée atmosphérique sortant d'un
« cercle » plus large et lumineux.
Les sceptiques restent interdits face à ce cas. C'est qu'il
faut pour le réduire, réussir à démontrer
que le contrôleur aérien s'est ici concomitamment
trompé d'heure et de trajectoire tout en finissant par
fantasmer un objet immense dans le ciel.
C'est surtout lui qui fantasme sur la pensée
« des sceptiques » au lieu de lire ce qu'ils
écrivent, puisque rien de tout cela n'est vrai : je n'ai
jamais supposé que ce contrôleur aérien s'est
trompé sur l'heure et sur la trajectoire suivie, puisque ce qu'il
a vu dans le ciel n'était pas du tout immense et n'avait donc
rien à voir avec la rentrée ! Ce qu'il a vu, c'est un
objet qu'il a estimé grand comme un immeuble (comme un immeuble
de quatre étages est-il précisé ailleurs) et
distant de plus de 400 mètres ; à cette
distance, c'est la tour Montparnasse qui aurait présenté
la dimension angulaire de la rentrée ! Et un immeuble de
quatre étages, c'est une dimension plutôt habituelle pour
un avion ou un hélicoptère, alors en l'absence de la
moindre description de l'objet vu par ce contrôleur je suis
tenté de penser que c'est cela qu'il a vu.
Canuti ajoute « qu'une patrouille de gendarmerie devait
être témoin du phénomène et allait tenter de
le suivre sur la N89 », mais on ne sait pas si ces gendarmes
ont vraiment suivi l'objet vu par ce témoin plutôt que la
rentrée vue par des milliers de personnes dans toute la France
trois quarts d'heure plus tôt. On trouve dans les archives du
Geipan plusieurs cas de patrouilles de gendarmes qui se sont
lancés à la poursuite du phénomène
observé (sans jamais le rattraper on s'en doute), et
c'était à chaque fois à l'heure du passage de la
rentrée.
Encore un témoignage vraisemblablement recueilli après des
années, même si la date n'est pas précisée...
Le témoin avait déménagé entre-temps, et
c'est dix ans après l'observation que LDLN en a
parlé. Ses souvenirs sont assez vagues, et pourtant on lui
accorde une foi absolue lorsqu'il dit qu'il ne faisait pas tout à
fait nuit, que le ciel était d'un bleu profond, et donc qu'il
devait être aux environs de 18 heures ou même avant.
C'est la seule anomalie du témoignage en dehors d'une description
très idéalisée mais qui ne s'écarte
finalement pas tant que ça de la rentrée
atmosphérique : deux disques de taille différente
portant chacun un feu blanc au centre et « des sortes de
projecteurs en veilleuse » tout autour ; rappelons que dans la
région parisienne la rentrée se présentait sous la
forme de deux grosses lumières de taille différente
laissant chacune une longue traînée lumineuse, plus une
multitude d'autres lumières plus petites.
Joël Mesnard faisait remarquer que la trajectoire, avec une
apparition au sud et une disparition à l'est, était
conforme à la rentrée atmosphérique.
Canuti conclut pour sa part :
L'heure de l'observation, bien antérieure à celle de la
rentrée et l'aspect discoïdal des deux ovnis et de leurs
rangées symétriques de lumières sur leurs
pourtours, semble empêcher de réduire ce cas à
l'explication triviale de la rentrée atmosphérique. Les
sceptiques en manque d'inspiration reprennent l'hypothèse de la
confusion avec la lune et du faux-souvenir, comme pour le cas de
Neufgrange.
Le seul faux souvenir que je vois est chez Thibaut Canuti, puisque je
n'ai jamais suspecté la lune d'avoir eu la moindre influence sur
ce cas. Je ne vois pas du tout ce qu'elle viendrait faire ici,
puisqu'elle se levait en région parisienne à
19 h 07, donc bien après le passage de la
rentrée et plus encore après l'heure supposée de
l'observation ! Tout au plus pourrait-on suspecter que les lueurs
de la lune presque pleine et qui allait se lever pouvaient avoir
été prises pour les lueurs du crépuscule, mais je
ne l'ai jamais suggéré et il me semble que les lueurs de
la ville sont suffisantes pour cela (on est à une dizaine de
kilomètres du centre de Paris, distinguer la nuit du
crépuscule avancé n'est pas évident dans ces
conditions ; il serait du reste intéressant de savoir si
c'est à la campagne que le témoin a
déménagé, puisqu'il aurait alors découvert
ce qu'est un ciel noir !) Donc effectivement pas besoin
d'être très inspiré pour imaginer qu'après
dix ans le témoin a tiré une mauvaise déduction
d'un ciel pas très noir dans son souvenir, et a quelque peu
« soucoupisé » son observation !
Un témoignage donné sept ans après l'observation,
par un témoin accompagné de son beau-frère et qui a
commencé à suivre l'objet dans son automobile en marche
puis immobile en étant sorti de sa voiture... Le
déplacement était conforme à la rentrée
atmosphérique lors de cette deuxième phase, il
était par contre d'une direction différente et avec
« quelques instants » de vol stationnaire
auparavant, et j'ai montré que le déplacement de
l'automobile expliquait parfaitement ces anomalies.
Canuti conclut pour sa part :
Il faut, pour évacuer ce cas, que les témoins, pourtant
formels, se soient trompés sur l'heure d'observation de 15
à 30 minutes et qu'ils aient aussi imaginé la
station sur place et le redémarrage du phénomène
d'abord à vitesse très lente.
« Les témoins » quant on a un seul
témoignage rédigé après sept ans,
« pourtant formels » quand il donne une heure
imprécise « entre 18 h 30 et
18 h 45 », ne dit nulle part qu'il en est sûr
et n'est même pas sûr de la date ! Et pour ce qui est
de la « station sur place suivie d'un
redémarrage », Canuti n'a pas remarqué que dans
le témoignage initial (sept ans après tout de même)
le témoin écrivait « après quelques
instants d'observation, l'objet a commencé à se
déplacer lentement... », et qu'en le recopiant
intégralement encore seize ans plus tard il a juste
modifié ça en « après une minute ou une
minute et demie d'observation, l'objet a commencé à se
déplacer lentement... » Ça en dit long sur la
crédibilité que l'on peut accorder à ce
témoin très fâché qu'on ose penser qu'il a
observé une simple rentrée atmosphérique !
Canuti ne fait pas de commentaire sur cette dernière observation
qu'il choisit pour illustrer les horaires anormaux... En effet, en
dehors de l'heure qui était près de six heures
après la vague d'observations, ce cas n'a rien de très
enthousiasmant : un objet vu pendant cinq ou six secondes depuis
une automobile en marche sur une route sinueuse, et pour toute
enquête une courte conversation téléphonique avec un
seul des deux témoins, sans doute près de dix ans
après l'observation (la date du témoignage n'est comme
d'habitude pas précisée, mais il n'a été
signalé que dans le dossier préparé par Joël
Mesnard pour le dixième anniversaire de la
« vague »). Du fait que l'objet est formé
de points et de lignes lumineux et que les lignes sont orientées
dans le sens de la rentrée, je suis tout de même
tenté de penser qu'il s'agit de ce phénomène et que
le témoin s'est fortement trompé sur l'heure de son
observation après toutes ces années, mais il pourrait
aussi bien s'agir d'autre chose.
Après ces vingt témoignages choisis, Canuti recopie le
courrier reçu par LDLN à propos d'une autre
rentrée atmosphérique qui aurait été
« parasitée » par des ovnis, en 1967, et
les commentaires de Joël Mesnard à ce sujet.
Il s'agit de la rentrée du 18 juillet 1967 à
1 h 15 du satellite Cosmos 169, très comparable
à celle du 5 novembre 1990.
Mesnard cite ainsi le témoignage de Mme Pariset, à
Nice, paru en novembre 1971 dans Contact lecteurs, donc quatre
ans après l'observation, en « oubliant »
que le même témoin avait relaté son observation
très rapidement dans LDLN n° 90 paru en novembre
1967... avec bien sûr beaucoup moins de détails
incompatibles avec la rentrée atmosphérique : c'est
ainsi qu'un « instant d'immobilité » est
devenu « dix secondes d'immobilité
absolue », et qu'une courbe finale avec un «
départ vers l'est » (la direction prise par la
rentrée atmosphérique) est devenue un virage en direction
du sud.
Les événements de cette nuit du 18 juillet 1967
présentent, c'est évident, une ressemblance profonde
avec ceux du 5 novembre 1990. On retrouve, par exemple, le
léger étalement de la vague dans le temps : au
Buisson-de-Cadouin, le phénomène a été
observé à exactement 2 h du matin, trois quarts
d'heure après les autres apparitions. Et d'autres ont
été signalées nettement avant
1 h 15 ! Tout cela suggère évidemment la
manifestation d'une intelligence ayant non seulement le désir
de se montrer en se faisant passer pour autre chose, en semant la
confusion, mais ayant également la connaissance
préalable du fait que la rentrée allait avoir lieu.
Cette idée, bien qu'elle découle très directement
de témoignages nombreux, précis, convergents, donc
parfaitement respectables, ne séduit pas tout le monde, comme
on a pu le constater après la parution de notre
numéro 306.
Mesnard et tous ses suiveurs, Canuti le premier, ne comprendront jamais
que pour n'importe quel événement vu par un grand nombre
de témoins, on en trouvera toujours quelques-uns qui se
tromperont d'heure, et quelques autres qui auront vu tout autre chose
qu'ils associeront à l'événement en question en
raison de la publicité faite sur celui-ci... Le
« léger étalement de la vague dans le
temps », c'est une caractéristique commune à
n'importe quel événement rapporté par de nombreux
témoins.
Canuti donne ensuite quelques explications sur les rentrées
atmosphériques :
Lorsqu'un bolide pénètre dans l'atmosphère, il
dispose d'une vitesse très importante, de l'ordre de
8 km/s en orbite basse. Cette vitesse crée une boule de
feu plasmoïde qui illumine très fortement
l'atmosphère et peut parfois donner l'impression d'une
clarté diurne en pleine nuit. Ce plasma donne souvent
l'impression que le bolide est bien plus énorme qu'il n'est, et
permet surtout de le voir à des distances considérables,
de l'ordre de plusieurs centaines de kilomètres. Ce
phénomène démarre à l'altitude d'environ
100 km, sous l'effet d'érosion créé par la
chaleur et les frottements avec l'atmosphère, le bolide se
fragilise et se fragmente, dans un processus qui peut se
répéter une ou plusieurs fois. À la fin de sa
trajectoire, quand les débris ont une vitesse inférieure
à 3 km/s, ils rentrent généralement dans une
phase sombre où ils n'éclairent plus. De nuit, le bolide
n'est alors généralement plus visible.
Là il mélange allègrement la rentrée
atmosphérique d'un satellite avec celle d'un bolide,
c'est-à-dire un petit astéroïde qui
pénètre dans l'atmosphère terrestre (une grosse
étoile filante). La vitesse d'un bolide ne peut pas être
inférieure à 11 km/s (vitesse de libération
terrestre), et peut aller jusqu'à 73 km/s... Et du fait de
cette vitesse souvent très supérieure, c'est à une
altitude supérieure, jusqu'à 180 km, qu'il devient
visible. Les rentrées de satellites ça commence
plutôt à 130 km.
L'aspect d'une rentrée peut être très variable.
Dans le cas d'un satellite compact, cela prendra la forme d'un gros
météore lent, une boule de feu suivie d'une
« queue » lumineuse et d'une
traînée. Si le satellite se désagrège en
plusieurs fragments, ce qui se produit systématiquement dans le
cas d'un étage de fusée, les différents fragments
seront plus ou moins freinés selon leur forme et leur masse, et
ces différentes trajectoires vont entraîner un
phénomène lumineux pouvant s'étendre sur
plusieurs centaines de kilomètres.
Le cas le plus spectaculaire se produit lorsqu'il reste une certaine
quantité de propergols dans un étage de fusée, ce
qui est fréquent. L'objet explose alors en des centaines de
fragments qui paraissent sortir d'un « nuage »
issu de l'explosion et qui s'étendent peu à peu sur
plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions
entraînant des dimensions apparentes importantes du
phénomène observé, lequel est
caractérisé par des formes triangulaires et des
lumières clignotantes, de couleurs différentes.
Ça c'est nettement plus correct, pour la simple raison que c'est
la copie (sans me citer bien entendu, en clair c'est du plagiat) de ce
que j'écrivais en 1997 dans le Culte
du 5 novembre 1990 :
L'aspect d'une rentrée peut être très variable.
Dans le cas d'un satellite compact, cela prendra la forme d'une gros
météore lent, une boule de feu suivie d'une
« queue » lumineuse et d'une
traînée. Si le satellite se désagrège en
plusieurs fragments (il arrive qu'on le fasse exploser volontairement
pour qu'aucun gros débris ne puisse atteindre le sol), ce qui
se produit systématiquement dans le cas d'un étage de
fusée qui n'est qu'une sorte de grosse citerne vide, les
différents fragments seront plus ou moins freinés selon
leur forme et leur masse, et peu à peu la rentrée
prendra l'aspect d'un chapelet de lumières qui pourra
s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres en fin
de trajectoire.
Le cas le plus spectaculaire se produit lorsqu'il reste une certaine
quantité de propergols dans un étage de fusée, ce
qui est fréquent. L'objet explose alors en des centaines de
fragments qui paraissent sortir d'un « nuage »
issu de l'explosion et qui s'étendent peu à peu sur
plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions.
Là encore, il ne s'agit pas d'une simple hypothèse, un
tel phénomène atteindra NÉCESSAIREMENT ces
dimensions gigantesques : la vitesse d'expansion des gaz d'une
explosion est de l'ordre de 15 000 km/h, et le souffle d'une
explosion importante peut propulser de gros fragments à bien
plus de 1000 km/h, soit le trentième de la vitesse initiale de
l'objet ; il en résulte que le rayon du « nuage
de dispersion » dépassera le trentième de la
distance parcourue, laquelle peut atteindre deux mille
kilomètres. D'autre part, cela ne prendra pas l'aspect d'une
dispersion évoquant une fusée de feu d'artifice, du fait
que la vitesse de déplacement de l'objet reste très
supérieure à celle de la dispersion : les fragments
s'écartent les uns des autres en conservant sensiblement leurs
positions relatives, et cela donne plutôt l'aspect d'un ensemble
de lumières liées à un objet unique, dont
l'augmentation de taille sera perçue comme un rapprochement.
Enfin, en raison de considérations aérodynamiques, cet
ensemble de lumières prend d'abord l'aspect
général d'une formation en triangle : les fragments
les plus gros ne sont pas trop affectés par l'explosion ni par
le freinage atmosphérique, alors que les plus petits sont
expulsés à grande vitesse et sont freinés plus
rapidement ; il en résulte que l'ensemble prend une forme
générale conique (en fait triangulaire, le
développement vertical étant limité par les
variations de densité de l'atmosphère avec l'altitude),
avec les fragments les plus importants en tête.
Les différentes lumières des débris peuvent
prendre des couleurs différentes selon leur matière, et
clignoter sous l'effet de leur rotation. Les plus grosses peuvent
être suivies d'une traînée lumineuse qui prend fin
à une certaine distance, donnant l'impression d'un faisceau de
lumière tronqué dirigé vers l'arrière.
Canuti a juste voulu résumer la dernière partie en une
phrase, devenue de ce fait très lourde et peu
compréhensible ! Et puis, il a ainsi évacué
les traînées d'air ionisé qui donnent l'impression
d'un « faisceau de lumière
tronqué », parce que ça évoque trop les
témoignages qu'il veut faire passer pour autre chose qu'une
rentrée atmosphérique !
Et si j'ai dit que c'était « nettement plus
correct » c'est parce qu'il s'agissait de ma première
incursion dans le domaine des rentrées atmosphériques, et
j'avais donc commis quelques erreurs... D'abord, j'ai appris qu'il est
plutôt rare qu'un étage de fusée contienne encore
des propergols lors de sa rentrée : en règle
générale, ils sont vidangés immédiatement
après usage afin d'éviter justement une explosion qui peut
disperser des débris dangereux pour les autres satellites ;
quoi qu'il en soit, dans le cas qui nous occupe il est clair que cette
vidange n'a pas été faite, et que l'étage de
fusée a réellement explosé, un grand nombre de
témoignages sur la côte atlantique l'attestent. Et puis, la
dispersion des fragments du satellite atteint en
général une centaine de kilomètres en longueur, et
pas plusieurs.
Canuti décrit ensuite quelles sont les
« caractéristiques manifestement incongrues au regard
de la thèse officielle ».
Pour la plupart des cas problématiques, les arguments des
sceptiques sont de pures hypothèses, souvent
échevelées, qui ne démontent en rien l'anomalie
du contenu de ces observations simultanées. De vrais arguments
venant à l'encontre de la théorie de la rentrée
atmosphérique existent et demeurent.
Voyons quels sont ces « vrais arguments »...
La rentrée a pu être observée entre
18 h 59 et 19 h 01 environ. Or, de
nombreux cas se situent très largement hors de ce
créneau horaire, avant ou après.
Sur les 20 observations signalées par Canuti, et
sélectionnées parmi des centaines pour leur
étrangeté, il y en a trois qui « se situent
très largement hors de ce créneau
horaire » : Brive-la-Gaillarde où il est clair
que ce qui a été observé n'a rien à voir
avec la rentrée atmosphérique (mais
l'étrangeté de l'observation est à peu près
nulle), Villemomble où le témoin interrogé des
années après son observation indique qu'il devait
être 18 h ou même avant parce qu'il se souvient qu'il
ne faisait pas tout à fait nuit, le ciel étant bleu
foncé (mais habitant alors en pleine région parisienne, il
ne pouvait jamais voir le ciel vraiment noir !), et Paris porte de
Gentilly où l'heure indiquée est près de six heures
après la rentrée atmosphérique, mais il s'agit d'un
témoignage fait au téléphone une dizaine
d'années après l'observation d'un phénomène
vu pendant quelques secondes en roulant en voiture. Tout ça n'est
pas très convaincant !
Il reproduit ensuite mot pour mot le texte qu'il avait
déjà publié dans la liste Magonie le
7 novembre 2011, et auquel j'avais répondu point par
point... On voit qu'il n'a tenu absolument aucun compte de mes
réponses, il ne s'agit donc plus d'erreurs mais purement de
mensonges ! J'ai intégré mes réponses
déjà données à son texte, et ajouté
entre crochets quelques commentaires nouveaux :
L'altitude des débris, selon le
CNES, se situait à 110 km à une vitesse
conséquente (30 000 km/h environ). Il est tout de
même étonnant, quoique les rentrées
atmosphériques de ce type sur le territoire français
soient finalement assez rares, qu'autant de personnes, dont
certaines dotées de solides compétences en
aéronautique et dans l'observation du ciel (notamment du ciel
nocturne), aient pu confondre un phénomène de haute
altitude, avec la vision rapprochée d'objets massifs et
apparemment solides.
Alors vous devez nier qu'il y ait eu une rentrée
atmosphérique, ou même des rentrées
atmosphériques en général, parce que pratiquement
TOUS LES TEMOINS d'un tel phénomène, sauf quelques rares
exceptions qui ont su ce que c'était, disent que c'était
à basse altitude.
[Concernant les « objets massifs », vision de
formes noires ou structures, elles sont mentionnées par environ
15% des témoins de ce soir-là, et on peut constater le
peu de conviction des témoins pour les 20 cas
sélectionnés par Canuti : il est trop
près du monstre pour bien en percevoir la forme
(Sauzet) ; on avait l'impression de matière, mais dans
le centre, est-ce que c'était une masse ? ... On ne
voyait que du noir, mais plus noir que le ciel. (Ile de
Groix) ; une masse noire comme un trou noir, plus noir que la
nuit qui était déjà tombée
(Angers) ; coque : métal non
réverbérant... pas de contour définissable
(Linas) ; la masse sombre, aux contours assez indistincts,
pouvait avoir la forme d'un triangle isocèle rectangle (un
demi-carré), le grand côté en avant
(l'Isle-Adam) ; le dessous de la chose était gris,
concave, me sembla-t-il, et à la lueur diffuse de quelque
source lumineuse, je crus distinguer des plaques métalliques
(Vergt-de-Biron, où le second témoin n'a rien vu de
cela) ; les bords de la « masse noire »
sont indistincts (Melun) ; une masse noire qui se
détache sur le fond de la nuit, mais dont la forme est
indéfinissable (Suresnes) ; avec mon fils, nous
avons distingué les contours de cette chose. Ils brillaient (Capbreton) ;
une immense masse sombre qui se détachait de la nuit par sa
noirceur extrêmement prononcée (Mulhouse) ; l'objet
paraissait immense mais il faisait tellement sombre que je ne
pouvais pas distinguer sa forme exacte (Arcizans-Avant) ; une
énorme masse sombre, de forme allongée, à
l'extrémité arrière moins bien observée
(Vert-le-Grand) ; le témoin a distingué les
contours de deux disques, de taille différente, qui se
détachaient sur le ciel du crépuscule
(Villemomble) ; se détachant du fond du ciel
légèrement nuageux, un objet dont la plus grande
partie de forme delta longue et large (Tarnos). Il n'y a
guère dans tout ça de mentions de contours bien
distingués « d'objets massifs et apparemment solides
»...]
Les angles de vision rapportés sont souvent
incompatibles avec les observations se situant à
plusieurs centaines de kilomètres de la trajectoire.
Des exemples ?
[C'est vrai que bon nombre de témoins indiquent un
« passage à la verticale » alors que la
rentrée passait assez bas sur l'horizon, mais il s'agit
là d'erreurs et exagérations courantes, signifiant que
le témoin pense avoir affaire à un objet très
proche, et ces passages à la verticale sont souvent
incompatibles avec les circonstances de l'observation... Dans le cas
de l'Ile de Groix le témoin dit qu'il a observé l'objet
depuis la cabine de son bateau jusqu'à ce qu'il soit à
la verticale du bateau, alors que depuis la cabine on ne peut
guère voir à plus de 20° au-dessus de
l'horizon ; et à Vergt-de-Biron un des deux témoins
affirme que l'objet est passé « presque au-dessus de
nous », mais le dessine complètement de profil et
même vu un peu d'en haut !]
Une rentrée atmosphérique est visible environ une ou
deux minutes au maximum, selon la NASA et le CNES eux-mêmes.
[la Nasa n'a jamais rien dit de tel ; et le Sepra non plus,
puisqu'après avoir dit en direct à la
télévision qu'une rentrée ne pouvait expliquer
« qu'une forte lueur pendant quelques secondes »
il a expliqué dans son rapport final de cinq pages, trois
semaines après l'observation, qu'une rentrée de
satellite « traverse le ciel en à peu près
une minute »... Mais Canuti sait bien qu'on ne peut pas s'y
fier puisqu'il écrit plus loin : « du point de
vue du suivi des satellites artificiels, en confiant cette mission
à un profane, le CNES est totalement
décrédibilisé ».]
Si vous voulez une référence et pas un argument
d'autorité il y a le
télex de Pierre Neirinck ici, avec la trajectoire du
satellite visible depuis Wittenheim entre 18h59,0' et 19h03,4'.
Or, toujours selon les statistiques recueillies à partir des
cas investigués par Franck Marie, 37% des témoins
estiment la durée de leur observation à plus de deux
minutes, 20% estiment la durée comme étant
supérieure à 3 minutes, 10% comme supérieurs
à 4 minutes.
Vous pourcentages correspondent à « deux minutes ou
plus » et pas à « plus de deux
minutes », et pareil pour 3 et 4 minutes, et ça
n'est pas du tout la même chose pour des durées qui sont
généralement arrondies ! Donc seulement 6%
supérieurs à 4', [et 21% supérieurs à 2',
11% supérieurs à 3', pour une durée moyenne de
100 secondes tout à fait vraisemblable] et pour ces
cas-là c'est toujours une simple estimation subjective.
Où sont donc les cas où les témoins auraient
« soigneusement minuté leur observation »
et qui dépasserait 4 minutes (ou même 2) ?
[Ils ne sont pas en tout cas dans les trois de durée anormale
sélectionnés par Canuti :
— Sauzet : une quinzaine de minutes au total, avec une
première observation durant une dizaine de minutes qui n'avait
sans doute rien à voir avec la rentrée
atmosphérique, puis après une minute sans rien
l'observation rapprochée pendant 2 à 5 minutes de
ce qui a toutes les chances d'être la rentrée qui pouvait
être suivie pendant deux minutes ;
— Ile de Groix : temps d'approche estimé à
5 minutes, puis 3 ou 4 minutes de station au-dessus du
bateau, soit 8 ou 9 minutes au total alors que la rentrée
n'était observable que pendant quatre minutes ;
— Cuhem : dix minutes estimées, alors que la
rentrée pouvait être suivie pendant quatre minutes depuis
le lieu d'observation.]
Enfin les ovnis observés présentaient des
caractéristiques manifestement incongrues au regard de la
thèse officielle.
- Descentes rapides du ciel ou ascensions parfois
fulgurantes.
J'ai déjà évoqué les quelques cas (une
dizaine chez Franck Marie) d'ascensions qui ne sont
« fulgurantes » que dans une version
édulcorée d'un témoignage journalistique dont on
trouve ailleurs le témoignage originel, et chez un
témoin dont chaque phrase trahit sa tendance à
l'exagération... Et ces impressions
d'accélérations avec remontée s'expliquent
très naturellement lorsque la luminosité de l'objet
faiblit à l'approche de l'horizon, on trouve même chez un
de ces témoins la description du rougissement des
lumières qui valide tout à fait cette
interprétation.
Les « descentes rapides », qui sont un peu plus
nombreuses, trouvent aussi une interprétation simple du fait
que les fragments de l'étage de fusée
s'écartaient les uns des autres... Dans le cas idéal
où on aurait un ensemble de points qui s'écarteraient
linéairement les uns des autres tout en suivant une trajectoire
rectiligne horizontale, l'impression si on l'assimile à un
objet unique de dimension constante est qu'il suit une trajectoire
linéaire descendante avec une vitesse qui diminue de
façon hyperbolique, infinie à l'origine de l'explosion
tout comme la distance... C'est un problème
élémentaire de géométrie. Bien sûr,
la situation n'était pas aussi simple et il y avait des
contradictions entre l'écart entre les différents points
lumineux et leur luminosité... Il y a en tout cas beaucoup
d'effets qui peuvent expliquer des impressions de descentes,
accélérations, décélérations ou
déviations de cap, surtout alors que beaucoup de témoins
faisaient leur observation en roulant dans une automobile ! Ces
petites distorsions sont bien connues du reste de tous ceux qui
s'intéressent aux météores et notamment les
chasseurs de météorites qui ont besoin de retrouver une
trajectoire précise d'après des témoignages tout
aussi variables et quelquefois anormaux que ceux que vous
évoquez pour cette rentrée atmosphérique. Il y a
des forums consacrés à ces recherches, je vous invite
à vérifier par vous-même...
[Il y a quatre cas de « démarrages
fulgurants » dans sa sélection : d'un seul
coup, c'est parti, d'un mouvement terrible, cap nord-est, à
une vitesse incroyable (Ile de Groix) ; puis plus
rapide qu'un éclair la forme s'est éloignée
à une trentaine de kilomètres d'un coup
(Angers) ; l'engin est parti comme une flèche en
altitude, à une vitesse incroyable, comme un éclair
(Cuhem) ; l'observation dura une dizaine de secondes, avant
qu'il ne disparaisse à une vitesse fulgurante
(Mulhouse)... Soit un cas où cette disparitiion
« à vitesse fulgurante » était
absente du premier rapport, un cas plus que douteux, un où
chaque phrase du témoin trahit une forte tendance à
l'exagération, et une observation depuis une automobile en
marche sur une autoroute là où il y a un virage !]
- Changements brusques de caps.
Et pour ce qui est de changements brusques de cap, je n'en connais que
trois dont j'ai largement parlé, ce qui est remarquable c'est
que sur les trois il y en a deux qui concernent des témoignages
multiples (Gretz-Armainvilliers et Linas), et dans les deux cas il y a
un seul des témoins du groupe qui a vu ces changements de
cap... Moi, ça m'incite à penser que le témoin
s'est trompé et je cherche ce qui a pu causer cette erreur, et
si je trouve quelque chose de vraisemblable je me dis qu'il y a des
chances que je sois dans le vrai, si de votre part vous trouvez
l'interprétation invraisemblable je suis tout prêt
à en discuter.
[Deux cas de changements de cap dans la sélection, à
Linas où ces changements sont corrélés avec les
virages du chemin suivi par le témoin qui courait, et à
L'isle-Adam où le témoin pourrait s'être
trompé pendant quelques secondes sur le sens de
déplacement de l'objet, comme à Gretz-Armainvilliers
où un seul témoin sur six a commis cette erreur pendant quelques secondes et
où il n'est pas douteux que c'est la rentrée qui a
été observée.]
- Signaux lumineux suggérant des vols en
formation géométrique.
Déjà évoqués, qu'il y ait quelques
témoins qui voient des « signaux » dans
le moindre changement de luminosité ou des formes
géométriques dans une formation de points lumineux assez
aléatoires, ça ne me paraît pas
particulièrement étonnant.
- Vols lents ou stationnaires, suivis de
redémarrages.
Ne trouvez-vous pas assez naturel de qualifier de
« lent » le vol d'un
« objet » qui se présente sous les
dimensions apparentes d'un Boeing 747 qui se déplacerait
à la vitesse d'une bicyclette ? Parce que la
rentrée atmosphérique, c'était ça !
Et il n'est alors guère étonnant non plus que sept des
plus de 500 témoins recensés par Franck Marie aient
même eu l'impression d'un sur-place (uniquement des
témoins isolés bien entendu, et qui tout en affirmant ce
sur-place distinguaient parfaitement un
« arrière » et un
« avant » en plaçant ce qui ressemblait
à des « phares » à
l'arrière !)
[Deux cas seulement d'objets stationnaires parmi ceux choisis par
Canuti : c'est resté stable bien cinq minutes
au-dessus de nous, à faire du sur-place (Ile de
Groix) ; cet objet quand mon beau-frère l'a
aperçu et me l'a fait remarquer, finissait d'avancer, puis
s'est tenu en position stationnaire ... après quelques
instants d'observation, l'objet a commencé à se
déplacer lentement... (Tarnos).]
- Passage en dessous de l'horizon ou devant le relief.
Dans vos rêves uniquement ! Franck Marie qui a
consacré un chapitre à ces « passages sous
l'horizon visible » a dû se résoudre devant
l'absence de ces cas à le remplir avec des cas de
« vols suivant le relief », ce qui vous en
conviendrez n'est pas du tout la même chose et beaucoup moins
probant (surtout lorsque le relief en question est peu marqué
et lorsque les témoins roulent en automobile !) Les deux
seuls « passages sous l'horizon » réels
qu'il trouve dans ce chapitre sont un passage de l'objet devant un
mont qui de l'aveu même de Franck Marie n'était pas
visible depuis le lieu d'observation, et un cas d'extinction des
lumières de l'objet au passage devant un mont, avec
« réallumage » après le
passage ! Quant à Joël Mesnard, le seul cas qu'il a
trouvé, et classé parmi ses premières
« évidences », est le passage de l'objet
devant une tour à Bruxelles, mais il a ensuite
éliminé ce cas pour lequel il n'avait « pas
pu obtenir la moindre confirmation ».
[Et de fait Canuti n'a trouvé aucun cas pour illustrer cette
anomalie, mais il continuera à prétendre qu'il y en
a !]
- Projecteurs situés sur la surface
inférieure des ovnis avec émission de faisceaux
lumineux ou de type lasers, longs parfois d'environ
300 mètres.
On voit très bien dans le film de Colmar, dont plus personne ne
doute qu'il représente la rentrée atmosphérique,
comment une traînée ionisée de longueur
sensiblement constante peut être prise pour un faisceau lumineux
de genre laser, « tube néon », ou autres
descriptions fréquentes... L'anomalie, c'est quand ces «
faisceaux » ne sont pas dirigés vers l'arrière, et
de tels cas sont rarissimes.
- Faisceaux lumineux observés balayant le sol
par les témoins.
Cas rarissimes que voilà, trois autant que je sache, pour l'un
d'eux (Vert-Saint-Denis) par chance on a plusieurs témoins,
mais bêtement l'enquêteur n'a pas pensé à
recueillir les témoignages séparés pour qu'on ait
une idée de la fiabilité du détail, et le
témoignage est assorti d'un dessin saisissant dont on ne sait
pas par qui il a été fait (je parie pour
l'enquêteur « à partir des
témoignages »). Ce qui est sûr c'est que si ce
rapport est correctement enquêté cette observation
mérite largement de figurer parmi les plus incompatibles avec
la rentrée atmosphérique, mais Mesnard qui l'a
rapportée l'exclut de sa liste
« d'évidences »... Demandez-lui pourquoi.
[Deux parmi les cas sélectionnés : à
chaque pointe du triangle, trois faisceaux d'une intensité
extraordinaire éclairaient tous les alentours, comme en plein
jour... Les faisceaux semblaient scruter le sol (Cuhem) ; plusieurs
faisceaux lumineux blancs (au moins trois) qui découpent des
ronds de lumière dans l'herbe du champ, à 5 ou
6 mètres du bord de la route (Vert-le-Grand).]
- Extinction simultanée des lumières.
Encore un détail qu'on ne retrouve que dans quelques
témoignages, et jamais chez deux observateurs d'un même
groupe lorsqu'il y en a plusieurs, ce qui arrive quelquefois.
[Un seul cas, celui de Sauzet : puis brusquement tout
s'éteint. Tout a disparu.]
- Des effets électromagnétiques ont
été enregistrés dans certains cas, brouillant
les ondes TV par exemple ou éteignant l'éclairage
public.
Un unique cas d'extinction de l'éclairage public (et on peut se
demander si une rentrée atmosphérique ne peut pas en
être la cause dans certaines circonstances), et une dizaine
d'autres cas de perturbations ou pannes de radio ou
télévision dont la simultanéité avec
l'observation est souvent douteuse, c'est peu...
[Sur la sélection de Canuti, on ne trouve que le cas de Cyrille
Tavenard à Angers, avec une extinction des lampadaires à
mesure que l'objet avance, pompée sur l'observation
romancée de Tananarive en 1954.]
Il est intéressant de voir comment Franck Marie a
rapporté ces « effets physiques » dans
une émission radio (sur « Radio Ici et
Maintenant ») :
Pour un certain nombre de cas le témoin était sur la
route, sur sa lancée il passe au milieu du faisceau lumineux
et instantanément la radio est déprogrammée, y
a plus de batterie y a plus rien, et la personne reste en carafe au
milieu de la route avec l'objet qui s'éloigne.
Comme le dit le commentateur on croirait entendre David Vincent !
Maintenant si on recherche dans son livre d'où il tire ce
fantastique récit, on se rend compte qu'il s'agit de l'amalgame
de deux cas, et voici la réalité des
témoignages :
Cas de Messon (Aube) :
Des faisceaux lumineux extrêmement lumineux, comme provenant
d'une lampe halogène, partaient de quelques-uns des spots
orangés. Ces faisceaux lumineux balayaient la route comme
quand on cherche quelque chose avec une lampe. Mon autoradio,
à partir de ce moment, n'a plus émis. Mais sur le
moment, je n'ai pas fait le rapprochement. Il faut dire que chez
nous, avec les collines, la réception se fait souvent mal. Ce
n'est qu'une fois arrivée chez moi que j'ai
réalisé qu'en fait toutes les mémoires de mon
autoradio (les programmations) étaient effacées.
Et cas de St Estèphe (Gironde) :
Lorsque la masse est passée au-dessus de la voiture,
celle-ci a calé tous voyants allumés et pas besoin de
remettre le contact pour redémarrer, mais j'ai tellement eu
peur que je ne pourrai certifier si cela provient du
phénomène ou de ma peur.
C'est tout, aucune batterie en panne, personne n'est
« resté en carafe », les témoins
eux-mêmes des rares cas « d'effets
électromagnétiques » ne sont pas sûrs
de la relation avec le phénomène, et voilà
comment on fabrique une affaire à la David Vincent, et bien
sûr si on dénonce ce genre d'affabulations on n'est qu'un
vil debunker...
Voilà donc ce qu'il en est de vos
« anomalies » : certaines sont purement
imaginaires, d'autres ne sont considérées comme
anomalies que par un refus de voir la réalité de la
rentrée atmosphérique, ce qui reste ne concerne à
chaque fois que quelques témoignages sur plus de cinq cents,
dont bien peu présentent simultanément plusieurs de ces
« anomalies », ne concernent toujours qu'un
témoin unique même lorsque d'autres étaient
présents, et qui en dehors de cela ne se distinguent pas de
l'ensemble des témoignages relatifs à la rentrée
atmosphérique.
Canuti conclut ce chapitre sur l'idée que le Sepra a doublement
fait faillite : il s'est décrédibilisé par ses
erreurs et approximations, et les ufologues lui reprochent de n'avoir
pas enquêté sur les « quelques cas
emblématiques du dossier ».
Il semble croire que tous les ufologues sont persuadés qu'il y a
eu un événement extraordinaire ce soir-là, ce qui
est loin d'être le cas ! Comme pour Roswell, Phoenix ou
d'autres cas « emblématiques » de
l'ufologie, il y a bien des ufologues, et pas seulement ceux à
tendance sceptique, qui ne considèrent pas ces cas comme
mystérieux. Concernant le 5 novembre 90, la Sobeps notamment
a parfaitement compris, après avoir elle-même
collecté une centaine d'observations en Belgique, qu'il n'y avait
rien d'autre qu'une rentrée atmosphérique et se gaussait
des « ufologues » français persuadés
que « la France a été littéralement
envahie par des dizaines, sinon des centaines d'OVNI quasiment
identiques, vers 19 h, ce soir-là. Alors que l'origine du
phénomène ayant provoqué cette avalanche de
témoignages est parfaitement connue depuis
longtemps. »
C'est bien dans le domaine des rentrées de satellites que le
Sepra a complètement failli, d'autant que c'est en raison de ses
erreurs et imprécisions (trajectoire complètement fausse,
affirmations fallacieuses sur la durée d'un tel
phénomène et sur la façon dont les débris se
dispersent) que les ufologues ont rejeté l'explication par la
rentrée atmosphérique et n'ont pas pu y confronter les
témoignages.
Rappelons que la plupart des défenseurs de cette
« vague » (Franck Marie, Jean Sider, Didier
Gomez...) ont nié l'existence même d'une rentrée
atmosphérique ou son côté spectaculaire, et
même Joël Mesnard, bien qu'il soit resté plus prudent,
continue à minimiser l'importance de cette rentrée, en
indiquant par exemple que depuis un point d'observation donné
elle ne pouvait être vue que pendant une dizaine de secondes, ou
n'était pas visible à une distance supérieure
à 200 km ! Par un tel déni de la
réalité, ce sont les ufologues défenseurs de la
vague, que Canuti suit aveuglément, qui se sont
discrédités, et pas le Sepra !
Quand des militaires français fantasment sur les secrets
américains
Canuti consacre ensuite un chapitre au fameux rapport Cometa
« remis de manière officieuse par Velasco
lui-même au président de la République et au Premier
ministre » (en réalité seulement au Premier
ministre, et sans avoir été demandé). Il
résume assez bien l'accueil — plutôt désastreux
dans la presse, mitigé chez les ufologues — qui a
été réservé à ce rapport écrit
essentiellement par d'anciens militaires de l'I.H.E.D.N.
rassemblés en association sans but lucratif, et auquel a
participé Jean-Jacques Velasco. Son but était d'alerter
les autorités françaises sur les dangers potentiels des
ovnis pour la Défense nationale. L'avis général est
que l'étude de cas présentée en plaidoyer est
très médiocre... Les auteurs croient juste que les pilotes
d'avion sont des témoins infaillibles et que les militaires sont
de bons enquêteurs !
Mais ce qui intéresse spécialement Canuti, c'est l'opinion
très affirmée dans ce rapport que les militaires
américains savent depuis le début à qui ils ont
affaire et gardent une chape de silence sur cela.
Canuti s'étale donc sur l'affaire Roswell en parlant des livres
de Donald Schmitt et Thomas Carey, « unanimement
considérés comme les spécialistes les plus
informés de l'affaire Roswell dont il n'est plus besoin de dire
le caractère fondateur pour l'ufologie. » Mais c'est
surtout en France où Gildas Bourdais s'est approprié
l'affaire Roswell que Schmitt et Carey sont considérés
comme sérieux, surtout depuis leur implication dans les
« diapositives de Roswell » où une bande
d'ufologues a voulu faire passer les photos facilement identifiables
d'une momie amérindienne pour celles d'un extraterrestre !
De leurs deux derniers livres « Witness to
Roswell » et » Children of Roswell », le
deuxième a été traduit en français, et
ce qu'on y lit c'est que si un témoin est devenu alcoolique c'est
parce qu'il a été menacé par l'armée, si un
témoin a disparu sans laisser d'adresse c'est parce qu'il a
été menacé par l'armée, si un témoin
s'est suicidé c'est parce qu'il a été menacé
par l'armée, si un témoin dit que toutes ces histoires
qu'on raconte c'est des conneries c'est parce qu'il a été
menacé par l'armée... mais les preuves de ces menaces par
l'armée on a du mal à les trouver ! Le mythe de
Roswell gonfle à mesure que les décennies passent, mais
contrairement à ce que voudrait faire croire Canuti tous les
ufologues, même parmi les plus fervents défenseurs de
l'hypothèse extra-terrestre, sont bien loin de le
considérer comme un « élément
fondateur » de l'ufologie !
Canuti nous parle ensuite de Leslie Kean, « journaliste
d'investigation » américaine qui contrairement
à la plupart de ses confrères français a pris au
sérieux le rapport Cometa, qui fut même pour elle
« un catalyseur »... Il faut dire que pour
Leslie Kean tout ce qui vient de l'armée ou de pilotes est
sérieux, et à voir les photographies dans son livre on
pourrait croire qu'elle est fétichiste de l'uniforme.
Canuti écrit en conclusion :
Alors, est-il donc si insensé de considérer, avec des
dizaines de témoins directs, que les États-Unis ont pu
recueillir du matériel et des entités exotiques
liées au phénomène ovni et qu'ils en ont
peut-être retiré bénéfice d'un point de vue
technologique ? Et si le rapport Cometa n'avait eu pour vocation
que de faire éclater ce secret de
« Polichinelle » dans un contexte
général de divulgation ufologique ?
Oui, la divulgation qu'on nous annonce imminente depuis plus de
70 ans, et qui n'avance pas...
Force est de constater que nul n'est décidément
prophète en son pays !
Et si le rapport Cometa a été bien accueilli aux
États-Unis, c'est parce qu'il y a été
présenté par des apôtres dévoués comme
Gildas Bourdais et Jean-Jacques Velasco !
La fin du Sepra
Dans le chapitre 4 consacré aux
« dernières convulsions », Canuti explique
que ce sont les grosses erreurs de Velasco au sujet de la rentrée
du 5 novembre 90, puis la parution de son livre Ovnis
l'évidence en 2004, où il affirme ouvertement sa
conviction de visites extraterrestres et prétend avoir
« prouvé » une corrélation entre
observations d'ovnis et activités nucléaires, qui ont
convaincu le Cnes de mettre fin au service qu'il dirigeait depuis des
années.
Cela avait commencé en 1999 par le changement de nom discret du
Sepra, passé de Service d'expertise des phénomènes
de rentrées atmosphériques à Service d'étude
des phénomènes rares atmosphériques, suivi par la
demande d'un audit du
service, confié à François Louange. L'audit a
été naturellement favorable à la poursuite du Sepra
et au renforcement de ses effectifs, François Louange
étant alors un collaborateur fréquent du Sepra et un ami
proche de Velasco !
Mais le Cnes a profité d'une réorganisation de ses
services pour mettre fin au Sepra en 2004, sans complètement
abandonner la veille concernant l'étude des ovnis, et en juillet
2005 Velasco a été muté au service
« culture spatiale ». Canuti nous livre les
explications de l'intéressé :
La situation actuelle est plutôt le résultat d'une
accumulation de choses... À propos de l'affaire du
5 novembre 1990, chacun voulait que la réponse, fournie
par le service « officiel » concorde avec la
sienne ! Cette affaire a pris de telles proportions que les
limites ont été franchies par des personnes ou des
groupes qui s'en sont pris à mon intégrité
personnelle... J'ai été profondément
choqué, ainsi que mon entourage, par les nombreux
dérapages qu'elle provoqua. C'est une des raisons pour laquelle
j'ai décidé de quitter cette activité.
Canuti ne le dit pas parce qu'il ne veut surtout pas parler de moi, mais
je suis la principale « personne ayant franchi les
limites », en montrant que le directeur de ce qui a
été nommé pendant treize ans le
« Service d'expertise des phénomènes de
rentrées atmosphériques » n'avait pas la
moindre connaissance et avait dit des tas d'énormités
précisément... dans le domaine des rentrées
atmosphériques !
Mais bon, le fait est que le Cnes n'a pas voulu abandonner son
activité « ovnis », et a
recréé son service sous le nom de Geipan, Groupe
d'études et d'information sur les phénomènes
aérospatiaux non identifiés, en ajoutant juste un I pour
« Information » à sa première
dénomination. C'est ce qu'a expliqué son premier directeur
Jacques Patenet, en annonçant (naïvement précise
Canuti) que pour concrétiser cette nouvelle activité il
rendrait public peu à peu l'ensemble des archives des rapports de
gendarmerie qu'il possède, en les anonymisant.
Et c'est bien ce qu'il a commencé à faire en 2007.
Canuti détaille aussi l'autre grande nouveauté mise en
place par le Geipan, le recrutement en 2008 d'une centaine
« d'Intervenants de premier niveau » (I.P.N.),
issus pour la plupart du milieu ufologique et qui acceptaient de jouer
le rôle d'enquêteurs bénévoles locaux sans
aucun pouvoir de décision au sein de l'organisation et en
étant tenus à la discrétion. Le problème
était qu'il n'y avait au départ aucun tri ni aucune
formation de ces enquêteurs, et lorsque certains un peu trop
enthousiastes se sont présentés ouvertement comme «
collaborateurs du Geipan » ou pire du Cnes, notamment le
très naïf Serje Perronnet qui a voulu forcer la main du
Geipan pour réouvrir « l'affaire » du
5 novembre 1990, il y a eu une grosse purge parmi ces I.P.N., qui
ne sont maintenant qu'une vingtaine.
Canuti résume ensuite les différentes successions à
la tête du Geipan par des membres du Cnes en fin de
carrière : après Jacques Patenet, ce seront
rapidement Yvan Blanc, Xavier Passot, puis Jean-Paul Aguttes. Canuti y
voit un glissement graduel vers le scepticisme, prenant pour exemple le
désaveu par la direction du Cnes et une bonne partie des membres
du « Comité de pilotage » du Geipan d'un
« rapport de situation » rédigé en
2010 qui restait trop favorable à l'hypothèse
extraterrestre.
Canuti explique que le Geipan « s'efforce activement au moins
depuis la direction de Xavier Passot, de réduire les ovnis
à des causes conventionnelles, principalement
socio-psychologiques ».
En réalité, il suffit de lire les enquêtes «
réouvertes » par le Geipan pour constater qu'il a pour
l'essentiel effectué des vérifications de nature
astronomique ou géographique qui n'avaient pas été
faites du temps du Gepan puis Sepra, lequel se contentait souvent du
rapport de gendarmerie pour classer un cas. Il y a bien peu de
« socio-psychologie » là-dedans, en dehors
de l'usage de « l'entretien cognitif »
développé en criminologie pour rendre les
témoignages plus fiables !
Et Canuti conclut :
« Mais le scepticisme ultrarationaliste n'est pas une posture
scientifique, il s'agit d'une idéologie ».
Cela nous amène au chapitre 5 : Bilan critique du
Gepan-Sepra-Geipan
Canuti commence par citer Jean-Michel Abrassard, défenseur pur et
dur de l'hypothèse socio-psychologique, expliquant que même
si certains ovnis relevaient d'une cause étrange, l'essentiel des
observations relèvent de méprises simples et
l'hypothèse de visiteurs extraterrestres relève donc au
moins en grande partie du mythe.
Ça n'est pas vraiment bien sûr pour faire l'apologie de
l'hypothèse socio-psychologique, mais pour suggérer
à ses lecteurs que le Geipan a complètement versé
dedans !
Et il nous parle de Trans-en-Provence, dont il livre un
résumé pour le moins succinct et inexact. Il
prétend que les analyses des végétaux par Michel
Bounias ont prouvé la réalité d'un effet physique
de grande ampleur de l'objet, malgré le manque de
réactivité du Gepan qui n'a fait procéder à
des prélèvements qu'après trois semaines pour les
communiquer à Bounias après trois semaines
supplémentaires (tout cela est déjà
complètement faux : il y a eu des premiers
échantillons prélevés sur la trace par un gendarme
dès le lendemain de l'observation, puis des échantillons
« témoin », à distance,
prélevés huit jours après l'observation, et enfin
un ensemble d'échantillons prélevés par le Geipan,
à la demande de Bounias, à différentes distances du
centre supposé de la trace, quarante jours après
l'observation).
Et après avoir mentionné l'hypothèse initiale de
Michel Figuet (abandonnée ensuite) d'une bétonnière
qui expliquerait à la fois la trace et les effets sur les
végétaux par des projections de béton, Canuti
indique que les études ultérieures de Bounias
démentant l'action de béton sur les végétaux
« n'empêcheront pas les ultra-rationalistes Rossoni,
Maillot et Déguillaume de reprendre l'argument à leur
compte dans leur brûlot sceptique les OVNI du CNES »...
Une affirmation encore complètement mensongère puisque
dans ce livre où on trouve des informations fiables, la
thèse de la bétonnière est signalée en trois
lignes, et les auteurs détaillent plutôt pour expliquer
cette observation l'idée de Michel Monnerie que le témoin
aurait voulu faire une blague à sa voisine passionnée par
les ovnis, après avoir trouvé dans son jardin une trace
bizarre laissée par un véhicule, et aurait
été dépassé par les événements
(ça n'est pas lui qui a alerté les gendarmes, mais
justement le mari de cette voisine).
Il discute de même du cas de l'Amarante, où le
témoin d'un ovni resté 20 minutes dans son petit jardin au
milieu d'une grande ville a indiqué que des plants d'amarante
situés à proximité de l'endroit où l'ovni
avait stationné étaient desséchés. Des
prélèvements ont été faits rapidement par
des gendarmes, et le Gepan est intervenu et a fait de nouveaux
prélèvements 8 jours après l'observation.
Canuti indique que cette fois, contrairement aux consignes de Michel
Bounias, les plantes prélevées ont été
placées dans des sachets plastique et conservées dans le
bac à légumes d'un réfrigérateur à
4°, et sont ainsi parvenues « dans un état de
décomposition avancée » au laboratoire de
biologie de Toulouse qui n'a donc rien pu en tirer. C'est très
exagéré... Il indique d'autre part : Le Geipan,
une nouvelle fois intervient bien après les délais soit
huit jours après l'événement, et bien que le
témoin ait entre-temps tondu et taillé son jardin,
aucune autre analyse n'est menée sur les végétaux
subsistant qui conservaient pourtant la trace de
l'événement. Mais là il invente, aucune trace
n'a subsisté, et il ne s'étonne pas du fait que le
témoin, lui-même biologiste, ait décidé de
tailler immédiatement les végétaux censés
avoir gardé la trace de cet événement
extraordinaire, comme s'il avait voulu effacer toute trace (et ça
n'est pas le seul aspect étrange du comportement de ce
témoin) !
Ensuite il cite les affirmations totalement gratuites de Jean-Pierre
Petit qui est persuadé que l'Armée a fait en secret des
analyses de prélèvements bien préservés.
Canuti poursuit :
En bref, beaucoup d'erreurs méthodologiques émaillent
l'analyse de ces cas, laissant le champ libre à toutes les
remises en cause sceptiques. Il en va de même pour un autre cas
emblématique celui du
« Vol AF-3632 » en date du 28 janvier
1994 où le pilote de ligne Jean-Charles Duboc et son
équipage observent un gigantesque ovni au-dessus de Paris,
simultanément détecté par un radar militaire
selon le Sepra. Mais la trace radar, se situe en réalité
à droite et proche de l'avion du Cdt Duboc alors que l'ovni est
censé être lointain et sur sa gauche...
Il ne semble pas se rendre compte que tous ces cas souffrant
d'importantes erreurs méthodologiques sont ceux qui ont
été tout le temps mis en avant par le Gepan/Sepra du temps
de Velasco, et aussi par le rapport Cometa, comme preuves d'un
phénomène étrange ! Et pourtant, c'est au
Geipan d'après Velasco que Canuti ne cesse ensuite de faire des
reproches, d'abord au sujet du recrutement puis de la réduction
de l'effectif des « intervenants de premier
niveau » :
L'opération se solde par une défiance renouvelée
entre le monde ufologique et le Geipan et un
rétrécissement drastique des collaborateurs du Geipan
à des personnalités impliquées ouvertement dans
la mouvance sceptique, les « tenants » ne
représentant plus guère au sein du Geipan d'aujourd'hui
qu'une très maigre part des effectifs.
Mais cela est simplement mensonger, ce sont toujours largement les
sceptiques qui sont minoritaires parmi les enquêteurs encore en
fonction au Geipan.
Et cela lui permet de parler du « démantèlement
des pan D » :
Il s'agit clairement de réduire significativement la part de
cas exotiques portés à la connaissance du Geipan,
lesquels représentent encore 13% des témoignages en
2016. Des collaborateurs du Geipan nous ont confié que le
classement de certains cas s'effectuait « sur le coin d'une
table », dans un sens ultra-sceptique assumé.
Mais pourquoi ne cite-t-il aucun exemple de cas mal
enquêtés ou mal reclassés depuis cette nouvelle
tendance, alors que toutes les enquêtes sont maintenant en grande
partie publiques ? La vérité, c'est que le Geipan,
depuis justement qu'il publie ses enquêtes, fait un minimum de
recherches et de vérification qui le conduit souvent à
proposer une explication convenable, quand le Gepan/Sepra se contentait
bien souvent du rapport de gendarmerie pour classer un cas.
Canuti cite ensuite in extenso l'article de Philippe Solal
intitulé « une verrue sur le nez du Cnes »,
disant notamment à propos du Geipan :
Je l'ai vu fonctionner
« de l'intérieur » si je puis
dire ; d'abord par ma rencontre avec un de ses anciens
responsables puis avec certains de ses membres actuels. Tout ce que je
pourrais dire désormais de ce service pourrait à la fois
me conduire devant les tribunaux, en étant accusé de
diffamation par ceux que je mettrais en cause, mais aussi permettrait
de créer un scandale sans précédent sur la
manière dont le Géipan désinforme, occulte,
trompe le grand public, tout en étant rétribué
avec notre argent, l'argent public. Les ufologues même les plus
sévères à son égard sont loin, très
loin de la vérité concernant les gabegies qui sont les
siennes et ses hauts faits en matière de désinformation
et d'occultation.
Autrement dit, Philippe Solal, philosophe grand défenseur du
côté « spirituel » des ovnis, n'ayant
jamais fait une enquête, juge le Geipan après avoir
rencontré « un de ses anciens responsables puis
certains de ses membres actuels », mais sans rien dire de
factuel, et c'est parole d'évangile pour Canuti !
On constate la mauvaise foi de Solal à la façon dont il
résume le Caipan, la grande rencontre internationale entre
ufologues qu'a organisée en 2014 le directeur d'alors du Geipan,
Xavier Passot :
À chaque fois qu'on loue ses initiatives comme la
réunion nommée Caipan (organisée en juillet 2014
à Paris) j'ai envie de hurler de colère. On se moque des
ufologues, on les méprise, et en ce qui concerne les plus
récalcitrants, on tente de les séduire, ou de les
exclure de ce type de réunions. Le Caipan réunissait
à plus de 80% les sceptiques les plus actifs de France et
d'ailleurs.
Allons donc, sur plus d'une centaine d'invités, il devait y avoir
une dizaine de sceptiques, dont trois ont fait une communication !
Et à côté d'eux il y avait Jean-Luc Lemaire,
Stéphane Dier le fondateur du « réseau Suricate
», Michaël Vaillant, François Louange et Jean-Pierre
Rospars qui comptent parmi les principaux collaborateurs du Geipan et
sont bien loin d'être des sceptiques, et pour l'étranger
entre autres Jacques Vallée, Ronald Westrum, Richard Haines,
Edoardo Russo, Erling Strand et Massimo Teodorani du projet Hessdalen,
et d'autres... Et toutes les interventions de ces deux journées
très riches ont
été publiées, chacun peut donc
vérifier que la place du scepticisme y est très
minoritaire.
Canuti conclut ce chapitre par le souhait que le Geipan soit
confié à un autre organisme que le Cnes, trop proche des
militaires à son goût.
Conclusion
Vient le chapitre de conclusion, consacré aux rapports entre
ufologie et science...
Canuti y parle d'ufologie en général, plutôt
américaine que Française, et cherche à expliquer
pourquoi la « science officielle » s'est toujours
désintéressée des ovnis.
Beaucoup de contradictions ici... Ainsi, il explique que « le
phénomène ovni s'est complexifié jusqu'à
l'extrême, de nombreux ufologues au premier rang desquels Jacques
Vallée, notant au passage que tout se passait comme si
l'intelligence qui se dissimulerait derrière le fait ovni
prendrait un malin plaisir à brouiller les cartes »,
mais indique immédiatement après que « pour les
étudiants sérieux du phénomène ovni, il
n'est plus question de s'interroger sur la présence de cette
altérité, qu'il s'agisse ou non d'une présence
extraterrestre au sens strict du terme ». Parce que pour lui,
bien évidemment, les « nouveaux
ufologues », ceux qui à la suite de Monnerie ont
interprété l'absence d'évidence non comme une
volonté du « phénomène » de
« brouiller les cartes » mais comme l'indice qu'il
n'y a justement pas de phénomène réel, sont
censés reléguer les ovnis à des hallucinations ou
d'hystérie de masse, ce qu'il peut réfuter facilement
puisque personne ne l'a jamais soutenu !
Plus loin :
Nous passerons vite sur une des raisons de cette
incompréhension, les « abus
intellectuels » des ufologues qui auraient
présenté le phénomène ovni sous un jour si
peu scientifique, qu'ils auraient détourné les savants
de cette étude.
Canuti élude cette question en disant que les scientifiques
peuvent aussi être très mauvais, que c'est au contraire
parce qu'ils ne s'intéressent pas au phénomène
qu'il n'est pas pris au sérieux, et qu'il y a eu une
volonté officielle de discréditer les ovnis...
Ce qu'il refuse de voir, et qui touche pourtant bien à
l'histoire, c'est qu'il y a eu une époque où on pouvait
intéresser les scientifiques au phénomène...
L'époque, justement, des Hynek ou Mac Donald... Et c'était
bien parce que l'ufologie était étudiée avec bien
plus de rigueur que maintenant... Aujourd'hui, les défenseurs de
l'ufologie ne sont pour la plupart que des fanatiques incapables
d'accepter la moindre contradiction, et du reste ne s'intéressent
généralement plus aux enquêtes... Ils ne savent que
réclamer qu'on leur révèle tous les secrets
maintenus sous une chape de plomb par les militaires... Et
paradoxalement, les seuls ou presque à faire des enquêtes
approfondies restent les sceptiques qui n'ont guère d'espoir (ou
de crainte selon certains) de trouver un jour la preuve d'une
présence extraterrestre.
Plus loin encore, Canuti se plaint que l'ufologie soit trop souvent
associée au conspirationnisme... Et il ajoute aussitôt que
« la communauté ufologique dénonce une
main-mise militaro-industrielle notamment, puis américaine sur le
sujet, qui verrouillerait l'accès au savoir dans ce domaine.
[...] C'est une réalité qui est difficilement contestable
aujourd'hui pour qui s'est honnêtement documenté sur
l'histoire de l'ufologie ou a compulsé les 1600 pages d'archives
déclassifiées du FBI relatives aux ovnis... »
Si ça n'est pas du conspirationnisme, ça ! Et il cite
en référence les livres de Gildas Bourdais ou de
François Parmentier, exemples parfaits d'auteurs
conspirationnistes qui voient partout de la désinformation,
réductrice ou amplifiante selon les besoins ! Ce que toutes
les archives déclassifiées nous ont appris, c'est que les
ovnis ont toujours intéressé les gouvernements et leurs
officines militaires, ce qui est bien normal, mais qu'il n'en est pas
sorti grand-chose sinon des opinions variables selon la
sensibilité des personnes qui étaient à leur
tête !
Tout ça est noyé dans un flot de citations propres
à donner l'impression que tout est très objectif, mais on
voit bien trop transparaître la pensée complètement
orientée de Thibaut Canuti.
Le mot de la fin pour une grande dame
Le livre se termine par une postface de Geneviève
Béduneau... Geneviève, décédée avant
la parution de ce livre, en 2018, est un personnage que j'avais connu
comme contributrice fidèle de la liste de diffusion Magonie, et
que je regrette beaucoup... Elle était sûrement la seule
dont les contributions étaient appréciées de tous,
tant sa tolérance aussi bien que ses connaissances étaient
grandes. Elle avait du reste des amis dans tous les courants
ufologiques, et sans prétendre en avoir fait partie je pense
qu'elle m'appréciait. Dans cette postface rafraîchissante,
Geneviève, née comme elle le dit quelques mois avant
l'arrivée des soucoupes volantes, donne en quelques pages sa
version de l'histoire, qu'elle a vécue de près. Je doute
un peu de son interprétation quand elle considère que les
groupes ufologiques ont été complètement
manipulés, orientés puis discrédités par les
autorités militaires, parce qu'il me semble que c'est leur donner
une importance qu'ils n'ont jamais eue... Qu'ils aient été
infiltrés, observés, c'est certain et normal, tout comme
le fait que les ovnis aient toujours suscité
l'intérêt des militaires... Mais pour le reste, j'ai bien
l'impression que les ufologues n'ont eu besoin de personne pour
discréditer complètement l'ufologie !
Je partage par contre son avis que les militaires qui se seraient ainsi
accaparé le sujet n'en savent pas plus que nous, parce que comme
elle le dit « sinon ça se saurait » !
Ça sera une bonne conclusion... Si les militaires
détenaient des secrets formidables sur les ovnis, ça se
saurait, et il serait temps que les ufologues qui plongent de plus en
plus dans les thèses conspirationnistes s'en rendent
compte ! Quand est-ce qu'un ufologue un peu lucide nous
présentera une histoire de l'ufologie française qui ne
soit pas guidée par les thèses conspirationnistes ?
Une vraie histoire de l'ufologie, et pas des fantasmes de certains
ufologues...